Je connais le travail du comité. J'ai accompagné Thomas Axworthy — c'est lui qui est le président du centre — lorsqu'il est venu ici en octobre. J'ai également entendu de bonnes choses de mes collègues de l'Institut international pour la démocratie et l'assistance électorale à Stockholm.
Le comité a demandé aux témoins de se prononcer sur trois termes principaux: l'appui à la démocratie en tant qu'objectif, les leçons à tirer de comparaisons et le rôle du Canada dans la promotion de la démocratie. Je vais aborder ces thèmes dans l'ordre. Pour ce qui est du rôle du Canada, je vais parler de l'action des partis politiques en matière d'aide à la démocratie. Je m'efforcerai de ne pas être redondant, M. Axworthy ayant esquissé notre position dans un document sur l'idée de la création d'un Institut canadien pour la démocratie, et je vais donc me concentrer sur plusieurs aspects qu'il n'y a pas abordés.
Je vais commencer par la promotion de la démocratie en tant qu'objectif. La démocratie est l'un des concepts les plus contestés en science politique, chargé qu'il est de connotations normatives. En tant que tel, l'appui au développement démocratique peut être un processus délicat, la transition vers la démocratie laissant forcément de la place à un débat sur le statut démocratique réalisé par un pays donné.
Le théoricien politique Robert Dahl dit que la représentation est un élément essentiel de toute démocratie, et pour que la démocratie ait un sens, il importe d'établir des institutions politiques qui renferment et facilitent cette représentation. Dahl est d'avis que la tenue d'élections libres et équitables est l'élément essentiel à cette représentation. C'est typiquement aux partis politiques qu'il revient de jouer ce rôle de représentation.
Passons maintenant aux transitions démocratiques. Au fil de ce qui a été appelé la « troisième vague » de démocratisation, plusieurs organismes internationaux de promotion de la démocratie ont été créés et renforcés en Europe et en Amérique du Nord ainsi que dans de nombreuses nouvelles démocraties. Au-delà de cette troisième vague, la promotion de la démocratie a assumé un rôle encore plus proéminent sur la scène internationale. Par ailleurs, la demande en matière d'aide internationale en faveur de la démocratie demeure élevée dans les démocraties en devenir partout dans le monde.
Comment se font les transitions à la démocratie? Thomas Carothers, auteur de quantité d'études sur la démocratie, souligne qu'il existe, en gros, deux principaux cheminements vers la réforme démocratique en situation de régime autoritaire. Le premier voit le régime autoritaire s'effondrer, à cause de son manque de légitimité, du fait de soulèvements populaires, de révolutions ou d'autres renversements de régimes dictatoriaux ou autoritaires. Le deuxième intervient lorsqu'un régime autoritaire perd graduellement le contrôle sur l'État par le biais d'initiatives de libéralisation grâce auxquelles des réformes sociales, économiques et politiques se développent d'une façon gérable, l'objectif d'une démocratie consolidée finissant par se réaliser.
Enfin, je vais vous parler de certaines analyses comparatives. Permettez-moi de mettre en relief les principaux éléments des transitions démocratiques à Taiwan et en Afghanistan, que nous avons examinées au Centre d'études sur la démocratie. Je vais les inscrire dans le contexte de la catégorisation faite par Carothers de la façon dont les transitions vers la démocratie s'opèrent.
À Taiwan, la réforme démocratique a été un processus graduel, fondé sur des élections, qui s'est échelonné sur une cinquantaine d'années, de 1946 environ, avec le début de la tenue d'élections locales, jusqu'en 1996, avec la première élection présidentielle ouverte. La participation aux élections locales a aidé à insuffler aux Taiwanais une éthique démocratique et à faciliter la représentation politique d'un mouvement d'opposition croissant. Taiwan possédait toutes les conditions préalables requises pour qu'une réforme démocratique s'opère d'une façon graduelle et relativement stable, notamment: réussite économique et croissance d'une classe moyenne dont les membres étaient souvent éduqués à l'étranger et revenaient ensuite s'établir à Taiwan; système d'élections locales permettant la dissension politique légitime grâce à un processus organisé; et pression externe en faveur de réformes exercée par les États-Unis et d'autres intervenants.
Si Taiwan a vécu une transition graduelle vers la démocratie, l'Afghanistan représente le cas contraire, celui d'un État défaillant. Plus qu'un projet de développement pour la communauté internationale, rebâtir l'Afghanistan suppose également rebâtir et redessiner ses institutions politiques. De fait, l'Afghanistan est en train de vivre une transition vers la démocratie. La transition vers une forme de gouvernement démocratique en Afghanistan est cependant semée d'embûches et ce travail vivra sans doute des revers de fortune. La structure économique de l'Afghanistan a été sérieusement affaiblie, désorganisée et rendue plus vulnérable par deux décennies de conflit soutenu. L'importance de l'intervention internationale à grande échelle est un aspect essentiel pour déterminer si une transition démocratique en Afghanistan a la moindre chance d'être maintenue à long terme, sur les plans tant de l'aide sécuritaire et militaire que de l'aide politique et de gouvernance et de l'aide humanitaire et en services de développement.
Je vais maintenant vous entretenir du contexte comparatif et de la façon dont l'aide à la démocratie est structurée dans d'autres pays développés. Les organisations d'aide à la démocratie peuvent être classées en trois grandes catégories: les instituts de partis politiques, comme les modèles de partis allemands et suédois; les organisations internationales ou multilatérales, comme l'Institut international pour la démocratie et l'assistance électorale, qui a son siège à Stockholm; et les organismes ombrelles et instituts multipartites, comme le National Endowment for Democracy, la Westminster Foundation for Democracy en Grande-Bretagne, ou le Netherlands Institute for Multiparty Democracy.
Le modèle multilatéral international... Le domaine de l'aide à la démocratie bénéficie de la mise en commun des leçons apprises et de la coopération internationale. Ainsi, il est utile d'examiner le modèle multilatéral. Par exemple, l'Institut international pour la démocratie et l'assistance électorale, dont le Canada est membre, est une organisation multilatérale qui réunit des États membres de tous les continents qui sont désireux d'appuyer la démocratie durable dans les démocraties tant nouvelles qu'établies de longue date. Il est important pour le Canada d'être représenté au sein d'organismes d'aide à la démocratie comme l'Institut international pour la démocratie et l'assistance électorale afin d'être en mesure d'apprendre et d'influer sur les pratiques exemplaires d'autres organisations. Cependant, la création d'un institut indépendant pour la démocratie permettrait de promouvoir plus directement les priorités canadiennes en matière d'aide à la démocratie.
Le modèle de la fondation de parti politique... En matière d'aide à la démocratie, le modèle de la fondation de parti politique est un élément important, notamment en Allemagne, mais également en Suède. Le modèle allemand de fondation de parti, ou stiftungen, a servi de modèle pour toutes les fondations de parti. Les deux plus importantes fondations allemandes ont chacune des revenus annuels de plus de 100 millions d'euros, bien qu'elles répartissent les ressources entre leurs initiatives nationales et internationales. Le revenu du National Democratic Institute à Washington se chiffrait en 2005 à plus de 80 millions de dollars US, et ses activités étaient presque exclusivement axées sur des projets internationaux.
En matière de projets internationaux d'aide à la démocratie, les fondations ont tendance à travailler avec des partis frères, aux visées politiques semblables et qui sont à l'oeuvre dans les pays partenaires. Par exemple, la fondation Olof Palme, en Suède, le Parti social-démocrate, a tendance à fournir de l'aide à des partis politiques frères au sein de l'Internationale Socialiste.
Les fondations de parti politique jouissent en règle générale d'une assez forte indépendance par rapport à leurs partis affiliés. Étant donné la nature des fondations de parti indépendantes, les efforts concertés de promotion de la démocratie entre partis politiques dans un pays donné ont parfois du mal à déboucher.
Le modèle ombrelle et multipartite... Comptent parmi les organisations qui cadrent le mieux avec le modèle de l'internationalisation de l'aide à la démocratie et qui sont l'expression d'un modèle coopératif de travail avec des partenaires internationaux et des organismes indigènes, le NED, l'IMD des Pays-Bas, la Westminster Foundation et le tout nouveau Norwegian Centre for Democracy Support.
Les organisations multipartites, au contraire des fondations de parti, assurent des degrés différents de surveillance aux projets d'aide à la démocratie entrepris par des partis politiques. L'IMD, par exemple, recourt à une représentation proportionnelle des sept grands partis politiques des Pays-Bas pour entreprendre des activités de programme, tout en maintenant un personnel permanent non partisan au bureau pour assurer la gestion de l'approche globale de l'institut. Les organisations multipartites reçoivent leur financement de base de sources publiques et entretiennent des relations à distance avec des organismes gouvernementaux.
Le modèle multipartite est particulièrement intriguant du fait qu'il intègre des éléments de l'indépendance des partis politiques grâce à laquelle les partis sont libres de travailler et d'élaborer des programmes avec des partis frères dans des pays partenaires, bénéficiant en même temps de la surveillance générale par un organe ombrelle pour assurer la cohésion des politiques.
Je vais maintenant vous parler du rôle du Canada dans la promotion de la démocratie. Thomas Axworthy a esquissé l'approche du Centre d'études sur la démocratie quant à l'établissement d'un institut canadien pour la démocratie lorsqu'il a comparu devant ce comité en octobre dernier. Vous pouvez en trouver le texte intégral sur le site Web de l'Institut de recherche en politiques publiques.
Afin de ne pas répéter ce que vous avez déjà entendu, je vais me concentrer sur l'élément clé de notre document, le rôle de l'aide aux partis politiques dans la promotion de la démocratie. Sur la base de notre analyse des organisations existantes au sein de la communauté canadienne d'aide à la démocratie, il ressort clairement qu'aucune organisation ne se consacre exclusivement à l'aide aux partis politiques ou à la démocratisation. De nombreuses organisations en intègrent certains éléments, mais aucune ne pourrait être décrite comme une institution axée exclusivement sur l'offre à l'échelle internationale d'aide à la démocratie. De façon plus précise, le Canada n'est pas doté d'une institution comparable à l'IMD des Pays-Bas ou au NED des États-Unis.
Un rôle pour le Canada dans la communauté d'aide à la démocratie... J'ai reçu une bourse d'études pour examiner les modèles européens d'aide à la démocratie en 2005. J'ai appris que non seulement les organisations internationales d'aide aux partis politiques sont florissantes dans de nombreux pays européens, mais que leurs activités prennent elles aussi énormément d'ampleur dans les Pays-Bas et en Suède et que de nouvelles organisations ont été créées en Finlande et en Norvège.
La proposition visant la création d'un Institut canadien pour la démocratie a attiré de l'attention un peu partout dans le monde, ce projet ayant été mentionné par des organisations telles que l'OCDE, le PNUD, et l'Institut international pour la démocratie et l'assistance électorale. Les consultations internationales menées par le CED ont fait clairement ressortir que la communauté de l'aide à la démocratie envisage la création de Démocratie Canada comme étant une initiative très valable, dans le domaine surtout de l'aide aux partis politiques.
D'autre part, le Canada n'ayant pas d'organisme central d'aide à la démocratie, les Canadiens contribuent à d'autres organisations et aux objectifs d'autres pays en matière d'aide et de politique étrangère. Cela signifie que le Canada est en train de perdre certains de ses meilleurs et plus doués praticiens en démocratie, ceux-ci contribuant ainsi surtout aux objectifs en matière de politique étrangère des États-Unis et de pays d'Europe.
Le Canada a une vaste expérience des processus et des institutions démocratiques, expérience qui pourrait être partagée avec les démocraties émergentes. J'ai prononcé un discours sur les transitions démocratiques à Taiwan, en 2005. Lors de cette conférence, un groupe de jeunes taiwanais, étudiants en droit, qui étaient en train d'essayer de déterminer leur propre identité nationale par rapport à la Chine, m'ont engagé dans de longues discussions sur la place du Québec à l'intérieur du Canada — sujet dont ils savaient beaucoup de choses.
Une institution canadienne consacrée à la démocratie, du fait de s'inspirer de l'expérience d'un pays fédéral, multilatéral, bilingue et à composition ethnique très diverse, serait la bienvenue au sein de la communauté internationale de promotion de la démocratie et pourrait faire une précieuse contribution sur le plan de l'aide aux démocraties naissantes.
Merci.
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Monsieur le président, mesdames et messieurs les membres du comité, qu'entendons-nous par démocratie, et qu'essayons-nous de réaliser grâce au développement démocratique?
Chez Droits et Démocratie, dont j'ai pendant cinq ans été le président, la démocratie était beaucoup plus que la tenue régulière d'élections libres et équitables. Nous avions élaboré dix indicateurs aux fins de l'évaluation de démocraties: premièrement, la tenue régulière d'élections libres et équitables, y compris l'existence d'un système multipartite; deuxièmement, le plein respect de tous les droits de la personne, y compris les droits des minorités et l'égalité des sexes; troisièmement, le plein respect de la règle du droit; quatrièmement, une magistrature indépendante; cinquièmement, une assemblée législative indépendante; sixièmement, une distribution équitable de la richesse; septièmement, le contrôle des militaires et de la police par une autorité civile; huitièmement, la reddition de comptes publique et un processus permanent de consultation; neuvièmement, la transparence et l'accès à l'information; et, dixièmement, une société civile libre et active.
En conséquence, nous n'avons pas une démocratie idéale lorsqu'une majorité librement élue opprime une minorité, lorsqu'une majorité librement élue ne respecte pas la règle du droit ou encore corrompt le système judiciaire.
En bref, nous définirions la démocratie comme étant un système politique fondé sur la volonté librement exprimée du peuple et qui respecte entièrement toute la famille des droits de la personne. La démocratie est un système politique à l'intérieur duquel les droits de la personne réalisent leur pleine expression. La démocratie ne doit pas être confondue avec la bonne gouvernance ni avec l'économie de libre marché, deux choses qui sont peut-être souhaitables mais qui ne sont pas des éléments essentiels de la démocratie.
Nous sommes d'avis que l'on ne peut pas avoir une démocratie sans droits de la personne et que l'on ne peut pas avoir de droits de la personne sans la démocratie. Droits de la personne et démocratie vont toujours main dans la main.
La Déclaration universelle des droits de l'homme énonce les principes d'élections démocratiques à l'article 21, la liberté d'expression à l'article 19 ainsi que la liberté de réunion pacifique et la liberté d'association à l'article 20. Le Pacte international relatif aux droits civils et politiques énonce les mêmes droits, mais ce de façon plus explicite, dans les articles 1, 18, 19, 21, 22, 25 et 27. Ceux-ci sont également renfermés dans l'article 23 de la Convention américaine relative aux droits de l'homme, dans le cadre de l'OEA, et dans l'article 20 de la Déclaration américaine des droits de l'homme. La Déclaration de Vienne de 1993 stipule quant à elle à l'article 8 que « La démocratie, le développement et le respect des droits de l'homme et des libertés fondamentales sont interdépendants et se renforcent mutuellement ».
En conséquence, ce concept général de la démocratie devrait être l'objectif du développement démocratique si nous sommes sérieux quant à l'instauration de démocratie véritable dans d'autres parties du globe et dans notre propre partie du monde.
La deuxième question est de savoir quelles sont les méthodes à employer pour poursuivre le développement démocratique. Comme je l'ai mentionné plus tôt, la meilleure approche au développement démocratique est fondée sur la prémisse que le plein respect de la totalité des droits de l'homme est une condition essentielle au bon fonctionnement de la démocratie.
Chez Droits et Démocratie, nous avons élaboré une approche-cadre à trois étapes pour le développement démocratique. Les trois étapes sont les suivantes:
Premièrement, la réalisation d'une étude sur l'état de la démocratie dans un pays donné, en utilisant les dix indicateurs que j'ai mentionnés, ce afin d'évaluer la situation démocratique à l'intérieur du pays.
Deuxièmement, un rapport de cette étude est distribué à une vaste gamme de représentants de la société civile et de fonctionnaires du pays concerné, ceux-ci étant alors invités à discuter du rapport lors d'une conférence au cours de laquelle ils peuvent critiquer, modifier ou compléter les dispositions du rapport. Ils s'entendent ensuite sur un ensemble de recommandations découlant de l'étude faite en conférence et visant à améliorer la situation démocratique de leur pays.
Troisièmement, des mesures sont alors prises pour programmer la mise en oeuvre des recommandations découlant des phases un et deux. La mise en oeuvre des différentes recommandations sera confiée à différents organes gouvernementaux et de la société civile, y compris à l'échelle internationale.
Une importante priorité dans le processus est le développement et le renforcement de la société civile dans le pays en question. L'existence d'une société civile libre et active est un élément clé dans la détermination de l'existence d'une démocratie efficace. Une solide démocratie suppose un engagement profondément enraciné envers les droits de la personne et la démocratie, dans la mesure où la société civile fera la promotion de ces droits et les défendra contre toute attaque lancée par un gouvernement ou par d'autres élites du pouvoir.
Nous définissons la société civile comme étant l'ensemble des institutions non familiales qui sont autonomes et indépendantes de l'État et capables d'influer sur l'opinion publique et les politiques. Cela englobe les ONG, les syndicats, les églises, les associations professionnelles, les universités et les universitaires, les professions, les médias et les partis politiques.
Il est essentiel que ce processus de développement démocratique ne soit entrepris qu'avec des partenaires à l'intérieur du pays cible et sur leur invitation. Un certain niveau de coopération avec le pays hôte est essentiel, et les priorités doivent être fixées à l'intérieur de ces pays.
Dans ce contexte, j'encouragerais fermement le comité permanent à recommander au gouvernement du Canada qu'il intègre lui aussi dans sa politique en matière de développement démocratique de robustes mécanismes de consultation de la société civile, tant au Canada qu'à l'échelle internationale.
Le développement démocratique devrait être un objectif spécifique de la politique étrangère canadienne. Il devrait être coordonné par un bureau central au sein du gouvernement, mais exécuté par le gouvernement canadien ou par des agences de la société civile comme par exemple — mais ce ne sont que des exemples — Élections Canada, l'ACDI, la Commission canadienne des droits de la personne, Radio Canada International, puis, du côté de la société civile, des ONG, des syndicats, des églises, des groupes de professionnels, ainsi que par des parlementaires, par le biais de leurs associations interparlementaires et d'échanges internationaux.
Ce travail devrait, bien sûr, être effectué, comme je l'ai dit, avec des partenaires à l'intérieur du pays cible. Il peut également être mené de façon multilatérale, par l'intermédiaire des Nations Unies, de l'Organisation des États américains, du Commonwealth, de la Francophonie, de l'OSCE et d'autres.
Des chartes démocratiques ont été élaborées par le Commonwealth. Vous avez la Déclaration du Commonwealth adoptée à Harare en 1991 et le Programme d'action du Commonwealth adopté à Millbrook en 1995 pour donner suite à la Déclaration du Commonwealth de Harare, par la Francophonie; la Déclaration de Bamako de 2000; et la Charte démocratique interaméricaine de l'Organisation des États d'Amérique, de 2001, qui avait eu comme point de départ la conférence tenue à Québec; et également, bien sûr, le travail du Conseil de l'Europe.
L'Organisation des États d'Amérique compte par ailleurs une unité consacrée à la promotion de la démocratie, qui a été établie en 1990 et adoptée dans le cadre du Protocole de Washington, en 1997.
Je vais maintenant céder la parole à Fergus, pour qu'il vous dise quelques mots au sujet du contexte des organisations internationales.
La dernière partie de notre exposé souligne l'importance d'un environnement international habilitant pour la promotion de la démocratie.
La Déclaration universelle des droits de l'homme nous rappelle, à l'article 28, que:
Toute personne a droit à ce que règne, sur le plan social et sur le plan international, un ordre tel que les droits et libertés énoncés dans la présente Déclaration puissent y trouver plein effet.
Il existe plusieurs exemples historiques que nous pourrions citer. Par exemple, l'Union européenne s'est élargie de façon horizontale, englobant davantage de pays, ainsi que de façon verticale, devenant elle-même graduellement une institution démocratique davantage paneuropéenne. L'OSCE, suite à la fin de la guerre froide, lorsque la démocratie s'étendait aux pays de l'ex-URSS, a elle-même étayé sa base institutionnelle et a créé une assemblée parlementaire plus efficace, des commissions, et ainsi de suite. L'existence d'un ordre international habilitant est donc important aux fins de la promotion multilatérale de la démocratie.
La promotion de la démocratie est souvent considérée comme étant une activité qui ne concerne que la gouvernance au seul palier national; cependant, un environnement international habilitant, comme je l'ai dit, non seulement assure la promotion de la démocratie mais devient en même temps de plus en plus démocratique. L'amélioration de l'adhésion au principe de la gouvernance démocratique à l'échelle nationale va de pair avec la démocratisation de ces institutions internationales qui s'inscrivent au-dessus du niveau de l'État.
J'imagine que l'étalon international pour cette logique analytique est l'Agenda pour la démocratisation de l'ancien secrétaire général des Nations Unies, Boutros Boutros-Ghali. Nous en traitons dans notre mémoire.
Enfin, je mentionnerai une initiative possible que voudront peut-être envisager les parlementaires ici réunis. Il y a en cours une campagne en vue de la création aux Nations Unies d'une assemblée parlementaire plus représentative, et une conférence est en train d'être organisée à Genève pour cet automne sous le patronage de M. Boutros-Ghali lui-même. Il y a une requête qu'ont signée quelque 318 parlementaires de plus de 70 pays. Je crois même qu'un ou deux membres du comité ici réunis l'ont signée. Le texte est annexé à notre mémoire.
Ce n'est là qu'un exemple de façon dont les parlementaires peuvent intervenir eux aussi dans l'élargissement multilatéral des institutions démocratiques.
Merci.
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Je m'appelle Naresh Raghubeer et je suis directeur général de la Canadian Coalition for Democracies.
J'ai apporté avec moi 20 copies de ma déclaration. Malheureusement, étant donné les contraintes temporelles, nous n'en avons pas la traduction, mais j'ai malgré tout confié ces exemplaires à la greffière.
Tout d'abord, la Canadian Coalition for Democracies désire remercier le Comité permanent des affaires étrangères et du développement international de lui donner l'occasion de le rencontrer ce matin dans le cadre de son étude approfondie sur le rôle du Canada dans le soutien international au développement démocratique dans le monde.
M'accompagnent aujourd'hui David Harris, agrégé supérieur de recherches en sécurité nationale à la Coalition, et Clement Mugala, fondateur et directeur de Trace Aid. MM. Harris et Mugala seront prêts à répondre à vos questions suite à notre exposé.
Avant de commencer, permettez-moi de vous parler un petit peu de la Canadian Coalition for Democracies et de Trace Aid.
Fondée en 2003, la Canadian Coalition for Democracies est une organisation non partisane, multi-ethnique et multiconfessionnelle rassemblant des Canadiens préoccupés par la sécurité nationale et par la protection et la promotion de la démocratie chez eux comme à l'étranger. La CCD concentre ses efforts sur la recherche, l'éducation et la publication d'articles dans les médias afin de faire mieux comprendre l'importance de la sécurité nationale et d'une politique étrangère pro-démocratie.
Clement Mugala est le fondateur et le directeur de Trace Aid. Il a travaillé un peu partout en Afrique à titre de cadre supérieur pour des sociétés d'État et a été témoin de diverses pratiques commerciales contraires à l'éthique de la part de fonctionnaires, de politiciens, de fournisseurs et d'entrepreneurs africains. Pour reprendre les propos de M. Mugala:
Même si les membres du gouvernement semblent fermement décidés à lutter contre la corruption, dans les faits, ces mêmes politiciens étaient les premiers à piller les trésors nationaux et à cacher l'argent volé dans des comptes bancaires dans les pays développés.
Bien que la Coalition appuie le Canada dans ses efforts pour venir en aide à ceux qui en ont réellement besoin partout dans le monde, nos membres s'interrogent sur l'efficacité de l'aide canadienne au développement et sur le manque de reddition de comptes envers le gouvernement du Canada et les contribuables canadiens, dont l'argent est en train d'être dépensé.
Nous sommes aussi préoccupés par le refus de l'ACDI de reconnaître les faiblesses de son programme d'aide et d'exiger des comptes des gouvernements qui oeuvrent activement contre les intérêts du Canada et de ses alliés démocratiques. Bien sûr, nous craignons que l'aide versée par le Canada soit gaspillée du fait de la corruption et d'une mauvaise gestion, mais nous craignons encore plus que surviennent des situations dans lesquelles l'argent des contribuables canadiens serve activement à la promotion de la haine et à l'incitation à la violence et à miner les intérêts canadiens.
La Coalition s'inquiète également de savoir pourquoi l'ACDI, avec un budget de plus de 3,1 milliards de dollars, n'est pas prête à établir des stratégies efficaces de promotion de programmes de bonne gouvernance qui encouragent la responsabilité, l'imputabilité et la transparence ainsi que l'avancement de valeurs canadiennes telles la règle du droit, la liberté de la presse, l'indépendance de la magistrature, des gouvernements ouverts et responsables, l'égalité entre les sexes, le traitement équitable et le respect des minorités, la liberté du culte et la tenue d'élections libres et équitables.
Voyons maintenant quelques exemples qui viendront illustrer nos inquiétudes.
En ce qui concerne l'aide aux gouvernements corrompus, selon l'énoncé de politique internationale du Canada, publié par l'ancien gouvernement, le Canada était prêt à concentrer la majeure partie de son aide financière dans 25 pays. Ces pays sont ceux dans lesquels l'ACDI offre présentement des programmes d'aide. Parmi eux, 19 ont été qualifiés par Freedom House de dictatures ou de pays opprimés, et tous, soit 25, ont été qualifiés de pays souffrant de corruption endémique.
Non seulement ces faits n'ont pas suffi à décourager l'ACDI d'investir dans ces pays, mais peu ou pas d'efforts ont été déployés pour obliger les gouvernements locaux et les organismes d'aide à fournir la preuve que les fonds distribués se rendaient bien aux destinataires prévus et produisaient les résultats escomptés.
Ce manque de reddition de comptes et de transparence va à l'encontre du récent engagement du gouvernement du Canada à être un gouvernement responsable, conformément à la Loi fédérale sur la responsabilité. Non seulement l'ACDI agit de façon irresponsable en ce qui concerne ses programmes, mais elle fait preuve d'un manque de respect flagrant à l'égard des contribuables canadiens et d'une totale indifférence face aux souffrances de ceux qui ont besoin d'aide, deux choses qui sont contraires à l'esprit et à l'objectif de la politique gouvernementale.
En ce qui concerne l'aide à la Chine, l'année dernière le Canada a versé environ 56 millions de dollars en aide étrangère à la Chine, pays qui possède la plus grosse armée du monde, qui affiche un PIB de plus de 7 billions de dollars, et qui pointe 700 missiles en direction de la paisible et démocratique Taiwan.
Une bonne partie de cette aide étrangère était destinée à la formation de juges chinois communistes, qui siègent aux tribunaux d'un système communiste où la loi est contrôlée par l'État. Aucun motif rationnel ni raisonnable ne peut justifier le fait que le Canada persiste à former des juges chinois tout en sachant fort bien que ces juges nommés par l'État sont d'abord et seulement responsables devant Beijing.
La règle du droit n'existe ni pour les Chinois ni pour les étrangers. Le gouvernement chinois, par l'entremise de ses tribunaux, persécute activement les minorités comme les Tibétains et les adeptes de Falun Gong. Les peines imposées par l'État comprennent la rééducation forcée, la torture physique, l'emprisonnement sans procès et l'exécution à des fins de prélèvement et de vente d'organes.
Il est utile de souligner que contrairement à la Chine, l'Inde, un pays démocratique, a récemment refusé de faire de l'aide étrangère le fondement de ses progrès économiques et sociaux. L'Inde croit plutôt qu'il faut considérer l'aide étrangère comme un outil pour mettre en place les structures et les institutions essentielles pour assurer la croissance et la prospérité, et non comme un droit perpétuel qui mène inévitablement à une dépendance permanente.
En ce qui concerne l'aide aux pays arabes palestiniens, le Canada leur a, depuis 1993, versé plus de 390 millions de dollars. Le fait que l'ACDI continue d'investir, à partir de ses ressources limitées, dans le développement de la Palestine constitue un exemple classique de trahison des travailleurs canadiens. Au cours des 14 dernières années, l'aide versée par le Canada aux Palestiniens n'a offert qu'un bien piètre rendement sur le plan de l'avancement de la liberté et de la démocratie. Triste constat, notre aide a bien plus servi à promouvoir le culte de la mort chez les terroristes et à favoriser les guerres intestines entre factions rivales dans une course à la destruction d'Israël, seule oasis pour les valeurs chères aux Canadiens dans cette partie du monde où elles sont assiégées.
L'argent des contribuables canadiens devrait-il servir à aider le président Mahmoud Abbas, qui gouverne selon une charte appelant à la destruction d'Israël et dont la faction armée, la Brigade des martyres d'Al-Aqsa, est reconnue comme une organisation terroriste illégale au Canada? L'argent des contribuables canadiens devrait-il financer l'UNRWA, dont les liens avec l'incitation au crime et la violence sont bien documentés?
Pour ce qui est de l'aide au développement ciblée, l'ACDI peut s'inspirer de l'expérience canadienne dans le domaine de l'aide au développement. L'histoire montre en effet que l'aide versée sans discernement et de façon non stratégique s'est avérée inefficiente et inefficace, et aussi qu'il y a peu de chances que ce type d'aide rompe le lien entre la dépendance et les contraintes imposées à la liberté et à la démocratie.
En 2004-2005, les Canadiens ont généreusement contribué 425 millions de dollars aux fonds d'aide d'urgence et de développement destinés aux victimes du tsunami en Asie. À ce jour, les Canadiens n'ont pas eu droit à une vérification claire qui leur permettrait de savoir où et comment ces fonds ont été distribués, ni dans quelle mesure ils ont donné des résultats.
Par exemple, une aide ciblée et soutenue consisterait à aider l'Afghanistan et sa population à se remettre des ravages de la guerre. La CCD suggère donc que le gouvernement du Canada, par l'entremise de l'ACDI, fasse de l'Afghanistan sa priorité pour la grande région du Moyen-Orient et de l'Asie du Sud, ce qui viendrait compléter les sacrifices de nos braves soldats qui participent à la mission OTAN-ONU en Afghanistan.
Une aide ciblée de l'ACDI, destinée à un petit nombre de pays soigneusement sélectionnés, où notre aide peut faire la différence et briser le cercle vicieux de la dépendance et de la gouvernance non démocratique, enverrait le message que l'aide canadienne n'est pas inconditionnelle. En d'autres termes, l'aide canadienne sera versée aux pays où la population et le gouvernement s'engagent à faire échec à la pauvreté et à construire une société libre et ouverte. Cette façon d'attribuer l'aide respecterait par ailleurs nos propres critères en matière de responsabilité, ferait avancer la cause de la démocratie et de la liberté, et serait porteuse d'espoir pour les femmes et les enfants, qui sont souvent les premières victimes.
En conclusion, la CCD considère que le travail du comité parlementaire ici réuni est extrêmement important. Cela est tout particulièrement le cas étant donné les plus de 3,1 milliards de dollars qui sont gérés annuellement par l'ACDI et les politiques et déclarations du gouvernement du Canada en matière de reddition de comptes et de transparence.
Nous savons bien que l'ACDI est en train de mettre en oeuvre un nouveau programme à quatre volets pour améliorer l'efficacité de l'aide et qui comprend: une concentration plus stratégique du programme d'aide; l'amélioration de la prestation des programmes; une utilisation plus efficace des ressources de l'Agence, y compris le renforcement de sa présence sur le terrain; et une reddition de comptes claire en matière de résultats. Cependant, cette initiative ne respecte pas les normes raisonnables en matière de responsabilité politique, administrative et parlementaire qui sont prévues par la Loi fédérale sur la responsabilité.
Tout ceci amène la CCD à demander aux membre du comité permanent de faire ce qui suit:
Premièrement, veiller à ce que le Comité permanent des affaires étrangères et du développement international de la Chambre des communes ait le pouvoir, tel que recommandé par l'honorable juge Gomery, de retenir les services de tout le personnel de recherche, juridique, administratif ou spécialisé nécessaire afin de surveiller le travail du Ministère.
Veiller à ce que toute l'aide accordée par le gouvernement du Canada respecte les exigences en matière de reddition de comptes de la Loi fédérale sur la responsabilité.
Veiller à ce que le vérificateur général du Canada puisse retracer les sommes versées sous forme d'aide et vérifier de manière indépendante tous les bénéficiaires d'aide, qu'ils soient canadiens ou étrangers, gouvernementaux ou non gouvernementaux.
Veiller à ce que l'aide canadienne au développement ne serve pas à appuyer des fonctionnaires ou des gouvernements corrompus ou des personnes qui appuient, glorifient, financent ou encouragent le terrorisme.
Veiller à ce que les pays bénéficiaires fournissent des justifications et obtiennent d'abord l'approbation de l'aide auprès de leurs parlements, avant que l'aide au développement canadienne ne leur soit accordée.
Demander à l'ACDI de prendre à coeur l'exemple donné par l'Inde, qui se veut l'artisan d'une réforme démocratique, et d'adhérer totalement à une vision du développement en tant que tremplin vers la liberté, ce en s'inspirant de l'expérience de l'Inde et des efforts d'Amartya Sen, lauréat du prix Nobel d'économie.
Demander à l'ACDI d'appuyer les ONG locales qui font de la liberté l'un des objectifs stratégiques du développement et demander aussi que l'aide canadienne au développement soit distribuée comme incitatif aux pays bénéficiaires pour faire avancer la cause de la liberté.
Concentrer l'aide canadienne au développement sur un petit nombre de pays, notamment l'Afghanistan, où nous pouvons faire une contribution utile et efficace.
Merci.
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Madame, comme je l'ai mentionné, plus de 150 pays du monde ont ratifié la convention internationale relative aux droits civils et privés. Cette convention contient plusieurs dispositions appuyant la démocratie: la liberté des élections, la liberté d'expression, le droit d'association, les réunions, les assemblées publiques, etc. Malheureusement, en dépit du fait que ce ne sont pas seulement les pays de l'Ouest qui l'ont ratifiée mais aussi des pays d'Amérique Latine, de l'Afrique, de l'Asie — 150, c'est beaucoup —, ces pays n'ont pas toujours procédé à la mise en oeuvre de leurs engagements ou même ils n'ont pas appliqué les dispositions qu'ils ont adoptées, même dans leur propre constitution, parce que dans plusieurs cas, ils ont des chartes des droits.
Comme je l'ai mentionné, à Droits et Démocratie, nous avons notre programme. Nous l'avions mis en oeuvre dans huit pays, au moment de mon départ; il y en a peut-être plus maintenant. Avec les gens, avec les ONG ou avec les syndicats de ces pays, nous étions invités à mettre en oeuvre un programme de développement démocratique utilisant les 10 indicateurs que nous avons mentionnés. Nous avons déterminé quels sont les problèmes dans ces pays, par exemple au Pakistan, en Haïti, au Salvador, au Pérou, et nous avons noté les bons et les mauvais aspects du fonctionnement de la démocratie. Nous avons préparé un rapport qui fut par la suite discuté dans le cadre d'une grande conférence, pas simplement avec la société civile, mais aussi avec les officiels du gouvernement, les députés, la police, l'armée, etc. Le rapport a été préparé par des gens de ces pays avec notre appui et notre financement. Par la suite, ils ont bâti un programme à partir des deux premières étapes visant à améliorer la situation. Maintenant, ce programme est préparé par Droits et Démocratie, mais je suggère qu'il y ait davantage de coordination au sein du gouvernement du Canada.
[Traduction]
Nous devrions avoir une unité centrale qui coordonnerait le développement démocratique. Cette unité pourrait englober Droits et Démocratie, mais j'ai également mentionné Élections Canada, l'ACDI, Radio Canada International, etc. Il pourrait y avoir de nombreux joueurs du côté canadien et de nombreux joueurs du côté du pays concerné, avec lesquels nous aimerions traiter et qui aimeraient quant à eux que nous traitions avec eux.
Enfin, nous devrions également oeuvrer par le biais de programmes multilatéraux. Pour ce qui est du développement démocratique, nous pourrions passer par l'intermédiaire de l'OEA, de l'OSCE, etc., car c'est parfois en oeuvrant avec des partenaires dans les autres pays et des partenaires dans les pays bénéficiaires de l'aide que vous réussissiez le mieux.
Cela demande beaucoup de temps. Je pense que la question a été posée plus tôt, lors de la dernière séance, soit: « Que faire dans le cas des pays qui abordent depuis longtemps les situations de façons que nous ne jugeons pas démocratiques? » Si nous regardons l'histoire de l'Europe, les gens y ont appuyé l'esclavage pendant des centaines d'années. Ils ont appuyé des monarchies suprêmes pendant des centaines d'années. Au XIXe siècle, en Grande-Bretagne, il y avait environ 25 crimes qui étaient punissables par la peine de mort. Cela faisait-il partie de la culture de l'Europe? Non.
Il s'agit ici de valeurs universelles. Les valeurs renfermées dans la Déclaration universelle des droits de l'homme ne sont pas simplement des valeurs canadiennes. Ce sont des valeurs qui ont été appuyées par des gens du monde entier, et il nous faut travailler ensemble pour les faire respecter.
Je tiens par ailleurs à m'excuser du fait que notre mémoire ne vous ait pas été fourni en français. Nous en avons tout juste terminé la rédaction hier. Nous n'avons qu'un seul employé et nous avons reçu le texte tout juste ce matin. Je regrette de ne pas avoir pu vous le fournir plus tôt, mais les ressources dont nous disposons sont très limitées.
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Monsieur le président, voudriez-vous que j'en fasse lecture?
Je propose que le comité invite les hauts fonctionnaires du ministère des Affaires étrangères et du Commerce international responsables de la décision de fermer les consulats canadiens de Milan, en Italie, de Saint-Pétersbourg, en Russie, ainsi que de Fukuoka et d'Osaka, au Japon, à comparaître devant le comité d'ici le 20 février 2007 afin d'expliquer la raison, le coût et les répercussions de cette décision.
Je présente cette motion, monsieur le président, mesdames messieurs les membres du comité, car dans la région de Kansai, au Japon, par exemple, la région d'Osaka, qui compte 25 millions d'habitants, constitue le deuxième marché au Japon et est important sur le plan de notre rayonnement, des échanges et des affaires. J'aimerais bien connaître le raisonnement qui a présidé à la fermeture de ce consulat, qui emploie un Canadien et sept locaux, dans une ville où sont situées des compagnies comme Sony et Panasonic. Je pense que c'est très important: si l'on va réduire notre présence sur le deuxième plus gros marché, je pense que cela mérite un débat.
Pour ce qui est de Milan, Milan compte quatre Canadiens et 18 locaux, et ce consulat est la plaque tournante pour une grande partie du commerce avec l'Europe de l'Est. L'ambassadeur Numata nous a fait part, en tout cas, des préoccupations suscitées par les fermetures de Fukuoka et d'Osaka, etc.
Je pourrais poursuivre, monsieur le président, mais je vais m'en tenir là pour ne pas prendre trop de temps.
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Je vais vous donner les raisons des autres fermetures. Vous ne voulez peut-être pas les entendre, mais d'autres oui.
Étant donné que l'on jugeait qu'il n'y aurait pas de répercussions du tout sur les services dans ces trois pays du G-8, avec leur infrastructure, etc., il a été décidé que ce regroupement — ce n'est pas une fermeture, c'est un regroupement de ces missions — aurait un impact zéro.
Compte tenu de cela, les agents canadiens en poste seront réaffectés à d'autres fonctions et le personnel local suivra le contrat, soit la gamme des services et tout le reste.
Le gouvernement du Canada passe en revue périodiquement ses ambassades pour décider d'en ouvrir de nouvelles ou d'en fermer d'anciennes. C'est ce que tous les gouvernements ont toujours fait, y compris le vôtre.
Dans le passé, 43 missions nouvelles ont été ouvertes, mais 31 fermées après évaluation de leur utilité, l'étude des implantations et de la meilleure façon de procéder. Le Cabinet a effectué ce même exercice.
Il n'y aura pas de changement, en ce qui concerne la disparition de ces postes d'agents. L'économie totale produite par les fermetures sera de 3,6 millions de dollars, et s'inscrit dans le programme d'austérité que le Cabinet a décidé pour 2007 et 2008.
Nous avons travaillé en concertation avec les gouvernements nationaux et les avons informés. Tout cela faisait partie intégrante de l'action gouvernementale entreprise là-bas. Voilà l'explication, la raison d'être de ces regroupements.
C'est la réponse que vous allez obtenir, monsieur le président, si le ministre comparaît — non pas les fonctionnaires ministériels, mais le ministre, s'ils veulent bien l'écouter, non pas le responsable mais celui qui va parler au nom du gouvernement. Et je viens de parler au nom du gouvernement.
Si le comité veut continuer ainsi et gaspiller de l'argent, qu'il le fasse.
[Traduction]
J'aimerais simplement dire que nous ne demandons pas tant de choses que cela; nous demandons que le Canada « joigne les rangs des... pays » — nous pouvons supprimer « vingt-six » car nous savons maintenant qu'il y en aura 30 — « qui sont mobilisés pour élaborer une... convention internationale », pas une nouvelle, car il n'y en a pas, en ce sens que s'il y en avait une ancienne, alors il faudrait qu'il y en ait une nouvelle. Il s'agit donc d'élaborer une convention internationale, alors disons simplement que nous nous joindrons à ceux qui veulent amener le monde à mettre fin à ces bombes à fragmentation. Il me semble que c'est là quelque chose de très simple. Nous n'avons pas à attendre de voir ce qui va se passer. Nous pouvons nous joindre aux efforts du monde, voir ce qui va se passer là-bas, et par la suite nous n'aurons en un sens plus qu'à pousser notre gouvernement.
Votre gouvernement, monsieur Obhrai, n'a pas... Si mon collègue, M. Wilson, n'avait pas posé la question la semaine dernière... Vous étiez indécis quant à l'idée d'aller à Oslo. Vous avez décidé après que les États-Unis aient décidé d'y aller en qualité d'observateurs.
Sous le deuxième point, je supprimerais la mention « tant que ».
Madame McDonough, lorsque vous dites « Déclare un moratoire sur l'utilisation, la production, le commerce, le transfert ou l'acquisition de munitions à dispersion » — de bombes — « tant que les enjeux humanitaires reliés à cette question ne soient abordés », je pense que nous devrions supprimer cette partie. D'après ce que je comprends — je suis francophone — cela signifie que lorsque les enjeux humanitaires auront été abordés, alors il n'y aura plus de moratoire. Nous pourrions supprimer cela.
Au point suivant, je dirais « Complète la destruction des bombes à dispersion qui se trouvent dans l'arsenal militaire canadien ». Un point c'est tout. Nous demandons simplement que le Canada soit l'un des pays chef de file, car nous avons, par exemple, fait preuve de leadership avec la convention canadienne sur les mines antipersonnel. C'est tout ce que nous demandons. Nous ne demandons rien d'autre.
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Premièrement, je tiens à remercier Bryon pour tout le mérite qu'il m'attribue. Merci beaucoup.
Pour revenir à l'aspect essentiel de la chose, nous avons joué tout un rôle de premier plan lors de l'élaboration du protocole V. Celui-ci fait maintenant l'objet d'une analyse interministérielle finale, avant sa signature. Le Canada a joué un rôle très important. La décision qui a été prise relativement à la Norvège est que le Canada s'y rendrait pour participer. Ce n'est pas d'y aller et d'y être un observateur. Nous allons participer à part entière à tout ce qui se fera là-bas.
Une voix: Pourquoi le ministre n'y est-il pas allé...
M. Deepak Obhrai: Pourquoi ne me laissez-vous pas terminer lorsque j'ai la parole? Vous avez déjà eu votre tour. Je vous demande d'écouter attentivement.
Permettez que je revienne en arrière; il s'agit d'une question importante.
Nous allons donc nous rendre là-bas. La difficulté ici, du point de vue du gouvernement, est que vous voulez déclarer un moratoire, vous demandez que des mesures soient prises avant que l'instrument ne soit signé... et l'on ne sait pas ce qui sera négocié par l'instrument, qui englobera beaucoup d'autres choses, l'aspect juridique et tout le reste.
Si, par contre, vous proposiez une motion générale, quelque chose du genre: le Canada va participer en Norvège, et nous aimerions que le Canada soit très engagé dans ce travail, l'objectif étant de réaliser... peu importe, alors ce serait différent.
Cette motion, du point de vue du gouvernement, est que nous voulons aller à Oslo avec l'idée de voir ce qui se passe et comment négocier... pas comment négocier, mais être là. Notre souci, donc, est que cette motion...
Je vous demanderais simplement de la garer en attendant que l'instrument soit négocié là-bas, auquel cas vous aurez une meilleure idée de l'orientation que vous voudrez prendre avec une motion subséquente, si vous vouliez en proposer deux.
Je voulais simplement dire que nous avons ce souci, et qu'à cause de cela le gouvernement votera peut-être contre la motion, ce que nous ne voulons pas faire, car nous voulons envoyer un message unanime, disant que les bombes à fragmentation sont un dossier très important pour tous les fonctionnaires au ministère. Si donc cette motion était rédigée en un libellé que nous pourrions tous appuyer, alors cela enverrait un message unanime.
Ces gens sont au pouvoir depuis 13 ans — ce qui était un désastre —, mais ils savent comment fonctionnent les gouvernements. C'est pourquoi nous avons cette petite difficulté.
Nous comprenons que les bombes à fragmentation sont une question importante pour les Canadiens.