:
Je déclare la séance ouverte.
Mesdames et messieurs, veuillez prendre place. Nous entamons la 20e réunion du Comité permanent de la défense nationale. Conformément aux articles 110 et 111 du Règlement et en vertu de l'ordre de renvoi du mercredi 5 mai 2010, nous examinons la nomination par décret de Bernard Blaise Cathcart au poste de juge-avocat général des Forces canadiennes.
À titre d'information, le paragraphe 111(2) du Règlement stipule que: « Le comité, s'il convoque une personne nommée ou dont on a proposé la nomination conformément au paragraphe (1) du présent article, examine les titres, les qualités et la compétence de l'intéressé et ses capacités d'exécuter les fonctions du poste auquel il a été nommé ou auquel on propose de le nommer ». Ainsi, vous connaissez nos paramètres.
Chers collègues, puisque c'est l'été et bien que nous ne puissions pas faire de barbecue, le repas sera servi à l'extérieur. Cela nous changera un peu d'ici. Je suis nouveau au poste de président, et j'ai voulu tenter quelque chose de différent.
Le président vous présente ses excuses. C'est aujourd'hui la collation des grades de sa fille, et il ne peut assister à la réunion.
Je souhaite la bienvenue aux membres du comité. Nous avons le plaisir d'accueillir aujourd'hui le brigadier-général Bernard Cathcart, juge-avocat général des Forces canadiennes.
Général, vous avez 10 minutes pour nous dire tout ce que vous voulez. Nous laisserons ensuite l'opposition officielle poser la première question.
Nous vous souhaitons la bienvenue.
:
Merci monsieur le président. Merci madame et messieurs les membres du comité.
Bonjour. Je tiens d'abord à remercier le comité de m'avoir invité à témoigner aujourd'hui. J'ai été nommé juge-avocat général en date du 14 avril 2010, et c'est un plaisir pour moi que d'avoir l'occasion de vous rencontrer si tôt après ma nomination.
Comme vous le savez, conformément à l'article 9 de la Loi sur la défense nationale, la LDN, le gouverneur en conseil nomme un officier qui est un avocat inscrit au barreau d'une province depuis au moins 10 ans pour remplir les fonctions de juge-avocat général des Forces canadiennes. En vertu de l'article 9.4 de la LDN, le juge-avocat général doit détenir au moins le grade brigadier-général.
J'ai le grand plaisir et l'honneur d'avoir été nommé au poste de juge-avocat général, une nomination qui a été le point culminant d'un processus de sélection par voie de concours qui s'adresse à ceux qui répondent aux qualifications législatives requises que je viens d'exposer.
Je sais que vous avez tous reçu copie de ma biographie. Je compte donc énoncer brièvement les rôle et fonctions du juge-avocat général et faire ensuite un survol de mes antécédents et de mon expérience.
Le juge-avocat général est le conseiller juridique du gouverneur général, du ministre de la Défense nationale, du ministère de la Défense nationale et des Forces canadiennes, pour les questions qui ont trait au droit militaire. Je suis en outre chargé par la loi de diriger l'administration de la justice militaire dans les Forces canadiennes et je dois présenter au ministre un rapport annuel sur le sujet.
Cette fonction de direction, qui comprend la surveillance, la présentation de rapports et l'élaboration de politiques aide à s'assurer que le système judiciaire militaire réponde aux besoins des Canadiens, dont les hommes et les femmes des FC qui se sont portés volontaires pour servir leur pays.
Le droit militaire n'est pas défini avec précision dans la législation. Toutefois, compte tenu de l'éventail des instances auxquelles le JAG doit fournir des avis, et du rôle unique que joue le cabinet du JAG depuis sa création en 1911, il est évident que le « droit militaire » englobe tous les aspects du droit international et national qui touchent les Forces canadiennes, y compris sa gouvernance, son administration et ses activités. Cela comprend le droit opérationnel, qui est le droit national et international applicable à la conduite des opérations des FC, tant chez nous qu'à l'étranger.
Ma carrière militaire et mes études m'ont exposé à cette vaste gamme de champs d'activité du droit, et j'en ai acquis de l'expérience. Je suis membre en règle de la Nova Scotia Barristers' Society depuis 1989. Avant de joindre les FC, j'ai obtenu un baccalauréat avec distinction de la Saint Mary's University à Halifax, en Nouvelle-Écosse, une maîtrise ès arts de l'Université d'Ottawa et un baccalauréat en droit de la Dalhousie Law School.
Plus tard dans ma carrière, j'ai obtenu une maîtrise en droit de la London School of Economics, qui m'a décerné un diplôme avec distinction du programme de maîtrise en droit international public. J'ai également reçu des prix pour le meilleur étudiant dans le programme de droit international, pour la meilleure dissertation et pour les meilleurs résultats aux examens de fin d'études des programmes de maîtrise de toutes les facultés de droit de la University of London.
Depuis mon entrée dans les FC en 1990, j'ai occupé divers postes au cabinet du juge-avocat général, au Quartier général de la Défense nationale à Ottawa; j'ai été déployé dans le cadre de diverses opérations et j'ai été conseiller juridique d'une unité et d'une région dans des bases, d'un bout à l'autre du Canada. J'ai donc été juge-avocat adjoint pour la région de l'Atlantique à Halifax de 1990 à 1991; juge-avocat adjoint pour la région du Pacifique à Victoria, en Colombie-Britannique, de 1993 à 1996; et juge-avocat adjoint pour la région des Prairies, à Calgary, de 1996 à 1997. En ma qualité de conseiller juridique d'une unité et d'une région, je fournissais quotidiennement des conseils portant sur tous les aspects du droit militaire en plus d'être le procureur dans le système de justice militaire.
À Ottawa, j'ai conseillé la Direction juridique des réclamations, de 1991 à 1992, ainsi que la Direction juridique des droits de la personne et de l'information, de 1992 à 1993. C'était l'époque où a beaucoup évolué la jurisprudence liée à la Charte dans le domaine des droits de la personne, qui a une incidence directe sur les politiques et pratiques du personnel des FC. De 1997 à 2000, j'ai également été le conseiller juridique de la Deuxième Force opérationnelle interarmées, l'unité des Forces canadiennes affectée à la lutte contre le terrorisme et aux opérations spéciales.
En 1994 et 1995, j'ai été déployé comme conseiller juridique du commandant du Contingent canadien de la Force de protection des Nations Unies, la FORPRONU, et des Forces de paix des Nations Unies, les FPNU, en ex-Yougoslavie. Puis, de février à septembre 2000, j'ai été déployé en Bosnie-Herzégovine à titre de conseiller juridique principal du commandant de la Force opérationnelle canadienne, la SFOR.
En 2000, j'ai été promu au grade de lieutenant-colonel et j'ai détenu le poste de directeur du droit opérationnel de 2000 à 2003. À la fin de mes études de maîtrise en droit, j'ai assumé les fonctions de directeur du droit international de 2005 à 2006.
Après avoir été promu au grade de colonel en juin 2006, j'ai eu l'honneur d'être nommé conseiller juridique adjoint et avocat général — militaire — au Cabinet du conseiller juridique du ministère de la Défense nationale et des Forces canadiennes, poste que j'ai occupé en 2006 et 2007. J'y ai travaillé en étroite collaboration avec des avocats du ministère de la Justice.
De 2008 à 2009, j'ai eu l'honneur d'être juge-avocat général adjoint, Justice militaire et Droit administratif. J'étais chargé à ce titre de fournir aux autorités du MDN et des FC un soutien juridique en matière de justice militaire, de droit administratif militaire, de rémunération et d'avantages sociaux, etc.
De 2009 jusqu'à ma nomination au poste de JAG, j'ai été juge-avocat adjoint aux Opérations. À ce titre, j'étais responsable de la prestation de tous les avis juridiques militaires touchant les opérations internationales et nationales.
J'ai toujours été très fier d'être un membre à la fois des FC et du Cabinet du JAG. Je suis encore plus fier aujourd'hui d'avoir l'honneur et le privilège d'exercer les fonctions de juge-avocat général des Forces canadiennes.
En ma qualité de JAG, je dirige tous les avocats militaires du Cabinet du JAG, y compris ceux qui sont déployés dans le cadre d'opérations menées dans le monde entier, que ce soit en Afghanistan, sur des navires de guerre, en Afrique ou ailleurs. Ces avocats militaires travaillent dans des conditions difficiles et fournissent des avis aux commandants canadiens sur l'ensemble des questions liées au droit militaire. Je peux vous assurer qu'ils font un excellent travail dans des conditions éprouvantes.
En date du 1er juin 2010, 158 avocats militaires de la Force régulière et 53 de la Force de réserve sont en service au Canada et à l'étranger. Bien que la plupart d'entre eux travaillent au Cabinet du JAG, ce nombre comprend également les avocats militaires qui font des études supérieures et suivent une formation universitaire ainsi que ceux qui travaillent au Centre de droit militaire des Forces canadiennes à Kingston et ceux qui participent à un échange.
Des bureaux juridiques permanents sont situés à Ottawa, au Quartier général de la Défense nationale ainsi que dans les quatre quartiers généraux des commandements opérationnels, dans les bureaux régionaux des juges-avocats généraux adjoints et dans les divers bureaux de juges-avocats adjoints au Canada, en Europe et aux États-Unis.
Cela conclut mes observations préliminaires. Je répète que je suis très heureux d'avoir été invité ici aujourd'hui, et je suis prêt à répondre à vos questions.
:
C'est une excellente question. Mon plus grand défi est double. C'est d'abord, comme mes prédécesseurs, de fournir en temps opportun à mes clients — le ministre, les FC, le ministère — des solutions juridiques pertinentes sur la plan opérationnel .
Le deuxième élément, et le plus important, c'est le bien-être de mes subalternes. Vous avez compris d'après mes observations que notre bureau, le Cabinet du JAG, est modeste, et si vous connaissez nos collègues du Sud, vous avez une idée de l'énorme envergure de leur organisation militaire. Chaque section a son petit cabinet juridique. Alors, quand nous comparons nos nombres, nous ne faisons pas le poids.
Par contre, je dis souvent et très justement que notre service est en très forte demande et que notre effectif est réduit au sein des Forces canadiennes et du gouvernement du Canada. Nous jouons dans la cour des grands. Mes collaborateurs, qui ont été mes collègues et dont je suis maintenant le chef, le font au quotidien. Alors, quand nous fournissons en temps opportun des conseils juridiques pertinents sur le plan opérationnel, à cause des conditions extrêmement stressantes...
Plusieurs d'entre vous reviennent à peine d'un voyage en Afghanistan. Sept de nos conseillers juridiques sont là-bas en ce moment, toujours prêts à conseiller le commandant chaque fois qu'il en a besoin pour prendre une décision, et ce n'est pas dans un confortable bureau à 10 heures du matin devant un café.
Ce sont des conditions extrêmement éprouvantes. Alors, quand nous fournissons ces conseils, que ce soit ici, à Ottawa, où ce peut être tout aussi stressant parfois, ailleurs au pays ou encore dans le cadre de déploiements, je dois veiller sur le bien-être de mes gens, voir à qu'ils ne s'épuisent pas.
Ce sont mes deux plus grands défis, monsieur le président.
:
Voilà, encore une fois, une très bonne question, monsieur le président.
Je peux jouer différents rôles. Vous parlez de décision; le terme a un sens large.
Évidemment, à titre de commandant, et de commandant de mon équipe, je dois veiller à ce que mes employés soient bien formés et à ce qu'ils aient les outils et les connaissances nécessaires pour s'occuper de ces dossiers, car ils fournissent des conseils juridiques, comme je l'ai déjà dit à de nombreuses reprises; je pense que tous le savent, maintenant. Ils donnent des conseils principalement aux FC, mais aussi au ministère; nous prodiguons donc continuellement des conseils dans des situations assujetties au secret professionnel. Au cours de ces échanges — qu'ils aient lieu aux échelons les plus bas ou à ceux du haut, comme ici à Ottawa —, nous avons toujours connaissance de la primauté du droit et de son importance, et nous nous assurons que les opérations nationales et internationales des FC la respectent.
Nous donnons donc des conseils tous les jours. Puisque je suis directeur du système de justice militaire, j'assume des fonctions de directeur; ainsi, si un membre des Forces canadiennes est impliqué dans une affaire de violation du droit des conflits armés — aussi appelé le droit international humanitaire —, il se peut que je joue un rôle dans le dossier. La question revient largement au service indépendant des poursuites, à la défense et au juge, mais, je le répète, si un aspect particulier semble dérailler, pour le dire simplement, il se peut que j'aie à intervenir en ma qualité de fonctionnaire.
:
Merci, monsieur le président.
Bienvenue, M. Cathcart.
Je veux aborder la question du secret professionnel qui vous lie à vos clients. Votre prédécesseur, M. Watkin, a clairement dit qu'il ne pouvait pas répondre à certaines de nos questions parce qu'il devait protéger son client.
Par contre, j'essaie de trouver une façon de procéder pour que le Parlement exerce son autorité de vérifier si le gouvernement agit efficacement. Sauf erreur, il est même inscrit dans la Constitution que toute l'opposition, non seulement l'opposition officielle, doit s'assurer que le gouvernement administre et dépense de façon appropriée les impôts des contribuables.
Cependant, un jour ou l'autre, on sent qu'on frappe un mur. J'aimerais savoir de quelle façon on peut s'entendre pour percer ce mur. Je m'explique.
Vous avez dit que, dans l'état actuel des choses, vous pourriez dire au comité que vous ne pouvez pas répondre à certaines questions. Selon vous, qu'est-ce qui devrait être changé pour modifier « l'état actuel des choses »? Est-ce que ça prendrait une modification à la Loi sur la défense nationale, une modification constitutionnelle, réglementaire? Qu'est-ce qui ferait en sorte que vous soyez obligé de répondre complètement au comité ici présent?
:
Merci, monsieur le président. C'est une bonne question.
Je le répète, je suis ici pour parler de mes titres et de mes qualités. Or, pour répondre à votre question, il me faudrait essentiellement avancer des hypothèses sur les modifications qu'on pourrait apporter à la loi actuellement en vigueur.
Sauf votre respect, monsieur le président, ce n'est pas mon rôle. Même si l'enquête d'aujourd'hui portait sur cela — ce qui n'est pas le cas—, je ne pourrais pas répondre précisément.
De nombreux facteurs compliquent la question, comme des décisions stratégiques et — plus important encore, de mon point de vue — des précédents jurisprudentiels. Comme vous le savez peut-être, monsieur le président, les tribunaux de tous les coins du pays traitent souvent du secret professionnel; la Cour suprême du Canada s'est prononcée là-dessus à de nombreuses reprises.
Je crois que l'affaire importante la plus récente, celle de la tribu des Blood, a montré clairement que, du point de vue la cour, le secret professionnel se porte très bien, et ce, tant dans la pratique privée que publique; elle a également montré qu'il faut vraiment le protéger.
Nous pourrions débattre de façon ouverte et juste des motifs politiques sur lesquels cette décision repose, monsieur le président, mais, je le répète, ce n'est pas pour cette raison que je suis ici aujourd'hui. Franchement, je doute que le gouvernement me fera l'honneur de me permettre de tenir ce débat dans l'avenir aussi.
:
Voilà une autre très bonne question, monsieur le président.
Non, les agents du cabinet du JAG ne sont pas en charge du processus relatif aux cours martiales. En réalité, ils y participent en donnant des conseils aux différentes personnes qui forment la chaîne de commandement.
Comme vous le savez — et je sais que le président le sait aussi —, le système de justice militaire est formé de deux composants principaux: le premier est le système de procès sommaire, dans le cadre duquel les commandants et la chaîne de commandement traitent en grande partie de questions liées à la discipline et d’accusations d’infraction à la discipline; le deuxième est une cour martiale plus formelle, constituée d’un juge militaire, d’un avocat de la défense et d’un procureur.
Mon équipe donne des conseils à la chaîne de commandement à mesure que les incidents surviennent. Soit des accusations sont portées, soit on considère la possibilité d’en porter pendant l’enquête et on le fait pendant le processus; dans tous les cas, une fois le processus officiel de cour martiale déclenché et la question placée entre les mains du directeur des poursuites militaires, le bureau de celui-ci agit indépendamment et décide lui-même s’il y aura poursuite ou non.
Il en est de même pour les accusés. Les avocats de la défense, lorsqu’ils sont nommés, peuvent provenir de notre service d’avocats de la défense. Il s’agit dans ce cas d’avocats militaires, mais l’accusé peut aussi choisir d’employer un avocat civil. Ce n’est pas moi qui décide. Le bureau est indépendant. Je peux traiter de questions liées au personnel, mais je n’ai rien à voir avec les décisions et les mesures qu’ils prennent par rapport aux accusés, à leurs clients. Bien sûr, les juges aussi sont indépendants.
:
Merci, monsieur le président.
Général, je vous remercie de vos observations et de votre présence ici ce matin. J'aimerais aussi dire que vos références sont excellentes.
Je suis également très fier de constater que ce genre de postes militaires sont occupés par des personnes aussi compétentes, expérimentées et manifestement remarquables. Je veux vous féliciter pour votre curriculum vitae. À titre de diplômé du programme de LL.M. de la London School of Economics, je tiens à dire que le fait d'avoir été sélectionné pour tous les prix énumérés ici, et ce, non seulement parmi les étudiants de la LSE, mais aussi de l'ensemble de l'Université de Londres, est bel et bien digne de mérite; je vous applaudis. Les personnes qui participent à ce programme ne sont pas des avocats ordinaires; la distinction que vous avez reçue est donc certainement une preuve de votre talent.
Dans le même ordre d'idées, le sujet de votre mémoire m'impressionne. Pourriez-vous en fournir un exemplaire au comité? Il est certainement d'actualité compte tenu de tout ce qui s'est produit au cours des deux ou trois dernières années, et certainement des six derniers mois à la Chambre.
Je ne veux pas m'attarder trop longuement sur la question du secret professionnel, mais il est évident qu'elle représente un sujet de préoccupation ici ce matin, comme ce fut aussi le cas par le passé. Récemment, j'ai mené beaucoup de recherches sur la question, sous l'angle du privilège parlementaire.
Je comprends qu'un comité parlementaire ne demanderait pas à un avocat de lui donner des conseils au hasard au cours d'une séance, et je pense que le principe qui entre en jeu ici, c'est que les parlementaires doivent faire preuve de beaucoup de retenue. J'ai trouvé votre réponse à la première série de questions très diplomatique.
Or, je présume qu'au bout du compte, vous reconnaîtriez, après qu'on ait suivi le processus adéquat assorti de toutes les protections procédurales nécessaires, la suprématie du privilège parlementaire dans ces affaires, conformément aux décisions, à l'histoire et à la place que les parlementaires occupent dans notre système judiciaire. Ai-je raison de dire cela?
:
Merci, monsieur le président.
Merci pour la question. Voilà une autre excellente occasion pour moi de vous parler du système de justice militaire que j’estime être exceptionnel et fiable. L’un de mes objectifs consiste à informer davantage le public canadien, car on connaît très peu le système de justice militaire au Canada, qui est extrêmement efficace et vigoureux.
Monsieur le président, en un mot, il s'agit assurément d'un défi pour un surintendant parce que l’on a affaire à des acteurs indépendants. Le Cabinet du juge militaire en chef est une unité indépendante au sein des Forces canadiennes. Il est géré essentiellement par le juge militaire en chef. De même, le directeur des poursuites militaires et le directeur des services d’avocats de la défense, ainsi que leurs cabinets, sont des acteurs indépendants.
J’essaie de maintenir ouvertes les voies de communication. Nous tenons des réunions officielles et non officielles. Pour ce qui est de mon personnel, par exemple, j’ai un juge-avocat général adjoint qui est chargé de la justice militaire et du droit administratif. Il dispose lui-même d'une équipe. Régulièrement, lorsque ces employés définissent des politiques ou qu’ils tentent d’améliorer le régime, ils le font en consultation avec ces divers acteurs indépendants. Cependant, nous ne les forçons jamais à agir d’une manière qui n’est pas conforme à la primauté du droit dans son sens général.
C’est un processus consultatif bidirectionnel. S’il y a des problèmes ou des difficultés, particulièrement en ce qui concerne le processus, on le rapportera à mes collègues, et nous allons étudier la question.
:
Merci. Encore une fois, voilà une autre excellente question qui me permet de parler de ce domaine que nous appelons le droit des opérations.
Si vous me le permettez, je crois qu’il est important de vous mettre un peu en contexte pour comprendre que l’expression « droit des opérations » s'applique à toutes les questions juridiques soulevées dans le cadre des opérations des Forces canadiennes, sur la scène internationale et nationale. Cela a vraiment commencé… Quand j'ai intégré la branche en 1990 en tant que capitaine, au début de ma carrière d'avocat, je me suis informé auprès du service du droit des opérations pour savoir quand j'allais être déployé, et on m’a essentiellement répondu que cela ne se faisait pas, que leur opération pouvant être déployée consistait en une affectation en Allemagne, et c’était à Lahr à cette époque.
Pour les personnes qui étaient alors au courant, c'était un travail parfois exigeant, mais il était très valorisant d'y être affecté. Sur le plan de la paix historique, peut-être s’agissait-il d’une coïncidence, mais nous avons eu des incidents à l’échelle nationale et internationale comme la crise d'Oka, puis la première guerre du Golfe. Ces événements ont vraiment mis en lumière un certain nombre de questions juridiques que les commandants des Forces canadiennes ne comprenaient peut-être pas auparavant de la même manière qu'aujourd’hui, avec une démarche plus moderne. Cependant, il fallait assurément donner des conseils juridiques presque immédiatement, non pas à partir d'un cabinet à Ottawa, mais sur le terrain, aux côtés du commandant.
Ainsi, c’est vraiment à ce moment-là, en 1990, que cela a débuté, lorsque nous avons commencé à développer le concept du déploiement des avocats avec les commandants. Habituellement, nous mettions le concept en pratique au niveau du commandement, quel qu’il soit: l’ensemble de la force opérationnelle, un groupement tactique, une brigade ou encore des échelons inférieurs. Nous faisions de même avec la force aérienne. Dans le cas de l’identification de cibles, nous l'avons fait notamment lors de la campagne du Kosovo en 1998, où des avocats participaient à la procédure d’identification de cibles, pour donner ponctuellement des conseils quant aux dossiers des cibles à notre commandant des Forces canadiennes et aux pilotes qui ont fait les missions de bombardement au Kosovo.
De même, nous envoyons des avocats sur les navires. Un de nos avocats vient tout juste de revenir du NCSM Fredericton, déployé au large de la Corne de l'Afrique, où il a travaillé dans les missions de lutte contre le terrorisme et la piraterie. Nous avons un avocat qui conseille directement le commandant.
Pour s’acquitter de ce rôle, au fil des ans, la chaîne de commandement a évolué et a véritablement compris l'importance de cette promptitude, de la capacité d’obtenir d’emblée des conseils juridiques, au lieu d'essayer de rejoindre un cabinet comme celui d’Ottawa, situé à quelques fuseaux horaires du lieu de commandement.
Les commandants se sont ouverts volontiers à ce que nos collègues interviennent dans la planification opérationnelle, de sorte que nous n’intervenons pas au moment d’activités telles que l’identification des cibles. Nous sommes appelés à participer bien avant cela, dès le début de la planification de l’opération, à toutes les étapes, dans le bureau central des opérations sur le chemin Star Top à Ottawa, sur le terrain comme en Afghanistan, à bord de navires ou dans les unités d’identification des cibles de la force aérienne.
Nous avons bien réussi à fournir d’emblée des conseils juridiques immédiats. D’après moi, cela a donné d’excellents résultats, ce qui a beaucoup rendu service à la chaîne de commandement.
:
Je vous remercie de votre question. Cela va me rappeler mes années à l’école de droit, mes merveilleuses années à la Dalhousie Law School.
Essentiellement, pour que la confiance règne entre les clients et les procureurs ou les avocats, lorsque les clients demandent des avis juridiques ou que les procureurs ou les avocats s’emploient à défendre convenablement leurs clients contre toute une gamme d’accusations — au civil comme au criminel —, dans le cas d’un avocat de la défense pour l’accusé, il est nécessaire de disposer de ce que j’appellerais une zone sacrée où les renseignements qu’ils échangent ne risquent pas d’être rendus publics immédiatement ou, du moins, ils ne risquent pas d’être rendus publics du tout, sauf dans des circonstances très précises et contrôlées.
Je crois que, fondamentalement, si cette zone n’existait pas, cela finira par avoir un effet réfrigérant sur les clients, qu’ils soient gouvernementaux ou privés — et j’ai travaillé pour un cabinet privé à Halifax —, et qu’ils cesseraient de demander des avis juridiques. À mon avis, cela porterait un coup dur et ferait un grand tort à la primauté du droit, en particulier au Canada, et, sur une note plus légère, cela mettrait rapidement un terme à la profession d’avocat et à l’utilisation de la pratique du droit pour faire de l’argent.
:
Je vous remercie encore, monsieur le président, de la question. Je commence à avoir l’impression de participer à une partie des Blue Jays de Toronto, mais ce n’est pas grave — ils gagnent ces jours-ci. Quoi qu’il en soit, c’est une bonne question.
Je vais y répondre brièvement. À mon avis, la question des missions futures et des types de missions pourrait faire l’objet d’un excellent débat dans l’avenir parce qu’il y a beaucoup d’aspects à discuter à cet égard. Mais, je pense que, sur le plan juridique, il faut se souvenir qu’un certain nombre de difficultés juridiques ou opérationnelles que nous rencontrerons seront les mêmes que nous participions à ce que nous appelons des opérations de combat, comme en Afghanistan, ou à des opérations d’imposition de la paix, comme nous l’avons fait en Bosnie, ou à des opérations qui ressemblent davantage à une mission traditionnelle de maintien de la paix — et je pense que notre dernière mission qui se rapprochait le plus de cela s’est déroulée en Érythrée et en Éthiopie. L’une des difficultés dont les membres du comité sont évidemment bien informés est celle des détenus. Le recours à la force en est une autre sur le plan du droit international.
Donc, j’encouragerais les parlementaires, les comités et, enfin, monsieur le président, vos analystes, je suppose, à examiner ces questions, parce que la communauté mondiale continuera de demander au Canada d’aller à des endroits où, en toute honnêteté, la primauté du droit est détraquée, sinon brisée. En ce qui a trait à la façon dont nous sommes en mesure d’aider, non seulement en assumant un rôle de combat ou un rôle militaire sur le terrain, mais aussi en participant à la reconstruction et en aidant les États à se rétablir, comme nous le faisons en ce moment au Congo, dans le cadre de notre mission sur la primauté du droit…
Je pense que mon principal message est que, même si la mission est différente — il se peut que vous portiez un béret bleu —, bon nombre des problèmes juridiques restent les mêmes.
:
Voilà, encore une fois, une excellente question, monsieur le président.
Bien entendu, je m’en remets à la sagesse et au pouvoir d’appréciation des parlementaires qui doivent examiner tous nos systèmes, en général, et notre procédure de règlement des griefs, en particulier, afin de déterminer si cette dernière fonctionne de façon juste et équitable ou si elle semble fonctionner ainsi.
À mon avis, cette procédure, comme toutes les procédures, doit être revue et mise à jour constamment afin de tenir compte de l’évolution des lois et des politiques. Mais, lorsque vous, les parlementaires, envisagez certaines facettes de l’armée — non seulement la justice militaire, mais aussi les griefs —, je vous demanderais tous de ne pas perdre de vue la nécessité de toujours maintenir un équilibre.
Dans l’armée, les choses ne peuvent jamais être exactement pareilles à ce qui se produit dans la population civile en toute circonstance. La chaîne de commandement doit participer au processus. Même si la décision semblait injuste, si vous retirez à la chaîne de commandement toutes ses responsabilités… Puisque la chaîne de commandement joue un rôle dans le grief, si vous la retirez du processus et que vous confiez celui-ci à des gens de l’extérieur, le grief sera peut-être réglé d’une certaine façon mais, à mon avis, vous aurez porté grandement atteinte à l’incidence et au rôle de la chaîne de commandement.
:
Je vous remercie beaucoup de la question.
Comme je l’ai déjà dit, aider tous les gens à l’intérieur et à l’extérieur des Forces canadiennes à mieux comprendre le droit et la justice militaire fait partie du mandat que je dois remplir au cours des quatre prochaines années.
Le système de justice militaire est un système autonome, distinct du système civil. Comme tout système de justice, il est reconnu par la Constitution. Vous remarquerez que, dans la Charte canadienne des droits et libertés, on souligne que les procès devant jury ne s’appliquent pas au système de justice militaire. En fin de compte, le coeur véritable des forces réside dans la discipline. Cet important aspect différencie les Forces canadiennes de la population civile. Sans discipline, on ne peut pas vraiment avoir une force opérationnelle, efficace et agile.
Pour que la chaîne de commandement puisse maintenir la discipline, elle a besoin de nombreux outils, dont un système de justice militaire distinct. Comme la Cour suprême du Canada l’a reconnu dans l’affaire intitulée R. c. Généreux, la discipline est au coeur même du système de justice militaire.
C’est pourquoi il est extrêmement important de bénéficier d’un système distinct dont les acteurs sont également des membres de l’armée. Cela contribue à établir un contexte approprié que les gens comprennent. Non pas que les juges civils ne comprennent pas le droit. Ils le comprennent, bien entendu, mais comprennent-ils vraiment le contexte?
En tant que membres d’un comité qui s’est rendu récemment en Afghanistan, je suis certain que votre compréhension du contexte là-bas est différente de celle que vous aviez quand vous ne faisiez que siéger ici, à Ottawa... C’est pareil pour la justice militaire. Il faut comprendre les règlements et le contexte dans lequel évoluent les soldats, les marins et le personnel de la force aérienne pour être en mesure d’agir en conséquence.
Donc, lorsqu’on se penche sur le système de justice militaire et qu’on l’examine attentivement, on constate que son coeur réside vraiment dans la discipline. C’est ce qui nous différencie du système de justice civile.
:
Je vous remercie de la question, monsieur le président.
Bien entendu, c’est un défi. Comme beaucoup de gens, vous êtes également très occupés à tout concilier. Pour être honnête, j’ai la chance de bénéficier de deux excellents systèmes de soutien.
Mes employés sont hors pair. Nous employons des avocats exceptionnels non seulement dans la force régulière, mais aussi dans la force de réserve. Pour la plupart, les avocats de la réserve travaillent dans des cabinets privés et fournissent des services quand c’est nécessaire. Non seulement ils remplacent les avocats de la force régulière quand ils sont déployés, mais certains réservistes sont également envoyés dans des endroits comme l’Afghanistan. À l’heure actuelle, un lieutenant-colonel de la réserve travaille en Afghanistan. Nous bénéficions donc d’un certain nombre d’excellents employés, y compris mon personnel civil. À l’échelle nationale, nous employons environ 100 civils de soutien, dont des techniciens juridiques.
Donc, comme je l’ai dit, tous ces gens répondent à l’appel chaque fois qu’ils interviennent. Pour être honnête, je dois faire attention, car bon nombre d’entre eux risquent de s’épuiser professionnellement; ils sont tellement dévoués à la cause et déterminés à appuyer les Forces canadiennes et le gouvernement du Canada que cela risque de leur arriver.
Ma charmante épouse constitue mon deuxième système de soutien principal. En fin de compte, elle m’oblige à regarder la réalité en face ce qui concerne mon emploi du temps et mes déplacements.
:
Encore une fois, merci de poser cette question.
Comme je l'ai dit, la structure du Service d'avocats de la défense leur permet d'être indépendants. Les nominations sont faites par le ministre, et non par moi. Des consultations constantes ont lieu entre le directeur, qui est présentement au rang de lieutenant-colonel, un capitaine de frégate de la marine... Souvent, des majors et des capitaines travaillent pour eux. Je laisse le soin au directeur de s'occuper du processus de consultation pour ce qui est des compétences et de la formation dont ils ont besoin. Je les aide lorsqu'ils ont besoin de ressources et d'argent.
S'il y avait un problème sur lequel j'aurais à intervenir, par exemple, des problèmes relatifs au personnel qui pourraient toucher des gens qui travaillent au Service d'avocats de la défense, il me faudrait faire une déclaration publique pour que le directeur puisse en parler publiquement et, si nécessaire, mettre ouvertement en cause le juge-avocat général et sa fonction.
Je crois que les Force canadiennes, les parlementaires et l'ensemble des Canadiens peuvent être assurés que beaucoup de mécanismes et de processus sont mis en place pour permettre au Service d'avocats de la défense, et en fait à toutes les parties — les procureurs et surtout les juges — d'agir tout à fait indépendamment de mes opinions et des décisions que je prends.
:
Merci. Encore une fois, c'est une très bonne question au sujet du droit des conflits armés appliqué aux opérations, et à mon avis, la plupart des Canadiens ne comprendraient pas cela. L'une des raisons, à vrai dire, c'est que bon nombre de questions concernant les règles d'engagement sont classifiées. Les règles d'engagement précises sont classifiées.
Mais je peux vous dire que comme les règles d'engagement doivent être approuvées en dernier ressort par le chef d'état-major de la Défense, établir les règles d'engagement constitue toujours un enjeu opérationnel. Malgré ce que les gens peuvent avoir entendu et malgré ce que l'on voit dans les émissions de télévision, ce n'est pas l'avocat qui dit « voici les règles d'engagement pour la mission ». Nous ne faisons que donner des conseils.
Encore une fois, sur le plan du processus de planification, peu importe de quel type de mission il s'agit, une mission internationale, une mission nationale pour le maintien de l'ordre, comme nous l'avons fait récemment à Vancouver pour l'Opération Podium... Soit dit en passant, je vais saisir cette occasion pour vous rappeler que 13 avocats militaires donnaient des conseils, en grande partie sur le terrain à Vancouver, mais également ici à Ottawa, et auprès du NORAD aussi.
Donc, dès le début, c'est comme pour n'importe quel autre aspect, pour ceux qui connaissent ce qu'on appelle le processus de planification opérationnelle: lorsque le chef est chargé d'une mission, nous commençons immédiatement à examiner toutes les questions juridiques qu'elle présente, y compris les règles d'engagement. Et si vous alliez en ligne... Je n'ai pas vérifié cette semaine, mais souvent, ils ont la partie non classifiée, celle que nous appelons notre manuel de recours à la force et qui présente les principes directeurs et les définitions que les Forces canadiennes utilisent pour créer des règles d'engagement sur le recours à la force. On y décrit le projet ou le processus de création des règles d'engagement qui fait intervenir des opérateurs, des officiers du renseignement, des agents des politiques, toutes les personnes desquelles on s'attendrait à ce qu'elles participent, y compris les avocats, qui créent le cadre juridique dans lequel les opérateurs peuvent dire « nous devons utiliser ce degré de force, du point de vue juridique, pouvons-nous le faire? »
C'est un processus très méticuleux et il est suivi à chaque fois que des règles d'engagement sont établies, pour chacune des opérations.
:
Merci de cette autre bonne question.
Je vais seulement commencer par parler rapidement de discipline. Comme je l'ai mentionné un peu plus tôt, cela ne se limite pas au système de justice militaire qui, comme je l'ai expliqué, compte le procès sommaire et les cours martiales. Elle fait intervenir d'autres outils, des outils administratifs comme le retrait du commandement, par exemple. Donc, le terme « discipline »... Je crois seulement qu'il est important pour les gens de comprendre que cela ne renvoit pas qu'au système de justice militaire. Cela s'applique à tous les outils offerts à la chaîne de commandement.
En ce qui concerne la question qui m'a été posée, oui, pour ce qui est du système relevant du Code de discipline militaire, qui fait partie de la Loi sur la défense nationale et qui présente le processus et les infractions qui feront l'objet d'une poursuite en vertu du Code de discipline militaire, il se divise comme on le divise dans la Loi sur la défense nationale et dans les Ordonnances et règlements royaux en un certain nombre d'accusations qui sont justiciables seulement par un procès sommaire conduit par la chaîne de commandement. Ces accusations sont souvent considérées moins graves.
Ensuite, il y a un ensemble d'accusations qui sont jugées uniquement par une cour martiale. Souvent, on les considère comme les accusations les plus graves. Certaines peuvent ne pas sembler très graves du point de vue de l'acte en soi, mais selon les circonstances, la chaîne de commandement peut être d'avis que la peine envisagée pourrait correspondre à un degré plus élevé. Dans ce cas et pour d'autres raisons, on donne à l'accusé le choix entre un procès sommaire et la cour martiale.
Donc, pour cette étape — et un certain nombre d'accusations entrent dans la catégorie des accusations optionnelles —, on fait un choix. Depuis l'affaire que j'ai mentionnée un peu plus tôt, l'affaire R. c. Trépanier devant la Cour d'appel de la cour martiale, des changements ont été apportés à la Loi sur la défense nationale qui précise mieux maintenant que l'accusé fait le choix dans certaines situations, selon l'infraction qu'il a commise; ou la chaîne de commandement peut simplement dire que l'affaire est trop grave. Comme vous le savez, les membres de la chaîne de commandement ne sont pas formés comme avocats ou juges, donc ils n'ont pas les compétences, par exemple, pour présenter — ce ne devrait pas être le cas et ils ne le veulent pas, en toute honnêteté — des arguments fondés sur la Charte. On laisse aux cours martiales le soin de le faire.