:
Bon après-midi, monsieur le président, et merci infiniment.
D'abord, permettez-moi de vous remercier de nous avoir invités à comparaître aujourd'hui devant le comité pour discuter des deux rapports déposés à la Chambre des communes le 9 juin 2011.
Monsieur le président, vous avez dit il y a quelques instants qu'il s'agit là de la sixième réunion du comité dans la présente législature mais, comme c'est la première fois que nous nous présentons devant le comité, je désire saisir l'occasion pour féliciter tous les membres du comité pour leur élection ou réélection à la Chambre des communes et vous dire également que nous avons hâte de travailler avec ce comité au cours de cette législature.
Je suis accompagné aujourd'hui par Wendy Loschiuk et Ronnie Campbell, vérificateurs généraux adjoints, qui ont été chargés d'un certain nombre des chapitres que contiennent les deux rapports qui ont été déposés aujourd'hui.
Avec votre permission, monsieur le président, je voudrais maintenant vous décrire brièvement les divers chapitres des rapports que nous avons déposés.
[Français]
Je vais commencer par le rapport du printemps. Le premier chapitre est consacré aux dépenses pour les sommets du G8 et du G20. Nous avons constaté que le Parlement n'a pas été clairement informé du montant total des fonds demandés pour les sommets.
[Traduction]
Quatorze ministères ont demandé des fonds dans sept demandes séparées et sur deux exercices. Il était donc presque impossible pour le Parlement de savoir combien d'argent on lui demandait en tout. Le gouvernement doit s'assurer que les parlementaires ont une image claire du total des fonds demandés pour de grands projets comme celui-ci qui relèvent de nombreux ministères.
Au moment de notre vérification, les ministères prévoyaient des dépenses de 664 millions de dollars pour les deux sommets, soit un peu plus de la moitié de la somme de 1,1 milliard de dollars approuvée par le Parlement. Vu le peu de temps qu'ils ont eu pour préparer les sommets, les ministères ont dû établir leurs budgets rapidement, souvent avec peu d'information. Les demandes de financement ont donc beaucoup surestimé les montants nécessaires.
Passons maintenant au Fonds d'infrastructure du G8. Le Parlement a reçu une demande de fonds de 83 millions de dollars pour le Fonds sur l'infrastructure frontalière. Il n'a pas été informé que 50 millions de dollars, sur les 83 millions qui avaient été budgétés, allaient financer des projets d'infrastructure dans la région hôte du G8. Quand le gouvernement soumet une demande de fonds au Parlement, il devrait indiquer de façon transparente à quoi l'argent est destiné.
L'ancien ministre de l'Infrastructure, sur l'avis de l'ancien ministre de l'Industrie, a approuvé le financement de 32 projets. Aucun fonctionnaire n'a participé à la sélection des projets.
[Français]
Je suis très préoccupé par l'absence de documents, au gouvernement fédéral, démontrant comment et pourquoi ces 32 projets ont été choisis. La documentation est importante pour la transparence et la reddition de comptes.
[Traduction]
Passons maintenant au Régime de pension de la Force de réserve. Le régime a été en chantier pendant plus de 10 ans, et pourtant le ministère de la Défense nationale ne s'est pas bien acquitté de ses responsabilités. Cela veut dire que de nombreux réservistes pourraient attendre sept ans ou plus avant d'apprendre quelles seront leurs prestations de retraite. Au moment de l'entrée en vigueur du régime, en 2007, le ministère n'avait pas assez de personnel en poste, ni des systèmes et procédures adéquats. Cela a causé des retards importants.
Environ 9 000 réservistes qui participent au régime ont cherché à racheter du service antérieur. Au moment de notre vérification, moins de 400 de ces demandes avaient été traitées.
[Français]
Les réservistes jouent un rôle essentiel dans les Forces canadiennes. Ils ne devraient pas être forcés d'attendre aussi longtemps pour recevoir les services de pension qui leur sont dus.
[Traduction]
Je voudrais maintenant passer au rapport Le point de 2011. Nos rapports Le point répondent à la question suivante: le gouvernement a-t-il réalisé des progrès satisfaisants pour régler les problèmes mis au jour par des vérifications antérieures? Nous notons des progrès satisfaisants dans deux domaines sur six, soit la gestion et le contrôle financiers, et la vérification interne.
L'avant-propos du rapport Le point, « Questions d'une importance particulière », était le dernier message adressé par Mme Fraser au Parlement à titre de vérificatrice générale. Elle y évoque des domaines dans lesquels le gouvernement a fait des progrès ainsi que deux enjeux préoccupants sur lesquels il faut se pencher.
[Français]
Le premier chapitre de ce rapport concerne la gestion financière. Le gouvernement dépense environ 275 milliards de dollars par année. Il est clair qu'il a besoin de bien gérer ses finances.
Nous sommes heureux de noter que le gouvernement a amélioré sa capacité en gestion financière. Il a recruté beaucoup d'employés qui ont une expertise en finance.
Nous avons aussi relevé des progrès satisfaisants en ce qui concerne la vérification interne.
[Traduction]
Une fonction de vérification interne solide peut aider une organisation à atteindre ses objectifs, à améliorer ses pratiques de gestion et à accroître son efficacité. Je suis particulièrement heureux de constater les améliorations importantes qui ont été apportées à la vérification interne. Je suis aussi impressionné par le rôle que jouent les comités de vérification ministériels pour renforcer la vérification interne et améliorer les pratiques de gestion au gouvernement.
[Français]
Parlons maintenant des grands projets de technologie de l'information, un secteur dans lequel les progrès n'ont pas été satisfaisants.
Il faut un investissement continuel en technologie de l'information pour servir la population canadienne. La mise au point de ces systèmes est une entreprise complexe et coûteuse. Il faut qu'elle soit bien gérée.
Nous avons relevé certaines améliorations. Toutefois, il faut agir quant à la planification et la surveillance de projets, ainsi que la mesure des résultats, car ces éléments restent faibles.
[Traduction]
Les progrès sont insatisfaisants aussi du côté des programmes pour les Premières nations dans les réserves. Je suis très déçu de constater que les conditions de vie dans les réserves ont empiré, et qu'elles sont très inférieures à la moyenne nationale.
Le fossé éducatif entre les Premières nations vivant dans les réserves et le reste de la population canadienne s'est creusé. Les logements sont en mauvais état, et la pénurie de logements s'est aggravée. Plus de la moitié des systèmes d'approvisionnement en eau potable dans les réserves continuent de présenter un risque important.
La préface du chapitre passe en revue les obstacles structurels qui nuisent au progrès dans les réserves.
[Français]
L'amélioration des conditions de vie dans les réserves n'est pas simple. Il faut que les Premières nations et le gouvernement trouvent des nouvelles façons de travailler ensemble pour régler ces enjeux.
[Traduction]
Passons maintenant aux services nationaux de police. La GRC fournit des services spécialisés aux forces policières du Canada. Ils incluent l'analyse d'empreintes digitales et d'ADN ainsi que d'autres services importants pour la sécurité publique et le système de justice pénale. La GRC a réalisé des progrès insatisfaisants pour ce qui est de régler des problèmes de longue date qui nuisent à sa capacité de fournir ces services. Nous sommes préoccupés par le peu de progrès réalisé à cet égard. Le gouvernement fédéral, avec ses partenaires provinciaux, territoriaux et municipaux, doit décider quels services de police devraient être fournis, de quelle manière, et comment ils devraient être financés.
Je passe maintenant au chapitre qui porte sur la réglementation des dispositifs médicaux.
Les Canadiens comptent sur Santé Canada pour obtenir en temps voulu du matériel médical sûr et efficace. Il existe tout un éventail de matériel allant des pansements aux stimulateurs cardiaques. Ces différents types de matériel jouent un rôle important dans la qualité des soins de santé. Les progrès réalisés par le ministère sont insatisfaisants en ce qui concerne la réglementation de la sûreté et de l'efficacité matérielles et des dispositifs médicaux. Santé Canada doit améliorer son respect des délais, utiliser les évaluations d'organismes de réglementation étrangers afin d'accélérer son processus et veiller à prendre des mesures adéquates pour contrôler la sûreté et l'efficacité du matériel et des dispositifs médicaux qui sont disponibles au Canada.
[Français]
Le dernier chapitre de ce rapport reprend les points saillants des rapports d'examen spécial remis à quatre sociétés d'État en 2010. Dans nos rapports, nous indiquons si nous avons relevé des défauts graves qui pourraient empêcher une société d'État d'atteindre ses objectifs.
[Traduction]
Nous sommes heureux de vous signaler que deux des quatre sociétés que nous avons examinées ne présentaient pas de défauts graves: la Société d'assurance-dépôts du Canada et Téléfilm Canada. Nous avons cependant constaté des défauts graves au sein du Centre national des Arts et de l'Office de commercialisation du poisson d'eau douce.
[Français]
Monsieur le président, ceci termine ma déclaration. Nous serons heureux de répondre à vos questions.
:
Merci, monsieur le président.
Je voudrais souhaiter la bienvenue à nos invités. Je m'estime privilégié d'avoir pu travailler avec vous au cours des dernières années. Je suis donc très heureux de pouvoir continuer à évaluer la situation en collaboration avec vous afin que nos efforts soient conjugués en vue de créer un meilleur avenir. Vous faites un excellent travail, et nous vous en remercions.
Est-ce que j'ose préciser que je suis membre du comité depuis plusieurs années? Je suis presque réticent à prononcer ce mot, mais je vais quand même le faire. Je suis membre du comité depuis l'époque du fameux scandale des commandites qui tirait à sa fin à ce moment-là. Je sais que certains membres de l'opposition ont essayé d'établir une comparaison entre les deux, ce que je trouve un peu déconcertant. Nous savons tous pertinemment que, dans le cas du scandale des commandites, nous ne savions pas de quel montant d'argent il s'agissait, à qui l'argent avait été versé, pour quelles raisons il a été versé, où il a fini et de quoi il s'agissait au juste. Il y a eu de nombreuses condamnations au criminel, et on peut supposer qu'il y en aura d'autres.
J'ai remarqué que, dans votre déclaration de juin dernier, vous avez précisé qu'il ne s'agit pas là d'un scandale des commandites.
Pourriez-vous donc expliquer les différences entre la situation dont nous parlons aujourd'hui et qui a été examinée par vous et le scandale des commandites qui a été caractérisé par des pratiques répréhensibles?
:
Merci, monsieur le président.
Je voudrais, moi aussi, féliciter M. Wiersema, qui avait espéré prendre sa retraite plus tôt cet été et qui a accepté de continuer d'être le vérificateur par intérim. Je désire vous remercier pour toutes vos années de service, non seulement pour ce que vous avez fait précédemment, mais aussi d'avoir accepté d'occuper ce poste en attendant la nomination d'un nouveau vérificateur général. Merci beaucoup.
Je voudrais maintenant examiner avec vous certaines des observations du rapport. On parle ici de « fonds » qui « ont servi aux fins prévues ». Il était évident qu'il est question des sommets du G8 et du G20:
Nous avons constaté que les opérations de l'échantillon consistaient en des dépenses encourues dans le cadre des activités liées aux sommets, au titre de la sécurité, de l'organisation et de l'accueil. Nous avons aussi constaté que ces opérations correspondaient aux plans et aux budgets pour lesquels le financement avait approuvé.
Vous disiez tout à l'heure, me semble-t-il, que le gouvernement en a eu pour son argent. Les commentaires de certains membres d'en face laissent entendre qu'il a dû y avoir des activités criminelles. Comme nous le savons tous, ce n'est pas du tout le cas.
On nous a dit, jour après jour, à quel point il était inconcevable de dépenser 1,1 milliard de dollars pour une conférence qui rassemblait les participants aux sommets du G8 et du G20, contrairement à la pratique habituelle. Nous avons constaté — et certains nous critiqueront pour autant — que la dépense réelle s'était montée, non pas à 1,1 milliard de dollars, mais à 664 millions de dollars, soit 61 p. 100 des crédits votés.
Donc, il semble que non seulement le gouvernement en a eu pour son argent, mais qu'il a fait du bon travail en ce qui concerne l'affectation des fonds. Ils ont été inscrits dans les prévisions budgétaires. À vrai dire, un gouvernement minoritaire ne pourrait jamais faire approuver de telles dépenses sans avoir l'accord des autres partis. Ces dépenses ont été autorisées par le Parlement.
Ensuite il est question de « l'exception du manque d'évaluation d'ensemble ». Nous sommes d'accord. C'est d'ailleurs le rôle précis de ce comité, et nous y avons toujours été favorables comme gouvernement. S'il y a un problème, faisons le nécessaire pour l'éliminer car le ministère responsable, quel qu'il soit, doit répondre de ses opérations.
Il me semble que les procédures normales n'ont peut-être pas été suivies ou peut-être manquent-elles.
Dans une des réponses à la fin, vous dites que le Conseil du Trésor a réagi et que le Secrétariat accepte votre recommandation au sujet du processus. C'est bien cela?
:
Merci beaucoup, monsieur le président.
Comme vous l'avez dit, j'ai très peu de temps pour poser mes questions. La providence a voulu que le comité décide de changer ce qui aurait été normalement la pratique d'un gouvernement majoritaire. La pratique du comité, depuis un gouvernement majoritaire jusqu'à aujourd'hui, est très différente, si bien que je dispose de très peu de temps.
Même si mon temps de parole est limité, je tiens à prendre le temps de vous remercier. Vous êtes au Bureau du vérificateur général depuis 34 ans. Vous avez servi le Parlement et le comité en nous faisant profiter de votre sagesse, et vos conseils sont appréciés.
Cela dit, je vais passer directement à ma question.
La nécessité d'accélérer les choses. Le gouvernement laisse entendre, en cherchant à se faire pardonner certains défauts, que ces derniers étaient causés par la nécessité de faire vite, alors que nous savons pertinemment qu'un an et demi avant la tenue du Sommet de Muskoka de 2010, la planification et la mise en oeuvre des opérations et tout le reste étaient déjà bien en cours.
Vous qui avez une expérience professionnelle qui repose sur 34 ans passés au Bureau du vérificateur général, pensez-vous qu'il aurait été possible de faire quelque chose dans ce délai de 18 mois pour que le Cabinet et le Conseil du Trésor obtiennent les autorisations financières nécessaires et pour faire approuver les prévisions budgétaires relatives à ces projets?
:
Merci pour la question, monsieur le président.
Comme le député l'a dit, il convient que je déclare dès le départ que le comité décide de son propre chef quel devrait être son mode de fonctionnement et quels rapports il désire examiner. La pratique de ce comité par le passé a consisté, quand il y a un changement de gouvernement au Parlement, à ramener sur le tapis le travail non terminé de comités précédents, notamment lorsque le comité a tenu des audiences, a étudié des rapports particuliers de vérificateurs généraux mais n'a pas encore eu l'occasion de présenter un rapport à ce sujet à la Chambre des communes. Je crois savoir que, conformément à la pratique habituelle, des rapports ont habituellement été renvoyés au comité au cours de la législature suivante.
Selon moi, c'est une pratique exemplaire établie. À mon sens, c'est la pratique suivie par les comités des comptes publics de tout le Canada et du monde entier. J'estime également que de tels rapports constituent un fondement à partir duquel le comité peut assurer le suivi des conclusions d'un comité antérieur, de même que celles du Bureau du vérificateur général, en vue de déterminer quelles mesures correctrices ont été prises.
Monsieur le président, nous estimons qu'il appartient au comité de déterminer ce qu'il désire étudier et sa façon de mener ses activités, mais, selon moi, les pratiques antérieures du comité continuent de constituer des pratiques exemplaires.
:
Merci, monsieur le président.
Je ne vais peut-être pas prendre tout le temps qui reste, mais je voudrais revenir sur ce que je disais tout à l'heure à propos du processus. Il y avait 14 organismes différents. Au lieu de se monter à 1,1 milliard de dollars, le coût n'a été en réalité que de 664 millions de dollars, si bien que seulement 61 p. 100 du montant approuvé ont réellement été engagés.
Vous avez évoqué les complexités de ce projet — et il ne faut jamais sous-estimer ce facteur, car c'est un peu comme ce qui a été fait pour le Plan d'action économique, où nous devions distribuer des sommes très importantes très rapidement tout en essayant de ne pas faire d'erreur. Nous avons maintenant des fonctions de vérification interne et de gestion financière qui, d'après ce que vous disiez tout à l'heure, me semble-t-il, contribuent à renforcer la responsabilisation et la transparence. Voilà qui est positif.
Entre-temps, au moment où la demande de fonds a été approuvée par le Parlement, nous tous nous sommes levés pour l'adopter — c'est-à-dire que suffisamment de députés se sont levés pour voter en faveur, étant donné que nous étions un gouvernement minoritaire. Depuis ce moment, nous entendons parler des inquiétudes des uns et des autres — et ce, depuis plusieurs semaines — et je me demande donc si les membres de l'opposition auraient communiqué avec le vérificateur général pour lui faire savoir que ces complexités les laissaient perplexes, qu'ils ne comprenaient pas tout cela et qu'ils se demandaient comment cela avait pu se faire de cette façon…? J'aimerais donc savoir si vous, en tant que vérificateur général, avez été informé de ces inquiétudes, qui sont soulevées tous les jours depuis la reprise des travaux du Parlement?
Monsieur le président, voilà une très bonne réponse à ma question. En fait, j'ai eu de bonnes réponses aux deux questions.
Comme tous les rapports du vérificateur général revêtent une très grande importance pour nous, je voudrais vous poser une question au sujet du Régime de pension de la Force de réserve. Je voudrais surtout vous parler de la situation d'un électeur.
Un héros de ma circonscription électorale, le caporal Brian Pinksen, qui a accepté sans hésiter de servir son pays, a perdu la vie en Afghanistan. Il était réserviste rattaché au 2e Bataillon du Royal Newfoundland Regiment. S'il y a une chose que nous devons à nos réservistes, à mon avis, c'est une certaine sécurité. Il me semble que c'est justement ce dont vous parlez dans votre chapitre sur la Force de réserve, c'est-à-dire qu'il faut tenir notre promesse. Or votre vérification a mis en lumière certains détails assez frappants et étonnants concernant la trahison de cette promesse. Quelqu'un qui espère qu'une opération sera effectuée relativement à son régime de retraite, conformément à la garantie ou à la promesse qui a été faite, pourrait finir par attendre sept ans avant que cette opération ne soit effectuée.
Vous avez justement mentionné l'importance critique du personnel à cet égard en signalant que le ministère ne possédait pas le personnel nécessaire pour faire fonctionner correctement le Régime de retraite de la Force de réserve. Par contre, le général retraité Leslie estime que le quartier général de la Défense nationale, au contraire, compte beaucoup trop de personnel.
Avez-vous l'impression que c'est une indication que les ressources ne sont pas employées efficacement au ministère de la Défense nationale? Si, d'une part, votre bureau nous dit qu'il n'y avait pas assez de personnel, alors qu'un officier supérieur des Forces canadiennes — quelqu'un qui a beaucoup d'expérience dans ce domaine — nous dit que, dans certains secteurs, il y a trop d'employés qui ne travaillent pas efficacement, à votre avis, est-ce le résultat d'une mauvaise affectation des ressources? Est-ce ainsi que vous qualifieriez cette situation?
:
Merci pour cette question, monsieur le président.
Je vais demander à M. Campbell de compléter ma réponse dans quelques instants, car c'est lui qui était responsable d'une bonne partie du travail que nous avons accompli à notre bureau concernant les questions autochtones. Il connaît les tenants et aboutissants de toute cette question.
Notre rapport a fait mention de quatre obstacles structurels. Le premier concerne le fait que la plupart des services qu'assure le gouvernement fédéral dans les réserves n'ont aucun fondement législatif. Ce ne sont pas des services prévus par la loi. Ce n'est pas comme le gouvernement de l'Ontario, qui est tenu de par la loi de fournir des services d'éducation. Ce n'est pas du tout le cas pour les services assurés dans les réserves. En règle générale, ils n'ont pas de fondement législatif.
Le deuxième obstacle est l'absence de normes de service. Pour la plupart des programmes, le niveau de service assuré par le gouvernement fédéral dans les réserves n'est pas clairement défini.
Le troisième obstacle concerne la façon dont les programmes sont financés. La plupart des programmes sont financés par l'entremise d'accords de contribution annuels, de sorte que de nouveaux accords doivent être préparés et négociés chaque année en vue de la prestation des services en question dans les réserves. Au moment où l'argent arrive, il est possible qu'une bonne partie de l'année soit déjà écoulée.
Le dernier obstacle concerne la capacité des premières nations à fournir ces services dans la réserve. Je vais de nouveau citer l'exemple de l'éducation. Les gouvernements provinciaux ont des commissions scolaires dont le travail consiste à s'assurer que des services d'éducation sont fournis à tous les résidents de la province. Cette capacité n'existe pas pour les programmes administrés dans les réserves.
Si le président est d'accord, je suis sûr que M. Campbell serait tout à fait disposé à vous fournir d'autres détails, si cela vous intéresse.
:
Merci, monsieur le président.
Comme c'est le cas pour les deux collègues qui se trouvent à ma gauche, il s'agit pour moi de la première fois que je participe au travail du comité en tant que député nouvellement élu. Je tiens à féliciter les membres de votre équipe, et surtout vous, monsieur Wiersema, pour votre longue carrière distinguée. Il est évident que c'est le cas.
Les sommets du G8 et du G20, comme mon collègue, M. Shipley, l'a déjà fait remarquer, constituaient un projet de grande envergure. Cela n'avait jamais été fait auparavant. C'était donc un immense projet et quelque chose de nouveau.
Il est clair que vous avez effectué votre vérification avec grand soin. Je vous en félicite. Vous avez noté un certain nombre d'éléments qu'il faut améliorer, et le gouvernement a accepté de le faire.
Pourriez-vous donc nous parler de ce que vous avez observé dans le cadre de cet audit d'un immense projet qui ne s'était jamais réalisé ailleurs dans le monde, soit les sommets du G8 et du G20 qui ont été tenus ensemble? Pourriez-vous nous parler des éléments qui vous ont impressionnés?
:
Merci, monsieur le président.
J'aimerais remercier nos invités de leur travail et aussi de partager leur temps précieux avec nous.
Une des plus grandes parties du travail qu'on fait dans ce comité, c'est examiner la façon dont les sommes d'argent sont dépensées. J'aimerais donc qu'on se tourne plus précisément vers les chiffres. Presque 50 millions de dollars ont été dépensés dans ces projets. De cette somme, presque 30 millions de dollars ont été dépensés dans la municipalité de Huntsville.
Plus particulièrement, je regarde les deux projets les plus dispendieux, dont le supposé centre des médias qui n'a finalement pas servi à cela. On l'a agrandi de 6 500 m2 pour y inclure une patinoire de dimension olympique — je ne vois pas où les journalistes auraient trouvé le temps de jouer au hockey — et pour pouvoir y accueillir 1 400 spectateurs. Presque 17 millions de dollars ont été dépensés pour ce projet. L'autre projet consiste en cette installation à l'Université de Waterloo qui n'a pas été utilisée par les étudiants jusqu'à présent, comme on l'a appris dans un article paru récemment dans The Globe and Mail.
Le problème dans tout cela, c'est que je ne peux pas vous demander s'il y a eu un bon rapport qualité-prix, puisque vous avez déjà souligné, de façon très éloquente, que ce n'était pas dans votre mandat et que vous n'aviez pas regardé la suite des choses. Or selon vous, au moment de décider de la façon de dépenser l'argent, les bonnes démarches ont-elles été entreprises pour s'assurer d'un bon rapport qualité-prix non seulement pour le G8, mais aussi pour les générations futures?
:
Merci, monsieur le président, et merci infiniment à nos témoins pour leur présence aujourd'hui.
Monsieur Wiersema, je reconnais, moi aussi, que vous avez eu une carrière distinguée. J'ai eu l'occasion de participer aux travaux de ce comité et d'entendre parler des rapports préparés par vous et les membres de votre équipe. Je les apprécie beaucoup.
J'aimerais vous parler du chapitre 4 et de la situation des premières nations.
Monsieur Campbell, je sais que nous allons sans doute avoir à examiner ces questions.
J'ai passé un certain temps au Comité des affaires autochtones, et je sais que bon nombre des éléments que vous évoquez au chapitre 4 ont fait l'objet de discussions par la suite, si bien que des mesures sont en voie d'élaboration en vue de s'attaquer aux problèmes. Comme nous l'avons vu dans le Rapport de la vérificatrice générale, l'analyse portait sur ce qui s'était fait par le passé. Je sais que Mme Fraser avait fait une analyse rétrospective en disant que certains changements s'imposaient. En ce qui concerne notre gouvernement, ces observations sont importantes. Par contre, nous essayons maintenant de regarder vers l'avenir et de mettre l'accent sur nos relations futures avec les peuples autochtones.
Encore une fois, cela nous tient à coeur. Je sais que les membres du comité sont vraiment résolus à améliorer la vie des Autochtones. D'ailleurs, certains progrès ont été réalisés; il s'agit d'améliorations en matière de développement économique, d'infrastructure et d'éducation — comme je suis un ancien enseignant, c'est quelque chose qui m'intéresse au plus haut point — ainsi que des changements relatifs à la fourniture d'eau potable dans les collectivités, des services pour les enfants et les familles, d'autres mesures actives et des règlements en matière de revendications territoriales. Il s'agit d'autant de choses qui devront se faire mais, comme nous l'expliquait M. Wiersema, il existe aussi certains obstacles. Certains d'entre eux sont liés à la rapidité avec laquelle on peut faire avancer certains de ces dossiers. J'aimerais donc discuter avec vous de votre perception de ces divers obstacles et de ce que nous pouvons faire pour améliorer la situation.
Nous savons qu'ils ont collaboré avec les premières nations afin de faire progresser les divers projets qui sont prévus, quels qu'ils soient. Nous sommes d'accord pour élaborer des plans de mise en oeuvre avec l'aide d'autres organismes fédéraux. Voilà quelques-uns des éléments que nous examinons en ce moment. Je regarde plus précisément la page 44 des recommandations au paragraphe 4.86, où il est question de plans, d'objectifs spécifiques, de cibles, de mesures précises et d'échéances pour atteindre les résultats, ainsi que d'indicateurs pour évaluer les progrès réalisés.
Je me demandais si vous pourriez nous parler un peu des plans de mise en oeuvre qui sont en rapport avec les réponses que vous avez obtenues.
:
Certainement. Merci, monsieur le président.
Je crois qu'il est important de dire — et nous l'avons dit dans notre rapport — qu'un changement fondamental s'impose en ce qui concerne la façon dont les gouvernements s'attaquent au problème des conditions atroces qui existent dans les réserves. Cela dit, nous disons également que ce sont des questions complexes. Notre travail de vérificateurs s'est déroulé sur une dizaine d'années. Nous vous avons présenté notre analyse pour vous faire comprendre que, dans certains cas, il ne sera pas possible de régler les problèmes si la situation actuelle demeure inchangée. Nous avons mentionné les exigences en matière de rapport, entre autres, mais la question fondamentale est de savoir comment nous allons financer ces programmes à l'avenir.
Monsieur le président, je me souviens d'avoir été présent pour une séance du comité il y a bien des années — si je ne m'abuse, c'est M. Williams qui en était président à l'époque — et d'avoir discuté avec les membres du Conseil de la santé des Premières nations du fait qu'il n'existe pas de fondement législatif. Je me rappelle que des hauts fonctionnaires du gouvernement ont fini par dire qu'ils préféreraient de loin un fondement législatif par rapport aux autres mécanismes.
Il ne fait aucun doute, en ce qui nous concerne, qu'il serait très difficile de mettre en place des solutions. Le député a mentionné nos relations avec les premières nations. Cela vous amène justement dans un monde qui n'est pas celui du vérificateur. C'est un monde dominé par les politiques et la politique. C'est là que se trouve la solution dans une très large mesure. Et, si nous parlons d'éducation, où se trouvent les éducateurs du pays? Ils font partie des systèmes provinciaux — et il en va de même pour les professionnels de la santé et les travailleurs sociaux.
Ce que nous disons dans notre rapport, c'est que, dès qu'elles sont identifiées, les solutions supposent des changements fondamentaux — c'est-à-dire, non pas de petits progrès, mais des changements fondamentaux — et non seulement la collaboration avec les premières nations, mais la conclusion d'accords tripartites, alors que nous avons pertinemment que ce n'est pas du tout facile.
J'avoue que je préfère cette solution-là parce qu'elle nous permet d'utiliser un maximum de temps pour poser des questions pendant la séance publique, et de faire également une partie de notre travail de préparation, pour que nous sachions ce que nous allons faire à compter de maintenant.
Les membres sont-ils tous d'accord là-dessus? Nous aurons six tours de deux minutes, après quoi j'accepterai une motion visant à mettre fin à la séance publique, et nous entamerons tout de suite la réunion du comité directeur, qui se tient à huis clos, pour parler de la marche à suivre pour choisir les chapitres.
Pour la gouverne du public, l'étape qui suit celle-ci concerne les chapitres du rapport. Le comité prend une décision, comme nous le faisons à chaque fois que nous sommes saisis d'un rapport, sur le nombre de chapitres qui vont faire l'objet d'audiences. La marche à suivre sera déterminée et la décision sera prise en fonction des audiences d'aujourd'hui.
Là-dessus, je prends le roulement normal en commençant par le parti ministériel. Un membre du parti ministériel peut donc intervenir maintenant.
Je donne la parole à M. Saxton.