:
Merci, monsieur le président.
Je tiens également à souhaiter la bienvenue à notre secrétaire parlementaire, Joyce Murray, ainsi qu'à tous les membres du Comité.
Le 2 juin, je fêterai mon 19e anniversaire de député dont deux ans seulement environ en tant que membre du gouvernement, mes autres années ayant été passées dans l'opposition. Je vous garantis que c'est fort de mon expérience de 17 ans à siéger à des comités, que j'apprécie l'important travail réalisé par les comités du Parlement. Nous avons d'ailleurs l'intention de renforcer le rôle des comités et des parlementaires, dans le cadre de l'élaboration des lois et de la consultation des Canadiens. Je vous remercie pour le travail important que vous accomplissez à ce Comité.
Je me réjouis d'être en compagnie de Jennifer, notre co-dirigeante principale de l'information pour parler de la réforme de l'accès à l'information.
[Français]
J'aimerais remercier les membres de ce comité pour leur décision d'examiner la Loi sur l'accès à l'information et de proposer des solutions pour qu'elle serve mieux les Canadiens.
[Traduction]
Cette loi est désuète. Elle n'a fait l'objet d'aucune mise à jour importante depuis 1983. C'est d'autant plus incroyable que le Canada a beaucoup changé depuis lors, surtout dans la façon dont l'information et les données sont produites et conservées. Nous avons assisté à une révolution sur tous ces plans. Désormais, le courriel, les réseaux sociaux et les téléphones intelligents règnent en maître, et il convient donc de moderniser la Loi sur l'accès à l'information, la LAI, pour tenir compte de ces réalités.
Nous devons aussi changer la culture concernant l'accès à l'information pour embrasser le concept d'ouverture par défaut. Notre en est conscient depuis longtemps. Dans l'opposition, il avait d'ailleurs déposé un projet de loi d'intérêt privé, le projet de loi , justement pour moderniser la LAI. Durant la campagne, nous avons pris des engagements dans notre plateforme, relativement à la modernisation de la loi. Tout cela s'est retrouvé dans ma lettre de mandat qui, comme vous le savez, a été rendue publique, comme toutes les lettres de mandat des ministres.
Dans la mienne, le premier ministre m'a demandé:
De collaborer avec la ministre de la Justice à l'amélioration de l'ouverture du gouvernement, en assumant notamment la responsabilité de l'examen de la Loi sur l'accès à l'information pour veiller à ce que les Canadiens aient un meilleur accès à leurs propres données personnelles, pour que le commissaire à l'information dispose des pouvoirs lui permettant d'ordonner la publication d'informations détenues par le gouvernement et pour que la Loi s'applique, comme il se doit, au Cabinet du premier ministre et aux cabinets des ministres, de même qu'à toutes les institutions administratives qui appuient le Parlement et les tribunaux.
Maintenant que nous sommes au gouvernement, nous donnons suite à nos engagements de renforcer et de revitaliser l'accès à l'information.
Tout à l'heure, je vais émettre une directive provisoire sur l'administration de la Loi sur l'accès à l'information. Je me propose de commencer par vous expliquer certains des changements que nous envisageons et ceux que nous voulons apporter dès aujourd'hui. Cette directive obéit au principe selon lequel les renseignements dont dispose le gouvernement appartiennent aux concitoyens et qu'ils doivent donc être accessibles par défaut.
[Français]
Elle guide les institutions afin qu'elles appliquent la Loi d'une manière qui respecte nos engagements relatifs à un gouvernement plus ouvert.
[Traduction]
La directive insiste sur le fait que les renseignements du gouvernement appartiennent aux gens.
Elle souligne le fait que l'accès à l'information gouvernementale est au coeur de l'intérêt public. Elle permet un débat public sur la conduite des institutions gouvernementales et renforce l'obligation du gouvernement de rendre des comptes à ses citoyens et, bien sûr, elle rappelle le rôle des citoyens et des parlementaires.
Cette directive provisoire précise aussi que, dorénavant, tous les frais, à l'exception des frais de traitement de 5 $, seront éliminés. Elle ajoute que, dans la mesure du possible, les demandeurs recevront l'information dans le format de leur choix, y compris des formats ouverts et réutilisables.
[Français]
Ces mesures concrètes nous permettent de réaliser des progrès rapides à l'égard de nos engagements.
[Traduction]
Tout cela n'est qu'un début. Comme je l'ai annoncé récemment, nous allons appliquer un programme législatif en deux temps. Pour cela, nous avons envisagé la réforme législative en deux étapes et émis une directive, d'entrée de jeu, précisément pour pouvoir apporter des améliorations à l'accès à la Loi sur l'information, sans plus tarder.
Ensuite, nous pourrons déposer la loi qui prévoira la mise en oeuvre du reste de nos engagements électoraux. Nous apporterons aussi les modifications importantes réclamées à la faveur des consultations publiques et du travail réalisé par ce Comité. Ces mesures permettront d'obtenir plus de renseignements que jamais auparavant sur le gouvernement.
Tout d'abord, nous accorderons au commissaire à l'information le pouvoir d'ordonner la communication des renseignements du gouvernement. Deuxièmement, nous veillerons à ce que la loi s'applique comme il se doit aux cabinets du et des ministres, ainsi qu'aux institutions administratives qui appuient le Parlement et les tribunaux. Troisièmement, nous mettrons en place un examen quinquennal obligatoire qui débutera dans le courant du présent mandat, cela pour veiller à ce que la loi demeure à jour et concorde avec les besoins et les technologies modernes. Quatrièmement, nous améliorerons les délais de traitement en réglant le problème des demandes frivoles ou vexatoires, pour veiller à ce que l'objet de la loi soit respecté. Cinquièmement, nous améliorerons les rapports sur le rendement. Nous voulons nous assurer que nos décisions sont fondées sur des faits et que nous pourrons mesurer les résultats.
[Français]
Voilà des changements importants. Prenons, par exemple, le fait d'étendre l'application de la Loi aux bureaux des ministres. Les Canadiens auront pour la première fois accès aux informations menant aux décisions du gouvernement.
[Traduction]
Il s'agit d'une réforme en profondeur qui va concerner tous les ministères, tous les cabinets de ministres, le Cabinet du , les tribunaux, le bureau du commissaire à l'information et ce Comité. Nous nous adressons aux Canadiens par le truchement du Parlement, parce qu'il ne faut pas faire fausse route tandis que nous élaborons la loi envisagée.
La contribution de votre Comité sera un élément très important de ce processus et sachez que j'apprécie tout particulièrement les conseils du Comité sur la façon de donner suite à une partie des engagements du gouvernement. Permettez-moi de vous parler de certains d'entre eux.
Premièrement, quelle serait la meilleure façon de permettre au commissaire à l'information d'ordonner la communication des documents du gouvernement? Quelles en seraient les répercussions sur les autres responsabilités du commissaire?
Deuxièmement, quels éléments particuliers devront être pris en compte pour étendre l'accès à l'information au Cabinet du premier ministre, aux cabinets des ministres et aux institutions administratives qui appuient le Parlement et les tribunaux? Quelles mesures pourrions-nous prendre à cet égard?
Troisièmement, nous avons déjà éliminé tous les frais, à l'exception des frais d'administration de base de 5 $, mais il nous faut filtrer les demandes vexatoires et frivoles afin de pouvoir accroître la rapidité et l'efficacité du système. J'invite le Comité à nous dire si les frais de 5 $ sont la meilleure façon d'y parvenir, et s'il n'y a pas une autre façon de s'y prendre? Vous avez entendu des témoins vous présenter différentes positions à cet égard et j'aimerais entendre votre point de vue et, par le biais du rapport que vous rédigerez à partir des témoignages recueillis, je veux savoir quelles sont vos idées quant à la meilleure façon de s'y prendre.
Une autre question se pose. L'intérêt public serait-il mieux servi s'il était permis aux institutions et au commissaire à l'information de ne pas traiter les demandes d'accès à l'information ou les plaintes frivoles ou vexatoires? Cela étant, en fonction de quels critères?
Il faut aussi se demander quels devraient être les principaux indicateurs à utiliser pour évaluer le rendement du programme d'accès à l'information. Il est important d'en faire une évaluation suivie pour déterminer ce qui fonctionne au regard des résultats visés.
Ce sont là des questions importantes et, au terme de nos consultations, nous avons l'intention de déposer la loi, soit fin 2016, début 2017. Encore une fois, j'insiste sur l'importance du travail de votre Comité qui va nous éclairer dans la rédaction de cette mesure législative.
La seconde étape consistera à entreprendre un examen législatif complet de la LAI, tout de suite après la première étape des changements législatifs, cet exercice devant aboutir dans le courant de 2018.
Cet examen quinquennal obligatoire garantira qu'à l'avenir aucun gouvernement ne pourra permettre que la Loi sur l'accès à l'information ne soit aussi dépassée et déphasée qu'elle l'est actuellement. Il permettra d'évaluer plus en profondeur comment nous pourrons continuer de mettre à profit les modifications que nous avons déjà apportées et de déterminer si ces modifications permettent de mieux servir les Canadiens.
D'aucuns ont suggéré que nous attendions jusqu'à 2018 pour nous livrer à un examen complet. En fait, nous cherchons tout simplement à voir ce que va donner cette première série de changements législatifs. Nous voulons mieux appréhender les changements en question et voir s'ils fonctionnent avant d'entamer un examen législatif complet obéissant à un cycle quinquennal.
Chers collègues, je tiens à vous rappeler que les réformes proposées ne sont qu'un début. Nous nous sommes engagés à ce que le gouvernement soit plus ouvert et plus transparent. Notre budget confirme cet engagement par le biais de certains investissements qui consistent, notamment, avec une somme de 11,5 millions de dollars sur cinq ans, à doubler les ressources actuelles au titre des initiatives du gouvernement ouvert, et un montant de 12,5 millions de dollars sur cinq ans également pour améliorer l'accès des Canadiens aux renseignements détenus par le gouvernement, y compris sur l'accès aux renseignements personnels.
Il s'agit d'investissements importants pour mettre en oeuvre le gouvernement ouvert.
[Français]
L'avenir est au gouvernement ouvert et transparent. Si les citoyens comprennent pourquoi leur gouvernement prend une décision, s'ils sont mobilisés dès le début et s'ils ont accès aux mêmes informations que le gouvernement, ils feront davantage confiance aux résultats.
[Traduction]
Toute cette idée de nous tourner très tôt vers les Canadiens et de leur fournir davantage de renseignements ressemblant à ce que les législateurs et les membres du gouvernement utilisent dans leurs prises de décisions, est simple: nous croyons dans la sagesse collective des Canadiens. En nous tournant ainsi vers eux très tôt, nous pourrons prendre de meilleures décisions grâce à une participation plus ouverte, décisions qui, à leur tour, stimuleront l'appui de la population qui aura été consultée à l'amorce de toute initiative, tout comme le Parlement.
Les Canadiens attendent depuis longtemps la modernisation du régime d'accès à l'information pour que celui-ci réponde à leurs besoins actuels. Je me réjouis à l'idée de poursuivre ma collaboration avec ce Comité. Vos conseils concernant la manière dont nous pourrons améliorer ce système sont très précieux.
Je serais maintenant heureux de répondre à vos questions.
Je vous remercie, monsieur le ministre, madame Dawson et madame Murray, de vous être joints à nous aujourd’hui et de prendre le temps, en compagnie de votre personnel, de participer aux discussions du Comité.
Vous avez parlé au début, monsieur le ministre, de votre prédilection pour les comités et le travail qu’ils accomplissent, en particulier quand vous étiez dans l’opposition. J’espère que nous réussirons à vous renvoyer là dans trois ans et demi et que vous pourrez poursuivre votre travail d’opposition au sein des comités
Des voix:Oh, oh!
M. Matt Jeneroux: Cela étant dit, j’ai un devoir à remplir de mon côté et j’ai environ quatre minutes et demie pour poser mes questions. Il se peut que je vous interrompe, si ça ne vous dérange pas. Je ne veux pas dire par là que je ne vous aime pas, mais c’est seulement que j’ai plusieurs questions à poser.
Cela étant dit, la question à laquelle M. Lightbound a fait allusion et que vous avez abordée quelque peu concerne le budget, à la page 241. Vous signalez la chose suivante: « à la lumière des consultations menées auprès du commissaire à l’information et des intervenants, et […] des parlementaires… »
C’était le 27 mars. Je n’ai pas été consulté. En qualité de parlementaire, je n’ai pas été consulté, bien que, peut-être, les députés de l’autre côté de la Chambre l’aient été. Nous, nous ne l’avons pas été. Ceci m’amène à croire que ce plan était tracé d’avance.
Ensuite, le 6 avril, je crois, à l’occasion du Forum canadien du dialogue ouvert 2016, vous avez fait remarquer que vous alliez témoigner devant ce Comité en cours de route, parce que, pour reprendre vos paroles:
Je crois que les parlementaires élus pour parler au nom des Canadiens devraient avoir leur mot à dire à ce sujet…
Une fois connu le résultat des consultations et les avis du comité, nous allons procéder à la modification de la loi.
Nous avons constaté, comme le souligne le budget, que vous vous orientez vers un modèle prescriptif avant même d’avoir pris l’avis du Comité. Ensuite, comme le révèlent vos remarques — encore une fois sans avoir pris l’avis du Comité —, vous avez apporté des changements au tarif.
C’est bizarre. Vous renvoyez à votre programme électoral, que j’ai par hasard entre les mains. Il y a une phrase qui en parle et il n’est nulle part question d’adopter un processus d’ordonnance. Et il est écrit qu’il n’y aura pas de frais, et non qu’il y aura seulement des frais de 5 $.
Pourriez-vous élaborer et donner des détails sur les avis que vous avez reçus jusqu’à présent de la part des intervenants et des parlementaires?
:
J'apprécie beaucoup votre question.
Je sais que vous avez beaucoup d'expérience comme fonctionnaire. Vous avez une perspective valable pour ce comité et pour notre travail.
À partir de maintenant, on ira vers un modèle plus ouvert.
[Traduction]
Ce modèle sera « ouvert par défaut ».
[Français]
Cela nécessite un changement dans la culture du gouvernement. Il est important de changer les politiques. Ce matin, j'ai annoncé des changements immédiats à nos politiques. Nous devons écouter les Canadiens et travailler très étroitement avec le Comité. Nous allons déposer un projet de loi à la fin de 2016 ou au début de 2017 et il reflétera ces changements.
[Traduction]
Du fait que nous fassions connaître ces changements, leur mise en oeuvre sera tout de suite utile, mais le premier ensemble de mesures législatives qui assurera une application adéquate de la Loi sur l’accès à l’information aux cabinets du premier ministre et des ministres, voilà une démarche significative. Le pouvoir accru du commissaire à l’information, voilà une mesure significative.
Les autres changements que vous mettez en lumière en tant que comité, sur la base de vos travaux, peuvent contribuer à ce premier ensemble de modifications, mais n’oubliez pas que la loi sera de nouveau devant le Parlement après sa présentation visant à la modifier et vous aurez de nouveau l’occasion de vous pencher sur la question. Il est possible de réaliser cette tâche, mais ce sont là des changements importants depuis 1983. C’est un progrès significatif.
Au fait, ce n’est pas un enjeu partisan. Une des choses que j’ai toujours aimées chez les comités, c’est quand ils travaillent bien, car alors ils sont moins partisans que la Chambre des communes.
N’oubliez pas qu’il y aura des gouvernements d’allégeances diverses dans le futur, et certains d’entre vous qui sont aujourd’hui dans l’opposition pourraient faire partie d’un futur gouvernement et c’est de ce point de vue que ce dossier est trop important pour faire preuve de partisanerie. Il importe vraiment d’être juste pour tout le monde.
Je pense que ce Comité est le bon endroit pour effectuer cette évaluation.