Nous reprenons notre étude sur la Loi sur la protection des renseignements personnels. Nous en sommes à la 26e réunion du comité.
Nous sommes ravis que certaines des personnes ayant participé au comité lors de l'examen du dossier de l'accès à l'information prennent part à la vidéoconférence d'aujourd'hui. Je suis heureux du retour de Donovan Molloy, commissaire à la vie privée, et de Sean Murray, directeur exécutif de l'Assemblée législative à St. John's, à Terre-Neuve-et-Labrador. Je vous remercie de votre présence.
Se joignent également à nous Catherine Tully, qui occupe le poste de commissaire à l'information et à la protection de la vie privée pour la Nouvelle-Écosse, et Drew McArthur, qui pour sa part remplit la fonction de commissaire intérimaire pour la Colombie-Britannique.
Les représentants de la Colombie-Britannique ne sont par encore connectés. J'espère que Drew sera en mesure d'être des nôtres au moment où vous commencerez votre présentation.
Nous allons procéder de la même manière que lors des réunions précédentes, c'est-à-dire que les participants vont en premier lieu nous faire part de leurs observations préliminaires pendant environ 10 minutes, selon l'ordre qu'on leur a attribué dans l'ordre du jour.
C'est l'un ou l'autre des représentants de Terre-Neuve-et-Labrador qui commencera. Nous donnerons ensuite la parole à Catherine.
M. Murray et moi-même sommes ravis de pouvoir prendre la parole devant vous. Nous savons que vous avez déjà entendu parler du comité de révision de la législation, qui est composé de Clyde Wells, de Doug Letto et de Jennifer Stoddart. Celui-ci s'est sans aucun doute penché sur la raison d'être des changements récemment apportés aux lois sur l'accès à l'information et la protection des renseignements personnels de Terre-Neuve-et-Labrador.
Je remplis les fonctions de commissaire depuis à peine plus de trois mois et, à titre de néophyte en matière d'accès à l'information et de protection des renseignements personnels, je trouve tout à fait remarquable de voir à quel point la capacité liée à la collecte, à l'analyse et, malheureusement, à l'usage abusif d'information, a pris de l'ampleur, et continue d'en prendre. Cependant, j'ai été surpris d'apprendre que la Loi sur la protection des renseignements personnels du Canada n'avait pas vraiment été modifiée depuis plus de 30 ans.
Auparavant, le fait de nous sentir en sécurité dans notre maison et dans notre vie en général était dû au rôle de forteresse que remplissait notre demeure. À l'heure actuelle, en raison de la prolifération de l'information, ainsi qu'à son stockage et à son utilisation, la clé de cette forteresse se trouve dans l'univers numérique: on peut se voir privé de notre intimité et de notre sentiment de bien-être sans que personne n'ait à franchir le pas de notre porte. C'est la situation à laquelle nous faisons actuellement face au sein de l'univers numérique. Il est absolument essentiel que l'ensemble des institutions fédérales ne collectent que les renseignements dont elles ont besoin et mettent tout en oeuvre pour qu'ils ne soient pas utilisés de façon inappropriée par des sources extérieures à l'administration fédérale, et pour que ces dernières ne puissent pas y accéder.
Nous nous trouvons dans une situation très enviable à Terre-Neuve-et-Labrador en raison de la Loi sur l'accès à l'information et la protection des renseignements personnels de 2015, que nous considérons comme l'une des meilleures mesures législatives du pays. Cependant, nous sommes conscients du fait que les solutions que nous avons mises en oeuvre et utilisons dans notre province pourraient ne pas s'appliquer partout et, plus particulièrement, pourraient ne pas s'appliquer au système fédéral. Le règlement de problèmes liés à la quantité de signalements effectués et aux ressources pourrait nécessiter le recours à des solutions différentes.
Par exemple, dans notre province, l'ensemble des atteintes à la vie privée doit obligatoirement faire l'objet de signalements, et non seulement les atteintes substantielles à la vie privée. Toutefois, en raison du nombre moins élevé de signalements effectués au sein d'un territoire de compétence comme le nôtre, cette manière de faire est plus pratique pour nous, mais serait moins efficace au sein d'une institution de la taille du gouvernement.
Nous considérons que les recommandations qui ont été émises par le commissaire fédéral à la vie privée en ce qui a trait à la nécessité d'établir un mandat en matière de collecte de renseignements, de sensibilisation du public et de recherche sont toutes extrêmement positives. Je considère qu'en majeure partie nous respectons l'ensemble des recommandations formulées par le commissaire à la protection de la vie privée.
Nous croyons que l'expérience que nous avons acquise pourra être utile au comité. En effet, nous respectons cette mesure législative depuis plus d'un an, en plus de prendre en compte les réactions en découlant et d'accumuler des données la concernant. M. Murray et moi-même espérons être en mesure de répondre à toutes vos questions.
Merci.
Comme c'est la première fois que je comparais devant le comité, j'aimerais vous en dire un peu plus sur moi. Ainsi, vous aurez une idée du genre de questions auxquelles je suis en mesure de répondre.
Je pratique dans le domaine de l'accès à l'information et de la protection des renseignements personnels depuis 15 ans. J'ai travaillé au sein du gouvernement. J'ai administré l'accès à l'information, soit le programme d'accès à l'information et de protection des renseignements personnels, pour le compte du procureur général, du solliciteur général et des services responsables des relations avec les Autochtones en Colombie-Britannique pendant six ans. Mon équipe traitait entre 2 000 et 3 000 demandes par année et produisait des centaines d'évaluations des facteurs relatifs à la vie privée. Elle appliquait la loi au sein d'un ministère.
Je suis par la suite allée travailler pour l'organisme de surveillance se trouvant en Colombie-Britannique, où j'ai occupé le poste de commissaire adjointe à la protection de la vie privée. Dans le cadre de mes fonctions, j'ai dirigé un groupe d'enquêteurs et de médiateurs qui a mené des enquêtes sur des centaines d'atteintes à la vie privée et a traité des milliers de plaintes se rapportant à l'accès à l'information. Comme la Colombie-Britannique dispose d'un pouvoir de rendre des ordonnances, le petit pourcentage de dossiers non réglés étaient transférés à l'unité de règlement. Donc, je connais bien ce modèle de supervision.
J'ai ensuite travaillé pendant quelques années à Postes Canada, où j'ai administré l'accès à l'information et la protection des renseignements personnels au nom de cette institution fédérale en vertu de la Loi sur la protection des renseignements personnels et de la Loi sur l'accès à l'information, à titre de directrice de l'accès à l'information et de la protection des renseignements personnels. À l'heure actuelle, j'occupe le poste de commissaire à l'information et à la protection de la vie privée en Nouvelle-Écosse. Comme cette fonction est assortie d'un pouvoir de formuler des recommandations au sein de la province, j'ai oeuvré au sein et à l'extérieur de régimes d'ordonnances et de recommandations.
Je crois que bon nombre de personnes vous ont dit qu'il était nécessaire de moderniser la Loi sur la protection des renseignements personnels. En fait, je partage les mêmes préoccupations qu'eux en raison de ce qui se passe en Nouvelle-Écosse. Je suis en train d'élaborer une série de recommandations visant à moderniser la loi de la Nouvelle-Écosse. Les dernières modifications considérables qu'elle a subies remontent à 1993. Même si elle a 10 ans de moins que la Loi sur la protection des renseignements personnels, elle partage bon nombre de lacunes avec celle-ci.
En prévision de cette audience, j'ai examiné les propositions de mon collègue, le commissaire Therrien, et je peux dire en toute honnêteté que la quasi-totalité des suggestions qu'il a faites à votre comité sont similaires à celles que je ferai à la législature de la Nouvelle-Écosse. On peut assurément observer une cohérence entre les orientations que nous souhaitons voir adopter par ces types de lois afin qu'elles soient efficaces.
J'ai décidé de vous faire trois suggestions dans le cadre de mes observations préliminaires.
Je vous recommande tout d'abord de faire du mieux que vous pouvez pour que les changements apportés soient, autant que possible, dans le même esprit que les normes du secteur privé en matière de protection des renseignements personnels, en raison de la perception des citoyens. Ils ne comprennent pas que le gouvernement et les entreprises sont assujettis à des règles différentes. Ils considèrent souvent que les règles respectées par les entreprises sont plus sensées.
En ce qui a trait aux éléments tels que la collecte de renseignements personnels, je sais que le commissaire Therrien vous a recommandé d'ajouter une exigence de nécessité. Au sein du secteur privé, c'est ce à quoi on s'attend. Le respect de cette exigence est bien entendu tout à fait logique au sein du secteur public et constitue une norme commune dans d'autres territoires de compétence, mais pas dans celui de la Loi sur la protection des renseignements personnels.
Ensuite, je vous suggère d'envisager l'ajout d'un énoncé d’intention. Je vous fais cette recommandation, car la Nouvelle-Écosse a établi un énoncé d’intention détaillé. En fait, il constitue l’un des meilleurs éléments de l’ancienne loi. Cet énoncé très riche a beaucoup aidé les tribunaux à l'interpréter. Il donne un très bon aperçu des objectifs que la législature de la Nouvelle-Écosse souhaitait atteindre par la mise en oeuvre d’une loi sur l’accès à l’information et la protection des renseignements personnels.
Ma troisième recommandation se rapporte pour sa part au signalement des atteintes à la vie privée. La Nouvelle-Écosse doit respecter une exigence particulière liée au signalement des atteintes en vertu de la Loi sur les renseignements médicaux personnels. Dans le cadre de l’ancienne Loi sur l'accès à l'information et la protection de la vie privée, il n’y avait aucune exigence de ce genre à observer. Toutefois, la Loi sur les renseignements médicaux personnels exige que les dépositaires de renseignements sur la santé informent mon bureau des atteintes mineures à la vie privée. À l’échelle fédérale, seules les personnes concernées ont à être informées des risques réels de préjudice grave ou des atteintes substantielles à la vie privée. Par conséquent, je recommande sans hésiter à la législature d’établir une exigence liée au signalement des atteintes substantielles à la vie privée, ce qui s'apparente beaucoup à ce que vous a recommandé le commissaire Therrien. Je considère également qu’il serait profitable d’exiger que les institutions dressent une liste de toutes les atteintes à la vie privée qui s'agirait au fond d'un journal des atteintes à la vie privée.
C’est l’exigence que doivent respecter les Européens dans le cadre de règlements généraux de protection des données en Europe. En effet, ils doivent tenir une liste de toutes les atteintes à la vie privée et en assurer la disponibilité au cas où le commissaire souhaiterait la consulter. De plus, ils doivent également signaler les atteintes substantielles à la vie privée aux autorités de protection des données européennes.
Cette façon de faire me semble tout à fait sensée. Et je vais vous dire pourquoi. Le seul fait d’examiner les atteintes mineures à la vie privée permet d’avoir une idée de ce qui se passe et de savoir où se situent les risques touchant les renseignements personnels sur la santé.
Par exemple, en Nouvelle-Écosse, les atteintes mineures à la vie privée commises par des dépositaires de renseignements sur la santé ont connu une hausse de 75 % l’an dernier. Les tendances à ce sujet sont fort inquiétantes. Grâce à l’examen des atteintes mineures à la vie privée, il est possible d’obtenir des renseignements de qualité permettant de déterminer où des formations doivent être fournies et des solutions techniques doivent être mises en oeuvre pour prévenir non seulement les atteintes mineures à la vie privée, mais également les atteintes majeures à la vie privée.
Ce sont les trois suggestions dont je souhaitais vous faire part en guise d’introduction. Je me ferai un plaisir de répondre à toute question que vous pourriez vous poser à leur sujet.
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Merci beaucoup de l'invitation.
Mon bureau assure une surveillance et une application indépendantes en matière de lois d'accès à l'information et de protection des renseignements personnels en Colombie-Britannique. La surveillance et l'application touchent plus de 2 900 organismes publics, dont des ministères, administrations locales, écoles, sociétés de la Couronne, hôpitaux et corps policiers. Ceux-ci sont assujettis à la Loi sur la protection des renseignements personnels dans le secteur public de la Colombie-Britannique, à la Loi sur l'accès à l'information et la protection de la vie privée ou à la PIPA.
Cela touche plus de 380 000 organisations du secteur privé, notamment des entreprises, organisations caritatives, associations, syndicats et fiducies assujettis à la PIPA (Personal Information Protection Act) de Colombie-Britannique.
J'ai l'intention aujourd'hui de traiter de trois thèmes abordés dans les délibérations de ce Comité auxquels l'expérience de la Colombie-Britannique pourrait être utile: les pouvoirs d'ordonnance des commissaires, l'obligation explicite de protéger les renseignements personnels et la notification des atteintes à la vie privée. En Colombie-Britannique, en vertu du pouvoir d'ordonnance, de la médiation et de la consultation, le mandat de l'office couvre la promotion des droits sur la protection des renseignements personnels, l'éducation du public, les conseils aux organismes publics et aux entreprises, le traitement des plaintes, la médiation et l'arbitrage indépendant. Ces fonctions sont complémentaires et, selon moi, sont mieux assurées par une seule entité. Il serait extrêmement difficile pour un autre tribunal administratif d'acquérir le même degré d'expertise avec des résolutions efficaces et rapides pour les citoyens.
Dans notre monde numérique, les questions touchant la protection des renseignements personnels et l'accès à l'information sont dynamiques. Il est dans l'intérêt des organisations, des particuliers et des organismes publics que les personnes responsables des décisions juridiques et exécutoires aient les compétences nécessaires et des connaissances à jour sur ce qui se déroule sur le terrain. La responsabilité de l'arbitrage, de la défense des droits, de l'éducation et des enquêtes nous assure la connaissance nécessaire des lois. Nos arbitres reçoivent la même formation technique et le même perfectionnement professionnel que nos enquêteurs, et ils sont couramment exposés aux nouvelles technologies, idées émergentes et tendances mondiales dans les lois sur la protection des renseignements personnels et l'accès à l'information.
La conduite des enquêtes et de l'arbitrage par un même bureau procure de nets avantages aux citoyens. Cela leur assure un guichet unique. Cette clarté et cette commodité sont importantes. Les citoyens n'hésitent pas à savoir auprès de quel organisme superviseur ou tribunal ils doivent déposer leur plainte. Il suffit de s'adresser à notre bureau. Et les citoyens n'ont pas l'impression qu'ils sont perdus dans les dédales d'un système bureaucratique inutile.
Nous n'avons pas remarqué que l'éducation du public ou les fonctions consultatives confiées à un commissaire risquent de saper la fonction décisionnelle. Nous prenons les moyens pour protéger l'intégrité du processus décisionnel. Par exemple, aucun renseignement sur les dossiers d'enquête ou les tentatives de résolutions officieuses n'est divulgué aux arbitres. Ces derniers ne relèvent pas du même superviseur et leurs bureaux et ceux des enquêteurs sont sur des étages différents.
Lorsque nous donnons des consultations ou des conseils publics, nous précisons que notre opinion se fonde sur les renseignements dont nous disposions à ce moment, et qu'ils ne contraignent pas le commissaire qui peut en arriver à un résultat officiel d'après une plainte déposée ultérieurement.
Dans le cadre de nos consultations, nous communiquons des principes généraux et recommandons des pratiques exemplaires sans préjugé aucun en faveur de cas particuliers. Nous pouvons nous acquitter efficacement de ces différents rôles parce que notre législation nous confère explicitement ces pouvoirs en les énonçant en détail.
Le processus décisionnel renforce notre capacité de résoudre les problèmes grâce à la médiation. La fonction décisionnelle confère plus de pouvoirs à nos enquêteurs parce qu'elle sensibilise les parties en les incitant à éviter le processus décisionnel officiel. Si bien que 90 % des plaintes et des demandes d'examen que nous recevons se résolvent par la médiation. Au cours de la dernière année, nous avons reçu 1 056 plaintes et demandes d'examen et dont 109 à peine se sont rendues au stade de l'enquête. Parmi elles, un maigre 1 % est allé devant les tribunaux.
Le fait que nous assumons l'éducation du public et donnons des conseils, en plus de jouir du pouvoir d'enquête, avec la capacité ultime d'imposer l'observation grâce à notre fonction décisionnelle, nous procure ce degré d'autorité capable d'influencer le public comme le gouvernement. Sans tout cet éventail de fonctions, nous n'aurions pas autant d'influence.
Les lois relatives à la protection de la vie privée en C.-B. comportent une exigence explicite stipulant que les organismes publics doivent protéger les renseignements personnels. Nous considérons cette exigence législative comme faisant partie intégrante de la responsabilité d'un organisme public envers les renseignements personnels qu’il recueille de la part de ses citoyens. Compte tenu des répercussions défavorables que peuvent subir les citoyens dans le cas où leurs renseignements personnels sont divulgués, il est presque incroyable qu’un acte législatif portant sur la protection de la vie privée n’intègre pas cette exigence.
L’article 30 de notre loi stipule que :
un organisme public doit protéger les renseignements personnels en prenant des mesures de sécurité raisonnables contre des risques comme l’accès non autorisé à ces renseignements ainsi que la collecte, l’utilisation, la divulgation ou la destruction de ces renseignements.
Les citoyens s’appuient sur cet article et s’attendent à ce qu’un organisme public prenne les mesures appropriées pour protéger leurs renseignements personnels. Il s’agit de l’exigence législative en vigueur dans la plupart des juridictions canadiennes et internationales. Intégrer cette exigence à la loi est important du point de vue de la confiance du public, à titre d’exigence contraignante claire pour les organismes publics. Une telle mesure témoignerait de l’importance que les gouvernements accordent à cette exigence.
Bien que les lois de la C.-B. ne couvrent pas explicitement les mesures physiques, organisationnelles et technologiques correspondant au caractère sensible des données, notre bureau a défini des attentes similaires en matière de rapports et d’ordonnances d’investigation. À mon avis, inclure clairement ces attentes dans la loi serait conforme aux normes internationales en matière de protection des renseignements personnels.
De plus, nous avons clairement indiqué qu’à titre d'organisme de réglementation de notre province, nous évaluons les « mesures de sécurité raisonnables » de manière objective, et que la définition de ce qui est raisonnable dépend du contexte. La norme ne porte pas sur la perfection, mais varie en fonction du caractère sensible des renseignements personnels en question et de leur quantité.
Au sujet des signalements de violation des renseignements personnels, on considère qu’une telle violation a lieu lorsque des renseignements personnels sont recueillis, utilisés ou divulgués de manière non autorisée ou qu’on y accède de manière non autorisée. On définit que ces gestes sont non autorisés s’ils contreviennent à l’une de nos lois relatives à la protection de la vie privée. Un aspect important de la protection des renseignements personnels consiste à garantir que le commissaire à la protection de la vie privée et les personnes touchées sont informées en cas de violation des renseignements personnels.
Les violations de renseignements personnels peuvent entraîner des coûts considérables. Elles exposent les gens à des risques d’usurpation d’identité et peuvent nuire gravement à leurs finances ou à leur réputation. Elles peuvent aussi causer une perte de dignité et une perte de confiance envers les organismes publics. Nous confions aux organismes publics certains de nos renseignements personnels les plus complets et les plus sensibles: nos dossiers d’assurance sociale, nos données fiscales, des renseignements sur notre santé et sur nos finances, etc. Nous n’avons d'autre choix que de fournir ces renseignements aux organismes publics.
Il semble que des violations de renseignements personnels sont signalées par les médias chaque semaine. Nous entendons parler de vols ou de pertes d’ordinateurs portables et d’appareils de stockage portatifs, d’erreurs humaines ayant conduit à la divulgation de renseignements personnels ou à un accès non autorisé à de tels renseignements, d’espionnage et de cyberattaques.
Les signalements de violations de renseignements personnels en C.-B. sont actuellement volontaires, à la fois dans le secteur public et dans le secteur privé. Cependant, mon bureau a recommandé que ces rapports deviennent une exigence obligatoire; permettez-moi de vous expliquer pourquoi. En Colombie-Britannique, nous avons examiné le processus de gestion des violations de renseignements personnels, et nous avons publié les résultats de cet examen en 2015. Nous avons appris que près de 3 000 violations avaient été signalées au gouvernement entre 2010 et 2013, mais que seules 30 d’entre elles avaient été signalées à mon bureau. Cette réalité nous a montré que, dans un contexte où les rapports de violations sont volontaires, mon bureau n’était mis au fait que d’environ 1 % de toutes les violations se produisant au sein de ministères gouvernementaux. De ce nombre, 72 % étaient classées comme des « erreurs administratives ». La répartition des autres types de violations comportait des divulgations non autorisées (16 %), des renseignements perdus ou volés ( %), des accès non autorisés (3 %) et des cyberattaques ou de l’hameçonnage (moins de 1 %).
Ces constats indiquent qu’il est important de définir un seuil clair en vertu duquel les rapports de violations doivent être produits. Nous ne souhaitons pas entendre parler de toutes les violations, mais nous devons être mis au fait des plus importantes. En Colombie-Britannique, nous avons recommandé que ce seuil consiste en toute situation où on pourrait s’attendre à ce que la violation porte préjudice à une personne, ou toute situation où la violation touche un grand nombre de personnes.
Le signalement obligatoire de violations à un commissaire à la vie privée signifie également que le bureau de ce commissaire peut travailler de concert avec les organismes publics pour qu’ils apprennent de leurs erreurs et mettent en place des stratégies de prévention durables. De plus, ce signalement obligatoire permettra de garantir que les personnes touchées sont informées des violations sans retard justifié, de manière à ce qu’elles puissent prendre des mesures importantes pour se protéger.
Pour toutes ces raisons, mon bureau a recommandé aux comités législatifs qui examinent les actes législatifs liés à la protection de la vie privée que le signalement obligatoire des violations de renseignements personnels soit ajouté à ces actes comme exigence. Ces deux comités ont donné leur accord à notre demande et ont recommandé, dans leurs rapports définitifs, que les lois relatives à la protection de la vie privée dans les secteurs public et privé soient abrogées pour exiger que les violations de renseignements personnels, lorsqu’elles ont lieu, soient signalées au commissaire et aux personnes touchées. Le gouvernement de la Colombie-Britannique a indiqué qu’il s’engage à régler la question du signalement obligatoire des violations de renseignements personnels dès que l’occasion se présentera au niveau législatif.
Le projet de loi fédéral a ajouté des exigences relatives au signalement de violations de renseignements personnels à la loi sur la protection des renseignements personnels du secteur privé du Canada, et il m’est difficile de comprendre pourquoi le gouvernement ne se soumettrait pas à la même norme que celle qu’elle impose au secteur privé.
Cela met fin à mes observations.
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Chers collègues, cela met un terme à cette discussion avec nos témoins estimés, nos invités ici aujourd'hui. Je vous remercie, M. Molloy et M. Murray, d'être revenus. Je sais que vous étiez ici à notre précédente étude. M. McArthur et M. Weldon, ce fut un plaisir de vous avoir ici. Nous nous excusons si quoi que ce soit de notre côté nous a empêchés de nous connecter à l'aspect vidéo des choses, mais nous avons certainement apprécié votre témoignage. Bien sûr, Mme Tully, nous apprécions aussi vos points de vue. Je sais que cela va nous aider alors que nous faisons des recommandations et rédigeons un rapport final. Nous espérons voir la législation dans ce Parlement qui abordera cette loi archaïque. J'ai tout lieu de croire que cela aura lieu.
Je vous remercie encore pour votre temps et votre patience, et nous savons que nous pouvons compter sur vous si nous avons besoin de plus de précisions. S'il y a autre chose que vous souhaitez discuter avec nous, veuillez le transmettre au comité pour examen.
Chers collègues, je dois vous faire part de quelques points administratifs. Nous recevrons des témoins ce jeudi. Mme Chantal Bernier, qui est une ancienne commissaire à la vie privée, sera parmi nous. L'Agence du revenu du Canada et Services partagés Canada nous enverront également des représentants. Le mardi après notre retour de l'Action de grâce, nous recevrons le SCRS, l'ASFC et la GRC. Nous préparons la liste des témoins pour le 20. Nous n'avons toujours pas reçu de confirmation de la part des ministres, mais nous travaillons encore sur cette question et attendons leurs réponses.
À un certain moment donné après notre retour, je pense que nous aurons une discussion sur ce que nous allons faire ensuite. Je sais qu'il y a une motion visant à proposer ce que nous allons faire ensuite, mais nous devons aussi avoir cette discussion.
Je vais simplement faire savoir au comité que j'ai déjà parlé à M. Lightbound, qui présidera la réunion de jeudi. Je dois retourner en Alberta pour des affaires personnelles dont je dois m'occuper jeudi, et je suis donc conscient de cela. Je sais que vous êtes entre bonnes mains.
Cela m'amène au point où je vous souhaite à tous une excellente Action de grâce, et je vous souhaite une semaine de relâche sécuritaire. Je me réjouis de vous revoir à la Chambre pour les deux prochains jours, mais je retournerai en Alberta demain soir.
Quelqu'un a-t-il des questions ou des commentaires ou toute autre chose qu'il souhaite porter à l'attention du comité?
M. Jeneroux