:
Merci, monsieur le président.
Membres du comité, mesdames et messieurs, merci de m'avoir invité afin que je puisse vous entretenir de l'approvisionnement au sein du ministère de la Défense nationale.
Comme l'a indiqué le président, je suis sous-ministre adjoint chargé des matériels. Le Groupe des matériels est le fournisseur de services central et l'autorité fonctionnelle pour tout ce qui concerne le matériel des Forces canadiennes et du ministère de la Défense nationale. Essentiellement, cela veut dire que le Groupe des matériels est responsable de l'acquisition et de la gestion de l'équipement pour toute la durée de son cycle de vie, depuis l'étape de l'approbation du besoin jusqu'à celle de l'aliénation du matériel.
Le Groupe des matériels détient l'autorité globale de la conception des équipements et des systèmes des Forces canadiennes. Il supervise aussi les relations en matière de matériels de défense avec d'autres ministères et organismes fédéraux, avec l'industrie de la défense, avec les gouvernements étrangers et avec les organisations internationales.
[Français]
Nous employons 4 400 civils et militaires. Il faut que notre personnel soit professionnel et expérimenté pour accomplir toutes les activités d'approvisionnement auxquelles nous faisons face, et j'estime que nous sommes chanceux de pouvoir compter sur des gens professionnels, innovateurs, compétents et dévoués. Nous faisons de gros efforts pour améliorer nos compétences professionnelles en matière de gestion de projets complexes.
[Traduction]
J'administre un budget annuel de plus de 3,5 milliards de dollars pour les immobilisations et un autre budget de 2,6 milliards de dollars pour la maintenance et les modifications. Nous supervisons la gestion de grands systèmes et d'autres biens d'une valeur de plus de 22 milliards de dollars, et j'administre conjointement avec le Commandement du soutien opérationnel du Canada des stocks évalués à 5,2 milliards de dollars.
En moyenne, le montant total que nous dépensons en une année se chiffre environ à 6 milliards de dollars. La stratégie de défense Le Canada d'abord nous fournit un cadre de financement très prévisible, qui est renforcé par le plan d'investissement stratégique du ministère. Permettez-moi d'ajouter que l'établissement des budgets selon la comptabilité d'exercice constitue une amélioration importante, qui a accéléré les acquisitions pour la défense au cours des trois ou quatre dernières années.
Le problème qui me tient éveillé la nuit et dont vous êtes bien conscients est le rythme des opérations des Forces canadiennes dans le monde, en particulier au cours de la dernière décennie. Actuellement, les Forces canadiennes participent à 18 missions internationales, où se trouvent 5 200 militaires canadiens. Ce rythme des opérations, si vitales soient-elles, consomme des ressources, augmente les besoins en maintenance et en réparation d'équipement et raccourcit les délais de remplacement de l'équipement.
[Français]
Notre équipement est souvent unique, généralement très complexe ou sophistiqué et requiert fréquemment une période d'adaptation de la part des membres de nos forces.
[Traduction]
Les Forces canadiennes doivent s'approvisionner chez les grands fournisseurs, qui sont peu nombreux et le deviennent de moins en moins, au fil des fusions des grandes sociétés du domaine de la défense. De plus, ces fournisseurs ont, parmi leurs clients, d'autres pays que le Canada.
Enfin, notre travail ne se limite pas à répondre aux besoins urgents, à court terme, des troupes canadiennes engagées dans des combats, ainsi qu'aux besoins à long terme visant à concrétiser la vision future de la défense. Nous avons aussi la responsabilité, envers les contribuables canadiens, d'optimiser l'utilisation des deniers publics, tout en tenant compte des retombées industrielles et régionales, des règlements et des lois sur l'environnement, la santé et la sécurité ainsi que des traités et des accords commerciaux internationaux.
Je vous dirais que nous avons à notre actif de bonnes réalisations pour nos troupes, au cours des dernières années. Par exemple, nous avons beaucoup allégé le processus d'acquisition au cours des cinq dernières années. Au cours des 10 années précédentes, il fallait en moyenne 107 mois pour conclure un marché. Ce délai n'est plus que de 48 mois. Nous y sommes arrivés essentiellement en passant d'un processus axé sur des exigences détaillées à un processus axé sur des exigences plus élevées de rendement. Nous avons aussi réduit au minimum les spécifications sur mesure et nous avons eu davantage recours aux produits standards ayant fait leurs preuves.
[Français]
En appliquant ces concepts, nous avons vu de nombreux exemples de succès en matière d'approvisionnement, dont celui relié à la modernisation des CF-18. Le dernier avion de chasse a été livré la semaine dernière, plus tôt que prévu et bien en dessous du budget alloué.
[Traduction]
Je me dois de mentionner aussi le programme de modernisation des navires de la classe Halifax, conçu pour prolonger la vie opérationnelle de nos frégates. C'est un programme d'une valeur de plus de 2 milliards de dollars, qui est bien avancé. La première frégate sera mise en cale sèche cet automne, à Halifax.
Quatre aéronefs C-17 de transport aérien stratégique ont été livrés à l'avance et ont coûté moins que prévu.
[Français]
Nous prévoyons obtenir le premier de 17 nouveaux aéronefs Hercule de transport tactique bientôt, soit six mois plus tôt que prévu.
[Traduction]
Nous avons signé, en août 2009, un contrat pour l'obtention de 15 nouveaux hélicoptères Chinook 47F, qui seront basés à Petawawa. Cela augmentera énormément la capacité de l'armée de mener toutes sortes d'opérations de combat ou de secours en cas de catastrophe.
Nous avons acquis des chars d'assaut de type Leopard 2, qui se sont montrés d'une grande efficacité en Afghanistan et qui offrent une protection vitale à nos troupes lors des missions dangereuses.
Le dernier projet que je voudrais vous mentionner est l'acquisition des camions de logistique blindés, qui se sont révélés, eux aussi, d'une grande efficacité en Afghanistan. Nos équipages n'on subi aucune perte depuis l'acquisition de ces camions.
De nombreux autres projets ont passé le stade de l'attribution du contrat ou de la livraison, au cours des quatre ou cinq dernières années.
Grâce à la stratégie de défense Le Canada d'abord, le ministère remplacera d'autres gammes d'équipements essentiels afin de préserver au maximum la souplesse opérationnelle des Forces canadiennes. Ainsi, on remplacera les contre-torpilleurs, les frégates et les aéronefs de recherche et de sauvetage à voilure fixe, c'est-à-dire les Buffalo et les Hercules.
Nous ferons aussi l'achat de la prochaine génération de chasseurs, pour remplacer la flotte actuelle de CF-18. Nous remplacerons les aéronefs de patrouille maritime Aurora, les navires de soutien interarmées et les navires de patrouille des côtes de l'Arctique.
Enfin, je vous signale que nous ferons l'acquisition progressive d'une nouvelle flotte de véhicules et de systèmes de combat terrestre qui serviront à protéger les soldats des forces terrestres canadiennes dans les missions à haut risque, à l'étranger. Ces acquisitions comprendront des véhicules de combat rapproché, la modernisation des véhicules blindés légers, qui sera faite par GDLS à London, en Ontario, un véhicule de patrouille blindé tactique et de nouveaux engins blindés de génie conçus sur le modèle des chars Leopard 2.
Il convient de souligner l'importance du remplacement de nos navires. Tel qu'indiqué dans le discours du Trône, le gouvernement continuera à appuyer le développement durable de l'industrie de la construction navale au moyen d'une approche à long terme concernant les marchés fédéraux. Afin de tirer profit du nombre de projets de construction navale qui seront entrepris par notre ministère et par d'autres ministères, tels que la Garde côtière canadienne, nous avons élaboré une stratégie nationale d'approvisionnement en matériel naval. Nous fournirons ainsi du travail aux chantiers navals canadiens pour aussi longtemps que nous pouvons prévoir et nous optimiserons l'utilisation des deniers publics pour le Canada, pour la défense et pour l'économie.
Il n'existe, dans le secteur public canadien, aucun autre organe comparable au Groupe des matériels du ministère de la Défense nationale, quant à la taille et aux fonctions. Je suis fier de nos réalisations des dernières années.
Monsieur le président, je serai enchanté de répondre aux questions des membres.
Il est vrai que les gestionnaires de projet possédant une expérience suffisante pour se charger de grands projets complexes et extrêmement difficiles sont relativement rares. Au cours des 15 dernières années, nous n'avons pas eu beaucoup de grands programmes complexes. Sur une période de six ans, mon prédécesseur avait en fait attribué le contrat d'un seul projet majeur, soit le projet des hélicoptères maritimes.
Cela dit, nos réalisations ont été nombreuses au cours des dernières années. Nous avons pris de l'expansion et nous sommes dotés d'une équipe de gestionnaires de projet très compétents. Nous faisons énormément d'efforts pour définir les critères de qualification des professionnels de la gestion de projet.
Je vous donne deux exemples. Nous avons adopté et documenté une norme internationale de qualification qui définit le travail d'un gestionnaire de projet complexe. Deuxièmement, nous avons convenu avec le Secrétariat du Conseil du Trésor que nous ferions une analyse de la complexité et des risques de chaque projet. Nous essayons d'affecter à un projet donné un gestionnaire dont les compétences sont adéquates, compte tenu des risques en cause. Par exemple, on attribue une cote allant de un, pour les projets les plus simples, jusqu'à quatre, pour les plus complexes. La plupart des gestionnaires de projet sont aptes à se charger des projets cotés entre un et trois, et nous essayons de développer leurs compétences par des colloques et d'autres activités de formation. J'ai envoyé deux gestionnaires d'expérience en Australie suivre un programme de maîtrise en gestion de projet complexe. Ils sont là-bas pour une période d'un an. En retour, l'Australie envoie au Canada des gestionnaires de projet possédant une très vaste expérience.
Nous sommes presque prêts à mettre en oeuvre notre structure de qualification officielle pour les gestionnaires de projet complexe. Il faut beaucoup de temps pour arriver au niveau des gens qui sont aptes à s'occuper de projets complexes de niveau 4, mais nous nous y employons avec beaucoup d'énergie. Nous avons fait des progrès. Où en sommes-nous maintenant? Nous n'avons pas encore complètement atteint l'objectif.
En fait, c'est la responsabilité d'Industrie Canada d'énoncer à cette fin une politique gouvernementale. Je sais que le gouvernement examinera très attentivement la recommandation de l'Association des industries canadiennes de défense et de sécurité et qu'il y réagira en temps opportun.
Au sujet du point que vous avez soulevé, la capacité de prévoir où nous investirons ensuite dans l'industrie est un gros problème. Je sais que Tim Page et l'association ont formulé une recommandation en ce sens, mais nous déployons beaucoup d'efforts pour faire connaître les priorités de la Stratégie de défense « Le Canada d'abord ». Je rencontre régulièrement les associations en cause et je les informe en détail.
Par exemple, les journées de l'industrie de l'armée, de la marine et de l'aviation se tiennent au cours de ce mois-ci; le personnel chargé d'évaluer les besoins en aviation et mon personnel chargé des projets participent à ces journées. Avec toutes les parties intéressées au Canada, nous passons soigneusement en revue le futur programme de la force aérienne, les échéances, les besoins et les lacunes. Nous avons des échanges très ouverts avec les participants.
La dernière chose que je pourrais dire, j'imagine, est que nous tenons plusieurs journées de l'industrie pour à peu près chaque projet et que nous affichons les versions préliminaires de nos documents sur les besoins à combler, de nos demandes de propositions, etc. La plupart des autres pays ne font rien de tel. Je crois que nous sommes bien en avance pour ce qui est des communications avec nos partenaires de l'industrie.
La capacité de nos Cyclone H-92 d'effectuer des essais sera entièrement certifiée et testée avant l'acceptation des aéronefs. Le programme avance extrêmement bien actuellement. Le véhicule aérien vole avec très peu de problèmes depuis octobre 2008. C'est une version considérablement modifiée et améliorée de H-92. Elle est munie d'un système de commande de vol électrique, dans lequel l'hydraulique complexe et les autres éléments de commande de vol sont extérieurs à l'aéronef. L'appareil est doté d'une capacité automatique de repli du rotor et de la queue. Il est très sophistiqué.
Ce programme avance très bien. Les essais en mer à partir du NCSM Montréal auront lieu la semaine prochaine à Halifax. Nous avons fait atterrir les aéronefs sur nos navires modifiés sans problème et ils ont ensuite très bien décollé; nous allons procéder à des essais en mer dans des conditions de vent réelles à partir du NCSM Montréal.
J'ai simplement un commentaire général à formuler au sujet des grands programmes d'acquisition d'aéronefs complexes comme celui-ci. L'expérience montre qu'il faut environ 10 ans pour mener à bien un tel programme. Par exemple, les Européens se sont réellement battus avec l'hélicoptère maritime NH90. Cet appareil est extrêmement léger.
Nous en sommes rendus à cinq ans et trois mois, sans compter la période précédente concernant les CH et tout le reste de cet équipement. Nous en sommes à cinq ans et trois mois de ce qui devrait prendre normalement 10 ans. En novembre, nous sommes censés prendre le premier de nos six hélicoptères maritimes pour entreprendre notre formation et les essais opérationnels de ce qui deviendra, nous croyons, un hélicoptère exceptionnel. En outre, le programme respecte parfaitement les limites du budget fixé.
Si vous me demandez si je suis heureux du projet des hélicoptères maritimes, je vous répondrai « oui ». Y a-t-il eu des difficultés? Oui. Est-ce un programme extrêmement difficile? Nous avons demandé pour cet hélicoptère des caractéristiques que personne d'autre n'a demandé dans le monde. Il sera à coup sûr, et de loin, le meilleur au monde. Toutefois, les spécifications de performance, y compris la capacité d'essai, sont des normes très élevées à atteindre.
C'était une bien longue réponse, excusez-moi.