:
Merci beaucoup, monsieur le président.
[Français]
Tout d'abord, j'aimerais souhaiter la bienvenue à mon collègue M. Denis Coderre, et à Mme DeBellefeuille.
M. Coderre et moi nous connaissons depuis longtemps. Il est un débutant en ce qui a trait au monde de l'immigration, mais je pense quand même qu'il va pouvoir apporter beaucoup.
J'aimerais également souligner la présence de mon sous-ministre,
[Traduction]
Neil Yeates; de Mark Watters, administrateur principal des finances; de Claudette Deschênes, sous-ministre adjointe des opérations; et de Dawn Edlund, sous-ministre adjointe associé.
Monsieur le président, chers collègues, j'ai le plaisir de déposer devant le comité le Budget principal des dépenses de notre ministère pour l'exercice 2010-2011, ainsi que le Budget supplémentaire des dépenses (C) pour l'exercice 2009-2010.
Le Budget principal total des dépenses pour 2010-2011 est de 1 532 millions de dollars, soit une augmentation de 174,2 millions de dollars par rapport à l'année financière précédente. Ce changement est principalement attribuable à l'approbation de l'augmentation du financement pour financer les services d'établissements dans tous le Canada, y compris le Québec — ce qui représente près de 96 millions de dollars — et mettre en place un visa de résident temporaire pour le Mexique — 48,4 millions de dollars. Je tiens à préciser que les revenus que nous tirons des droits de visa sont évidemment versés au Trésor. Nous modernisons également le système d'immigration et gérons l'arriéré grâce à 21,9 millions de dollars. En outre, nous reflétons le transfert du portefeuille du multiculturalisme de Patrimoine canadien à CIC.
En ce qui concerne le Budget supplémentaire des dépenses (C), les éléments les plus importants portent sur nos initiatives visant à répondre au séisme en Haïti — ce qui représente 4,8 millions de dollars —, dont je parlerai davantage dans un instant, ainsi qu'à réaffecter les ressources afin de répondre aux contraintes additionnelles sur le Programme fédéral de santé intérimaire, lesquelles sont en partie attribuables à la couverture supplémentaire offerte aux ressortissants haïtiens au Canada. Nous transférons également des fonds au MAECI pour les coûts communs liés à la rénovation de notre mission à Tunis, et transférons aussi des fonds au ministère de la Justice afin de réduire les problèmes liés à l'enveloppe budgétaire allouée à l'Aide juridique à l'intention des immigrants et réfugiés.
Je serai heureux de répondre à vos questions concernant ces mesures de financement et d'autres, monsieur le président.
En aidant les immigrants à trouver un emploi satisfaisant et à réussir leur intégration à la société canadienne, nous sommes déterminés à nous servir de l'immigration pour renforcer l'économie et forger l'avenir du Canada. Cet avenir dépend également d'un bon système d'octroi de l'asile aux réfugiés. Comme nombre d'entre vous le savent, le Canada est un chef de file dans le défi international que constitue l'aide aux réfugiés. Depuis 1947, plus d'un million de personnes se sont vues accorder la protection du Canada, qui accueille en fait annuellement 10 p. 100 des réfugiés réétablis dans le monde. Nous avons ouvert nos portes à plus de 33 000 personnes venues chercher l'asile au Canada en 2009, après avoir enregistré une augmentation de 60 p. 100 entre 2006 et 2008. En fait, on prévoyait un accroissement considérable de leur nombre en 2009, projection qui ne s'est pas concrétisée uniquement en raison de la décision difficile, mais nécessaire d'imposer des visas de résidents temporaires au Mexique et à la République Tchèque.
Bien qu'elle ait réglé plus de 26 000 demandes d'asile l'année dernière, la Commission de l'Immigration et du statut de réfugié — la CISR — a encore un arriéré d'environ 60 000 demandes. Toutefois, la bonne nouvelle, c'est qu'on commence à l'absorber légèrement.
J'aimerais féliciter la CISR, puisqu'avant même d'avoir tous ses membres, elle est arrivée à dépasser sa cible prévue de 25 000 dossiers clos par année.
[Français]
Nous nous sommes attaqués à l'arriéré croissant de notre système d'octroi de l'asile en procédant à des nominations à la CISR. J'ai personnellement procédé à 61 nominations et 28 reconductions de nomination, de sorte que l'effectif de la Section de la protection de la commission est presque complet. Le taux est de 96 p. 100, et il va augmenter bientôt.
Malgré tout, le nombre de demandes d'asile présentées chaque année au Canada dépasse notre capacité de traitement. Il faut maintenant environ 18 mois pour que les demandeurs d'asile obtiennent une décision à l'égard de leur demande et des années pour les demandeurs déboutés qui utilisent les multiples voies de sursis et d'appels qui s'offrent à eux.
C'est inacceptable. Les personnes qui ont besoin de protection ne devraient pas avoir à attendre plus d'un an pour que leur demande soit traitée.
[Traduction]
De plus, nous ne pouvons pas continuer à permettre l'existence de ce que j'appelle un système d'immigration à deux niveaux: un pour les immigrants authentiques qui attendent patiemment leur tour, souvent pendant des années, pour venir au Canada, et un autre pour les personnes qui utilisent le système d'octroi de l'asile, comme une voie détournée pour venir au Canada.
Le fait que de nombreux demandeurs d'asile n'ont pas besoin de la protection du Canada est illustré par le fait que 58 p. 100 des demandes d'asile traitées par la CISR sont finalement rejetées. Un nombre plus important fait l'objet d'un désistement ou d'un retrait de la part des demandeurs. Pour un pays en particulier, la Hongrie, 100 p. 100 des demandes ont été retirées, abandonnées ou rejetées l'an dernier, et des 2 500 demandes, seules trois ont été approuvées au bout du compte par la CISR.
Il existe des organisations qui vendent des conseils sur la façon d'utiliser le système d'octroi de l'asile au Canada comme une façon facile d'entrer au pays et d'y rester pendant des années. J'en ai récemment vu une qui offrait des services pour aider les gens à venir ici à titre de touristes afin de présenter une demande d'asile. Cette organisation offrait de bâtir une justification pour une telle demande.
Nous devons procéder à une réforme équilibrée et équitable de notre système d'octroi de l'asile.
[Français]
Pour y parvenir, nous cherchons des moyens d'améliorer le système, de permettre une prise de décisions plus rapide et de procéder à des renvois plus rapides des demandeurs déboutés ainsi que des moyens d'accroître le soutien que nous offrons aux réfugiés pour commencer une nouvelle vie au Canada. Cela permettrait autant d'aider les personnes qui ont véritablement besoin de notre protection que de dissuader les demandeurs qui tentent d'utiliser abusivement notre système d'octroi de l'asile. L'objectif serait de le faire à moindre coût pour les contribuables.
[Traduction]
Monsieur le président, passons à un autre sujet; le gouvernement est résolu à combattre la fraude en matière d'immigration.
Nous nous attacherons à assurer la justice et l'intégrité de nos processus pour attribuer la résidence permanente et temporaire au Canada, de même que la citoyenneté. Comme on l'a lu dans le discours du Trône, nous nous efforcerons de mieux protéger les immigrants éventuels en prenant des mesures pour mettre fin aux activités des consultants en immigration sans scrupule et sans permis. Nous prévoyons présenter un projet de loi au printemps afin d'imposer des peines plus lourdes aux personnes qui violent nos lois ou fournissent des conseils frauduleux aux candidats à l'immigration au Canada. En réglementant les activités des consultants au Canada, nous viserons la prise de mesures sévères à l'égard des « consultants fantômes » ainsi que de toutes les autres personnes qui conseillent aux immigrants de faire de fausses déclarations.
[Français]
Je crois que nous devons également prendre des mesures contre la fraude à laquelle se livrent ceux qui cherchent à violer notre très généreuse Loi sur la citoyenneté.
[Traduction]
Je ne peux pas discuter de cas particuliers, mais je pense que les membres du comité ont connaissance des rapports des médias sur les cas suspectés de fraude. Par exemple, Radio-Canada a présenté un reportage sur un réseau frauduleux à Montréal; plus de 1 400 personnes semblent avoir utilisé un consultant en immigration pour monter de toute pièce des vies fictives au Canada à titre de résidents permanents tout en vivant en réalité à l'étranger. Un autre cas fait l'objet d'une enquête à Mississauga. Nous examinons les cas de près de 300 de ces personnes qui prétendent vivre à la même adresse, si vous pouvez le croire. Elles affirment être des résidents permanents légitimes au Canada.
[Français]
Il faut reconnaître que le problème existe et qu'il est connu. La loi est claire: la citoyenneté peut être révoquée si une personne commet une faute ou dissimule des faits essentiels lorsqu'elle demande la citoyenneté ou la résidence permanente.
Je dois dire quelques mots relatifs à la réponse remarquable de notre ministère en ce qui concerne le tremblement de terre en Haïti survenu dernièrement. Pour répondre au récent séisme en Haïti, le personnel de Citoyenneté et Immigration Canada s'est efforcé d'accorder la priorité aux demandes de parrainage existantes et nouvelles émanant de citoyens et de résidents permanents ayant de proches parents en Haïti. Comme l'ambassade du Canada avait subi des dommages importants et que le service de CIC était touché, un bureau a été établi à Saint-Domingue, et on lui a assigné les cas normalement traités à Port-au-Prince, particulièrement pour les demandes de visas temporaires.
De plus, CIC a établi une unité au Canada afin de fournir un soutien au bureau des visas à Port-au-Prince. Plus de 1 500 visas de résidents temporaires ont été délivrés, la majorité à des personnes accompagnant des citoyens Canadiens évacués d'Haïti.
[Traduction]
Je vais bientôt manquer de temps, monsieur le président. J'aimerais seulement souligner brièvement que nous avons récemment annoncé des investissements supplémentaires afin d'accélérer l'intégration des nouveaux arrivants grâce au bureau d'orientation relatif aux titres de compétences étrangers; nous avons, entre autres, élargi et augmenté la taille de notre projet d'intégration à l'immigration à l'étranger. Nous l'avons élargie à de nombreux autres pays en ouvrant un bureau et en offrant des ateliers gratuits à certains résidents permanents à Londres, en Angleterre, afin de desservir les États du golfe Persique et la Scandinavie. Nous offrons maintenant à près des deux tiers de nos résidents permanents un accès gratuit à ces ateliers.
Bien entendu, en novembre dernier, la et moi avons lancé le cadre pancanadien d'évaluation et de reconnaissance des qualifications professionnelles acquises à l'étranger avec nos collègues provinciaux. Le cadre a été financé au moyen d'un investissement de 50 millions de dollars dans le cadre du Plan d'action économique du Canada.
Je suis impatient de répondre aux questions à ce sujet et sur les autres domaines qui intéressent les membres du comité.
[Français]
J'aimerais vous remercier de votre temps, monsieur le président.
:
Merci beaucoup, monsieur le président.
Je vous remercie de votre exposé, monsieur le ministre. J'aimerais d'abord dire que, bien qu'il soit très important d'examiner le Budget principal des dépenses, ma principale préoccupation à titre de porte-parole du Parti libéral est, en fait, que les nouveaux Canadiens perdent du terrain. Ils sont surreprésentés en matière de taux de pauvreté, de taux de chômage et de taux d'emploi selon les sexes au pays, et je remets en question la réaction du gouvernement à cette réalité.
J'aimerais citer un éditorial publié récemment:
La prospérité du Canada à l'avenir est liée au succès économique de ses immigrants. Les écarts de salaire continus indiquent qu'il n'est pas facile pour les immigrants de réussir. Il est regrettable de voir que, dans le cadre des dépenses de relance en cours, aucun investissement n'est fait pour veiller à ce que les immigrants s'intègrent rapidement et de façon réussie à l'économie canadienne.
J'ai tendance à être du même avis. Il s'agit de la principale question en matière d'immigration au Canada. Nous accueillons des gens, mais on ne répond pas à leurs attentes, non pas parce qu'ils ne sont pas prêts à faire leur part, mais plutôt parce que le système ne leur donne pas la chance qu'ils méritent. Voilà le macro-portrait, monsieur le ministre, que je voulais vous brosser.
Deuxièmement, j'ai quelques questions très précises relativement au Budget principal des dépenses. Celui-ci indique que Citoyenneté et Immigration connaîtra une augmentation nette de ses dépenses de 175,2 millions de dollars, et ce, en partie en raison du financement de 80 millions de dollars lié à l'Accord Canada-Ontario sur l'immigration. S'agit-il de 80 millions de dollars d'argent frais qui ne faisait pas partie des 920 millions de dollars prévus sur cinq ans en vertu de l'accord, ou s'agit-il d'argent non dépensé d'années précédentes? Pouvez-vous donner au comité un compte rendu de l'argent qui a été dépensé en vertu de l'Accord Canada-Ontario sur l'immigration au 1er mars 2010; pouvez-vous nous dire combien d'argent a en fait été dépensé à chaque année?
Comme vous le savez, le nouveau guide sur la citoyenneté sera publié cette semaine. De bonnes questions, évidemment, sont posées relativement à ce guide, mais, monsieur le ministre, je veux vous donner l'occasion de répondre à certaines questions assez simples en ce qui concerne le guide. Est-ce que vous ou un employé de votre cabinet a demandé la suppression des références au droit des homosexuels ou au mariage entre conjoints de même sexe des ébauches du guide sur la citoyenneté? À une étape ou l'autre du processus, est-ce que des fonctionnaires ont suggéré que les références au droit des homosexuels ou au mariage entre conjoints de même sexe soient incorporées de nouveau dans la version finale et, le cas échéant, quelle raison votre cabinet a-t-il donnée pour exclure cette information du guide? Comme le guide est actuellement en utilisation, pouvons-nous nous attendre à ce que ces questions soient abordées à nouveau dans le guide, et, le cas échéant, quand?
Je vous remercie.
:
Merci. Vous avez posé beaucoup de questions.
Monsieur Bevilacqua, d'abord, tout comme vous, je suis préoccupé par la détérioration des résultats économiques de nombreux nouveaux arrivants au Canada comparativement à il y a 20 ans, par exemple. Le but d'ensemble de l'approche du gouvernement en matière d'immigration est d'améliorer les résultats économiques des nouveaux arrivants afin que l'immigration fonctionne pour eux et pour le Canada. C'est le principe qui guide tout ce que nous avons fait.
J'ai lu le même éditorial que vous. En fait, je rédige une lettre pour corriger mes amis du Globe and Mail, parce qu'ils n'ont pas saisi que le budget de 2010 poursuit les investissements dans le cadre du Plan d'action économique de 50 millions de dollars de fonds supplémentaires pour la mise en oeuvre de l'entente entre les premiers ministres, et le conclue en janvier 2009, qui vise à accélérer et à simplifier le processus de la reconnaissance des titres de compétence obtenus à l'étranger. Et ces 50 millions de dollars, que nous continuons d'investir, ont mené à des développements très importants en novembre dernier, soit le réseau pancanadien.
Le budget prévoit également la poursuite de notre augmentation considérable du financement d'établissement, monsieur Bevilacqua. En 2005-2006, le ministère a dépensé 188 millions de dollars en financement d'établissement, et cette année, en 2010-2011, ce montant sera de 652 millions de dollars. Le gouvernement a donc triplé ses investissements dans les services d'établissement, y compris les programmes d'enseignement de la langue pour les nouveaux arrivants.
Mais puis-je ajouter, monsieur Bevilacqua, qu'un indice du succès n'est pas simplement les dépenses accrues, mais de meilleurs résultats. J'ai demandé à plusieurs reprises au comité d'examiner la possibilité d'étudier les pratiques exemplaires en matière de programme d'établissement, mais cette suggestion ne semble jamais être retenue. Peut-être parce que cela ne plaît pas aux journalistes, mais je crois que c'est absolument essentiel. Les contribuables dépensent trois à quatre fois plus pour les programmes d'établissement — oui, en Ontario, dans le cadre de l'accord Canada-Ontario sur l'immigration, et partout au pays — que tout gouvernement auparavant. Nous sommes toutefois préoccupés par le fait que nous ne voyons pas une augmentation proportionnelle du taux de participation à ces programmes ou des résultats. J'ai déjà fait allusion au fait que seulement un quart des résidents permanents admissibles s'inscrivent aux cours de langue gratuits que nous offrons maintenant, qui sont beaucoup plus complets qu'auparavant. Nous cherchons de nouvelles façons d'innover, comme le programme pilote de billets, mais j'encouragerais le comité à examiner cette question plus en profondeur.
Alors, je rejette la prémisse voulant que nous n'investissons pas dans les nouveaux arrivants. En fait, l'expansion de 12 millions de dollars pour le bureau d'orientation relatif aux titres de compétence étrangers dans le cadre des programmes pré-intégration est un bon exemple. Nous voulons que les nouveaux arrivants se préparent au marché de l'emploi canadien, qu'ils prennent de l'avance dans le cadre de leur demande de reconnaissance des titres de compétence et fassent des demandes d'emploi avant d'arriver au Canada.
Finalement, je crois que nombre des programmes élargis que nous offrons, comme les programmes des candidats des provinces et la catégorie de l'expérience canadienne, qui commencent à prendre de l'ampleur, mèneront à de meilleurs résultats économiques.
Pour ce qui est de votre question sur l'Accord Canada-Ontario sur l'immigration, je vais transmettre votre question sur les 88 millions de dollars à notre administrateur principal des finances.
:
Merci, monsieur le président.
Monsieur le ministre, je vais vous parler de l'utilisation du français à la Commission de l'immigration et du statut de réfugié du Canada. Je vous en ai parlé plusieurs fois déjà. J'ai posé des questions à ce sujet à la Chambre des communes et dans le cadre de ce comité. Or vous vous êtes toujours réfugié derrière l'indépendance judiciaire de ce tribunal de commissaires pour me dire en fin de compte que vous ne pouviez pas vous en mêler.
Maintenant, le dossier Bolanos, piloté par Me Handfield, est rendu devant la Cour fédérale et c'est vous, par l'entremise de vos avocats, qui contestez directement le droit de cette personne d'avoir accès à des documents constituant la preuve dans la langue qu'il a choisie. C'est clairement vous qui êtes en cause. J'ai ici le mémoire qui a été présenté par le sous-procureur général du Canada, au nom du ministre de la Citoyenneté et de l'Immigration. Au paragraphe III, on dit ceci: « Le véritable débat en l'espèce n'en est pas un lié aux droits linguistiques de M. Bolanos Blanco, mais lié à son droit de bénéficier d'une défense pleine et entière. »
J'ai assisté à Montréal à l'audience portant sur la partie traitant de la langue, et j'ai été surpris de l'énergie déployée par vos avocats pour dire que le tribunal n'avait pas à respecter ses propres règles en matière d'utilisation du français. À cet égard, j'aimerais attirer votre attention sur le Guide des procédures de la Section de l'immigration, qui est rédigé par vos services juridiques. Le point 6.3.3 s'intitule « Conséquences d'un changement de la langue de la procédure sur la présentation de la preuve documentaire ». Je vous fais grâce de toute la lecture, mais je souligne qu'on présente un cas correspondant exactement à celui dont il est question ici. En effet, les preuves ont d'abord été rédigées en anglais, puis une demande a été faite afin que la langue soit changée pour le français. On dit ceci:
Le ministre quant à lui, doit accompagner tout document qu'il présente dans la langue des procédures, selon le paragraphe 25(2) des Règles. En conséquence, le changement de la langue des procédures peut donner lieu à un ajournement de l'audience pour faire traduire les documents présentés par le ministre [...]
Dans cette situation, beaucoup d'énergie et d'efforts sont déployés par le gouvernement. C'est une véritable guérilla juridique visant à faire valoir que la commission n'a pas à respecter ses propres règles, en l'occurrence à exiger que la preuve soit présentée en français.
En revanche, quand je vous pose des questions à la Chambre, vous dites être en faveur de l'utilisation du français et croire que la commission doit respecter cela. Ce que vous dites politiquement et ce qu'expriment vos procureurs en votre nom devant le tribunal constituent un double discours.
J'aimerais avoir une explication sur cet écart et savoir pourquoi il y a un tel acharnement. D'importantes ressources sont investies là-dedans.
Votre gouvernement a même fait une demande d'expulsion relativement à M. Bolanos Blanco, avant même que la Cour fédérale n'ait rendu sa décision, ce qui est plutôt extraordinaire. Heureusement, la Cour fédérale a accordé un sursis.
À quoi est dû cet acharnement? Avez-vous peur que ça crée un précédent favorable à l'égard du français?
J'ai trois questions portant sur trois domaines différents.
Nous savons que les Canadiens qui travaillent dur s'attendent à des services d'immigration rapides, efficaces et équitables. À l'heure actuelle, le système n'est ni équitable, ni rapide, ni efficace. Laissez-moi vous donner un exemple.
Récemment, je regardais la partie de hockey olympique disputée par l'équipe canadienne dans un bar. J'ai rencontré un chirurgien canadien qui travaille à l'hôpital pour enfants malades, un merveilleux jeune homme. Il me dit qu'il a parrainé son épouse et que sa demande remonte au 15 novembre 2007. Son épouse détient une maîtrise en administration des affaires ainsi qu'une maîtrise de l'Université Georgetown, et elle est totalement qualifiée pour travailler. Vingt-sept mois se sont écoulés. Anu, son épouse, attend toujours d'obtenir son statut d'immigrant admis. Par conséquent, elle ne peut pas travailler, elle ne peut pas obtenir de carte de l'OHIP, elle est coincée. Le médecin canadien me disait, « J'en ai tellement marre de l'attente. Pourquoi est-ce que ça prend autant de temps avant que ma femme obtienne le statut d'immigrant admis? »
J'ai examiné les temps d'attente du bureau des visas à Buffalo. Le temps normal devrait être de 1,2 année, une année en général, mais pour ce bureau, le temps d'attente est de plus de 2,5 ans, presque 3 ans. J'ai ensuite regardé les données pour un groupe de mes électeurs du Sud de la Chine, qui ont présenté une demande par le biais de Hong Kong. Le temps d'attente moyen est de 4 ans et demi. J'ai regardé les temps d'attente pour New Delhi. Le temps d'attente moyen est de 6,74 années. C'est près de 7 ans. Nairobi, 4 ans; Islamabad, en général, c'est 11 ans. Misère, c'est... De façon générale, voilà quels sont les temps d'attente.
Pour ce cas particulier, il s'agit d'une demande faite dans le cadre de la catégorie « regroupement familial ». Si vous essayez de parrainer votre père ou votre mère, cela prend beaucoup de temps. Je mets vraiment l'accent sur les temps d'attente pour les demandes dans le cadre du regroupement familial, non pas pour les travailleurs qualifiés, parce que je connais les modalités du projet de loi C-50 et on n'a pas besoin de ramener cela sur le tapis. C'est vraiment ceux qui font une demande dans le cadre du regroupement familial — c'est-à-dire les conjoints, les parents et les enfants — qui finissent par attendre pendant des années. J'ai examiné le Budget supplémentaire des dépenses (C) ainsi que le Budget principal des dépenses. Ils ne contiennent, en fait, aucune initiative ni aucun programme pour réduire les temps d'attente.
Vous vous souviendrez peut-être que l'an dernier, je vous avais posé une question sur le programme des ordinateurs. Oui, vous avez installé un programme informatique de 31 millions de dollars qui devrait être en état de fonctionnement cette année.
Que faisons-nous? Que fait votre ministère pour réduire les temps d'attente pour les demandes liées au regroupement familial afin que ces personnes n'aient pas à attendre aussi longtemps pour être avec les membres de leur famille?
:
Merci. Je reconnais qu'il s'agit d'une des principales préoccupations des nouveaux arrivés. Les gens m'en parlent tout le temps et je suis certain qu'ils en ont parlé avec tous mes prédécesseurs.
Comme vous le savez, madame Chow, au cours des 10 ou 15 dernières années, nous avons vu une énorme augmentation des dossiers globaux ayant trait aux demandes liées au regroupement familial. Le ministère cherche constamment à trouver des moyens de gérer ces programmes plus efficacement et à accélérer le processus de traitement. Par exemple, 80 p. 100 des demandes de parrainage provenant de conjoints sont traitées en moins d'un an. Alors, si cette personne attend depuis deux ans et demi, veuillez m'envoyer un avis à cet égard, et je vais étudier ce dossier en particulier.
Je peux vous dire que nous avons fait des progrès pour ce qui est des parents et des grands-parents. En 2006, le traitement nécessitait de 60 à 80 mois. En 2009, il requiert 56 mois. Je sais que pour bien des familles, c'est encore trop long, mais nous allons dans la bonne direction.
Je sais que nous avons, par exemple, fait des progrès à Nairobi pour ce qui est des demandes liées au regroupement familial. Nous avons réduit les temps d'attente ainsi que les dossiers en suspens pour ce bureau.
Par contre, je dirais qu'en général le défi auquel nous devons faire face, c'est qu'il y a plus de personnes qui veulent venir au Canada, et ce, de quelques ordres de grandeur, que nous pouvons traiter de demandes en une certaine période de temps. Nous avons le niveau d'immigration relatif le plus élevé des pays développés. Ce niveau se situe à 0,8 p. 100 de notre population — soit jusqu'à 265 000 dans notre champ de planification. En dépit de cela, selon un sondage international sur l'immigration réalisé par l'entreprise Gallup l'an dernier, il y a plus de 40 millions de personnes qui aimeraient immigrer au Canada. Par conséquent, nous recevons un plus grand nombre de demandes liées au regroupement familial que nous pouvons recevoir de personnes au Canada chaque année, étant donné les limites pratiques concernant le traitement des demandes et l'intégration des personnes au Canada.
Essentiellement, il y a de plus en plus de personnes qui font des demandes pour le nombre de places qui sont disponibles. C'est pourquoi, au fil du temps, des retards se sont accumulés.
Comme vous le savez, il y a également des problèmes ou des défis régionaux. Par exemple, vous avez soulevé le problème du bureau de Hong Kong dans le Sud de la Chine. Comme je vous l'ai mentionné lors de ma dernière comparution, nous avons fait face à une vague...
:
Permettez-moi de dire que dans
Regard sur le Canada, l'ancien guide qui est graduellement retiré, on ne faisait nullement allusion aux gais et lesbiennes du Canada. Si vous ne vous fiez qu'au guide
Regard sur le Canada, vous ne seriez pas au courant qu'il y a des gais et des lesbiennes canadiens.
Nous avons corrigé cette omission dans Découvrir le Canada. Nous avons souligné la contribution de Mark Tewkesbury, une source d'inspiration pour la communauté gaie, car il a été une figure de proue dans la lutte pour la défense des droits des homosexuels canadiens.
Dans l'ancien document, il n'y avait aucun passage faisant allusion d'une façon ou d'une autre à la notion de mariage.
Ceci étant dit, après la publication du guide, nous avons reçu des propositions constructives provenant d'un certain nombre d'organisations, vous avez mentionné l'une d'elles, et nous étudierons ces propositions très attentivement. Pour l'instant, je ne peux pas spéculer sur l'issue de ces réflexions.
Si vous avez des propositions à faire, madame Chow, vous pouvez vous aussi nous les transmettre. Je me dois cependant d'avertir tout le monde que nous ne pourrons pas en arriver à un document de 1 000 pages. Nous ne pouvons traiter de tous les sujets, mais s'il y a des façons raisonnables d'intégrer différentes questions qui, d'après les Canadiens, devraient être comprises dans le document pour brosser un tableau complet du Canada, alors, je suis tout ouïe.
Mme Olivia Chow: Mais ce que je...
:
Nous en avons parlé en répondant à M. Coderre, mais je peux vous assurer que notre ministère a fait un travail remarquable dans l'accélération du traitement des demandes d'adoption présentées par des parents canadiens. À la suite du séisme, un certain nombre de députés de toutes allégeances politiques nous ont fait part de préoccupations au sujet d'enfants qui étaient abandonnés dans des orphelinats et qui attendaient une approbation finale pour pouvoir entrer au Canada.
En établissant nos priorités d'interventions en matière d'immigration relativement à Haïti, nous avons estimé qu'il fallait mettre l'accent sur les enfants, car ils sont probablement plus susceptibles de souffrir du chaos, de l'absence d'eau potable et d'abris, en fait, de la crise en général. Voilà pourquoi nous avons communiqué de façon proactive avec les parents qui avaient présenté des demandes d'adoption d'enfants haïtiens. Nous avons collaboré avec les organismes de protection de l'enfance provinciaux responsables du parrainage par adoption et nous avons travaillé directement avec les orphelinats à Haïti et dans nos missions à Port-au-Prince.
Je peux affirmer que grâce à ces mesures, durant les deux premières semaines, nous avons réussi à contribuer à l'arrivée d'environ 150 enfants haïtiens qui ont enfin joint leurs familles canadiennes. Je tiens à souligner que bon nombre de ces familles étaient d'origine haïtienne et tentaient d'aider de jeunes Haïtiens en leur offrant un nouveau départ au Canada. Par la suite, je crois que nous avons permis la venue d'environ 50 enfants de plus. L'adoption de 203 enfants haïtiens a donc été accélérée grâce à nos mesures.
Pour ce qui est des autres cas, comme Mme Deschênes l'a dit, nous avons accru nos ressources à Saint-Domingue. Compte tenu des dommages subis par notre mission à Port-au-Prince, nous avons réaffecté nos ressources humaines au bureau de Montréal, de sorte que cette unité s'occupe précisément des requêtes. Nous avons lancé un service téléphonique gratuit pour que les gens essaient d'obtenir des nouvelles des membres de leurs familles en Haïti. Nous avons appliqué des mesures extraordinaires, y compris le traitement accéléré des Haïtiens admissibles au parrainage au titre du regroupement familial.
Dans un certain nombre de cas, nous avons fait preuve d'une souplesse extraordinaire en accordant le visa de résident temporaire au motif de circonstances humanitaires extraordinaires.
Dans l'ensemble, je crois que notre intervention a été assez remarquable. J'aimerais féliciter nos fonctionnaires, en particulier ceux qui travaillent sur le terrain à Port-au-Prince et à Saint-Domingue. Comme M. Coderre l'a dit, dès que nous commencerons à recevoir des cas référés par le Québec, nous aurons plusieurs milliers de cas à traiter: les cas présentés avant le séisme, les quelque 2 000 cas découlant du séisme en plus des dossiers additionnels provenant du Québec. Ce sera tout un défi.
Les activités reprennent sur le plan des vérifications médicales, mais la capacité limitée nous a amenés à conclure un nouvel arrangement. Les médecins à Haïti qui sont autorisés à effectuer les examens médicaux aux fins d'immigration reprennent du service. Bien sûr, nous faisons face à des défis sur le plan logistique concernant les vérifications de sécurité en raison des dossiers qui ont été détruits à Haïti et de la quasi inexistence des services de police et du système de justice. Nos agents feront néanmoins preuve de bon sens et de diligence raisonnable en appliquant la Loi sur l'immigration et la protection des réfugiés en traitant les demandes d'admission au Canada, en s'assurant que les demandeurs sont réellement apparentés aux parrains canadiens, qu'ils répondent aux critères d'admissibilité ainsi qu'aux critères médicaux et de sécurité prévus par la loi.
Comme vous pouvez le constater, nous avons déjà traité certaines de ces demandes et j'espère que ce nombre s'accroîtra de semaine en semaine. Je crois que ce programme spécial prendra de l'élan. Nous avons tiré des leçons des mesures spéciales mises en oeuvre à la suite du séisme au Sichuan, du tsunami dans l'Asie du Sud, etc.
Comme je l'ai dit en répondant à la question de , mon objectif premier et notre principale préoccupation, c'est d'obtenir de meilleurs résultats et une intégration économique plus rapide afin que l'immigration donne de meilleurs résultats pour les nouveaux arrivants et pour le Canada. Voilà pourquoi, après des années de stagnation de l'investissement fédéral dans les services d'établissement, notre gouvernement a plus que triplé l'investissement fédéral dans les services d'établissement, les classes de formation linguistique gratuites et autres programmes du genre.
Madame Grewal, vous êtes de la Colombie-Britannique, et j'ai le plaisir de dire que j'ai rencontré M. Stilwell, mon homologue provincial. Nous travaillons ensemble pour améliorer, par exemple, les services d'établissement dans le cadre de notre entente sur le transfert des responsabilités à la Colombie-Britannique.
En outre, j'estime que les changements que nous avons apportés à la procédure de sélection des immigrants, dans la catégorie des travailleurs qualifiés fédéraux dans les catégories ministérielles et le Plan d'action pour accélérer l'immigration nous aideront à mieux apparier les compétences des nouveaux arrivants et les emplois disponibles au Canada. Je me dois d'ajouter qu'aujourd'hui, nous annonçons des consultations sur les instructions ministérielles afin de nous assurer qu'elles donnent de bons résultats pour les nouveaux arrivants et pour le Canada.
Je tiens à réitérer, comme je le fais chaque fois que je viens ici — que le comité pourrait entreprendre un examen des programmes de financement de l'établissement qui fonctionnent bien ou moins bien et que cela aiderait considérablement les nouveaux arrivants. Comment se fait-il qu'un quart seulement des nouveaux résidents permanents s'inscrivent pour nos cours d'apprentissage linguistique gratuits? Que pourrions-nous améliorer? Nous tentons constamment de faire cette auto-évaluation à l'interne afin de déterminer quels programmes fonctionnent le mieux.
J'aimerais mentionner une autre question au comité. a mentionné à l'ACOI — il s'agit de l'Accord Canada-Ontario sur l'immigration — par lequel nous finançons les services d'établissement en Ontario. Je me dois de dire que nous finançons une part beaucoup plus importante que celle de la province même si l'immigration est un domaine de compétences partagées.
J'aimerais aussi dire, monsieur le président...