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Bonjour à toutes et à tous.
Je vous souhaite la bienvenue à cette séance du Comité permanent de l'accès à l'information, de la protection des renseignements personnels et de l'éthique. Le président, M. Calkins, n'est pas ici aujourd'hui et je vais donc le remplacer. La réunion du Comité sera donc présidée en français.
Je veux remercier les différents témoins de leur présence parmi nous aujourd'hui, soit Mme Chantal Bernier, de Dentons Canada, qui a aussi été pendant six ans au Commissariat à la protection de la vie privée du Canada; Mme Monique McCulloch, de Services partagés Canada; et M. Maxime Guénette et Mme Marie-Claude Juneau, de l'Agence du revenu du Canada.
Chaque groupe aura 10 minutes pour faire une présentation et il y aura par la suite une période de questions de la part des membres du Comité.
Je vais commencer dans l'ordre que j'ai ici devant moi, soit avec vous, madame Bernier. Nous vous écoutons.
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Merci, monsieur le président.
Tout d'abord, j'aimerais mentionner le plaisir et l'honneur que je ressens de revenir devant vous aujourd'hui. C'est un retour pour moi. Je suis très honorée de pouvoir éclairer vos débats sur une question aussi importante.
Je vais faire ma présentation dans les deux langues officielles. Je suppose que 27 ans à titre fonctionnaire, cela laisse ses marques. Je vais donc commencer en français et je passerai par la suite à mes propos en anglais.
D'emblée, je vais vous dire que je suis totalement en accord avec les recommandations du commissaire à la vie protection de la privée du Canada sur la refonte de la Loi sur la protection des renseignements personnels. D'ailleurs, c'est le cadre de ma déclaration aujourd'hui.
Afin de ne pas dépasser le temps qui m'est imparti, j'ai choisi d'approfondir seulement quelques questions qui me paraissent prioritaires. Évidemment, je serai heureuse de répondre à toute autre question que je n'aurai pas traitée durant ma présentation. Sans plus tarder, je vais passer à la première remarque que je veux faire.
La première recommandation que je voudrais souligner est celle qui se rapporte à l'exigence d'accords écrits régissant la communication de renseignements personnels. À l'appui de cette recommandation, je vous réfère à deux documents, à savoir le rapport du juge O'Connor, dans le cadre de la Commission d'enquête sur les actions des responsables canadiens concernant Maher Arar, ainsi que le rapport spécial intitulé « Mesures de vérification et de contrôle », que j'ai eu l'honneur de déposer au Parlement le 28 janvier 2014 avec l'appui de l'excellent personnel du Commissariat à la protection de la vie privée du Canada et l'apport — c'est important de le souligner — de cinq conseillers extérieurs spécialistes en matière de sécurité publique.
Commençons donc par le rapport d'enquête du juge O'Connor dans l'affaire Arar.
Le juge O'Connor a conclu que les autorités gouvernementales canadiennes, à cause du partage des données personnelles de M. Arar vers l'étranger, avaient contribué à la torture d'une personne innocente. Dans l'espoir que cela ne se reproduise jamais, il a recommandé que le Canada encadre mieux le transfert des renseignements personnels vers l'étranger. C'est là toute la pertinence de la recommandation du commissaire à la protection de la vie privée.
Dans l'introduction du rapport spécial que j'ai déposé le 28 janvier 2014, les experts que nous avions consultés ont fait ressortir par ailleurs comme changements déterminants au chapitre du contexte de la sécurité publique l'aplanissement des frontières territoriales, à savoir celles qui sont nationales et internationales, de sorte qu'il en découle une nécessité de partager des renseignements personnels.
Devant cette convergence de nécessité et de risques, je crois que l'exigence d'accords écrits qui encadrent mieux le partage de renseignements s'impose pour deux raisons majeures: d'abord, pour protéger les droits fondamentaux, et aussi, pour assurer la reddition de comptes de la part des agences gouvernementales pour ce qui est de la protection de ces droits fondamentaux. La recommandation du Commissariat est donc très pertinente et même urgente à cet égard.
[Traduction]
Passons maintenant à la deuxième recommandation que j'aimerais souligner dans ma liste de priorités. Il y a restriction de la collecte à un programme gouvernemental selon la pertinence à une activité.
À ce sujet, j'aimerais aller plus loin que le commissaire à la protection de la vie privée. J'appuie sans réserve sa proposition; toutefois, je préfèrerais ancrer l'obligation de nécessité non pas au programme ni à l'activité, mais à la Charte canadienne des droits et des libertés. Cela permettrait d'assurer une meilleure protection.
À vrai dire, permettez-moi de vous présenter un exemple concret dans le cadre du travail que j'ai effectué pendant presque six ans sur la façon dont l'ancrage, ne relevant pas du programme ni de l'activité, est supérieur.
Au CPVP, nous avons reçu en 2009 une évaluation des facteurs relatifs à la vie privée de la GRC afin d'assurer la mise en place d'un programme permettant l'installation d'une caméra sur les véhicules de la GRC afin de capter le numéro des plaques d'immatriculation. On l'a appelé le programme de reconnaissance automatique des plaques d'immatriculation qui permettrait de conserver de l'information portant notamment sur les mandats non exécutés ou les interventions qui devaient être réalisées et n'ont pas pu l'être, la suspension d'un permis de conduire.
Ce système permettrait de conserver les données qui concordent à de l'information dans la base de données de la police pendant deux ans et il conserverait les données sans correspondance pendant six mois. Autrement dit, les données — soit la reconnaissance de la plaque d'immatriculation de Mme Untel qui faisait son épicerie à ce moment-là à ce supermarché — seraient conservées pendant six mois malgré l'absence de contravention. Nous nous sommes interrogés sur cette question et la GRC a affirmé que cela faisait partie du programme et nous leur avons répondu que cette mesure ne répond pas à aucune norme de nécessité aux termes de la Charte et celle-ci a préséance sur toute autre loi. La GRC a donc éliminé l'information et n'a pas conservé les données de la personne innocente.
Cela, pour moi, indique véritablement qu'il existe une protection supérieure en établissant un lien à la Charte plutôt que d'invoquer le programme en guise de justification.
La troisième priorité que je tiens à souligner porte sur l'obligation pour les institutions fédérales de consulter le Commissariat à la protection de la vie privée au sujet des mesures législatives et des règlements qui ont des retombées sur la vie privée avant de les déposer. Pour moi, toute la logique de cette recommandation repose d'abord sur le rôle du commissaire comme agent du Parlement, puis du caractère fondamental du droit à la vie privée.
Examinons le rôle et le statut du commissaire. Le commissaire à la protection de la vie privée est un agent du Parlement. Qu'est-ce que l'on entend par là? Cela signifie qu'il a le mandat de protéger une valeur si chère à l'identité canadienne et à la démocratie que cela passe avant la partisanerie politique et le commissaire relève directement du Parlement.
De par ce statut et du fait que la protection de la vie privée ait été confiée à une institution dotée de ce statut, il est tout à fait logique que le commissaire soit consulté au sujet des lois ou des règlements avant d'en assurer le dépôt pour veiller à ce que ceux-ci permettent de protéger la vie privée.
L'exemple que j'utiliserai ici qui, à mon avis, illustre clairement l'avantage de cette recommandation repose sur la série de projets de loi qui sont soit morts au feuilleton, soit retirés, soit adoptés avec réserves relativement à l'accès légal. Ces projets de loi n'étant pas du tout conformes, ils n'ont pas survécu à l'opposition des politiciens et ils étaient indéfendables. Ils ont suscité des débats acrimonieux et ont ébranlé la confiance du public envers les institutions gouvernementales. J'estime qu'une consultation préalable auprès du commissaire à la vie privée aurait permis la tenue d'un dialogue entre les auteurs de projets de loi à l'interne et le commissaire à la vie privée afin de trouver un juste équilibre dans les projets de loi avant de les déposer et cela aurait donc permis d'obtenir une mesure législative mieux équilibrée.
La de 2015, en outre, aurait pu assurer un meilleur équilibre entre les besoins légitimes de l'État et les droits fondamentaux des citoyens. Maintenant, le gouvernement actuel doit refaire le travail pour obtenir l'équilibre nécessaire et satisfaction.
[Français]
Je conclurai donc que devant la collecte, l'usage et le partage croissant de renseignements personnels, il faut moderniser la Loi sur la protection des renseignements personnels pour que sa portée et son effet correspondent à la réalité des risques et au besoin de protection.
Sur ce, monsieur le président, je serai heureuse de répondre à toutes les questions des membres du Comité.
Je vous remercie monsieur le président et membres du comité pour m'avoir convié à venir vous décrire le cadre adopté par Services partagés Canada pour respecter la Loi sur la protection des renseignements personnels. Nous avons le plaisir de nous joindre à vous cet avant-midi.
Je m'appelle Monique McCulloch. Je suis directrice de la division de l'accès à l'information et de la protection des renseignements personnels qui fait partie de la Direction des services ministériels à Services partagés Canada. Je suis la coordonnatrice pour l'ensemble du ministère et je suis chargée d'administrer les obligations législatives et stratégiques de l'AIPRP.
J'aimerais ajouter que je suis ici au nom de Violaine Sauvé, qui est chef de la protection des renseignements personnels à Services partagés Canada.
Avant de décrire le cadre de l'AIPRP, j'aimerais vous dresser un certain contexte sur le mandat de Services partagés Canada.
[Français]
Services partagés Canada a été créé dans le but de moderniser les services d'infrastructure de technologie de l'information pour mettre en place une plateforme sécuritaire et fiable de prestation de services numériques à intention de la population canadienne. Le ministère entend offrir un seul système de services de courriel, de centres de données regroupés, de réseaux de télécommunications fiables et sécuritaires et une protection contre les cybermenaces 24 heures sur 24, 7 jours sur 7, 365 jours par année.
[Traduction]
Services partagés Canada offre actuellement des services d'infrastructure de technologie de l'information pour 43 ministères, 50 réseaux, 485 centres de données et 23 000 serveurs.
Pour l'exercice 2015-2016, toujours en pleine croissance, le bureau de l'AIPRP a retenu les services de quatre employés à temps plein ainsi que de deux employés à temps partiel — un occasionnel et un étudiant — afin d'exécuter des activités liées à la Loi sur la protection des renseignements personnels. Dans le cadre du programme d’AIPRP, Services partagés Canada a consacré un peu plus de 411 000 $ à l’administration de la Loi sur la protection des renseignements personnels.
[Français]
Depuis sa création en août 2011, Services partagés Canada a instauré un cadre fondé sur des politiques internes, des directives et de la formation, qui définit les procédures et processus de traitement de demandes d'accès aux renseignements personnels ainsi que les questions de politiques présentées au titre de la loi.
[Traduction]
La Division de l’AIPRP a mis en place un cadre de gestion en matière d’accès à l’information et de la protection des renseignements personnels, lequel établit une structure détaillée de la gouvernance et des responsabilités. Au total, 14 instruments de politique de l'AIPRP ont été mis en place à Services partagés Canada, y compris une directive sur la réalisation d’évaluations des facteurs relatifs à la vie privée, ainsi qu'une norme sur la gestion des atteintes à la vie privée. Ces instruments rendent compte des responsabilités de Services partagés Canada au titre de la Loi sur l’accès à l’information et de la Loi sur la protection des renseignements personnels en ce qui concerne les droits d’accès et la collecte, l’utilisation, la communication, la conservation et la destruction de renseignements personnels.
La Division de l’AIPRP est chargée d’élaborer, de coordonner et de mettre en oeuvre des politiques, des lignes directrices, des systèmes et des procédures efficaces en matière d’AIPRP au sein de Services partagés Canada, et de surveiller leur conformité. Ce travail permet au ministère de répondre aux exigences et aux obligations établies aux termes de la Loi sur l’accès à l’information et de la Loi sur la protection des renseignements personnels.
[Français]
En ce qui concerne le volume de demandes pour des renseignements personnels, j'aimerais maintenant vous faire part de quelques statistiques tirées du rapport annuel de l'exercice 2015-2016 concernant la Loi sur la protection des renseignements personnels.
Au total, 123 demandes en vertu de la loi ont été traitées, dont 120 ont été achevées avant la fin de la période considérée. Les 120 demandes pour des renseignements personnels ont été traitées dans les délais prescrits par la Loi et aucune plainte n'a été déposée.
[Traduction]
La Division de l’AIPRP de Services partagés Canada fait le suivi hebdomadaire de ses délais de traitement des demandes et surveille le calendrier de traitement de celles-ci. Des rapports mensuels sur le rendement sont remis à la haute direction.
En 2013, Services partagés Canada a également participé au projet pilote en ligne initial relatif à l’accès à l’information et à la protection des renseignements personnels. Dirigé par le ministère de la Citoyenneté et de l’Immigration et le Secrétariat du Conseil du Trésor, le projet avait pour objectif de faciliter et d’accélérer les droits d’accès de la population canadienne. Aujourd’hui, parmi les initiatives pour un gouvernement ouvert, les demandes en matière d’accès à l’information et de protection des renseignements personnels que reçoivent les ministères sont en majeure partie présentées en ligne.
[Français]
Monsieur le président, je termine sur ces mots et je répondrai maintenant aux questions des membres du Comité.
:
Merci, monsieur le président et membres du comité.
Je m'appelle Maxime Guénette. Je suis sous-commissaire de la Direction générale des affaires publiques et chef de la protection des renseignements personnels à l'Agence du revenu du Canada.
Aujourd'hui, je suis accompagné de Mme Marie-Claude Juneau, directrice, Accès à l'information et à la protection des renseignements personnels à l'Agence. Certains d'entre vous vous souviendrez sûrement de Mme Juneau puisqu'elle s'est adressée à vous plus tôt cette année dans le cadre de votre examen au sujet de la Loi sur l'accès à l'information.
Nous sommes donc tous les deux heureux de nous adresser à vous aujourd'hui afin de vous appuyer dans votre étude sur les réformes à la Loi sur la protection des renseignements personnels.
Avec ses quelque 40 000 employés, l'Agence est l'une des plus grandes institutions du gouvernement du Canada. Très peu d'organismes fédéraux interagissent avec les Canadiens autant que l'Agence. Seulement en 2014-2015, l'Agence a communiqué avec 31 millions de particuliers et d'entreprises.
Par conséquent, l'Agence détient l'un des plus grands fonds de renseignements personnels du gouvernement du Canada, comme l'a reconnu le commissaire à la protection de la vie privée. Elle prend donc très au sérieux ses obligations en vertu de la Loi sur la protection des renseignements personnels et les instruments de politique connexes.
En effet, la confiance que les Canadiens accordent à l'Agence pour ce qui est de protéger leurs renseignements est la pierre angulaire du régime canadien d'autocotisation volontaire. Plus précisément, selon l'article 241 de la Loi de l'impôt sur le revenu et l'article 295 de la Loi sur la taxe d'accise, les employés de l'Agence ne peuvent pas divulguer de renseignements sur les contribuables, sauf si ces lois les y autorisent précisément. La violation de ces dispositions est une infraction criminelle et peut entraîner de lourdes peines pouvant même aller jusqu'à l'emprisonnement.
En reconnaissant donc l'importance essentielle d'une gestion saine de la protection des renseignements personnels, et en suivant la recommandation du commissaire à la protection de la vie privée, l'Agence a nommé son premier chef de la protection des renseignements personnels en 2013. J'ai moi-même l'honneur d'assumer ce rôle depuis le mois d'août 2016. J'occupe maintenant ce poste depuis deux mois.
[Traduction]
À titre de chef de la protection des renseignements personnels, je supervise toutes les activités de gestion de la protection des renseignements personnels à l’agence. Cette surveillance est éclairée par la mesure de rendement continue dans des secteurs clés, dont la technologie de l’information, la sécurité, les communications et la formation.
Dans le cadre de mes fonctions, je dois fournir une surveillance, des conseils et un soutien afin d’atteindre la conformité aux exigences législatives et stratégiques. En ma qualité de chef de la protection des renseignements personnels, je suis aussi tenu d’informer au moins deux fois par année le Comité de gestion de l’Agence et le Conseil de direction de l’Agence de l’état de la gestion de la protection des renseignements personnels. De plus, je préside un comité de la haute direction qui aborde les questions de cette nature comme faisant partie intégrante des activités de l’agence.
Au cours des dernières années, l'agence a apporté de nombreux changements technologiques afin de renforcer les mesures de gestion de la protection des renseignements personnels. Nous avons renforcé les contrôles de première ligne de nos systèmes afin de veiller à ce que les employés aient accès seulement aux systèmes informatiques de l'ARC dont ils ont besoin pour accomplir leurs tâches. Nous avons renforcé les contrôles finaux pour permettre à nos systèmes automatisés de mieux surveiller les opérations effectuées par les employés. La mise en oeuvre de ces mesures de contrôle sera terminée l'an prochain et elles découlent d'une recommandation formulée par le commissaire à la protection de la vie privée dans son rapport d'évaluation de 2013.
Grâce à une approche progressive, l'agence a mis en oeuvre jusqu'à maintenant six des neuf recommandations formulées par le commissaire à la protection de la vie privée lors de sa vérification de 2013. Trois de ces recommandations visent un investissement pluriannuel, donc leur mise en oeuvre se poursuit. Nous prévoyons y avoir donné suite en 2017.
Dans l'ensemble, l'ARC a investi plus de 10 millions de dollars et prévoit faire d'autres investissements importants pour enrichir ses contrôles de gestion de l'identité et d'accès afin d'améliorer la protection et la confidentialité des renseignements des contribuables et de réduire le risque de fraude interne.
Nous avons également amélioré nos procédures afin de traiter et de gérer les atteintes à la vie privée en vue de pouvoir déclarer plus rapidement les atteintes substantielles à la sécurité des renseignements personnels au Commissariat à la protection des renseignements personnels et au Secrétariat du Conseil du Trésor.
Comme vous le savez, les Canadiens sont au fait des nouvelles technologies et sont aussi des consommateurs avides des contenus offerts sur Internet. Ce qui fait d’eux des clients avertis. Ils s’attendent donc, à juste titre, à ce que leurs interactions en ligne avec les institutions gouvernementales aient lieu avec la même qualité et la même rapidité que celles qu’ils ont avec des fournisseurs de services comme Google et Amazon. Par exemple, nous nous attendons à ce que plus de 86 % des Canadiens produisent leurs déclarations de revenus en ligne l’an prochain. Nous nous attendons à ce que le taux atteigne probablement environ 90 % d'ici trois ans.
L’agence continue d’ailleurs à investir pour améliorer ses services aux Canadiens, notamment grâce à de constants investissements dans les solutions informatiques telles que Mon dossier, Gérer le courrier en ligne et l'application MonARC. Pendant que nous veillons à suivre les dernières tendances novatrices et pour offrir aux contribuables le service toujours plus rapide, fluide et centré sur l’utilisateur auxquels ils s’attendent, nous devons nous assurer de prendre les mesures nécessaires pour protéger les renseignements personnels recueillis dans le cadre de notre travail.
L'ARC évalue ses progrès technologiques nouveaux et modifiés, les programmes et les activités du point de vue de la protection de la vie privée au moyen d’évaluations des facteurs relatifs à la vie privée (ÉFVP). Depuis le début de l’exercice, nous avons effectué 16 de ces évaluations et nous sommes sur le point d’en réaliser environ 18 autres d’ici la fin de l’exercice. Notre plan englobe 20 ÉFVP actives à ce moment-ci. Il s'agit là d'un moyen d'assurer un juste équilibre entre les attentes des Canadiens en ce qui concerne l’amélioration du service et de veiller à ce que les nouvelles initiatives soient conformes aux exigences de la protection de la vie privée.
[Français]
L'Agence s'efforce aussi de veiller à ce que ses employés soient bien conscients de leurs responsabilités en ce qui a trait à la protection des renseignements personnels dont ils ont la garde. Le Code d'intégrité et de conduite professionnelle de l'Agence et son Cadre d'intégrité ont été des outils importants pour illustrer, auprès des employés, à quel point la protection des renseignements personnels des contribuables est un élément central de leurs responsabilités, et ce, même après leur départ de l'Agence.
Malgré ces mesures et les nombreux efforts déployés pour protéger les renseignements personnels, malheureusement, des atteintes à la vie privée se produisent occasionnellement. L'Agence est tout à fait consciente qu'en raison de la nature des renseignements qu'elle détient, les atteintes à la vie privée qui l'affectent peuvent être hautement dommageables à certains particuliers ou à certaines organisations. C'est dans cette optique que l'Agence examine tout incident touchant une atteinte à la vie privée avec un très haut niveau de rigueur. Bien entendu, nous pouvons toujours faire mieux et l'Agence cherche toujours des moyens d'améliorer ses pratiques de gestion de la protection de la vie privée en apportant des changements aux programmes, aux politiques et à la technologie.
Nous consultons d'ailleurs régulièrement le Commissariat à la protection de la vie privée du Canada et le Secrétariat du Conseil du Trésor à ce sujet. L'Agence dispose de solides processus politiques et de procédures pour assurer la conformité à l'égard de la Loi sur la protection des renseignements personnels et des instruments de politiques connexes. Des mesures de contrôle sont en place et nous continuons à les évaluer et à les améliorer sur une base continue. La responsabilité de protéger les renseignements des Canadiens est d'une importance fondamentale pour l'Agence et pour ce qu'elle fait. C'est pourquoi nous continuons de consacrer des efforts importants afin de satisfaire les attentes des Canadiens à cet égard.
J'espère avoir fourni aux membres du Comité un aperçu utile du contexte opérationnel de l'Agence du revenu du Canada en ce qui a trait à la Loi sur la protection des renseignements personnels.
Mme Juneau et moi serons très heureux de répondre à vos questions.
Je vous remercie.
[Traduction]
Merci, monsieur le président.
:
Merci, monsieur le président.
Je remercie aussi les témoins qui comparaissent devant nous aujourd'hui.
Je suis heureux de vous revoir, madame Bernier.
Mes premières questions porteront sur la recommandation no 5 du commissaire, soit celle qui propose d'accroître les motifs de recours devant la cour. Je pense plus particulièrement à la partie de la dernière phrase où il est question de « [...] conférer à la Cour le pouvoir d'ordonner une série de mesures de redressement, y compris pour dommages-intérêts. », ce qui n'est pas le cas présentement.
Madame Bernier, que pensez-vous de cette recommandation? Est-il possible pour une cour de justice d'imposer à une institution gouvernementale, qui aurait violé les droits d'un citoyen et où celui-ci aurait encouru de possibles conséquences financières, de payer des dommages et intérêts?
Je vais aborder un autre sujet.
Une autre recommandation du commissaire est d'élargir la portée de la Loi sur la protection des renseignements personnels à d'autres institutions fédérales, et ce, idéalement à toutes les institutions fédérales. On parle également d'inclure le cabinet du et ceux des ministres en ce qui a trait à la portée de la Loi.
Lors de notre dernière réunion, nous avons entendu des représentants de la Colombie-Britannique, de la Nouvelle-Écosse et de Terre-Neuve-et-Labrador. À ma grande surprise, quand je leur ai demandé si les cabinets des ministres et du premier ministre étaient soumis à la Loi, les trois m'ont répondu de façon affirmative. Je me demande si ce serait idéal et si ce serait faisable. Mme Bernier pourra répondre à cette question.
En arrivant sur plusieurs sites gouvernementaux, et même sur le site du , on demande aux citoyens leur adresse courriel afin de les informer au sujet des nouveautés gouvernementales. Ce n'est rien de partisan, mais c'est quand même de la cueillette de données. Serait-il pertinent que cela soit soumis à la Loi sur la protection des renseignements personnels?
:
Tout à fait, et ce, pour plusieurs raisons.
Premièrement, il y a en ce moment un vide juridique en ce qui concerne ce genre de renseignements personnels détenus par les cabinets politiques et par les partis politiques.
J'ai lu les travaux antérieurs du Comité. Vous avez discuté de la question quant à savoir si les partis politiques devraient être assujettis à la Loi sur la protection des renseignements personnels. Je ne parlerai pas de cela parce que ce n'est pas le but de votre question.
Pour répondre à votre question, je dirais qu'effectivement, on viendrait combler une lacune juridique si les bureaux des ministres étaient assujettis à la Loi. Lorsqu'un parti est au pouvoir, il devient le gestionnaire de l'État et il exerce les pouvoirs de l'État. Il doit donc rendre des comptes quant au respect des droits fondamentaux et à la constitutionnalité des gestes de l'État.
Si l'on étendait l'application de la Loi sur la protection des renseignements personnels aux cabinets des ministres et à celui du , ce serait effectivement un développement positif.
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Je vous remercie, monsieur le président.
Avec Services partagés, j’ai été un peu surpris par le faible nombre de demandes que le ministère a reçues, soit 123 en vertu de la Loi sur la protection des renseignements personnels, dont 120 ont été traitées avant la fin de la période couverte par le rapport. Ce n’est pas clair pour moi exactement combien de temps cela représente, mais il semble que c’est au moins dans la période de temps dans laquelle vous êtes censés les traiter.
Au cours de notre étude sur l’accès aux renseignements, nous avons entendu à la fois votre ministère et d’autres ministères — nous n’avons peut-être pas entendu parler du vôtre — qui a reçu des demandes d’accès. Nous avons entendu dire à maintes reprises que la conformité posait problème, compte tenu des ressources offertes, et que les arriérés étaient liés à l’insuffisance des ressources et à d’autres problèmes du système auxquels nous avons essayé de résoudre en apportant des améliorations.
Pourquoi pensez-vous que vous avez si peu de demandes en vertu de la Loi sur la protection des renseignements personnels? La première chose la plus évidente qui m’est venue à l’esprit était de savoir si les gens connaissent et comprennent votre ministère et l’énorme volume de renseignements qui y sont traités. Je ne pense pas avoir déjà entendu parler de Services partagés jusqu’à ce que je devienne député? Y a-t-il des gens qui ne savent pas qu’ils devraient faire des demandes adressées à votre ministère?
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Cela rejoint bien ma réponse à la question précédente.
Il a été clairement précisé dans la Loi sur les Services partagés Canada, qu’aux fins de l’exercice des droits d’accès en vertu de la Loi sur l’accès à l’information et de la Loi sur la protection des renseignements personnels, les données qui se trouvent dans l’infrastructure de la TI de SPC — que ce soit les centres de données, les solutions de messagerie, les réseaux — ne sont pas sous le contrôle de Services partagés Canada, mais sous le contrôle d'organismes partenaires. Les demandes d’accès, en vertu des deux lois, doivent être déposées par l’organisme gouvernemental qui a le mandat de réaliser l'activité de programme et qui, par conséquent, assume l'entière responsabilité de gérer ces renseignements et de les rendre disponibles.
Services partagés Canada ne dispose pas d’un volume très élevé de demandes en vertu de la Loi sur la protection des renseignements personnels, contrairement, par exemple, à l’Agence du revenu du Canada, à Immigration Canada à Emploi et Développement social Canada (EDSC), ou à d’autres ministères. Leur travail quotidien consiste à traiter les renseignements personnels utilisés dans la prestation de programmes et de services, tels que l’administration fiscale et l’assurance-emploi, mais Services partagés Canada n'exécute pas les activités du programme de cette ampleur lorsque nous traitons les renseignements sur la personne.
Nous aurons quelques renseignements personnels sur l'authentification des courriels, les adresses IP, ce type d’administration, mais nous n’administrons pas les activités de programme qui détiennent...
:
Vous voyez? Dans mon empathie, j’ai rendu le nombre plus grand.
Voix: Oh, oh!
Mme Chantal Bernier: Il y a 40 000 employés de différents niveaux qui ont besoin de répondre à des gens qui appellent de partout, comme M. Dusseault a dit. Ils ont besoin de répondre, donc ils ont besoin d’avoir accès aux fichiers, mais cet accès doit être contrôlé. Ça ne peut pas sortir. Il s’agit de renseignements sensibles. C’est la première difficulté, le fait que ce soit opérationnel avec tant de gens et à tant de niveaux.
La deuxième difficulté réside dans le fait que le gouvernement veut avoir accès à une partie des renseignements. Par exemple, nous savons que « suivre la trace de l’argent » est la clé de la découverte des activités illégales. Cela signifie qu’il doit y avoir certains accès autorisés en dépit de toutes les protections. C'est là une autre difficulté.
Puis, avec 400 000 personnes dans la fonction publique — ce nombre est exact — cela fait beaucoup de personnes à surveiller. C’est beaucoup de personnes qui pourraient avoir de la rancune ou des intentions malveillantes. J’en ai vu beaucoup. Je ne les ai pas vues seulement au gouvernement. Je les ai vues dans le secteur privé. Si vous regardez les menaces internes à la sécurité des données et les menaces extérieures à la sécurité des données, vous vous rendez compte que le risque est très élevé.
L’un des avantages que nous avons dans notre cabinet, puisque vous avez fait la comparaison, c’est que nous sommes tous des avocats. Nous sommes tous des avocats ayant un intérêt direct dans ce domaine florissant, et donc nous avons une culture qui favorise, qui aide, la sécurité des données. Dans le gouvernement, toutefois, vous pouvez avoir un employé mécontent. Vous n’avez pas un employé qui a en même temps investi personnellement dans l’entreprise. Vous avez différentes contingences avec lesquelles composer.
Je peux vous parler d’un organisme pour lequel j’ai beaucoup de sympathie. Cet organisme fonctionnait bien. Leur principale difficulté concernait le désengagement du personnel. Parce que le personnel était désengagé, le personnel n’a pas exercé la discipline appropriée qu’ils auraient dû exercer.
:
Je vous remercie, monsieur le président.
[Traduction]
Je vous suis grandement reconnaissant pour ces présentations informatives.
Je n'avais pas l'intention de vous poser cette question, mais M. Long a soulevé d'excellents points qui m'incitent à vous la poser. Dans ma circonscription, lorsque je fais du porte-à-porte et que je parle aux gens, je remarque qu'ils croient que le gouvernement recueille des données sur les activités sur le Web et les cellulaires. Au début, je croyais qu'ils étaient simplement inquiets au sujet du projet de loi , du type d'information qui était recueillie et du fait que celle-ci était échangée entre la GRC et la sécurité, mais je crois qu'il y a une croyance populaire. Je ne peux vous dire que des centaines de personnes m'en ont parlé, mais cette croyance existe.
Je sais que vous avez mentionné que le gouvernement ne peut pas utiliser les renseignements personnels recueillis, sauf s'ils répondent au critère de la nécessité. Mais recueille-t-il vraiment ces renseignements? Je veux simplement me faire une idée de ce que je dois répondre aux gens, tel que: « Non, vous lisez trop de trucs sur la théorie de conspiration. » Quelqu'un peut-il me répondre à ce sujet? J'aimerais pouvoir fournir une réponse honnête aux personnes.
:
Je peux certainement essayer de vous répondre.
Je crois qu'il y a beaucoup de désinformation. C'est la raison pour laquelle je souhaite revenir sur le rapport du 28 janvier 2014, parce que nous nous sommes tellement concentrés là-dessus. Nous avons fait 10 recommandations qui, je l'espère vraiment, ne seront pas oubliées, parce qu'elles abordent des questions très pratiques. L'une d'entre elles porte sur la transparence. Le gouvernement peut-il nous dire plus précisément ce qu'il fait?
Comme j'ai travaillé à Sécurité publique Canada où j'ai été sous-ministre adjointe, et au Commissariat à la protection de la vie privée, je peux vous assurer que ce n'est vraiment pas si mal. Il n'y a pas de Big Brother. Le gouvernement n'a pas les moyens, il n'a pas l'intérêt, et franchement, il est beaucoup plus stratégique et éthique que la croyance populaire le suggère.
Cependant, les commentaires que vous entendez — et je sais que vous les entendez, car je les entends — soulignent vraiment le besoin d'une plus grande transparence. On souligne en particulier le besoin de rapports annuels pour toutes les agences qui recueillent de l'information sur la sécurité publique ou qui reçoivent un signal d'information. Il faudrait que les dirigeants de ces organismes soient régulièrement présents aux comités de la Chambre des communes, comme celui-ci ou celui de la sécurité publique, etc. Tenez compte d'eux et demandez-leur ceci: « Une fois par an, nous voulons un rapport de votre part dans lequel vous précisez ce qui selon vous constitue une menace, quelles sont les activités relatives à cette menace et la façon dont ils respectent les droits fondamentaux. »
:
Merci, monsieur le président.
Ma question s'adresse aux représentants de l'Agence du revenu du Canada et concerne les mesures prises dans les cas d'atteinte à la vie privée.
Récemment, une clé USB ou un ordinateur portable — je ne me rappelle plus lequel entre les deux — a été laissé dans un autobus. Des gens malveillants ont eu accès à des données de l'Agence du revenu du Canada. La faille qui leur a permis de le faire est surnommée Heartbleed.
Dans un autre cas, Radio-Canada a obtenu, en réponse à une demande d'accès à l'information, un fichier qui était là par erreur. Radio-Canada s'est donc retrouvé avec des informations très sensibles entre ses mains et a évidemment rapporté le tout dans un reportage.
J'aimerais savoir quelles mesures sont prises exactement à ce sujet. Plus tôt, on a parlé des dommages et intérêts possibles, mais vous ne semblez pas les envisager pour l'instant, étant donné que ce n'est pas obligatoire. Que faites-vous pour informer et rassurer les contribuables dans de tels cas? Prenez-vous des mesures pour atténuer les impacts subis par les personnes victimes d'une atteinte à leur vie privée, par exemple en vous assurant que leur cote de crédit est encore bonne? Lorsque des données se retrouvent entre de mauvaises mains, que faites-vous? Comment réagissez-vous?
Comme M. Guénette vient de le mentionner, l'Agence suit un processus bien établi pour rapporter un incident, quel qu'il soit. À la suite d'un incident, la Direction de la sécurité et des affaires internes fait une enquête et nous fait parvenir sa conclusion. Il s'agit de déterminer si, oui ou non, il y a eu un bris de sécurité. Si c'est le cas, nous rapportons ce bris au Commissariat à la protection de la vie privée. Nous avons aussi un cadre de discipline à l'Agence. Selon ce dernier, on vérifie la façon dont le bris a été rapporté et si une mesure disciplinaire s'applique dans un tel cas.
Quant à ce que nous faisons pour atténuer l'impact des bris de sécurité, je vais revenir à l'exemple que vous avez donné concernant la CBC. Lorsque cet incident s'est produit, les mesures que nous avons prises en matière d'accès à l'information et à la protection des renseignements personnels consistaient à vérifier les processus mis en oeuvre à l'Agence et à déterminer à quel endroit la surveillance ou la révision pouvait être accrue pour éviter que ce genre de situations ne se reproduise.
En outre, un autre processus a été élaboré. Une firme privée a vérifié si nos processus étaient bel et bien adéquats et s'il y avait encore des lacunes. En fin de compte, cette firme nous a fait quelques recommandations. Les mesures qu'elle nous a recommandées concernaient davantage l'accès aux systèmes, la vérification de ceux-ci et l'assurance de la qualité. Nous avons mis en oeuvre ces procédures pour éviter que ce genre de situations ne se reproduise.
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Merci beaucoup de la question.
Monsieur le président, je mentionnerais deux types de gestes qui ont été posés à ce sujet. L'un est d'aspect plus technique et l'autre touche l'éducation auprès des employés.
Du point de vue technique, il y a des mesures que nous sommes toujours en train de mettre en oeuvre. J'y ai d'ailleurs fait allusion dans mes remarques préliminaires. Elles ont été mises en place et continuent de l'être afin de mieux documenter et de contrôler l'accès des employés aux bases de données et aux applications que nous avons au sein de l'Agence. Comme je le mentionnais, des révisions sont faites deux fois par année pour s'assurer que, s'il y a des changements dans les fonctions de certains employés et qu'il y a des accès qui doivent être revus, cela soit fait.
Des améliorations ont également été apportées pour permettre de créer, dans le cadre du Système national de piste de vérification, ce que nous appelons une « piste de vérification » pour être en mesure de détecter les accès qui ne sont pas liés à certaines fonctions et d'en aviser les gestionnaires. Des mesures ont donc été mises en place pour permettre aux gestionnaires de recevoir de façon automatique une indication en ce sens. Par exemple, je pourrais devoir aller parler à Mme Juneau parce que j'ai reçu une indication comme quoi elle est allée chercher de l'information qui ne semble pas cadrer avec l'ensemble de ses fonctions. Plusieurs applications sont soumises à cette vérification.
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Je vous remercie de votre question.
Tout comme Mme McCulloch, je crois que nous devons traiter nos relations avec le Commissariat à la protection de la vie privée avec l'intention de trouver un terrain d'entente, et si nous entrons dans un cadre législatif différent où il y a un ordre, nous tenterons de résoudre la situation avant que ça n'arrive à cela.
En ce qui concerne ce que pourrait impliquer ce changement particulier pour notre travail, il est difficile de spéculer sur ce à quoi ça pourrait ressembler, sans avoir plus de détails sur le fonctionnement. Dans un endroit comme l'ARC, avec le volume de travail que nous avons, et dépendamment du déroulement, il pourrait y avoir des conséquences sur les processus et les ressources. Il nous faudrait y faire face, mais nous serions en conformité avec le cadre de travail mis en place par le gouvernement.
Oui, je crois que je suis d'accord avec Mme McCulloch que nous tentons d'arriver à un terrain d'entente. Et puis, dans la plupart des cas, nous avons du succès dans ce domaine.
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D'abord, je dois dire que j'écris trop, vraiment.
La Loi canadienne anti-pourriel (LCAP) est un sujet complètement différent, et comme vous le savez, il est aussi très controversé dans l'industrie. De plus, le Commissariat à la protection de la vie privée a publié sa première enquête sur cette loi, et je crois que les consommateurs seront heureux de constater les restrictions qui s'appliquent maintenant à l'industrie.
Pour répondre à votre question en ce qui a trait à l'atteinte d'un juste équilibre, je suggère que nous attendions encore quelques années. Ce que je veux dire par là, c'est que nous devons acquérir plus d'expérience sur le moyen d'évaluer la façon dont les entreprises estiment pouvoir répondre à un véritable désir d'annonces promotionnelles ou d'information, en plus de répondre à leurs propres besoins.
Il y a consentement. Vous pouvez obtenir le droit d'obtenir des informations promotionnelles. En effet, en ce qui a trait à la comparaison qu'a faite M. Saini il y a un instant relativement à la participation ou à la non-participation, ce sujet relève de la Loi sur la protection des renseignements, mais il comprend une structure de contrôle qui permet d'envoyer des messages économiques promotionnels (et commerciaux, de surcroît) aux destinataires consentants et de créer une définition selon laquelle vous voulez tout ou vous ne voulez pas tout. Nous pouvons ainsi trouver un juste équilibre entre les droits du consommateur de ne pas être bombardé, comme vous le dites, et les besoins ou la volonté de l'organisation d'aider ses initiatives de marketing grâce à ce processus.
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C'est une question pertinente.
Tout d'abord, pour mettre les choses en perspective, l'Europe ne dispose pas d'une législation distincte pour les secteurs public et privé, et je me suis souvent demandé si nous devrions suivre leur exemple. Mais nous avons une législation distincte, et nous avons un excellent système. La raison pour laquelle nous avons une législation distincte est facilement du fait de la différence dans les paradigmes juridiques qui forment l'ensemble des secteurs public et privé. Ici encore, cela renvoie à ma réponse à Mme Rempel qui concerne la relation entre l'État et le citoyen en vertu de la Loi sur la protection des renseignements personnels, qui est strictement fondée sur la nécessité. L'État ne peut pas empiéter sur votre vie privée à moins que l'on puisse le justifier pleinement dans une société libre et démocratique.
La relation que vous avez avec d'autres détenteurs de données, comme Google, Facebook ou toute entreprise auprès de laquelle vous achetez quelque chose est fondée sur votre relation, votre relation libre avec eux; ce qui signifie qu'elle est basée sur le consentement.
Je crois que la façon dont nous avons construit notre système fonctionne très bien. Cependant, le lien que vous soulignez est extrêmement important et il l'est de plus en plus. Nous l'avons vu avec l'attribution de fonctions au secteur privé. De toute évidence, la grande épreuve de force d'Apple et du FBI en est un bon exemple aux États-Unis. Ils détiennent un trésor d'informations au sein du secteur privé auxquelles les organismes chargés d'appliquer la loi, c'est-à-dire le secteur public, veulent avoir accès. Comment réglementons-nous ce lien?
Des éclaircissements ont été apportés au Canada. L'un d'entre eux concerne R. v. Spencer, comme je l'ai mentionné plus tôt. Un autre apporté plus récemment et qui se rapporte directement votre question est l'arrêt R. c. Rogers Communications Partnership. C'était en janvier 2016. Il était question d'un mandat judiciaire pour un dépotoir de tours qui aurait donné à la police toutes les communications ayant eu lieu à proximité d'une tour cellulaire précise, ce qui lui aurait permis d'obtenir les communications de 43 000 personnes ayant eu lieu entre, environ, 15 heures et 17 heures cette journée-là. Pourquoi? Parce qu'il y avait eu un vol de bijouterie à ce moment-là, cette journée-là. Rogers a refusé et s'est opposé au mandat judiciaire, et la police a abandonné ses démarches. Toutefois, Rogers est tout de même allé en cour et a dit que le mandat était invalide puisqu'il était beaucoup trop large. La police a répondu par l'intermédiaire de la vérificatrice générale que Rogers n'avait pas la qualité pour agir dans cet enjeu, alors que la cour (et cela est très important pour votre question) a dit que Rogers était en droit de refuser de se conformer à ce mandat judiciaire, puisque celui-ci était trop large pour être constitutionnel, mais Rogers avait l'obligation de s'opposer au mandat en raison de son obligation contractuelle envers ses clients.
Je crois que cela illustre le lien que vous faites entre le secteur public et le secteur privé.
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Nous devons suivre la loi partout où nous opérons, et chaque pays a ses propres lois.
J'étais dans notre bureau de Singapour récemment et nous avons discuté plus particulièrement de la façon de gérer le droit à la vie privée à Singapour, mais dans ce cas il s'agissait d'une entreprise canadienne désireuse d'aller s'installer là-bas. Les règles en matière de compétence qui encadrent la loi sur la protection des renseignements personnels sont telles que là où nous effectuons une opération et là où nous recueillons l'information, nous devons toujours respecter les lois qui ont été adoptées dans ce pays.
Toutefois, les lois transfrontalières diffèrent. Certains pays ne permettent pas les transferts transfrontaliers de renseignements personnels de leurs citoyens, s'ils ne sont pas régis par des règles, des conditions très strictes, et ainsi de suite. D'autres pays exigent avant tout une diligence raisonnable, en disant que vous pouvez effectuer des transferts transfrontaliers de renseignements personnels, mais en veillant à ce que, lors d'un transfert, l'information soit protégée dans le respect des lois canadiennes. Ils le font en choisissant d'abord des entrepreneurs très fiables, puis en adoptant des clauses contractuelles selon lesquelles l'entrepreneur protégera l'information aussi rigoureusement, que le client ayant recours à l'entrepreneur pour transférer l'information sera lié à l'entrepreneur et qu'il fera des vérifications à son sujet. Des règles de conformité comme celles-là ont été mises en place.
Oui, ces lois conflictuelles constituent définitivement un défi, un défi qu'il faut relever dans le respect des règles.