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Monsieur le président et membres du comité, bonjour, je m'appelle Kory Mathews et j'occupe le poste de vice-président du Programme F-18 de Boeing Defense, Space and Security.
Au nom de Boeing, je tiens à vous remercier pour cette occasion de m'adresser à vous aujourd'hui concernant l'acquisition de chasseurs de la nouvelle génération par le Canada et du Super Hornet F/A-18 de Boeing.
Avant de commencer, permettez-moi de présenter deux collègues qui m'accompagnent aujourd'hui: Pete Peterson et Ricardo Traven. Pete dirige le bureau de Boeing, ici à Ottawa, supervisant les opérations de Boeing Defense, Space and Security au Canada. Ricardo est un diplômé du Collège militaire Royal du Canada, un ancien pilote de CF-18 de la Force aérienne du Canada et, maintenant, le pilote d'essai en chef du programme Super Hornet de Boeing.
L'acquisition de nouveaux chasseurs est une entreprise colossale pour un pays, et Boeing reconnaît la grande importance de cette acquisition pour le Canada, du point de vue tant de la capacité de défense qu'elle procure aux Forces canadiennes, que de l'importance de l'investissement gouvernemental qu'elle requiert. C'est pourquoi nous croyons que le Super Hornet, avec ses capacités opérationnelles démontrées, un faible risque d'acquisition à un prix connu, ses frais abordables de cycle de vie et une cédule de livraison garantie, serait un excellent ajout à l'inventaire de la Force aérienne du Canada.
Faisant ses débuts en 2006, le Block II Super Hornet intègre les dernières avances de la technologie de défense, y compris un affichage intégré des données fusionnées à partir d'une grande variété de nouveaux capteurs, ce qui en fait aujourd'hui le plus avant-gardiste des avions de combat multirôle en service opérationnel dans les forces armées des États-Unis.
Parmi la multitude de fonctionnalités avancées du Super Hornet, la furtivité de l'appareil ne reçoit pas l'attention qu'elle mérite. Bien que des discussions préliminaires entre des responsables des Forces aériennes du Canada et de la US Navy aient eu lieu en 2008 et début 2009, à notre connaissance, les autorités canadiennes n'ont pas encore reçu une présentation complète des brefs de rendement du Super Hornet de la US Navy, y compris les renseignements sur les propriétés furtives de l'appareil.
Alors que les contraintes de sécurité nous empêchent d'avoir une discussion même de façon générale dans cette assemblée, je peux vous assurer que les experts canadiens trouveront ces brefs d'information très éclairants. Je suggère respectueusement que vous demandiez cette information à la US Navy ne serait-ce que pour prendre une décision éclairée dans le cadre du processus de sélection d'un chasseur de la nouvelle génération.
En plus des fonctionnalités avancées qu'offre le Super Hornet, le programme est reconnu par l'industrie et le gouvernement américain comme un modèle d'acquisition de la défense. À ce jour, plus de 440 Super Hornet ont été livrés à la US Navy et à la Royal Australian Air Force. Tous ces avions ont été livrés à temps ou en avance sur le calendrier et dans le but prévu.
Comme vous le savez peut-être, à la fin septembre, Boeing a signé un troisième contrat d'approvisionnement pluriannuel avec la US Navy pour fournir 124 nouveaux aéronefs Super Hornet à un coût réduit, générant quelque 600 millions de dollars en économies pour les contribuables américains. Nous avons tout lieu de croire que les futurs clients internationaux, comme le Canada, seraient également en mesure de tirer partie des coûts réduits proposés dans le présent contrat, tout comme le gouvernement australien a fait lors de son acquisition du Super Hornet.
Depuis plus de 80 ans, Boeing a démontré son engagement envers l'industrie canadienne et sa main-d'oeuvre hautement qualifiée, générant annuellement environ 1 milliard de dollars en retombées économiques au Canada. Aujourd'hui, le Canada abrite un des plus grands réseaux de fournisseurs international de Boeing, y compris plus de 200 partenaires importants couvrant toutes les régions du Canada. Étant donné l'ampleur du portefeuille diversifié de produits militaires et commerciaux de Boeing, l'acquisition de Super Hornet permettrait encore plus de possibilités pour les travailleurs canadiens, basée sur une diversification que nos concurrents ne peuvent tout simplement pas offrir. En outre, Boeing s'engagerait à se conformer à la politique actuelle des retombées industrielles et régionales et à accoter la valeur totale du contrat, dollar pour dollar en retombées économiques garanties au Canada.
En nous appuyant sur notre compréhension de vos besoins en défense, y compris notre examen du document décrivant les « high level capabilities » requises et de la « stratégie de défense Le Canada d'abord », j'ai tout lieu de croire que le Super Hornet est idéalement adapté pour répondre à vos exigences de mission.
Je ne suis pas ici pour prendre de votre précieux temps pour vous contraindre à des sollicitations hasardeuses ou à des projections de coût et/ou de capacité. Boeing peut, aujourd'hui, vous offrir des renseignements sur le Super Hornet qui sont fondés sur des faits et une expérience opérationnelle prouvée, de sorte que vous serez en mesure de prendre une décision éclairée.
Si vous avez besoin de renseignements supplémentaires ou de séances d'information techniques, la compagnie Boeing et le programme F-18 sont prêts à répondre. Et comme indiqué précédemment, je vous recommande de communiquer avec le gouvernement des États-Unis pour obtenir une liste complète des données de performance sur le Super Hornet. J'invite également la Force aérienne du Canada à procéder à une évaluation structurée « flight and maintenance » du Super Hornet afin de mieux comprendre les capacités de ce chasseur polyvalent exceptionnel.
Enfin, je tiens à lancer à ce comité une invitation à visiter nos bureaux du programme et nos installations de production à St. Louis.
Encore une fois, merci beaucoup de m'avoir donné aujourd'hui cette occasion de discuter avec vous. Je suis prêt à répondre à vos questions.
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Oui, monsieur, et permettez-moi de m'attarder un peu sur ce sujet.
Le Super Hornet évolue déjà dans des conditions d'interopérabilité. Il faut savoir que l'U.S. Navy envisage actuellement de faire voler le F-18-E/F Super Hornet et son autre déclinaison, l'EA-18G, en même temps que le F-35, dans un rôle complémentaire au Super Hornet, à partir de ses porte-avions et ce, jusqu'en 2035 ou 2040.
Regardez où nous en sommes aujourd'hui sur le plan de l'interopérabilité et du système de liaison de données— nous utilisons actuellement le standard Link 16, de même que d'autres systèmes de liaison de données qui nous permettent toute la gamme d'échanges d'informations. Nous avons la capacité de transmettre des données sur les cibles, de communiquer des images et même de transmettre des vidéos pleine vitesse. Quant aux philosophies en matière de forces aériennes qu'on adoptera peut-être dans l'avenir, je suis certain que nous pourrons maintenir l'interopérabilité. Nous pourrons intégrer de nouveaux systèmes de liaison de données, puisque que le Super Hornet a été conçu pour cela. Il a été pensé en fonction des futures générations. l'U.S. Navy a un plan s'articulant autour des nouvelles capacités qui viendront s'ajouter dans les décennies à venir et ce plan prévoit l'adoption de systèmes de liaison de données de pointe pour garantir l'interopérabilité dans l'avenir.
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Merci, monsieur Matthews. Il ne me reste que deux minutes.
Mes collègues vont évidemment vous poser d'autres questions, mais il est un autre aspect qui m'intéresse. Les représentants de la Défense nationale nous ont déclaré, ici et dans d'autres contextes, qu'ils ont réalisé un certain nombre de simulations, effectué des études internes et comparé divers avions à leurs cahiers des charges — ou à leurs capacités de haut niveau obligatoires, seul document que nous ayons vu à ce sujet. Vous avez déclaré quelque chose d'intéressant dans vos remarques liminaires: vous ne pensez pas que le Canada ait demandé au gouvernement américain les exigences techniques détaillées concernant, par exemple, les caractéristiques de furtivité de l'appareil que vous proposez.
Dois-je donc conclure qu'à vos yeux, les évaluateurs n'ont pas été en mesure de comparer ce qui était comparable?
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Merci, monsieur le président.
Bonjour, monsieur Mathews.
[Traduction]
Je commencerai, dans mon autre langue, par vous présenter mes excuses pour avoir, lors de mon passage à St. Louis, ratatiné un B-2 de votre compagnie. Je crains d'avoir envoyé au tapis une machine de 2 milliards de dollars. Heureusement que j'étais à bord d'un simulateur de CAE, ce qui m'a aussi permis de m'en tirer indemne.
[Français]
Monsieur Mathews, le gouvernement nous dit régulièrement que, selon les spécificités, c'est-à-dire les requirements, votre avion ne pourrait pas se qualifier parce que ce n'est pas un avion de cinquième génération et que votre appareil n'a pas l'avantage d'être furtif.
Qu'est-ce qu'un avion de cinquième génération? Considérez-vous que le Super Hornet est un avion de cinquième génération? Et a-t-il cette qualité d'être furtif?
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S'agissant de simulation, je veux m'assurer, d'abord et avant tout, que nous parlons bien de la même chose. Pour nous, dans l'industrie, il existe deux types de simulation. D'abord, celle réalisée à bord de simulateurs de vol. Celle-ci nous permet d'expliquer aux équipages les qualités manoeuvrières de l'avion en fonction de différents scénarios et de les familiariser avec ce système d'arme. Il y a, par ailleurs, une autre catégorie de simulation à propos de laquelle il conviendrait davantage de parler d'analyse opérationnelle, d'analyse constructive réalisée à l'aide de divers instruments qui permettent d'établir des comparaisons. Nous disposons des moyens voulus pour ces deux types de simulation.
En 2008, un certain nombre de pilotes des Forces aériennes canadiennes ont eu l'occasion de passer deux jours chez nous pour essayer le tout premier simulateur de vol, encore une fois pour prendre contact avec ce système d'arme.
Aujourd'hui, je ne suis pas en mesure d'être plus précis au sujet des simulations ou des analyses comparatives que nous avons réalisées. D'ailleurs, j'irais même jusqu'à dire qu'il serait déplacé que je le fasse sans connaître ce qu'on va précisément exiger du chasseur de prochaine génération. Nous aurions les moyens de donner suite à une éventuelle demande en ce sens, mais pour l'instant, à l'exception des premiers exercices de simulation de vol dont je vous ai parlé, il n'a pas été question de nous lancer dans des analyses comparatives plus détaillées.
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Merci, monsieur le président.
Merci, monsieur Mathews, pour votre exposé.
Moi aussi, la notion de cinquième génération m'intéresse. On dirait que c'est une étiquette qu'on accole à deux ou trois avions. Il semble en fait que la décision de retenir le F-35 soit uniquement due au fait que cet appareil serait le seul avion de combat de cinquième génération proposé au Canada et que nous en avons donc besoin.
Je songe aussi à la question des capacités de haut niveau obligatoires et je crois vous avoir entendu affirmer que votre compagnie peut répondre à cet aspect du cahier des charges quant au rayon d'action, à la vitesse et à la compatibilité avec les configurations NORAD et OTAN. Y a-t-il une différence entre le F-35 et le Hornet sur le plan de la mission fondamentale de l'avion? Quelqu'un a laissé entendre que la mission du F-35 est tout à fait particulière, puisqu'elle consisterait à effectuer des sorties d'appui-sol après une première frappe. D'un autre côté, les aviateurs nous ont dit que cet appareil est polyvalent. Quelle est la différence entre un Hornet et un F-35? Je suppose, ici, que vous connaissez très bien les capacités du F-35, puisque c'est un de vos concurrents.
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Merci, monsieur le président.
Monsieur Mathews, vous semblez assez réticent à donner des comparaisons impliquant vos adversaires.
Par exemple, quand on vous demande des simulations en ce qui concerne le Boeing, vous devez comprendre qu'en ce qui concerne le Super Hornet et le F-35, les députés trouvent que 16 milliards de dollars représentent une dépense assez exorbitante. On veut essayer de voir si on a fait le meilleur deal.
Quand vous nous dites qu'il n'est pas approprié pour vous de commenter soit les simulations ou d'autres enjeux, est-ce parce que vous considérez que les informations que vous détenez sont classifiées? Est-ce que c'est ça, le problème, ou est-ce autre chose?
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Monsieur, chaque pays a des exigences uniques ou des besoins particuliers en matière de capacités militaires. Chaque pays prend ses décisions de son côté.
Nous avons eu les discussions avec des représentants de plusieurs de ces pays et nous continuons, d'ailleurs, à avoir des entretiens officieux avec eux. Ce que je pense important de retenir, pour votre comité, c'est qu'il est fondamental que toute analyse soit fondée sur la totalité des capacités proposées.
Puisque je sais, aujourd'hui, que la totalité des capacités proposées n'a pas été transmise à votre gouvernement, je ne peux me prononcer sur l'analyse détaillée qui a été réalisée. Je peux vous dire, en revanche, que toute analyse de ce genre doit nécessairement être fondée sur une série d'intrants constituée par la liste des capacités proposée.
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Merci, monsieur le président.
Monsieur Mathews, une question nous préoccupe énormément. C'est celle du prix de l'avion: le coût de l'achat de l'avion et aussi le coût de maintenance pour le garder en état de vol pendant une période de 20 ans.
Vous avez eu une discussion avec M. Hawn au sujet de certaines options dont aura besoin l'avion, comme de l'équipement — fusils, missiles et autres. Si le gouvernement du Canada fournissait à votre compagnie la liste très détaillée de toutes les options, après avoir pris connaissance des renseignements techniques qu'il n'a pas encore eus, apprend-on, ... Avançons l'hypothèse que votre compagnie reçoit du gouvernement du Canada les nécessités techniques très détaillées, y compris, comme vous l'avez dit, toute la question liée aux missions qu'effectuera l'avion et aux différents systèmes.
Êtes-vous capable de donner un prix fixe au gouvernement? Si vous avez tous les renseignements nécessaires, pouvez-vous donner un prix fixe? Pouvez-vous dire que tel avion coûtera tant de millions de dollars? Pouvez-vous dire qu'un programme de maintien de services pour garder l'avion en état de vol coûtera un montant fixe? Êtes-vous capable d'offrir aux contribuables canadiens ce genre de renseignements, si on vous donne tous les renseignements nécessaires?
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Merci, monsieur le président, mesdames et messieurs les distingués parlementaires.
Permettez-moi tout d'abord de vous remercier de cette invitation à comparaître devant vous et à vous fournir quelques informations sur notre société et sur l'avion de combat Rafale. C'est à la fois un privilège et un honneur.
[Traduction]
Permettez-moi de commencer par vous dire deux ou trois mots sur notre compagnie. Nous sommes une société assez particulière sur la scène aérospatiale européenne, puisque nous sommes sans doute le seul avionneur dans le monde à être encore entièrement détenu par la famille fondatrice. La société a été fondée par feu Marcel Dassault et elle est encore majoritairement détenue par Serge Dassault et sa famille.
L'année dernière, nous avons enregistré un chiffre d'affaires d'environ 3,5 milliards d'euros dont 70 p. 100 grâce à nos activités civiles, puisque nous avons le privilège d'être un chef de file mondial dans le domaine des avions d'affaires au côté du canadien Bombardier et de l'américain Gulfstream Aerospace.
Nous présentons, en outre, la particularité d'avoir une très grande expérience dans le domaine du développement d'avions de combat. Au cours de 60 dernières années, Dassault a livré quelque 7 500 avions à 70 pays, pas uniquement des avions de combat, mais aussi des avions d'affaires. Cette flotte d'appareils a totalisé 20 millions d'heures de vol.
Notre expérience est plutôt unique en Europe où nous nous positionnons en qualité de principal entrepreneur dans le domaine de l'intégration des avions de combat et des systèmes complexes. Pour ce qui est de nos produits, commençons par parler des avions d'affaires. Nous en avons livré plus de 2 000 de la famille Falcon. Même si nous sommes en concurrence avec l'industrie aérospatiale canadienne, puisque Bombardier produit aussi beaucoup d'avions d'affaires, il se trouve que nous sommes associés à cette même industrie aérospatiale canadienne. En effet, Pratt & Whitney Canada est le motoriste qui équipe un grand nombre de nos avions d'affaires dont un de nos tout derniers, le Falcon 7X qui est l'appareil se vendant le mieux dans sa catégorie.
Nous travaillons également sur le programme nEUROn qui est un programme de coopération européenne ayant pour objet d'élaborer une technologie de démonstration dans le domaine des véhicules de combat aérien non pilotés, les UCAV. Nous nous intéressons, à ce sujet, à une caractéristique dont vous avez déjà traité lors de cette même séance, c'est-à-dire la furtivité. Il est évident qu'une des caractéristiques de l'UCAV sera son haut degré de furtivité. nEUROn vise à mettre au point un certain nombre de technologies dont l'industrie aérospatiale européenne aura besoin dans les 35 à 40 prochaines années pour développer la future génération d'avions de combat.
Enfin, notre principal programme est celui du Rafale, chasseur omnirôle. Je vous épargnerai tout ce qui est données chiffrées et technicalités, et je me mets à votre disposition pour répondre à vos questions. Permettez-moi simplement, avant cela, de vous parler des principes fondateurs de l'avion de combat Rafale.
[Français]
Le premier de ces principes fondateurs, c'est le concept « omnirôle ». Il faut comprendre la problématique de la défense française qui, en 1995, disposait d'à peu près 697 avions de combat. Aux termes du Livre blanc sur la défense et la sécurité nationale de la France, elle a pour objectif en 2025 d'aligner 300 avions de combat. Il s'agissait donc de remplacer sept différents types d'avions de combat par un seul type d'avions de combat, en service dans l'armée de l'air et dans la marine.
Cet avion doit, à lui seul, être capable de faire des missions de défense aérienne, d'attaque en profondeur, d'appui rapproché, d'attaque anti-navire en mer, de reconnaissance tactique et stratégique et — spécificité de la France — d'attaque nucléaire dans le cadre de la Force de dissuasion nucléaire française.
Actuellement, le programme prévoit la construction de 284 Rafale. Il y en a 180 qui ont été commandés de manière ferme par le gouvernement français. On en a livré à peu près 90. Ils sont entrés en service en 2004 au sein de la marine nationale française et en 2006 dans l'armée de l'air française.
Le deuxième principe fondateur de cet avion — et c'est un sujet que vous avez déjà abordé — est l'interopérabilité. Cet avion a été conçu pour opérer conjointement dans le cadre d'opérations multinationales et pour offrir une connectivité parfaite et totale avec tout le matériel des pays alliés, que ça soit les pays nord-américains ou les autres pays européens au sein de l'OTAN.
Cette interopérabilité n'est pas un principe mais une démonstration. Elle a été faite à plusieurs reprises. Le Rafale a déjà été engagé trois fois en missions de combat en Afghanistan et il a démontré son interopérabilité dans l'appui qu'il a fourni aux troupes de la coalition en Afghanistan. Il a également eu l'occasion de le prouver par trois fois à bord des porte-avions de la marine américaine, U.S. Navy, puisque des détachements de Rafale ont opéré à bord de l'Enterprise et du Harry S. Truman et, au mois de juin de cette année, à bord du porte-avions Theodore Roosevelt. Pendant une semaine, quatre Rafale ont été intégrés dans une unité de F-18E Super Hornet à bord du porte-avions.
Plus récemment, cette interopérabilité vient d'être aussi démontrée il y a quelques jours par la signature d'un traité de coopération entre la France et la Grande-Bretagne, au terme duquel des F-35 britanniques opéreront dans le futur avec des Rafale, à la fois à bord du porte-avions britannique Prince of Wales et du Charles de Gaulle.
Le dernier principe fondateur de la conception du Rafale est un fort potentiel de croissance grâce à une architecture ouverte de son système. Le Rafale va devoir être opérationnel pendant 30 ou 40 ans au sein des forces armées françaises. Il est donc essentiel de lui permettre d'évoluer au fur et à mesure des changements de la menace, mais aussi des progrès accomplis dans les technologies et les systèmes d'armes. C'est cette architecture ouverte qui lui permet d'évoluer dans le temps à travers des standards successifs.
Je crois que je vais en rester là, pour le moment, et je me tiens à votre disposition pour répondre à vos questions.
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Nous avons une très longue tradition, au sein de notre société, de coopération industrielle avec nos clients. C'est un peu dans l'ADN et dans les gènes de notre société. Par le passé, il y a eu de nombreux programmes d'acquisition d'avions de combat chez nous, qui ont donné lieu à des programmes de coopération industrielle avec nos pays-clients, en ce qui concerne le Mirage 2000, le Mirage F1, le Mirage 5 et des pays comme la Grèce, la Belgique, l'Espagne, les Émirats arabes unis, Taiwan.
Chaque fois, nous avons démontré notre capacité à nous adapter aux besoins de notre pays-client en matière de coopération industrielle. C'est à lui de dire ce qu'il souhaite et c'est à nous d'apporter une réponse, dans la mesure du possible, qui le satisfasse.
Très souvent, ce qui gouverne notre réponse et nos propositions en matière de coopération industrielle, c'est un principe extrêmement important en matière de transferts de technologie. À partir du moment où le gouvernement français décide de vendre un avion de combat à un pays ami, nous ne mettons aucune restriction sur les transferts de technologie. C'est très important, surtout aujourd'hui où la part électronique dans un système de navigation et d'attaque des avions de combat est extrêmement importante et où, par exemple, il est essentiel pour les pays-clients qui en ont la capacité, d'adapter le système d'armes à leurs propres besoins, ensuite, d'accompagner la vie et l'évolution de cet avion pendant 30 ou 40 ans. Il est essentiel dans ces cas-là généralement, par exemple, de transmettre aux pays-clients les ressources par l'intermédiaire d'un atelier d'ingénierie logicielle afin de pouvoir accompagner la vie et « customiser » l'avion pour mieux répondre aux besoins de l'armée de l'air non seulement immédiatement, mais dans les années qui suivent.
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Honnêtement pas, monsieur. Nous estimons que tout ce discours sur les générations est purement commercial. Dès la fin de la Seconde Guerre mondiale, notre société a adopté pour philosophie de mettre au point des prototypes successifs et de les améliorer en cours de route au fur et à mesure des progrès technologiques. Nous tirons notre expérience de la mise au point et de la construction de plus de 100 prototypes depuis 1946. À chaque fois, nous avons apporté à chacun de nos appareils des améliorations progressives, étape par étape.
Pour ce qui est du Rafale, je vous ai expliqué qu'un des principes fondateurs de sa conception est qu'elle est très ouverte, qu'elle présente un excellent potentiel de croissance grâce à une architecture ouverte. Que cela signifie-t-il? Eh bien, que le Rafale est entré en service en 2004 au sein de la marine française et qu'en 2010, de nos jours, il a déjà fait l'objet de trois améliorations importantes: le Rafale F-1 était un appareil essentiellement destiné à des missions air-air; le F-2 a été amélioré pour assurer en plus des missions air-sol; le F-3, qui est une amélioration du F-2 a été doté de capacités supplémentaires, notamment en matière d'attaque anti-navire en mer, de reconnaissance et de frappe nucléaire.
Le Rafale n'est pas figé dans le temps. Il se veut un concept évolutif permettant à l'avionneur que nous sommes de garder le pas sur le progrès technologique, si bien que l'avion sera perfectionné et amélioré tout au long de ses 30 années de vie opérationnelle.
Comment pourrait-on plaquer la notion de génération sur ce concept? Le Rafale F-3 sera-t-il de la génération 4,87? Et à mon réveil, demain matin, vais-je me dire que le F-4 sera de la génération 5,3? Pas vraiment. La philosophie qui sous-tend le développement du Rafale est toute autre et elle échappe entièrement à ce débat sur les générations.