:
Merci, monsieur le président. Je suppose qu'elle l'est.
Mon ami, M. Paillé, nous a tous parlé de cette motion. Nous partageons sa préoccupation et je le remercie d'avoir soulevé la question. En fait, j'aimerais proposer trois ajouts à sa motion; j'ai déjà fait part de mes ajouts à M. Paillé. J'estime qu'ils auront pour effet de renforcer sa motion.
Après « dont... secrétaire général de l'OCDE », j'aimerais inclure l'OCDE elle-même. Je peux vous donner le libellé.
De même, après « qui auraient pu être dissimulées dans ces comptes », j'aimerais inclure l'effet que le Programme des divulgations volontaires a eu sur nos efforts dans ce domaine. Je pense que c'est une question que nous devrions examiner. Peut-être a-t-il eu un effet; peut-être que non. Convoquons des témoins pour parler de ce que nous avons fait et pour savoir si cela fonctionne ou non.
Ensuite, après « soupçonnés d'évasion fiscale », j'aimerais proposer que nous ajoutions: « discuter du travail et de la participation du Canada au sein du Forum mondial sur la transparence et l'échange d'information à des fins fiscales », et ensuite, terminer par la dernière phrase.
J'aimerais proposer ces trois ajouts. Je peux vous en remettre une copie, monsieur le président.
:
Monsieur le président, d'après mon expérience, lorsque vous êtes trop précis en ce qui concerne les témoins, sans savoir s'ils sont disponibles ou, en fait, s'il sont appropriés pour le travail à faire... C'est que cette liste devrait vraiment être un peu plus générale et les gens seront convoqués si c'est nécessaire, mais il semblerait que le but de la motion est d'examiner la stratégie du Canada pour lutter contre l'évasion fiscale. Il s'agit d'un examen proactif — par opposition à historique.
Je ne comprends pas pourquoi l'honorable Don Johnston figure sur la liste ici. Je suis certain qu'il y a beaucoup de gens qui dans le passé ont eu certaines choses... Je pense que si le comité acceptait simplement de laisser l'OCDE là... La motion dit: « des témoins dont », sans s'y limiter, et je pense qu'au fur et à mesure que nous en verrons le besoin... Parce que je peux voir que cela pourrait prendre beaucoup de temps si nous nous écartons trop de ce qui, d'après ce que je crois comprendre, est le but de la motion.
Je proposerais de nous limiter simplement à « OCDE » et de laisser tomber « ancien secrétaire général de l'OCDE », qui est très visible parce qu'il est la seule personne nommée expressément ici. Le comité pourrait s'informer de la disponibilité des représentants les plus appropriés de tous ces organismes et ensuite, les convoquer devant le comité.
Je vais suivre les indications du comité. Nous allons commencer par ajouter M. Wilson comme l'a suggéré M. Mulcair. D'accord?
Concernant l'amendement de M. Menzies, ses ajouts, tous ceux qui sont en faveur?
(L'amendement est adopté. [Voir le Procès-verbal])
Le président: C'est unanime.
Et la motion modifiée?
(La motion modifiée est adoptée.)
Le président: C'est unanime. Merci.
Je vais m'en remettre aux membres pour déterminer à quel moment ils veulent faire cela. Comme vous le savez, nous sommes dans les consultations prébudgétaires et cela nous occupe beaucoup, mais de toute évidence, nous devrons ajouter d'autres réunions cet automne pour donner suite à la motion. Merci à tous.
Je veux remercier nos témoins de leur patience cet après-midi. Je leur en suis très reconnaissant. Nous avons une séance de deux heures aujourd'hui et nous voulions avoir cette rencontre avec un certain nombre d'économistes en chef en ce qui concerne nos consultations prébudgétaires.
Nous accueillons donc M. Benjamin Tal, économiste en chef adjoint de Marchés mondiaux CIBC, et M. Glen Hodgson, premier vice-président et économiste en chef du Conference Board of Canada.
[Français]
Du Mouvement des caisses Desjardins, nous avons M. Bernard Brun, directeur, Relations gouvernementales. Nous avons aussi M. François Dupuis, vice-président, Études économiques, et de la Banque Laurentienne du Canada, M. Carlos Leitao, stratégiste en chef et économiste en chef.
[Traduction]
Merci à tous d'être ici aujourd'hui.
Chaque organisme aura jusqu'à 10 minutes pour faire une déclaration liminaire. Ensuite, nous passerons aux questions des membres. Nous allons commencer par M. Tal.
:
Merci beaucoup. Je serai relativement bref.
Je pense qu'une mesure réelle de l'intelligence, c'est ce que vous faites lorsque vous ne savez pas quoi faire. Je pense que Bernanke aux États-Unis et Carney ici au Canada vous diront qu'ils ne savent pas quoi faire, parce que c'est de cette façon dont ils parlent de la situation. Tous les deux nous ont dit que la situation actuelle se décrit comme une « incertitude inhabituelle », ce qui veut dire qu'il y a une marge d'erreur importante, d'un côté comme de l'autre.
Si vous regardez le consensus, le soi-disant consensus, entre les économistes, vous constatez qu'un écart important sépare les optimistes des pessimistes. Même le ministre des Finances a reconnu qu'il y avait un degré important d'incertitude dans l'économie.
La question est la suivante: que faire lorsque vous ne savez pas quoi faire. La réponse est de ne pas réagir excessivement, premièrement, et de ne pas faire d'erreurs. Je pense que ce genre d'environnement nous incite à faire preuve de prudence dans le budget.
Si vous regardez l'économie américaine, vous constatez que le marché de l'habitation éprouve d'énormes difficultés. Si vous regardez le marché immobilier au Canada, vous constatez qu'il y a un ralentissement important. Si vous regardez en Chine, vous constatez qu'il y a ralentissement là aussi.
Il y a tellement de choses qui font défaut en ce moment. L'argent du gouvernement a stimulé artificiellement l'économie au cours de la première moitié de l'année et maintenant, cet argent n'est plus disponible, des deux côtés de la frontière. Cela m'indique que l'économie va ralentir beaucoup plus que ce qu'on prévoyait il y a six mois. Cela signifie que nous allons faire face à une pénurie de revenus au cours des 12 prochains mois, la croissance de l'économie se limitant à seulement 1,9 p. 100 du PIB réel et à peut-être 3,5 p. 100 du PIB nominal, d'où vous tirez les revenus.
Il est clair que nous entrons dans une période économique très, très difficile. Et ce n'est pas uniquement au Canada; c'est la même chose aux États-Unis, en Chine et très certainement en Europe. C'est un ralentissement mondial qui aura des répercussions importantes sur l'économie et sur la situation budgétaire canadiennes. Ajoutez à cela les difficultés provinciales en matière budgétaire et vous voyez pourquoi nous devons être prudents.
Que cela signifie-t-il? Cela signifie, premièrement, que la Banque du Canada devrait faire preuve d'une extrême prudence pour ne pas relever les taux d'intérêt d'une manière trop rapide. Pourquoi? Parce que nos consommateurs sont à la limite de leurs ressources.
La principale raison qui explique pourquoi l'économie canadienne a été plus performante que l'économie américaine, c'est le fait que la politique monétaire du Canada a été extrêmement efficace. La confiance des consommateurs au Canada n'a chuté que de 20 p. 100 par rapport au taux des beaux jours de 2007. Aux États-Unis, elle a chuté de 60 p. 100. Si vous vivez aux États-Unis et que vous n'êtes pas certain d'avoir votre emploi demain, et que je peux vous offrir un taux hypothécaire de 0 p. 100, vous allez le refuser. Au Canada, vous allez sauter sur l'occasion. Voilà pourquoi le Canada a connu une meilleure performance. Lorsque la Banque du Canada réduit les taux d'intérêt, il s'ensuit une stimulation beaucoup plus grande de l'économie. C'est pourquoi nous nous sommes retrouvés dans la situation où non seulement nous avions le meilleur secteur financier en termes de capacité à fournir du crédit, mais également le secteur de la consommation le plus vigoureux en termes de capacité à accepter ce crédit.
Alors, nous tirions dans les deux directions alors qu'aux États-Unis, ils ne tiraient pas du tout. Voilà pourquoi nous avons pu avoir une meilleure performance. La politique monétaire en vigueur au Canada a été extrêmement efficace.
Le problème, c'est qu'au cours de ce processus, nous avons accumulé une dette importante. Le taux d'endettement au Canada est de 146 p. 100. Cela représente un défi important. Cela veut dire qu'en tant que société, nous sommes devenus beaucoup plus sensibles à tout choc économique, y compris les taux d'intérêt plus élevés. J'estime que notre sensibilité à l'égard des taux d'intérêt plus élevés est supérieure de 40 p. 100 à ce qu'elle était il y a 10 ans. C'est pourquoi la Banque du Canada devrait se montrer très prudente.
Merci.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
J'ai pensé faire trois choses aujourd'hui: décrire ce qui, à mes yeux, est le contexte d'une saine politique fiscale et à quoi ressemble un bon cadre fiscal; parler un peu des perspectives économiques qui, comme Benjamin vient tout juste de le dire, sont vraiment remplies d'incertitude; et ensuite, parler de l'orientation future de la politique fiscale.
Très brièvement, qu'est-ce qu'une saine politique fiscale aux yeux du Conference Board of Canada et à mes yeux à titre d'économiste? C'est une politique qui parvient réellement à gérer les équilibres fiscaux au cours du cycle. Au cours des bonnes années, vous adoptez des budgets équilibrés, sinon excédentaires, et vous remboursez la dette. Au cours des années plus difficiles, vous êtes effectivement en mesure d'intervenir grâce à votre position solide et d'appliquer des mesures de stimulation budgétaire.
Je pense que le Canada est véritablement un exemple éclatant de saine politique fiscale au cours, disons, des 10 à 15 dernières années. Le fait que nous ayons remboursé la dette de 1994-1995 jusqu'à 2008 nous a donné une marge de manoeuvre beaucoup plus grande que d'autres pays dans le monde pour relancer l'économie sans imposer un lourd fardeau à nos contribuables pour l'avenir. À bien des égards, en faisant preuve d'ultra-keynésianisme en 2008 et 2009, nous avons fait la bonne chose. Nous avons frappé le bon équilibre entre la politique fiscale et la politique monétaire... Et nous en sommes sortis. Nous constatons une reprise de la croissance au Canada depuis un an maintenant. Nous avons vu l'emploi revenir plus ou moins au même niveau qu'au moment où nous sommes entrés en récession. Ce sont toutes d'excellentes nouvelles.
Pour ce qui est de l'avenir, nous aurons des temps beaucoup plus difficiles à traverser, mais je pense que nous sommes maintenant dans une période où nous devons établir un plan à moyen terme pour le retour à l'équilibre fiscal. J'y reviendrai.
Deuxièmement, en ce qui concerne les perspectives économiques, il s'agit d'une période très agitée. Nous entrons dans une période caractérisée à la fois par un changement structurel à l'échelle mondiale — avec la montée de la Chine, de l'Inde et du Brésil comme nouveaux centres de la croissance mondiale — et tous les défis qui continuent de se manifester en Europe, au Japon et en Amérique du Nord. L'équilibre de la croissance mondiale est vraiment en train de passer des pays industrialisés, où on avait l'habitude de le retrouver, à un monde dans lequel nous allons nous fier beaucoup plus sur les marchés émergents de la Chine, de l'Inde et du Brésil comme sources de croissance.
Il y a encore de l'incertitude dans les marchés financiers, particulièrement en Europe. Le Japon possède le ratio de la dette au PIB le plus élevé dans le monde à l'heure actuelle, soit environ 200 p. 100. L'avenir du Japon m'apparaît plutôt sombre.
Pour ce qui est de l'Amérique du Nord, il est évident que les États-Unis ont traversé une période très difficile. Après une crise financière, il est très difficile de voir un retour à une croissance stable et soutenue dans l'avenir. L'absence de consensus aux États-Unis sur la définition d'un bon cadre de politiques ajoute à l'incertitude.
Alors, l'économie mondiale traverse une période vraiment difficile. Nous sommes une inspiration, je dirais, pour les pays industrialisés. Il est clair que la situation du Canada est bien meilleure que celle de presque n'importe quel autre pays dans le monde. Mais ce ne sera pas facile. En conséquence, nous sommes en train de réviser à la baisse nos prévisions de croissance au Canada pour cette année, l'année prochaine et les années qui suivent. Cela constituera un défi important pour les budgets. Les élus au niveau fédéral, provincial et municipal devront faire face à des défis, parce que la croissance vigoureuse et soutenue qui suit normalement la fin d'une récession ne sera pas au rendez-vous. Une croissance de 3 p. 100 sera considérée comme une bonne année. Il est plus vraisemblable que nous vivrons dans un monde où le taux de croissance sera de 2,25 ou 2,5 p. 100 au cours des 18 prochains mois.
Alors, que dire d'une politique fiscale pour l'avenir? Je crois fermement qu'en fait, la stimulation fiscale a maintenant fait son oeuvre et que nous allons assister à la disparition progressive du programme de relance. Nous constatons un ralentissement de la croissance — il n'est pas très prononcé, mais il est soutenu — dans le secteur privé. Je pense que nous sommes arrivés au point où nous devons éliminer la stimulation fiscale dans notre système et planifier le retour à l'équilibre, disons, sur une période de cinq ans.
Toutefois, je pense également que nous devons incorporer des amortisseurs dans notre plan fiscal. Nous devons utiliser des hypothèses prudentes dans la planification, parce que nous ne verrons pas à l'avenir une croissance des revenus nominaux de l'ordre de 7 ou 8 p. 100.
En ce qui concerne l'établissement du budget lui-même, nous avons eu l'occasion de rencontrer le ministre ce matin. Une des observations que j'ai faites, c'est que nous devrions recommencer à prévoir des amortisseurs directement dans le budget et revenir à une période où nous incorporons des réserves dans le budget, tout simplement parce qu'il y a beaucoup trop d'incertitude sur les marchés et que les choses peuvent changer beaucoup en peu de temps. J'aimerais voir le gouvernement fédéral se doter d'une capacité d'absorption intérieure pour faire face à tout choc futur touchant le système financier, la croissance américaine ou autre chose.
Alors, si je mets tout cela ensemble, cela signifie que nous aurons probablement à nous fier davantage sur la politique monétaire aux États-Unis et ailleurs dans le monde que sur la politique fiscale pour faire face à l'un ou l'autre de ces chocs lorsqu'ils se manifesteront. Je pense à un plan de trois à cinq ans pour revenir à l'équilibre, en se fiant davantage sur la politique monétaire comme moyen de faire face aux chocs touchant la croissance, et pour planifier réellement le retour à l'équilibre budgétaire pour 2015 environ.
Je termine en disant que, cet été, j'ai écrit un article qui semble susciter un peu d'intérêt de la part des médias. Il y était question de la légère avance prise par le gouvernement au niveau de la planification de l'équilibre du budget. Nous le croyons encore. J'ai dit dans les limites d'une année; ce pourrait être un peu plus qu'une année, mais je pense que le gouvernement devrait vraiment rééquilibrer le budget d'ici 2015.
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Merci et bonjour à tous.
Nous avons connu une récession atypique et la reprise est aussi carrément atypique. La crise financière a laissé beaucoup de traces dans beaucoup de pays. Après tous les investissements publics faits dans plusieurs pays industrialisés, on croyait qu'au cours de l'été dernier, il y aurait une étincelle et que le secteur privé prendrait le relais du secteur public. Finalement, on s'est aperçu que ça n'a pas vraiment été le cas. Le taux de croissance économique demeure relativement bas, selon les normes historiques. Je pense que cela est dû au fait qu'on est dans une phase de rééquilibrage.
Le monde économique a connu l'euphorie au cours des 10 dernières années, peut-être même davantage. Beaucoup de pays industrialisés sont en train de rééquilibrer leurs finances publiques. En effet, les gouvernements ont beaucoup dépensé. Nous allons entrer dans une période de rééquilibrage. D'ailleurs, l'apport de gouvernements de plusieurs pays à l'économie va devenir négatif. On voit que les consommateurs, aux États-Unis en particulier, augmentent leur taux d'épargne et essaient de réduire leur taux d'endettement. Sur le plan du taux d'endettement par rapport au revenu personnel disponible, on est passé de 140 p. 100 à 125 p. 100. On constate donc un ajustement.
En ce qui a trait au marché de l'habitation, c'est un peu la même chose, les niveaux sont extrêmement bas. Ce n'est pas demain que le marché de l'habitation aux États-Unis connaîtra une grande activité. Conséquemment, les Américains sont un peu en attente et la demande de crédit est extrêmement faible. Aux États-Unis, les PME créent le plus d'emplois. Or, à l'heure actuelle, il n'y a pas de demande de crédit. Même si les entreprises américaines sont en bonne situation financière, sont très rentables et font beaucoup de profits, elles semblent être en pleine attente, car elles se rendent compte que la demande demeure très faible. C'est donc très inquiétant pour les prochaines années. Ça explique un peu pourquoi le contexte économique sera un peu différent au cours des prochaines années. C'est parce qu'un rééquilibrage majeur est en cours, afin de revenir vers une tendance plus saine à long terme.
Cet environnement est parsemé de risques. En effet, il y a l'endettement public, le marché de l'habitation qui pourrait tomber davantage, la très grande volatilité des devises, etc. On voit donc que les marchés financiers sont présentement très sceptiques face à l'économie mondiale et américaine. Tout cela fait en sorte qu'on est très prudent et qu'on aura des taux de croissance économique plus faibles que d'habitude. Ils seront un peu plus bas que ce que le potentiel de production à long terme des grandes économies permettrait, avec une inflation qui demeurera très faible pendant plusieurs années. De là vient le risque d'avoir un épisode de désinflation trop marquée et même de déflation dans certains cas. Les banques centrales doivent donc demeurer extrêmement prudentes, en commençant par la nôtre. Je pense donc que c'est la fin des hausses de taux d'intérêt au Canada. Prochainement, on aura une période de pause prolongée afin de voir un peu ce qui se passe et comment l'économie canadienne réagira face au ralentissement de l'économie américaine.
Le Canada a une économie beaucoup plus solide, si ce n'est des exportations qui chutent beaucoup. On a vu que notre système financier était beaucoup plus sain, que la richesse des ménages s'était beaucoup moins contractée durant la crise et que les Canadiens étaient un peu moins endettés que les Américains. Bref, on a vu que notre demande intérieure a très bien fait. On a même récupéré tous les emplois perdus durant la récession. Les revenus sont relativement bons. Notre marché du travail fonctionne relativement bien, le marché de l'habitation n'a pas connu de baisse de prix durant la récession. On a même retrouvé certains niveaux de prix observés avant la récession. Il y a donc moins de risques, mais on ne peut pas se voir comme une île isolée. Si le reste du monde ou les États-Unis connaissent des difficultés, on va avoir des problèmes au cours des prochains trimestres. Ce sera tout un défi pour notre économie.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Bonjour à tous. Je vous remercie de m'avoir invité.
Je ne voudrais pas répéter ce que mes collègues ont dit, mais j'aimerais réitérer ce que François vient de dire. Le Canada n'est pas une île. Ce qui se passe à l'étranger a une très grande importance pour le Canada. Cela nous a permis, en 2009 et en 2010, d'avoir tout de même un très bon rendement, meilleur que celui de nos voisins et meilleur que celui de l'Europe.
Nous avons eu une politique monétaire très efficace et un bon appui fiscal. On a donc vraiment poussé la consommation au maximum. C'est la demande intérieure, ou la consommation, surtout dans le secteur de l'habitation, qui a vraiment amorti l'effet de la récession en 2009 et 2010. Je pense qu'on a poussé ce secteur au maximum. Les niveaux d'endettement sont très élevés.
Dorénavant, comme M. Carney l'a d'ailleurs mentionné dans son discours à Windsor la semaine dernière, la croissance future des dépenses de consommation au Canada, incluant l'habitation, devrait être, à peu près, au même niveau que la croissance du revenu. On ne peut donc plus continuer à connaître une croissance des dépenses qui dépasse de loin la croissance des revenus, ou, autrement dit, une augmentation de la dette. La dette privée, celle des ménages, devrait maintenant atteindre une certaine stabilité et un certain plafond. Dorénavant, on aura une consommation qui contribuera beaucoup moins à la croissance générale.
Le secteur des exportations devient donc un moteur très important pour la croissance canadienne. Là, malheureusement, comme on l'a déjà mentionné ici, les perspectives à l'étranger, surtout aux États-Unis qui constituent toujours notre principal partenaire commercial, ne sont pas très agréables, du moins à court terme, pour 2011 et 2012.
On se situe donc dans cet environnement et c'est ce à quoi on doit faire face. Je pense qu'on est dans une période de croissance économique, au Canada, de 2 ou 2,5 p. 100, en termes réels, au maximum. Il y a très peu d'inflation, peut-être 1 p. 100. Il y a donc une croissance du PIB nominal d'où proviennent les revenus du gouvernement de 3,5 ou 4 p. 100, dans le meilleur des scénarios. Il faut composer avec cela quand on fait notre planification fiscale.
C'est tout pour l'instant, merci.
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Merci, monsieur le président.
Merci infiniment aux témoins présents aujourd'hui.
Ma première question porte sur la dette des particuliers, domaine dans lequel le Canada ne brille pas particulièrement sur la scène internationale. Il me semble que ce type de dette s'élève en moyenne à 42 000 $ par habitant au Canada. Une moyenne qui compte parmi les plus élevées du monde industrialisé.
Cette dette plus la dette fédérale et aussi la dette provinciale donnent un chiffre plus inquiétant. En fait, notre pays est souvent comparé... Le ratio dette-PIB compare seulement notre dette fédérale à celle des autres pays qui dans beaucoup de cas sont des États unitaires, des États chez lesquels d'autres paliers de gouvernement n'ont pas les moyens législatifs de s'endetter à de tels niveaux. Mais si l'on additionne la dette fédérale, la dette provinciale et la dette des particuliers — c'est-à-dire, la dette brute — au Canada en tant que pourcentage du PIB, le taux est de 81,6 p. 100 du PIB (dette brute en tant que pourcentage du PIB). Les États-Unis accusent presque le même pourcentage, soit 82,3 p. 100 du PIB.
Ces chiffres sont donc plutôt inquiétants, surtout si l'on considère qu'au plan de la dette brute en tant que pourcentage du PIB, notre position est pire que celle de pays comme l'Allemagne et le Royaume-Uni. J'aimerais avoir votre opinion à ce sujet, car il n'y a qu'un seul contribuable, même si un certain nombre d'États peuvent s'endetter et qu'en fin de compte nous devons tous tenir compte du fait qu'il faut payer pour les soins de santé, les investissements sociaux, et ainsi de suite. Que pensez-vous du risque que ce niveau d'endettement représente pour le Canada?
:
Permettez-moi de répondre à cette question.
Il est clair que la situation de la dette s'est aggravée au Canada — je parle de la dette des particuliers — durant les deux ou trois dernières années, ce qui témoigne de la très grande efficacité de la politique monétaire. C'est l'une des raisons pour lesquelles le Canada a pu surclasser...
Cependant, on peut parler de la dette et on peut parler de la qualité de la dette; ce qui veut dire que les dettes ne sont pas toutes les mêmes. Aux États-Unis, par exemple, l'endettement par rapport au revenu était plus ou moins le même, mais 33 p. 100 du marché hypothécaire américain était constitué de prêts hypothécaires à risque contrairement aux moins de 5 p. 100 que l'on trouve dans le marché canadien.
Je vous donne un autre chiffre: seulement 4,1 p. 100 des ménages canadiens ont moins de 20 p. 100 de la valeur nette de leur maison et un ratio du service de la dette de plus de 40 p. 100. Il y a donc la dette et la qualité de la dette.
Je serais le premier à admettre que la situation de la dette au Canada est insoutenable et qu'il faut procéder à un désendettement. Le taux d'épargne doit augmenter et le crédit doit diminuer, une situation que nous commençons à voir.
La question est de savoir ce que doit être l'action du gouvernement à ce sujet. Pour ma part, j'estime qu'il ne devrait rien faire pour l'instant, parce que l'économie ralentit déjà. Le marché se remet de lui-même.
Le marché de l'habitation a déjà ralenti au Canada. Le prix des maisons diminue. L'activité dans le secteur du financement hypothécaire ralentit. Le crédit à la consommation est revenu au niveau que nous avions vu durant la récession en termes de taux de croissance mensuelle. Donc, le marché se remet déjà.
Je suis tout à fait d'accord, la situation de la dette est un problème, mais ce n'est pas le moment de le régler. Si, nous assisterons dans un an ou deux à une reprise du crédit et du marché de l'habitation, le moment sera alors venu de s'attaquer à l'endettement.
Pour l'instant, n'allons pas à contre-courant puisque le courant nous aide.
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Monsieur Brison, si je comprends bien vous venez de donner les raisons pour lesquelles le gouvernement fédéral doit avoir un plan triennal ou quinquennal pour rééquilibrer le budget. Il n'y a qu'un seul contribuable et la situation de certaines provinces est bien plus grave que celle du gouvernement fédéral.
Le déficit structurel de l'Ontario suscite en moi des inquiétudes. Par exemple, je crains que le déficit structurel de l'Ontario n'atteigne au moins 10 milliards de dollars, peut-être plus. Un budget très austère a été adopté au Québec cet été car le gouvernement du Québec savait très bien que les données démographiques étaient défavorables et qu'il devait rééquilibrer le budget d'ici 2014.
En dépit des observations de M. Tal, je crois que l'effet du budget fédéral a été positif au plan de la structure — un plan quinquennal pour le rééquilibrage budgétaire — puisqu'en fin de compte, il n'y a qu'un seul contribuable.
Par exemple, je ne pense pas qu'il soit nécessaire de verser continuellement les fonds de relance fédéraux, quelle que soit leur forme. J'estime que nous devrions laisser la politique monétaire donner des résultats. Si notre économie nécessite un ralentissement, la politique monétaire peut réaliser ce ralentissement.
Je vous rejoins complètement pour ce qui est d'être tout à fait conscients de l'endettement — au niveau des particuliers, des provinces et du gouvernement fédéral — et s'assurer d'avoir un plan visant l'allégement du fardeau de la dette.
Pour ce qui est des marchandises, évidemment, nous pensons encore que les perspectives économiques des marchés émergents, notamment la Chine, l'Inde et le Brésil, sont beaucoup plus intéressantes que celles offertes par l'Amérique du Nord ou l'Europe. Leur croissance sera donc plus forte et la demande des matières premières augmentera et le prix des marchandises subira une pression à la hausse, ce qui sera de bon augure pour le Canada qui dispose, après tout, d'une grande base de ressources naturelles. Le résultat de tout cela sera probablement un dollar canadien fort ou beaucoup plus fort — proche de la parité monétaire.
Nous pourrions ouvrir un débat que nous tenons depuis de nombreuses années sur la productivité des Canadiens, des fabricants canadiens, sur un dollar fort ou un dollar faible, mais je pense que l'économie est en train de s'ajuster à une devise forte. Nous allons finir par avoir un secteur manufacturier plus petit que celui que nous avons aujourd'hui, mais plus efficace et plus productif, c'est ce que nous espérons en tout cas. Ce processus d'ajustement est en cours ailleurs en Europe et aux États-Unis.
J'estime que le risque pour le Canada serait de continuer à dire, à juste titre, que nous avons échappé au plus dur de la récession et que nous pourrions faire preuve d'un peu plus de complaisance, comme Ben l'a dit un peu plus tôt ce matin. Alors que nous ne devrions pas, car la situation dans le monde est effrayante. Nous devons donc être très productifs et très efficaces quand le dollar sera fort.
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Bonjour. Je suis d'accord avec l'ensemble des gens, à savoir que sur le plan des taux d'intérêt, c'est la qualité des actifs qui est sous-jacente. Ça fait partie de la gestion des risques. Si la dette est assez ou majoritairement intérieure, il ne faut jamais oublier que les intérêts sont imposables. Il y a donc un retour intéressant sur le plan fiscal.
Je m'excuse, mais je vais probablement adresser mes questions essentiellement aux gens du Mouvement des caisses Desjardins, qui ont pris le temps de nous écrire.
Dans votre document, on parle d'endettement excessif, mais on dit par contre qu'il faut revenir à l'équilibre d'une manière pondérée. Je pense que vous l'avez mentionné plus tôt. On peut se dire que 80 p. 100 est un taux épouvantable. Or, quand je tiens compte des comparables, j'hésite à utiliser le mot « excessif ». Il y a un endettement important, mais de là à le qualifier d'excessif... Quoi qu'il en soit, je ne suis pas du même avis. Dans une ancienne vie, on aurait pu en discuter n'importe quand à TVA avec M. Leitao, mais j'ai mis cela de côté.
Vous dites, dans la section 2 de votre mémoire, qu'il faudrait miser sur le capital humain, et à cet égard, vous parlez d'éducation. Je suis tout à fait d'accord avec vous. Nous sommes sur la même longueur d'onde à ce sujet, mais je vous inviterais à une certaine prudence. Je vous conseillerais de bien tenir compte des champs de compétence. Vous le faites très bien. Nous sommes ici au Parlement fédéral. J'aimerais entendre vos commentaires à ce propos.
Dans la section 3 de votre mémoire, vous dites que Desjardins a un système très décentralisé, qui fait appel à la collaboration de tout le monde. Vous semblez dire que le commerce des valeurs mobilières fonctionne très bien au Canada, et vous donnez l'exemple de Desjardins. Vous suggérez aussi ceci: if it's not broken, don't fix it. J'aimerais savoir si je vais un peu trop loin ou si vous considérez en effet que le système de Desjardins fonctionne très bien et qu'il est inutile de le changer.
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Merci, monsieur le président. Permettez-moi d'être le premier à vous féliciter pour l'incroyable soutien manifesté par cette équipe pour votre présidence. Nous espérons avoir un comité qui fonctionne très bien et qui sera bien dirigé. Mes félicitations, monsieur le président.
Je remercie les témoins d'être venus ici aujourd'hui. J'ai eu le privilège d'être assis près du ministre des Finances quand vous avez comparu ce matin, j'ai donc beaucoup de questions, pas seulement en ce qui concerne les observations faites ce matin mais aussi celles de cet après-midi.
Très rapidement, je veux vous lire une citation. L'opposition a suggéré que nous devrions mettre fin à nos réductions (légiférées et planifiées) de l'impôt sur les sociétés. Jack Mintz a écrit un article intéressant que je vais me contenter de citer. Je vais le lire puis vous demander si vous êtes d'accord.
... la réduction des impôts sur les sociétés améliorera la neutralité en imposant un fardeau fiscal similaire sur les sociétés et résultera en une perte de revenus due au transfert des profits.
Ces gains économiques sont importants...
La grande majorité des Canadiens comprennent que le renforcement de la compétitivité de notre système d'imposition sur le revenu des sociétés a rendu le Canada plus attractif aux yeux des investisseurs internationaux. Notre système a facilité la baisse des prix à la consommation puisque les impôts sur les sociétés augmentent les coûts de production. De plus grandes dépenses d'investissement favorisées par de plus faibles impôts sur les sociétés augmentent la productivité et les salaires des travailleurs, ainsi que l'ont prouvé de récentes études sur l'incidence économique. Par conséquent, les réductions des impôts sur les sociétés aident plus les travailleurs et les consommateurs.
Il est important que le Canada, s'il souhaite garder son image de pays ouvert aux entreprises, termine ses réformes.
Puis-je vous demander à chacun d'entre vous de donner son avis sur ces observations?
:
On dirait que ma lumière s'est allumée, je suppose donc que je dois répondre en premier.
Nous avons présenté un mémoire il y a environ deux ans et demi sur la réforme du régime fiscal canadien. J'avais soulevé beaucoup de questions, notamment l'impôt sur les sociétés. À l'époque, nous envisagions de réduire le fardeau fiscal sur les sociétés et d'apporter quelques autres ajustements. Par exemple, j'estime que l'écart entre l'impôt sur les petites sociétés et l'impôt complet sur les compagnies est trop abrupt. Je préférerais voir un écart échelonné.
En règle générale, dans un pays, qui comme le nôtre, va avoir une devise forte à long terme, nous devons trouver les moyens de permettre aux entreprises d'être plus compétitives à l'avenir et de continuer à attirer notre juste part des investissements internationaux.
Nous parlons donc officiellement de réduire les impôts sur les sociétés; l'impôt sur le revenu des sociétés n'en est qu'une partie. Le mémoire traite d'autres questions, mais je n'en parlerai pas maintenant. Il me semble, cependant, avoir répondu à votre question.
Nous devons être très conscients du fait que nous faisons la concurrence dans un monde où notre dollar sera plus ou moins en parité. En fait, nous prévoyons que notre dollar sera en parité monétaire avec le dollar américain en 2011. On pourrait avoir recours à des mesures fiscales particulières ou s'attaquer au taux global des impôts sur les sociétés, mais je pense vraiment qu'ils ont bien fait de réduire le fardeau fiscal.
Il nous sera nécessaire de taxer d'autres choses, comme le carbone — nous pouvons en parler si vous le souhaitez —, mais notre mémoire est à la portée de tout le monde pour être lu et nous sommes certainement favorables à l'allégement du fardeau fiscal des sociétés.
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Il n'y a pas seulement la valeur du dollar qui augmente; les sociétés et les PME canadiennes auront un important défi à relever au cours des prochaines années. Pourquoi? Parce que le secteur manufacturier américain subit un très important changement structurel. Nous avons assisté à la reprise économique du secteur manufacturier américain alors que l'économie des États-Unis se trouve dans une conjoncture de récession.
Les améliorations apportées dans le secteur manufacturier américain sont toutes des améliorations exigeantes en investissements. Nous assistons pratiquement à une renaissances du secteur manufacturier aux États-Unis; un secteur en mesure de pénétrer profondément les marchés émergents. Je crois que les sociétés américains ont compris que l'avenir est exigeant en investissements et elles agissent très rapidement à ce niveau.
Dans deux ou trois ans, quand la situation se sera éclaircie, je prévois un secteur manufacturier plus petit mais bien plus dynamique. Un secteur tout à fait capable d'être compétitif dans le marché des États-Unis. La question est de savoir ce que nous faisons ici au Canada pour garder notre part du marché américain, car pour le moment, nous sommes en train de la perdre. S'il est vrai que l'avenir réside dans les marchés émergents, nous devons trouver un moyen, premièrement, de pénétrer ces marchés et, deuxièmement, de trouver des possibilités dans les chaînes d'approvisionnement mondiales que nous ouvrira l'économie américaine.
Nous n'en sommes pas encore là. Je suis donc complètement d'accord sur le fait que nous devons aider les sociétés canadiennes à affronter une situation dans laquelle non seulement le dollar sera fort, mais dans laquelle le secteur manufacturier des États-unis sera beaucoup plus compétitif. Les impôts jouent un rôle là-dedans, mais nous devrons le contourner.
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De manière générale, je crois que les impôts sur le revenu des sociétés devraient être réduits au minimum et je ne m'opposerai pas aux réductions déjà annoncées, des réductions sur lesquelles les entreprises comptent déjà. Mais aussi, comme Glen l'a souligné, les gouvernements ont besoin de revenus et si nous ne les obtenons pas par le biais des impôts sur le revenu des sociétés, nous devrons alors trouver d'autres moyens de le faire.
Encore une fois, de manière générale, si j'étais le ministre des Finances, ce que je ne serais jamais, mais si je l'étais, je maintiendrais au plus bas niveau possible les impôts sur le revenu des sociétés et des particuliers. J'augmenterais la taxe à la consommation, la taxe sur la valeur ajoutée et la TPS.
Nous sommes au courant de la situation en Colombie-Britannique. Les Canadiens et la taxe à la consommation ne font pas bon ménage, je comprends donc l'aspect pratique du problème, mais je pense que les impôts sur le revenu des sociétés devraient être les plus bas possible pour nous permettre de rester compétitifs.
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Merci, monsieur le président.
À mon tour, cela me fait plaisir de souhaiter la bienvenue aux représentants du secteur des banques et des caisses populaires, ainsi que du Conference Board du Canada. C'est toujours un plaisir de prendre connaissance des points de vue de gens si bien informés.
Bien qu'on ne base pas de grandes décisions là-dessus, je vais me permettre de commencer par raconter une anecdote qui peut expliquer pourquoi, dans le domaine des prévisions budgétaires, je porte bien mon nom de Thomas. Lorsque Catherine et moi voulions acheter notre première maison à Cap-Rouge au début des années 1980, nous sommes allés voir la Caisse populaire Notre-Dame-du-Chemin, sur l'avenue des Érables, et le gérant nous a gentiment dit que des taux hypothécaires de 13,5 p. 100, c'était du jamais vu. Il ne fallait donc surtout pas prendre une hypothèque de plus d'un an parce qu'il était certain que ce taux allait changer. Il avait raison. Quand on a renouvelé notre hypothèque un an plus tard, le taux était de 20,75 p. 100. On apprend de ses erreurs.
J'ai trouvé la présentation du Mouvement Desjardins extrêmement intéressante et pertinente, mais je vais me permettre quand même de vous poser une question. Je partage totalement votre point de vue. Ce qu'on est en train de vivre est atypique et je suis très inquiet. En effet, je vois le ralentissement depuis l'été et il y a une perte, à nouveau, de plusieurs dizaines de milliers d'emplois dans le secteur manufacturier. On parle d'emplois qui paient bien, souvent à temps plein, et qui sont associés à une pension de retraite. Quand on parle de développement durable, cela évoque souvent le côté environnemental, mais on oublie que cela comprend aussi la question de savoir qui va laisser une dette ou des obligations aux générations futures. Dans ce cas, on est en train de pelleter beaucoup vers l'avant.
Vous avez parlé d'une inflation très faible. Cela m'interpelle parce que, historiquement, quand on a une dette massive, très souvent les gouvernements sont tentés de rembourser en ayant recours à l'inflation. Quoi de mieux que de rembourser les Chinois avec un ratio de quatre pour un? C'est comme un solde au Dollarama. Qu'est-ce qui vous assure que l'inflation peut rester basse avec les 6 000 milliards de dollars imprimés depuis le début de la crise? Comment va-t-on rembourser cette dette si ce n'est pas avec de l'inflation? Je veux bien qu'on admire le Canada, qu'on se donne une tape dans le dos et qu'on dise qu'on est mieux que les autres, mais concrètement, en étant réaliste, je ne vois pas comment vous pouvez être si confiant qu'on ne considère pas, à moyen terme, une inflation massive comme seule solution pour rembourser cela.
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Il l'est beaucoup moins que pour Benjamin Tal. Nous voyons les niveaux d'endettement personnel augmenter, et c'est préoccupant. De toute évidence, c'est la raison pour laquelle le et Mark Carney ont discuté de la question au cours de la dernière année.
Mais les taux d'intérêt sont bas à l'heure actuelle. Les gens peuvent se les permettre. Bien entendu, c'est en partie le risque: en maintenant les taux à un niveau bas, on alourdit le fardeau de l'endettement personnel.
Au niveau gouvernemental, dans l'ensemble, nous avons franchement fait ce qu'il fallait au cours des 15 dernières années et nous avons maîtrisé les niveaux d'endettement des gouvernements, à l'exception peut-être du Québec. Même au Québec, avec le genre de budget que la province a dû mettre en place au printemps, on avait un plan pour garder la situation sous contrôle.
Je compare donc le Canada avec ce qui s'est passé partout en Europe, au Japon en particulier, et aux États-Unis, où les niveaux d'endettement sont en hausse et grimpent à l'échelle fédérale, dans les États et dans les villes. Par comparaison, nous serons vraiment les plus brillants si nous prenons les choses en main, si nous continuons de faire ce qu'il faut faire.
Je suis inquiet au sujet de l'Ontario, car la province a traversé une période très difficile. Elle a aussi été profondément intégrée à l'économie américaine comme le centre manufacturier, et avec le traitement choc que l'économie américaine a subi, c'est maintenant au tour de l'Ontario d'être l'objet du même traitement choc. Nous en avons été témoins dans les secteurs manufacturier et de l'automobile. Les revenus ont chuté, les mesures de relance ajoutées... Alors l'Ontario est plutôt en très mauvaise posture financièrement, et je ne m'inquiète pas de la capacité, même avec les meilleures intentions du monde, de rétablir l'équilibre budgétaire.
Mais dans l'ensemble, je ne suis pas aussi inquiet pour le Canada que je le serais pour bien d'autres endroits dans le monde.
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En deux mots, c'est le marché, mais cela ne veut rien dire. Cela dit tout, mais rien en même temps.
Les devises sont ce qu'il y a de plus difficile à prédire, surtout à court terme. Tirez à pile ou face; je n'en ai pas la moindre idée. Le dollar canadien pourrait s'établir à 1,05 $ et à 92 ¢ américains. Nous sommes perçus comme faisant partie de la zone dollar, alors nous avons tendance à aligner notre monnaie sur le dollar américain. Nous avons vu quelques fluctuations des devises très étranges depuis au moins les six derniers mois.
Pour ce qui est de savoir qui est responsable, je lance la serviette. En fait, l'un des plus gros risques auxquels nous sommes confrontés à l'heure actuelle, c'est qu'une guerre des devises semble s'installer. Nous avons vu les Japonais essayer de faire baisser leur devise et les Chinois tenter de résister à faire augmenter la leur. Nous voyons les Américains, qui ne sont pas trop mécontents d'avoir une devise plus faible. Les Européens ne savent pas ce qu'ils veulent avec leur devise. Le risque, c'est que nous procéderons à des dévaluations comparatives.
Bonjour, messieurs. C'est un plaisir de rencontrer des sommités économiques telles que vous. Soit dit en passant, j'apprécie toujours avoir un texte de référence lors des présentations. Il nous reste au moins un document écrit à la suite d'une présentation.
Plus tôt, j'ai compris qu'on ne vit pas sur une île: on dépend des marchés extérieurs, surtout celui des États-Unis. Je voudrais explorer un autre thème que n'ont pas exploré mes collègues. C'est la question de l'habitation. Je crois savoir que M. Dupuis ou M. Leitao en a fait mention. Cela concernait le ralentissement de la construction d'habitations aux États-Unis, qui, sûrement, nous touche. Ici, ça s'est relativement maintenu, mais je crois savoir que la croissance est actuellement en perte de vitesse. C'est ce que j'ai lu, en tous cas.
Puisqu'on est dans les consultations prébudgétaires, en ce qui concerne les choix économiques que doit faire le gouvernement, je me demandais s'il en fait assez pour ce qui est de l'habitation. Je pense, en particulier, à la Société canadienne d'hypothèques et de logement qui accumule des milliards de dollars actuellement. Ces milliards pourraient-ils servir davantage à la construction d'habitations à loyer modique et de logements abordables qui manquent beaucoup, d'ailleurs, au pays? N'est-ce pas une catégorie ou un type d'investissement du gouvernement qui produit le plus de retombées économiques, comparativement à des achats massifs d'avions militaires faits à l'étranger, comme aux États-Unis? Par rapport à la création d'emplois, ne serait-ce pas comparativement plus efficace d'investir plus massivement dans le logement abordable au pays?
Je commencerais peut-être par M. Dupuis.
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Merci, monsieur le président.
Je remercie nos témoins d'être venus. Nous avons déjà vu un certain nombre d'entre vous dans le passé. Merci d'être revenus.
J'ai quelques questions économiques fondamentales pour vous. Ce qui ne cesse de m'intéresser, c'est que les 3 p. 100 du PIB semblent indiquer une croissance. Trois pour cent correspondent à une croissance et en deçà de 3 p. 100, il n'y a pas vraiment de croissance. Pouvez-vous m'expliquer pourquoi c'est le chiffre magique? Nous observons quand même une croissance à 2,5, 2,6 ou 2,7 p. 100.
Certains diront que les économies qui connaissent une croissance exponentielle, comme la Chine, qui affiche un taux de croissance du PIB à deux chiffres, sont incontrôlables et ne peuvent pas suivre le rythme. Pourquoi 3 p. 100 est-il un chiffre si magique? Pourquoi ne pouvons-nous pas être satisfaits en maintenant la croissance à 2,5 p. 100?
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Tout d'abord, permettez-moi de vous dire que le nouveau pourcentage sera 2,5 p. 100 parce que la croissance éventuelle de l'économie ralentit en raison de toutes les forces que j'ai mentionnées tout à l'heure. Je ne vais pas les répéter.
La croissance éventuelle de l'économie ou la limite de vitesse de l'économie ralentissent. Le chiffre magique dépend simplement de deux facteurs: la productivité et l'augmentation de la main-d'oeuvre. Si on les additionne, on obtient 3 p. 100. Ce sera un peu moins, si bien que ce dont il est question ici, c'est que la croissance éventuelle de l'économie ralentit.
Pour la Chine, la croissance éventuelle n'est pas de 3 p. 100, mais de 8 ou de 9 p. 100 parce que c'est une très jeune économie. Pour une économie en pleine maturité, la croissance est de 3 p. 100 et elle s'établit maintenant à 2,5 p. 100 après la récession.
C'est juste ainsi que les choses se passent, et chaque année, on dépasse ou non cette croissance éventuelle. Et en ce qui concerne la Banque du Canada, elle a essentiellement un modèle de ce que la croissance éventuelle devrait être. Si on est en dessous de la cible, on doit stimuler l'économie, ou vice versa.
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Je remercie les témoins d'être parmi nous.
[Traduction]
Ce que je vais dire va peut-être dans le même sens que les propos de M. Wallace. Tout le monde parle de la dette des ménages, mais parlons de la dette du gouvernement. J'aimerais l'examiner par rapport à la croissance intérieure. Au cours des deux dernières années, nous avons remarqué que si le gouvernement du Canada se trompe dans ses prévisions, ne serait-ce que de 1 p. 100, il en coûte au fisc entre 15 et 20 milliards de dollars. Personne ne parle du fait que nous ne savons même pas à combien cela se chiffrera. Le ministère avait initialement prévu pour 2010 un taux de 2,3 p. 100 et maintenant, on parle de 3 p. 100. Cet écart minime de 0,5 p. 100 va coûter au fisc en général environ 10 milliards de dollars. Puis-je savoir ce que vous en pensez?
Comment allons-nous sortir de ce bourbier?
Glen, je crois que vous en avez parlé au début, et vous avez dit que nous avons besoin d'un plan de trois à cinq ans. En voyant les chiffres, je doute que nous puissions en sortir dans un avenir rapproché.
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Bien entendu, de nombreux facteurs entrent en jeu lorsqu'il est question de recettes fédérales, notamment le cycle économique. Un autre élément que nous examinons très attentivement, c'est l'effet multiplicateur, c'est-à-dire le montant de recettes générées par chaque dollar de PIB.
Un des phénomènes que nous avions observés avant la récession, c'était que les salariés à revenu élevé payaient plus d'impôts, ce qui fait que les recettes étaient supérieures à ce que nous avions généralement prévu. Vous rappelez-vous que, de 2002 à 2007, les résultats étaient toujours supérieurs à nos attentes? À vrai dire, il s'agissait d'un facteur structurel, que nous observions dans le monde entier. Sous le régime de la mondialisation, les salariés à revenu élevé ont plus d'argent.
Nous venons de connaître les chiffres concernant les recettes fédérales pour les quatre premiers mois de cette année, et les résultats sont assez bons. En fait, nous avons récolté d'assez bonnes recettes, malgré les risques et les facteurs dont parlent mes collègues. Je ne sais pas trop comment le tout va se traduire, mais je m'attends à ce que les recettes tirées des salariés à revenu élevé soient assez importantes à l'avenir. Je ne peux pas vous donner de chiffre, parce qu'il y a eu beaucoup de roulement au cours des deux dernières années.
Si on ne tient compte que du cycle économique, alors vous avez raison: une croissance plus lente signifiera un flux plus lent de recettes et beaucoup plus de difficulté à revenir à l'équilibre budgétaire.
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Oui, ici au Canada. Au cours des six prochains mois, nous atteindrons plus ou moins le niveau actuel des États-Unis.
Ce n'est pas le principal point de repère, parce que ce ratio tient compte de l'encours de la dette et du revenu régulier; on ne peut donc pas comparer les deux. Mais ce ratio connaît une croissance très rapide, ce qui témoigne d'une politique monétaire très efficace.
Je crois qu'il est très important de comprendre à quoi nous faisons allusion quand nous parlons de la situation de la dette personnelle. Parlons-nous d'une vague de défauts de paiement qui déferlera bientôt? Parlons-nous d'une situation semblable à ce qui s'est passé avec les prêts hypothécaires à risque? Ou encore, parlons-nous d'une situation où tant de gens sont criblés de dettes qu'ils finiront par réduire leur consommation dans l'avenir? Selon moi, c'est là où nous en sommes.
Quand les taux d'intérêt augmentent — et ils augmenteront tôt ou tard —, les gens dépenseront plus d'argent pour les dettes et moins pour d'autres choses. Cela ne veut pas dire que tout le monde fera défaut de payer. On ne se trouvera pas au point où les taux de défaut de paiement monteront en flèche, mais on verra les dépenses de consommation ralentir. Voilà pourquoi je pense, pour ainsi dire, que la limite de vitesse de l'économie sera réduite.
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Lorsqu'on observe la performance économique du Canada depuis 10 ans, on constate que dans l'ensemble l'économie a relativement bien fait, entre autres grâce à un ménage qui a été fait dans les finances publiques. On a eu plus de liberté. L'économie interne s'est beaucoup raffermie.
Par contre, sur le plan des exportations, ça fait très mal. La hausse du dollar canadien y est pour beaucoup. Sur plusieurs continents, les entreprises ont eu de la difficulté à être compétitives. Il y a eu des fermetures, certains problèmes dans des industries spécifiques. C'est là que réside le défi. Pour certaines provinces, comme le Québec, le défi est énorme. On enregistre une chute assez importante des exportations.
Je crois qu'il faut trouver un moyen de rendre plus concurrentielles nos entreprises. De toute façon, on ne pourra pas vraiment aller contre la tendance de la hausse du dollar canadien ou de son maintien élevé. On dit souvent que ça passe par une productivité supérieure, par un investissement dans les technologies et dans les équipements.
Il me semble que je chante la même chanson depuis quelque temps, mais c'est la recette qu'il faut mentionner aux entreprises. C'est ce secteur qui traîne actuellement de la patte au Canada, il n'y pas de doute.
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Nous estimons la croissance du revenu de deux différentes manières.
Nous avons incorporé un certain pourcentage dans notre prévision. Nous estimons que le revenu augmentera de 2,2 à 2,3 p. 100 pendant la dernière partie de l’année et 2011.
Nous menons également une enquête qui n’a pas encore été rendue publique. Nous interrogeons environ 500 grands employeurs du secteur public et privé, puis nous produisons un nombre. L’an dernier, il s’élevait à 2,7 p. 100, ce qui était supérieur à ce que nous avions prévu. L’enquête n’est pas parfaite, mais elle nous donne une assez bonne idée de la valeur que prendra cette croissance dans les mois à venir. Je ne serais pas surpris si elle s’élevait à environ 2,5 p. 100 en 2011.
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C'est vrai qu'il y a la question de la qualité des emplois et que parmi les emplois créés, beaucoup étaient à temps partiel. Il ne s'agit peut-être pas des emplois qu'on veut et la distribution n'est peut-être pas très bonne, mais, à tout le moins, il y a eu création d'emplois.
Par contre, aux États-Unis, les PME et les entreprises qui créent normalement des emplois n'en ont pas créé. Ils doivent encore récupérer au moins sept millions d'emplois qui ont été perdus lors de la récession.
Il est donc certain qu'il y a des risques, mais, en même temps, on a récupéré les emplois, ce qui a permis une plus grande consommation et de meilleurs revenus pour les gens. On a donc pu se démarquer, mais il y aura encore des risques au cours des prochains trimestres et des prochaines années.
Il me reste à peu près deux minutes. J’ai au moins deux autres questions. Alors, peut-être vais-je les poser et voir dans quelle mesure vous pouvez y répondre.
Vous avez parlé de la dette et de sa qualité. Pendant la récession, les Canadiens ont, entre autres, acheté des maisons parce que les taux d’intérêt étaient faibles. Dans la presse d’aujourd’hui, il y avait un article qui demandait si le gouvernement ne devrait pas intervenir davantage dans le marché du logement afin de régler le problème de la dette. Je veux savoir si l’un de vous quatre pense que nous devrions prendre des mesures dans le secteur du logement.
Ensuite, vous avez parlé du secteur manufacturier. L’une des mesures que j’ai appuyées est la modification des taux de déduction pour amortissement dans le but de permettre aux propriétaires de radier leur matériel du bilan plus rapidement. De nombreux économistes affirment qu’il s’agit là d’une subvention, d’une distorsion de la durée économique d’un actif, et qu’on ne devrait pas faire cela.
En fait, le gouvernement abandonne progressivement l’idée de recourir à des taux accélérés de DPA, mais je veux savoir ce que vous en pensez en votre qualité d’économistes. Voyez-vous cela comme une subvention? De plus, que vous considériez cela comme une subvention ou non, est-ce une mesure que le gouvernement devrait envisager pour aider les entreprises à devenir plus productives et à moderniser le matériel et les processus qu’elles utilisent dans leurs installations?
Il me reste à peu près une minute. Alors, si vous pouviez répondre très rapidement à ces questions, je vous en serais reconnaissant.
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La conjoncture, c'est l'art de se tromper le moins possible. On sait cela.
En ce qui vous concerne, monsieur Hodgson, je vous inviterais à la prudence. Si jamais vous venez à Montréal, maybe the price is not right, contrairement à ce que vous avez affirmé à trois ou quatre reprises.
Anecdote pour anecdote, à l'époque où M. Mulcair vivait ses problèmes hypothécaires à Québec, j'étais au ministère des Finances et, durant cette période, il n'y a que le conjoncturiste en chef du ministère des Finances qui se promenait avec un grand sourire en disant qu'il nous l'avait bien dit, mais personne ne l'avait cru.
On est actuellement dans une espèce d'atmosphère où on dit que personne parmi les experts n'a cru à cette augmentation de 6 p. 100 du PIB sur une base semestrielle. Il faut un certain nombre de mois, ce qu'on appelait les mois de dominance cyclique. Je ne sais pas si cela existe encore, mais il faut au moins un certain nombre de périodes pour pouvoir constater un taux d'augmentation.
Admettons que survienne ce ralentissement que l'on ne souhaite pas et que tout le monde évalue entre 2,5 et 3 p. 100 — on ne se battra pas dans les autobus à Hochelaga pour savoir si ce sera 2,75 ou 2,82 p. 100. Admettons que s'installe par la suite une réelle léthargie ou, pire encore, ce que personne n'a osé mentionner depuis à peu près deux heures, une déflation. En effet, si c'est arrivé à d'autres, ça pourrait arriver ici. Admettons qu'on conjecture un chiffre, c'est-à-dire qu'on fasse un peu de science-fiction, seriez-vous d'accord pour dire qu'un gouvernement bêtement conservateur — j'utilise le terme dans plusieurs sens, de manière hypothétique — devrait avoir une politique d'interventionnisme? Est-ce monétariste, est-ce canadien? Dans quel sens voulez-vous le faire?
Ne serait-ce pas une très mauvaise surprise que, devant une telle situation, le gouvernement s'entête à continuer à freiner l'actualité économique ou, en fait, l'activité économique?
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On ne l'a peut-être pas mentionné, mais je crois que mes collègues sont d'avis que les probabilités d'une nouvelle récession aux États-Unis se situent entre 20 et 40 p. 100; nous, on l'estime à une sur trois. Je ne sais pas, je crois que c'est à peu près entre 20 et 40 p. 100 — peu importe, c'est un chiffre assez important.
S'il y a une nouvelle récession aux États-Unis, et compte tenu du niveau des prix actuels, on pourrait être près d'un état de désinflation marquée, ou peut-être même de déflation, donc d'une croissance négative des prix. Par contre, je ne crois pas que ce soit à la japonaise.
À mon avis, d'autres interventions des gouvernements seraient possibles, et comme c'est un scénario alternatif, d'autres programmes de stimulation suivraient. D'ailleurs, on parle d'un de ces programmes pour la Réserve fédérale américaine. On parle de refaire un assouplissement monétaire d'envergure pour relancer l'économie ou arrêter le ralentissement.
Je ne serais pas aussi négatif que vous en disant qu'on va rechuter en déflation, que ça va arriver. Je pense que d'autres mesures majeures seront prises, mais le risque demeure quand même.
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J’ai peut-être une observation légèrement différente à formuler à propos de la question démographique. Nous supposons — et c’est une supposition sincère — que les taux de participation au marché du travail demeureront les mêmes. J’entends par là que les gens âgés de 65 ans se comporteront en 2015 de la même manière que leurs homologues des années 1960, c’est-à-dire qu’ils seront heureux de prendre leur retraite, de quitter le marché du travail et d’aller pêcher ou faire quelque chose d’autre.
Toutefois, je pense que, de nos jours, il n’est peut-être pas très prudent d’avancer cette hypothèse. Selon moi, bon nombre de personnes âgées de plus de 60 ans aimeraient continuer à travailler. Si c’est le cas, le choc auquel Glen a fait allusion ne sera peut-être pas aussi violent. Si nous voulons que tous les gens continuent de participer à la population active, nous allons devoir procéder à certains changements institutionnels en matière de retraite, d’âge de retraite et de prestations afférentes. Pour certaines personnes, il se pourrait que le jeu n’en vaille pas la chandelle, parce qu’en participant au marché du travail, elles se priveraient de certaines indemnités de retraite. Toutefois, nous ne devrions pas simplement présumer que le comportement d’un homme de 65 ans sera identique à celui de son grand-père.
[Français]
J'aimerais vous remercier de nous avoir livré vos présentations et d'avoir répondu à nos questions.
[Traduction]
S’il y a d’autres documents que vous aimeriez que le comité examine, même de façon permanente — M. Hodgson a mentionné certains rapports —, n’hésitez pas à les acheminer en tout temps au greffier, et nous veillerons à ce que tous les membres en reçoivent une copie.
Je vous remercie infiniment du temps que vous nous avez consacré aujourd’hui.
Chers collègues, nous allons faire une pause pendant quelques minutes, puis nous passerons au projet de loi .
:
Je ne m'oppose à aucun groupe donné.
Pour parler franchement, l'automne dernier, des membres du comité m'ont dit qu'il y avait trop de séances. Nous avons adopté une motion aujourd'hui qui requerra des séances supplémentaires. Je ne suis pas contre le fait d'ajouter des témoins. Or, je tiens à ce qu'il soit très clair que chaque fois qu'un témoin est ajouté, le président augmentera le nombre de séances destinées aux consultations prébudgétaires cet automne.
Nous avons reçu environ 430 soumissions; je pense que la liste contient actuellement 155 noms. Nous allons en ajouter d'autres. Je ne m'oppose pas à cela; je vous demande simplement de comprendre la situation et de ne pas vous en prendre au président lorsque des noms sont ajoutés. En allongeant la liste, on multiplie les séances.
J'accepte que les membres du comité donnent d'autres noms, en sachant que j'ajouterai des séances.
Monsieur Menzies.
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Nous nous trouvons tous deux dans une situation très délicate, car dans les deux cas, un groupe pensait qu'il serait sur la liste, mais son nom a été omis par mégarde.
J'approuve sa suggestion. Je pense que nous pouvons comprendre que le fait d'ajouter deux témoins à une liste de 155 n'augmentera pas de beaucoup le nombre de séances.
J'en ai un, le numéro 122 de la liste anglaise. Il s'agit de l'Alliance canadienne féministe pour l'action internationale. Nous aurions aimé recueillir le témoignage de ses représentantes. Pour une raison ou pour une autre, la liste a été créée si rapidement que nous avons oublié ce groupe. C'est entièrement ma faute, et je demande à mes collègues de me pardonner.
Si nous pouvions ajouter les groupes que Ted et moi proposons, je pense qu'ils contribueraient grandement à notre travail.