:
Merci, monsieur le président. Mesdames et messieurs les députés, je vous remercie de me donner l'occasion de vous exposer les capacités obligatoires de haut niveau auxquelles doit répondre le prochain avion de chasse du Canada.
[Français]
Récemment, M. Dan Ross, sous-ministre adjoint (Matériels), vous a présenté le processus utilisé dans le cadre du protocole d'entente conclu avec les partenaires du Programme de l'avion de combat interarmées (JSF) en vue d'acheter le F-35, chasseur qui offre aux Canadiens le meilleur prix, les meilleures capacités et, donc, le meilleur marché. Je traiterai donc uniquement des exigences du Canada et de l'analyse des options concernant le chasseur dont nous nous servirons durant les 30 ou 40 prochaines années.
[Traduction]
Comme je l'ai déjà mentionné devant ce comité, les chasseurs pilotés sont essentiels pour exercer le contrôle de notre espace aérien au Canada et en assurer la souveraineté ainsi que pour mener des opérations à l'étranger. Ni les véhicules aériens sans pilote ni aucune autre plate-forme aérienne ne permettent d'exécuter une tâche aussi complexe et exigeante, que ce soit dans un environnement air-air ou air-sol. Plusieurs de nos alliés en sont arrivés aux mêmes conclusions.
Après que le gouvernement eut annoncé son intention d'acquérir des chasseurs de nouvelle génération dans le cadre de la Stratégie de défense Le Canada d'abord, nous avons attentivement examiné nos besoins relatifs à un nouveau chasseur, puis nous avons pris notre décision au début de 2010. Nous avons tenu compte des missions et des rôles actuels et futurs qui seraient confiés aux chasseurs de la nouvelle génération ainsi que de l'environnement — environnement physique et menace — dans lequel ils seraient utilisés.
[Français]
Nous avons besoin d'appareils qui nous aideront à accomplir nos principales missions, soit défendre la souveraineté de l'espace aérien canadien et nord-américain par l'entremise du NORAD, tout en offrant au Canada une ressource moderne et efficace pour mener à bien nos opérations internationales et en exécutant efficacement les opérations interarmées avec nos alliés dans le cadre de l'OTAN ou d'une coalition.
Nous avons besoin d'un aéronef robuste, capable de fonctionner dans l'ensemble du vaste territoire canadien ainsi que dans des conditions météorologiques difficiles et changeantes. L'appareil doit aussi constituer un moyen de dissuasion efficace face aux contestations visant la souveraineté du Canada.
[Traduction]
Puisque nous ne pouvons pas nous permettre d'acheter et d'utiliser de nombreuses flottes de chasseurs spécialisés, notre chasseur de demain doit être capable d'assumer de multiples rôles, notamment divers rôles dans des combats air-air ou air-sol. De façon plus générale, le chasseur doit pouvoir exercer les fonctions de défense que nous exigeons de lui, qu'il s'agisse de patrouille de protection de la souveraineté dans le Nord, d'opération d'interception, de combat, de surveillance ou autre.
En outre, en prévision de l'avenir, le chasseur doit être assez flexible pour répondre aux menaces et exécuter des missions de nature imprévue au moment de sa conception. Nous sommes conscients que certaines menaces auxquelles les CF-18 ont fait face à la fin du XXe siècle se sont estompées, que d'autres sont demeurées les mêmes et que de nouvelles sont apparues. Nous sommes convaincus que les menaces continueront d'être aussi fluides et changeantes au fil du XXIe siècle. Nous tenons pour acquis que la technologie poursuivra son évolution sur différents fronts, notamment en ce qui concerne le traitement des données, la détection des menaces, les systèmes d'alarme, les ensembles d'autodéfense et l'interopérabilité.
Notre brève liste de capacités obligatoires qui sont de nature qualitatives et non quantitatives comprend plus précisément les caractéristiques suivantes.
La portée: l'aéronef doit avoir une portée suffisante pour être en mesure de répondre aux alertes selon la configuration établie par le NORAD et l'OTAN, sans recourir aux services de ravitaillement en vol, que l'aéronef se rende sans escale d'une base principale d'opération à une base d'opération de déploiement ou en effectuant une escale, au besoin, d'une base principale d'opérations à un emplacement avancé d'opérations.
L'endurance:
[Français]
l'aéronef doit faire preuve de suffisamment d'endurance pour évoluer aussi bien à partir d'une base principale d'opérations, que d'une base d'opérations de déploiement ou d'un emplacement avancé d'opérations selon les règles de vol aux instruments et pour assurer une patrouille aérienne de combat en fonction des besoins des Forces canadiennes, du NORAD et de l'OTAN.
[Traduction]
La vitesse: notre prochain chasseur doit être capable d'atteindre une vitesse lui permettant de mener à bien des missions d'interception contre les menaces aérobies, c'est-à-dire les menaces non balistiques telles que les chasseurs et les bombardiers, qui visent l'espace aérien appartenant au Canada ou ayant été attribué aux Forces canadiennes conformément aux normes du NORAD et de l'OTAN.
[Français]
Pour ce qui est du ravitaillement en vol, le chasseur doit pouvoir s'alimenter en carburant en vol pour élargir sa portée et augmenter son endurance.
[Traduction]
La déployabilité: notre prochain chasseur doit pouvoir être déployé aux emplacements avancés d'opérations tant au pays qu'ailleurs dans le monde et être en mesure d'y mener des opérations, quelles qu'en soient les menaces et les conditions géographiques, environnementales et climatiques.
Le renseignement, la surveillance et la reconnaissance: le chasseur doit être en mesure de fournir divers types de données liées aux renseignements, à la surveillance et à la reconnaissance, et ce, avant, pendant et après le déploiement d'armes. Cette capacité servira aux entités responsables du ciblage, du renseignement et du commandement qui pourront utiliser ces données au cours de leurs processus de prise de décisions.
L'armement: l'aéronef doit être en mesure d'employer avec précision une diversité d'armes air-air et air-sol pour produire une variété d'effets d'armes adaptées, et ce jour et nuit, quelles que soient les conditions météorologiques et les menaces que présente l'environnement.
La surviabilité:
[Français]
l'aéronef doit pouvoir se défendre en utilisant diverses technologies d'autodéfense tout en réduisant au minimum le risque de détection, d'engagement et de dommage dans des environnements où l'on s'attend à des menaces.
[Traduction]
Le potentiel de croissance: l'aéronef doit être en mesure d'accepter des mises à niveau quant à l'interopérabilité, à la surviabilité et aux capacités opérationnelles tout au long de sa vie.
La taille de la flotte: la flotte doit être composée d'un nombre suffisant d'aéronefs pour remplir les missions et les rôles attribués tout en permettant de mettre sur pied une force prête au combat — c'est-à-dire, d'entraîner le nouvel équipage et d'assurer la maintenance de l'aéronef.
La certification:
[Français]
l'aéronef doit satisfaire aux normes canadiennes en matière de certification et de maintien en puissance.
[Traduction]
La livraison: les délais de livraison du nouvel aéronef doivent nous permettre d'atteindre une capacité opérationnelle initiale qui coïncidera avec la fin de la vie active des CF-18 Hornet. Autrement dit, la livraison du nouveau chasseur devra commencer en 2016 pour qu'il y ait un certain chevauchement avec l'élimination du Hornet, prévue pour 2020, ce qui permettra d'éviter des lacunes dans notre capacité de défense et de veiller, entre autres, à l'instruction des équipages. Sur le plan de l'approvisionnement, on parle presque de demain.
[Français]
Au terme de l'analyse des exigences quantitatives obligatoires associées à ces capacités obligatoires de haut niveau pour le prochain chasseur canadien, il est manifeste que seul un avion de chasse de cinquième génération sera en mesure de satisfaire aux besoins de nos missions en raison de la nature de plus en plus complexe du futur environnement de sécurité.
[Traduction]
Le F-35 Lightning II est le seul aéronef capable de satisfaire à nos exigences et le seul chasseur de cinquième génération accessible au Canada. Le F-22 Raptor est un excellent chasseur de supériorité aérienne de cinquième génération qui est actualisé par l'ajout de capacités sélectionnées qui tirent leur origine du F-35, mais le gouvernement des États-Unis a interdit sa vente à l'étranger. La Russie est en train d'élaborer un aéronef de cinquième génération, et la Chine en ferait autant.
Les chasseurs de cinquième génération se distinguent de ceux de quatrième génération par trois capacités clés.
[Français]
Premièrement, il y a l'interopérabilité, une combinaison particulière de furtivité, de capteurs à longue portée et à haute résolution et de réseaux sécurisés de haute capacité permettant aux aéronefs de communiquer entre eux et de partager des données dans un environnement sécurisé.
[Traduction]
Deuxièmement, les capteurs et la fusion des données — un système qui regroupe les renseignements tactiques obtenus par les capteurs et des sources externes afin de permettre aux pilotes de comprendre aisément la situation tactique d'un coup d'oeil.
Et troisièmement, il y a la surviabilité — soit une très faible visibilité, des capteurs perfectionnés, un système d'autodéfense intégré et une liaison de données sécurisée qui permet aux aéronefs de cinquième génération d'accomplir davantage au cours d'une mission avec moins de ressources d'appui.
Il est important de préciser qu'un aéronef de quatrième génération ne peut pas être modernisé pour devenir un aéronef de cinquième génération. On ne peut pas changer un CF-18 de quatrième génération, même s'il est une version modernisée comme les nôtres, pour en faire un avion furtif de cinquième génération.
Par rapport aux générations précédentes d'avion de chasse, le F-35 Lightning II présente une différence révolutionnaire au niveau des capacités, et il offre des avantages uniques. Il est doté d'une technologie furtive. La faible observabilité réduira considérablement sa signature électromagnétique et, par conséquent, la capacité des systèmes radars ennemis de le détecter. Cette caractéristique réduit les risques et améliore la survivabilité du pilote tout en augmentant ses capacités de renseignements, de surveillance et de reconnaissance. Tout cela a une pertinence significative pour l'ensemble des priorités de défense du gouvernement du Canada tant au niveau des opérations nationales, continentales et internationales. Grâce à la technologie évoluée de détecteurs et de fusion de données dont il est doté, le Lightning II va recueillir, synthétiser et afficher des renseignements permettant aux pilotes de saisir la situation tactique d'un coup d'oeil, de prendre rapidement des décisions tactiques complexes et d'agir de façon décisive. L'aéronef effectuera en grande partie la collecte et la synthèse des données que les pilotes doivent présentement faire eux-mêmes, or, elles sont devenues pratiquement ingérables en raison de leur quantité et de la cadence à laquelle elles arrivent. De fait, c'est l'aéronef qui sera le copilote.
[Français]
Nous parviendrons à une interopérabilité avec nos partenaires et nos alliés qui sera harmonieuse, sûre et efficace lors des opérations du NORAD et de l'OTAN ainsi que lors d'opérations de coalition.
[Traduction]
Le F-35 nous permet de partager l'ensemble de la connaissance de la situation avec un aéronef ami. Lorsque nous effectuons des opérations à l'étranger avec une coalition de pays aux vues similaires et avec la même plate-forme, les aéronefs sont semblables. Par conséquent, nous pouvons partager des ressources et nous mettre rapidement à l'oeuvre sans devoir passer par un entraînement qui dure des semaines parce que nous disposons du même équipement et des mêmes logiciels que nos partenaires. Cela fait toute une différence dans notre façon de procéder en tant que coalition.
De plus, les aéronefs sont renouvelables. Nous pourrons remplacer les aéronefs perdus — ou acquérir des aéronefs supplémentaires si la situation mondiale future l'exige — parce que la chaîne de production sera en activité jusqu'en 2035 au moins. Les logiciels seront mis à niveau constamment, et nous n'aurons pas besoin d'attribuer de contrat individuel pour chaque mise à niveau, ce qui représente des économies énormes et qui permet de maintenir l'aéronef à jour, au fur et à mesure que la technologie évolue.
En conclusion, compte tenu du contexte de sécurité futur de plus en plus complexe et incertain, le F-35 Lightning II offrira au Canada les plus grandes probabilités de réussite des missions, et les meilleures chances que nos militaires reviennent au pays sains et saufs et avec leurs appareils.
Nous faisons l'acquisition du F-35 Lightning II afin de protéger les intérêts canadiens et de contrer les attaques futures. Acquis et maintenu en puissance grâce au programme d'avion de combat interarmées, le F-35 représente le meilleur rapport qualité-prix pour nos contribuables. Il permettra au Canada de rester au premier plan des opérations de chasse et à notre flotte de demeurer pertinente, souple, viable et renouvelable au moins jusqu'au milieu du siècle.
Le F-35 Lightning II n'est pas un luxe superflu. C'est l'outil, au meilleur rapport qualité-prix, qu'il faut pour que la force aérienne puisse s'acquitter de la tâche que le Canada et sa population lui confient.
[Français]
Mesdames et messieurs, merci. Je serai heureux de répondre à vos questions au sujet des capacités obligatoires de haut niveau concernant notre avion de chasse.
[Traduction]
Merci beaucoup.
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Merci, monsieur le président.
Messieurs, une dépêche de la Presse Canadienne vient de sortir. Il est question d'une étude à laquelle on a eu accès grâce à la Loi sur l'accès à l'information, et qui s'intitule:
[Traduction]
« Une vérification interne du MDN découvre d'autres signaux d'alarme relativement à des achats d'aéronefs. »
[Français]
On fait référence à l'avion de recherche et sauvetage.
Selon ce rapport, le Chef – Service d’examen a fait une vérification interne au sein du ministère de la Défense nationale. Il aurait trouvé qu'il y a un manque de surveillance et que le suivi de l'évaluation des risques n'était pas suffisamment documenté.
Il a ajouté que:
[Traduction]
Le vérificateur interne des Forces signale que ces achats étaient aussi douteux que ceux des hélicoptères. À chaque étape de la méthode de gestion des risques du MDN, certaines pratiques de gestion du risque n'étaient pas en place au bureau de projet.
[Français]
Ça m'inquiète. La vérificatrice générale vient de déclarer cela à propos des hélicoptères. On parle maintenant de votre propre revue interne. Votre
[Traduction]
chef — services d'examen
[Français]
dit que c'est sur le même terrain que les hélicoptères de recherche et de sauvetage. J'ai besoin d'assurances concernant le projet de F-35.
Quel est le problème au sein du ministère? Change-t-on trop souvent de gestionnaire de programme? Le colonel Burt est gestionnaire de programme et semble être en poste depuis longtemps. C'est déjà une assurance. Expliquez-nous comment il se fait qu'il n'y a pas plus de garde-fous surtout pour des projets de cette ampleur. On parle de milliards de dollars. Cet après-midi, on apprend que le programme
[Traduction]
de recherche et sauvetage, appareil à voilure fixe de recherche et sauvetage,
[Français]
est dans une situation semblable à celle des hélicoptères. En ce qui vous concerne, on parle d'un projet de 16 milliards de dollars. Vous comprendrez que comme protecteurs des contribuables, nous avons besoin d'être rassurés. Quelle est votre opinion sur ce que votre chef de
[Traduction]
service d'examen
[Français]
vient de révéler cet après-midi? Rassurez-nous relativement à votre projet en ce qui a trait au F-35.