:
Merci, monsieur le président.
Je suis heureux d'avoir l'occasion de comparaître devant vous pour discuter du projet de loi , .
[Français]
Je sais que nous n'avons pas beaucoup de temps aujourd'hui, mais comme il s'agit de ma première comparution devant ce comité, j'aimerais prendre quelques minutes pour me présenter.
Je suis membre de la Commission de l'immigration et du statut de réfugié, le CISR, depuis 2001. Tout juste avant ma nomination à la CISR, j'ai été membre de la Commission du consentement et de la capacité de l'Ontario. Auparavant, j'étais haut fonctionnaire de l'Ontario, plus précisément sous-procureur général adjoint et directeur général de la réforme du réseau d'organismes. Auparavant, j'étais président de la Commission de révision des loyers et commissaire intérimaire aux mines et aux terres. Je possède une maîtrise en droit public.
Depuis que je me suis joins à la CISR, j'ai travaillé dans deux des trois sections de la commission, d'abord comme commissaire de la Section de la protection des réfugiés, puis comme vice-président de la Section d'appel de l'immigration. J'ai été nommé président intérimaire en mars 2007, et j'ai été officiellement nommé président en juin de la même année. Je suis fier d'être le président de la CISR et de diriger un groupe de professionnels si dévoués.
Depuis sa création il y a 21 ans, la CISR s'est taillée une réputation, au Canada et partout dans le monde pour ses pratiques novatrices, l'excellence de son soutien décisionnel et la grande qualité de ses décisions. En fait, au cours de sa visite à Ottawa le mois dernier, M. Antonio Guterres, haut-commissaire des Nations Unies pour les réfugiés, a réaffirmé ces idées. La Cour fédérale du Canada et la vérificatrice générale ont également souligné l'exhaustivité et le professionnalisme du programme de formation de la CISR à l'intention des nouveaux commissaires.
La CISR est le plus grand tribunal administratif du Canada, et nos commissaires rendent entre 40 000 et 60 000 décisions par année. Notre mission, en vertu de la Loi sur l'immigration et la protection des réfugiés, comme les membres du comité le savent, consiste à régler de manière efficace, équitable et conforme à la loi, les cas d'immigration et de statut de réfugié. Nous exerçons nos activités par l'intermédiaire de trois sections: la Section de l'immigration, la Section d'appel de l'immigration et la Section de la protection des réfugiés.
La commission est financée pour régler 25 000 demandes d'asile par année, comme le ministre l'a mentionné mardi, mais le nombre de demandes d'asile déférées à la CISR a toujours dépassé le nombre de demandes d'asile financées au cours des dernières années. Ce nombre élevé de demandes d'asile déférées et un manque historique de commissaires ont donné lieu à un arriéré important à la Section de la protection des réfugiés. Des mesures prises par le gouvernement l'été dernier, pour ralentir le nombre de demandes d'asile déférées, une hausse du nombre de retraits et de désistements ainsi qu'une augmentation de la productivité à la CISR ont freiné la croissance de l'arriéré, qui s'établissait à 59 000 demandes d'asile à la fin de mars 2010. Je suis heureux de signaler que la CISR a récemment réduit l'arriéré d'environ 1 000 cas, mais je dois souligner que la commission aura besoin d'importantes nouvelles ressources pour réduire considérablement l'arriéré ou l'éliminer.
Actuellement, la SPR fonctionne presque à pleine capacité. En date d'aujourd'hui, il nous manque seulement un commissaire pour obtenir un effectif complet de 127 commissaires. À ce nombre viennent s'ajouter les 37 personnes nommées par décret à la Section d'appel de l'immigration et les 30 décideurs fonctionnaires à la Section de l'immigration.
Tous nos décideurs reçoivent une formation initiale complète, du mentorat, un perfectionnement professionnel continu et du soutien juridique. Ils bénéficient de recherches de renseignements précis sur les pays d'origine et les demandeurs d'asile.
Le travail d'un commissaire de la CISR est difficile et exigeant. Il demande souvent de devoir écouter des témoignages sur des cas de torture ou de violation des droits de la personne. Les décisions changent la vie des demandeurs d'asile et des membres de leur famille. Ces facteurs combinés à la charge de travail se traduisent par de fortes pressions sur nos commissaires.
Je suis fier de la façon dont les commissaires de la CISR continuent de remplir et de dépasser les attentes établies pour eux. Je crois que notre succès, à cet égard, peut être attribué aux pratiques, aux procédure et aux outils que nous avons mis en place à chaque étape de la carrière d'un commissaire. Cela commence avec le processus de sélection, se poursuit par un renforcement au cours de la formation et de l'intégration, et continue tout au long du mandat du commissaire.
[Traduction]
Maintenant, j'aimerais parler plus précisément de la législation proposée, soit le projet de loi . Comme les membres du comité le savent, la CISR n'a aucun rôle à jouer dans l'élaboration de politiques puisque cette fonction relève de Citoyenneté et Immigration Canada. Toutefois, je tiens à vous assurer que nous avons été dûment consultés au cours du processus de rédaction du projet de loi au sujet de tous les aspects qui touchent le mandat de la CISR. Permettez-moi également de vous rassurer en vous disant que la CISR mettra en oeuvre toutes les dispositions législatives prises, avec professionnalisme et efficacité.
Nous sommes fiers du travail que nous accomplissons dans le cadre du système de protection des réfugiés au Canada, mais le public a perdu confiance envers ce système en raison de facteurs sur lesquels la CISR n'a aucune prise.
Une réforme du système actuel s'impose afin qu'il soit statué plus rapidement sur les demandes d'asile et que les demandeurs d'asile déboutés soient renvoyés sans délai, et ce, toujours dans le souci de l'équité procédurale. Le constitue la réponse du gouvernement à la nécessité d'améliorer le système.
Parmi les principaux éléments du nouveau système proposé qui auront des répercussions sur le processus d'octroi de l'asile à la CISR, il y a l'exigence selon laquelle un employé de la Commission devra mener une entrevue visant à recueillir de l'information à une date fixée par un agent de l'ASFC ou de CIC, conformément à des règles qui seraient mises au point par la CISR. Au cours de cette entrevue, une audience serait mise au rôle suivant les règles établies par la CISR et serait tenue par un décideur fonctionnaire de la SPR.
Si une demande d'asile est rejetée par la SPR, tous les demandeurs d'asile, à l'exception de ceux provenant de pays ou appartenant à des catégories de ressortissants désignés par le ministre, auraient un droit d'appel sur le bien-fondé de toutes les questions à la nouvelle Section d'appel des réfugiés, SAR, dotée en personnes nommées par décret à la CISR. La SAR recevrait les nouveaux éléments de preuve et, dans certaines circonstances, pourrait tenir une audience. Dans l'éventualité où une décision défavorable de la SPR serait maintenue en appel, les appelants pourraient solliciter l'autorisation de demander un contrôle judiciaire par la Cour fédérale de la décision relative à l'appel. La SAR pourrait non seulement confirmer une décision de la SPR, mais elle pourrait la remplacer par sa propre décision afin d'éviter que celle-ci soit renvoyée à la SPR où, dans de rares cas, elle pourrait renvoyer l'affaire à la SPR afin qu'elle soit réexaminée par un nouveau tribunal.
Les commissaires de la nouvelle SPR et de la SAR, qu'il s'agisse de décideurs nommés par décret ou de décideurs fonctionnaires, seront nommés au terme d'un processus de sélection qui permettra d'assurer qu'ils sont compétents et qualifiés. Ils bénéficieront d'un niveau élevé de formation continue et de soutien décisionnel semblable à celui qui est fourni aux décideurs actuellement. Je suis pleinement convaincu que, à la CISR, nous continuerons de trouver des façons créatives de faire fonctionner le nouveau système de la manière la plus efficace possible.
La CISR maintiendra fermement son engagement envers la prise de décisions de grande qualité et nous continuerons de respecter les normes élevées que nous avons fixées pour nous-mêmes. Par-dessus tout, nous gardons toujours à l'esprit le fait que les décisions que nous rendons ont une incidence sur la vie de ceux qui comparaissent devant nous, sans oublier la sécurité et la protection des Canadiens.
La CISR répondra, dans toute la mesure de sa capacité, aux exigences découlant des mesures législatives prises par le Parlement, dans le respect des échéanciers fixés et du budget alloué, tout en remplissant son mandat qui consiste à régler les cas de manière efficace, équitable et conforme à la loi.
Pour conclure, j'aimerais dire, et les membres du comité en sont conscients, qu'il faudra encore répondre à de nombreuses questions afin de nous préparer en vue de la mise en oeuvre des mesures législatives une fois que le projet de loi aura reçu la sanction royale. Nous devrons, entre autres, élaborer des règles et des procédures ainsi que des stratégies en matière de dotation afin de satisfaire aux nouvelles exigences, et déterminer nos besoins pour ce qui est des bureaux.
Alors maintenant, je serais heureux de répondre de mon mieux à vos questions.
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Il est absolument crucial que cela se fasse: que nous choisissions les bonnes personnes et les formions pour qu'elles puissent s'acquitter de leurs fonctions avec compétence et conformément à un code de conduite que nous avons pour tous nos membres. Cela comprend les membres de notre Section de l'immigration.
Ça commence avec la sélection des bonnes personnes. Nous en avons parlé. Mon opinion est que nous devons avoir un mélange. Ça ne doit pas être limité aux personnes de la Commission ou aux personnes de la fonction publique car l'expérience m'a montré que les gens de l'extérieur de la fonction publique apportent beaucoup à la Commission à la fois quand ils viennent comme fonctionnaires et quand ils viennent comme nominations par décret.
Honnêtement, notre formation au niveau décret est incomparable. Comme je l'ai dit, j'étais chargé de la réforme d'agences, c'est-à-dire que j'ai arbitré la réforme de tribunaux pour le procureur général de l'Ontario. Je connais bien les systèmes de formation des petits tribunaux. Nous avons la grande chance d'être un grand tribunal. Nous sommes réputés pour notre formation. Si vous interrogez n'importe lequel de nos membres actuels ou anciens — et je vous invite à le faire —, ils vous parleront de la qualité de la formation.
Nous offrons le même genre de formation à nos décideurs, qu'il s'agisse de décideurs fonctionnaires ou de décideurs nommés par décret de la SAR. C'est une formation fantastique, vraiment. Elle comprend du mentorat. Personne n'est autorisé à siéger comme décideur unique, étant donné l'importance des décisions qu'ils prennent, jusqu'à ce que nous ayons déterminé qu'ils sont prêts à le faire et, bien sûr, qu'ils pensent être prêts à le faire.
Ensuite, il y aura de la surveillance pour veiller à ce qu'ils s'acquittent de leurs fonctions avec efficacité et conformément à la loi. Nous le faisons actuellement pour les décideurs nommés par décret et pour les décideurs fonctionnaires de la SI. Nous assistons aux audiences, nous examinons les enregistrements ou disques des audiences, et nous revoyons les motifs. Cela se fait dans le cadre de notre système d'évaluation du rendement.
Je le répète, nous avons des évaluations annuelles du rendement des fonctionnaires ainsi que des décideurs nommés par décret. Bien sûr, nous avons une évaluation du rendement en fin de mandat pour tous les commissaires nommés par décret qui est envoyée au ministre au moins six mois avant l'expiration de leur mandat. C'est sur cette base que je recommande au ministre de reconduire ou non un commissaire dans son poste.
Les décideurs fonctionnaires sont généralement des nominations à durée indéterminée, c'est-à-dire qu'ils ne sont pas nommés pour une période fixe. Si leur rendement n'est pas conforme aux attentes, nous trouverons pourquoi. Nous verrons ce qu'il faut faire pour les aider et, s'ils ne sont pas à la hauteur, ils ne rendront pas de décisions sur les demandes. C'est aussi simple que ça. C'est trop important.
Je dirai un mot au sujet de la première question, cependant. Je répète, et vous me comprendrez, que nous ne formulons pas les politiques du gouvernement. Ce sont la CIC et le gouvernement qui le font. Donc, vous dire si j'estime que ces politiques sont les bonnes ou non n'est pas pertinent. Il est important de le savoir. Toutefois, comme je l'ai dit, nous avons été consultés sur l'incidence que telle ou telle disposition pourrait avoir sur la Commission. Je ne répète pas ce que j'ai dit à ce sujet.
En ce qui concerne les défis, je pense qu'il s'agira d'abord de mettre les bonnes personnes dans les bons postes au bon moment. Nous devons absolument créer un organisme de décision de premier niveau de grande qualité dans la fonction publique pour la Commission. C'est incontournable.
Comme cela a été un problème dans d'autres pays, comme en Grande-Bretagne où les décideurs de premier niveau restent pendant environ un an, dans la plupart des cas... J'y étais. Ils sont très jeunes. Leurs décisions ne sont pas très professionnelles dans le sens où il y a un taux d'invalidation très élevé. Plus de 20 p. 100 des décisions sont renversés en appel.
Pour vous donner une idée, et même si je réalise que la révision judiciaire n'est pas un appel, notre taux de succès en révision judiciaire est tel que seulement 0,05 p. 100, un demi pour cent, des décisions de la CISR sont renversées en révision judiciaire. Un demi pour cent.
J'aimerais seulement faire une parenthèse en commençant.
Vous avez souligné que, présentement, en vertu de la loi actuelle, seulement un 0,5 p. 100 des demandes de contrôle judiciaire renversent la décision. À mon avis, ça prouve qu'en effet, ce n'est pas un mécanisme d'appel. Trop, c'est comme pas assez. Si trop de décisions sont renversées en appel, il y a un problème en première instance; si aucune, ou si peu, n'est renversée, il y a un problème en appel. Je n'étirerai pas cette parenthèse, parce qu'on regarde en avant.
Prenons le projet de loi . Je vous ai parlé, plus tôt, du recrutement à l'extérieur de la fonction publique des fonctionnaires qui travaillent à la première instance. Pouvez-vous nous dire si, actuellement, dans la division où ce modèle existe — c'est-à-dire en matière d'immigration — quel pourcentage approximatif des gens sont recrutés à l'extérieur de la fonction publique? Ensuite, grossièrement, quelle pourrait être une cible raisonnable qu'on pourrait viser pour la section des réfugiés devant être créée?
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... je n'ai pas de texte à vous remettre mais, si vous le souhaitez, je pourrai vous l'envoyer demain.
Très brièvement, en ce qui concerne mes antécédents, je suis une avocate chevronnée en droit de l'immigration et du statut de réfugié, à Ottawa, avec de nombreux clients des deux secteurs, et je suis une ancienne membre de la Commission de l'immigration et du statut de réfugié.
Je pense qu'il est important de comprendre ma situation personnelle. Je suis la fille de survivants de l'holocauste. Nous sommes arrivés d'Europe de l'Est en 1949, avant l'entrée en vigueur de la Convention internationale sur les réfugiés, en 1951, et j'ai donc une expérience personnelle et très émouvante de la situation des réfugiés, notamment de ceux qui ont essuyé un refus au moment où ils en avaient besoin, pendant la Deuxième guerre mondiale. Quand j'examine cette réforme du système d'acceptation des réfugiés, je le fais d'un point de vue personnel, c'est-à-dire à partir de mon expérience personnelle ainsi que d'un point de vue professionnel.
Permettez-moi d'ajouter aussi qu'avant de devenir avocate — avant d'entreprendre des études de droit à l'âge de 40 ans —, j'étais enseignante du secondaire pour une commission scolaire francophone et j'ai surtout enseigné dans des écoles dont la plupart des élèves étaient des réfugiés.
Permettez-moi de dire d'emblée que je dois féliciter le gouvernement de s'être efforcé de rationaliser le processus de détermination du statut de réfugié. Je l'en félicite. C'est un pas dans la bonne voie et je félicite M. Kenney de ses efforts. Je ne pense pas qu'il soit allé assez loin mais c'est quand même un pas dans la bonne direction.
Il serait difficile à quiconque aujourd'hui de dire que le système actuel marche bien. Je pense que nous pouvons tous convenir qu'attendre 19 mois pour avoir une audience et cinq ans pour se débarrasser des demandeurs rejetés est excessif et inacceptable. On ne peut contester non plus qu'il y a beaucoup d'abus dans le système actuel. Je le constate régulièrement. Je n'accepte pas tous les clients qui s'adressent à moi pour présenter une demande de réfugié quand j'ai la conviction au-delà de tout doute raisonnable qu'il ne s'agit pas de réfugiés légitimes.
Donc, quand je parle de cas particuliers, je n'en parle pas d'un point de vue académique, d'un point de vue théorique ou même d'un point de vue politique. J'en parle... [Difficultés techniques]
J'en parle d'après mon expérience personnelle, et sans arrière-pensées politiques.
Je vais vous donner l'exemple le plus récent mais cela arrive régulièrement. La semaine dernière, j'ai reçu un appel téléphonique d'un Arménien des États-Unis, qui se trouve là-bas avec un visa d'étudiant pour étudier ou pour enseigner, je n'ai pas bien compris. Il m'a dit qu'il voulait présenter une demande de réfugié et qu'il se trouve légalement aux États-Unis avec sa famille. Je lui ai dit de présenter une demande aux États-Unis. Selon la convention internationale de 1951, un réfugié légitime peut formuler une demande dans le premier pays sûr où il arrive.
Il m'a dit savoir qu'il avait un bon dossier parce qu'il avait consulté un avocat de l'immigration aux États-Unis qui lui avait dit que son dossier était solide. Je lui ai redit de présenter une demande aux États-Unis. Voici ce qu'il m'a dit : « Non, ici, aux États-Unis, je dois payer un avocat, je dois payer pour vivre ailleurs et je dois subvenir aux besoins de ma famille. Je veux venir au Canada parce que je sais que je pourrais y avoir un avocat gratuitement, un logement gratuit et que, si je veux un permis de travail, je pourrais en obtenir un. » Je lui ai dit que je ne pouvais malheureusement pas l'aider.
Ce n'était pas un cas exceptionnel. C'est du tout-venant.
Je dois vous dire aussi que je suis avocate de service pour le panel d'aide juridique des réfugiés et des immigrants. Une semaine sur deux, le lundi après-midi, je vais à la Ottawa Community Immigrant Services Organization, OCISCO, sur la rue Wellington. Je sais donc personnellement ce qui se passe dans cette communauté. Du fait de mes consultations avec les personnes qui s'adressent à OCISCO, je vois que beaucoup de gens tentent d'utiliser le processus d'accueil des réfugiés pour immigrer au Canada par une voie détournée.
Des gens viennent me dire qu'ils veulent parrainer leurs parents qui sont ici comme visiteurs. Je leur dis d'entamer le processus de parrainage. Ils sont très francs parce qu'ils savent que les communications entre un avocat et son client sont confidentielles et que je ne peux identifier personne. Ils me disent : « Eh bien, on m'a dit... » — c'est-à-dire un agent d'accueil — «... qu'il suffirait à mes parents de demander le statut de réfugié et que nous n'aurions pas alors à les parrainer et qu'ils pourraient rester ici ». De cette manière, ils pourraient échapper à l'obligation de 10 ans. Ils le disent très franchement. Je leur réponds alors que je ne suis pas là pour donner ce genre de conseil et que je ne peux pas les aider.
Ce n'est pas exceptionnel. Il faut donc resserrer le système. Nous devons nous assurer que le système d'accueil des réfugiés sert aux réfugiés légitimes et n'est pas exploité par des gens qui voudraient immigrer d'une manière détournée ou qui voudraient échapper à des obligations financières envers leurs parents ou grands-parents. Ce n'est pas à cela que sert le système, et nous devons respecter les réfugiés légitimes qui sont obligés d'attendre beaucoup trop longtemps pour obtenir une décision parce qu'un nombre élevé de demandeurs ne sont pas légitimes.
Pour ce qui est du pays d'origine sûr, j'y suis favorable parce que je ne vois pas pourquoi nous devrions ne serait-ce que recevoir une demande de l'un des pays de l'Union européenne. Tout citoyen de l'un de ces 27 pays a le droit de travailler et de vivre dans l'un des 26 autres. Pas de demander le statut de réfugié mais d'y travailler et d'y vivre. Je ne comprends pas pourquoi ils viendraient ici à moins que l'on considère — si vous me permettez une pointe d'ironie — que, dans les 26 autres pays, ils ont droit de vivre et de travailler alors qu'au Canada, ils ont droit de vivre, de présenter une demande et de ne pas travailler. Vous croirez peut-être que je plaisante mais il faut tenir compte de cela.
Je ne vois pas pourquoi nous devrions accepter des demandeurs des États-Unis, d'Australie ou de Nouvelle-Zélande. Ce sont des pays démocratiques. Nous ne sommes pas la seule démocratie au monde. Nous ne sommes pas nécessairement la meilleure. Je ne pense pas que quiconque puisse se plaindre de la Nouvelle-Zélande, de la Suisse ou de la plupart des pays de l'Union européenne. Ce sont des pays d'origine sûrs et il faut les respecter.
Nous ne pouvons pas laisser les gens de ces pays venir exploiter notre système. Nous devons nous concentrer sur les réfugiés légitimes. Nous devons nous concentrer sur le renvoi des réfugiés bidon ou des réfugiés dont la demande a été rejetée, ou de ceux qui ont menti et qui sont peut-être des criminels, des terroristes ou des persécuteurs, comme certains du Rwanda.
Je songe au cas Mugesera. C'est l'un des plus infâmes. En 2005, la Cour suprême du Canada a conclu que Leon Mugesera, un extrémiste Hutu exilé, était un criminel de guerre dont elle a ordonné l'expulsion pour avoir aidé à inciter au génocide du Rwanda, que nous connaissons tous. C'est quelqu'un dont la demande du statut de réfugié avait été rejetée en 1995. Nous sommes en 2010 et il est encore ici, appel après appel. Ce n'est pas à ça que sert le processus d'accueil des réfugiés.
Et il y en a un autre, de 1987 celui-là, Mahmoud Mohammad Issa Mohammad. C'est un terroriste palestinien qui avait été condamné à 17 ans de prison en Grèce pour avoir attaqué un avion d'El Al à Athènes, ce qui a entraîné la mort d'un passager. Il est entré comme immigrant reçu sous une fausse identité. Il a réussi à éviter l'expulsion jusqu'à aujourd'hui. Je crois qu'il fonde son dernier appel sur des raisons de santé : il dit qu'il ne pourrait pas obtenir le même niveau de soins de santé en Cisjordanie qu'ici.
J'en ai toute une liste mais je n'insiste pas. Je l'ajouterai avec plaisir aux notes que je vous enverrai.
Donc, oui, le gouvernement fait un pas dans la bonne direction. Je pense cependant que ce n'est qu'un premier pas. Une réforme plus profonde est nécessaire pour resserrer le processus d'accueil des réfugiés afin de le rendre plus efficient et plus efficace pour les réfugiés légitimes, pas pour les réfugiés bidon.
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Tout d'abord, merci beaucoup de m'avoir invité à m'adresser au comité.
Avant de parler du projet de loi , permettez-moi de dire que je partage l'opinion des autres Canadiens qui estiment que le Canada se doit d'accorder sa protection à un nombre raisonnable de réfugiés légitimes. J'ajoute que certains des membres de ma propre famille, mes beaux-parents, ont été des réfugiés de la mer fuyant un régime d'oppression. J'ai commencé à m'intéresser à ces questions quand j'ai été nommé ambassadeur ou haut-commissaire dans des pays d'Asie et du Moyen-Orient d'où proviennent bon nombre de réfugiés et d'immigrants.
Il faut convenir dès le départ que, malgré l'appui du public à un bon système d'accueil des réfugiés, le système actuel pose de graves problèmes. Cela inquiète la population qui réclame fermement une réforme du système, à la fois pour accélérer le traitement des dossiers légitimes et pour expulser rapidement le grand nombre de demandeurs qu'on estime ne pas avoir besoin de notre protection.
Il a été abondamment prouvé qu'un grand nombre de personnes demandant le statut de réfugié au Canada ne fuient pas une persécution mais tentent plutôt d'exploiter le système pour acquérir la résidence permanente dans notre pays, dans la plupart des cas pour des raisons d'ordre économique. Bien que le Canada soit pour les demandeurs du statut de réfugié ou les demandeurs d'asile l'un des pays les plus difficiles à atteindre de par sa situation géographique, nous recevons quand même une proportion très élevée des demandes formulées au niveau mondial parce que nous offrons aux demandeurs le système de prestations le plus généreux et approuvons en moyenne trois fois plus de demandes que les autres pays.
En 2009, par exemple, nous avons reçu plus de 33 000 nouvelles demandes du statut de réfugié. Le HCR des Nations unies a étudié la situation dans 44 pays industrialisés et a conclu que nous arrivons juste après les États-Unis et la France en ce qui concerne le nombre absolu de demandes. Or, ces deux pays ont des populations beaucoup plus élevées que le Canada et sont géographiquement beaucoup plus accessibles à la plupart des demandeurs d'asile.
Comme mon temps de parole est limité, je vais me concentrer sur les dispositions du projet de loi portant sur ce qu'on appelle les pays d'origine désignés, c'est-à-dire les pays internationalement considérés comme des pays d'origine sûrs.
Si les membres du comité le souhaitent, je répondrai aussi à leurs questions sur d'autres aspects du projet de loi, par exemple sur l'utilisation de fonctionnaires au premier palier de décision.
L'expression « pays d'origine sûr » sert à désigner des pays qui sont démocratiques, qui ont un bon bilan en matière de droits humains, qui souscrivent aux conventions des Nations unies sur les droits de l'homme et sur les réfugiés, et qui sont considérés comme ne persécutant pas leurs citoyens. Bon nombre de pays accueillant des réfugiés rejettent d'office toute demande d'un citoyen d'un pays d'origine sûr, ou se sont en tout cas dotés d'un mécanisme pour traiter rapidement ces demandes afin qu'elles n'engorgent pas le système, ce qui leur permet de se concentrer sur les demandes méritoires.
Le Canada, par contre, n'a jusqu'à présent pas fait preuve d'une telle modération et a permis la présentation de demandes par des citoyens d'une foule de pays qui ne seraient pas considérés ailleurs comme des pays producteurs de réfugiés, c'est-à-dire des pays persécutant leurs citoyens au sens de la Convention des Nations unies.
En 2008, par exemple, nous avons laissé entrer dans notre système de détermination du statut de réfugiés des Norvégiens, des Néo-Zélandais, des Allemands, des Français, des Britanniques, des Américains, et j'en passe. Bien que le nombre de demandes émanant de citoyens de ces pays était relativement minime, ce n'était pas vrai dans tous les cas. En 2008, par exemple, plus de 2 300 citoyens américains ont demandé le statut de réfugié au Canada. Ce chiffre n'est pas négligeable lorsqu'on considère le temps et les ressources qu'il faut consacrer à l'examen de chaque demande.
Ce qui est peut-être encore plus notable, c'est l'augmentation soudaine du nombre de demandes émanant de pays particuliers dont beaucoup seraient considérés comme des pays sûrs par les autres pays d'accueil de réfugiés. Je veux parler de demandes émanant récemment de citoyens du Mexique, de la République tchèque et de la Hongrie mais, dans les décennies précédentes, on a vu la même situation avec des citoyens du Portugal, de Trinité-et-Tobago, de Turquie, d'Argentine, du Chili, etc.
Ce genre de problème est apparu en partie à cause de la manière dont nous avons élargi la définition de la persécution dans la convention des Nations unies. Paradoxalement, le Canada avait mis en garde la communauté internationale il y a quelques années, lors d'une réunion du HCR à Genève, en disant que, si la définition de réfugié était trop élargie, le problème risquait de devenir totalement ingérable, et c'est exactement ce qui s'est produit, en grande mesure.
Le représentant du Canada lors de cette réunion avait ajouté qu'il était particulièrement injuste de dépenser des milliers de dollars pour des personnes qui avaient réussi à atteindre notre territoire, sans nous demander si elles avaient ou non vraiment besoin de notre aide, mais relativement peu pour les personnes languissant dans des camps de réfugiés.
En ce qui concerne la hausse soudaine de demandes de citoyens de la République tchèque, des porte-parole de réfugiés ont avancé l'argument que, même si les membres de la communauté dont la plupart d'entre eux émanaient, c'est-à-dire les Roms — ou, comme on les appelle parfois, les gitans — n'étaient pas persécutés par le gouvernement tchèque, le fait que ce dernier ne pouvait pas empêcher sa population de faire de la discrimination à leur égard était équivalent à de la persécution, ce qui les rendait admissibles à demander le statut de réfugié. En vertu de cette définition élargie de la persécution, nous serions obligés d'accepter, par exemple, des demandes des plus de 100 millions de Dalits d'Inde, la caste des intouchables.
Il est clair que la convention sur les réfugiés n'a jamais été prévue pour ce genre de problème et qu'on ne l'interpréterait pas d'une manière telle que nous sommes censés résoudre les problèmes sociaux des autres peuples en transférant au Canada toutes les personnes en situation difficile si elle était appliquée de manière réaliste et pratique. Il convient de noter à cet égard que les autres membres de l'Union européenne n'acceptent pas de revendications du statut de réfugié de citoyens tchèques, qu'il s'agisse de Roms ou d'autres, étant donné que la République tchèque est un pays démocratique ayant un bilan positif sur les droits humains.
Dans ces circonstances, il est tout à fait légitime que le Canada dresse une liste de pays d'origine désignés, notamment dans les cas où l'on constate une augmentation rapide des demandes provenant de pays ne persécutant par leurs ressortissants. À mon avis, c'est évident, nous devons instaurer un tel système.
Jusqu'à présent, dans de telles situations, nous avons été réduits à exiger des visas de visiteurs, ce qui est une solution bizarre à ce genre de problème, et qui s'accompagne généralement de certaines conséquences négatives, notamment des réactions négatives des pays concernés, pouvant aller jusqu'à des mesures de rétorsion par l'exigence de visas pour les voyageurs canadiens.
Une autre conséquence négative de la facilité avec laquelle quasiment n'importe quel non-Canadien peut demander le statut de réfugié au Canada est la prudence extrême que nous devons souvent exercer dans l'émission de visas de visiteurs aux citoyens d'autres pays. Dans mes divers postes dans les ambassades du Canada, nous devions souvent refuser des visas à des personnes qui étaient probablement des visiteurs de bonne foi car nous ne pouvions pas prendre le risque de les leur accorder puisqu'il est tellement facile de réclamer le statut de réfugié quand on est en sol canadien. Si nous avions un système plus cohérent de détermination du statut de réfugié, nous ne serions pas obligés de rejeter autant de demandes de visas que nous le faisons actuellement.
Maintenant, la question est de savoir si la désignation de pays d'origine fonctionnera efficacement si elle est approuvée et mise en oeuvre. Ça reste à voir.
Les citoyens de pays désignés auront toujours le droit de réclamer le statut de réfugié mais pas celui d'interjeter appel devant la Section d'appel des réfugiés si leur demande est rejetée. On suppose probablement que cette restriction dissuadera la plupart de telles personnes de présenter une demande mais, si tel n'est pas le cas et si l'effet dissuasif n'est pas suffisant, le gouvernement aura tout intérêt à envisager des mesures plus rigoureuses pour contrôler les hausses spectaculaires de demandes émanant de citoyens de ces pays d'origine.
Il nous faudra peut-être tout simplement refuser d'examiner les demandes de ces personnes.
Pour terminer, j'aimerais faire remarquer que le Canada a une politique extrêmement généreuse à l'égard des réfugiés. Comme je l'ai déjà indiqué, notre système de prestations est le plus généreux au monde, notre taux d'acceptation des réfugiés compte parmi les plus élevés, et c'est d'ailleurs pour cela que nous attirons autant de demandeurs du statut de réfugié.
Nous sommes aussi nettement au-dessus de la moyenne en ce qui concerne le pourcentage d'acceptation des demandes de réfugiés ainsi que le nombre de réfugiés qui viennent de l'étranger pour se réinstaller au Canada. Et pourtant, les groupes de défense des réfugiés, comme le Conseil canadien pour les réfugiés, continuent de prétendre que le Canada manque de générosité et que le projet de loi ne fera qu'aggraver la situation.
C'est absolument faux. Il faut que le système continue d'être juste et efficace, c'est ce que veulent les Canadiens. Ceux qui prétendent que nous devrions ouvrir encore plus grand nos portes ne sont tout simplement pas à l'écoute de la population.
Je félicite le gouvernement d'avoir présenté ce projet de loi. Permettez-moi de préciser que, tout comme Julie Taub, je n'ai pas d'affiliation politique. Je n'appartiens à aucun parti politique, et je suis toujours prêt à venir rencontrer des députés de quelque parti qu'ils soient pour discuter de la politique d'immigration et de la politique sur les réfugiés.
Je vous remercie à nouveau de m'avoir invité aujourd'hui. Cela met fin à mes observations.
Bonjour, monsieur.
Je suis très heureuse que vous comparaissiez devant nous.
D'abord, je veux vous dire que je viens également d'un pays où de nombreux compatriotes à moi sont venus ici en tant que réfugiés. Je suis d'origine vietnamienne et je peux vous dire qu'il est important que cette commission existe. Même si la situation n'est pas comparable, de nombreux ressortissants tant américains que vietnamiens sont venus ici en raison de cette loi. Je ne suis pas venue au Canada en tant que réfugiée, mais je suis venue à la même époque qu'eux.
Certains de vos propos m'ont horripilée. Vous condamnez systématiquement les demandeurs en disant qu'ils comptent sur la générosité d'un système comme le nôtre. Toutefois, ne vous ai-je pas entendu dire que certaines personnes qui vous appelaient étaient référées par des consultants? On sait que présentement les consultants ne sont pas encadrés. Certains consultants véreux conseillent très mal des faux demandeurs de statut de réfugié. J'aurais également voulu voir, dans ce projet de loi, cette profession encadrée.
Hier, on a reçu le ministre. Il nous a dit qu'il comptait le faire, mais à un autre moment. Vous dites que plusieurs demandeurs profitent de la situation du système actuel. Ne croyez-vous pas que le fait que le ministre ne légifère pas en encadrant la profession, comme l'est la profession d'avocat...? D'ailleurs, je crois que la loi protège les gens qui vont vous voir parce que votre profession est très encadrée.
On dit que le système est lourd, mais ce ne sont pas seulement les faux demandeurs qui alourdissent le système. Ce sont aussi des consultants véreux qui vont conseiller à certaines personnes d'opter pour ce genre de système.
M. Collacott a dit qu'il est arrivé que des visiteurs qui voulaient venir au Canada, notamment pour rendre visite à des parents au Canada, n'aient pas pu obtenir de visas parce qu'on craignait qu'ils demandent le statut de régugié, une fois au Canada. Il est regrettable qu'on les ait empêchés de venir au Canada pour un mariage, des funérailles ou la naissance d'un petit-enfant, simplement parce qu'on craignait qu'ils demandent le statut de réfugié.
J'estime que ce n'est pas une raison suffisante pour refuser un visiteur car, dans la plupart des cas, les visiteurs viennent au Canada pour fêter un événement particulier, pas pour demander le statut de réfugié. Dans certains pays, les bureaux de visas refusent jusqu'à 30 ou 40 p. 100 des visas.
J'ai également entendu M. Collacott dire que le Mexique est un pays sûr.
Plutôt que de répondre à la question sur la Turquie, vous avez essayé de dire que le Mexique est un pays sûr, alors qu'un grand nombre de demandes d'asile sont acceptées par la Commission du statut de réfugié parce que leurs auteurs ont de bonnes raisons de craindre les caïds de la drogue, la violence conjugale, etc.
Il est donc très difficile pour le ministre, pour nous et pour quiconque, d'ailleurs, d'affirmer que tel ou tel pays est un pays sûr. À mon avis, et c'est aussi celui de ceux qui s'intéressent de près aux droits de la personne, on ne peut pas vraiment dire si un pays est sûr. C'est au cas par cas...
J'aimerais poser ma question à Mme Taub. À votre avis, combien de réfugiés devrions-nous accepter au Canada chaque année? Si vous étiez ministre de l'Immigration, combien de réfugiés accepteriez-vous au Canada?
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Je ne pense pas qu'on puisse fixer une limite au nombre de réfugiés authentiques. C'est la raison pour laquelle j'estime qu'il est important de simplifier le système afin qu'il ne soit pas encombré de réfugiés bidon.
On ne peut pas limiter le nombre de réfugiés authentiques. Par contre, je suis convaincue qu'il y a beaucoup de demandeurs bidon. C'est ce que j'ai constaté à la Commission du statut de réfugié, dans mon métier d'avocate et dans mon rôle de conseillère pour l'aide juridique. En fait, c'est quelque chose que je constate malheureusement chaque semaine.
À mon avis, donc, on ne peut pas fixer de limite. Si un réfugié authentique débarque dans notre pays, on ne peut pas lui dire : vous êtes le sept-millième, par conséquent, c'est terminé. Ou bien, au contraire : si vous êtes un réfugié authentique, vous pouvez entrer.
Ce qu'il faut faire, et c'est ce que le gouvernement semble vouloir faire, c'est écarter les demandeurs bidon qui essaient d'utiliser ce stratagème pour entrer au Canada parce qu'ils ne répondent pas aux critères d'immigration ou parce que leurs répondants canadiens, qui ne veulent pas s'engager à les aider pendant 10 ans, leur conseillent de présenter une demande de statut de réfugié.
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Bien sûr que j'ai des recommandations à faire. La première consisterait à régler la question des consultants. Les victimes versent des centaines de milliers de dollars en échange de fausses promesses, et elles n'obtiennent rien. C'est un problème qui couve depuis longtemps.
Mais je ne propose pas de ne pas adopter ce projet de loi parce qu'il ne contient pas assez... Vous m'avez demandé des propositions d'amélioration au système des réfugiés en général.
L'hon. Maurizio Bevilacqua: C'est exact.
Mme Julie Taub: Je vous conseillerais également, même si c'est un peu hors sujet, de revoir toute la question de la réinstallation. J'ai eu des clients qui sont venus du Rwanda, d'autres de l'Afghanistan, dans le cadre d'un programme de réinstallation. Ils m'ont dit qu'ils appréciaient beaucoup les efforts du gouvernement du Canada de faciliter leur réinstallation au Canada mais qu'ils ne comprenaient pas pourquoi leurs bourreaux et leurs assassins étaient eux aussi autorisés à venir au Canada. Je crois qu'on ne fait pas assez de recherches sur les antécédents des demandeurs d'asile.
J'ai justement reçu une cliente dans cette situation, cet après-midi, avant de venir ici. C'est une femme extraordinaire, qui est arrivée d'Afghanistan avec ses enfants, et ils ont été acceptés en 2006. Ils venaient du Kirghizistan où ils avaient été réinstallés en tant que réfugiés. Quand elle est arrivée, elle a reconnu beaucoup de membres et de sympathisants des talibans, et elle n'en croyait pas ses yeux. « Comment est-ce possible? », m'a-t-elle demandé.
Je ne sais pas comment c'est possible, mais ce n'est pas la première fois que j'entends ce genre de chose. Il serait souhaitable d'améliorer le système de détermination du statut de réfugié, de mieux vérifier les antécédents des demandeurs d'asile ou de ceux qu'on réinstalle, afin de s'assurer que les bourreaux et les assassins ne sont pas acceptés au Canada en même temps que leurs victimes.