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Merci beaucoup, monsieur le président. Je suis très heureux d'être ici.
En guise d'introduction, je suis responsable du programme des F-35 depuis maintenant un peu plus de dix ans. J'aimerais lire les remarques que j'ai préparées pour le compte rendu, et ensuite il me fera plaisir de répondre à vos questions.
Je tiens d'abord à remercier le comité de me permettre de participer à cette audience. J'espérais recevoir les membres du comité à notre installation de Fort Worth au début de cette semaine pour qu'ils puissent constater de leurs yeux le programme. J'espère que nous pourrons reporter cette visite quand cela conviendra au comité, monsieur.
Le programme est des plus essentiels pour tous les pays concernés. Je dis essentiel parce qu'il l'est pour les États-Unis et nos proches alliés. À mesure que nous tentons de moderniser à coût raisonnable nos forces aériennes tactiques et nos industries de la défense et de l'aérospatiale, il est important de songer à ces deux volets ensemble.
Avant d'entrer dans les détails, il convient de réfléchir un instant aux réalités du monde d'aujourd'hui. Les défis que la collectivité mondiale doit relever sont sans précédent. Nous fonctionnons comme une coalition de nations ayant un intérêt commun dans la préservation des idéaux et du mode de vie qui sont remis en question sur plusieurs fronts. Aucune nation ne réagit seule à cette menace et aucun d'entre nous n'a agi isolément ou en solitaire pendant les conflits soutenus au cours des dernières décennies.
Depuis plusieurs années, les nations souveraines du monde exploitent des chasseurs de première ligne semblables, surtout ceux dotés de la technologie prééminente des États-Unis. Les chasseurs CF-18 que votre force aérienne utilise aujourd'hui en font foi. Ces avions nous ont tous deux bien servis, mais ils vieillissent rapidement et ne peuvent demeurer efficaces dans le contexte des menaces avancées de l'avenir.
C'est un facteur important dont il faut tenir compte dans la prise des décisions qui influenceront nos enfants et nos petits-enfants. Mes cinq petits-fils seront un jour appelés à défendre mon pays, et ma résolution personnelle à l'égard de ce programme est de leur donner la meilleure capacité possible pour garantir leur efficacité dans le maintien de la paix et, le cas échéant, dans les opérations de combat. Plus important encore, nous nous employons à faire en sorte qu'ils puissent rentrer à la maison en toute sécurité après une mission.
Au début des années 1990, les États-Unis ont décidé que la multitude de programmes de modernisation que nos services lançaient chacun de leur côté étaient trop coûteux et ne tenaient pas compte du nouveau monde dans lequel nous étions. Nous sommes maintenant dans un monde qui exige un service interarmées, le déploiement d'une puissance aérienne fondée sur une coalition.
Le Programme d'avions de combat interarmées a été lancé pour créer une famille de trois avions, chacun spécialement adapté aux environnements opérationnels très différents qu'exigent les trois forces: l'opération traditionnelle sur piste pour la force aérienne; l'opération sur petits bateaux et champs expéditionnaires pour le US Marine Corps; et l'opération sur porte-avions équipés de gros dispositifs d'arrêt et catapultes pour la US Navy.
Outre cette adaptation, les avions sont identiques: ils sont dotés du même moteur, des mêmes capteurs de systèmes de mission et du même habitacle. Lorsqu'on s'assoit dans l'habitacle de l'un des trois avions, on ne sait pas dans lequel on est. Cette caractéristique est très importante pour assurer une véritable interopérabilité et réduire considérablement les coûts d'acquisition, de propriété et d'exploitation à long terme tout en profitant de véritables économies d'échelle.
Le 26 octobre 2001, Lockheed Martin obtenait le contrat pour concevoir l'avion de combat interarmées après un processus concurrentiel chaudement disputé et très coûteux. Ce processus mobilisait tous les grands fabricants des États-Unis et impliquait de construire et de faire voler des prototypes d'avion de démonstration. Le Canada comptait parmi les pays observateurs pendant le processus. Il y a une raison pour laquelle le processus ne comportait pas d'avion candidat des autres pays: il n'y a tout simplement pas d'autre avion de combat doté d'une technologie concurrente parmi tous ceux exploités aujourd'hui.
À ce moment-là, les États-Unis et le Royaume-Uni étaient les seuls pays à participer à cette entreprise. Une fois le marché attribué au terme du processus, on a offert aux proches alliés, qui avaient des avions de combat de première ligne américains à ce moment-là, l'occasion de moderniser leurs forces aériennes en tant que partenaires de cette entreprise à part entière.
Le Canada a été la première nation à se joindre à ce partenariat en février 2002. Six autres pays se sont joints au projet pendant les huit mois qui ont suivi. La liste des avantages offerts aux pays participants était sans précédent dans l'histoire des programmes du département de la Défense des États-Unis. Elle comportait une participation industrielle pendant la phase de développement et de démonstration des systèmes du programme.
Les pays participants étaient classés selon l'importance de leur contribution financière, le Canada étant dans la portion inférieure avec une contribution de quelque 150 millions de dollars américains sur dix ans. Cette contribution était un coût fixe et a été investie dans un programme de développement qui est maintenant d'environ 50 milliards de dollars américains. Les coûts supportés par le Canada n'ont pas augmenté malgré l'énorme investissement supplémentaire que les États-Unis ont dû consentir au fil du temps. En retour, on a demandé au premier entrepreneur, ma société, Lockheed Martin, de s'assurer que les pays partenaires pouvaient participer au développement du F-35 selon le meilleur rapport qualité-prix.
En décembre 2006, le sous-ministre adjoint du ministère canadien de la Défense nationale, Ward Elcock, signait un accord multilatéral entre les neuf pays participants qui a fait passer le partenariat de la phase de développement et de démonstration des systèmes à la phase de production, du maintien en puissance et du développement subséquent du programme. Le nouvel accord a remplacé le précédent et il a mis toutes les nations participantes sur un même pied d'égalité.
Pendant les années où le Canada a participé au Programme d'avions de combat interarmées, le gouvernement, tant libéral que conservateur, a soutenu le maintien de sa participation. À chaque évaluation, le gouvernement reconnaissait les avantages de cette participation et s'engageait à prendre part à la phase suivante. Le gouvernement du Canada, grâce à des programmes comme le Partenariat technologique Canada et l'Initiative stratégique pour l'aérospatiale et la défense, a reconnu l'avantage national qu'il y a à soutenir l'industrie dans la modernisation de ses installations pour être concurrentiel sur le marché mondial. Ce soutien du gouvernement a mis l'industrie canadienne en position favorable en vue de miser sur les avantages qu'offre le Programme d'avions de combat interarmées.
Permettez-moi de décrire brièvement ces avantages industriels. Toutes les possibilités industrielles qu'offre le F-35 se fondent sur les principes de la concurrence et du meilleur rapport qualité-prix, étant donné que la participation de tous se fait sous forme de travail direct sur tous les avions partenaires F-35, y compris ceux des États-Unis, et non uniquement sur les avions produits pour une nation en particulier. Cette exigence garantit un travail en aérospatiale et en défense à long terme et de grande qualité, à condition que l'industrie respecte ses engagements d'offrir des coûts, une qualité et un rendement concurrentiels.
Depuis les neuf dernières années, nous avons entretenu une relation très étroite avec les membres de votre équipe chargée des avions de combat interarmées au ministère de la Défense nationale et à Industrie canada. Ils ont été de véritables chefs de file et bâtisseurs d'équipe parmi les nations participantes au programme du F-35. Ensemble, nous avons trouvé des sociétés clés au Canada et nous les avons jumelées à des possibilités de développement et de production. Quand on combine cette activité à l'excellent travail de nos maîtres d'oeuvre du système de propulsion — qui, soit dit en passant, ont un contrat distinct et ne sont pas partie au nôtre —, le retour industriel total du F-35 est sans précédent dans l'histoire de l'approvisionnement militaire au Canada.
Le plan de participation industrielle consolidé du F-35 tient compte du véritable avantage du modèle économique du meilleur rapport qualité-prix. Il offre également des possibilités secondaires sur le marché mondial à mesure que votre industrie devient plus concurrentielle et mise sur les relations issues de la collaboration au Programme d'avions de combat interarmées.
Permettez-moi d'apporter quelques précisions. Nous avons signé notre premier contrat canadien lié au F-35 avec Honeywell Canada à Mississauga, en Ontario, à la fin de 2001. Lorsque notre usine a amorcé les opérations entourant le F-35, nos concepts d'outillage de pointe comportaient des innovations de Handling Specialty, une excellente entreprise canadienne. Lorsque le F-35 a effectué son premier vol en décembre 2006, des pièces canadiennes étaient à bord et ont contribué à faire de ce vol une réussite.
À ce jour, nous avons conclu des contrats d'une valeur de 319 millions de dollars américains avec l'industrie canadienne, sans compter nos maîtres d'oeuvre de la propulsion. Aujourd'hui, nous prévoyons que le plan industriel du Canada pour la portion production du programme dépassera de loin le coût d'acquisition de ses F-35, ce qui correspond aux attentes normales en matière de retombées industrielles régionales.
Alors que le Canada amorce sa préparation pour l'arrivée des F-35, nos équipes commencent à songer au maintien en puissance. La semaine prochaine, nous tiendrons un sommet de l'industrie canadienne à Fort Worth pour aider les industries de partout au Canada à mieux comprendre leurs capacités pour effectuer les travaux d'entretien et de réparation des F-35. La stratégie globale de maintien en puissance d'Autonomic Logistics permettra de réduire considérablement les coûts pendant le cycle de vie tout en offrant une pleine capacité opérationnelle ici, au Canada.
Pour conclure mes remarques préliminaires, monsieur le président, il peut être intéressant d'examiner de plus près le programme du point de vue de la proposition de valeur canadienne. Le chef d'état-major de la force aérienne du Canada est responsable des exigences canadiennes, mais pour le programme du F-35, ces exigences sont nationales et axées sur la coalition. Le F-35 introduit l'intégration des nouvelles technologies révolutionnaires de la furtivité, de l'avionique intégrée, du maintien en puissance avancé et de l'interopérabilité, des capacités qui n'existent pas aujourd'hui dans les flottes traditionnelles.
L'intelligence inhérente et les capacités de surveillance et de reconnaissance de cette prochaine génération de capteurs contribueront aux objectifs du Canada en matière de souveraineté et de défense des vastes espaces du pays, et constitueront un noeud essentiel de l'infrastructure intégrée de défense du réseau de sécurité du Canada. Le développement multinational du F-35 permettra également aux Forces canadiennes de s'intégrer facilement aux coalitions, au besoin. Aucun autre avion n'offre aujourd'hui ces capacités.
Le développement du F-35 est un défi monumental qui a connu des réussites et des échecs, qui tous ont fait l'objet de beaucoup de publicité. Le Canada n'achète qu'une des trois versions et il ne partage pas le risque technique ou financier associé à la phase développement et de démonstration des systèmes de cette capacité révolutionnaire. Il ne faut pas faire fi de l'importance de ces réalités, car il n'y a pas de risques ou de coûts de développement uniques au Canada comme cela a souvent été le cas pour d'autres programmes d'acquisition.
Le modèle de F-35 de la US Air Force, qui est aussi le modèle canadien, s'est avéré très productif et fiable pendant ses premiers vols d'essai. Cela a augmenté notre assurance que le F-35 atteindra son but ultime de répondre à vos exigences nationales et de faire en sorte que vous puissiez vous intégrer progressivement à une puissance aérienne de coalition, au besoin.
Aujourd'hui, les trois versions de l'avion sont en production et en vol d'essai, un facteur important pour atteindre les objectifs de viabilité financière du programme. Nous avons récemment conclu un contrat de production pour notre quatrième lot de production de 32 avions F-35. Lockheed Martin accepte le risque associé à ce contrat à prix ferme deux ans plus tôt que prévu selon le plan d'acquisition du F-35. Nous pensons que c'est là une preuve de la bonne foi de l'engagement de Lockheed Martin envers la viabilité financière du coût d'acquisition du F-35.
Notre carnet de commandes compte maintenant 63 avions destinés à 5 services dans 3 pays. L'industrie canadienne participe à la fabrication de pièces clés pour tous ces avions et est prête à saisir les possibilités qu'offre le programme et qui dépassent de loin le coût d'acquisition prévu de votre achat ultérieur. Les possibilités industrielles sont réelles et se produisent aujourd'hui, des années avant la signature d'un contrat d'acquisition de l'appareil. Il n'y a jamais eu de programme offrant aux alliés d'une coalition de moderniser leur flotte d'avions de combat militaires en modernisant en même temps les industries importantes de la haute technologie aérospatiale et de la défense qui définissent la fine pointe de la technologie partout dans le monde.
Mesdames et messieurs, je vous remercie de m'avoir donné l'occasion de m'adresser à vous. Il me fera plaisir de répondre à vos questions.
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Voilà une autre excellente question.
Au tout début, le programme a été créé pour... la moitié de nos exigences contractuelles ont trait au maintien en puissance de l'appareil, et cela ne s'est jamais vu avant dans le cadre d'un programme d'acquisition d'avions aux États-Unis. Le maintien en puissance, c'est un élément que nous avons compris plus tard, une fois que l'avion a été construit.
Dans le cas présent, nous avons intégré dans la conception de cet appareil des fonctionnalités liées à la fiabilité et à la maintenabilité, ce que nous n'avions jamais fait avant, parce que les spécialistes de la maintenance voulaient jouer un plus grand rôle et parce que tout le monde se plaignait du coût d'exploitation de ces appareils très évolués. Ces éléments sont donc intégrés dans la conception de l'appareil. L'une de nos exigences contractuelles est en fait de veiller à ce que les avions soient deux fois plus fiables que ceux qu'ils remplacent et à ce qu'il faille deux fois moins de temps pour les réparer. Cela permet entre autres de réduire le nombre d'heures-personnes à consacrer à la maintenance et le nombre d'employés requis.
Par ailleurs, avec l'aide de nombreuses personnes, dont des représentants du Canada, nous calculons les coûts annuels associés à l'exploitation du F-35. Ces gens viennent dans nos installations à Fort Worth pour une semaine environ, et nous dressons la liste de toutes les dépenses que vous pourriez devoir supporter dans le cadre du programme, y compris pour ce qui est de la mise à niveau de vos ordinateurs dans 20 ans. Nous rassemblons toutes ces données pour que tout le monde ait une idée précise de ce qui l'attend. À l'heure actuelle, on ne dispose pas de ce genre de renseignements pour les avions traditionnels. On ne fait pas le suivi des coûts. On ne recueille pas ce genre de données dans ces catégories. La comparaison directe n'est donc pas possible, mais ce sont les coûts qu'il faudra assumer pour exploiter et faire voler cet avion.
Nous avons aussi des économies de standardisation et d'échelle très puissantes. Nous allons assurer la maintenance de l'appareil dans neuf pays. Nous aurons des pièces de rechange communes. Si vous participez à une opération de coalition, la maintenance des avions sera assurée par une unité logistique commune.
Le coût de possession et d'exploitation englobera bien d'autres éléments dans l'avenir. Nous sommes très confiants que la fiabilité et la maintenabilité de l'appareil seront au rendez-vous, et que son exploitation sera raisonnable compte tenu du coût de possession.
L'analyse en cours, qui est menée bien avant que l'avion soit en fait mis en service, repose sur d'anciens modèles de coûts. Bien des éléments de coût dont nous parlons actuellement ne font pas partie de ces anciens modèles, qui ont trait aux avions traditionnels.
À mon avis, si vous posez la question à notre gouvernement, on va vous dire qu'on en sait davantage à propos du coût de possession et d'exploitation de cet avion à ce point-ci du développement qu'on n'en saura jamais à propos de n'importe quel avion — et que l'information va se révéler au fur et à mesure. Au bout du compte, le coût que devra assumer le Canada est en grande partie lié à ce qu'il décidera de faire relativement aux centres de formation, aux systèmes de remise en état, etc.
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Je vois maintenant d'où vient le chiffre, mais, en 2003, le Canada avait joint le programme depuis moins d'un an. C'est probablement ce qu'il valait à l'époque, parce que nous n'avions pas exploré les possibilités qui s'offrent maintenant. Au cours des sept années écoulées depuis, nous avons trouvé d'autres possibilités et attiré beaucoup d'autres entreprises. Ce chiffre n'est donc pas exact.
En ce moment, si on rassemble tous les projets que nous avons identifiés pour le Canada et si on les extrapole sur l'ensemble du programme de production, leur valeur du point de vue de Lockheed Martin, atteint les 9,5 milliards de dollars environ. Si on ajoute les travaux sur le moteur, on dépasse largement les 10 milliards de dollars.
Nous n'incluons pas dans ce montant les coûts reliés au maintien en puissance de l'avion une fois qu'il sera en service. Il sera en service au Canada pendant une trentaine d'années et nous croyons bien que l'industrie verra sa participation s'élargir dans des proportions dont nous n'avons aucune idée actuellement. Si on met dans la balance ce genre de retombées, d'une part, et le coût d'achat de l'avion, d'autre part, nous croyons qu'il y a un avantage considérable à participer au programme. Parce qu'on fabrique des pièces pour 3 173 appareils, pas pour les 65 que le Canada achèterait.
Voilà la base du programme. Maintenant, y a-t-il un risque là-dedans? Il y en a un, en ce sens que l'industrie doit briller, parce qu'aucun pays, aucun gouvernement ne veut acquitter une facture qu'aurait plombée une piètre performance. Ai-je bon espoir que l'industrie canadienne brillera? Oui, sans hésiter. Votre industrie est très compétitive. De tous les pays partenaires, je dirais que le Canada est aussi compétitif sinon plus que les autres. Il est très fort.
C'est un risque que l'industrie doit courir. Si elle consent à le faire, j'ai la conviction que les retombées d'ordre industriel déborderont largement ceux du F-35. Des possibilités naîtront dans d'autres programmes. Les fabricants de composites avancés seront amenés à s'occuper du volet commercial, par exemple; ainsi que la participation à ce programme de haute technologie entraînera une multiplication des possibilités.
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La question est bonne. Tout d’abord, rien de tout cela ne s’est produit en vol. Nous avons six engins d’essai qui ne s’envolent jamais, mais qui subissent toute une série d’essais au sol. Nous les insérons dans des appareils, où ils traversent deux cycles de vie normaux, soit 16 000 heures.
Nous recherchons des fissures durant ces cycles, et je fais observer que nous aimons en détecter, parce que si l’avion semble fonctionner parfaitement bien, des fissures apparaîtront sans doute ultérieurement, en cours de vol. Nous menons donc ces essais dans le but très précis de repérer les zones de l’armature qui sont peut-être un peu trop minces pour les charges qu’elles sont appelées à supporter.
Nous avons trouvé une telle zone dans l’armature de l’aéronef à décollage court et atterrissage vertical, ADCAV, comme vous l’avez mentionné, qui est en aluminium, alors que l’armature du chasseur de l’aviation est en titane. Le titane est un métal tout autre, qui a ses propres modes de propagation des fissures, répartitions de la tension, et ainsi de suite. Nous avons néanmoins suspendu les essais de l’appareil de la force aérienne jusqu’à ce que nous puissions procéder à une analyse complète de son armature et la comparer à celle des forces maritimes. Rien de tout cela ne sort de l’ordinaire. On entend souvent dire que cela sort de l’ordinaire, mais il est tout à fait normal de détecter de telles choses en cours d’essai et de les corriger, pour faire en sorte que l’appareil ne souffre d’aucun de ces problèmes quand il est finalement livré à son utilisateur.
Nous collaborons étroitement avec Héroux-Devtek, le fabricant de cette armature, pour trouver une solution. Les armatures déjà posées sur un avion seront réparées et remises en service, puis nous reprendrons les essais juste après le nouvel an. Quant à la construction des nouvelles armatures, il suffira d’une simple correction du logiciel qui guide le découpage pour que cette modification soit apportée à tout nouvel avion.
Nous recherchons donc ces failles, et nous voulons les repérer maintenant, pas plus tard, pour éviter que ces problèmes se produisent plus tard.
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Le gouvernement est en train de procéder à une évaluation des procédures de base du maintien en puissance, avec la participation de tous les pays. Il examine d'abord ce qui est indispensable pour entretenir la flotte globale: le nombre d'entrepôts, le nombre d'installations d'entretien et de réparation, et le nombre de centres de formation.
Il examine ensuite les intentions de chaque pays. En effet, les pays ne veulent pas tous avoir un centre de formation. Le Canada voudrait bien en avoir un. Cela signifie-t-il que le Canada entraînera un jour des pilotes étrangers dans son centre de formation? C'est un exemple.
Ce sont toutes ces considérations que l'on prend en compte, à l'heure actuelle, pour déterminer les procédures de base dont je parlais tout à l'heure. Il faut ajouter à cela l'entretien, la révision et la réparation. Est-il possible que les installations qui seront aménagées au Canada assurent un jour l'entretien des avions d'autres pays, pas forcément l'appareil en entier mais, par exemple, des pièces comme le train d'atterrissage?
Comme je le disais, c'est ce qui est à l'étude en ce moment. Ils veulent commencer par déterminer quelle infrastructure sera la moins chère à mettre en place, compte tenu des besoins souverains de chaque pays et de ce qu'ils veulent faire avec leurs propres appareils, et compte tenu également des autres installations qu'il faudrait envisager si vous êtes prêts à payer pour cela, parce que vous ne voulez pas nécessairement utiliser les installations d'un autre pays.
C'est ce que nous sommes en train de faire, ce qui nous permettra d'avoir un schéma global de toutes les installations nécessaires, pour une solution globale. Tout ce que le Canada voudra faire en plus de cela, et qui concerne l'entretien, la réparation, le travail au dépôt et la formation, il pourra le décider lui-même, en tant que pays souverain.