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Merci, monsieur le président.
Je m'appelle Claudette Deschênes et je suis sous-ministre adjointe des opérations à Citoyenneté et Immigration Canada.
Je suis accompagnée de Sandra Harder, directrice générale adjointe, Direction générale de l'immigration à CIC.
Je tiens à remercier le comité de m'avoir invitée à prononcer un discours. Je présenterai aujourd'hui un aperçu des mesures d'immigration spéciales mises en place par le ministère en réponse au séisme dévastateur qui a frappé Haïti le 12 janvier dernier, et je ferai le point à ce sujet.
[Français]
Comme les membres du comité le savent, l'ambassade du Canada a subi d'importants dégâts lors du séisme. Néanmoins, à la suite du désastre, soit le 16 janvier, Citoyenneté et Immigration Canada a annoncé des mesures spéciales à l'intention des personnes affirmant avoir été directement et considérablement touchées par le séisme.
Dans le cadre de ces mesures, CIC et ses partenaires fédéraux ont notamment conçu et mis en oeuvre un plan d'évacuation pour les enfants haïtiens dont la demande d'adoption par des citoyens ou des résidents permanents canadiens était à un stade avancé. Ainsi, du moment du séisme jusqu'à la fin du mois de février, presque autant d'enfants adoptés sont entrés au Canada que le nombre qui entrent habituellement sur une période de deux ans, c'est-à-dire 237 enfants pour les années 2008 et 2009 combinées.
Parmi les 250 enfants adoptés et désignés pour une évacuation possible, 203 sont maintenant au Canada auprès de leurs parents adoptifs et attendent la prise d'une décision définitive à l'endroit de leur processus d'immigration ou de citoyenneté. Il est possible qu'un ou deux enfants supplémentaires puissent venir au Canada dans le cadre de ces mesures d'immigration spéciales.
Comme la situation en Haïti s'est stabilisée, et particulièrement compte tenu de la reprise des vols commerciaux, les familles adoptives de ces enfants se sont vu avisées de faire leurs propres préparatifs de voyage.
[Traduction]
Après un examen minutieux, il s'est avéré que certains enfants n'avaient pas les autorisations provinciales-territoriales requises pour l'adoption. Dans d'autres cas, les personnes adoptées avaient plus de 18 ans et étaient donc inadmissibles à l'adoption, elles n'étaient pas jumelées à une famille au Canada avant le séisme, ou les parents n'étaient pas en mesure d'obtenir les autorisations provinciales pour l'adoption. Ces enfants pourraient toutefois être en mesure de venir au Canada ultérieurement, par le biais du processus d'adoption régulier, si toutes les exigences sont respectées. Les parents dont les enfants adoptifs n'ont pu venir au Canada dans le cadre des mesures spéciales ont été contactés.
Il est à noter, monsieur le président, que le désir exprimé par de nombreux Canadiens d'adopter des enfants qui ont perdu leurs familles et leurs amis lors de cette tragédie est un témoignage de leur générosité et de leur ouverture d'esprit. Toutefois, les politiques et les pratiques internationales veulent que l'on trouve d'abord un foyer pour les enfants devenus orphelins dans leur propre pays avant de les envoyer dans un pays étranger.
Le traitement de nouvelles demandes d'adoption dépendra de la décision du gouvernement haïtien de remettre en place ces procédures en matière d'adoption. Quiconque souhaite adopter un enfant haïtien doit communiquer avec le responsable ministériel de sa province ou avec une agence d'adoption.
[Français]
D'autres mesures d'immigration exigeaient que le ministère agisse rapidement pour établir des critères permettant de traiter en priorité des demandes nouvelles et existantes dans la catégorie de regroupement familial présentées par des époux et épouses, des partenaires conjugaux et des conjoints de fait, des enfants à charge ou adoptifs, des parents, des grands-parents et des membres de la famille immédiate devenus orphelins comme des frères, des soeurs, des nièces, des neveux et des petits-enfants de moins de 18 ans.
Le ministère a également établi une liste de traitement prioritaire pour les personnes protégées, dont des membres de la famille se trouvent encore en Haïti, et pour les demandes de certificat de citoyenneté.
C'est avec plaisir que je vous annonce que malgré les services limités offerts par l'ambassade du Canada en Haïti, le gouvernement du Canada a évacué plus de 4 600 citoyens et résidents permanents canadiens, tout en assurant que tous les demandeurs satisfaisaient aux exigences en matière d'admissibilité.
Notre centre de traitement à Sydney, en Nouvelle-Écosse, a effectué plus de 928 vérifications pour des personnes qui avaient perdu leurs papiers et a traité de manière accélérée 257 demandes de preuve de citoyenneté pour la période se terminant le 12 mars 2010.
[Traduction]
Monsieur le président, afin de répondre avec souplesse aux besoins urgents d'aide, Citoyenneté et Immigration Canada a dispensé temporairement certaines catégories d'étrangers de l'obligation d'obtenir un visa de résident temporaire pour effectuer un transit au Canada dans leur voyage vers Haïti. Autrement dit, les passagers à bord d'appareils non commerciaux qui voyageaient pour apporter de l'aide aux Haïtiens ou pour les aider à évacuer et qui faisaient escale au Canada n'ont pas eu besoin de visa.
Le ministère a également levé les frais exigés pour les demandes de résidence temporaire présentées par des Haïtiens à Port-au-Prince et pour les prolongations du statut de résident permanent au Canada. Au 10 mars, nous avons traité plus de 1 500 demandes de résidence temporaire en provenance de Port-au-Prince et de Saint-Domingue, dont la majorité ont été présentées par des Haïtiens. De plus, 168 visas de résidents permanents ont été délivrés à des Haïtiens par les autorités à Port-au-Prince et à Saint-Domingue, et encore plus de visas seront délivrés dans les semaines et les mois à venir.
Tous les renvois vers Haïti ont été temporairement suspendus et bien que normalement, le gouvernement du Canada n'expulse pas de personnes vers Haïti, sauf en circonstances exceptionnelles, cette règle s'applique dans tous les cas. Le bureau des visas de Port-au-Prince possède des capacités limitées à offrir ses programmes et ses services d'immigration aux Haïtiens, et ses services demeurent donc concentrés sur les Haïtiens touchés par le séisme.
Afin de faire diminuer la pression sur le bureau de Port-au-Prince, nous avons ouvert une nouveau bureau des visas à Saint-Domingue, pour offrir des services à nos citoyens et à tous les autres qui ont été admis légalement en République dominicaine, y compris les Haïtiens. À l'exception des résidents de Haïti et de la République dominicaine, tous les autres ressortissants de pays habituellement couverts par le bureau de Port-au-Prince doivent maintenant présenter leur demande au bureau de Port of Spain, à Trinidad. Nous avons également mis en place le bureau de traitement des demandes de Haïti ici à Ottawa, afin de soutenir les activités en cours de la mission de Port-au-Prince. Ce bureau a été désigné pour traiter tous les cas des personnes à l'étranger qui affirment répondre aux conditions des mesures d'immigration spéciales.
En réponse à la quantité immense de demandes de renseignements concernant les mesures d'immigration spéciales, CIC a prolongé les heures de son télécentre pendant trois semaines. Et en raison de préoccupations selon lesquelles les membres de la communauté canado-haïtienne étaient trompés par des consultants en immigration rémunérés qui prétendaient pouvoir faire accélérer l'arrivée de leurs proches, CIC a également tenu des séances d'information un peu partout au Canada. Plus de 3 200 personnes ont participé aux séances de Montréal, plus de 800 personnes se sont présentées aux séances en Ontario et une séance a été organisée pour 45 personnes à Vancouver.
[Français]
Étant donné le retour au traitement normal des demandes dans la mesure du possible en Haïti, CIC a levé certaines dispenses de frais qui étaient en place depuis le 16 janvier 2010.
Nous continuerons de dispenser de frais les Haïtiens qui présentent une demande en Haïti, ainsi que les ressortissants haïtiens au Canada qui sont démunis et qui présentent une demande de permis de travail. Tous les autres demandeurs haïtiens, y compris ceux qui se trouvent à l'extérieur d'Haïti et ceux qui se trouvent au Canada mais qui ne sont pas démunis, ne bénéficieront plus des dispenses de frais.
CIC continue de traiter les demandes dans l'ordre dans lequel elles arrivent, toujours dans la mesure du possible en Haïti. Les demandes pour considérations d'ordre humanitaire présentées au Canada avant le 12 janvier reçoivent également un traitement accéléré.
[Traduction]
Notre priorité demeure fixée sur les membres de la famille immédiate, tel qu'il est défini dans le Règlement, et les cas urgents et exceptionnels. Les autres membres de la catégorie du regroupement familial constituent une priorité de second ordre, suivis des demandeurs qui répondent aux exigences des mesures spéciales mises en place par le Québec et qui ne sont pas visés par les priorités ci-dessus.
Je vous remercie. Je me ferai un plaisir de répondre aux questions des membres du comité.
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Madame Deschênes, vous savez que j'ai énormément de respect pour le ministère. J'y ai passé les meilleures années de ma vie, notamment comme ministre. J'ai énormément de respect pour vous.
Cependant, quand je constate que seulement 168 visas permanents ont été délivrés et quand on se donne des objectifs quant au nombre de vérifications à Sydney, je trouve que d'affirmer qu'on a une unité spéciale seulement parce qu'on met le mot « Haïti » sur une enveloppe pour s'assurer qu'on règle les dossiers...
On a une crise intérieure présentement, au sein la communauté haïtienne, et je me demande comment il se fait que les chiffres soient si bas. Je comprends pour ce qui est de vos 1 500 visas temporaires et tout cela, mais il me semble que le ministre aurait pu, par son autorité, vous demander non seulement d'accélérer, mais d'avoir un genre de procédure qui aurait permis l'émission beaucoup plus rapide de visas; ou bien de s'assurer — comme vous l'avez fait pour quelque 300 cas — de pouvoir faire davantage de inland et leur dire de venir chez nous — parce qu'on sait que, de toutes façons, ils viennent chez nous —, afin qu'on puisse régler la situation.
Pensez-vous qu'on aurait pu faire autrement? À moins que — et je connais un peu la réponse — vous ne soyez certaine qu'on n'aurait pas pu faire autrement?
Les députés, notamment ceux de la région de Montréal, reçoivent énormément de demandes de la communauté haïtienne.
Aurait-on pu faire autrement?
J'aimerais avoir plus de détails sur la question des priorités et de l'ordonnancement, dont vous avez parlé à la toute fin de votre exposé.
Au Québec, lorsqu'il y a eu des annonces du programme québécois, la ministre avait publiquement confirmé avoir eu l'assurance que les demandes seraient traitées de façon expéditive et prioritaire à Ottawa. Maintenant, par expérience — cela fait déjà plus de deux ans que je suis porte-parole en matière de citoyenneté et immigration —, je sais que c'est un ministère avec beaucoup de priorités. Beaucoup de gens sont traités de façon prioritaire. Le problème est que, au bout du compte, quand tout le monde est prioritaire, personne n'est prioritaire.
Si je relis le texte, je remarque que vous dites que la priorité demeure les membres de la famille immédiate — c'est-à-dire des gens qui ont fait des demandes de réunification familiale dans le cadre du programme fédéral — et les cas urgents exceptionnels. Les autres membres des catégories de regroupement familial constituent une priorité de second ordre — ici, on est déjà descendu dans l'ordre des priorités. Ensuite, c'est suivi des demandeurs qui répondent aux exigences des mesures spéciales mises en place par le gouvernement du Québec. À mon avis, ça commence à être une priorité faible.
Je comprends bien que, jusqu'à maintenant, il n'y a pas encore eu de demandes provenant du gouvernement du Québec, mais lorsque cela sera le cas, cet ordre de priorités sera-t-il changé pour traiter rapidement les demandes des gens qui ont obtenu les certificats de sélection en fonction du programme québécois?
Pouvez-vous nous donner un ordre de grandeur des délais auxquels ces gens devront faire face pour la portion qui relève du gouvernement fédéral, c'est-à-dire la vérification de sécurité et médicale?
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Merci beaucoup. Je ne sais pas si j'utiliserai tout ce temps.
Merci de votre exposé. Ma question concerne un cas assez frappant dont nous venons tout juste d'entendre parler ce matin. Il ne s'agit pas d'un cas d'adoption, mais c'est le cas d'Aline François qui a été reconnue comme réfugiée en août 2009. Elle est ici au Canada avec sa mère et on lui a accordé le statut de réfugié sans doute parce qu'elle était la cible des gangs de rue.
Malheureusement, elle n'a pu amener ses deux enfants, une fille âgée de 13 ans et un garçon âgé de 12 ans. Elle les a laissés chez un ami. Depuis le tremblement de terre, ils n'ont pu aller à l'école. Ils ne peuvent même pas quitter la maison à cause des gangs de rue. En fait, ils vivent sous une tente.
La mère est très perturbée, et s'inquiète évidemment beaucoup du bien-être de ses enfants. Elle tente de les faire venir au Canada. Elle craint que le petit garçon se fasse attaquer, que sa petite-fille soit agressée sexuellement. Donc apparemment, ce matin, les enfants avaient rendez-vous à l'ambassade du Canada. Ils pensaient pouvoir venir rejoindre leur mère au Canada, mais leur demande a été rejetée.
Naturellement, on se demande pourquoi ces enfants sont exclus? Nous laissons entrer au Canada les enfants adoptés. Pourquoi ne laisse-t-on pas entrer les enfants d'une Canadienne d'origine haïtienne? Je sais que vous travaillez avec l'UNICEF, alors y aurait-il moyen de faire intervenir l'UNICEF pour qu'on s'occupe de ces enfants jusqu'à ce qu'ils puissent rejoindre leur mère? Je comprends les problèmes d'infrastructure, mais ce sont des enfants, des mineurs, et nous sommes très inquiets. Leur mère est hors d'elle.
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Bonjour mesdames. Merci d'être ici aujourd'hui pour répondre à nos questions.
D'emblée, je vais débuter par une question que mon collègue, M. St-Cyr, avait commencé à vous poser sur les visas destinés aux visiteurs temporaires. On a longuement parlé cet après-midi de demandes de parrainage et de résidence permanente. En ce qui concerne les visas de demandes temporaires, le ministre a la possibilité d'accorder ce genre de permis temporaires.
Je traite des dossiers d'immigration depuis plus de 15 ans et je me rappelle de la situation lorsque M. Coderre était ministre.
M. Denis Coderre: Cela allait donc bien. C'était tellement une belle période. Elle a travaillé avec moi, d'ailleurs.
Mme Ève-Mary Thaï Thi Lac: Il y avait des visas émis où il était écrit implicitement que la personne devait s'engager à ne pas déposer de demande de réfugié ni de demande de résidence permanente. Ce visa était signé de la main du ministre. Vous me dites que le ministre n'a signé aucun visa de ce genre pour des visiteurs temporaires.
Dans le cas énoncé par M. St-Cyr et parmi les nombreux cas où les personnes viennent, mais veulent retourner dans leur pays et n'ont pas de problème à s'engager à le faire, pourquoi le ministre est-il si réticent à donner ce genre de visa qui aiderait grandement les personnes à entrer plus rapidement, d'autant plus qu'elles s'engagent à quitter le pays de façon volontaire?
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Actuellement, l'un de nos plus gros problèmes est... Pendant les deux premières semaines, par exemple, nous n'avions pas accès à nos dossiers; nos dossiers étaient situés à un endroit où nous n'avions pas accès. Nos bureaux se situent maintenant dans l'ancienne réception de la mission. D'autres bureaux sont situés dans l'ancien garage.
Tous les quartiers résidentiels où vivent nos agents ont été plus ou moins gravement touchés. Certains logements sont en meilleur état que d'autres, mais notre personnel partage ces logements parce qu'il n'y en a pas assez pour tout le monde. Le ministère des Affaires étrangères se prépare à nous envoyer 50 conteneurs qui feront office de logements temporaires. Certains de nos employés embauchés sur place ont perdu leur maison, aussi, 13 d'entre eux vivent sous des tentes fournies par le gouvernement canadien. Tout ceci pose problème.
Il y a également beaucoup de monde qui essaie d'entrer dans les missions, aussi, le contrôle des foules à l'extérieur est très difficile. Il est également difficile de savoir qui entre et qui sort. Et bien entendu, nos agents et le personnel local sont eux-mêmes traumatisés et doivent composer avec leur propre situation, c'est pourquoi nous avons dépêché du personnel temporaire pour leur venir en aide.
Du point de vue traitement, il y a également l'aspect des dossiers d'antécédents criminels qui ne sont pas accessibles. Nous avons dû mettre en place un mécanisme spécial pour nous assurer de respecter nos obligations en matière de sécurité publique, sans pour autant empêcher tout le monde d'aller au Canada. Ces processus nous permettent de faire notre travail.
Souvenez-vous que par le passé, 40 p. 100 des demandes étaient refusées, parce qu'il y avait des gens qui alléguaient qu'un enfant était le leur alors que ce n'était pas vrai. Donc, il faut faire preuve de souplesse, sans oublier que notre travail est difficile dans le meilleur des cas.
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Avec plaisir. Au début nous n'avions que des installations de base pour nos services médicaux. Nous avons donc laissé des gens se rendre au Canada, mais nous leur avons donné toute une liste de consignes, y compris à certains enfants, et nous leur avons demander de passer un examen médical le plus tôt possible. Nous voulions nous assurer ainsi que s'il y avait un problème de santé publique nous serions au courant le plus rapidement possible.
Certains des enfants qui ont été évacués dans le cadre de l'Opération Cigogne avaient des petits problèmes médicaux et ils étaient accompagnés à bord de l'avion par des médecins du MDN, les compagnies aériennes avaient également des médecins, et le CHEO était disponible immédiatement à Ottawa pour donner un coup de pouce. Puis, s'ils étaient transférés vers une autre province, nous collaborions avec le gouvernement provincial pour s'assurer qu'on s'occuperait de leurs besoins médicaux.
Nos médecins désignés, ceux qui s'occupent des examens médicaux avant l'immigration, sont maintenant installés et sont prêts à travailler. Nous avons l'intention de faire appel à leurs services pour procéder aux examens médicaux, en partie en raison de problèmes comme la tuberculose en Haïti, pour s'assurer que nous avons tout au moins fait les examens de sorte que s'il y a un problème de santé nous aurons des services de soutien au Canada.
Il s'agit là des principales activités auxquelles nous participons actuellement.
De plus, parce qu'il sera plus difficile d'obtenir des documents en raison de la destruction et de la situation, nous serons peut-être appelés à procéder à un plus grand nombre de tests d'empreintes génétiques pour pouvoir établir des liens de parenté.
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Monsieur le président, je dois signaler que nombre de mes collègues du parti ministériel ont dit qu'ils étaient très heureux de l'intervention du gouvernement en Haïti. J'aimerais signaler aux fins du procès-verbal que dans l'heure suivant le tremblement de terre j'ai parlé personnellement avec des représentants du Cabinet du premier ministre et avec le ministre des Affaires étrangères et nous avons accordé au gouvernement notre pleine collaboration. Ce n'est donc pas une question de partisanerie. C'est une question qui touchait tous, et tout le monde a contribué à ce succès. Je voulais simplement le signaler.
[Français]
Je pense que vous avez bien fait de parler de l'adoption, mais je dois vous avouer, madame Deschênes, qu'il ne me semble plus y avoir ce sentiment d'urgence concernant le règlement des dossiers. On a octroyé 168 visas permanents. En ce qui a trait à la façon dont les autres dossiers vont être réglés, vous avez parlé plus tôt de level exercise.
Pour ma part, je sens clairement qu'il y a présentement une crise interne dans ce pays. En effet, énormément de gens ne peuvent pas se permettre d'attendre. D'ici le mois d'avril, 60 p. 100 du million de gens déplacés n'auront même pas un toit sur la tête. Or la saison des pluies arrive. Il y a là une réalité humanitaire. Vous le savez pour avoir entendu les témoignages de notre personnel qui est sur place.
Vous parlez d'essayer ceci ou cela. Je pense que l'heure n'est pas aux expériences. Je sens qu'il y a un peu de relâchement et qu'on devrait investir un peu plus d'efforts s'il manque de personnel là-bas. On a débloqué un budget supplémentaire de 4,8 millions de dollars dans la foulée du séisme à Haïti. L'ACDI en a payé une partie. La Défense nationale a aussi fourni une contribution. Je pense que le rôle de Citoyenneté et Immigration Canada est de voir à ce que la réunification des familles se fasse.
Un autre point est extrêmement inquiétant, à mon avis. Le gouvernement canadien a laissé le gouvernement du Québec se sortir du bourbier parce qu'il ne voulait pas s'impliquer dans la réunification des familles. Je ne vous poserai pas de question politique, mais ce qui m'inquiète présentement, c'est le fait qu'il va y avoir deux mesures. Pour les personnes demeurant à Ottawa, il va y avoir une façon de faire, et il va y en avoir une autre pour les personnes habitant à Gatineau. C'est selon l'entente entre le Québec et le Canada. La ministre Yolande James a dit ce qu'elle allait faire. Or vous avez déjà 250 dossiers à régler.
Comment peut-on s'assurer de ne pas dire à une communauté tricotée très serré, qui a le français en partage et qui ne voit de frontières ni entre les provinces ni entre les pays, parce qu'on est si proche, qu'il va falloir encore quatre ans pour régler ses dossiers. Il y a une enveloppe sur laquelle est écrit « Haïti », mais comment peut-t-on régler plus rapidement les dossiers? Je sens qu'on va avoir énormément de difficulté.
Mon ami Karygiannis va poser une question par la suite.
Je pense qu'en ce qui concerne l'expression « accélération du traitement », elle s'appliquerait à Haïti, à l'Irak, à la Chine, au Myanmar, au Pakistan et à l'Inde. Cela remonte à 10 ou 15 ans. La seule chose de nouveau maintenant, c'est le traitement à Ottawa.
Toutefois, ce dont je fais allusion, c'est qu'au fil des ans, quel que soit le gouvernement au pouvoir, nous n'avons pas appris de nos erreurs, ou nous n'avons pas compris que nous devons disposer d'un mécanisme en cas de catastrophe majeure pour être capable d'y faire face. Encore une fois, il est évident que nous n'avions aucun mécanisme en place pour nous permettre de réagir à une catastrophe d'une telle ampleur.
Par le passé, de plus petites catastrophes se sont produites et nous avons réagi d'une certaine façon. Mais le fait que nous n'avons pas été à même de réagir à une catastrophe de cette ampleur prouve que nous n'étions pas préparés et que nous devons retourner à la table à dessin. Nous devons nous assurer, si ce genre d'événement se reproduit, d'être en mesure de retirer nos bureaucrates qui sont ébranlés et de les remplacer. Nous devons pouvoir établir des bureaux extérieurs, même si ce ne sont que des tentes. La façon dont nous avons réagi est une tragédie, et nous n'avions que 160 personnes là-bas. C'est une tragédie parce que nos avions atterrissaient et revenaient vides.
Pour établir des liens avec quelqu'un... vous pouvez avoir des trousses d'ADN, des tests d'ADN qui peuvent être effectués au Canada ou là-bas, dans des hôpitaux mobiles, et faire venir ces gens ici et les écarter du danger.
C'est une tragédie parce qu'on n'enlève pas cet enjeu politique du ministre pour le donner au ministère. Il faut laisser le ministère aller de l'avant et passer à l'action. Je me demande pourquoi ça ne s'est pas produit. Pourquoi n'y a-t-il pas de mécanisme en place qui puisse être utilisé en cas de catastrophe de ce genre, que ce soit au profit des citoyens canadiens ou des gens que nous parrainons? Pourquoi n'avons-nous pas retiré cet enjeu du ministre et pourquoi le ministère ne dispose-t-il pas de plan pour...
Une voix: J'invoque le Règlement.
Une voix: J'invoque aussi le Règlement.