:
Je déclare ouverte la séance n
o 89 du Comité permanent des comptes publics.
J'aimerais d'abord souhaiter la bienvenue à MM. Van Kesteren, et Shory, qui se joignent à nous aujourd'hui. Bienvenue messieurs. J'espère que la séance sera agréable pour vous.
Chers collègues, vous vous rappellerez qu'à la dernière séance, nous nous sommes mis d'accord sur le fait qu'il resterait du temps si nous faisions une rotation complète au cours de la période de questions. Nous en avons déjà parlé et avons convenu que nous allons poursuivre la rotation jusqu'à ce que les deux heures soient écoulées, et nous lèverons la séance à ce moment-là. Y a-t-il des objections?
Très bien. Il n'y en a pas, et je vous remercie.
Nous allons maintenant nous pencher sur le rapport du printemps 2013 du vérificateur général du Canada. Chers collègues, nous allons procéder comme d'habitude. Nous allons demander au vérificateur général de faire une déclaration préliminaire, puis je vais passer à la liste habituelle d'intervenants. Encore une fois, y a-t-il des objections par rapport à la situation et à ce que nous nous apprêtons à commencer?
Comme il n'y en a pas, je vous souhaite la bienvenue, monsieur le vérificateur général. Je vais maintenant vous céder la parole et vous donner l'occasion de présenter les membres de votre délégation ainsi que votre rapport et votre déclaration préliminaire.
Vous avez la parole, monsieur.
[Français]
Monsieur le Président, j'ai le plaisir de vous présenter mon rapport du printemps 2013, qui a été déposé à la Chambre mardi dernier.
[Traduction]
Je suis accompagné des vérificateurs généraux adjoints Neil Maxwell, Nancy Cheng, Jerome Berthelette et Wendy Loschiuk.
Monsieur le président, d'autres membres de notre personnel nous accompagnent, et je vais peut-être demander à l'un d'entre eux de venir nous rejoindre, avec votre approbation.
Le rapport illustre bien que le bureau audite des activités très diverses, il aborde trois audits de suivi et sept nouveaux audits, et survole nos examens spéciaux de société d'État. Dans l'ensemble, nous avons relevé de nombreux domaines où le gouvernement devrait améliorer les résultats qu'il produit avec les deniers publics.
[Français]
Les rapports « Le Point » présentent les résultats d'audits de suivi. Ces audits examinent si le gouvernement a fait des progrès satisfaisants quant aux recommandations découlant de nos audits précédents.
Notre premier audit de suivi examinait comment le gouvernement évalue l'efficacité de ses programmes. L'évaluation cherche à améliorer les programmes en apportant des données probantes aux décisions sur les politiques et les dépenses.
Nous avons constaté que le gouvernement avait réalisé des progrès satisfaisants pour évaluer l'efficacité de ses programmes. Par contre, nous notons aussi que malgré ces progrès, l'évaluation des programmes n'est toujours pas utilisée comme elle pourrait l'être pour appuyer les décisions dans l'administration publique.
[Traduction]
Nous avons aussi noté des progrès satisfaisants pour l'Agence du revenu du Canada et le recouvrement des impôts impayés. Le recouvrement en temps opportun des impôts impayés est un élément clé de l'intégrité du régime fiscal.
Nous avons constaté que l'agence a pris des mesures pour améliorer ce qu'elle fait pour recouvrer les impôts impayés, par exemple par de nouveaux outils de recouvrement et des modes de travail révisés.
Les améliorations apportées par l'agence ont entraîné une hausse marquée des dettes recouvrées. Toutefois, avec une masse d'impôts impayés de 29 milliards de dollars, l'agence doit continuer à perfectionner et à améliorer ses outils, y compris les modèles qu'elle utilise pour déterminer de quels dossiers s'occuper en priorité.
Le dernier de nos trois audits de suivi révèle que le gouvernement n'a pas réalisé de progrès satisfaisants quant aux recommandations que nous avions formulées en 2007 sur la protection des renseignements et des biens du gouvernement au moment de l'octroi de contrats. Pour atteindre ses objectifs en matière de sécurité et prévenir tout accès non autorisé ou utilisation abusive, le gouvernement doit protéger les renseignements et les biens confiés à des entrepreneurs.
Malgré certains progrès, y compris une nouvelle politique gouvernementale sur la sécurité, il demeure des faiblesses importantes dans ce domaine critique. Par exemple, la Défense nationale ne suit pas entièrement la nouvelle politique et n'a toujours pas approuvé de plan ministériel de sécurité.
De plus, dans 85 des quelque 300 contrats que nous avons examinés dans cinq ministères, nous avons constaté que la documentation sur la sécurité était incomplète ou manquante, ou que les procédures de contrôle n'avaient pas été suivies. Nous avons vu des dossiers qui ne faisaient pas état d'exigences de sécurité alors que, selon la politique ministérielle en vigueur, les dossiers auraient dû présenter de telles exigences.
[Français]
Les ministères et les organismes, et en particulier la Défense nationale, doivent améliorer leur façon de faire pour s'assurer que toutes les exigences de sécurité sont respectées.
Passons maintenant aux nouveaux audits que nous avons réalisés.
Le premier portait sur l'aide publique au développement versée par le Canada à des organisations multilatérales. En 2010-2011, environ 3 milliards de dollars d'aide publique au développement ont transité par des organisations multilatérales. Nous avons constaté que les ministères responsables faisaient du bon travail auprès des organisations multilatérales et qu'ils surveillaient leur rendement, mais nous avons aussi constaté que les rapports présentés au Parlement contenaient peu d'information sur la façon dont les fonds destinés à l'aide sont dépensés et sur les résultats qu'ils produisent. Je crains que l'information présentée au Parlement ne donne pas une idée claire de la nature des dépenses consacrées à l'aide publique au développement.
Nous nous sommes penchés aussi sur les activités fédérales de promotion de la prévention et du contrôle du diabète. Le gouvernement a reconnu le besoin d'adopter une stratégie concertée pour prévenir et contrôler le diabète au Canada. Les organisations chargées de mettre en oeuvre cette stratégie doivent veiller à utiliser au mieux les ressources qu'elles reçoivent pour maximiser les bienfaits pour la population canadienne.
L'Agence de la santé publique n'a pas établi comment elle entendait travailler avec Santé Canada et les instituts de recherche en santé du Canada pour mettre en oeuvre et coordonner les activités liées au diabète. L'agence n'a pas réfléchi à ce qu'elle devrait chercher à accomplir avec les ressources fédérales consacrées à la lutte contre le diabète. Par conséquent, les activités sont, pour la plupart, morcelées et leur impact est inconnu.
[Traduction]
Notre rapport sur le dossier historique des pensionnats indiens évoque une situation où l'absence de coopération a bloqué les progrès.
Il est important pour la réconciliation de consigner l'histoire des pensionnats indiens. Le mandat de la Commission de vérité et de réconciliation prend fin dans environ 15 mois, pourtant, la commission et Affaires autochtones et Développement du Nord Canada ne s'accordent toujours pas sur les travaux à réaliser. Nous redoutons que l'absence de collaboration, les retards et le mandat qui achève n'empêchent la création du dossier historique des pensionnats indiens envisagée au début de cette démarche.
Notre audit des activités de recherche et de sauvetage a montré que les Forces canadiennes et la Garde côtière canadienne sont intervenues de façon adéquate au moment d'incidents de recherche et de sauvetage. Toutefois, des améliorations importantes s'imposent pour qu'elles puissent continuer à fournir le personnel, l'équipement et le système informatique qu'exigent ces interventions.
La capacité de l'Aviation royale canadienne et de la Garde côtière canadienne d'intervenir lorsque des incidents surviennent témoigne du dévouement des équipes de recherche et sauvetage. La pérennité des services de recherche et sauvetage dans les années à venir nous préoccupe énormément.
Notre audit des dépenses liées à l'initiative de sécurité publique et d'antiterrorisme a révélé que les ministères et organismes concernés avaient soumis le rapport d'étape et rapport annuel demandé au Secrétariat du Conseil du Trésor, mais qu'il n'y a pas eu de suivi à l'échelle du gouvernement des progrès réalisés dans le cadre de cette initiative.
Entre 2001 et 2009, le Conseil du Trésor a accordé environ 12,9 milliards de dollars à 35 ministères et organismes afin qu'ils mettent en oeuvre des mesures pour protéger les Canadiens.
Nous estimons que le gouvernement a raté l'occasion d'utiliser l'information qu'il recueillait pour dresser un portrait à l'échelle du gouvernement des dépenses et des résultats liés à l'initiative de sécurité publique et d'antiterrorisme.
L'audit des prestations d'assurance-emploi versées en trop a permis de dégager de bonnes pratiques, notamment une méthode fondée sur le risque et divers outils servant à détecter les trop-payés. Nous croyons toutefois que Ressources humaines et Développement des compétences Canada manque des occasions de recouvrer chaque année des dizaines de millions de dollars. En améliorant ses analyses et sa compréhension des paiements en trop, Ressources humaines et Développement des compétences Canada pourrait détecter plus de paiements en trop et augmenter les recouvrements.
Dans notre audit sur le financement anticipé du Fonds PPP Canada, nous notons que le gouvernement est exposé à des risques de financement parce qu'il fournit de l'argent pour des projets d'infrastructure des années à l'avance. Nous considérons qu'il existe des solutions pour réduire au minimum l'exposition du gouvernement aux risques de financement. Le coût du financement devrait être pris en considération chaque fois qu'une société d'État demande à être financée en avance de ses besoins.
[Français]
Comme nous le faisons depuis plusieurs années, ce rapport reprend les points saillants des examens spéciaux de sociétés d'État que nous avons effectués.
Nous n'avons pas trouvé de défaut grave dans les sociétés examinées: Financement agricole Canada, la Société Radio-Canada et la Société du Vieux-Port de Montréal. Nous avons toutefois exprimé des préoccupations au sujet de la Société du Vieux-Port de Montréal.
[Traduction]
Monsieur le président, je termine ainsi ma déclaration d'ouverture.
[Français]
Nous serons heureux de répondre à vos questions.
Vu la complexité de la tâche consistant à préparer un aéronef, à faire les préparatifs, à trouver du personnel et à le former, et compte tenu de ce que suppose une mission d'urgence, en tant qu'ancien intervenant d'urgence moi-même, j'apprécie l'excellent travail que ces gens-là font. J'ai été très, très impressionné lorsque j'y ai assisté en personne.
Évidemment, le Canada vient au deuxième rang des pays du monde pour ce qui est de la superficie et a le plus long littoral, ce qui pose un défi énorme. D'après les renseignements dont je dispose, je crois que nous sommes intervenus dans le cadre d'environ 9 400 incidents. Nous avons déployé nos aéronefs militaires plus de 1 100 fois, et nous sommes venus en aide à plus de 20 000 personnes. Pour pouvoir faire cela, il faut bien entendu du personnel — beaucoup de personnel —, et, d'après le rapport du vérificateur général, il y a eu à l'occasion des pénuries de personnel, de personnel formé en recherche et sauvetage.
Pouvez-vous cependant nous assurer que cela n'a pas mené à une réduction de la capacité d'intervention ou à une incapacité d'intervenir? Avez-vous constaté que les opérations de recherche et sauvetage sont maintenues? En outre, avez-vous pu déterminer si la Défense nationale a lancé un processus visant à mettre fin à ces pénuries?
:
D'accord, merci, monsieur Ferguson.
Je vais ralentir quelque peu, car je veux que vous compreniez bien ma prochaine question. J'ai agi un peu à la hâte précédemment.
En ce qui concerne le Système de gestion de l'information du programme de recherche et sauvetage, vous avez dit que le système renouvelé ne serait probablement pas opérationnel avant 2015 ou 2016. Vous avez également dit que ce système avait atteint le point de rupture. En outre, vous avez indiqué que le processus de remplacement du système avait été lancé il y a cinq mois environ, mais qu'il ne serait pas terminé avant 2015 ou 2016.
Je suis préoccupé par le fait que le gouvernement tente de créer un écran de fumée avec son annonce d'aujourd'hui, et je ne vous demanderai donc pas de dire si vous croyez que le système de gestion des ressources de recherche et sauvetage assume une fonction semblable à celle du Système de gestion de l'information du programme de recherche et sauvetage. Toutefois, je vais vous poser la question suivante.
À la lumière des commentaires que vous avez formulés précédemment, est-il vraisemblable que, en cinq mois, le gouvernement ait pu non seulement cerner ce qui devait être mis en place aux fins du Système de gestion de l'information du programme de recherche et sauvetage, mais également le créer et le mettre en oeuvre? Est-ce que cela est probable? Est-il possible de faire cela en cinq mois?
:
C'était ma prochaine question, le fait d'être satisfaisant ou non, mais vous y avez déjà répondu, monsieur le vérificateur général. Je vous en suis reconnaissant.
Permettez-moi seulement de citer rapidement, pour le compte rendu, un passage à la fin du paragraphe 2.29:
Contrairement à la version précédente de la Politique, la Politique de 2009 n'indique pas que les entreprises titulaires d'un contrat et ayant accès à des renseignements protégés et classifiés doivent posséder une attestation de sécurité. À notre avis
— Il s'agit de l'avis du vérificateur général —
cela constitue une lacune importante qui pourrait entraîner un manque de cohérence dans l'application de la Politique et donc représenter un risque additionnel pour la sécurité.
Alors, en plus de l'omission de donner suite aux recommandations en 2007, nous arrivons à ce sujet dans la vérification, et voilà que — grande surprise — le vérificateur général parle toujours d'un risque pour la sécurité, au paragraphe 2.29.
Monsieur, je suis à la page 78. Il y a un tableau, la pièce 2.8, et je vais aller directement à la Défense nationale. Il est question du nombre de contrats contenant des exigences de sécurité et du nombre de contrats ne contenant pas d'exigences de sécurité. Le nombre total est 48, à savoir 25 avec et 23 sans.
Selon votre dernière colonne, « Nombre de contrats dont la documentation en matière de sécurité était manquante ou incomplète ou les contrats étaient mal appliqués », le chiffre est de 32 sur 48 pour le ministère de la Défense. Il s'agit non pas du ministère des Transports, de VIA Rail ou de Postes Canada — sans vouloir critiquer l'une ou l'autre de ces sociétés d'État; elles sont toutes les deux fantastiques, à mon avis —, mais du ministère de Défense. Cela signifie que 66 p. 100 de ces contrats n'étaient pas conformes aux exigences en matière de sécurité.
Mon interprétation est-elle erronée ou ai-je raison?
Au chapitre 5, « La promotion de la prévention et du contrôle du diabète », on souligne que les activités liées au diabète n'ont pas fait l'objet d'une coordination complète à l'échelon du portefeuille fédéral de la Santé.
Je tiens à mentionner que — comme vous le comprendrez tous, j'en suis certain — les maladies chroniques ont de nombreux facteurs de risque communs, comme, dans le cas du diabète, le tabagisme et une consommation d'alcool nuisible, une pression sanguine élevée, l'hypertension, la sédentarité, un taux de cholestérol élevé, l'obésité, une alimentation malsaine et l'hyperglycémie. Tous ces facteurs peuvent contribuer à différentes maladies, dont le diabète. L'Agence de la santé publique du Canada et notre gouvernement ont pris des mesures pour s'attaquer à tous ces facteurs de risque dans le but de lutter contre les maladies chroniques, y compris le diabète.
Comme l'obésité, par exemple, est un facteur de risque associé au diabète, j'aimerais savoir pourquoi vous n'avez pas évalué ou tenu compte des efforts gouvernementaux visant à promouvoir la perte de poids et la saine alimentation. Je soulève la question, parce que notre gouvernement a fait des investissements considérables, par exemple, en éducation nutritionnelle et en sensibilisation, dans Nutrition Nord, dans le crédit d'impôt pour la condition physique des enfants, dans Participaction et dans des partenariats avec le secteur privé en faveur de l'adoption de modes de vie sains. Toutes ces initiatives appuient la prévention du diabète et devraient être prises en compte au moment d'évaluer les efforts du gouvernement.
Je voulais seulement savoir si vous convenez de cela.
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Merci, monsieur le président.
D'un point de vue un peu différent, je poserai mes questions aux représentants de l'ARC, si jamais ils viennent témoigner devant le comité à ce sujet. Mais vous pourriez peut-être clarifier certaines choses pour moi, car je vais aussi parler en ma qualité d'ancien entrepreneur, ayant été en affaires pendant quelque 30 années; j'ai d'ailleurs fait l'objet d'une vérification, ce qui est tout à fait concevable.
Lorsqu'on regarde la somme d'argent exigible, on peut certainement reconnaître le besoin d'infliger des pénalités et de percevoir des intérêts et de prendre toutes ces mesures pour encourager les gens à payer un arriéré. La difficulté, bien entendu, est de savoir comment, pourquoi, quand et où nous allons le faire.
Je ne vais pas aborder le processus de recouvrement ici, mais, ce qui me préoccupe... Et je vais rapidement vous donner l'exemple d'un cas difficile avant de poser ma question. Un citoyen donné devait 1,5 million de dollars. Il a fini par payer 1,6 million de dollars. Au bout du compte, il devait toujours 800 000 $ de plus. Il s'agit d'une somme considérable.
Mais, bien sûr, ce n'est pas là la question que je vous pose. Ma question est la suivante: lorsque vous calculez le montant en souffrance — l'accumulation considérable d'intérêts et de pénalités par opposition au principal —, avez-vous véritablement défini la proportion qui représente la véritable dette par rapport à celle qui représente l'accumulation des pénalités et des intérêts?