:
Merci, monsieur le président.
Mesdames et messieurs les membres du comité, j'ai un bref exposé, que j'accompagnerai de quelques diapositives. Quand je voudrai attirer votre attention sur une diapositive, j'en mentionnerai le numéro.
Comme l'a mentionné le président, on m'a demandé de parler aujourd'hui de la disponibilité opérationnelle pour les opérations de recherche et de sauvetage aéronautiques. Je commencerai par un bref exposé, comme je l'ai dit.
Le mandat des Forces canadiennes comprend la prestation de services de recherche et de sauvetage aéronautiques ainsi que l’utilisation efficace et coordonnée d’un système de recherche et de sauvetage aéronautique et maritime, ce qui relève du gouvernement fédéral.
Nous passons maintenant à la diapositive 2. La zone de responsabilité nationale est d’environ 15 millions de kilomètres carrés et s’étend d’est en ouest, selon la convention internationale établie, jusqu’aux frontières océaniques des pays adjacents, vers le sud jusqu’à la frontière avec les États-Unis et vers le nord jusqu’au pôle. Comme on peut le voir sur la carte, cette zone comprend donc des régions fort diversifiées ainsi que des régions peu peuplées de même qu’une énorme région océanique.
Comme on le voit sur la troisième diapositive, les Forces canadiennes disposent de trois centres conjoints de coordination des opérations de sauvetage situés à Victoria, à Trenton et à Halifax. Les effectifs de ces centres proviennent des Forces canadiennes et de la Garde côtière canadienne. Comme leur nom l’indique, ces centres ont le mandat de coordonner les opérations de recherche et de sauvetage, ce qui consiste à affecter les ressources les mieux adaptées aux interventions à réaliser. Selon la nature et l’emplacement des incidents, il arrive qu’il faille mobiliser de l’équipement autre qu’un aéronef des Forces canadiennes ou un navire de la Garde côtière; ce peut être un navire de passage, ou un navire ou un aéronef commercial.
À la diapositive quatre, on voit que les principales ressources pour les opérations de recherche et de sauvetage sont basées à divers endroits au Canada et sont constamment en état d’alerte.
La diapositive suivante indique le nombre d’aéronefs utilisés pour les opérations de recherche et de sauvetage. Tous les aéronefs sont en mesure d’effectuer des livraisons aériennes, et leur équipage est formé de techniciens en recherche et sauvetage qui ont suivi une formation médicale et qui sont équipés pour réaliser des tâches aussi diversifiées que des sauts en parachute, de l’alpinisme et de la plongée de même que pour soigner les personnes grièvement blessées et en détresse.
En ce qui concerne la disponibilité opérationnelle des Forces canadiennes, nous maintenons une disponibilité minimale pour tous les escadrons de sauvetage. Cela signifie qu’un aéronef de chaque type doit être disponible à 30 minutes d’avis durant les heures de travail et à deux heures d’avis le reste du temps. Les commandants des centres de coordination des opérations de sauvetage peuvent agencer les périodes de disponibilité de façon à ce qu’elles correspondent aux périodes où les opérations de recherche et de sauvetage sont les plus nombreuses, soit durant les mois d’été. En pareil cas, les unités doivent demeurer en mesure de déployer chaque type d’aéronef à 30 minutes d’avis pendant un minimum de 40 heures par semaine.
Lorsque des équipages sont en service dans les hangars d’aviation, durant les heures de travail normales, on s’attend à ce qu’ils décollent au maximum 30 minutes après avoir été avisés par leur centre de coordination des opérations de sauvetage, ce que l’on juge être un délai raisonnable. Cela suppose qu’ils doivent rapidement analyser la mission à accomplir et planifier leur vol, ce qui se fait normalement en moins de 10 minutes, et que le démarrage de l’appareil, la circulation au sol de l’équipage et le décollage s’effectuent sans contrainte et prennent au plus 10 minutes.
En dehors des heures de travail, les équipages demeurent en état d’alerte à l’intérieur d’un périmètre précis ou à leur lieu de résidence. Le délai d’intervention normal passe alors de 30 minutes à deux heures. II est établi que le délai d’intervention des équipages est plus long lorsqu’ils se trouvent à leur résidence, surtout la nuit, puisqu’il faut un certain temps au réveil pour retrouver sa capacité à assimiler l’information reçue.
On s’attend des équipages de recherche et de sauvetage des Forces canadiennes qu’ils réagissent avec le même degré élevé d’urgence dans tous les cas. Seuls les facteurs sur lesquels les Forces canadiennes n’ont aucun contrôle, comme le mauvais temps, les bris mécaniques et les coïncidences qui exigent la privatisation, sont valables pour justifier le dépassement des délais prévus.
Le rendement des équipages dépasse régulièrement les normes en vigueur. Une étude menée au sujet des délais d’intervention a en effet révélé que la différence entre le délai d’intervention réel lorsque la norme est de 30 minutes et celui observé lorsque la norme est de deux heures est d’environ 45 minutes. Cela s'explique par le fait que, quand le délai est de 30 minutes, l'équipage s'envole habituellement après environ 20 minutes, tandis que, quand le délai est de deux heures, il lui faut un peu plus d'une heure pour s'envoler, ce qui fait que l'écart est en fait de 45 minutes.
Nous avons choisi une méthode pour fonctionner et structurer nos activités, avec le nombre d'équipages dont nous disposons: nous choisissons habituellement un équipage, qui est en fonction pour une période de 24 heures. Il entre en fonction à quatre heures et entreprend un exercice de deux heures, pendant lequel les membres de l'équipage peuvent rester à la maison ou se trouver près du lieu de l'escadron. Pendant 16 heures, les membres de l'équipage demeurent disponibles, pus ils retournent à l'escadron pour une attente de 30 minutes. Il y a donc un équipage qui travaille pendant une période de 24 heures. La fin de semaine, on utilise plutôt le même équipage pour toute la fin de semaine, tout simplement, ce qui signifie que, s'il y a beaucoup d'action pendant la fin de semaine et que l'équipage doit participer à de nombreuses opérations, nous avons recours à un équipage de remplacement, ce qui nous permet de maintenir l'état d'alerte à ce sujet.
J'aimerais maintenant que vous observiez la diapositive 6. Elle mérite un peu d'attention. Elle contient les délais requis pour régler les incidents en cas de détresse. Lorsqu’un incident survient, il est impératif de réduire le délai général en évitant ou en gérant les retards sur lesquels on peut avoir une influence, car cela augmente au bout du compte les chances de survie des personnes en détresse. Le délai de résolution est calculé depuis le moment où un incident survient jusqu’au moment où les services de recherche et de sauvetage ne sont plus requis.
Je vais vous présenter les diverses phases.
La première — et probablement la plus importante — est ce qu'on appelle la phase de l'avis.
Quand un incident survient, l'information au sujet de celui-ci doit être transmise au centre de coordination des opérations de sauvetage pour que l'on puisse organiser une intervention. Cela se fait parfois presque en temps réel. Par exemple, si le service de la circulation aérienne apprend qu'un aéronef en vol se retrouve en situation de détresse, l'information est habituellement transmise à nos centres de coordination des opérations de sauvetage. Cependant, les délais de la phase de l'avis sont parfois longs, par exemple parce que les plans de vol n'avaient pas été déposés adéquatement ou parce que le retard d'un aéronef est signalé longtemps après son heure prévue d'arrivée. Il y a donc un certain nombre d'aspects qui peuvent avoir une incidence sur la phase de l'avis.
On a récemment mis sur pied un certain nombre de méthodes qui permettent d'améliorer la durée de la phase de l'avis, la plus importante étant l'adoption de la balise de détresse assistée par satellite, la balise 406. Elle permet de fournir très rapidement des données très précises sur le lieu de l'incident, données qui sont essentielles à une intervention rapide.
Vient ensuite la décision d'intervenir, comme vous pouvez le voir sur la diapositive. Une fois qu'il est établi qu'il y a une situation de détresse, les coordonnateurs des opérations de sauvetage décident de la meilleure façon d'intervenir. C'est peut-être en utilisant un hélicoptère, un aéronef à voilure fixe ou une ressource située sur place. Cette décision se prend habituellement très rapidement.
Une fois qu'on a décidé laquelle des ressources des Forces canadiennes on doit utiliser, on entre dans la phase de la réaction. C'est essentiellement cette phase qui retiendra un peu notre attention aujourd'hui. Elle représente le délai qui sépare le moment où l'équipage de recherche et de sauvetage est avisé et le moment où l'appareil décolle.
Il y a diverses façons d'avoir une incidence sur cette phase en particulier, et l'état d'alerte, qu'il soit d'une demi-heure ou de deux heures, en fait certainement partie. Les moyens que nous employons pour nous assurer que nos aéronefs sont en état d'alerte et qu'ils sont adéquatement équipés, alimentés en essence et prêts à être envoyés en opération ont aussi une incidence.
Vient ensuite le temps de déplacement, comme on le voit dans l'image. Encore une fois, cette phase peut être longue, et elle dépend évidemment du lieu de l'incident par rapport au lieu où se trouvent les ressources de recherche de sauvetage et de la vitesse à laquelle ces ressources peuvent se rendre sur les lieux de l'incident. Le temps total d'intervention constitue donc le total du temps de réaction avant que l'équipage se prépare à partir et du temps qu'il faut en réalité pour se rendre sur les lieux de l'incident.
Vient ensuite la phase de la poursuite des recherches. Il arrive parfois que l'information fournie par les centres de coordination des opérations de sauvetage ne donnent pas l'emplacement exact et précis d'un navire en détresse ou d'un aéronef en détresse dans les airs. Il faut bien souvent se rendre dans la zone en général à partir de laquelle le dernier mayday a peut-être été émis et commencer, à partir de là, les opérations de recherche pour trouver l'emplacement précis de l'incident.
Cette phase de poursuite des recherches peut être courte ou longue. J'ajouterais encore une fois que, depuis l'adoption de la balise 406, qui permet d'établir l'emplacement avec précision, nous avons constaté que nos délais et nos activités de recherche se sont grandement améliorés pour les navires et les aéronefs équipés d'une balise 406.
La phase du sauvetage consiste de fait en la période requise pour se rendre là où se trouvent les victimes, pour les secourir et pour les amener vers une installation médicale. C'est ce qu'on appelle la phase de récupération. En ce qui concerne l'état d'alerte d'une demi-heure par rapport à celui de deux heures, nous avons effectué quelques recherches et procédé à des études de cas pour déterminer ce qu'il en coûterait pour ramener de deux heures à une demi-heure en tout temps le délai d'alerte, et nous avons aussi analysé quelles seraient les répercussions d'une telle mesure. En d'autres termes, nous nous sommes demandé en quoi tout cela contribuerait à notre succès de façon générale.
Nous allons maintenant passer à la diapositive 7, qui, je crois, vous sera utile.
Recherche et développement pour la défense Canada a procédé à une analyse des répercussions des délais d'intervention sur les incidents liés à la recherche et au sauvetage survenus pendant une période de cinq ans. Les responsables de l'organisme ont examiné près de 40 000 incidents afin d'en déterminer l'importance statistique. À la suite de l'exercice, et après avoir éliminé les cas non critiques, ceux qui n'ont eu aucune incidence au fil du temps, ils ont déterminé qu'il y avait eu 1 054 incidents critiques, mettant à risque plus de 2 700 vies, et que les délais d'intervention avaient pu avoir une certaine incidence dans ces cas. Après une analyse plus poussée des données, ils ont établi que le degré de disponibilité opérationnelle des Forces canadiennes a joué un rôle important quant aux vies sauvées et perdues dans le cadre de neuf incidents. De ces neuf incidents, seulement trois sont survenus alors que le délai d'intervention en vigueur était de deux heures. L'examen effectué donne à penser que, sur les neuf personnes qui ont perdu la vie à la suite de ces trois incidents, six auraient eu davantage de chances de survie si le délai d'intervention prescrit pour l'aéronef avait été de 30 minutes.
Il importe toutefois de souligner que, parmi les multiples facteurs complexes qui influencent le résultat d'une opération de recherche et de sauvetage, le délai d'intervention à respecter influence à lui seul très peu les chances de survie des victimes. Par conséquent, même si le délai d'intervention prescrit avait été de 30 minutes, il est fort peu probable que toutes ces six personnes auraient pu être sauvées.
Nous nous sommes ensuite penchés sur les ressources que peut exiger le respect d'un délai d'intervention de 30 minutes en tout temps. Le dernier graphique contient un résumé de ce que nous avons constaté.
En 2008, la Force aérienne a mené une étude afin de déterminer le degré d’efforts, en termes de coûts et de période requise, pour que l’on puisse assurer une disponibilité opérationnelle en 30 minutes en tout temps. Cette étude a utilisé les délais d’intervention actuels comme point de comparaison. A l’échelle nationale, huit appareils — quatre hélicoptères et quatre avions — sont continuellement en alerte. Lorsqu’ils sont avisés d’une mission à accomplir, leurs équipages doivent décoller en 30 minutes durant les heures de travail normales et en deux heures le reste du temps. On estime actuellement que le programme coûte au total 339 millions de dollars par année.
Lorsque le délai à respecter est de 30 minutes, les équipages doivent demeurer sur l’aire de trafic afin d’être prêts a décoller, contrairement a la situation qui a cours lorsque le délai à respecter est de deux heures, où les équipages et les techniciens sont plutôt sur appel ailleurs qu’à l’emplacement de leur escadron. Le fait de conserver des équipages sur l’aire de trafic 24 heures sur 24 ferait augmenter les coûts relatifs aux ressources humaines pour des membres d’équipage supplémentaires, exigerait de disposer d’appareils supplémentaires, accroîtrait les besoins en maintenance et exigerait d’apporter des améliorations à l'infrastructure. On estime qu’il faudrait accroître le personnel de quelque 200 membres, dépenser 380 millions de dollars en immobilisations et assumer des coûts annuels globaux qui dépasseraient les niveaux de financement actuels de 200 millions de dollars pour que des équipages soient en mesure d’intervenir dans un délai de 30 minutes en tout temps. II est en outre difficile d’estimer combien de temps il faudrait pour ce faire en raison de l’évolution des effectifs, mais il faudrait probablement de six à huit ans simplement pour former le personnel supplémentaire requis pour effectuer les opérations de recherche et de sauvetage.
En conclusion, la mise en service d’équipages en mesure d’intervenir en tout temps dans un délai de 30 minutes exigerait des ressources considérables et n’améliorerait que très peu les services de recherche et de sauvetage actuellement offerts, et les coûts supplémentaires que cela exigerait, notamment ceux relatifs au personnel supplémentaire, excèdent donc les avantages qui seraient procurés. L’analyse des statistiques montre en outre que les délais d’intervention actuels sont efficaces selon les ressources actuellement assignées.
Voilà qui conclut mon exposé. Je serai heureux de répondre à quelques questions.
:
Merci beaucoup, monsieur Bernier.
[Traduction]
Je suis heureux d'être ici.
J'aimerais, colonel Drover, commencer par vous demander de m'excuser si je vous interromps à quelques occasions. Je ne sais pas si ma remarque est à propos, mais le temps est un facteur primordial, et j'aimerais obtenir le plus de réponses possible.
Ensuite, j'aimerais vous féliciter et vous dire à quel point les gens qui s'occupent de recherche et de sauvetage sont inspirants. Je ne peux même pas imaginer tout ce à quoi ils font face, chaque jour, particulièrement des gens comme les techniciens en recherche et en sauvetage, quand la porte est ouverte et que les vagues se déchaînent, plus particulièrement dans mon secteur.
J'aimerais bien humblement proposer que le service des affaires publiques envisage de faire une plus grande publicité des opérations de recherche et de sauvetage et du travail de ces gens. On pourrait certainement créer un bureau des affaires publiques à temps plein pour chacune des bases ou chacun des escadrons.
J'entre maintenant dans le vif du sujet, qui concerne le délai d'intervention, puisque dans une lettre envoyée à la Ville de Gander, on s'informait à propos du délai d'intervention de 30 minutes — Gander, qui, bien sûr, accueille 103 escadrons de recherche et de sauvetage... Vous avez dit, je vous cite, que le fait de réduire le délai d'intervention de deux heures à 30 minutes en dehors des heures de travail permettrait, dans le meilleur des cas, de n'améliorer que très peu l'efficacité générale des services de recherche.
J'ai une question bien précise. Combien cela coûterait-il si le délai d'intervention devait être de 30 minutes, 24 heures sur 24?