:
Excellent. Je vais faire mon allocution dans les deux langues et je vous invite à brancher vos écouteurs tout de suite. Mes excuses d'entrée de jeu aux interprètes qui vont me trouver excité, mais c'est parce que ce sujet est très important pour moi. Je vais essayer de parler lentement.
Merci, monsieur le président, de m'avoir invité à comparaître devant votre comité.
[Français]
Comme vous l'avez mentionné, je suis accompagné de Mme Ruth Naylor, qui est la directrice exécutive de la Division des politiques de l'information et de la protection des renseignements personnels.
Je vais commencer par faire quelques brèves observations, puis je serai heureux de répondre à vos questions.
[Traduction]
Monsieur le président, en cette ère dominée par les téléphones intelligents, les médias sociaux et les applications qui peuvent tout faire, les Canadiens s'attendent de plus en plus à ce que les services fournis par leur gouvernement soient aussi faciles d'accès que ceux d'Expedia, d'Amazon ou de Netflix. Voilà pourquoi le gouvernement du Canada adopte les outils numériques dans le but de fournir aux Canadiens les services fiables, accessibles et sécuritaires qu'ils s'attendent à recevoir, tout en protégeant leurs renseignements personnels.
Nous sommes convaincus que l'amélioration des services et la protection des renseignements personnels ne sont pas contradictoires, grâce aux progrès technologiques qui permettent d'intégrer les mesures de protection des données personnelles aux solutions lors des étapes de conception et de développement.
[Français]
À titre de dirigeant principal de l'information du gouvernement du Canada, je dois établir une orientation stratégique en matière de gestion de l'information, de technologie de l'information, de sécurité, de protection des renseignements personnels et d'accès à l'information à l'échelle du gouvernement, et exercer un leadership dans ces domaines.
Mon bureau a donc pris des mesures pour promouvoir les services numériques et renforcer la protection des données personnelles des Canadiens.
[Traduction]
Par exemple, le gouvernement du Canada a récemment adopté un ensemble de normes numériques visant à aider les ministères et les organismes à créer de meilleurs services pour les Canadiens. Elles font en sorte que le gouvernement prenne des décisions de financement qui augmentent la sécurité et la confidentialité des renseignements personnels, intègre l'accessibilité dès le départ et permette une collaboration accrue tout en travaillant ouvertement. Ces normes sont mises en œuvre dans le cadre de l'initiative concernant le système de RH et de paye de prochaine génération, qui vise à déterminer les options pour une solution de RH et de paye de rechange.
Dans le cadre de notre processus de travail agile, on utilise ces normes numériques pour évaluer si les fournisseurs sont capables d'atteindre les résultats opérationnels du gouvernement, qui comprennent la réalisation d'une solution sécuritaire et respectueuse de la vie privée des utilisateurs. Les normes numériques nous permettent de définir l'avenir de la prestation des services gouvernementaux à l'ère numérique, tout en nous permettant de faire preuve d'une plus grande souplesse et ouverture, et d'adopter une approche axée davantage sur les utilisateurs à toutes les étapes de la conception.
[Français]
L'initiative visant à concevoir une solution de prochaine génération pour le système des ressources humaines et de paie est un exemple de tout ce qu’il est possible de réaliser lorsque ces normes sont appliquées avec succès.
Ce processus durera encore plusieurs années et il y a encore beaucoup à faire, mais les résultats jusqu'à maintenant sont prometteurs.
En plus des normes numériques, nous élaborons de meilleures règles et lignes directrices pour aider les ministères et les organismes à faire la transition à l'ère numérique. Par exemple, au printemps 2018, le gouvernement a approuvé des modifications ciblées qui touchent la Politique sur la gestion des technologies de l'information et la Politique sur la gestion de l'information.
Ces modifications ciblées visent à traiter plusieurs questions, notamment à améliorer la gouvernance et la surveillance de la technologie de l'information en général et à renforcer le rôle du dirigeant principal de l'information du gouvernement du Canada et celui des dirigeants principaux de l'information ministériels.
Plus récemment, en décembre 2018, nous avons mis à jour la Directive sur la gestion des technologies de l'information.
Plus particulièrement, dans le cadre de notre stratégie d'échange numérique, nous avons adopté des procédures modernes relatives aux interfaces de programmation d'applications, appelées API.
[Traduction]
Veuillez excuser les termes techniques.
[Français]
Nos changements rendent les services et les données du gouvernement du Canada accessibles au moyen des interfaces de programmation d'applications, ce qui encourage la réutilisation et l'échange des données dans les ministères et avec les Canadiens.
Les normes sur les API permettent aussi au secteur privé de simplifier les services en collaboration avec le gouvernement ainsi que d'assurer la sécurité et la protection de la vie privée des Canadiens.
Nous avons aussi mis à jour, en décembre 2018, nos règles en matière d'architecture d'entreprise. L'architecture d'entreprise est la coordination de l'information, des applications, des technologies, de la sécurité et des renseignements personnels.
Nos changements appuient les normes ouvertes et les logiciels ouverts, les principes relatifs à l'« infonuagique d'abord », ainsi que les principes de la collecte éthique des données et de la sécurité des données.
Au bout du compte, nos changements nous permettent de mieux travailler à l'échelle du gouvernement en assurant une meilleure fusion entre la technologie et les politiques ainsi qu'en favorisant le dialogue dès le début du processus d'approvisionnement.
Ce sont là des mesures essentielles à l'élaboration à long terme d'une politique numérique globale du gouvernement du Canada.
[Traduction]
Une priorité essentielle de la politique proposée est l'intégration de la sécurité et de la protection de la vie privée à l'étape du financement et de la conception des services, des programmes et des opérations du gouvernement. On continuera à élaborer la politique numérique proposée tout au long de l'année.
Nous avons également créé, de concert avec nos partenaires à l'École de la fonction publique du Canada, une académie du numérique pour la fonction publique, la première en son genre au Canada. L'académie fournira à nos employés les compétences de pointe dont ils ont besoin pour offrir les services numériques du gouvernement que les Canadiens s'attendent à recevoir. Un aspect important du programme de l'académie est la protection des renseignements personnels.
Alors que nous allons de l'avant avec la prestation de services numériques, nous travaillons aussi avec les gouvernements provinciaux et territoriaux et le secteur privé dans le but de mettre en place des règles visant à encourager l'acceptation générale des identités numériques et la confiance vis-à-vis de celles-ci.
Les Canadiens n'ont pas besoin de connaître la structure du gouvernement ni les subtilités de l'administration fédérale et des gouvernements provinciaux et territoriaux pour accéder aux services.
Pour améliorer la prestation des services, nous mettrons l'accent sur les besoins de l'utilisateur plutôt que sur la structure du gouvernement, et nous permettrons aux Canadiens d'avoir accès aux services en ligne de toutes les administrations de manière pratique et sécuritaire. Par exemple, nous sommes en train de créer un écosystème de gestion des identités numériques afin d'appuyer l'utilisation d'identités numériques fiables par les Canadiens afin qu'ils accèdent aux services de toutes les administrations. Parmi ces administrations se retrouvent tous les ordres de gouvernement, le secteur privé et les partenaires internationaux.
Plus précisément, on a amorcé l'élaboration d'une initiative appelée « Connexion Canada ». Ce point d'accès commun permettra aux Canadiens partout au pays d'avoir accès aux services pertinents du gouvernement en ligne en utilisant l'identité numérique validée et fédérée qui convient. Connexion Canada servira également à appuyer la stratégie de services numériques et nos efforts visant à fédérer les identités à l'échelle du gouvernement du Canada.
Nous mettons également en place une plateforme d'échange numérique pour aider les ministères à partager leurs données entre eux et avec le monde extérieur de manière moderne, sécuritaire et unifiée. Elle serait semblable à la plateforme X-Road utilisée par l'Estonie. Les Canadiens ne devraient pas avoir à connaître la structure du gouvernement pour accéder à ses services et, dans la même veine, les citoyens s'attendent à ce que le gouvernement n'ait pas à leur poser les mêmes questions à plusieurs reprises.
[Français]
Nous avons aussi adopté des procédures obligatoires en ce qui concerne l'architecture d'entreprise et entrepris un examen préliminaire des analyses conceptuelles pour en assurer l'harmonisation. De plus, nous avons mis sur pied un nouveau conseil d'examen de l'architecture d'entreprise regroupant des représentants des intervenants du domaine des opérations et de la technologie de l'ensemble du gouvernement. Nous voulons nous assurer que les renseignements que les Canadiens nous transmettent sont gérés de façon à respecter leur vie privée, tout en permettant une interopérabilité accrue au sein du gouvernement. Ce travail en est encore à ses débuts.
[Traduction]
Nous nous sommes également engagés à améliorer la prestation des services en examinant la possibilité d'offrir aux clients l'expérience « une fois suffit ». Les Canadiens pourraient ainsi fournir les renseignements clés une seule fois au lieu de se faire demander les mêmes renseignements par chaque ministère et organisme. Mon personnel examine actuellement les processus opérationnels, les politiques et les lois du gouvernement afin de repérer tout obstacle à la concrétisation de cette vision. Dans cette optique, nous devons examiner les règles qui régissent le partage de l'information et les manières dont on pourrait permettre un échange de renseignements plus efficace entre les ministères et les organismes qui fournissent des services aux Canadiens en mettant en place les bons mécanismes régulateurs.
Mon personnel travaille également en étroite collaboration avec le Commissariat à la protection de la vie privée afin de bénéficier de ses conseils concernant nos plans et nos initiatives visant à faire avancer le gouvernement numérique. Le commissaire nous a indiqué que la protection des renseignements personnels ne devrait pas être considérée comme un obstacle à l'innovation. Nous avons hâte de continuer à travailler en étroite collaboration avec le Commissariat afin de repenser la façon dont nous pouvons mieux protéger les renseignements personnels des Canadiens.
Afin de respecter nos obligations en matière de protection des renseignements personnels, nous devons nous occuper de la tâche difficile de concevoir des services numériques qui sont axés sur les citoyens et qui protègent les renseignements personnels des Canadiens. À cette fin, nous collaborons avec plusieurs intervenants afin de mettre en commun les pratiques exemplaires et d'apprendre du travail des autres. Afin de tirer parti du potentiel des progrès technologiques, le SCT et SPAC ont travaillé à l'élaboration d'outils d'approvisionnement agiles et novateurs pour répondre aux besoins actuels de la fonction publique.
[Français]
Nous avons récemment travaillé ensemble pour créer la première liste de fournisseurs d'intelligence artificielle. Ces fournisseurs devaient démontrer qu'ils avaient les ressources et les compétences nécessaires et qu'ils avaient intégré des principes éthiques à leurs pratiques relatives à l'intelligence artificielle. Pour garantir la protection des renseignements personnels, ce travail s'aligne sur l'orientation du gouvernement ainsi que sur notre travail d'élaboration des politiques en cours, et il les renforce.
Ce travail fait la promotion de l'utilisation d'outils nouveaux et assure une orientation ainsi qu'une surveillance concrètes afin de limiter les possibles répercussions imprévues pour les Canadiens. Pour assurer l'élaboration d'une politique significative, nous avons collaboré de façon ouverte avec des experts internationaux, des chefs de file de l'industrie et des fonctionnaires qui veilleront à sa mise en oeuvre.
[Traduction]
Ce travail s'inscrit dans le cadre de nos efforts concertés visant à mettre en place un gouvernement ouvert. Ces efforts ont été reconnus au mois de septembre, lorsque le Canada s'est classé au premier rang du Baromètre des données ouvertes de la World Wide Web Fondation sur le plan du leadership en matière de données ouvertes, à égalité avec le Royaume-Uni. Les secteurs liés aux services numériques, tels que l'intelligence artificielle, les données, la cybernétique et la protection des renseignements personnels, n'existent pas en cloisonnement: ils sont liés les uns aux autres ainsi qu'à d'autres secteurs, à un point tel qu'il est impossible de tout savoir.
La technologie continue d'effacer les frontières traditionnelles et, pour cette raison, il faut que le gouvernement continue de travailler comme une seule entité en demeurant conscient du fait que tous les aspects de ses opérations sont de plus en plus touchés par les progrès technologiques.
Sur le plan du gouvernement numérique, la réussite consiste à fournir les services uniformes et intégrés auxquels s'attendent désormais les citoyens, des services qui répondent à leurs besoins et aux attentes du gouvernement et qui permettent de s'assurer que le gouvernement continue de faire partie du quotidien des gens. Ceci comprend la protection de la vie privée des Canadiens.
En traçant la voie à suivre pour les services numériques modernes, y compris la protection des renseignements personnels, on pourra s'assurer que le Canada demeure à l'avant-garde en matière de soutien et de mobilisation des citoyens.
[Français]
Pour terminer, j'aimerais vous dire que j'ai hâte de lire le rapport et les recommandations de votre comité sur cet important dossier. Je vous remercie de votre attention.
:
Merci, monsieur le président, et merci aux membres du Comité de même qu'à Alex.
Je suis accompagné de mon collègue John O’Brien, directeur de l’ingénierie de la sécurité et de la fiabilité au Service numérique canadien. Avant d'être au SNC, John travaillait au Centre de la sécurité des télécommunications à titre de responsable technique de l’analyse et de l’automatisation des logiciels malveillants, ou, pour dire les choses plus simplement, John sait comment fonctionnent les méchants.
Pour ceux d'entre vous qui connaissent peu le SNC, sachez que nous représentons une nouvelle équipe de prestation de service au sein du Secrétariat du Conseil du Trésor du Canada qui travaille en étroite collaboration avec l'organisation de M. Benay. Le SNC a été établi il y a 18 mois pour fournir aux ministères fédéraux une aide pratique qui permet d'accélérer, de simplifier et de rendre plus accessibles et sécuritaires les services numériques tout en appuyant le développement des capacités de ces ministères à concevoir et à effectuer une prestation de service modernisée.
Par exemple, nous avons collaboré: avec Anciens Combattants Canada pour améliorer la manière dont les anciens combattants et leurs familles ont accès aux services; avec Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada pour aider les nouveaux arrivants au Canada à se réinscrire en ligne à l'examen pour la citoyenneté; avec la Gendarmerie royale du Canada pour aider les victimes à signaler la cybercriminalité et la fraude par Internet; avec nos collègues au bureau de M. Benay, afin de faire en sorte que les visites des sites du gouvernement du Canada soient plus sûres; et avec l'Agence du revenu du Canada de sorte à aider les Canadiens à faible revenu à remplir leurs déclarations en ligne et à accéder aux prestations.
[Français]
Je suis Américain.
[Traduction]
Avant ma venue au Canada, au printemps dernier, j'ai eu le privilège d'être à la tête d'une initiative semblable aux États-Unis visant à doter le gouvernement de nouvelles compétences et méthodes afin de mieux servir le public. En 2013, j'ai reçu la bourse présidentielle d'innovation. Dès le premier jour comme boursiers, on nous a dit que c'était un programme de « leurre par mots-clés », et évidemment beaucoup de ceux qui avaient signé pour une bourse de six mois y étaient toujours quatre ans plus tard.
Mes collègues et moi avons par la suite créé l'unité 18F de prestation des services, à la suite de l'échec du lancement de Healthcare.gov. Je fus le premier à occuper le poste de directeur de la prestation de l'unité 18F, et ensuite, le poste de directeur administratif. J'ai aussi été avocat.
Comme M. Benay l'a souligné, « le numérique », ce n'est pas seulement mettre les services en ligne. Comme nous l'a dit un jour notre collègue du Royaume-Uni, Tom Loosemore, « le numérique », c'est l'application de la culture, des pratiques, des processus et des technologies de l'ère de l'Internet pour répondre aux attentes élevées des personnes.
La technologie ne vient pas sans ses propres défis, mais ce sont les autres choses qui sont normalement les plus difficiles à changer. Nous plaisantons à moitié quand nous disons que le SNC est un bureau de gestion du changement déguisé en bureau de services numériques.
Comment pouvons-nous concevoir et développer des services qui sont à la fois faciles et sécuritaires? Les réponses à cette question abondent, mais je vais vous parler de cinq pratiques importantes que nous essayons d'appliquer au SNC dans chacun de nos projets, des pratiques qui, par le passé, tenaient plus de l'exception que de la règle au gouvernement. Cependant, cela est en train de changer rapidement.
Il est question: premièrement, d'appliquer des pratiques de recherche et de conception qui font passer les gens d’abord, et non des règles et des processus; deuxièmement, d'offrir et d'améliorer continuellement les choses; troisièmement, de présumer qu’il y aura des échecs et d'être en mesure d’y réagir; quatrièmement, de travailler au grand jour et, enfin, d'avoir de solides boucles de rétroaction entre la prestation et la politique.
Pour ce qui est du premier point, le SNC se concentre sur les personnes qui utilisent les services du gouvernement. En pratique, cela exige une collaboration continue avec ces personnes pour trouver ce dont elles ont besoin, et non seulement ce que le gouvernement attend d'elles. Nous savons que, parmi ces besoins, la sécurité et la protection des renseignements personnels sont essentielles et non négociables. Pour respecter ces besoins, nous en tenons compte dès le départ dans la manière de développer et de fournir les services et tout au long de leur développement. Cela nous permet de vérifier nos hypothèses auprès des personnes qui utiliseront le service. Si vous savez ce en quoi consiste la recherche auprès des utilisateurs, vous savez qu'elle peut être une grande leçon d'humilité particulièrement révélatrice. En outre, nous pouvons comprendre mutuellement quelles sont les données qui sont vraiment nécessaires pour terminer une transaction de service et fournir une expérience de service de premier ordre.
En faisant participer les usagers dès le départ et au cours de la conception d'un service, nous pouvons continuellement préciser les besoins, les préoccupations et les préférences des utilisateurs. Nous pouvons notamment déterminer ainsi quels renseignements personnels sont nécessaires à la prestation d'un excellent service, et quelle est la quantité de données personnelles requises, combien de temps nous devons garder ces données et quelles sont les assurances que nous pouvons donner concernant la manière dont nous les traiterons et les effacerons, le cas échéant.
Parler directement et souvent aux personnes que nous servons est essentiel pour inclure dès le début dans la conception des services la protection des renseignements personnels et la sécurité, ce qui m'amène au deuxième point que j'aimerais souligner, soit la façon dont nous fonctionnons.
Nous développons des produits et des services de manière itérative et transparente, par le biais de pratiques et d'outils adaptés. En quoi cela favorise-t-il la sécurité des systèmes? Eh bien, le Centre canadien pour la cybersécurité a publié une liste des dix principales mesures de sécurité des TI que les organisations peuvent prendre pour atténuer la possibilité et l'impact d'une cyberintrusion. L'un des principaux messages, c'est qu'il faut maintenir les programmes de correction du système à jour, comme les mises à jour régulières que vous effectuez sur vos téléphones Apple, Google ou BlackBerry.
Cela paraît simple, mais c'est partout un problème pour les organisations. Pour le faire correctement et rapidement, les services doivent être développés de sorte que les améliorations fréquentes soient la norme, non l'exception. Plus il est difficile de faire des modifications à votre système, plus de temps il faudra pour créer les corrections et les diffuser lorsqu'une vulnérabilité est décelée.
Certains systèmes gouvernementaux qui sont en ligne aujourd'hui effectuent des modifications seulement quelques fois par année, sauf pour les corrections urgentes, et même une simple demande de modification peut prendre plus d'une année pour arriver au bout de la file, être programmée, et survivre à l'interminable panoplie de processus manuels de révision, de conformité, de mise à l'essai, de montage et de prières silencieuses, les doigts croisés, avant son lancement.
À l'opposé, la plupart des sites Web avec lesquels vous interagissez tous les jours — ceux d’Amazon, de Google, de Facebook — lancent des douzaines ou des centaines de modifications tous les jours, de manière sécuritaire, rapide et sans douleur. Ce processus est communément appelé « prestation continue », et c'est la manière dont nous développons aussi les choses au SNC. Mettre à jour les systèmes de cette manière — pour améliorer la fiabilité, corriger les problèmes ou les adapter aux attentes et aux besoins changeants des utilisateurs — est plus facile, plus rapide et plus fiable. Faire en sorte que ce modèle de prestation continue et d'amélioration devienne la norme au gouvernement est à la fois un problème de dette technique et un problème de culture de prestation. Mais la modernisation de ces systèmes et la manière dont nous gérons les modifications que nous leur apportons représentent la manière la plus efficace d'améliorer la posture de sécurité de nos systèmes.
Mon troisième point maintenant. La prestation continue ne vous laisse pas seulement appliquer des programmes de corrections et ajouter des options rapidement. Elle vous permet d'agir rapidement quand quelque chose ne va pas. Pas si, mais bien quand. Dans un monde idéal, qui n’existe bien sûr pas, tous les systèmes seraient sécuritaires à 100 %. La cybersécurité moderne nous encourage à raisonnablement supposer que les défaillances et les intrusions se produiront, et de planifier en conséquence. Les grandes organisations mettent à profit les leçons apprises après chaque incident de ce genre, grave ou mineur, afin d'améliorer leur résilience. Nous encourageons la tenue de « récapitulations sans reproche » après les incidents, dans un environnement où les membres du personnel se sentent psychologiquement en sécurité et en confiance pour parler ouvertement et honnêtement des erreurs ou des fautes commises. Nous apprenons davantage et nous améliorons davantage les systèmes en reconnaissant les défaillances plutôt qu'en les cachant. II est plus sain pour les organisations d'encourager la divulgation des causes fondamentales des défaillances plutôt que d'avoir des employés qui craignent d'être blâmés pour des circonstances dont ils n'ont pas le contrôle.
Quatrièmement, depuis trop longtemps, nous sommes tous témoins de conséquences explosives contre les organisations qui ont gardé le silence sur des incidents liés à la sécurité, ou à propos d’autres sortes d'échecs. C'est une des raisons pour lesquelles nous travaillons « de manière transparente », c'est-à-dire à la vue de l'équipe et, autant que possible, à la vue du public. Développer nos services de manière transparente par défaut réduit les risques. Cela peut paraître contre-intuitif. Que le secret soit bon pour la sécurité est un mythe tenace. En pratique, développer des logiciels de manière transparente permet aux autres de contribuer à notre travail, de l'essayer et de le critiquer. C'est une mesure qui incite davantage tout le monde à réussir la programmation, au lieu de prendre des raccourcis qui pourraient ne pas être exposés dans un environnement très restreint. Elle nous donne l'occasion de discuter ouvertement des décisions que nous prenons et des compromis potentiels. Elle nous permet de créer une culture où l'on apprend de ses erreurs; et où l'on échange sur notre travail avec d'autres — un avantage particulier dont nous avons déjà tiré profit à maintes reprises.
Le gouvernement du Royaume-Uni résume cela dans un simple principe conceptuel: « rendre les choses transparentes, ça les rend meilleures. » Le même principe apparaît dans les normes numériques de notre gouvernement.
Cela m'amène à mon dernier point concernant la manière dont nous effectuons la prestation de services sécuritaires et faciles à utiliser pour le public. Mike Bracken, qui a dirigé le service numérique du gouvernement du Royaume-Uni pendant ses quatre premières années d'existence, a écrit: « dans un monde analogique, les politiques dirigent la prestation, mais dans un monde numérique, la prestation renseigne les politiques. C'est ce que signifie “agile” pour le gouvernement et ses services. »
Écouter nos utilisateurs et travailler avec eux, mettre des prototypes fonctionnels devant eux aussi rapidement que possible, et améliorer continuellement ces services, cela représente non seulement le meilleur moyen pour apprendre ce qui fonctionne pour les utilisateurs, mais également le meilleur moyen d'apprendre quelles politiques fonctionnent et comment d'autres échouent, et comment nous devrions les mettre à jour pour rester à la hauteur des attentes modernes. On s'écarte là quelque peu des démarches traditionnelles d'élaboration des politiques qui, sur le plan organisationnel, sont souvent détachées de l'aspect mise en oeuvre. Tout est pensé, conçu, souvent des mois, voire des années avant que les personnes concernées ne soient touchées. Il n'est donc pas surprenant qu'on passe parfois à côté.
Nous croyons que les pratiques qu'emploie et promeut le SNC tous les jours — les pratiques encouragées par les normes numériques — représentent le meilleur moyen de répondre aux attentes du public pour des services meilleurs, plus intègres, qui sont également plus sécuritaires et plus réactifs aux besoins en matière de protection des renseignements personnels des Canadiens.
Ayant accompli cela dans deux pays, je suis certain de ceci: le changement est difficile, et ça ne se fait pas du jour au lendemain. Cela étant, nous faisons des progrès pour ce qui est de répondre aux attentes du public en matière de prestation de services conviviaux, efficients, sécuritaires, et nous continuons sur notre lancée pour réaliser d'autres progrès encore plus grands.
Merci. C'est avec plaisir que je répondrai à vos questions.