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Nous déclarons la séance ouverte. Ceci est le Comité sénatorial permanent des affaires étrangères et du développement international, qui tient sa vingt-deuxième réunion ce jeudi 19 octobre.
Conformément au paragraphe 108(2) du Règlement, nous sommes réunis ici pour recevoir un exposé sur la crise au Darfour. Dans les bulletins d'actualité d'aujourd'hui, nous avons entendu que la violence reprend au Darfour. Cent 100 personnes ont été tuées et 3 000 personnes déplacées en dix villages, d'après un article de ce matin. La milice soudanaise Janjaweed et les rebelles tchadiens ont attaqué au moins 10 villages dans le sud-ouest du Tchad depuis une quinzaine de jours, tuant plus de 100 personnes et déplaçant plus de 3 000 résidents locaux et représentants des Nations Unies. C'est ce qu'ils ont dit.
Les attaques sont une réaction en chaîne à la violence qui sévit dans l'ouest du Soudan, au Darfour, où la violence est en hausse. Maintenant que le lit des rivières saisonnières s'est asséché, après les pluies annuelles, ces voies deviennent praticables pour les jeeps des rebelles et d'autres qui sillonnent le pays.
Selon certaines estimations, le nombre de morts dans la région du Darfour a dépassé les 200 000. Richard Gwyn, dont la chronique politique est bien connue, souligne dans un article aujourd'hui que le gouvernement, à Khartoum, a réussi à prendre de haut les Nations Unies en déclarant refuser les gardiens de la paix de l'ONU. Bien des choses se passent. Les morts ne cessent de s'accumuler. Gwyn fait remarquer que la défiance du Soudan est particulièrement révélatrice. Il écrit que c'est exactement le genre d'État faible où la nouvelle doctrine de responsabilité de protéger, dans l'élaboration de laquelle le Canada a joué un rôle déterminant, doit être appliquée. Gwyn soutient que le monde extérieur et les Nations Unies ont préféré regarder ailleurs plutôt que vers le Darfour.
Pour les exposés d'aujourd'hui sur la crise au Darfour, nous avons le plaisir d'accueillir, de l'Agence canadienne de développement international, Diane Jacovella, la directrice générale de la Direction de l'Afrique australe, de La Corne et de l'Est; Leslie Norton, directrice générale intérimaire, Assistance humanitaire, paix et sécurité, Direction générale des programmes multilatéraux; et Laurent Charette, directeur du programme du Malawi.
Nous accueillons aussi, du ministère des Affaires étrangères et du Commerce international, Janet Graham, directrice du groupe de travail sur le Soudan; et Wendy Gilmour, directrice du groupe des opérations de maintien de la paix.
Nous vous remercions d'être venus aujourd'hui exposer au comité affaires étrangères et du développement international les derniers faits et chiffres au sujet de la situation ou de la crise au Darfour. Le comité attendra, bien que ceci soit une réunion spéciale, vos présentations.
Je ne suis pas tout à fait sûr de ceux d'entre vous qui doivent présenter quelque chose. Est-ce que vous devez tous faire une présentation, ou combien y en a-t-il?
D'accord, il y aura deux présentations. En temps normal, nous essayons de maintenir les témoignages à une dizaine de minutes, puis nous passons au premier tour de questions, qui donne à chaque parti sept minutes, au premier tour et cinq minutes, aux tours suivants.
Nous allons essayer de garder un peu de temps à la fin de la réunion pour les affaires du comité concernant particulièrement une motion qui a été déposée et dont nous avons parlé hier. Mon intention est que nous entendions la motion — il faut un consentement unanime — à savoir si nous accepterons ou non ces affaires du comité, concernant Mme McDonough.
Entre-temps, merci d'être venus. Nous sommes impatients d'entendre vos témoignages.
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Merci, monsieur le président. J'aimerais profiter de l'occasion pour remercier le comité d'avoir invité des représentants du ministère des Affaires étrangères et du Commerce international et de l'Agence canadienne de développement international à donner des détails supplémentaires sur les derniers développements au Darfour, l'assistance que le gouvernement apporte actuellement et envisage de fournir à la Mission de l'Union africaine au Soudan, et la contribution prévue aux forces de maintien de la paix des Nations Unies au Darfour.
Permettez-moi de commencer par vous dire que nous sommes fort inquiets des violences et de la culture d'impunité qui persistent au Darfour, et en particulier des attaques contre les civils perpétrées par toutes les parties au conflit. Nous avons entendu ce qu'a lu le président ce matin au sujet des dernières attaques perpétrées.
L'offensive militaire du gouvernement du Soudan, particulièrement préoccupante, se poursuit. Les forces gouvernementales sont engagées directement dans le conflit avec les rebelles du Front de rédemption nationale, le NRT, dans le secteur nord-ouest de la partie septentrionale du Darfour, près de la frontière avec le Tchad, ainsi que dans la région montagneuse de Djebel Marra.
Ce document que je suis en train de lire a été rédigé il y a quelques jours, et je disais que nous avions constaté que le rythme des affrontements s'était ralenti depuis les débuts du Ramadan. Il est clair que la situation a changé depuis.
Plus récemment, nous avons entendu parler d'affrontements dans le même secteur, à Um Sidier, avant le Ramadan, et depuis lors à Kariari, et ce qui est intéressant, ce sont des troupes du gouvernement du Soudan qui ont souffert de ces affrontements avec les groupes rebelles.
[Français]
Le Canada n'en continue pas moins à exhorter le gouvernement du Soudan et les différentes factions belligérantes du Darfour à mettre immédiatement un terme aux hostilités et à arrêter les combats, car il ne peut y avoir de solution militaire à la crise au Darfour. Nous avons entendu le premier ministre exprimer de fortes préoccupations face à la situation au Darfour, dans le cadre des allocutions qu'il a prononcées à l'occasion de l'Assemblée générale des Nations Unies et du Sommet de la Francophonie à Bucarest.
Nous devons impérativement nous attacher à rallier tous les groupes rebelles qui n'ont pas encore signé l'Accord de paix sur le Darfour et en revenir à l'obligation vitale d'aller de l'avant et de faire appliquer cet accord de paix. La mise en oeuvre de l'Accord de paix sur le Darfour et un transfert rapide de responsabilité aux forces sous le commandement des Nations Unies sont des mesures importantes qui permettront, éventuellement, de mettre un terme aux souffrances de la population du Darfour.
[Traduction]
Le Canada a fourni d'importantes ressources diplomatiques, financières et d'experts à l'Union africaine durant toute la durée du processus de paix à Abuja, au Nigéria, qui a abouti à la ratification de l'Accord de paix sur le Darfour entre le gouvernement du Soudan et le Mouvement de libération du Soudan, groupe de rebelles conduit par Mini Menawi. Nous avons collaboré étroitement avec l'Union africaine, l'Union européenne, le Royaume-Uni et les États-Unis afin d'en arriver à une entente au cours des derniers jours de ces négociations. Le Canada est d'ailleurs un témoin signataire de l'Accord de paix sur le Darfour.
De récents rapports faisant état d'une augmentation du nombre de viols et autres formes de violence dirigée contre les femmes au Darfour sont particulièrement troublants. Le Canada s'est fait le champion de la défense de l'inclusion des femmes dans les pourparlers de paix et a apporté un soutien à l'Union africaine afin que les préoccupations liées au sexe soient consignées dans l'Accord de paix.
Comme je l'ai fait remarquer, il nous faut nous assurer de la pleine et rapide mise en oeuvre de l'Accord de paix sur le Darfour. Nous coopérons avec nos partenaires internationaux en vue de trouver une façon de rallier les non-signataires. Plusieurs pistes sont suivies actuellement pour cela. Le Canada est prêt à faire sa part en puisant dans les ressources réservées au Fonds pour la paix et la sécurité dans le monde, pour appuyer l'équipe de mise en oeuvre de l'Accord de paix et le processus de dialogue et de consultation inter-Darfour. Je reviendrai plus en détail sur cet important fonds dans un moment.
La poursuite de la paix au Darfour et sur l'ensemble du territoire soudanais est un engagement complexe et difficile. Le Canada s'évertue à régler les causes à la racine au lieu de soigner les symptômes, tout en étant bien conscient que les grands écarts de richesse et de pouvoir entre Khartoum et les vastes régions du sud, de l'est et de l'ouest du Soudan sont au coeur de la plupart des confits qui déchirent le pays. En effet, une grande partie des ressources nationales au Soudan tend à rester à Khartoum mais à ne pas être redistribuée aux régions rurales sous-développées du pays. C'est d'ailleurs pourquoi les accords comportent des composantes sur le partage de la richesse et du pouvoir.
Les effets de ce déséquilibre dépassent les frontières du Soudan pour atteindre les pays voisins et menacent désormais la sécurité de la région toute entière. L'instabilité au Darfour déborde au Tchad et s'étend par ricochet, les violences continuent de déstabiliser les conditions de sécurité, particulièrement le long de la frontière avec le Tchad et la République centrafricaine.
Nous observons les mêmes dangers existant depuis près de 20 ans de violence perpétrée par l'Armée de résistance du Seigneur, la LRA, dans le nord de l'Ouganda, ont sérieusement sapé les conditions de sécurité dans le sud du Soudan. La guerre civile au Soudan a servi d'asile aux membres de l'Armée de résistance du Seigneur et permis au conflit de s'éterniser. La situation s'améliore depuis le début des pourparlers de paix à Juba.
Le Canada participe aux efforts déployés par la communauté internationale pour éviter toute escalade dans la région, y instaurer la stabilité et améliorer la situation humanitaire au Soudan. Le ministre des Affaires étrangères et du Commerce international est récemment revenu des Nations Unies où la situation tragique et urgente du Darfour a été largement débattue. Le ministre s'est adressé personnellement au ministre soudanais des Affaires étrangères, Lam Akol, afin d'inciter le gouvernement du Soudan à autoriser l'intervention des forces des Nations Unies au Darfour.
Comme vous le savez, le Canada est un important donateur de la Mission de l'Union africaine au Soudan, ses contributions s'étant chiffrées à 190 millions de dollars depuis le début de la Mission, en 2004. La présence de la Mission de l'Union africaine au Darfour a fait une différence au plan de la protection des civils et a permis de répondre aux besoins humanitaires essentiels. Je reviendrai dans un instant plus en détail sur ce soutien vital que le Canada offre à cette mission.
Le soutien aux opérations de paix au Darfour s'inscrit dans le cadre des efforts que le Canada déploie afin de stabiliser et de reconstruire la région. Le Canada octroie en outre d'importants fonds aux initiatives de consolidation de la paix de la communauté internationale. Le ministère des Affaires étrangères et du Commerce international a créé un fonds pour la paix et la sécurité dans le monde destiné à élaborer et à proposer des initiatives de prévention efficace des conflits, de réponse aux crises, de protection des civils et de stabilisation dans les États fragiles. L'enveloppe de ce fonds pour le maintien de la paix au Soudan nous permet d'appuyer davantage les initiatives visant à promouvoir la paix et la sécurité sur l'ensemble du territoire soudanais, y compris au Darfour.
[Français]
Comme le premier ministre l'a récemment annoncé, à l'occasion du Sommet de la Francophonie, le Canada souhaite promouvoir la réforme du système judiciaire, la reconstruction d'un système de sécurité, la réduction du trafic d'armes et le renforcement des institutions du gouvernement, et de la vie sociale au Darfour et dans l'ensemble du Soudan.
Cette année, le Canada s'est engagé à allouer environ 13 millions de dollars qui seront voués essentiellement à ces objectifs.
Ainsi, dans le cadre de notre stratégie au Soudan, le ministère consacre actuellement un million de dollars pour répertorier le nombre et la distribution des petites armes, l'utilisation type et la fréquence de l'emploi abusif des armes ainsi que la victimisation dans toutes les régions du Soudan, incluant le Darfour.
L'ampleur de la prolifération et de l'emploi abusif des petites armes et des armes légères au Soudan contribuent largement à l'insécurité des personnes.
[Traduction]
Il s'agit de la deuxième phase d'un projet entrepris dans l'objet d'appuyer la mise en oeuvre de l'Accord de paix global nord-sud et de l'Accord de paix sur le Darfour, puisque ceux-ci prévoient l'inclusion d'accords de cessez-le-feu et de mesures de réduction des armes.
Ce même fonds a permis au MAECI d'accroître le déploiement d'experts des forces de police civils du Canada, qui participent à la MUAS, la Mission de l'Union africaine. À l'heure actuelle, six experts français de la police civile canadienne font partie de la Mission et de l'Union africaine dans la région du Darfour, au Soudan. Ils dispensent une importante formation en matière de droits de la personne et de maintien de la paix à la Mission de l'Union africaine et enseignent à la chaîne de commandement de la police tous les aspects relatifs au maintien de l'ordre.
Pour revenir à ce que nous faisons, en termes d'autres formes de soutien à la Mission de l'Union africaine, nous sommes et continuons d'être un important donateur de la Mission. Depuis 2004, le pays a apporté un appui au transport aérien essentiel de la Mission de l'Union africaine au Soudan, et n'a cessé de l'augmenter depuis lors. À ce jour, le Canada a fourni à la MUAS 25 hélicoptères loués, deux aéronefs à voiture fixe et le carburant nécessaire à leur emploi. Le soutien au transport aérien essentiel ainsi que le prêt de 105 véhicules blindés de transport de troupe constituent l'épine dorsale de la Mission de l'Union africaine au Darfour. Sans ce soutien, la MUAS serait gravement handicapée.
Les 105 véhicules blindés de transport de troupe et la formation postérieure des membres du personnel de l'Union africaine par les membres des Forces canadiennes dispensée au centre de formation des Forces canadiennes établi à Dakar, au Sénégal, ont renforcé la capacité de l'Union africaine de surveiller et de contrôler la situation au sol. Nous avons également fourni des cartes et de l'équipement personnel tels que des casques et des gilets de protection. En outre, à la demande de l'Union africaine au Canada, le pays a dépêché 12 experts conseils militaires qui fournissent actuellement à l'Union africaine une aide à la planification et à la logistique. Toutes ces mesures s'inscrivent dans un ensemble d'initiatives de soutien global à l'Union africaine qui, comme je l'ai indiqué, est évalué à plus de 190 millions de dollars.
Par ailleurs, nous avons noté avec satisfaction la décision qu'a prise le Conseil pour la paix et la sécurité de l'Union africaine de renforcer la MUAS et de prolonger son mandat jusqu'à la fin de cette année, afin de continuer à fournir une importante protection aux civils du Darfour, et ainsi d'éviter qu'un vide de sécurité dévastateur ne se crée sur le terrain. Dans l'attente d'une mission de l'ONU, il importe que la communauté internationale continue d'apporter un soutien à la Mission de l'Union africaine durant cette période de transition.
Nous nous réjouissons de poursuivre notre collaboration avec l'Union africaine en vue d'assurer une utilisation plus consistante et efficace des ressources disponibles. De plus, nous accueillons avec plaisir les plans à court terme et à long terme des Nations Unies qui visent à renforcer la MUAS en prévision du transfert aux forces des Nations Unies.
Le Canada a salué l'annonce récente des Nations Unies, après l'adoption de la résolution 1706 du Conseil de sécurité, relative aux efforts qu'il entendait déployer pour appuyer l'amélioration de la MUAS à titre de première mesure vers une pleine transition. Nous sommes fortement encouragés par la lettre du président du Soudan, M. Bashir, adressée au secrétaire général des Nations Unies et au président de la Commission de l'Union africaine, Alpha Oumar Konaré, dans laquelle il accepte l'aide que les Nations Unies ont proposé d'apporter à la Mission de l'Union africaine au Soudan.
[Français]
Les Canadiens et la communauté internationale continuent d'axer leurs efforts de communication sur les principaux dirigeants des pays africains et arabes susceptibles d'avoir une certaine influence sur le gouvernement du Soudan, afin de lui recommander vivement d'accepter la transition.
Lors de son passage aux Nations Unies, le ministre des Affaires étrangères a rencontré ses homologues les ministres des Affaires étrangères de l'Algérie, de l'Égypte et du Sénégal ainsi que le secrétaire général de la Ligue des États Arabes, pour les engager vivement à utiliser leur influence pour exercer des pressions sur le gouvernement du Soudan et lui recommander d'accepter la transition vers une mission sous le commandement des Nations Unies au Darfour.
Nous prenons part à l'intensification des efforts déployés par la communauté internationale à cet égard. Nous ne sommes pas les seuls à exercer des pressions. Nos objectifs sont d'ailleurs partagés sans réserves par tous nos alliés.
[Traduction]
Il y a lieu de beaucoup mieux utiliser les ressources, notamment en élargissement l'ensemble des ressources humaines et matérielles, en stabilisant le financement et en tirant parti des dizaines d'années d'expérience. Les Nations Unies étant déjà sur le terrain, dans le sud du Soudan, et coordonnant les efforts humanitaires au Darfour, la mission de transition au Darfour apportera des bénéfices en matière d'économies d'échelle, un commandement unifié et une structure de contrôle.
La secrétaire générale a récemment fait savoir que les forces des Nations Unies proposées seraient inévitablement composées d'Africains d'origine. Cela dit, la grande majorité des troupes proviendra de la Mission de l'Union africaine et recevra un soutien accru des pays arabes et asiatiques contributaires de troupes.
Nous continuerons à travailler étroitement avec l'Union africaine et les Nations Unies pour apporter l'appui nécessaire à la réussite du processus de transition tout en nous employant à soutenir non seulement les opérations de paix, mais aussi à participer aux efforts de consolidation de la paix, d'aide d'humanitaire et de reconstruction à long terme.
Des travaux de planification ont été entrepris il y a déjà quelques temps au sein du Département des opérations de maintien de la paix des Nations Unies, en vue de déployer une force chargée d'assurer le contrôle des opérations de la MUAS au Darfour. Le Canada, à l'instar des États des membres de l'Union africaine et autres pays donateurs de l'Union africaine, a été un partenaire clef des Nations Unies et de l'Union africaine dans ce processus.
Le Département des opérations de maintien de la paix a transmis des demandes initiales aux pays contributeurs de troupes, mais comme je l'ai mentionné au préalable, le gros des forces devrait provenir des pays africains et non de pays comme le Canada. Cela ne veut pas dire que nous ne jouerons pas un rôle important. Le Canada est prêt à étudier les demandes des Nations Unies et à déployer des spécialistes qui joueront un rôle déterminant pour assurer l'efficacité des forces des Nations Unies. Ils pourraient ainsi occuper des postes clés dans des domaines logistiques, techniques et autres, et être tout aussi bien des militaires, des policiers ou des civils.
Le Canada sera également l'un des principaux piliers financiers de la mission grâce à ses quotes-parts aux opérations de maintien de la paix des Nations Unies, et notamment aux quelques 42 millions de dollars qu'il allouera à la mission élargie des Nations Unies au Soudan, qui comprendra la région du Darfour. Les Nations Unies estiment à environ 1,5 milliard de dollars le coût total de cette mission.
Les honorables membres du comité présents peuvent comprendre que, même si les Nations Unies devaient lancer aux pays occidentaux un appel en vue du déploiement d'un vaste contingent, le Canada ne serait pas en mesure d'y répondre compte tenu de nos engagements actuels en Afghanistan et de l'effort continu pour former de nouvelles recrues, un processus déterminant pour l'avenir à long terme des Forces canadiennes et pour la capacité du Canada de continuer de jouer un rôle de chef de file sur la scène internationale dans les années à venir. Cependant, ce qui est plus important maintenant, c'est d'assurer d'efficacité de la mission actuelle de l'UA sur le terrain et de créer le contexte nécessaire pour assurer une transition efficace à une mission des Nations Unies.
Je vous remercie.
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Monsieur le Président, mesdames et messieurs, j'aimerais tout d'abord remercier le comité de nous avoir invités, mes collègues des Affaires étrangères et moi, de l'Agence canadienne de développement international.
C'est la première fois que je me présente devant ce comité. C'est un privilège de pouvoir vous adresser la parole. Mon allocution portera surtout sur la complexité des défis de développement et de l'aide humanitaire au Soudan.
Comme vous le savez, la situation humanitaire au Soudan demeure toujours alarmante. Pour porter secours à la population du Soudan et soulager la souffrance humaine, le Canada a adopté une approche pangouvernementale et travaille de concert avec ses partenaires canadiens et internationaux. Même si le Darfour est au coeur de cette crise, nos projets sont mis en oeuvre non seulement au Darfour mais dans l'ensemble du Soudan, afin de soutenir le développement durable de ce pays.
Le conflit au Darfour continue de causer de l'instabilité et engendre des besoins humanitaires de plus en plus importants. Malgré l'Accord de paix sur le Darfour, les conditions de sécurité continuent de se détériorer et les milices arabes et les forces soudanaises poursuivent leur combat, en particulier dans le nord du Darfour, comme monsieur le président l'a si bien mentionné ce matin.
Du point de vue humanitaire, on compte plus de 1,8 million de personnes déplacées au Darfour, et 3 millions de personnes ont actuellement besoin d'aide alimentaire pour leur survie. Même si l'Accord de paix global a permis de mettre un terme aux hostilités entre le nord et le sud du Soudan, après une longue guerre civile, la situation humanitaire demeure difficile partout au Soudan. La population a toujours besoin d'aide humanitaire pour satisfaire ses besoins fondamentaux, commencer à reconstruire les maisons et rétablir les communautés.
Plus d'un million de personnes déplacées et de réfugiés sont rentrés dans leurs villages, où il y a peu ou pas du tout d'infrastructures ou de services de base. Nous risquons de voir disparaître les progrès accomplis grâce au processus de paix, si nous cessons d'aider ces populations vulnérables.
[Traduction]
Depuis avril 2005, le Canada s'est engagé à fournir 110 millions de dollars en aide humanitaire, ainsi que pour la reconstruction et les efforts de réhabilitation au Soudan. De ce montant, 60 millions de dollars sont engagés en assistance humanitaire.
Ces fonds aident les organismes comme les ONG canadiennes, le Comité international de la Croix-Rouge et l'Organisation des Nations Unies à appuyer des initiatives dans le domaine de la protection civile, de la santé et des besoins fondamentaux, de l'eau et de l'assainissement, ainsi que de l'aide alimentaire.
Je voudrais souligner l'excellent travail effectué par l'intermédiaire de notre réseau de partenaires canadiens et internationaux. Ils continuent de mettre efficacement à profit leur savoir-faire et leur compréhension approfondis des enjeux complexes qui existent au Soudan — et ce, même dans l'environnement instable et hostile où ils évoluent quotidiennement.
La sécurité et l'accès restent les principaux obstacles à la distribution de l'aide. L'ACDI effectue régulièrement des missions sur le terrain afin de s'assurer que les initiatives qu'on mène avec la communauté internationale soient bien coordonnées et donnent les résultats anticipés.
Malgré les dangers et l'instabilité qui définissent maintenant ce pays, des résultats positifs ont pu être observés. Par exemple, les activités menées dans le cadre du Programme alimentaire mondial au Soudan visent à nourrir environ 6,1 millions de personnes en 2006, et le Canada soutient ces activités.
Il convient de souligner qu'en avril 2006, lorsque les responsables de ce programme ont annoncé qu'un manque de fonds les avait contraints à établir des mini rations dans les camps du Darfour, le Canada et les États-Unis ont toute suite réagi, ce qui a permis aux responsables de renverser leur décision. Au début de mai, le Canada a versé 10 millions de dollars pour cette initiative.
L'aide que l'ACDI accorde aux ONG canadiennes comme Oxfam Québec et Vision mondiale Canada permet d'assurer un accès à de l'eau potable et à des installations sanitaires adéquates à quelque 116 000 personnes au Darfour. De plus, notre appui soutenu à un projet de la Société canadienne de la Croix-Rouge au Darfour permet à 25 000 personnes déplacées et résidents de la communauté d'accueil de bénéficier des soins de santé primaires. Ainsi, en dépit de cette instabilité, quelques-uns des besoins fondamentaux sont comblés.
Des efforts de réhabilitation et reconstruction sont aussi déployés au Soudan pour assurer la viabilité à long terme de l'ensemble du pays.
Par exemple, l'ACDI appuie l'accord de paix global signé en janvier 2005 par le nord et le sud du Soudan.
Le Canada et la communauté internationale des donateurs ont pu constater les résultats des travaux de reconstruction et de réhabilitation. Par exemple, dans le domaine de la santé, 840 trousses médicales ont été fournies aux établissements de santé principalement situés dans le sud. Dans le domaine de l'éducation, 20 000 trousses scolaires ont été fournies à des enseignants et 950 000 manuels scolaires ont été distribués à des écoles primaires. Plus de 150 000 kilomètres de routes importantes du Soudan ont été déminées, ce qui a rendu le transport routier plus sécuritaire.
Ces résultats mettent en évidence comment le Canada, en collaboration avec ses partenaires, contribue à améliorer la situation au Soudan.
Enfin, en dépit des progrès accomplis, la reprise des combats et l'accès difficile à l'aide humanitaire montrent bien à quel point il est difficile de travailler dans un contexte fragile.
L'ACDI contribue à l'approche pangouvernementale du Canada pour réduire la vulnérabilité des populations touchées par la crise et rétablir la capacité des institutions publiques et de la société civile.
L'ACDI s'efforce de maintenir l'équilibre en prenant part aux activités de survie et de remise en état et en veillant à combler les besoins vitaux des populations déplacées tout en appuyant les efforts de réhabilitation et de reconstruction à long terme qui contribueront à favoriser le développement durable de l'ensemble du Soudan.
Je vous remercie.
Merci beaucoup, à tous, d'être ici. C'est un dossier tellement difficile, et je ne vous envie pas, mais nous sommes tous ici dans le but d'essayer d'atténuer le traumatisme infligé au peuple du Soudan.
Quand on survole le Nil Blanc, tout ce qu'on peut constater, c'est la possibilité qu'il n'y ait pas de besoin réel programme alimentaire dans le futur, et j'espère que cela arrivera un jour. Je pense que nous sommes à la croisée des chemins, et nous devons choisir, soit de poursuivre des négociations sans issues, qui n'iront nulle part, ou d'adopter des mesures qui sauveront réellement des vies.
D'après mon expérience avec le gouvernement soudanais, qui, selon moi, est le régime génocidaire le plus durable de l'histoire du monde, un groupe, très franchement, de menteurs pathologiques, je pense que si on regarde leur expérience et leurs activités dans les montagnes Nuba et dans le Sud, tout ce qu'on peut voir, c'est le cheminement politique qu'ils ont suivi, qui constituait à mener les communautés internationales dans une série de culs-de-sac pour leur permettre de poursuivre leurs activités génocidaires.
Alors j'ai une demande à faire. Il y a un projet, aux États-Unis, appelé le Sudan Alien Projet — je vous en parlerai tout à l'heure — qui aidera à limiter le débordement du conflit vers le Tchad et l'Afrique centrale. Je pourrai vous donner cela plus tard.
Mes questions, vraiment, sont les suivantes. Si Jan Egeland ne se trompe pas et le seul moyen d'arrêter le génocide est par l'application d'une résolution du Conseil de sécurité en vertu du chapitre 7, d'où viennent les troupes dont vous parlez, et combien se sont fait poser un lapin jusqu'à maintenant? Parce que le temps passe, il faudra manifestement procéder à cette mise en oeuvre en janvier.
La question suivante que j'ai à poser, c'est comment vous allez amener ces troupes là-bas si Khartoum a explicitement déclaré qu'ils ne permettront pas aux troupes des Nations Unies de fouler le sol du Soudan? Est-ce que vous êtes prêt à intervenir — parce que je pense qu'il le faut — et à dire que nous allons là avec un groupe d'autres pays, nous allons mettre en oeuvre cette résolution du Conseil de sécurité, et nous allons mettre fin au génocide, et ce, dès maintenant?
Vous avez parlé de pas mal de choses. Je tiens d'abord à dire que c'est une situation terrible. Tout le monde est d'accord là-dessus. Elle se déroule dans l'une des régions les plus isolées du monde, dans un pays connu pour traiter son propre peuple de façon terrible. La communauté internationale s'efforce de composer avec cette situation au moyen du processus multilatéral dont nous avons convenu.
Il y a énormément de travail diplomatique. Le ministre des Affaires étrangères dialogue avec ses homologues de la Russie et de la Chine pour leur demander d'exercer des pressions sur le gouvernement du Soudan en tant que membres du Conseil de sécurité. Il a aussi fait des appels directs à ses homologues de l'Afrique du Nord et des pays musulmans pour qu'ils en fassent autant.
Au niveau de l'ambassade, dans toute l'Afrique, le Moyen Orient, la Chine et la Russie, nous avons fait ces démarches diplomatiques pour demander que soit exercé le genre de pressions qu'il faut par les pays qui pourraient avoir une influence sur le gouvernement du Soudan, afin qu'il les écoute.
Le Canada n'est pas le seul à faire ceci; il est membre du groupe de contact. Au nombre des pays qui font plus que tout autre pour aider la mission de l'Union africaine et apporter leur aide au Soudan, de l'aide humanitaire ou autre, il y a les États-Unis, le Royaume-Uni, les Pays-Bas, la Norvège, la France et l'Union européenne. Nous travaillons en très étroite collaboration. Je m'entretiens avec mes homologues toutes les semaines pour coordonner le type d'initiatives diplomatiques que nous pouvons mettre en oeuvre pour faire avancer les choses.
Nous travaillons aussi collectivement pour remettre sur la bonne voie l'Accord de paix sur le Darfour en y favorisant l'adhésion de pays non signataires, parce que c'est le seul accord de paix que nous ayons. Il est bloqué par la violence, mais aussi parce qu'il y a des non signataires. Il est donc absolument essentiel que le gouvernement du Soudan n'ait pas d'autres prétextes pour continuer de se battre. C'est un élément important de l'aspect que nous cherchons à régler.
Il y a des sanctions, mais elles ont ciblées contre les personnes. Si le Canada et d'autres pays ne voient pas de progrès, nous demanderons au Conseil de sécurité de prendre les mesures qui sont en son pouvoir, et cela comprend certainement des sanctions. Qu'elles soient ciblées contre le gouvernement du Soudan ou qu'elles comprennent des zones d'interdiction de vol, il y a toute une gamme de sanctions et de mesures qui peuvent faire pression sur le gouvernement du Soudan pour qu'il fasse avancer les choses.
Le processus prévoit aussi de faire le gouvernement du Soudan de rendre compte de ses actes. La Cour pénale internationale, avec le soutien financier du Canada, fait des enquêtes sur les crimes de guerre au Soudan, et cela fait partie aussi du processus.