:
Bien sûr, vous pouvez présenter des motions. Nous allons clarifier cette question. J'ai exprimé personnellement mon point de vue à M. Wrzesnewskyj. La pratique en vigueur à ce comité, du moins depuis que j'en suis le président, soit depuis environ deux ans, c'est qu'en général, nous nous penchons sur les projets de loi du gouvernement en premier, et le projet de loi est devant nous. C'est ce que nous allons faire maintenant.
Mme Chow a quelques motions, pour être franc, qui sont en attente depuis mars dernier. S'il y a une pause dans les délibérations pour une raison ou pour une autre — si des témoins ne sont pas disponibles ou si quelque chose d'inhabituel se produit, par exemple —, il est possible que la question puisse être débattue à ce moment-là.
Autrement, les députés pourraient sans cesse présenter des motions, et le débat serait ainsi détourné. Je ne prétends pas que c'est ce que vous tentez de faire; ce n'est pas ce que je voulais dire, mais ce pourrait être l'idée.
Je vous suggère d'en discuter avec M. Wrzesnewskyj. Si vous ou Mme Chow souhaitez débattre d'une motion ou de toute autre question dont nous voudrions discuter, vous en aurez l'occasion dès que nous aurons terminé nos délibérations sur le projet de loi
Nous avons un projet de loi d'initiative parlementaire devant nous. Le comité peut décider du moment où il veut en débattre. Nous sommes au beau milieu de notre étude sur les délais de traitement. Je ne sais pas quand le comité voudra se pencher là-dessus. Nous avons les motions de Mme Chow. Si nous procédons de la façon habituelle, votre motion sera examinée après tout cela. Mais tout est possible.
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Ne vous en faites pas, cela me permet de rester vigilant.
Je déclare cette partie de la séance ouverte. Le Comité permanent de la citoyenneté et de l'immigration tient sa 25e réunion ce mercredi 6 octobre 2010. Conformément à l'ordre de renvoi du jeudi 23 septembre 2010, nous examinons aujourd'hui le projet de loi , Loi modifiant la Loi sur l'immigration et la protection des réfugiés.
J'aurais probablement dû le faire plus tôt, mais nous y sommes.
Nos trois témoins sont des représentantes du ministère de la Citoyenneté et de l'Immigration. J'espère que je prononcerai vos noms correctement. Par ordre d'apparition, nous avons Catrina Tapley, sous-ministre adjointe déléguée, Politiques stratégiques et de programmes; Sandra Harder, directrice générale intérimaire, Direction générale de l'immigration; et Brenna MacNeil, directrice, Politique et programmes sociaux, Direction générale de l'immigration.
Soyez toutes les bienvenues. Vous connaissez la procédure; peut-être pourriez-vous nous présenter quelques observations préliminaires relativement au , après quoi, comme vous le savez, les députés des différents partis voudront probablement vous poser des questions.
La parole est à vous, madame Tapley.
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Merci, monsieur le président.
Nous sommes heureuses d'avoir l'occasion de parler du projet de loi , qui vise à protéger les immigrants potentiels en renforçant les règles qui régissent les activités des personnes qui fournissent des conseils en matière d'immigration contre rémunération.
[Traduction]
Le projet de loi permettrait de modifier la Loi sur l'immigration et la protection des réfugiés, ou LIPR, de sorte que seuls les avocats, les notaires au Québec et les consultants qui sont membres en règle d'un organisme de réglementation autorisé par le ministre pourraient fournir des conseils ou des services de représentation contre rémunération, et ce, à toute étape de la demande ou de la procédure. Cette mesure comprendrait la période précédant la présentation d'une demande ou le début d'une procédure, ce qui permettrait de combler les lacunes qui existent actuellement dans la réglementation régissant les activités des consultants.
Selon la loi actuelle, la participation des consultants avant ou après la présentation de la demande n'est pas régie. Puisque nous ratisserons large, les personnes non autorisées qui fournissent des conseils ou des services de représentation contre rémunération, et ce, à toute étape de la demande ou de la procédure se verraient imposer une amende pouvant s'élever à 50 000 $, une peine de prison d'un maximum de deux ans, ou les deux. Seraient également visés les consultants fantômes, c'est-à-dire les personnes non déclarées qui dissimulent leur contribution à une demande ou à une procédure.
La Gendarmerie royale du Canada, l'Agence des services frontaliers du Canada et d'autres organismes d'application de la loi prennent au sérieux les fraudes en matière d'immigration. En corrigeant les failles législatives actuelles, nous nous dotons d'un outil supplémentaire pour prendre des mesures contre les consultants fantômes. L'entrée en vigueur de cette loi prévoit des outils qui favoriseront les activités visant le respect et l'application de la loi, ainsi que les activités liées aux poursuites judiciaires, qui sont toutes essentielles au maintien de l'intégrité du programme d'immigration.
En outre, le donnerait au ministre de la Citoyenneté, de l'Immigration et du Multiculturalisme le pouvoir réglementaire de désigner un organisme chargé de régir les activités des consultants en immigration et de prendre des mesures pour que le gouvernement puisse mieux surveiller cet organisme. Par ailleurs, cet organisme devrait également fournir des données qui pourraient aider le ministre à évaluer si ledit organisme régit ses membres dans l'intérêt du public. Ces données permettraient aussi de faire en sorte que les membres offrent des conseils et des services de représentation de façon professionnelle et éthique.
[Français]
À l'heure actuelle, CIC est limité dans sa capacité de divulguer des renseignements sur les personnes offrant des conseils ou des services de représentation de façon non professionnelle ou contraire à l'éthique.
Le projet de loi permettra à CIC de divulguer ces renseignements aux personnes chargées de régir cette conduite ou d'enquêter sur cela. Il sera plus facile de mener des enquêtes et, le cas échéant, de prendre des mesures disciplinaires.
J'ajouterai, monsieur le président, que les tiers non rémunérés, comme les membres de la famille ou les amis, pourront toujours agir au nom d'un demandeur. De plus, en vertu des nouvelles règles, il y aura des exceptions pour certains groupes, par exemple les centres de réception des demandes de visa qui devront se conformer à une entente ou à un accord conclu avec le gouvernement du Canada.
[Traduction]
Le maintien de l'intégrité des programmes d'immigration incombe principalement au gouvernement fédéral. Toutefois, le gouvernement du Canada reconnaît que les provinces et les territoires jouent aussi un rôle important en matière de réglementation des consultants en immigration, puisqu'ils sont responsables de la protection des consommateurs et de la réglementation des professions. À cet égard, selon les récentes modifications apportées par le Québec à son règlement, tout membre en règle de l'organisme désigné en vertu du règlement fédéral peut agir à titre de consultant en immigration. Par ailleurs, au cours des consultations fédérales-provinciales-territoriales, nous avons informé les hauts fonctionnaires provinciaux de notre projet de modification législative, et ils n'ont formulé aucune objection.
Il est possible d'accéder à notre système d'immigration dans l'une des nombreuses missions à l'étranger ou dans l'un de nos bureaux de CIC au Canada. Qu'ils soient à l'étranger ou au Canada, les demandeurs font appel à des consultants en immigration pour diverses raisons. Étant donné que le Canada ne peut pas mener directement d'enquêtes dans d'autres pays, il est difficile d'enquêter sur des tierces parties résidant à l'étranger et d'intenter des poursuites. Bien que la majeure partie du problème se trouve à l'étranger et que l'on n'ait aucun moyen d'action, on prévoit que les activités d'exécution de la loi menées au Canada pourront permettre de briser les réseaux à l'étranger en éliminant leurs liens au Canada. Le gouvernement du Canada continuera aussi à se servir des occasions bilatérales et multilatérales de s'occuper des activités frauduleuses des consultants sans scrupules à l'étranger.
Le volet international a été lancé pendant le voyage du ministre en Inde, en janvier 2009, et mis en oeuvre à l'occasion de ses dernières rencontres en Europe et en Asie. Au cours de ces rencontres, le ministre a souligné le fait que nous devions unir nos forces pour contrecarrer la fraude, les abus et les actes répréhensibles perpétrés contre le système d'immigration du Canada. Comme le ministre l'a indiqué récemment, notre gouvernement enverra bientôt au gouvernement du Punjab un dossier sur certains des pires fraudeurs, afin que cet État indien prenne les mesures d'application appropriées. Entre-temps, nous continuerons à déployer des efforts pour accroître la sensibilisation aux risques de faire affaire avec des consultants véreux, notamment par la mise à jour des sites Web au Canada et dans les bureaux des visas à l'étranger, et ce, afin de transmettre des messages d'avertissement à l'intention des immigrants potentiels.
[Français]
CIC s'emploie également à apporter des améliorations aux services, comme des outils ou des tutoriels vidéo en ligne, qui permettront aux immigrants potentiels de présenter eux-mêmes leur demande d'immigration au Canada, et ce, plus facilement.
Par exemple, le Visa Wizard, qui est un outil interactif, leur permettra d'obtenir des directives précises ainsi que les formulaires pertinents en fonction de leur situation personnelle. Le lancement devrait avoir lieu sous peu.
En outre, en vertu des pouvoirs qui lui sont conférés et dans le cadre d'une stratégie générale visant à mieux réglementer les activités des consultants en immigration, CIC a récemment lancé un processus de désignation d'un organisme de réglementation chargé de régir les activités des consultants en immigration.
[Traduction]
Le 28 août dernier, nous avons publié, dans la Gazette du Canada, un appel de propositions à l'intention des organismes souhaitant devenir responsables de la réglementation des consultants en immigration. Les organismes ont jusqu'au 29 décembre 2010 pour présenter leur demande.
Ce processus de sélection fait suite à l'avis de sollicitation paru le 12 juin dernier dans la Gazette du Canada, lequel annonçait l'intention de CIC de lancer un processus de sélection public qui permettrait de désigner un organisme de réglementation des consultants en immigration.
Les candidats doivent prouver que leur organisme est ou sera doté de moyens efficaces de régir les activités des consultants en immigration dans l'intérêt du public. Il s'agit de renforcer la confiance de ce dernier dans le processus d'immigration et de maintenir l'intégrité du système.
En ce qui concerne les pouvoirs d'enquête de l'organisme de réglementation des consultants en immigration, les organismes ont la responsabilité de prendre des mesures disciplinaires à l'endroit de leurs membres, ce qui peut aller jusqu'à la révocation de leur statut de membre. Comme d'autres organismes de réglementation, l'organisme de contrôle des consultants en immigration pourra faire enquête sur la conduite de ses membres s'il y a un risque que l'un d'entre eux ait enfreint les conditions liées à son statut. Ce processus se compare à celui qu'utilisent les barreaux provinciaux pour faire enquête lorsque leurs membres font l'objet de plaintes.
La plupart des consultants en immigration travaillant au Canada exercent leur métier en toute légitimité et en respectant l'éthique. Toutefois, comme le ministre l'a signalé, il est indéniable que la fraude en matière d'immigration demeure une menace répandue pour la réputation et l'intégrité du système d'immigration du Canada. Le projet de loi permettrait de renforcer les règles visant à régir les activités des personnes qui fournissent des conseils en matière d'immigration contre rémunération, à supprimer les failles dont les consultants sans scrupules se servent pour miner l'intégrité du système d'immigration et à améliorer la façon de réglementer les activités des consultants en immigration.
[Français]
Merci, monsieur le président. Nous sommes maintenant disposées à répondre aux questions du comité.
:
Je vous remercie de votre question.
Je pense qu'il serait bon de revenir aux facteurs qui ont été publiés concernant la sélection d'un organisme, puis je demanderai à mes collègues Mmes Harder ou MacNeil d'ajouter des renseignements plus précis à ma réponse.
J'aimerais simplement faire remarquer que nous nous sommes arrêtés à la compétence. Donc, parmi d'autres facteurs, les candidats doivent montrer que l'employeur embauchera des personnes aux connaissances et à l'expérience avérées, ce qui inclurait des activités et une conduite conformes à l'éthique, la connaissance d'une ou des deux langues officielles. Mais je pense également que lorsque nous en venons à la responsabilisation et l'intégrité, deux des autres compétences dont nous avons parlé parmi nos facteurs, elles deviennent importantes, également, compte tenu de certaines des préoccupations soulevées par le député.
Intégrité: l'élaboration d'un code de conduite, le code d'éthique, le conflit d'intérêts pour les consultants en immigration, tout cela doit être clair. Responsabilisation: reddition de comptes aux membres, y compris l'élection démocratique des directeurs, des réunions publiques annuelles, des vérifications par des équipes de l'extérieur et la production de rapports réguliers, ce qui, je crois, aidera à répondre à certains problèmes que vous avez mentionnés.
Les deux autres facteurs que nous examinons sont la bonne gouvernance, qui, d'après moi, correspond à certains des problèmes que vous avez soulevés, et la viabilité. Donc les plans en question prévoient de s'assurer, grâce à un nombre suffisant de membres, la viabilité de l'organisme. Ils prévoient également d'inciter les aspirants membres à se constituer en société, s'ils ne le sont pas déjà, et les membres doivent nous montrer qu'ils possèdent des compétences en gestion financière et en reddition de comptes pour assurer ces fonctions de manière continue.
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Bien sûr. Monsieur le président, je donnerai un élément de réponse, et mes collègues pourront m'interrompre pour donner des détails supplémentaires.
Je pense que le gouvernement a voulu agir rapidement pour restaurer la confiance du public dans l'organisme qui, actuellement, réglemente les consultants en immigration. On a déterminé que la constitution d'un organisme de réglementation à la faveur d'une loi autonome aurait entraîné un processus long et, disons-le, coûteux.
La solution à laquelle nous sommes arrivés, avec le projet de loi , est vraiment celui que nous estimons le plus pratique et le plus efficace, c'est-à-dire le moins coûteux et le plus rapide, pour la réglementation des consultants en immigration. Et je ferai simplement remarquer, également — Mmes Harder et MacNeil pourront commenter —, que les organismes de réglementation, qu'ils soient créés en vertu d'une loi autonome ou non, sont chargés d'appliquer les mesures disciplinaires contre leurs membres, y compris la révocation de leurs cartes. D'après nous c'est une sanction importante.
Comme les autres organismes de réglementation, celui des consultants en immigration peut instituer des mesures disciplinaires à l'égard de ses membres, qui sont semblables au processus utilisé par des associations d'avocats dans l'examen des plaintes concernant leurs propres membres.
Madame.
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Je vous remercie beaucoup, monsieur le président.
Je dois dire que j'avais beaucoup d'attentes en ce qui concerne cette mesure législative. J'avais aussi certaines préoccupations, et après avoir entendu les questions et les réponses, je suis d'autant plus préoccupé par ce que nous cherchons à accomplir.
Nous avons tous reconnu qu'il existe des consultants véreux — c'est même le qualificatif employé dans le titre du projet de loi — qui profitent des gens vulnérables et que cette situation constitue un grave problème. Cependant, nous avons appris qu'aucune ressource ou somme supplémentaire ne sera attribuée à ce nouvel organisme en vue de l'aider à pallier les lacunes du système actuel. Aucun montant additionnel ne sera consacré à l'application de la loi. C'est l'Agence des services frontaliers du Canada qui est chargée de trouver ces personnes qui devront payer cette amende de 50 000 $ ou purger une peine de deux ans d'emprisonnement, mais elle ne disposera pas de davantage de ressources pour accomplir cette tâche.
Je crains vraiment que la proposition qui a été publiée dans la Gazette du Canada le 28 août ne suscite l'intérêt d'aucune entité, car cette mesure législative a été élaborée sans qu'on ait fait preuve de diligence raisonnable en ce qui a trait aux exigences d'un tel organisme. Bien entendu, on nous dit que les demandes seront acceptées jusqu'à la fin du mois de décembre prochain, donc, pendant trois mois encore, mais peut-on nous dire combien d'entités ont manifesté leur intérêt? Il est certain que tout organisme qui songe sérieusement à assumer ce rôle important de réglementation doit avoir consulté, plus ou moins officiellement, des représentants du ministère afin de s'assurer qu'il répond aux critères.
J'aimerais donc savoir combien d'organismes ont manifesté leur intention d'assumer ce rôle de réglementation.