:
Merci, monsieur le président.
Je remercie les membres du comité de me donner l'occasion d'émettre mon opinion sur un sujet qui me tient à coeur.
[Traduction]
Lorsque le greffier du comité m'a téléphoné la semaine dernière, je travaillais déjà à finaliser le document qui vous a été distribué. Vous devriez tous en avoir un exemplaire en main. Il s'intitule L'après-Afghanistan: Où irons-nous? La première politique de défense du Canada. Bien qu'il ressorte clairement de la lecture de ce document que les missions de paix internationales demeureront, comme il se doit, un rôle prioritaire pour les Forces canadiennes après 2011, j'estime que nous devons accorder un répit bien mérité à nos soldats et à leurs familles avant de les déployer à nouveau dans le cadre d'une mission semblable.
Ainsi, j'indique bien dans mon document que le rapatriement des troupes canadiennes en 2011 offrira aux Forces canadiennes une excellente occasion de s'occuper de plusieurs dossiers urgents. Il s'agit notamment de la restructuration des Forces canadiennes, et tout particulièrement de notre armée au sortir d'une mission de combat prolongée, et d'un examen critique du Quartier général de la Défense qui draine une large proportion de nos ressources limitées. Et il y a bien d'autres possibilités, y compris la civilarisation du régime de surveillance de la Défense, la restructuration du processus de grief des Forces canadiennes et la possibilité d'accorder une charte permettant l'octroi de diplômes au Collège militaire royal de Saint-Jean de telle sorte que cette institution nationale puisse à nouveau former des officiers francophones pour les trois branches de nos forces. Je suis bien évidemment disposé à répondre à vos questions au sujet de ces différentes propositions, dont certaines se retrouvent dans mon document.
Comme vous le savez, le ministre de la Défense nationale a annoncé le week-end dernier que le lieutenant-général Andrew Leslie assumera le rôle de chef responsable de la transformation à compter de juin. Non seulement est-ce une bonne chose, mais c'est aussi l'expression manifeste de la nécessité pour le ministère de la Défense de se prêter à un quelconque processus de transformation en fonction des besoins et des enjeux futurs de notre pays. À mon avis, votre comité devra être prêt au cours des prochains mois à participer à cette démarche de transformation, voire même à la diriger, car bon nombre des changements qui m'apparaissent critiques ou pressants devront être opérés sous votre égide ou avec votre soutien. J'exhorte donc les membres du comité à assumer un rôle proactif dans ce dossier, tant dans une perspective générale que pour les aspects plus particuliers devant être modifiés et améliorés.
Comme je l'ai déjà indiqué, exception faite d'une situation vraiment urgente exigeant un redéploiement, il convient d'offrir un répit aux Forces canadiennes. Ainsi épargnées des missions internationales, elles seront en mesure d'apporter les changements applicables et nécessaires à leurs structures, à leur configuration et à leur gouvernance.
Avant de discuter avec vous de la nécessité de procéder à une telle transformation et des impacts sur la capacité de déploiement à court terme des Forces canadiennes dans le cadre d'opérations internationales pour la paix, j'aimerais vous soumettre quelques suggestions additionnelles.
Premièrement, compte tenu de la situation actuelle en Haïti et du fait que la remise en état de ce pays exigera un effort s'apparentant presque au Plan Marshall, il serait peut-être avantageux pour nos deux nations que le Canada établisse, en temps et lieu, une garnison sur place pour former et soutenir les autorités civiles haïtiennes.
Deuxièmement, il va de soi que la planète demeurera, à l'issue de notre mission en Afghanistan, fragilisée par de nombreuses situations périlleuses. J'estime donc que l'on commettrait une erreur grave en restructurant les Forces canadiennes uniquement en fonction du maintien de la paix. Je ne vous apprends certes rien: les forces aptes au combat, ne serait-ce que dans une capacité limitée, sont aussi à même de mener des opérations de maintien de la paix. La réciproque n'est toutefois pas vraie.
Monsieur le président, je vous remercie pour le temps que vous m'avez accordé pour vous faire part de mes préoccupations et de mes suggestions. Je suis maintenant disposé à répondre à toutes vos questions.
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Monsieur le président, mesdames et messieurs les membres du comité, je tiens à vous remercier, ainsi que votre greffier, de m'offrir l'occasion de comparaître devant vous.
Les questions que vous abordez sont d'une grande importance pour les Forces canadiennes et pour la politique internationale du Canada. Les gouvernements de M. Paul Martin et de M. Stephen Harper ont investi plusieurs milliards de dollars dans la défense nationale et les Forces canadiennes. Le gouvernement de M. Harper s'est également engagé à augmenter les dépenses militaires à un rythme de plus de 2 p. 100 par année.
La stratégie de défense nationale, par ailleurs, nous indique que les Forces canadiennes continueront de jouer un rôle actif dans le monde sans nuire à la défense du Canada ou du continent. Or, il est essentiel d'analyser où nos forces devraient être déployées à l'avenir, avec quels alliés et sous le commandement de quel organisme international, mais il est également important d'analyser le nombre, la durée et l'intensité de ces futures opérations.
Depuis la fin de la guerre froide, les Forces canadiennes ont fourni des unités dans le cadre de presque chaque opération montée par l'ONU ou l'OTAN. De plus, lorsque le Canada a commencé à participer aux opérations expéditionnaires de l'OTAN, après les échecs des opérations de maintien de la paix de l'ONU, il y a environ 15 ans, la durée et l'intensité des déploiements des forces ont augmenté de façon précoce. La mission des forces à Kandahar, en Afghanistan, illustre très bien cette tendance. Les Forces canadiennes se retrouvent dans une mission qui a déjà duré plus longtemps, coûté plus cher et été plus meurtrière que toute autre mission depuis la guerre de Corée.
Nous devons nous poser les questions suivantes en tentant de reconnaître les leçons de cette mission. Premièrement, les opérations de contre-insurrection et de combat menées avec les autres membres de l'OTAN seront-elles les meilleures pour les forces, à l'avenir? Deuxièmement, les missions de ce genre sont-elles essentielles à l'atteinte des objectifs des politiques étrangères et de sécurité nationale canadiennes? Troisièmement, les Forces canadiennes seront-elles en mesure, à l'avenir, de mener de nouvelles opérations d'une telle durée et d'une telle intensité sans épuiser leurs membres et sans dépasser les budgets planifiés?
Ma réponse à chacune de ces trois questions est non. Les missions de combat et de contre-insurrection devraient être, pour les Forces canadiennes, des opérations de dernier recours et non leurs missions de préférence. Ces missions, par ailleurs, sont rarement essentielles à l'atteinte des principaux objectifs de la politique étrangère canadienne, soit la paix et la stabilité internationales, l'influence à l'échelle mondiale et la promotion des valeurs canadiennes. En outre, entreprendre de telles missions risque d'épuiser les Forces canadiennes à la longue et de compliquer les efforts des forces en vue de mener leurs opérations et de se rééquiper sans dépasser les allocations budgétaires prévues par le gouvernement. Que faire, alors?
[Traduction]
Le Canada devrait continuer de déployer les Forces canadiennes pour participer à des opérations expéditionnaires, en coopération avec nos alliés de l'OTAN ou, mieux encore, dans le cadre d'une mission menée par les Nations Unies. On devrait toutefois s'efforcer à l'avenir de mieux choisir l'endroit et le moment où les Forces canadiennes seront déployées. En exerçant ainsi un plus grand discernement, le gouvernement sera mieux en mesure d’atteindre les objectifs de sa politique étrangère de façon réaliste et économique, tout en évitant une surcharge des forces armées et en maintenant la capacité militaire requise pour respecter nos engagements en matière de défense du Canada et de l'Amérique du Nord.
Je propose donc que les prochains gouvernements canadiens adoptent les critères suivants pour guider leurs décisions concernant le déploiement des Forces canadiennes dans le cadre d'opérations expéditionnaires.
Premièrement, le gouvernement ne devrait déployer que les forces nécessaires pour faire respecter la souveraineté canadienne et fournir une aide suffisante aux autorités civiles. Protéger le Canada et les Canadiens doit être la grande priorité et une priorité réelle, plutôt que de pure forme.
Deuxièmement, le gouvernement devrait déployer les Forces canadiennes de manière sélective. En pratique, cela signifie qu’il ne faut pas accepter plus d’un engagement à la fois de la force terrestre, de la force navale et de la force aérienne.
Troisièmement, le gouvernement doit éviter les missions dont le succès est improbable. Cela comprend les missions où la dynamique locale ou régionale empêche d’atteindre les objectifs, celles où les grands partenaires du Canada n’assument pas leur engagement à atteindre les objectifs et celles dont les objectifs sont grandioses, hors de portée ou détachés de la réalité sur le terrain.
Quatrièmement, le gouvernement doit éviter les missions qui comportent des engagements à long terme ou permanents. Une date ferme doit être établie pour chaque déploiement des Forces canadiennes et les services militaires doivent être prêts à prendre une pause opérationnelle s’ils sont déployés pendant plus de trois ans.
Cinquièmement, le gouvernement doit évaluer si l’intervention militaire est le moyen le plus efficace et rentable pour atteindre un objectif. Si ce n’est pas le cas, d’autres formes d’intervention devraient être envisagées.
Sixièmement, les dépenses en capital du MDN devraient représenter 25 à 30 p. 100 de l’ensemble du budget de la défense. Ottawa devrait éviter le déploiement des Forces canadiennes pour effectuer des opérations qui risqueraient de réduire ce pourcentage.
Enfin, les opérations expéditionnaires ne devraient être menées que si elles font clairement l’objet d’un mandat populaire. L’unité nationale revêt une importance fondamentale sur le plan de la survie pour l’État canadien. Il faut bien s'assurer d'éviter tout déploiement militaire pouvant mettre en péril cette unité.
Je suis maintenant prêt à répondre à vos questions.
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Je crois que vous avez maintenant tous un exemplaire de ce document auquel je mettais la touche finale lorsque votre greffier a communiqué avec moi. Comme il s'agit d'une publication, il bénéficiera ultérieurement d'une plus large diffusion.
Je dis simplement que les Forces canadiennes vivent actuellement, qu'elles le veuillent ou non, une transformation de leur philosophie et de leur structure. C'est la réalité. La nomination d'un haut gradé de l'armée, un fait sans précédent au cours des 40 dernières années, pour mener cette opération de transformation montre bien que les Forces canadiennes reconnaissent elles-mêmes qu'elles doivent revenir aux bases fondamentales et trouver un juste équilibre entre une armée qui a été, depuis 40 ans, formée et consacrée quasi exclusivement aux missions de maintien de la paix, surtout depuis que nous avons quitté l'Allemagne autour de 1993, et une armée maintenant engagée dans un conflit à part entière, pour la première fois de notre histoire... Je parle de conflit à part entière, mais il s'agit en fait d'une mission contre-insurrectionnelle. À bien des égards, notre armée est devenue axée essentiellement sur la situation afghane. Nous avons acheté des tanks et des avions, et nous nous sommes dotés d'une capacité de combat qui, bien que réduite en nombre, est assez imposante et n'a rien à envier, livre pour livre, homme pour homme, aux forces d'ailleurs dans le monde.
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Surtout pas, d'autant plus que nous l'avons acquis à prix fort. Nous avons encore perdu un marin il y a quelques heures à peine.
Nous nous sommes donnés cette capacité de combat avec tous ces officiers et sous-officiers, dont de nombreux militaires chevronnés, qui ont livré bataille sur le terrain. À notre retour d'Afghanistan, la dernière chose que nous voudrons faire, si l'on fait abstraction des situations d'extrême urgence, c'est de demander à nos soldats d'endosser de nouvelles couleurs afin de repartir en mission pour le maintien de la paix.
Pour prendre une décision éclairée, nous devrons nous demander si nos forces armées, et notamment leur structure administrative très lourde, leur formation et leur équipement, correspondent vraiment à nos besoins. Que pouvons-nous faire dans le sens de l'intérêt national? J'ai soulevé certaines préoccupations, notamment quant à la sous-représentation des Autochtones. Les membres des minorités visibles sont également sous-représentés au sein des Forces canadiennes et nous savons que la situation ne va pas s'améliorer compte tenu des problèmes de recrutement et de maintien en poste que nous vivons actuellement. Nous devons marquer une pause pour analyser les choses avant de procéder à une restructuration.
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Je crois que nous devons, d'abord et avant tout, définir quelle sera la mission de nos forces et quel rôle elles sont appelées à jouer. À mon point de vue, ce rôle peut essentiellement s'articuler autour de deux volets. Il y a tout d'abord la défense du Canada — les forces aériennes, marines et terrestres — et tout ce qui en découle. Nous devons conserver une force résiduelle pouvant être déployée et intervenir isolément ou de concert avec nos alliés.
Il nous faut également maintenir notre tradition de collaboration avec nos alliés au sein de l'OTAN et des NU sur nos principales plateformes — aériennes, maritimes et même spatiales — car notre politique étrangère en dépend. Par conséquent, nous devons accepter d'assumer notre part des missions internationales, qu'ils s'agissent de situations comme l'Afghanistan ou de cas totalement différents, ou encore de véritables mandats de maintien de la paix des Nations Unies. Nous pouvons le faire en mettant à contribution notre capacité de combat et les structures de nos forces armées. Il ne s'agit pas pour nos militaires de servir au sein des forces de l'OTAN ou des NU; il s'agit d'abord et avant tout de répondre à nos besoins en matière de sécurité nationale.
Il faut notamment pour ce faire tenir compte de l'intérêt national, ce qui exige entre autres, comme je l'ai d'ailleurs précisé, une bonne capacité de recrutement et de formation. À l'heure actuelle, on manque d'officiers francophones. Il y a un déficit de capacité à ce chapitre. Si nous pouvions réouvrir le collège, je crois que ce problème pourrait être partiellement réglé. C'est un élément du processus — davantage à long terme qu'à court terme.
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Je suis certes d'accord avec votre dernier commentaire au sujet du collège, mais pour ce qui est de la transformation, il est difficile d'aller de l'avant sans connaître les objectifs visés. J'en conclus que nous devons composer non seulement avec la réalité des forces, mais aussi avec les objectifs globaux de la politique étrangère canadienne en alliant ces deux éléments, tout en évitant de perdre l'élan imprimé sur le terrain.
Par ailleurs, nos forces traversent une période d'adaptation, et il est possible que nous devions consolider notre position à l'échelle planétaire. Il serait peut-être bon que nous ciblions davantage nos actions. Les Australiens ont décidé de se concentrer sur une seule partie du monde, une stratégie qui a porté fruit dans leur cas. Notre zone de prédilection pourrait être hémisphérique, asiatique ou peu importe, mais il faut que ces choses soient bien claires. Il va de soi que nous ne pouvons pas agir en vase clos.
Vous avez soulevé une question que je trouve fort intéressante. Devrions-nous continuer à mettre l'accent sur les opérations menées sous l'égide des Nations Unies, ou devrions-nous nous en remettre à l'OTAN? Vous avez exposé quelques arguments probants à ce sujet.
Pourriez-vous nous en dire davantage? La mission en Somalie n'en était pas une de maintien de la paix, mais bien de rétablissement de la paix. Quiconque a pu voir l'équipement déployé là-bas sait fort bien que l'on cherchait à rétablir la paix. Certains de mes commettants croient aujourd'hui que notre mission en Afghanistan vise le maintien de la paix. Pourriez-vous nous en parler brièvement?
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Les missions de maintien de la paix s'inscrivent dans un continuum qui va des opérations de base de type constabulaires — dont Chypre serait un bon exemple pour la majorité des 40 années que nous avons passées là-bas — jusqu'aux opérations plus robustes d'application de la paix, comme celle menée en Somalie. On pourrait dire que les premières phases de notre déploiement en Afghanistan s'apparentaient également à une mission de maintien de la paix.
Une force de commandement et de contrôle apte au combat, bien entraînée, adéquatement armée et habilement dirigée peut s'acquitter de tout l'éventail des missions de maintien, d'application et de rétablissement de la paix. Nous n'avons jamais nourri d'ambitions expansionnistes et nous voulons, en tant que puissance intermédiaire, mettre nos forces militaires au service de notre démocratie et notre politique étrangère pour essayer d'instaurer la paix toutes les fois que cela est possible.
Si l'on fait exception du grand échec que nous avons dû essuyer — et je parle bien sûr du Rwanda —, nos missions et le déploiement de nos forces se sont plutôt bien déroulés. Si je pense par exemple à la Bosnie, nous avons su déployer des forces en quantité suffisante pour une mission apte à remplir un mandat bien défini. Je peux vous assurer que nous avons grandement contribué à restaurer la paix et la stabilité dans ces pays du monde.
Avions-nous suffisamment de ressources? En avons-nous assez fait? Ce n'est jamais assez, mais il faut dire que nous nous retrouvions, avant la mission en Afghanistan, avec une force de maintien de la paix que l'on pouvait qualifier de constabulaire à la lumière de son équipement, de son entraînement et de sa philosophie. Nous avions toute une génération d'officiers, presque deux générations en réalité, qui n'avaient jamais rien fait d'autre. Ce déficit s'est creusé encore davantage lorsque nous avons quitté l'Allemagne en 1992.
Je crois que nous avons fait fausse route, car en définitive les soldats que nous souhaitons pouvoir déployer pour assurer la paix doivent être formés au combat et dirigés en ce sens, sans quoi la mission est vouée à l'échec.
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Merci, monsieur le président.
Je voudrais remercier nos deux invités. Je trouve qu'ils ont fait une excellente présentation. Cela commence très bien la discussion qu'on doit avoir. Je ne vous cacherai pas qu'on a discuté longuement. Parle-t-on de peace making ou de peace building? Pour moi, les mots peace making veulent dire « établissement de la paix », alors que les mots peace keeping signifient les missions de paix traditionnelles.
Je constate que vos présentations contenaient beaucoup d'éléments, et M. Wilfert en a souligné quelques-uns: les intérêts nationaux, ainsi que l'importance des pauses pour les forces armées parce qu'elles sont peut-être un peu fatiguées. J'ai bien apprécié aussi, monsieur Wilfert, votre acte de contrition à l'égard du Collège militaire royal du Canada. Je crois qu'il s'agit d'une erreur historique. Je vois que, maintenant, le Parti libéral est plus enclin à corriger l'immense injustice qui a été faite. J'accueille donc très favorablement votre remarque. Ce n'est pas quémander, c'est un terme à propos pour le président du comité.
Vous avez soulevé une chose dans votre document dont vous n'avez pas encore parlé. Il s'agit de l'importance du contrôle du Parlement. Je pense qu'on est en plein dans le sujet, actuellement. Quand on parle de transformation, je me demande si ce n'est pas le temps de faire le grand ménage, alors qu'on est sur le point de s'arrêter en Afghanistan. Je parle de grand ménage, et je trouve que le Parti conservateur, lorsqu'il est arrivé au pouvoir, n'a pas procédé de la bonne façon. Ne serait-ce pas le temps de refaire la politique étrangère? Il faudrait une politique qui permette au Canada de dire ce qu'il veut faire dans le monde et quels sont les intérêts nationaux qu'il veut défendre. Une fois cette politique étrangère faite, on passe à la politique de la défense, car c'est un bras très important de la politique étrangère. Que fait-on de notre armée? Je pense que le temps est venu de poser ces questions. Le temps est aussi venu de faire un plan d'acquisition de matériel. C'est la logique qu'a toujours défendue le Bloc québécois. On définit d'abord la politique étrangère, puis la politique de la défense et ensuite le plan d'acquisition de matériel pour accomplir ce qui est demandé.
Croyez-vous que ce serait le temps de procéder ainsi? Ce que vous nous donnez est large, mais si on était capable de franchir ces trois étapes dans l'ordre, je pense qu'on pourrait parvenir à nos fins. J'aimerais connaître votre opinion à tous les deux là-dessus.
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Monsieur Bachand, sur le plan académique, on peut voir que les politiques étrangères et les politiques de défense s'imbriquent, mais de façon linéaire. Je n'y crois pas. La plupart du temps, les pays répondent à des crises et à des urgences et, surtout depuis le début du XX
e siècle, on se déploie pour les guerres comme elles viennent. C'est ce que le Canada fait. On a fait la guerre avec des uniformes qui n'étaient pas appropriés et des véhicules qui n'étaient pas blindés, au tout départ, quand on était à Kaboul. Nous n'avions pas d'avions ni de chars d'assaut. On s'est équipés au cours des combats. C'est ce qui arrive la plupart du temps: les pays font de leur mieux et se mobilisent au fur et à mesure.
Il est très rare qu'un pays, à la fin d'une guerre, puisse revenir vainqueur, la tête haute, et être capable d'en tirer des leçons et de se faire une image relativement claire de l'avenir. On sait que l'avenir sera aussi dangereux qu'il l'est maintenant. L'Afghanistan n'est qu'un avant-goût de ce qui nous attend. Le Canada n'a pas seulement l'occasion, mais l'obligation de se préparer non pas pour le prochain Afghanistan, mais pour les 100 prochaines années, peut-être, en se dotant de forces, en les structurant et en les équipant. On peut prendre un, deux ou trois ans, le temps qu'il faudra. Ce n'est pas de la partisanerie; nous avons tous un intérêt commun, la sécurité nationale, et il faut avoir les meilleures forces que l'on peut. On sait déjà qu'on aura de la difficulté à garder les effectifs actuels, parce que le recrutement est difficile. Il y a beaucoup de concurrence, que ce soit en raison du commerce ou de toute autre chose. Il y aura des limites à ce qu'on pourra acheter, car cela coûte une fortune. On sait que nos navires doivent être remplacés, tout comme nos avions de combat. On fait une pause pour étudier cela et ensuite on recommence à nouveau. Cela ne se fera pas du jour au lendemain parce qu'on doit être alerte constamment. S'il y avait une urgence, une catastrophe de n'importe quelle sorte, les forces seraient appelées à se déployer immédiatement avec ce qu'elles ont. Il faut faire une pause maintenant avant de renvoyer nos forces à l'étranger et d'accepter une nouvelle mission.
On doit faire le point et étudier ce que vous mentionnez, la question des acquisitions, de la structure des forces, du recrutement, de l'entraînement et du point de mire des forces. Présentement, l'armée est une armée de combat, mais ce n'est pas le cas des autres éléments. Tout cela a besoin d'examen et je crois vraiment, comme démocrate, que ce comité est le point de départ pour débattre des intérêts politiques, diplomatiques, militaires et tout le reste.
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En principe, oui, le gouvernement devrait énoncer sa politique étrangère avant d'énoncer sa politique de défense. Cela dit, je mettrais l'accent sur deux points.
Premièrement, la politique de défense n'est pas uniquement le résultat de la politique étrangère, mais elle est aussi — et c'est d'autant plus important — l'énonciation de sa politique de sécurité nationale. Il faut reconnaître les deux: la défense du Canada est aussi importante que les objectifs de la politique étrangère.
À mon avis, il faut également reconnaître que la politique étrangère change assez rapidement. Le plus important est vraiment d'avoir des forces flexibles et de commencer les achats le plus vite possible. Alors, en principe je suis d'accord avec vous, mais je crois que la stratégie déjà énoncée par le gouvernement conservateur est suffisante, pour l'instant, pour nous donner un indice de ce qu'on doit acheter et nous indiquer si on a le budget pour le faire. Cette stratégie a été énoncée.
En principe, les forces ne changeront pas vraiment de nature. Ce seront des forces flexibles, qui peuvent mener des opération de combat et également défendre le Canada et contribuer à la défense du continent. Le plus important présentement, d'après moi, serait d'encourager véritablement cette stratégie et ces achats.
J'aimerais maintenant répondre à l'autre question, soit celle du contrôle du Parlement. Ce n'est pas votre rôle, mesdames et messieurs, de contrôler la politique du gouvernement. Vous êtes ici pour donner des conseils au gouvernement. Le gouvernement demeure responsable des politiques de défense. Si le comité tente de dénoncer une politique de défense comme telle, il ne joue tout simplement pas son rôle. Son rôle est de donner des conseils au gouvernement.
Je crois que la seule façon de maintenir le gouvernement responsable et redevable de ses politiques est de lui permettre d'énoncer ses politiques. Je reconnais l'enthousiasme démocrate qu'on a, mais il faut tout de même reconnaître notre système parlementaire. Votre rôle est vraiment de conseiller et non de tenter de contrôler les responsabilités de l'exécutif.
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Merci, monsieur le président.
Monsieur Lagassé, il semble y avoir à ce sujet un léger désaccord quant à savoir si nous devons nous montrer plus proactifs dans les conseils que nous dispensons ou s'il nous faut plutôt attendre que le gouvernement établisse ses politiques pour ensuite les critiquer. Je penche du côté d'une approche un peu plus proactive, surtout lorsqu'il est question de maintien de la paix ou de missions de paix, lesquelles s'assimilent plus à une action susceptible de définir une nation que certains autres aspects de la défense.
Colonel Drapeau, j'ai trouvé vos commentaires fort intéressants et j'aimerais bien que vous nous en disiez davantage. Je ne suis certes pas un expert de la contre-insurrection, mais l'Histoire m'a appris que les opérations semblables exigent le déploiement d'effectifs très considérables pour obtenir des résultats très limités, comme en témoignent les études menées au fil des ans sur les opérations militaires de cette nature. Est-ce que le Canada est capable de mener à bien des opérations semblables?
À mon point de vue, nous devons nous limiter à un rôle accessoire dans le cadre d'une mission dirigée par quelqu'un d'autre. Le Canada devrait-il consacrer de grandes quantités de ressources — et je ne parle pas de spécialisation — à ces opérations ou pourrait-il emprunter d'autres avenues avec des forces aptes au combat? Pour la défense du pays, je conviens avec vous que nous avons besoin de telles forces prêtes à combattre, mais si nous devions nous spécialiser sous d'autres aspects de notre capacité d'intervention, devrions-nous opter pour la contre-insurrection ou envisager d'autres possibilités?
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Pour être bref et direct, je vous dirais que j'envisagerais certes d'autres avenues en m'inspirant de l'expérience actuelle en Afghanistan pour faire le point.
J'estime que lorsque nous réfléchirons à tous les succès obtenus à notre retour au pays — et j'utilise le « nous » au sens le plus large possible —, nous constaterons qu'il nous a été difficile, au sein de l'alliance des forces de l'OTAN, de mobiliser tous les intervenants pour les inciter à mettre l'épaule à la roue. Il ne fait aucun doute que le Canada a fait sa part et même bien davantage. Mais, en dernière analyse, les 100 000 soldats que nous avons déployés en tout et partout en Afghanistan sont bien loin d'être suffisants pour faire de cette mission anti-insurrectionnelle non seulement une réussite, mais un succès incontestable.
Alors pourquoi donc le Canada, petite force militaire, voudrait-il se lancer à nouveau dans une mission aussi périlleuse? Il faut en outre se demander si notre intérêt national est bien servi et ce que nous tirons d'une opération semblable qui n'est qu'une possibilité parmi d'autres dans le continuum des missions de combat. Je ne crois pas que le Canada dispose de forces armées d'une taille suffisante pour s'engager dans une autre opération de ce type. Je ne pense pas non plus que c'est ce que souhaite la nation canadienne. Si nous devions récidiver, nous voudrons sans doute nous assurer que nous engageons le combat aux côtés de tous nos alliés, sans exception, de telle sorte que nous fassions notre juste part, mais pas davantage.
Je ne suis donc pas favorable à ce que nous équipions et déployons nos forces dans le cadre d'autres missions de contre-insurrection. Cela ne figurerait pas en tête de ma liste des choses à faire, bien au contraire.
Tout en reconnaissant, bien évidemment, comme nous en sommes tous conscients, que nous avons subi là-bas de bien lourdes pertes, j'estime intéressant de souligner que plusieurs de nos efforts de combat ont aussi été couronnés de succès. Vous avez indiqué que nous pouvons désormais compter sur des soldats exercés au combat et que, chose intéressante, cette expérience est particulièrement importante dans le cas des sous-officiers, les commandants sur le terrain qui dirigent les forces, les commandants de peloton, etc.
Je mets ces constatations en parallèle avec vos commentaires au sujet de la lourdeur de l'organisation pour ce qui est de ses officiers ou de ses têtes dirigeantes. Vous avez considéré des ratios permettant d'évaluer la situation au Canada par rapport aux États-Unis et au Royaume-Uni; je ne sais pas si ce sont les meilleurs bases de comparaison possibles. Ces pays ont des armées gigantesques et il se peut qu'il y ait certaines économies d'échelle.
Si nous donnons suite à votre suggestion de transformer nos forces pour les rendre plus efficientes, il faudrait notamment, je présume, réduire le nombre d'officiers et confier à chacun davantage de forces directes, peut-être réduire le personnel à l'administration centrale du MDN ou reconfigurer l'organisation d'une manière ou d'une autre. Quelles sont les tâches superflues que l'on pourrait supprimer, si je puis m'exprimer ainsi?
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Monsieur Harris, vous n'avez pas idée du nombre d'études qui ont pu être réalisées à ce sujet. Lorsque j'étais au sein des forces, j'ai moi-même participé à trois ou quatre missions visant à trouver un moyen de réduire la taille du Quartier général de la Défense nationale, qui employait à l'époque entre 10 000 et 15 000 personnes, incluant civils et militaires, ce qui est énorme.
En outre, nous avons mis sur pied après notre déploiement en Afghanistan différentes organisations, dont Commandement Canada et Commandement expéditionnaire Canada, qui drainent elles aussi notre bassin d'officiers et d'agents civils supérieurs.
Je veux simplement faire valoir que la lourdeur actuelle de nos structures administratives nous prive d'effectifs qui pourraient grossir les rangs de nos unités de combat, de nos escadrons, etc. Le moment est venu de nous pencher sur la question à nouveau et je ne crois pas que les Forces canadiennes, compte tenu des pressions qui s'exercent sur elles, de leur petite taille et des problèmes de recrutement et de rétention qu'elles connaissent, peuvent continuer à maintenir un ministère de la Défense nationale dans ses dimensions actuelles, sans compter toutes ces nouvelles instances administratives mises en place il y a quatre, cinq ou six ans, je ne sais plus trop. Dans le cadre du processus de transformation, il faudra chercher à réduire la taille d'une partie de ces structures, plutôt que de les considérer comme un fait accompli.
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Merci, monsieur le président, et je remercie également les deux témoins d'être des nôtres.
Tout d'abord, je tiens à dire que les Forces canadiennes, au moins au cours des deux dernières années, ont dépassé leurs objectifs de recrutement, ce qui présente un défi sur le plan de la formation. De surcroît, les départs naturels ont diminué.
Monsieur Lagassé, vous avez parlé de la défense du Canada et des demandes d’aide au pouvoir civil qui doivent être formulées avant tout déploiement, quelle que soit la raison. N'est-il pas juste de dire que les situations d’aide au pouvoir civil peuvent se présenter très rapidement et que nous pourrions ne pas être en mesure d’y donner la priorité si nos forces sont déjà déployées ailleurs?
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Effectivement, je crois que c'est une partie du problème. Admettons que l’on doive déployer les Forces canadiennes après 2011 dans une opération d'envergure internationale et qu’une crise interne majeure éclate en même temps — qu’il s’agisse de la gestion de conséquences environnementales ou d’une autre situation pour laquelle le vaste concours des Forces canadiennes est instantanément nécessaire. Si les Forces canadiennes étaient incapables d’intervenir d'une manière à laquelle s’attendent les Canadiens, le gouvernement aurait beaucoup de mal à expliquer pourquoi.
Si l'on considère l'armée en fin de compte comme une police d'assurance, il faut reconnaître que nous avons besoin d'une certaine force pour être en mesure d’intervenir, quel que soit l'événement qui se produit au Canada. Il faudrait donner la priorité au pays pour pouvoir composer avec une telle situation.
Je suis conscient que cela peut nuire à notre activité sur la scène internationale et à notre capacité de déployer des forces à l’étranger et de participer à ces types d'opérations. Cependant, si nous prenons la politique pour ce qu’elle dit, que nous prenons au sérieux notre engagement concernant la défense du Canada et des Canadiens et la paix du pays et que nous en faisons notre priorité, nous devrions retenir un nombre suffisant de militaires pour être en mesure d'entreprendre ces types d'opérations, indépendamment de nos autres opérations à l’étranger.
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Je crois qu’au Canada, les deux intérêts nationaux majeurs constituent notre mode de vie à la fois sur le plan des valeurs et de la prospérité économique. Pouvons-nous établir un lien direct entre ces valeurs et intérêts et de nombreuses opérations internationales que nous avons menées par le passé? Oui, c’est possible. Par ailleurs, il y a certaines autres opérations pour lesquelles un lien direct ne peut être établi.
Dans l'avenir, voici certaines opérations pour lesquelles j’estime que nous pouvons démontrer un apport quant à ces intérêts. D'abord et avant tout, il faudrait garder les lignes de communication maritimes, qui sont vitales pour l’armée et pour notre prospérité en tant que nation commerçante. Vient ensuite la stabilité des grandes régions pour lesquelles nous avons un intérêt, comme l'Europe orientale ou occidentale. C’est moins le cas de l'Asie centrale, car je doute que l'on puisse actuellement établir un lien démontrable entre notre mode de vie principal et la prospérité économique de cette région, ainsi que de certains endroits de la région du Pacifique. Une instabilité majeure dans cette région, particulièrement l'hostilité entre certaines grandes puissances de la région, nous toucherait directement, mais il faudrait en même temps évaluer cette situation en tenant compte de ce que nous pourrions faire pour la résoudre.
Une légère variante de cette question consisterait à nous demander s’il faut également afficher une certaine camaraderie et un peu de solidarité envers notre principal partenaire commercial. Oui, nous le devons. Dans certains cas, il est important de montrer aux États-Unis que nous sommes de bons alliés et que nous prenons également leur sécurité au sérieux. Cela peut souvent justifier le déploiement des Forces canadiennes. Cependant, il faut décider combien de ces forces envoyer et à quel coût, pour montrer que nous sommes de bons alliés. Pour l’Afghanistan, je ne suis pas tout à fait certain que nous avons établi cet équilibre de la manière la plus efficace possible.
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Je ne pense pas que la façon de conduire la guerre en Afghanistan ait rien de nouveau. Le recours aux bombes de circonstance remonte aussi loin que l'invention de la poudre à fusil. Une bombe de circonstance ne coûte pas grand-chose et il n'y a pas besoin de grandes compétences pour la construire, ni pour la dissimuler et qu'elle cause les dégâts voulus.
La lutte contre un ennemi qui est doté de moyens rudimentaires, qui ne se montre pas — il ne porte pas d'uniforme, il agit dans le noir et ne s'engage pas dans le combat — date d'aussi loin que la guerre, d'aussi loin que la contre-insurrection. Il nous faut prendre des mesures, et nous en avons prises, notamment en nous munissant d'autres véhicules blindés, en recourant plus au déploiement tactique pour essayer d'en tirer des leçons, et c'est toujours ce que nous faisons. Mais au bout du compte, ce n'est pas le meilleur exemple de conduite de la guerre. Ce n'est certainement pas une opération militaire classique en soi.
Indépendamment des énormes succès remportés et des dures leçons apprises en Afghanistan, les Forces doivent tourner le regard vers l'avenir, et non pas tant se rééquiper que se reconfigurer. Dans certains cas, il faudra du nouvel équipement et mettre au rencart une partie de l'équipement. De retour au Canada, qu'allons-nous faire, par exemple, des chars d'assaut achetés? Avant d'aller en Afghanistan, nous avions passé 50 ans sans le moindre char d'assaut au Canada — nous en avions en Europe, mais pas ici. Alors une certaine restructuration s'imposera.
En fait, quand on parle de restructuration, je me demande bien par où on commencerait. C'est pourquoi je dis qu'il nous faut un temps de réflexion.
Il y a un enjeu sur lequel nous devons nous pencher de toute urgence, celui du Grand Nord. Qu'allons-nous faire, comment allons-nous assurer une présence militaire? Quand? Sous quelle forme et dans quel but, dans le Nord? Je pense qu'il est de plus en plus reconnu qu'il nous faut faire plus, et je pense que le gouvernement actuel fait des progrès en ce sens.
Deuxièmement, et je terminerai ici, je pense que notre milice a joué un rôle de force parallèle, et non de force totale. Nous avons largement exploité les ressources de la milice depuis notre déploiement en Afghanistan: de 15 à 20 p. 100 des soldats qui sont en Afghanistan sont des membres de la réserve. C'est bien; ils ont servi comme renfort individuel. Qu'allons-nous faire maintenant pour assurer la sécurité du pays, pour assurer une présence militaire partout au Canada, dans chaque province et chaque territoire? Y a-t-il meilleur usage à faire de l'argent investi dans la milice et, de fait, les sommes qui y sont investies suffisent-elles? Et faudrait-il équiper et former la milice comme elle l'est maintenant, ou encore comme elle devrait l'être dans le futur?
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D'abord et avant tout, le Canada est un pays commerçant, et nous sommes tributaires du commerce international. Alors, il est absolument essentiel, en premier lieu, d'avoir des routes de navigation ouvertes. Il est important d'affirmer notre gouvernance territoriale sur l'océan et nous avons là un vaste territoire à couvrir; des étrangers viennent pêcher dans nos eaux, polluer nos eaux. Il est tout à fait primordial d'assurer une présence et d'être en mesure de les intercepter. Alors, je dirais que ce sont là nos priorités absolues.
Deuxièmement, compte tenu de la menace omniprésente du terrorisme, il faut aussi protéger notre espace aérien.
Je commencerais par là. Nous avons une frontière mitoyenne avec les États-Unis et nous avons conclu avec eux un arrangement en matière de défense. La menace terrestre n'est donc pas aussi grande.
Mais comme je le disais tout à l'heure, il nous faudra maintenir une présence militaire dans le Nord, ne serait-ce que pour assurer, affirmer ou défendre notre souveraineté. Je pense que c'est l'essentiel des mesures à prendre.
La dernière chose, c'est qu'il faudrait répartir l'effectif dans tout le Canada pour qu'il puisse intervenir en cas de catastrophe naturelle. Je répondrais à votre question par une autre question: comment réagirions-nous demain s'il survenait une catastrophe, disons, en Colombie Britannique, où nous n'avons pas d'effectif? C'est une chose qui me préoccupe.
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En un mot, je vous dirais que je l'ignore, parce que je ne sais pas s'il existe une « solution militaire » à ce problème. Je dirais plutôt qu'il nous faudra probablement revenir à l'essentiel — nous, de concert avec nos alliés — pour déterminer s'il n'y a pas meilleur moyen de conjuguer nos efforts nationaux et internationaux. Je pense surtout à l'efficacité de notre appareil de renseignement, qui semble faire quelque doute. C'est par là que je commencerais.
Nous pouvons investir énormément en ressources automatisées, humaines, etc. Mais à moins d'avoir des renseignements valables en temps opportun et d'en échanger une partie — et je ne suis pas sûr que nous le fassions actuellement —, je ne crois pas que nous ayons la clé, la bonne formule. Ce n'est pas une critique; c'est seulement un constat. Ils sont plus astucieux et plus technologues, mieux capables de franchir les frontières, d'emprunter les voies aériennes ou maritimes, etc. Donc, le renseignement revêt une importance primordiale. De plus, non seulement la coopération, mais aussi la mise en commun des services de renseignement, des forces constabulaires et de l'armée pourraient donner jour à une nouvelle formation, une nouvelle organisation pour faire face à cette menace. Je ne crois toutefois pas que nous en soyons déjà là.
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Si c'est ce que vous avez compris de mes propos, c'est que je me suis mal exprimé. Je n'appuierais pas le déploiement rapide d'une force opérationnelle des Forces canadiennes à moins d'une urgence véritable, ce que je ne vois pas se profiler à l'horizon. C'est une première chose.
Deuxièmement, ce que je ne ferais pas à cause des leçons que nous avons apprises à très gros prix, c'est rétablir un rôle de maintien de la paix, ou une mentalité ou une philosophie de maintien de la paix au sein de nos Forces. Nous devons entretenir ce que nous avons acquis par l'expérience et la connaissance du combat, notre maturité, nous assurant de le maintenir à ce niveau particulier. Autrement dit, si nos Forces peuvent jouer dans la LNH du combat — l'Afghanistan —, elles pourront s'acquitter de n'importe quelle mission de maintien de la paix.
Il n'en est pas de même de l'inverse. Si nous abaissons les niveaux de notre équipement, de notre formation et de nos attentes à l'égard de nos Forces pour qu'elles soient tout juste « assez bonnes » pour assurer le maintien de la paix, le jour où elles devront aller au combat, nous allons les trouver déficientes. C'est ce qui nous est arrivé au début, en Afghanistan: pour tout équipement, nous avions de vieux Iltis. Ce n'était pas tellement les armes, mais plutôt le fait que l'équipement n'était pas assez blindé et que nos soldats n'avaient pas connu le champ de bataille. Je ne dis pas qu'il nous faut aller sur le front. Je propose plutôt d'augmenter l'intensité pour qu'ils soient préparés à intervenir dans le pire des cas...
Je n'ai qu'une courte question à la suite des propos de M. Drapeau. Je siège au Comité permanent des comptes publics, ce qui fait que je travaille sur les rapports de la vérificatrice générale, et nous avons actuellement devant nous deux rapports. Une critique de la vérificatrice générale porte sur les acquisitions militaires et une autre sur l'évaluation des programmes.
Monsieur Drapeau, dans votre document, vous avez insisté sur la question de la gouvernance, soit sur la nécessité pour la Défense nationale d'exercer l'autorité sur son budget et sur l'approvisionnement en systèmes d'armes d'importance. Questionnés à ce sujet, les hauts dirigeants du ministère de la Défense nationale et de celui des Travaux publics et des Services gouvernementaux nous ont présenté leurs doléances. À notre grande surprise, ils ont surtout affirmé que, malheureusement, à ce jour, ils n'avaient pas de règles pour déterminer ce qui constituait un achat urgent. Quant aux acquisitions, ils n'étaient pas dans la possibilité de faire des achats rapidement.
Malheureusement, l'élément déclencheur d'urgence a été les catastrophes que vous avez énoncées: l'arrivée en Afghanistan avec des équipements inadéquats, la mauvaise gestion du matériel qui arrive, des inventaires inadéquats, les Leopard C1 et Leopard C2, ceux-ci étant incapables de prendre les équipements militaires nécessaires au théâtre d'opérations.
J'aimerais entendre votre opinion à propos des achats militaires. Quel rôle pourrions-nous jouer? Quelles améliorations pourraient être apportées du point de vue des mécanismes de contrôle à l'intérieur des différents ministères? On sait qu'actuellement on a une unité spéciale à la Défense nationale et que le ministère des Travaux publics et des Services gouvernementaux travaille maintenant de façon plus conjointe; on a reçu la procédure qui y est suivie. Par contre, pour les approvisionnements à la base, il a de la difficulté à faire des évaluations de programme, à déterminer ce qui va arriver dans l'avenir ainsi qu'à faire les achats urgents.
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Madame Faille, je ne sais pas par où commencer, mais laissez-moi prendre au plus court. Comme j'étais officier de la logistique au sein des Forces canadiennes, j'ai acquis de l'expérience avec les achats publics. Depuis ce temps, je m'aperçois que le problème réside peut-être dans l'abondance et la duplication de contrôles. Nous avons deux ministères qui ont effectivement chacun une responsabilité et un désir ardent d'aller chercher le meilleur possible pour nos soldats, je n'en doute pas du tout. Cependant, ils ne travaillent pas à l'unisson, mais de façon linéaire.
Le ministère de la Défense nationale a une cellule, une division des achats publics très importante avec une bureaucratie très lourde. Et une fois qu'elle a fait son travail de façon minutieuse, ça se rend à Travaux publics et Services gouvernementaux Canada, qui a une bureaucratie encore plus lourde. Ça peut donc prendre 20 ans pour faire l'acquisition d'un vaisseau et ça coûte une fortune. Or, lorsque se pointe à l'horizon un nouveau danger auquel on doit répondre, le chef de la Défense nationale, le premier ministre ou les gens responsables d'approvisionner nos militaires en situation de combat doivent suivre des procédures extraordinaires. Ils diront: « We want it, we want it now. » En réalité, pour ce qui est des systèmes d'achats publics, tant le ministère de la Défense nationale que le ministère des Travaux publics et des Services gouvernementaux, ou encore les deux ensemble, sont incapables de réagir.
Que peut-on retenir de tout ça? Ça nous coûte probablement beaucoup plus cher. On a probablement ajouté, au fil des ans, des couches de peinture pour s'assurer d'avoir un meilleur système, plus confortable, pour éviter les abus, les fraudes ou les erreurs. Et où est-on rendu? On est embourbé.
Alors, ma recommandation est simple: revenons peut-être à ce que nous avions il fut un temps. Donnons au ministre de la Défense nationale, qui a la responsabilité ultime de défendre la sécurité du pays et de motiver ses soldats à aller au combat, les outils nécessaires, c'est-à-dire une agence d'achats publics — ce que j'appelle une agence d'approvisionnement. Ça a déjà existé. Quand j'étais dans les Forces canadienne en 1960, on avait exactement ça. Le ministère des Travaux publics et des Services gouvernementaux pourrait alors s'occuper du matériel de bureau et des produits qui ne sont pas purement militaires.
Je ne pense pas être le seul à réclamer ce genre de choses. Lorsqu'il est question de configuration et de reconfiguration, c'est une des étapes par laquelle je commencerais, c'est-à-dire déterminer ce qu'on fait.
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Tout d'abord, permettez-moi de vous décrire un peu le contexte. Je serai bref.
L'idée n'est certainement pas nouvelle. Aux États-Unis, avant 2001, ils avaient ce qu'ils appelaient la doctrine Weinberger, devenue ensuite la doctrine Powell: on ne doit s'engager dans une situation qu'avec une certaine capacité, une force d'une certaine envergure, en ayant au préalable défini ses objectifs. Je pense que c'est un principe simple, que nous devrions aussi avoir à coeur, en tant que pays qui, toujours, se joint à d'autres, et en tant qu'allié plus modeste. C'est-à-dire qu'à moins que nos alliés se mobilisent en sachant précisément ce qu'ils cherchent à accomplir, à moins qu'ils s'engagent avec une certaine capacité et sachent exactement le rôle qu'ils veulent que nous jouions, et à moins aussi que nous sachions ce que nous pouvons apporter... C'est la clé du succès.
Si, par contre, nos alliés plus imposants ne savent pas exactement ce qu'ils espèrent accomplir, si nous n'avons pas d'indication claire qu'ils s'investissent résolument dans la mission qu'ils ont à l'esprit, et si nous ne sommes pas bien sûrs de notre rôle dans l'équation, à part simplement remplir les tâches les plus difficiles, nous devrions nous garder d'y participer.
Ce n'est certainement pas une idée fantasque. Nous avons maintenant l'expérience. Nous nous acquittons de la mission depuis cinq ans. Il ne faudrait jamais accepter une mission parce qu'aucun autre pays ne veut s'occuper d'une certaine région d'un pays instable. En résumé, c'est un mauvais motif pour s'engager dans une opération. Bon, nous pouvons penser que c'est notre obligation en tant qu'alliés. D'un autre côté, nous en ressortons perdants, quand personne ne veut se proposer pour prendre notre relève le moment venu.
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Si le Canada déployait ses troupes indépendamment pour entreprendre des opérations de combat d'envergure, j'accepterais votre point de vue. Cependant, ce n'est pas ce que nous faisons. Depuis la Deuxième Guerre mondiale, nous avons toujours déployé nos troupes dans le cadre de coalitions plus vastes. Nous savons que la coalition plus vaste sera dirigée par l'une de nos grandes puissances alliées, que ce soit les États-Unis, la Grande-Bretagne et ainsi de suite, et que c'est cette dernière qui fournira la très grande majorité des troupes et qui assumera la majeure partie des coûts de la mission.
Il n'est pas question qu'il y ait une date de fin des opérations pour l'alliance tout entière ou pour la mission tout entière. Il s'agit simplement de dire que, connaissant la taille de nos forces et les limites de sa contribution, le Canada devrait préciser clairement à ses alliés de plus grande taille quel effort il est prêt à consentir et pendant combien de temps, avant que nous devions revenir pour faire une pause et refaire nos forces en vue, peut-être, d'un nouveau déploiement.
Je ne pense pas que ce soit en dehors du domaine des possibilités. Je ne pense pas que cela signalerait quoi que ce soit d'autre à un adversaire que notre volonté de nous engager à long terme. Nous essayons en réalité de signaler à nos alliés que nous pouvons déployer nos troupes pendant un certain temps, mais que nous nous attendons à ce qu'ils nous remplacent pendant que nous nous reposons, que nous récupérons et que nous nous préparons pour des déploiements futurs.
Je suis d'accord avec l'idée qu'on ne devrait pas préciser une date de fin des opérations pour la mission tout entière. Quant à la contribution du Canada, par contre, étant donné que nous sommes une puissance secondaire dans la plupart de ces opérations, ce serait, à mon avis, une décision prudente et sage et cela permettrait à nos alliés de se préparer à nous remplacer de manière prudente et efficace.
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Eh bien, premièrement, le Canada a déclaré la guerre à l'Allemagne le 9 septembre 1939. Il est faux de dire que le Canada n'a pas été menacé. Le Canada a été directement menacé.
Il y a un second point qui, à mon avis, doit être signalé. Le Parlement ne décide pas. C'est une prérogative de la Couronne. Vous pouvez conseiller la Couronne sur le moment de déployer les troupes, mais la décision de déployer les troupes appartient à la Couronne et à l'organe exécutif. Cela doit être clair.
Même lorsque nous utilisons la Seconde Guerre mondiale comme exemple, c'était un effort allié et il y a eu certaines missions où le Canada a dit clairement qu'il ne contribuerait pas. Nous n'avons pas été un acteur important dans le Pacifique. Il était parfaitement légitime de notre part de dire que nous n'allions pas nous engager sur ce théâtre d'opérations particulier après Hong Kong. Il est correct pour tout allié comme le Canada de délimiter ce qu'il fera et comment il contribuera. Nous verrons des choses très semblables dans les conflits de l'avenir.
Jamais le Canada n'a déclaré que la mission en Afghanistan devait prendre fin à une certaine date. Il a simplement dit que la contribution canadienne à la mission plus vaste de l'OTAN devait avoir des limites. Autrement, vous vous exposez à beaucoup d'abus de la part de vos alliés qui ne feraient que supposer que vous êtes prêts à assumer un coût extraordinaire, parce que vous n'avez pas signalé que vous partiez ou que vous aviez des limites. Pour une puissance de plus petite taille comme le Canada, il est tout à fait raisonnable de déclarer qu'il y a des limites à ce qu'elle peut faire et qu'elle s'attend à un appui.
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Supposons un instant que nous n'ayons pas gardé une certaine capacité au Canada pour faire face à une menace et que la bombe ait effectivement sauté. Ma réaction initiale aurait été de dire que nous aurions dû avoir suffisamment de soldats pour faire face aux conséquences de cette attaque. Ce serait mon premier point.
Mon deuxième point, c'est que, d'après ce que nous avons entendu jusqu'ici, l'un des présumés auteurs de l'attentat était d'origine pakistanaise ou un citoyen pakistanais, et je ne crois pas que le Canada serait en mesure de provoquer un changement de régime au Pakistan, ou qu'il voudrait le faire, simplement parce qu'un citoyen de ce pays a préparé une attaque en sol canadien.
Nous devrions entreprendre un effort coordonné, à facettes multiples, pour améliorer la sécurité sur notre territoire, pour améliorer la capacité de notre agence civile à faire face à cette menace initialement et, peut-être, si nous pouvions établir clairement, par l'intermédiaire des services de renseignements, que cette personne a reçu un entraînement dans certains camps, que nous pourrions préparer des opérations limitées contre ces camps ou contre certaines personnes qui ont facilité cette attaque. C'est quelque chose d'entièrement différent, cependant, que de dire que le Canada devrait alors s'engager dans un exercice de transformation d'une nation à grande échelle dans une certaine partie du monde dont nous savons très peu de choses.
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Merci, monsieur le président.
Nous avons parlé un peu de l'ONU, mais de toute évidence, monsieur Lagassé, lorsque les gens pensent au maintien de la paix, la plupart des gens pensent automatiquement à l'ONU, les casques bleus, et tout cela. Nous savons, évidemment, comment cela a changé.
L'ONU est un concept extraordinaire qui, à mon avis, s'est révélé un échec lamentable lorsqu'il s'agit de faire face à des situations dans le monde. Pouvez-vous nous parler de l'avenir de l'ONU dans les missions de paix, dans l'ensemble?
Elle n'a pas de capacité propre pour faire quoi que ce soit. Elle devra toujours faire les choses par l'intermédiaire des États membres. Pouvez-vous faire des observations là-dessus?
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À partir de là, parce que l'ONU n'a pas la capacité de faire appel aux États membres, s'il y a une opération de casques bleus non classique comme l'Afghanistan, elle peut discuter et elle peut adopter des résolutions, mais elle doit se tourner vers un organisme comme l'OTAN si elle veut un instrument pour faire cela.
De toute évidence, il est difficile de dire ce que l'avenir nous réserve, mais en ce qui concerne le principe de la « responsabilité de protéger », qui a été adopté par l'ONU — c'était une initiative canadienne, et tout cela, et c'est bien beau —, comment cela s'articule-t-il avec le maintien de la paix traditionnel et où allons-nous à partir de là?
Quel sera l'orientation de l'ONU à partir d'ici? Doit-elle accepter le fait que les deux tiers de ses États membres sont des dictatures? Probablement que la façon dont l'ONU a fonctionné dans le passé n'a pas réussi et que fera-t-elle à partir de là? De toute évidence, cela a des répercussions pour le Canada.
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Je vais me dépêcher, monsieur le président.
Monsieur Lagassé, j'aimerais que vous précisiez votre pensée. Un peu plus tôt, vous avez dit qu'il n'était pas du ressort des comités d'aller trop loin du côté des décisions gouvernementales. Je ne sais pas si vous avez lu la réponse de M. Milliken sur l'enjeu des documents, mais il est clair que le Parlement, et donc ses comités, a des rôles assez importants à jouer. On doit s'assurer que le gouvernement fait bien son travail, et pour ce faire, il faut nous fournir tous les instruments.
J'aimerais vous donner l'occasion, en 30 secondes, de clarifier votre point de vue qui m'a fait sursauter un peu.
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Si vous voulez ma réponse complète, je vous reporte à ma nouvelle étude de l'IRPP qui a été publiée le mois dernier et qui traite exactement de ce sujet. Cette étude s'intitule «
Accountability for National Defence: Ministerial Responsibility, Military Command and Parliamentary Oversight », si ça vous intéresse.
Toutefois, je peux vous répondre très rapidement que, en effet, le Parlement a la responsabilité de revoir les décisions du gouvernement. Cependant, pour qu'un gouvernement soit compétent et entièrement responsable de ses politiques, la prise de décisions doit lui revenir.
Effectivement, le comité a comme rôle de conseiller le gouvernement, mais votre rôle premier est de revoir les décisions du gouvernement et de s'assurer que le gouvernement est responsable, et non pas de prendre vous-mêmes des décisions, tout simplement.
Premièrement, je rejette totalement les hypothèses au sujet des Nations Unies qui sont sous-jacentes dans les propos de M. Hawn. Je ne les partage pas; j'ignore ce qu'en pensent les autres membres du comité.
En fait, en date du 9 septembre, selon cet article, il y avait 83 853 gardiens de la paix de l'ONU — un chiffre record — plus 12 000 policiers participant à un total de 15 opérations dans le monde. La différence, c'est que le Canada n'a pas eu d'autre participation que de fournir 55 personnes à ces opérations, et environ 4,5 millions de dollars en 2010, et une moyenne de 9 millions de dollars par année au cours des six ou sept années précédentes. Alors, si le Canada décide de n'avoir aucune participation à l'ONU... Peut-être que nous avons été brûlés au Rwanda et en Somalie.
Partagez-vous les points de vue rétrogrades qu'il n'y a aucune possibilité que l'ONU puisse faire quelque chose dans le monde, à part appuyer les dictatures militaires, et qu'elle mérite d'être ignorée par des pays raffinés comme le Canada?