:
Merci, monsieur le président.
Bon après-midi aux membres du comité. Merci de m'avoir invité à faire une présentation devant vous aujourd'hui.
Je m'appelle John R. McDougall et je suis président du Conseil national de recherches du Canada, le CNRC. Je suis accompagné par M. Jerzy Komorowski, directeur général de l'Institut de recherche aérospatiale du CNRC.
Le CNRC est un organisme du gouvernement canadien. Sa mission, que définit la loi sur le CNRC, consiste notamment à entreprendre, à faciliter ou à promouvoir la recherche scientifique et industrielle dans les divers domaines qui présentent de l'importance pour le pays.
Les recherches poursuivies au CNRC sont multiples et couvrent aussi bien l'aérospatial ou l'agriculture que le génie océanique et la photonique. Le CNRC procure également à ses partenaires et clients une gamme de services en développement et en commercialisation des technologies, dont le programme d'aide à la recherche industrielle qui opère chaque année avec près de 8 000 petites et moyennes entreprises canadiennes.
[Traduction]
L'Institut de recherche aérospatiale du CNRC, ou CNRC Aérospatiale, est le laboratoire d'aérospatiale du Canada. Avec des installations nationales de recherche et de développement à Ottawa et à Montréal, cet institut oeuvre avec les gouvernements, les universités et les entreprises d'aérospatiale du Canada et d'autres pays pour faire progresser la R-D dans cette importante industrie. Notre travail et notre expertise se concentrent sur la conception, la fabrication, la performance, l'exploitation et la sécurité des aéronefs et des engins spatiaux.
À la fin d'octobre 2009, Industrie Canada, le ministère de la Défense nationale et Travaux publics et Services gouvernementaux Canada ont prié le CNRC d'entreprendre une étude indépendante sur l'Énoncé du besoin opérationnel pour l'avion de recherche et de sauvetage à voilure fixe que le MDN souhaitait commander. L'énoncé avait été préparé par le MDN en 2006. Au terme de son examen, le CNRC a rédigé un rapport qu'il a remis au ministère des Travaux publics le 12 mars 2010, lequel se trouve dans les deux langues officielles sur le site Web du MDN.
Pour mener à bien ce travail, nous avons réuni une équipe d'une grande compétence avec du personnel du laboratoire de recherche en vol du CNRC. L'équipe était dirigée par un expert en navigabilité possédant une maîtrise en génie aéronautique, une licence de pilote d'aéronefs à voilure fixe et plus de 18 années d'expérience de vol. L'équipe comprenait un spécialiste des facteurs humains détenant un doctorat en neuroscience et cumulant 10 années d'expérience en analyse des facteurs humains à Recherche et développement pour la défense Canada, ainsi que trois anciens pilotes des Forces canadiennes qui, collectivement, avaient près de 60 années d'expérience en tant que pilotes militaires. Deux de ces derniers ont participé à des opérations de recherche et de sauvetage durant leur carrière dans l'armée, et le troisième était pilote d'essai principal au Centre d'essais techniques (Aérospatiale) des Forces canadiennes à Cold Lake, en Alberta.
L'examen a débuté en novembre 2009. L'équipe a étudié minutieusement l'Énoncé du besoin opérationnel que lui avait fourni le ministère des Travaux publics. En janvier 2010, l'équipe s'est rendue à Trenton, en Ontario, pour s'entretenir avec le personnel du MDN. À la fin du même mois, notre spécialiste en facteurs humains est allé à la base des Forces canadiennes de Comox, en Colombie-Britannique, pour observer les techniciens en recherche et sauvetage au travail à bord d'un avion Buffalo.
Nous avons rédigé un rapport préliminaire, que nous avons remis le 5 février au ministère des Travaux publics. Le MDN a répondu à ce rapport le 15 février, et le 19, nous avons rencontré les représentants de ce ministère pour discuter des commentaires formulés. Nous avons soumis l'ébauche du rapport final le 5 mars, nous y avons intégré les remarques obtenues du ministère des Travaux publics le 9 mars, et nous avons déposé la version définitive du rapport le 12 du même mois.
En gros, la principale conclusion du rapport est que l'Énoncé du besoin opérationnel est trop contraignant dans sa forme actuelle. Par cela, nous voulons dire que son application rendrait sans doute difficile l'atteinte de l'objectif visé, qui est d'acquérir un avion capable d'assurer un service de recherche et de sauvetage de qualité équivalente à celle du service existant.
Le rapport présente les conclusions d'une analyse approfondie de chacune des exigences ou des capacités obligatoires de haut niveau de l'Énoncé du besoin opérationnel, ainsi que des observations et des recommandations pour chacune. Quinze grandes recommandations y sont faites, dont le seul but est d'étayer le besoin actuel pour un appareil de cette nature tout en laissant assez de latitude aux soumissionnaires éventuels dans la manière dont ils se proposeraient de satisfaire aux exigences formulées. Il y est notamment recommandé que l'énoncé de 2006 pour un nouvel appareil de recherche et de sauvetage à voilure fixe soit modifié afin qu'il reflète une approche fondée sur les capacités de l'appareil plutôt qu'une approche centrée sur une plateforme donnée. Pareille modification nécessiterait une réécriture majeure de l'énoncé.
Selon une deuxième recommandation, le gouvernement canadien devrait revoir sa politique actuelle voulant que les Forces canadiennes soient les seules à assurer le service principal de recherche et de sauvetage avec aéronef à voilure fixe. Cet examen consisterait en une analyse approfondie du coût et des avantages potentiels d'une impartition partielle, y compris à des fournisseurs civils, de la fonction de recherche et sauvetage et cela pourrait comprendre les aéronefs, les équipages et la maintenance. On fait déjà appel à des hélicoptères civils pour offrir un appui initial aux opérations militaires de recherche et de sauvetage effectuées avec des appareils à voilure tournante.
Troisièmement, le gouvernement canadien devrait élaborer une politique qui définirait le niveau de service requis pour les opérations de recherche et de sauvetage, en l'occurence le temps de réponse que devraient respecter les Forces canadiennes ou un autre fournisseur, sans faire référence aux aéronefs existants. Une telle politique devrait reposer, autant que possible, sur les données historiques disponibles et sur l'emplacement prévisible des incidents qui nécessiteraient des opérations de recherche et de sauvetage.
Quatrièmement, le MDN devrait modifier son Énoncé du besoin opérationnel pour laisser une plus grande marge de manoeuvre aux soumissionnaires. Ceci pourrait inclure, par exemple, l'étude d'autres options pour les bases d’opérations principales ou d'une proposition qui inclurait une flotte variée d'aéronefs.
Comme je l'ai indiqué précédemment, les auteurs du rapport du CNRC sont parvenus à la conclusion que l'impartition partielle des opérations de recherche et de sauvetage avec aéronefs à voilure fixe pourrait constituer une solution de rechange économique à la construction ou au déménagement d'une base d'opérations principale, ou à l'achat d'un avion à vitesse de croisière élevée utilisé pour tous les scénarios.
Cinquièmement, le MDN devrait transformer bon nombre des exigences cotées dans l'Énoncé du besoin opérationnel en exigences obligatoires. Il devrait par exemple exiger une rampe qui se déploierait en vol pour larguer les techniciens ou l'équipement de recherche et de sauvetage, la capacité de décoller sur de courtes pistes en gravier et de lancer les opérations à partir de terrains d'aviation rudimentaires, voire la possibilité de fonctionner dans des conditions de verglas.
Sixièmement, le MDN devrait éviter d'employer l'expression « de série » dans son Énoncé du besoin opérationnel, à moins qu'il n'anticipe la livraison d'aéronefs tels qu'ils sont actuellement fabriqués, sans modification au niveau de leur conception.
La septième recommandation, c'est que le MDN supprime dans son Énoncé du besoin opérationnel les exigences spécifiques relatives à la vitesse et au rayon d'action du nouvel appareil. Comme je l'ai déjà dit, les auteurs préconisent une approche axée sur les « capacités » de l'appareil, d'après les données existantes sur les opérations de recherche et de sauvetage.
Selon la huitième recommandation, le MDN devrait recourir à d'autres méthodes d'analyse pour déterminer les dimensions minimales de la soute, au lieu de celles spécifiées dans l'énoncé de 2006. De telles méthodes pourraient s'appuyer sur une analyse rétrospective des traumatismes subis par les techniciens en recherche et en sauvetage.
Cela dit, c'est avec plaisir que je répondrai maintenant à vos questions sur le contenu du rapport du CNRC. Il serait préférable de s'adresser au ministère des Travaux publics et des Services gouvernementaux du Canada ou au ministère de la Défense nationale pour les questions relatives au travail qu'ils effectueront après le 12 mars 2010.
Merci, monsieur le président.
:
Même s'il s'agit d'un rapport technique, je tiens à vous féliciter vous, monsieur McDougall, en tant que président du Conseil national de recherches, et votre équipe pour ce rapport extrêmement détaillé et utile que vous nous avez remis. Il est très révélateur à bien des égards.
Essentiellement, vous prétendez que le gouvernement, ou le MDN, dit que les escadrons vont rester là où ils sont, que les postures de veille seront les mêmes, que le niveau de service offert restera inchangé et que cela impose des restrictions aux interventions.
Serait-il juste de dire que cela élimine la possibilité d'apporter des changements? La semaine dernière, lors de notre séance tenue à St. John's, un témoin nous a présenté les résultats d'une étude internationale qu'il a menée sur les délais d'intervention. Selon lui, dans certains pays, dont la Norvège, le délai d'intervention est de 15 minutes, jour et nuit, toute la semaine. Pour les équipes de l'Australie et la Garde côtière américaine, c'est 30 minutes. Ailleurs, comme en Irlande et au Royaume-Uni, le délai d'intervention est de 15 minutes jusqu'à 20 heures, et ensuite, il est de 45 minutes. Par conséquent, nous sommes presque dans l'impossibilité de nous conformer aux normes internationales.
Je crois que votre rapport stipule que, à cause du délai d'intervention de 120 minutes entre 8 à 16 heures, période où 83 p. 100 des incidents surviennent, nous avons besoin d'avions plus rapides et plus dispendieux. Puisque les escadrons vont rester là où ils sont, on ne peut pas les déplacer, même si un déménagement à proximité de leur emplacement actuel permettrait de réduire la vitesse minimale et le rayon d'action maximal requis et d'assumer les coûts associés à une réduction des délais d'intervention, n'est-ce pas?
:
Merci, monsieur le président.
Merci à nos témoins d'être venus.
Avant d'aller plus loin, j'aimerais préciser une chose. Je ne crois pas que c'était son intention... mais il n'est pas seulement question ici d'établir un plan pour l'utilisation d'appareils Hercules au sein d'un escadron d'appareils à voilure fixe pour la recherche et le sauvetage. Cela se fait depuis des années. Ce n'est rien de nouveau.
Monsieur McDougall, nous avons parlé, entre autres, des coûts, et vous proposez dans votre rapport, qui est très bien fait et très détaillé, d'utiliser une flotte mixte, entre autres. Je veux simplement confirmer que vous ne vous êtes pas attardé aux coûts. Votre mandat était purement technique. Les décisions concernant les coûts et leurs conséquences reviendront aux décideurs. C'est bien cela?
M. John McDougall: C'est ce que j'ai confirmé avec les membres de mon équipe.
L'hon. Laurie Hawn: Concernant certains points que vous soulevez dans votre étude, tous des points valides, nous avons parlé, entre autres, de la conception et des dimensions de la partie arrière de l'avion, et vous avez proposé, avec justesse, d'analyser le travail et les déplacements des techniciens en recherche et sauvetage à bord des appareils. Ce fut une discussion utile. Toutefois, puisqu'il est question d'acheter un type d'appareil à voilure fixe de série pour la recherche et le sauvetage, nous n'allons probablement pas modifier un modèle déjà en service pour répondre aux besoins. De toute évidence, nous allons évaluer les modèles disponibles et analyser leur utilité.
Votre mandat est très précis, et je crois que vous y avez répondu avec grand soin. Ce qui m'a frappé, et troublé aussi, c'est lorsque vous avez parlé de « l'assouplissement » des contraintes. C'est un mot affreux qui sonne faux; habituellement, ce genre de mot sert à camoufler quelque chose, car il ne dit pas tout à fait ce qu'il devrait signifier.
Dans votre exposé, vous avez indiqué, je crois, que votre tâche consistait vraiment à examiner le... vous critiquiez le fait que vous deviez discuter de beaucoup d'aspects non axés sur le rendement; vous avez dit que ces aspects s'accompagnaient de nombreux enjeux politiques.
Il est bien vrai que vous n'aviez pas pour mandat d'examiner ces enjeux politiques et la manière de prendre une décision éclairée, mais ce qui me frappe dans une situation comme celle-ci, c'est que... et j'espère que d'autres témoins discuteront des enjeux politiques qui influencent la décision, que certains croiraient grandement axés sur le rendement. Sinon...
J'imagine que se baser sur le rendement, c'est un peu comme mettre les boeufs devant la charrue — là où ils devraient être. Une fois que l'on connaît le meilleur rendement possible, on peut enfin tenir compte des autres facteurs.
Est-ce une bonne façon d'illustrer à quel point votre mandat est restreint — vous parliez d'aspects techniques —, si je dis que, en réalité, ce qui n'est pas axé sur le rendement outrepasse votre mandat, et que la décision fait appel à des enjeux politiques qui, eux, ne font pas partie de votre mandat?
Est-ce que tout cela est juste?