:
Merci beaucoup, monsieur le président, et merci aux membres du Comité de m'offrir l'occasion de fournir le point de vue de l'Association canadienne des télécommunications sans fil, ce que j'appelerai l'ACTSF, au sujet de la Loi sur la protection des renseignements personnels et les documents électroniques.
C'est nouveau pour moi, alors soyez indulgents. J'ai été membre de ce genre de comités pendant 12 ans, mais j'étais à votre place. Le point de vue est un petit peu différent pour moi, ici. Je ferai de mon mieux.
L'ACTSF représente des entreprises membres de toutes les parties du secteur du sans fil, y compris les entreprises de services sans fil, les fabricants d'équipements et d'autres entreprises qui fournissent des services et produits à l'industrie. Au cours des 30 dernières années, les entreprises de services sans fil du Canada ont fait des investissements de capital de plus de 42 milliards de dollars pour construire des infrastructures sans fil et elles continuent d'investir à un rythme de plus de 2,5 milliards de dollars par année. Ces investissements sont rentables. Aujourd'hui, 99,3 % des Canadiens ont accès aux réseaux canadiens de niveau mondial.
[Français]
La technologie 5G étant à nos portes, tout le secteur des communications sans fil travaille à maintenir son rôle de vecteur de l'innovation.
Conserver la souplesse de la Loi sur la protection des renseignements personnels et les documents électroniques et appliquer celle-ci de manière équitable à tous les secteurs contribueront également à favoriser l'innovation.
Dans son témoignage, le commissaire à la protection de la vie privée a souligné les grandes forces de la Loi: elle est neutre sur le plan technologique et elle est fondée sur des principes d'application générale.
Le commissaire a suggéré quatre enjeux pour guider votre étude: le consentement, la réputation, les pouvoirs d'exécution et le caractère adéquat du régime canadien par rapport au nouveau règlement européen.
Mes commentaires porteront sur l'incidence de ces quatre enjeux sur la capacité du secteur des communications sans fil à servir ses clients ainsi que sur sa capacité à concurrencer et à innover au sein de l'économie numérique.
[Traduction]
Pour ce qui est de la question du consentement, le commissaire a laissé entendre qu'il ne sera peut-être plus raisonnable dans toutes les circonstances, vu l'impact des technologies. À cette affirmation, je répondrai premièrement en paraphrasant un commentaire formulé par l'un de nos membres durant les consultations du commissaire à la protection de la vie privée: à mesure que la technologie évolue, il en va de même de l'appréciation et de la compréhension qu'en ont les consommateurs.
La manière dont nos entreprises membres s'efforcent d'être transparentes avec leurs clients au sujet de la façon dont les renseignements personnels sont traités — par exemple, grâce à des politiques de confidentialité plus claires — est un élément central de leur relation de confiance avec leurs clients. L'atout le plus important pour faire des affaires au XXIe siècle, c'est la fiabilité, et nos membres le savent très bien.
Pour ce qui est de l'application du principe de consentement, l'application juste et équitable de ce principe à l'échelle des secteurs de l'industrie est essentielle à la capacité de nos membres de compétitionner dans le marché numérique et de conserver la confiance des clients dans l'économie numérique. Ce que nous appelons le secteur du sans fil existe depuis environ 30 ans, et ce secteur est donc beaucoup plus jeune qu'une bonne partie des entreprises que nous représentons. Malgré tout, aujourd'hui, le secteur dynamique du sans fil au Canada est responsable de près de 139 000 emplois à temps plein et de 13,3 milliards de dollars en contribution directe au PIB. Pour continuer à croître, innover et compétitionner avec les grandes entités à l'échelle mondiale, nos membres doivent être sûrs que les règles s'appliqueront de la même façon aux entreprises canadiennes qu'aux intervenants non canadiens. Cette symétrie dans l'application des règles est aussi bénéfique pour les consommateurs, qui auraient raison de s'attendre à ce que leurs renseignements personnels soient traités de façon similaire dans des contextes similaires.
Selon nous, élargir la définition des utilisations acceptables pour des intérêts d'affaires légitimes pourrait fournir plus de clarté à cet égard. Par exemple, au sein de l'Union européenne, les renseignements personnels peuvent être utilisés à des fins qui soutiennent les intérêts légitimes de l'entité qui contrôle les données, tant que ces objectifs ne sont pas incompatibles avec l'objectif initial pour lequel les renseignements ont été recueillis et aussi longtemps que les utilisations n'enfreignent pas les libertés et droits fondamentaux de la personne concernée par les données. Un tel modèle permettrait à nos membres d'innover et de compétitionner à l'échelle internationale tout en respectant les droits fondamentaux des gens et la relation d'affaires qui existe déjà entre les entreprises et leurs clients.
Pour ce qui est de l'enjeu de la réputation, plusieurs témoins ont laissé croire que le Canada entend peut-être suivre ce qui se fait en Europe et inclure un droit explicite à l'oubli dans son cadre législatif. Concrètement, le droit européen à l'oubli exige que les entités commerciales reçoivent des plaintes directement des personnes, qu'elles évaluent le bien-fondé de ces plaintes et qu'elles modifient leurs systèmes, au besoin. Je ne vais pas conseiller le Comité quant à savoir si le droit à l'oubli de type européen permet d'établir un juste équilibre entre la protection des renseignements personnels et la liberté d'expression des Canadiens. Cependant, je demande instamment au Comité de ne pas oublier le fardeau potentiel que de telles mesures pourraient imposer dans le cadre des opérations des entreprises canadiennes qui participent à l'économie numérique.
En ce qui concerne les pouvoirs d'application de la loi, le commissaire à la protection de la vie privée a laissé entendre que le plus grand pouvoir d'application de la loi entraînerait une meilleure conformité avec la LPRPDE. L'ACTSF croit que le modèle d'ombudsman actuel est mieux adapté au cadre actuel fondé sur des principes. Une relation de collaboration entre l'industrie et l'organisme de réglementation est plus efficient, et donne de meilleurs résultats pour les consommateurs. Si on donnait au commissaire des pouvoirs d'imposer des amendes et des ordonnances, les entreprises canadiennes se retrouveraient dans une relation conflictuelle, ce qui découragerait le règlement informel et rapide des plaintes et pourrait être néfaste pour les consommateurs.
Actuellement, le commissaire peut déjà nommer les entreprises dont on juge qu'elles enfreignent la LPRPDE. La possible atteinte à la réputation découlant d'une constatation de non-conformité par le commissaire est une mesure dissuasive suffisante, vu l'importance de la confiance des clients au sein de l'économie numérique. Nous ferions valoir que des amendes ne seraient pas une mesure dissuasive plus forte que l'atteinte à la réputation de l'entreprise.
Dans les cas précis de manquement, nous prévoyons l'entrée en vigueur d'exigences obligatoires en matière de production de rapports et de tenue de dossiers, qui ont été ajoutées à la LPRPDE au moment de l'adoption de la Loi sur la protection des renseignements personnels numériques, en 2015. Ces dispositions seront soutenues par des amendes pouvant atteindre 100 000 $. Les manquements en tant que tels peuvent déjà faire l'objet d'un recours collectif. Nous faisons valoir que la structure fondée sur les principes de la LPRPDE n'exige pas nécessairement des pouvoirs d'application de la loi. La Loi serait mieux servie par des directives régulières du commissaire à la protection de la vie privée. Des documents d'orientation proactifs du commissaire pourraient expliquer de quelle façon il faut appliquer les principes généraux de la LPRPDE aux nouveaux modèles d'affaires. Au bout du compte, c'est injuste pour les consommateurs que les entreprises avec lesquelles ils font des affaires devraient attendre le dépôt de plaintes afin de mettre au point des politiques sur la gestion des renseignements personnels dans les nouveaux secteurs d'activité.
Un exemple précis, c'est l'orientation que produira bientôt le commissaire à la protection de la vie privée sur les véhicules connectés. Les véhicules connectés — et, dans quelques années, les véhicules automatisés —, ne sont qu'un exemple des nombreux avantages sociaux qui seront associés aux réseaux sans fil 5G. Par conséquent, l'ACTSF partage la préoccupation du commissaire à la protection de la vie privée qui veut viser juste en matière de protection des renseignements personnels rapidement dans le cadre du processus. Nous espérons avoir l'occasion de communiquer au commissaire le point de vue de notre industrie à ce sujet ainsi qu'au sujet des documents d'orientation futurs.
Pour ce qui est de conserver le caractère adéquat du cadre canadien aux yeux de l'Union européenne, je tiens à dire que nos membres reconnaissent l'importance de préserver la capacité des entreprises canadiennes d'oeuvrer sur les autres continents, tout comme les entreprises Internet étrangères nous livrent concurrence sur notre propre territoire. Nous demandons au Comité de tenir compte des répercussions opérationnelles sur les entreprises canadiennes de toute modification législative apportée au régime canadien.
[Français]
En terminant, je dirai une fois de plus que nous sommes déterminés à conserver notre bilan positif en matière de respect de la Loi et nos bonnes relations avec le commissaire. Le modèle actuel favorise une approche collaborative avec le commissaire. Cela nous a permis de mettre l'accent sur des résultats positifs pour nos clients.
[Traduction]
Merci beaucoup de votre temps, aujourd'hui. Je serai heureux de répondre à vos questions tantôt.
:
Merci beaucoup, monsieur le président, et bonjour.
Je m'appelle Linda Routledge, et je représente l'Association des banquiers canadiens. Je suis accompagné par mon collègue, Charles Docherty, notre conseiller principal. Nous sommes heureux de pouvoir discuter avec vous aujourd'hui de la Loi sur la protection des renseignements personnels et les documents électroniques.
L'ABC représente 62 membres, soit des banques canadiennes ainsi que des filiales et des succursales de banques étrangères exerçant des activités au Canada, et leurs 280 000 employés. La confidentialité et la protection des renseignements personnels des clients est, et a toujours été, la pierre angulaire des services bancaires. Étant donné la nature des services qu'ils offrent à des millions de clients, les banques sont les gardiens fiables d'une importante quantité de renseignements personnels. Les banques prennent très au sérieux cette responsabilité. Elles sont engagées à protéger les renseignements personnels des clients et à respecter non seulement les exigences imposées par les lois en matière de renseignements personnels, mais également les attentes de leurs clients. Une ancienne adjointe à la protection de la vie privée a déjà reconnu que la protection des renseignements personnels est inscrite dans l'ADN des banques.
Les banques font partie des toutes premières organisations assujetties à la LPRPDE en 2001. Nous sommes d'avis que, jusqu'à présent, la LPRPDE a permis d'atteindre un bon équilibre entre la protection des renseignements personnels d'une personne et l'usage légitime des renseignements personnels par les organisations. Fondée sur des principes et technologiquement neutre, la LPRPDE fournit les dispositions nécessaires pour encadrer les innovations, les nouvelles technologies et les modèles de gestion nouveaux. Généralement, la Loi est en bonne position pour maintenir ce mandat à l'avenir. Cela dit, les banques désirent proposer quelques changements qui, à notre avis, apporteraient une amélioration et une clarification aux dispositions de la LPRPDE, de façon à rendre l'industrie plus efficace. Ces suggestions s'inscrivent dans trois catégories: la validité du consentement, les crimes financiers et les droits d'accès.
Sur la question de la validité du consentement, les banques recueillent les renseignements personnels nécessaires afin de fournir aux clients les produits et les services qu'ils demandent. Elles le font conformément aux exigences de la LPRPDE et elles prennent les mesures nécessaires pour que les clients comprennent la nature du consentement qu'ils donnent. Toutes les banques ont prévu une politique en matière de renseignements personnels et ont nommé un responsable de la conformité pour veiller au respect de cette politique. La confiance des clients étant, et ayant toujours été, une priorité pour les banques, ces dernières tiennent fortement à ce que la capacité de leurs clients à fournir un consentement valide soit améliorée.
Le Comité a entendu plusieurs témoins qui ont mis en doute la validité du consentement fourni par les personnes, vu la complexité des modalités présentées au moment d'acquérir tout produit ou service. Nous suggérons, comme moyen possible de répondre à cette préoccupation, de simplifier les avis de confidentialité afin de rendre le consentement non requis pour les usages auxquels les personnes s'attendent et qu'elles considèrent comme raisonnables. Plus particulièrement, nous soutenons qu'un consentement explicite ne devrait pas être requis dans le cas des fins commerciales légitimes, dont voici certains exemples. Les fins pour lesquelles les renseignements personnels ont été recueillis, la prestation de services, la compréhension ou la livraison de produits ou de services qui répondent aux besoins des clients et la formation dans le cadre du service à la clientèle.
La suppression de l'exigence de consentement explicite lorsque la collecte de renseignements se fait à des fins d'affaires légitimes simplifierait l'énoncé de l'avis de confidentialité, facilitant par le fait même un meilleur processus de consentement éclairé, où les consommateurs pourront se concentrer sur les renseignements d'importance pour eux et à l'égard desquels ils peuvent agir.
Par ailleurs, selon le secteur bancaire, la définition actuelle de renseignements auxquels le public a accès est obsolète. Le règlement actuel fait référence aux technologies dominantes au début des années 2000, lorsque le règlement a été promulgué. Nous proposons donc une mise à jour pour moderniser cette définition.
En ce qui concerne les crimes financiers, le maintien de la sécurité de leurs employés, de leurs clients et du système financier est une priorité pour les banques au Canada. En effet, les banques mettent à niveau régulièrement leur système de sécurité et ne ménagent aucun effort afin de prévenir les crimes financiers qui se chiffreraient à des milliards de dollars annuellement. Les banques travaillent en étroite collaboration avec les autorités et les forces de l'ordre à l'échelle du pays en vue de les aider dans leurs enquêtes et dans la poursuite des suspects.
Actuellement, les dispositions de la LPRPDE permettent uniquement le partage de l'information entre organisations si c'est raisonnable en vue de la détection d'une fraude ou de sa suppression ou en vue de la prévention d'une fraude. Cette définition ne s'étend pas à d'autres types d'activité criminelle comme le vol de données ou de renseignements personnels, le blanchiment d'argent, le financement d'activités terroristes, les crimes cybernétiques et même les vols de banque.
Afin de rehausser les capacités du secteur bancaire à prévenir les activités criminelles plus générales, nous recommandons que les dispositions de la LPRPDE portant sur la communication sans consentement utilisent l'expression crimes financiers plutôt que fraudes, ce qui comprend un éventail plus large d'activités criminelles auxquelles les institutions financières au Canada font face au quotidien.
Ainsi, nous proposons que la définition de crimes financiers inclue, premièrement, la fraude, deuxièmement, les activités criminelles et toute infraction sous-jacente liée au blanchiment d'argent et au financement d'activités terroristes, troisièmement, d'autres infractions criminelles perpétrées contre des institutions financières, leurs clients et leurs employés, et, quatrièmement, le manquement aux lois de pays étrangers, notamment en ce qui concerne le blanchiment d'argent et le financement d'activités terroristes.
Les crimes financiers ont un impact financier sur les banques, les consommateurs et l'intégrité économique du système financier. Les banques comprennent le rôle important qu'elles ont à jouer. En vue de protéger les Canadiens contre les crimes financiers, elles ont prévu des systèmes de sécurité perfectionnés et ont engagé des équipes d'experts. Nous sommes d'avis que ce changement apporté à la LPRPDE donnerait aux banques une plus grande capacité de jouer leur rôle à l'égard de cette importante tâche.
Enfin, pour ce qui est des droits d'accès, parfois, les organisations créent des documents qui renferment des renseignements personnels liés à un éventuel litige. Conformément aux lignes directrices émises par le Commissariat à la protection de la vie privée du Canada ainsi qu'aux dispositions des lois en matière de renseignements personnels du Québec et de l'Alberta, cette information n'a pas à être fournie en réponse à une demande d'accès. Nous demandons donc que la LPRPDE soit modifiée afin de fournir une exemption particulière pour ces types de documents fondée sur le privilège relatif au litige.
En conclusion, la LPRPDE a bien servi les Canadiens au cours des 17 dernières années, encourageant les organisations à protéger les renseignements personnels dont elles disposent et en encourageant les personnes à devenir plus conscientes de leurs droits et responsabilités concernant la protection de leurs renseignements personnels. Néanmoins, comme toute loi liée à un environnement en constante évolution, la LPRPDE renferme des dispositions qui bénéficieraient de légères modifications et où des améliorations sont souhaitables.
Nous espérons que nos commentaires seront utiles pour le Comité dans son étude de la Loi.
Nous serons heureux de répondre à vos questions.
Merci beaucoup.
:
Merci, monsieur le président.
Merci au Comité de nous avoir invités à comparaître aujourd'hui pour présenter les points de vue de l'ACM dans le cadre de votre étude sur la Loi sur la protection des renseignements personnels et les documents électroniques, aussi appelée LPRPDE.
L'ACM est la plus importante association de marketing au Canada. Elle représente des agences de communication et de marketing ainsi que d'importantes marques de vente au détail, des services financiers, des entreprises de technologie, et d'autres secteurs. Nos efforts de défense des droits visent à promouvoir un environnement dans lequel règne un marketing éthique, tant du point de vue de la communication avec les consommateurs que dans le cadre de la prestation des services qui leur sont destinés.
L'AMC a fourni un mémoire d'avance au Comité, mais, aujourd'hui, je veux concentrer ma déclaration sur les trois questions suivantes: la LPRPDE doit-elle être modifiée? Est-ce que le modèle de consentement actuel fonctionne encore? Et les activités d'application de la loi du CPVP sont-elles encore efficaces?
Premièrement, en ce qui concerne la modification de la LPRPDE, certaines personnes font valoir que la Loi est brisée ou inadéquate et qu'il faut la réparer. Cependant, nous croyons plutôt que la LPRPDE a résisté au passage du temps en relevant les nouveaux défis dans le monde numérique, qui évolue rapidement. La LPRPDE a été sciemment conçue en fonction de principes fondamentaux plutôt que de règles normatives précisément afin de créer une loi pouvant être adaptée aux nouvelles technologies, pratiques et attentes. Le modèle de la LPRPDE promeut une approche qui mise davantage sur la collaboration pour élaborer des documents d'orientation à l'intention d'organisations qui travaillent dans un large éventail de contextes différents. Le CPVP peut fournir des lignes directrices d'interprétation plus poussée lorsque les nouveautés dans le domaine social, technologique et commercial l'exigent. Ce cadre a bien servi les Canadiens et continue de le faire.
Il est aussi important de reconnaître que les modifications récentes apportées à la Loi, par l'intermédiaire de la Loi sur la protection des renseignements personnels numériques, en 2015 fournissent des protections supplémentaires aux gens. Cela inclut une responsabilité accrue des organisations, qui doivent obtenir un consentement valide, surtout auprès des enfants et des autres parties vulnérables, des exigences obligatoires de communication en cas de fuite et de nouveaux pouvoirs pour le commissaire à la protection de la vie privée de conclure des ententes de conformité avec les organisations et de coordonner les activités d'application de la loi avec ses homologues à l'échelle internationale.
Même si certains peuvent faire valoir que d'autres modifications de la Loi sont nécessaires, l'AMC émet une importante mise en garde contre cette approche. Notre recommandation consiste à permettre aux amendements adoptés en 2015 d'entrer pleinement en vigueur pour que l'on puisse ensuite évaluer l'impact et l'efficacité de ces changements avant d'envisager d'autres changements de la Loi. Par exemple, les nouvelles dispositions sur les avis en cas d'atteinte, qui ont été adoptées il y a près de deux ans, ne sont pas encore entrées en vigueur. Nous attendons encore la publication de la réglementation connexe qui permettra à ces dispositions d'entrer en vigueur. Une fois le règlement terminé, les organisations devront ensuite former leur personnel, mettre à jour leurs processus et, essentiellement, se préparer pour cet ensemble de changements apportés à la LPRPDE et respecter les nouvelles exigences.
Le deuxième enjeu que je vais aborder, c'est celui du consentement. L'AMC croit qu'un bon équilibre entre les choix individuels et un solide cadre de responsabilisation renforcera la protection des renseignements personnels et le consentement. Puisque les modèles d'affaires mettent de plus en plus l'accent sur l'innovation et la personnalisation accrue des produits et services, ce que les entreprises font en réaction aux attentes des clients, il faut reconnaître les difficultés que causera un régime axé sur le consentement. Le fait que les politiques de confidentialité sont rarement lues, que les écrans sont plus petits et les autres restrictions liées aux appareils sont des réalités qui constituent des défis au moment de l'obtention d'un consentement éclairé.
Même si le consentement des clients doit continuer d'être considéré comme un élément important de toute loi sur la protection des renseignements personnels, le fait d'adopter un modèle plus axé sur l'évaluation des risques, modèle dans le cadre duquel les organisations ont plus de liberté, mais aussi plus de responsabilités en ce qui a trait aux données des clients, permettrait de moderniser le cadre de protection des renseignements personnels canadiens pour qu'il soit bénéfique pour les entreprises et les consommateurs. Dans un tel modèle, les types d'avis fournis et les types de consentement obtenus sont associés à la nature délicate ou au risque de préjudice des différentes activités de manipulation des données. C'est ce qu'on constate dans les dispositions sur les violations qui ont été adoptées il y a plusieurs années. Une telle approche est aussi conforme à l'annexe 1 de la LPRPDE.
L'AMC croit que le renforcement du cadre de responsabilisation grâce à des codes de pratique d'autoréglementation et d'autres outils créatifs, comme l'anonymisation des données, est la meilleure approche pour améliorer les protections des renseignements personnels des gens. Un excellent exemple d'une initiative d'autoréglementation est le programme Choix de pub sur la publicité ciblée par centre d'intérêt mis au point par l'Alliance de la publicité numérique du Canada, la DAAC.
L'AMC compte parmi les organisations de marketing et de publicité fondatrices qui ont lancé la DAAC en 2013 afin de donner aux consommateurs un avis et des choix en temps réel quant à savoir si leurs données de navigation devraient être utilisées pour leur fournir une publicité ciblée par centre d'intérêt. Un cadre de responsabilisation accrue exige nécessairement des organisations qu'elles assument plus de responsabilités. Par exemple, le code de déontologie et les normes de pratique de l'AMC prévoient des limites strictes liées aux activités de collecte et d'utilisation des renseignements personnels d'enfants âgés de moins de 13 ans.
Le troisième et dernier point que je veux soulever concerne les pouvoirs d'application de la loi du commissaire à la protection de la vie privée. Nous ne croyons pas que le commissaire a besoin de pouvoirs supplémentaires. En fait, le commissaire a actuellement le pouvoir de communiquer des constatations, de vérifier des organisations, de formuler des recommandations et, maintenant, de conclure des accords sur la conformité. Les préjudices à la réputation des marques, comme on l'a déjà souligné, pouvant découler d'une constatation défavorable du commissaire peuvent être importants. L'impact d'une telle publicité négative est un outil d'application de la loi qu'on ne saurait sous-estimer. De plus, si la coopération volontaire n'est pas de la partie, le commissaire a le pouvoir d'assigner des témoins, de faire prêter serment, d'exiger la production d'éléments de preuve et de se tourner vers la Cour fédérale pour rectifier des situations qui restent non résolues.
L'AMC croit que le modèle de l'ombudsman auquel fait appel l'application de la LPRPDE a été très efficace et a entraîné un haut niveau de conformité volontaire des entreprises canadiennes. Prenons le nombre de plaintes liées à la LPRPDE présentées au CPVP. Du 1er janvier 2015 au 31 mars 2016, le Commissariat a reçu 351 plaintes. Seulement 52 des dossiers, soit tout juste un peu moins de 15 %, ont été considérés comme légitimes par le commissaire. Des 52 cas, 46, soit plus de 90 %, ont été réglés totalement ou conditionnellement.
Le modèle de surveillance actuel fondé sur l'ombudsman permet au CPVP de protéger et de promouvoir les droits à la vie privée des personnes grâce à un engagement positif et proactif avec les associations de l'industrie et les organisations qui demandent des directives sur la conformité et les nouveaux enjeux liés à la protection des renseignements personnels. Le fait de fournir au CPVP plus de pouvoirs directs d'application de la loi minerait cette relation ouverte et axée sur la coopération qui s'est installée entre le CPVP et l'industrie canadienne.
En conclusion, nous tenons à souligner le grand nombre de dossiers et de constatation publiés par le CPVP au fil des 17 dernières années et les très nombreuses pratiques améliorées en matière de protection des renseignements personnels adoptées par les entreprises qui en ont découlé sont une preuve valable que la LPRPDE, dans sa forme actuelle, fonctionne bien.
Nous tenons aussi à faire une mise en garde contre le fait d'utiliser la LPRPDE comme la solution universelle par défaut pour tous les problèmes découlant de l'évolution rapide des technologies et des utilisations des données. Dans de nombreux cas, il y a d'autres lois et règlements mieux adaptés pour composer avec des préoccupations sectorielles précises ou d'autres enjeux soulevés. La LPRPDE doit permettre de protéger efficacement les droits à la protection des renseignements personnels des Canadiens tout en encourageant les organisations à innover et à créer de nouveaux produits et services à l'intention de leurs clients et des consommateurs. Cela exige souvent l'utilisation responsable de données, y compris des renseignements personnels. L'AMC croit que le cadre actuel de la LPRPDE a prouvé qu'il a établi un juste équilibre entre la souplesse et l'efficacité pour atteindre ces objectifs.
Merci, monsieur le président, nous serons heureux de répondre à vos questions.
:
Merci beaucoup. C'est un coup de publicité absolument éhonté de ma part.
Je me souviens lorsque j'ai été cité quelque part en ligne au sujet des punaises de lit. Nous avions ramassé des oursons en peluche, des oursons avaient été lancés sur la glace, et, à ce moment-là, il y avait un problème de punaises de lit dans notre ville. J'ai décidé de ne pas distribuer ces ours en peluche dans les hôpitaux, les centres d'hébergement et les autres installations autour de la ville. Très rapidement, l'histoire s'est retournée contre moi, et j'étais le méchant qui refusait aux hôpitaux et aux centres d'hébergement ces ours en peluche. Pendant des années, littéralement des années, chaque fois que je faisais une recherche sur « Wayne Long » dans Google, il y avait une liste d'articles et de commentaires à mon sujet et au sujet des ours en peluche. Il a fallu que s'écoulent deux années de ma carrière politique pour que je réussisse, au moins, à faire descendre ces mentions dans les résultats de recherche.
Encore une fois, vous avez présenté d'excellents exposés, mais, monsieur Ghiz, pouvons-nous oublier le droit à l'oubli?
:
Merci beaucoup de votre présentation.
Je compatis avec mon collègue. J'aurais pris la même décision en ce qui concerne vos oursons. Vous avez fait le bon choix.
Compte tenu de la pression sociale et des amis, j'ai malheureusement dû m'adapter à l'ère numérique, aux tablettes et aux jeux puisque je suis mère de deux jeunes garçons.
J'ai fait des recherches à propos du consentement. J'ai remarqué que les parents mettent sur les réseaux sociaux des photos de leurs enfants et parlent des activités de ces derniers. Je sensibilise beaucoup mes jeunes garçons à l'importance de ne pas publier n'importe quoi sur ces réseaux. Il y a beaucoup d'éducation à faire en ce sens et c'est notre responsabilité en tant que parents. Malheureusement, il peut arriver que des choses nous échappent.
J'ai lu qu'il était question d'obliger les entreprises à enlever l'information personnelle publiée sur Internet. On a dit plus tôt que le traitement des plaintes serait un fardeau pour les entreprises. Si j'ai bien compris, le fait d'obliger les entreprises à enlever cette information personnelle est lié au droit à l'oubli.
Je ne sais pas si vous êtes au courant, mais la Californie a adopté une loi en ce sens et j'aimerais que nous en discutions davantage. Cette loi est intitulée « Privacy Rights for California Minors in the Digital World » et elle oblige les entreprises, les sites Web et les concepteurs d'applications à donner aux enfants âgés de moins de 18 ans la possibilité de supprimer de l'information qu'ils ont eux-mêmes publiée. Toutefois, cette loi ne vise pas les renseignements que d'autres ont publiés au sujet de mineurs.
Qu'en pensez-vous? Pourrions-nous appliquer les mêmes principes ici, au Canada?
:
Je vois bien où vous voulez en venir. J'ai des enfants de quatre, six et huit ans, et ils ont constamment leur tablette à la main. Ils sont plus doués que moi. Nous utilisons les tablettes pour l'enseignement autant que pour le plaisir.
Comme je le disais, quand j'étais petit et que je devais être puni, j'avais droit à une punition corporelle. Cela n'est plus permis de nos jours. Nous menaçons les enfants de les priver de leur téléphone intelligent, et cela est une catastrophe, pour eux. C'est une bonne façon de les obliger à nous écouter.
Des voix: Ah, ah!
M. Robert Ghiz: Je ne connais pas bien les lois de la Californie, mais je veux bien demander aux membres de mon association d'y jeter un coup d'oeil. Je crois qu'il faut aujourd'hui tenir compte de la composante de l'éducation. Je sais que le commissariat ne finance pas des organisations comme MediaSmarts, et nous devons également nous occuper d'autres aspects de la littératie si nous voulons être certains que nos enfants seront prêts à affronter les réalités du monde dans lequel ils grandissent. C'était différent, quand nous étions petits. Nous avons la responsabilité de nous assurer d'éduquer les enfants pour qu'ils comprennent que c'est la nouvelle réalité du monde.
Nos membres ont des règles à suivre, et ils ont aussi accès à des outils de gestion des données. Les fournisseurs proposent des paramètres de confidentialité, sur leurs téléphones. Il faut aussi éduquer les parents, pour les aider à éduquer leurs enfants, mais je crois que nous pourrions commencer par éduquer les jeunes enfants, leur dire que ce sont là les nouvelles réalités du monde et que, s'ils veulent s'y engager, ils doivent s'attendre à ce qu'il y ait des conséquences connexes.
Quoi qu'il en soit, je veux bien examiner les lois de la Californie. Je vois bien où vous voulez en venir, mais il y a aussi, je crois, une composante qui a trait à la littératie et à l'éducation.
:
Je ne savais pas que nous avions parlé du Règlement général sur la protection des données dans notre mémoire, mais nous disions que tout cela représente un défi. Obtenir un consentement, dans le monde dans lequel nous évoluons aujourd'hui, c'est véritablement un défi. Tous les jours, des particuliers et des organisations nous demandent, au cours des points de presse, si nous avons lu la politique de confidentialité. Nous travaillons avec de petits écrans. Si on voulait obtenir un consentement pour toutes nos interactions, il faudrait contourner d'importants obstacles.
Ce que nous essayons de faire comprendre, c'est qu'il est possible de garder le consentement au coeur du cadre de protection des renseignements personnels et, en même temps, d'imposer de plus grandes responsabilités aux organisations qui utilisent des renseignements personnels lorsque le consommateur peut raisonnablement s'attendre à ce que ces renseignements servent à des fins supplémentaires; autrement dit, le consentement implicite serait plus largement utilisé, si vous voulez. Je crois que des témoins du CRTC vous ont parlé il y a quelques jours de la loi anti-pourriels. Il y a dans cette loi un dispositif très robuste touchant le consentement implicite ainsi que le consentement explicite. Il y a un élément important de consentement explicite lorsqu'il existe déjà une relation avec le consommateur.
Charles a parlé du fait que les organisations peuvent avoir légitimement besoin d'utiliser certains renseignements à de nouvelles fins, qui ne représentent aucun risque pour le consommateur. En fait, cette utilisation pourrait être avantageuse pour le consommateur. Dans de tels cas, si l'on revient à la question du consentement, est-ce bien là la situation que nous recherchons, dans l'environnement dans lequel nous évoluons aujourd'hui, l'environnement numérique? À notre avis, la réponse est non; dans différents contextes, dans différents secteurs, il se peut qu'il existe des codes et des cadres différents, conçus de manière à permettre aux organisations concernées d'aller de l'avant dans la voie que je viens de vous exposer. Il s'agirait à ce moment-là de codes d'autoréglementation, et nous estimons qu'ils ont leur place dans notre description, à savoir un régime toujours axé sur le consentement, mais qui impose de plus importantes responsabilités aux organisations.
Je vais reprendre exactement là où j'en étais, si cela ne vous dérange pas, mais je vais cette fois-ci vous laisser faire une réponse complète, car vous n'en aviez pas eu le temps. Nous parlions de la conformité et, dans votre réponse, vous avez dit que c'était surtout un problème pour les grandes organisations, peut-être.
Je pensais que c'était peut-être le contraire, et je pense comme quelqu'un qui a déjà exploité une très petite entreprise. En réalité, plus une entreprise est petite, plus le fardeau de la conformité et de l'administration est lourd, proportionnellement à sa taille. Ne pensez-vous pas que, pour toutes les organisations qui doivent se conformer à un règlement, si ce règlement est sévère, détaillé, complexe... pensez-vous que les petits exploitants se préoccupent de la conformité?
:
C'est une question ouverte.
Je voudrais que le statu quo soit maintenu, de notre point de vue, à l'ACTS, mais, encore une fois, on voit en Californie une nouvelle loi qui relie deux choses, et on voit d'autres administrations aller dans des directions... Tout d'abord, je dirais que nous ne croyons pas que des modifications devraient être apportées, mais, si quoi que ce soit devait arriver, je voudrais qu'un processus de consultation ait lieu.
Nous voulons éviter deux ou trois choses. L'une, c'est le fardeau réglementaire que la modification pourrait imposer aux sociétés et aux entreprises du Canada, ce qui pourrait ralentir l'innovation. Nous voulons également nous assurer que, dans le cas de toute modification qui entrerait en vigueur, les entreprises canadiennes et les entreprises étrangères qui sont exploitées sur notre marché seront sur un pied d'égalité.
:
Merci beaucoup, monsieur Hill.
Voilà ce qui conclut notre série de questions officielle. Il nous reste évidemment du temps si d'autres membres ont des questions.
Est-ce que je peux demander...? J'ai trois questions et je serai bref.
Ma première question est la suivante, maître Elder. Jennifer Stoddart a été la commissaire à la protection de la vie privée pendant 10 ans. Au premier examen de la Loi, elle n'a pas recommandé de nouveaux pouvoirs pour le commissaire à la protection de la vie privée, mais au deuxième, la dixième année de son mandat, elle l'a fait. J'aimerais également mentionner qu'elle est membre de l'Ordre du Canada. Elle a dit ce qui suit en 2013:
Nous avons utilisé les outils offerts par la Loi, et, dans certains cas, nous avons réussi à susciter un changement — mais souvent après avoir investi d’importantes ressources et presque toujours après coup. Nous avons vu des organisations ignorer nos recommandations jusqu’à ce que la Cour soit saisie de l’affaire. D’autres, au nom d’une consultation avec le Commissariat, répondent pour la forme à nos préoccupations, pour ensuite ignorer nos conseils. Rien dans la loi n’incite les organisations à investir dans la protection de la vie privée de façon notable, dans la mesure où elles peuvent toujours revenir sur leur entente d’apporter des changements à leurs pratiques et décider de ne pas donner suite aux recommandations de la commissaire après l’enquête ou la vérification.
Les recommandations « douces » assorties de peu de conséquences en cas de manquement à la loi de bas de page 15 ne sont plus efficaces dans un environnement qui évolue rapidement et où les risques pour la vie privée sont à la hausse.
Elle souligne par la suite que plusieurs commissaires provinciaux et internationaux détiennent non seulement le pouvoir de rendre des ordonnances, mais aussi d'infliger des amendes, y compris au Royaume-Uni, en Espagne, en Nouvelle-Zélande et bien sûr dans un certain nombre de provinces de notre pays.
Pour être plus précis ou plus direct, pourquoi Mme Stoddart fait-elle fausse route?