:
Merci, monsieur le président.
[Traduction]
Monsieur le président, mesdames et messieurs les membres du comité, bonjour.
C'est un plaisir pour moi de me retrouver ici parmi vous afin de répondre à vos questions sur le rôle du Comité des griefs des Forces canadiennes dans le processus des griefs militaires, étant donné que certains éléments du projet de loi nous touchent directement.
Je suis accompagné aujourd'hui par Caroline Maynard, directrice des opérations et avocate générale du comité.
[Français]
Permettez-moi tout d'abord de vous présenter le comité.
Le Comité des griefs des Forces canadiennes a entamé ses opérations en juin 2000. C'est un tribunal quasi judiciaire indépendant du ministère de la Défense nationale et des Forces canadiennes. En fait, le comité représente la composante externe du processus de règlement des griefs des Forces canadiennes.
Depuis sa création, le comité s'est imposé comme un centre d'excellence en matière d'analyse et de résolution des griefs militaires. Il a développé une vaste expertise sur une multitude de sujets liés à l'administration des affaires des Forces canadiennes. Cela lui permet de définir certaines tendances et certains domaines de mécontentement qu'il prend soin de soulever auprès des officiers et des cadres supérieurs des Forces canadiennes.
Le mandat du comité est d'examiner les griefs qui lui sont renvoyés conformément à la Loi sur la défense nationale et aux ordonnances et règlements royaux applicables aux Forces canadiennes. En vertu du règlement d'application de la loi, seuls les griefs appartenant à quatre catégories doivent être obligatoirement renvoyés au comité, ce qui représente environ 40 p. 100 du total des griefs qui atteignent le dernier palier du processus. D'autres griefs peuvent également lui être renvoyés pour examen sur une base discrétionnaire.
Lorsqu'il complète l'examen d'un grief, le comité soumet simultanément ses conclusions et recommandations au plaignant ou à la plaignante et au chef d'état-major de la Défense. C'est à ce dernier qu'il revient de prendre la décision définitive par rapport au grief. Bien qu'il ne soit pas lié par les conclusions et recommandations du comité, le chef d'état-major de la Défense, s'il choisit de s'en écarter, doit en expliquer les raisons par écrit.
En ce qui concerne le projet de loi , je me réjouis de constater qu'il comprend un paragraphe permettant le remplacement du nom actuel du comité par celui de Comité externe d'examen des griefs militaires. Ce changement peut sembler anodin. Toutefois, il s'agit d'une modification importante longuement souhaitée par le comité.
Le comité considère en effet que son nom actuel ne reflète pas le rôle externe qui lui a été confié et qu'il contribue à un malentendu laissant croire qu'il fait partie du ministère de la Défense nationale et des Forces canadiennes. La confusion et les complications qui s'ensuivent sont souvent contre-productives.
Pour le comité, ce changement de nom contribuera à mieux faire comprendre le rôle particulier et unique pour lequel il a été créé. Il marquera également son indépendance institutionnelle tout en clarifiant son mandat.
Le projet de loi C-41 se voulant la réponse législative au rapport du regretté juge en chef Antonio Lamer sur la justice militaire, je voudrais ici réaffirmer le soutien du comité aux 18 recommandations relatives au processus des griefs incluses dans ce rapport.
Plusieurs de ces recommandations ont déjà été mises en oeuvre alors que d'autres sont contenues dans le projet de loi C-41. Cependant, trois recommandations touchant les affaires du comité, et qui visent à faciliter son travail, n'y figurent pas.
Une de ces recommandations propose de permettre à un membre du comité de clore les dossiers qu'il a en main à l'expiration de son mandat. Une deuxième concerne l'octroi d'un pouvoir d'assignation au comité. La troisième suggère que le rapport annuel du comité corresponde à l'année financière plutôt qu'à l'année calendaire. Afin de mettre en oeuvre ces recommandations, des modifications à la Loi sur la défense nationale seront nécessaires.
Au-delà de ces 18 recommandations, le juge en chef Lamer a également constaté qu'il restait d'autres difficultés à surmonter notant « la présence persistante de retards inacceptables, les formalités administratives excessives et l'éternel manque de transparence ». Le comité partage les préoccupations du juge en chef Lamer.
C'est pourquoi, au sujet des délais, le comité a travaillé fort au fil des années pour augmenter son efficacité. Il a réussi à réduire à une moyenne de 90 jours le temps qu'il lui faut pour compléter l'examen d'un grief. Il a également réussi à éliminer ses arrérages et à réduire son inventaire de griefs, tout cela en veillant à ne pas compromettre la qualité de ses travaux.
En guise de dernier point, j'aimerais revenir sur le fait que seuls les griefs appartenant à certaines catégories sont renvoyés au comité pour examen. Alors que la Loi sur la défense nationale n'impose aucune restriction à ce niveau, c'est son règlement d'application qui limite le renvoi des cas au comité à quatre catégories de griefs seulement.
En raison de ce règlement, les membres des Forces canadiennes dont les dossiers arrivent au dernier palier ne bénéficient pas tous d'un examen externe et indépendant de leur grief par le comité.
Comme il n'examine qu'une fraction des griefs soumis au dernier palier, le comité considère que son plein potentiel n'est pas exploité. Nous estimons que chaque militaire devrait, au dernier palier, pouvoir compter sur l'examen indépendant et externe de son grief par le comité, peu en importe le sujet. Il s'agit là d'une question d'équité et de transparence, deux autres préoccupations soulevées par le juge en chef Lamer dans son rapport.
À ce sujet, je voudrais exprimer la satisfaction du comité à la suite du lancement, le 1er janvier dernier, d'un projet-pilote innovant, en fonction duquel les Forces canadiennes renvoient au comité tous les griefs qui n'ont pas été réglés, au dernier palier, à la satisfaction du militaire.
Bien qu'il s'agisse d'un projet-pilote et que les dossiers supplémentaires soient renvoyés au comité par l'entremise du pouvoir discrétionnaire prévu dans le règlement d'application de la loi, le comité croit fermement aux avantages de ce modèle, car il permet aux membres des Forces canadiennes et au chef d'état-major de la Défense nationale de bénéficier d'un examen expert et indépendant. Ce modèle optimise également la contribution du comité au processus de grief.
Le comité est enthousiaste et espère que ce nouveau modèle, s'il donne les résultats escomptés, sera adopté et mis en oeuvre. Pour cela, de nouvelles modifications à la Loi sur la défense nationale et à son règlement d'application seraient probablement nécessaires.
[Traduction]
Monsieur le président, pour conclure, le comité accueille favorablement le changement de nom proposé dans le projet de loi et il est encouragé par les récentes initiatives mises de l'avant par les Forces canadiennes en ce qui concerne le nouveau modèle de renvoi des griefs. Il demeure résolu à maximiser sa contribution au processus des griefs militaires.
Je vous remercie de nous avoir invités aujourd'hui et je répondrai avec plaisir à vos questions.
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Merci, monsieur le président.
J'ai quelques questions assez simples. Par la suite, M. Dryden va continuer, si on a du temps.
Monsieur Hamel, je vous remercie de votre présentation. C'était, comme vous l'avez bien dit, une introduction à votre institution quasi judiciaire. Pour nous, cet aperçu était franchement très important. En ce qui me concerne, en tout cas, j'ai beaucoup appris.
Maître Maynard, je vous remercie aussi de votre présence.
Vous avez ciblé 18 recommandations faites par l'ancien juge en chef Lamer. Trois d'entre elles, selon vous, ne sont pas incluses dans le projet de loi . Quelqu'un vous a-t-il expliqué, avez-vous compris pourquoi elles n'y sont pas comprises? Pourquoi hésite-t-on à les inclure? Nous appuyons ledit projet de loi, mais nous espérons que cela réglera une série de questions juridiques qui, d'ailleurs, traînent depuis très longtemps. Ce serait dommage de manquer trois recommandations ou trois améliorations au projet de loi.
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Nous les appuyons toutes, et plus précisément celles qui touchent directement le comité.
La recommandation 85, celle qui permettrait à un membre de conclure les dossiers qu'il a en main même si son mandat n'est pas renouvelé, n'est pas exceptionnelle. En effet, plusieurs autres tribunaux administratifs bénéficient d'une clause ou disposition similaire.
Une des obligations du comité est d'agir avec célérité. Vous comprendrez qu'étant donné l'indépendance de chacun des membres du comité qui traitent un dossier particulier, si un dossier devrait être réaffecté à quelqu'un d'autre, on recommencerait l'étude de ce dossier, ou le membre nouvellement attitré devrait recommencer cette étude à zéro. Ça compromettrait donc la célérité de traitement du dossier et, par conséquent, ça augmenterait le délai pour rendre une décision. Nous croyons donc que c'est très important.
Pour ce qui est de la recommandation 86, qui porte sur le rapport annuel, encore une fois, on est dans une ère de convergence et d'intégration de processus. De plus en plus, les organismes fédéraux doivent intégrer leurs plans d'affaires et leurs plans de ressources humaines. La majorité de ces plans est alignée sur l'année financière. Le comité, de par la loi, fait rapport sur la base d'une année civile, de telle sorte que pour avoir une idée globale et intégrée, il faut lire deux rapports annuels du comité. Nous pensons qu'il s'agit là d'un alignement naturel qui ne change en rien le mandat du comité, mais qui favoriserait la clarté et donnerait, à tous ceux qui ont un intérêt dans ce que fait le comité, une idée immédiate et unidirectionnelle des travaux du comité.
Pour ce qui est de la recommandation 87, qui concerne les pouvoirs d'assignation, la loi prévoit, comme je l'ai mentionné, un devoir de célérité et également un devoir de non-formalisme. Cela veut dire que le comité a un certain pouvoir. Je comprends que la Défense nationale, de par la loi, doive nous fournir toute l'information dont elle a le contrôle lorsqu'il y a un grief. On ne parle pas de cela, ici, on parle plutôt de la question de l'information où les Forces canadiennes n'ont pas le contrôle de l'information.
Le comité a réellement deux pouvoirs, le premier étant celui de demander. Lors d'un refus, il n'a d'autre pouvoir que d'accéder directement à une audience. Non seulement cela compromet la célérité d'un dossier, parce qu'il est beaucoup plus compliqué de tenir une audience que de convoquer quelqu'un par assignation pour le simple dépôt d'un document, mais également, dans l'échelle des mesures disponibles, on n'a que deux choix, on demande ou on va en audience.
Je peux préciser qu'au cours de la dernière année, à trois ou quatre reprises, nous avons presque dû tenir une audience pour obtenir de l'information qui n'était pas nécessairement contrôlée par les Forces canadiennes, mais dont le comité avait besoin.
Le comité perçoit cela comme un outil intermédiaire, une échelle dans la gradation de ses pouvoirs pour lui permettre de faciliter son travail et ses dossiers.
Par ailleurs, ces trois recommandations ne changent rien à son mandat.
J'espère avoir répondu à la question, monsieur le président.
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Merci, monsieur le président.
Bienvenue, monsieur Hamel et madame Maynard.
Monsieur Hamel, dans votre message, vous dites que grâce à son rôle distinct, le Comité des griefs des Forces canadiennes renforce la confiance des membres dans le processus des griefs des Forces canadiennes et accroît son équité.
Je viens d'un milieu syndical. La façon de procéder du côté civil, dans le domaine de la santé d'où je viens, par exemple, est vraiment différent de la vôtre.
Tout d'abord, il n'y a pas d'arbitre chez vous. Il y a le pouvoir premier, celui du commandant. Si ça ne va pas à ce palier, on s'adresse à celui qui possède le pouvoir définitif, soit le chef d'état-major de la Défense.
N'y a-t-il que ces deux paliers?
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Merci de votre question.
Monsieur le président, le processus ne relève pas de moi, naturellement, mais par défaut, on en a une connaissance approfondie. C'est donc un processus à deux paliers, formel, qui n'exclut pas les démarches informelles. Cependant, lorsque le dépôt d'un grief est formalisé, normalement — vous avez raison —, il y a une autorité initiale qui est habituellement celle qui dispose du pouvoir de rendre une décision sur le sujet en litige. Lorsque le plaignant reçoit la décision de cette première autorité et qu'il est insatisfait de la réponse ou de la solution proposée, il peut demander que son dossier soit revu par le chef d'état-major de la Défense nationale. On en réfère à lui comme à l'autorité de dernière instance, donc l'autorité qui va émettre une décision définitive et exécutoire. À la suite de cela, seule une révision judiciaire en cour fédérale peut être effectuée au sujet du grief, mais pas en fonction de ses mérites.
En effet, il y a deux paliers décisionnels et, parallèlement, il y a toutes sortes de moyens ou de manières de régler le différend de façon informelle.
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Merci, monsieur le président.
Monsieur Hamel, merci de cet exposé.
Je suis heureux de vous entendre dire que vous espérez que le comité soit distinct des Forces canadiennes et perçu comme indépendant, mais cela m'inquiète un peu. À ce qu'il me semble — et j'imagine que j'ai un peu la même position que M. Bachand —, les militaires ne sont pas syndiqués, ils ne sont pas représentés et ils comptent sur un processus comme le vôtre pour régler ce que l'on appelle des griefs dans les milieux syndicaux et chez les militaires.
Je comprends que vous traitez surtout de questions d'ordre médical et financier, de la libération des soldats, de choses qui, évidemment, touchent leur bien-être personnel et leur avenir, mais ce sont effectivement des questions à caractère contractuel et qui se rapportent à leurs droits.
Ce qui m'inquiète, je crois, c'est que la composition de votre comité ne soit pas vraiment civile. Ses membres peuvent être d'anciens militaires. Je crois que vous comptez un certain nombre d'anciens officiers au sein du comité. Ils ont peut-être tous des liens avec le monde militaire. Est-ce qu'il ne serait pas plus équitable d'avoir un organisme civil...?
Cela fait partie du système de surveillance civile qui s'intéresse au traitement que l'organisation réserve à nos militaires. Est-ce qu'il ne vaudrait pas mieux qu'il soit formé de civils qui comprennent bien les questions d'emploi, le traitement qu'il convient de réserver au personnel et le genre de normes régissant la façon dont on traite les gens dans la société en général, pas simplement chez les militaires?
Il me semble que votre comité, même si son nom indique que c'est un organisme de l'extérieur et bien qu'il soit présenté comme indépendant, a un caractère très militaire.
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Merci de votre question.
Monsieur le président, le comité est absolument favorable au principe d'indépendance. C'est un principe essentiel à son bon fonctionnement. Je me dois de mentionner de nouveau que le comité jouit d'une indépendance institutionnelle, c'est-à-dire qu'il ne subit aucune ingérence interne ou externe directe de qui que ce soit. Le comité reçoit ses allocations directement du Conseil du Trésor, il n'y a aucune ingérence en ce qui concerne son indépendance institutionnelle.
Également, c'est important pour le comité de protéger ou de sauvegarder l'indépendance de ses membres. À cet effet, le comité a mis en place une série de mesures visant justement à préserver leur indépendance. Par exemple, l'attribution des dossiers à l'interne se fait de façon centralisée. Les membres du comité peuvent se récuser et ont l'obligation de le faire lorsqu'il y a une apparence de conflit, qu'elle soit prouvée ou non. Également, il n'y a aucune interaction entre les membres du comité qui doivent traiter d'un dossier et l'organisation des Forces canadiennes ou de la Défense nationale. Il y a des gens qui travaillent pour eux, qui les assistent dans leurs travaux, qui vont établir les contacts nécessaires et qui vont aller chercher l'information pour eux. Ils sont donc vraiment isolés. D'ailleurs, ils travaillent à partir d'un peu partout au Canada et se servent de leurs équipes de travail pour examiner les dossiers. C'est un principe sacro-saint.
Maintenant, on peut se demander si le fait que certains membres du comité aient une...
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Merci de la clarification.
Monsieur le président, je crois que les statistiques du comité parlent d'elles-mêmes. Depuis sa création en 2000, peu importe la constitution du Comité des griefs des Forces canadiennes, en moyenne 40 p. 100 des dossiers qui ont été renvoyés au comité sur une période de 10 ans ont reçu des recommandations positives à l'égard des plaignants. Autrement dit, les recommandations du comité étaient en faveur des plaignants. Pour être plus précis, l'année dernière seulement, dans 45 p. 100 des dossiers que le comité a traités, les recommandations étaient à l'appui des membres.
Si on veut aller plus loin, peu importe les recommandations du comité, qu'elles soient favorables aux membres ou à la décision originale, le chef d'état-major de la Défense nationale s'est dit d'accord sur 90 p. 100 des recommandations du comité.
C'est vrai que, d'un côté, on peut toujours avoir une certaine perception liée au fait que les membres du comité soient liés au domaine militaire, mais c'est une perception. À mon avis, le service militaire ne mène pas à une absence de neutralité. Le fait qu'un membre du comité ait servi dans l'armée ne peut signifier une absence de neutralité de sa part. Je préfère observer les statistiques et noter que, historiquement, les décisions ont été à moitié en faveur des plaignants et à moitié en leur défaveur. L'année dernière, c'était dans une proportion de 45 p. 100 et de 55 p. 100, respectivement. De plus, on constate le poids ou l'importance que le chef d'état-major donne aux travaux du comité: il est d'accord sur ses décisions dans 90 p. 100 des cas. Pour ce qui est des 10 p. 100 des décisions sur lesquelles il n'est pas d'accord, c'est souvent en raison d'une question d'interprétation ou de discrétion de sa part.
En ce qui concerne l'indépendance et la constitution du comité, c'est une question intéressante, en ce sens que je qualifierais de hautement spécialisé le modèle adopté par le ministère et par les Forces canadiennes. Il s'agit d'un modèle de gestion des plaintes en silo, en quelque sorte, dans le cadre duquel plusieurs agences traitent de mandats très spécifiques et de dossiers très particuliers. Dans le cas du comité, c'est restreint aux griefs militaires qui touchent la vie, les avantages des militaires au jour le jour. Certains évoquent l'argument qui a été exprimé un peu plus tôt. D'autres disent au contraire qu'il est important d'avoir une certaine connaissance, de comprendre l'organisation, en autant qu'on respecte le principe d'indépendance et qu'on n'interfère pas avec les questions du comité.
Cette interprétation peut aller d'un côté comme de l'autre. Pour ma part, je peux vous dire que lorsqu'un dossier m'est assigné, il m'est très facile de poser les questions difficiles, de savoir à qui et comment les poser. Je ne peux pas répondre au nom d'autres personnes, mais je maintiens ce que j'ai dit précédemment, à savoir que le service militaire n'est pas un facteur qui entache la neutralité d'un individu. Selon moi, on ne peut pas établir ce lien, tirer cette conclusion, simplement en raison du service militaire. En fait, nos statistiques tendent à prouver le contraire.
Il faut comprendre également que le comité ne joue aucun rôle direct pour ce qui est de la nomination des gens et des critères de sélection. Tout cela relève du Bureau du Conseil privé et du gouverneur en conseil. Le rôle du comité ou le mien, si vous préférez, se résume à faire des recommandations relativement au renouvellement, en l'occurrence une fois que les gens sont nommés. C'est le seul rôle que je joue.
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Merci, monsieur le président.
J'aimerais poursuivre dans la même veine que . Je comprends la question de l'indépendance et de la neutralité, mais je ne crois pas que le problème soit là. Je crois que les gens peuvent être membres d'une structure indépendante et rester absolument neutres en ce qui concerne l'objet de leur travail, leur point de vue et leur compréhension du mandat ainsi que l'attitude fondamentale qu'ils doivent adopter, mais cela va plus loin.
C'est la nature de vos expériences et la compréhension que vous avez acquise grâce à ces expériences qui déterminent votre attitude. Vous pouvez agir de façon parfaitement indépendante, avec neutralité, mais si vous avez une certaine expérience, si vous connaissez le contexte et que vous comprenez la situation, c'est là-dessus que vous vous appuierez probablement.
Nous avons tous été membres de telles organisations. J'ai fait une partie de ma carrière dans le domaine des sports... Qu'est-ce qu'on dit lorsqu'un problème survient? « Cela fait partie du jeu. C'est le jeu. C'est ainsi que nous fonctionnons. C'est ainsi que nous avons toujours fait les choses. Nous agissons ainsi depuis toujours. Les autres ne peuvent pas comprendre. »
Vous arrivez souvent dans une impasse pour cette raison, vous tirez des conclusions malheureuses et inopportunes pour cette raison. Je pense qu'à tout le moins, le comité devrait comprendre quelques civils, sinon uniquement des civils, pour lui ouvrir de nouvelles perspectives et lui indiquer de nouvelles façon de faire — des gens qui pourraient dire « Je comprends que vous avez toujours agi ainsi, mais cela ne convient vraiment pas. »
Pourquoi n'y a-t-il aucun civil au sein du comité?
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Monsieur le président, le projet pilote a vu le jour sur la recommandation d'un groupe de travail mis sur pied par les Forces canadiennes et au sein duquel nous avions été invités à titre d'experts. Nous connaissions les préoccupations exposées dans le rapport Lamer au sujet des délais et nous cherchions à nous améliorer. En outre, en nous appuyant sur 10 années de constatations et de recommandations du comité et compte tenu du niveau d'acquiescement du chef d'état-major à l'égard des travaux du comité, nous nous sommes penchés sur cette question importante pour voir si nous ne pouvions pas faire mieux.
Pour vous situer, disons qu'en 2000, plus de 1 000 affaires sont parvenus au niveau du chef d'état-major de la Défense. Le retard accumulé était énorme. Dès sa création, le comité a reçu quelque 300 griefs. C'était le 15 juin 2000, et le retard a été instantané.
L'article 7.12 des ORFC — ces types de renvois — n'était pas très important à l'époque, parce qu'il y avait bien assez de travail pour tenir le comité extrêmement occupé, compte tenu de sa composition. Puis on a commencé à renvoyer un grand nombre de griefs au comité, et nous avons pris conscience que pour ces affaires les constatations et les recommandations du comité, ses rapports, étaient également bien accueillis par le chef d'état-major de la Défense. Après le rapport Lamer et après avoir rattrapé le retard accumulé au niveau du chef d'état-major de la Défense, nous nous sommes demandé comment nous pourrions optimiser ce système. L'une des options consistait à faire bénéficier tous les militaires d'un examen externe indépendant lorsque les Forces canadiennes étaient incapables de régler la question à l'interne. Ce concept nous a paru excellent; nous l'avons accepté et nous y avons contribué. C'est là l'origine du projet.
Il a été approuvé par le Conseil des Forces armées, qui est l'autorité supérieure au sein des Forces canadiennes. Le CFA a autorisé le projet pilote, et nous lui soumettrons un rapport. Ce ne sera peut-être pas moi, mais nous allons contribuer à l'élaboration du rapport. Je crois que l'administrateur du système, qui fait partie des Forces canadiennes, produira à l'automne un rapport à l'intention du Conseil des Forces armées. Le chef d'état-major de la Défense a déjà, dans le compte rendu de ce rapport au CFA, affirmé que c'était prometteur et que si cela fonctionnait, c'était peut-être la voie de l'avenir. Nous sommes en faveur de ce changement parce qu'évidemment, même s'il n'élargit pas le mandat du comité, il offre un examen externe pour tous, sans critères ni types. Indépendamment de l'objet de votre grief, vous pouvez bénéficier de l'examen du comité.
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Absolument, si on ne me cite pas mot à mot.
Tout d'abord, il y a toutes les décisions administratives qui entraînent la libération, donc les mesures de terminaison d'emploi, si je peux les qualifier ainsi. Ensuite, il y a tous les griefs qui ont trait au harcèlement. De plus, il y a tout ce qui touche les aspects financiers: compensations, avantages sociaux, etc. Enfin, il y a ce qui touche certaines politiques très précises, telles que le racisme et les implications politiques des membres des Forces canadiennes. Il y a trois ou quatre politiques très précises au sujet desquelles il doit y avoir un renvoi.
En outre, de façon obligatoire, il doit y avoir renvoi de toute décision où le chef d'état-major est personnellement impliqué. Il ne peut donc revoir sa propre décision sans passer par une revue externe du comité.
Ce sont là les quatre types de griefs qu'on reçoit de façon obligatoire.
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Merci, monsieur le président.
Je comprends que quand vous parlez de modifier les délais, vous parlez de l'examen des griefs, du moment de leur présentation jusqu'à la fermeture du dossier. L'un des principaux reproches concernant le processus des griefs porte sur ce qui se passe avant que le grief vous parvienne. Le délais de traitement est en principe de 90 jours, mais le délai moyen semble plutôt être d'environ 18 mois. Je sais qu'un militaire s'est plaint que lorsqu'il avait dû déménager sa famille parce qu'il était passé de la Réserve à la Force régulière, il lui avait fallu deux ans pour obtenir le remboursement de ses frais de réinstallation, malgré le fait qu'il combattait en Afghanistan. Cela me paraît inacceptable. À mon avis, les membres du comité n'ont pas besoin d'une vaste expérience militaire pour décider que cette situation est inacceptable et qu'il faut la corriger.
Certaines questions sont peut-être de nature militaire, mais nous parlons surtout de questions bureaucratiques, même dans le domaine des promotions. J'ai 30 années d'expérience en droit du travail. Les gens qui règlent ce genre de questions ont une formation d'arbitre. Ils ne travaillent pas dans la fonction publique ni à l'usine d'où vient le grief. Ce sont réellement des questions de relations de travail, alors je me demande pourquoi il faudrait posséder une expérience militaire. Vous ne traitez pas de questions disciplinaires, même quand il s'agit de mesures administratives. Ce qu'il faut, ce sont des connaissances et des capacités juridictionnelles, par opposition à une expérience militaire. Je le dis en réponse à certains des commentaires qui viennent de ce côté-là.
Qu'en est-il du processus même au sein des forces armées, la lenteur du processus pour régler des questions souvent relativement simples? Pourquoi faut-il tant de temps, et est-ce que nous pouvons faire quelque chose, sur le plan législatif, pour remédier à cette situation? Je constate qu'une recommandation qui prévoyait un délai de 12 mois a été rejetée. C'était la recommandation 74. Est-ce que vous avez quelque chose à dire à ce sujet?
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Monsieur le président, j'ai un excellent exemple, et il est probablement très approprié au moment où on se parle.
Tout récemment, le comité a constaté que le Conseil du Trésor avait tendance à accroître ou à limiter les avantages accordés dans certains cas, quand les militaires doivent déménager en raison d'une affectation. Nous avons constaté cette tendance surtout relativement à ce que l'on appelle un aide-mémoire. Dans certains cas, des militaires qui n'y avaient pas droit se sont vu accorder des avantages élargis, et dans d'autres les avantages auxquels les militaires avaient droit ont été limités. C'est une des plus récentes tendances qui se manifestent en matière d'indemnités de réinstallation.
Nous avons personnellement attiré l'attention du CEMD sur un grief, et nous avons présenté ce cas comme une illustration d'une vaste question systémique. Dans une décision récente, qui remonte à deux ou trois semaines, le CEMD a reconnu avec nous que l’aide-mémoire n’était pas utilisé comme il se doit. Il a ordonné un examen de la question, parce que cela transforme en cauchemar l’administration des indemnités. Des militaires touchent de l’argent qu’il faut ensuite récupérer, et d’autres ne reçoivent pas les fonds auxquels ils ont droit, alors il est d’accord avec nous.
C'est une des tendances récentes. Nous sommes certainement conscients du fait qu'il se passe quelque chose de semblable, depuis quelques jours, au sujet de questions du même ordre, certaines indemnités ont été accordées à tort. C'est un exemple.