:
Merci beaucoup, monsieur le président, merci à mes collègues distingués et aux membres du comité, aux fonctionnaires et aux membres du public qui nous écoutent.
D'emblée, monsieur le président, je remercie le comité d'être un des plus actifs, voire le plus actif du Parlement. Je vous félicite de votre travail.
[Français]
Je suis heureux de pouvoir célébrer la Journée internationale de la Francophonie en votre compagnie et de discuter avec vous d'importants éléments de notre politique étrangère, ainsi que de la contribution de mon ministère au service du Canada et des Canadiens.
[Traduction]
D'abord, monsieur le président, laissez-moi vous dire quelques mots sur la politique étrangère du Canada. Cette politique est claire. Elle vise à restaurer le leadership du Canada dans le monde. Elle est axée sur des priorités et est mise en oeuvre au moyen de gestes concrets et non par une rhétorique creuse ou par des promesses intenables.
Le premier ministre et moi avons parlé à maintes reprises des priorités de notre politique étrangère, et d'autres ministres l'ont fait aussi. Je vais vous les répéter. Nos priorités sont de jouer un rôle de chef de file dans l'instauration de la paix et dans la reconstruction en Afghanistan; de rétablir la relation entre le Canada et les États-Unis afin qu'il s'agisse d'une relation d'affaire axée sur le respect; de reconstruire nos capacités de défense; de promouvoir les valeurs canadiennes que sont la liberté, la démocratie, les droits de la personne et la primauté du droit; d'assurer la compétitivité internationale du Canada; enfin, de jouer un rôle plus déterminant dans cet hémisphère où l'histoire nous lie aux autres, où nous avons des intérêts substantiels et où les liens interpersonnels ne cessent de croître.
Les mesures que nous avons prises depuis un an montre bien que notre politique étrangère est ciblée. Elle servira nos intérêts et nos valeurs dans un monde de plus en plus complexe.
Vous avez raison, monsieur le président, j'ai été invité à discuter de quatre dossiers au cours de cette réunion, et je vous demanderais d'être patient; mon exposé sera sans doute un peu plus long qu'à l'habitude compte tenu de l'importance de ces dossiers. Il s'agit de l'Afghanistan, de la Convention des Nation Unies sur les droits des personnes handicapées, de la consolidation de notre représentation diplomatique à l'étranger et du budget principal des dépenses de mon ministère, y compris notre Rapport sur les plans et priorités.
D'abord, l'Afghanistan. Lors de ma dernière comparution devant vous en novembre, j'ai parlé d'un monde complexe en mutation — un monde dans lequel les intérêts et les valeurs du Canada sont en jeu. J'avais dit alors que la sécurité et la prospérité du Canada dépendaient des événements économiques et politiques mondiaux, ainsi que de la qualité et de la profondeur de notre interaction avec eux. Par conséquent, le Canada doit influencer et orienter ce monde du mieux qu'il le peut.
Rien n'est arrivé depuis qui me fasse changer d'idée. En fait, ces quelques mois ont plutôt eu pour effet de renforcer mes convictions. La mission du Canada en Afghanistan est la priorité centrale de mon ministère. Nous y sommes engagés à fond — non seulement aujourd'hui, mais aussi à long terme.
Le gouvernement du Canada compte sur les compétences, la détermination et le courage du personnel d'autres ministères — plus particulièrement la Défense nationale, Sécurité publique Canada, la GRC, l'ACDI et Service Correctionnel Canada — pour aider à faire de l'Afghanistan un pays qui respecte les droits de la personne et où le développement, la primauté du droit et la bonne gouvernance peuvent trouver un terreau fertile.
Laissez-moi vous rappeler pourquoi le gouvernement est tellement résolu à assurer le succès de la mission du Canada en Afghanistan.
D'abord, un Afghanistan stable et débarrassé des extrémistes renforce la sécurité internationale, et donc celle du Canada. Nous sommes donc là-bas pour protéger la sécurité du Canada et des Canadiens en procurant stabilité, sécurité, développement et aide humanitaire aux Afghans. C'est notre responsabilité principale.
Cette mission, menée sous les auspices de l'OTAN, est fermement soutenue par la communauté internationale, par le biais du mandat du Conseil de sécurité de l'ONU. Nous sommes là-bas pour aider les Afghans et leur gouvernement à mettre en oeuvre le Pacte de l'Afghanistan. Ce pacte engage la communauté internationale — ainsi que le gouvernement de l'Afghanistan et l'ONU — à réaliser des progrès dans trois domaines connexes : la sécurité, la gouvernance, ce qui comprend la primauté du droit, les droits de la personne et la lutte contre la corruption, et enfin, le développement économique et social.
[Français]
Alors, comment se déroule la mission du Canada en Afghanistan, et quel est notre pronostic à l'approche du printemps?
J'encourage les membres du comité et tous les Canadiens à lire le rapport que les ministres O'Connor, Verner et moi-même avons déposé au Parlement il y a trois semaines. Il s'intitule « La mission du Canada en Afghanistan : mesurer les progrès ».
[Traduction]
Ce rapport mesure les progrès accomplis et recense les besoins à combler. Il s'agit d'une évaluation réaliste, qui ne laisse planer aucune illusion quant aux difficultés qui nous attendent entre maintenant et le long terme.
Cela dit, il y a des progrès réels qui peuvent être mesurés. On le constate dans l'élargissement de la sécurité, la mise en place d'institutions démocratiques et d'une infrastructure publique, et dans l'aide au développement. L'aide canadienne sert à l'approvisionnement en nourriture, en eau et aux autres nécessités de base. Elle va aussi aux écoles, aux villages et aux communautés. Grâce à elle, les Afghans, particulièrement les femmes, peuvent bénéficier d'un micro-crédit pour lancer de petites entreprises.
J'ai moi-même constaté ces progrès à l'occasion de mes deux visites en Afghanistan, dont la toute dernière a eu lieu en janvier. J'ai vu les bienfaits du programme de micro-crédit que finance le Canada et qui permet à des Afghanes de prendre leur juste place dans la société. J'ai vu ce progrès dans les yeux des jeunes garçons qui apprennent à devenir charpentier et ferblantier grâce à un projet canadien qui leur donne un métier et la possibilité de façonner leur avenir et les outils pour retourner dans leurs collectivités et commencer à travailler et à former les autres. Je l'ai vu aussi dans les yeux de ces jeunes filles qui vont à l'école pour la première fois de leur vie et apprennent à lire avec enthousiasme, en rêvant de devenir elles-mêmes institutrices un jour. J'ai vu la fierté des diplômés de l'école de police lorsqu'ils ont fait le serment d'appliquer la loi, qu'ils ont fêté leur réussite, soutenus et félicités par leur pays.
Voilà le progrès auquel nous assistons et qui nous encourage d'être optimiste et de persévérer dans nos efforts. Les questions difficiles que nous posons dans le rapport nous obligent à nous focaliser sur ce qui fonctionne et sur les défis à relever.
Comme vous le savez, le premier ministre a récemment annoncé que le Canada allait verser 20 millions de dollars supplémentaires pour la reconstruction et le développement. Cette somme vient s'ajouter aux 100 millions de dollars que nous consacrons déjà chaque année aux activités de développement et qui font du Canada un des plus importants pays donateurs en Afghanistan. En fait, l'Afghanistan est déjà le premier bénéficiaire de l'aide étrangère accordée par le Canada.
Nous continuons à chercher des programmes de partenariat avec des pays comme la Suède, la Norvège et les Pays-Bas. Ces nouveaux fonds seront acheminés vers des programmes déjà implantés, conçus par les Afghans et soutenus par les Nations Unies, partout au pays. Les critères de réussite axés sur le rendement font partie de notre processus de prise de décision.
En outre, l'aide canadienne stimule l'économie locale. Cela renforce la confiance et les espoirs des habitants et leur permet aussi de participer réellement à la poursuite et au succès des initiatives et projets financés par le Canada.
Je pense ici à l'argent que nous avons versé pour la fourniture d'uniformes aux policiers, par exemple qui sont fabriqués par des membres de la communauté. Je pense aux projets d'approvisionnement en eau, aux projets relatifs aux routes, aux ponts et à un projet unique que je vais vous décrire. On envoie un wagon ou un gros conteneur rempli d'outils pour l'agriculture, des tuyaux, des râteaux, des graines, des imperméables, des bottes et d'autres types d'outils nécessaires à l'agriculture. Les clés sont remises à un membre de la communauté, un aîné ou tout autre représentant, qui décide de la manière dont ces ses biens seront utilisés. Il s'agit d'une aide instantanée, qui produit un effet immédiat et tangible sur la communauté.
Des 200 millions de dollars supplémentaires annoncés, 120 millions seront remis au Fonds pour la reconstruction en Afghanistan, qui est administré par la Banque mondiale. Une partie de cet argent sera répartie entre trois programmes fructueux : le Programme national de solidarité, le mécanisme principal du gouvernement afghan pour le développement communautaire; un programme de soutien opérationnel au gouvernement afghan; et le programme national de micro-crédit, auquel le Canada a déjà versé 40 millions de dollars.
Lorsque j'étais à Kaboul pour rencontrer le ministre du développement communautaire du gouvernement Karzaï, j'ai vu une carte qui faisait état des régions auxquelles le gouvernement afghan versait de l'aide au développement et déployait des programmes de développement partout au pays. Vingt millions de dollars seront remis à l'Office des Nations Unies contre la drogue et le crime, pour aider à lutter contre le trafic de stupéfiants et la criminalité internationale — une autre priorité fondamentale — et dix millions de dollars iront au Fonds spécial de lutte contre les stupéfiants, pour améliorer les institutions afghanes d'application de la loi et de justice pénale et pour soutenir la Stratégie nationale de lutte contre la drogue en Afghanistan.
De plus, vingt millions de dollars iront au Fonds en fiducie pour le maintien de la loi et de l'ordre en Afghanistan, qui permet aux agents de police de retirer régulièrement leur plein salaire directement des banques, ce qui facilite la création d'une force de police plus professionnelle et améliore la sécurité des Afghans. Cet argent vient s'ajouter à une contribution canadienne précédente de vingt millions de dollars. Je peux vous dire que les besoins sont criants dans cette région où les talibans, dans certains cas, essaient de recruter ces mêmes agents de police.
Si nous améliorons la capacité du gouvernement afghan à payer ses agents de police, ce qui leur permet de gagner leur vie et de nourrir leur famille, cela fera une différence énorme en ce qui concerne le recrutement et la formation et la consolidation d'une force de police professionnelle.
Enfin, une autre somme de 20 millions de dollars ira au Programme antimines pour l'Afghanistan des Nations Unies. Cette contribution nous rapprochera encore davantage de notre objectif, qui est de libérer l'Afghanistan des mines et des munitions non explosées. Chaque mois, les mines tuent ou blessent en moyenne 60 Afghans, dont la moitié ont moins de 18 ans. Encore une fois, il s'agit d'un besoin criant.
Monsieur le président, 10 millions de dollars seront remis à la Banque asiatique de développement. Cet argent servira à la construction d'un lien de transport stratégique pour la ville de Kandahar, une priorité de la stratégie nationale de développement de l'Afghanistan. Outre qu'elle permettra aux agriculteurs d'apporter leurs produits au marché, la construction de cette route créera des emplois locaux forts nécessaires.
Le Canada maintient des programmes bilatéraux clés, comme les programmes de formation professionnelle et d'aide alimentaire pour les veuves de guerre. À Kandahar, 16 cours de formation professionnelle sont actuellement financés par le programme de solidarité nationale et nous espérons pouvoir reproduire ce genre de programmes fructueux ailleurs dans la région de Kandahar.
Le Canada contribue également à l'immunisation de plus de 7 000 enfants afghans, dans le cadre d'une initiative d'éradication de la polio. Une contribution de 5 millions de dollars versée en octobre 2006 permet justement de vacciner 350 000 enfants dans la province de Kandahar. Nous avons fourni des trousses de diagnostics de santé pour les femmes au Programme médical de l'Université de Kandahar. Des équipes provinciales de reconstruction ont donné des fournitures et des articles de literie à l'Hôpital de la police nationale afghane, à Kandahar.
Monsieur le président, ce n'est là qu'un aperçu extrêmement limité de ce que fait le Canada pour le développement, la reconstruction et l'éducation en Afghanistan. Mais c'est un aperçu qui illustre, je l'espère, un point fondamental : les progrès sont énormes et mesurables et leurs retombées se font sentir partout au pays. Le a chargé le MAECI de coordonner, de cibler et de mettre en oeuvre les politiques du gouvernement du Canada en Afghanistan. Il a nommé son ex-conseiller principal en matière de politiques étrangères et de défense, M. David Mulroney, au poste de sous-ministre délégué aux Affaires étrangères et l'a chargé d'assurer la coordination interministérielle ainsi que la cohérence de la politique étrangère concernant l'Afghanistan.
Je crois que les Canadiens commencent à mieux comprendre cette mission internationale, le peuple Afghan et ses difficultés, ainsi que les enjeux dans la région. Ils entendent plus souvent parler de la façon dont le Canada aide le gouvernement et le peuple afghans à atteindre leurs objectifs. Ils comprennent que les efforts du Canada comportent aussi une aide au développement et une aide humanitaire, un soutien diplomatique et un appui à la gouvernance — ainsi que la présence nécessaire de nos troupes pour assurer la sécurité dans des circonstances difficiles et dangereuses.
Monsieur le président, j'insiste sur ce point. Aucun des programmes précédents, l'aide et le travail humanitaire, ne peuvent fonctionner sans le périmètre de sécurité permis par les forces de l'OTAN, qui comprennent nos soldats.
Partout au pays, les Canadiens manifestent leur appréciation pour nos militaires qui participent à cette mission. Qu'ils portent un t-shirt spécial pour souligner les « vendredis en rouge », qu'ils participent à des rassemblements ou qu'ils écrivent à nos soldats, les Canadiens montrent à quel point ils sont fiers de leurs Forces armées. Je profite d'ailleurs de l'occasion pour offrir, au nom du Canada, mes condoléances aux familles et aux amis de ceux qui ont donné leur vie pour cette cause et notre soutien à ceux qui ont été blessés — Récemment, le caporal Kevin Megeney, un jeune homme de ma ville natale de Stellarton, a perdu la vie, il y a à peine quelques semaines.
Nous ne pourrons jamais trop exprimer ou exprimer assez fort notre soutien pour ceux qui ont été blessés au cours de cette mission, au nom du Canada. Mais seule la sécurité en Afghanistan permet aux spécialistes du développement et aux humanitaires d'aider les Afghans par des projets axés sur le développement économique, l'éducation et la reconstruction. Seule la sécurité permet de consolider les premières étapes fragiles de la gouvernance démocratique et de la primauté du droit. Seule la sécurité permet de bien enraciner les droits de la personne en Afghanistan, de les protéger sur le plan juridique et de les faire respecter en public.
Grâce aux compétences, au professionnalisme et au courage de nos soldats, la paix naissante qui règne presque partout au pays s'étend maintenant à de grandes parties de la province de Kandahar. Nous sommes présentement en train de consolider ces acquis sur le plan de la sécurité et nous en profitons aussi pour contribuer davantage au bien être des citoyens, pour réaliser des projets de reconstruction, pour construire des écoles et des routes, pour encourager la création de petites entreprises et pour exécuter des programmes axés sur la gouvernance.
Mesurer les progrès dans un environnement aussi difficile que celui de l'Afghanistan n'est pas une mince tâche. Il est néanmoins encourageant de voir les citoyens et leur gouvernement commencer à gérer eux-mêmes le programme et les priorités de leur propre développement, consolider une force armée et une force de police professionnelles
Monsieur le président, encore une observation personnelle : les routes, les ponts et les projets construits par les citoyens du coin sont défendus farouchement contre les talibans. Les Afghans font de ces projets les leurs. Il y a une fierté intrinsèque qui découle de la façon dont ils défendent ces projets.
Monsieur le président, cela va continuer. Nous allons continuer de garder à l'oeil tous les projets de développement, de manière que nos efforts correspondent étroitement à l'intention et à l'objet des résolutions annuelles du Conseil de sécurité de l'ONU, ainsi qu'aux normes établies par la Communauté internationale dans le Pacte de l'Afghanistan.
Il est vrai que la mission du Canada en Afghanistan est exigeante, mais le coût de l'échec ou de l'abandon serait très élevé. La pauvreté du pays, le trafic de la drogue, l'insurrection des talibans dans le Sud, tout cela combiné aux enchevêtrements politiques complexes de l'Afghanistan constitue un immense défi pour le peuple afghan.
Rappelez-vous les paroles de Chris Alexander, dans sa comparution devant votre comité :
Les milliards de dollars consacrés à l'Afghanistan au cours des cinq dernières années seraient oubliés, alors que l'existence même de l'OTAN et de l'ONU serait menacée, en cas de retrait des Occidentaux. Plus tragique encore, aucun de nous ici ne saurait expliquer aux familles des 44 Canadiens qui ont perdu leur vie en Afghanistan quelle était la raison de ce sacrifice.
James Appathurai, porte-parole du Secrétariat international de l'OTAN a aussi témoigné, je crois. Il a parlé des effets désastreux et dévastateurs sur l'Afghanistan d'un retrait de la mission de l'OTAN.
Monsieur le président, ce contexte représente un danger grave et constant pour la paix et la stabilité non seulement dans la région, mais également, comme nous l'avons vu il y a un peu plus de cinq ans, dans le reste du monde, notre continent compris.
[Français]
Le Canada prend des mesures afin que l'Afghanistan ne redevienne pas un havre pour ceux qui menacent la paix et la sécurité internationales, y compris notre propre sécurité. Le Canada donne également suite à sa promesse d'aider le peuple afghan. Les Canadiens peuvent à bon droit être fiers du rôle et des réalisations de leur pays.
[Traduction]
Le gouvernement du Canada maintiendra le cap dans le dossier de l'Afghanistan et je peux vous assurer que mon ministère tracera la voie à suivre à cet égard. C'est la plus grande priorité du gouvernement en matière de politique étrangère.
Si vous permettez, monsieur le président, je passerai maintenant à un autre des thèmes qu'on m'a invité à aborder aujourd'hui. Il s'agit d'une des plus importantes et récentes percée en matière de droits de la personne dans le monde : la Convention des Nations Unies sur les droits des personnes handicapées, qui a été adoptée par l'Assemblée générale de l'ONU le 13 décembre 2006. La Convention sera ouverte à la signature dans 10 jours, le 30 mars, lors d'une cérémonie spéciale qui se tiendra au siège de l'ONU, à New York.
Cette convention est un développement majeur du droit international relatif aux droits de la personne. Application particulière des droits humains actuels, elle vise à répondre aux situations et réalités des personnes handicapées. En ce sens, elle promet d'être un outil important pour la protection et la promotion de ces droits. C'est pour cela que, à notre avis, l'élaboration d'une telle convention tardait depuis trop longtemps déjà. La Convention est, fondamentalement, un instrument juridique et destiné à prévenir la discrimination. Le Canada se réjouit donc des solides dispositions qu'elle contient en matière d'égalité des droits et de l'importante contribution qu'elle apporte au concept des accommodements raisonnables, cet élément si crucial de la pleine participation des handicapés à la vie sociale.
Monsieur le président, le Canada est fier d'avoir participé activement à la négociation de cette convention et il soutient pleinement les principes qu'elle reflète. Tout au long de ces négociations d'ailleurs, le gouvernement fédéral a travaillé de près avec les provinces et les territoires, comme il le fait pour tout accord susceptible de toucher leurs domaines de compétence. C'est un exemple de ce que le premier ministre appelle le fédéralisme flexible, monsieur le président. Nous avons aussi discuté fréquemment avec les membres de la société civile pendant tout ce processus de négociation, et nous avons reconnu l'importance particulière que cet instrument revêt pour eux, tant en termes pratiques que symboliques.
Nous sommes présentement engagés dans le processus de consultation préalable à la signature. J'ai personnellement pris contact avec chacun de mes collègues provinciaux et territoriaux au cours des deux dernières semaines, dans le but d'accélérer ce processus. Je comprends et partage votre ardent désir de voir le Canada signer cette convention le plus rapidement possible. Je peux vous assurer que c'est là un dossier que je suivrai de très près et j'espère que le tout se réglera dans un proche avenir.
Je passerai maintenant au prochain thème, monsieur le président, soit celui de la consolidation de notre représentation diplomatique à l'étranger. Le gouvernement du Canada est fermement déterminé à utiliser l'argent des contribuables de manière responsable et efficace dans la poursuite de ses objectifs en matière de politique étrangère et de commerce international. Après un examen minutieux des meilleurs moyens de réaffecter nos ressources, nous avons décidé de fermer le consulat général de Milan, en Italie, et celui de Saint-Pétersbourg, en Russie, ainsi que les consulats d'Osaka et de Fukuoka, au Japon. Cet examen nous a démontré que les ambassades de Rome, Moscou et Tokyo pouvaient, à moindre coût, assurer un large éventail de programmes et de services pour promouvoir les intérêts du Canada dans les pays en question.
[Français]
Ces consolidations s'inscrivent dans l'exercice de réduction des dépenses annoncé par le gouvernement du Canada le 25 septembre 2006. La fermeture de ces missions montre que le gouvernement est prêt à réduire les coûts, à fixer les priorités, à revoir les dépenses existantes et à faire des choix, parfois difficiles, dans l'intérêt des contribuables canadiens.
[Traduction]
Monsieur le président, pour vous donner une idée des fluctuations qui accompagnent la réaffectation des ressources vers des dossiers prioritaires, je vous dirai que, entre 1993 et 2006, le Canada a fermé 31 missions et en a ouvert 43 ailleurs. Notre nouvelle ambassade à Kaboul est, à cet égard, un exemple notable parmi d'autres.
Les pays où les services ont été consolidés ont actuellement une excellente infrastructure de transport et de communication qui facilite le maintien du service à la clientèle. Voici un exemple. Notre consul à Osaka prépare actuellement une stratégie et un manuel pour le programme commercial dans la région de Kansai. Il sera réaffecté à une autre mission au Japon et ne quitte donc pas ses fonctions. Notre ambassade à Tokyo ainsi que nos consulats à Nagoya et Hiroshima prendront la relève et poursuivront l'élaboration de la stratégie et du manuel.
La consolidation des missions ne signifie aucunement que les pays concernés sont devenus moins importants pour le Canada. Nos relations avec l'Italie, la Russie et le Japon demeurent solides. Ce sont des membres clés du G8 et d'importants partenaires. Il existe entre eux et nous de profonds liens interpersonnels qui faciliteront le maintien de nos partenariats.
Les pays touchés comprennent très bien notre position, puisqu'ils doivent aussi composer avec les mêmes contraintes — à savoir comment préserver les contacts diplomatiques et assurer de nombreux services en cette époque marquée par une mondialisation accélérée et d'importants problèmes de sécurité. Il en va de même pour nos autres alliés et amis. Ils doivent tous demeurer souples, réaffecter leurs ressources, renforcer leur représentation dans certaines régions, tout en procédant à des consolidations dans d'autres, afin de réduire les coûts partout où c'est possible.
Depuis près de 100 ans, le MAECI maintient une forte tradition d'implication dans les affaires mondiales. Il défend et poursuit les intérêts du Canada dans le monde et veille à ce que la communauté internationale soit à l'écoute des Canadiens. Le a été très clair dans ses récentes déclarations publiques quand il a dit que la défense et la promotion des intérêts et des valeurs du Canada dans le monde sont une des priorités du gouvernement. Les questions internationales sont en effet de plus en plus au coeur des préoccupations des Canadiens. Les récents cas consulaires qui ont fait la manchette illustrent la nécessité de protéger les Canadiens à l'étranger. Je vous signale, monsieur le président, qu'il y a environ 2,3 millions de Canadiens qui vivent, travaillent ou voyagent à l'étranger.
Laissez-moi vous brosser un rapide tableau de la répartition de notre budget. Le maintien du réseau du Canada à l'étranger absorbe pratiquement la moitié de notre budget total. Mais ce réseau n'est pas la chasse gardée du MAECI. Peu de gens savent en effet que mon ministère soutient 20 autres ministères et organismes partenaires, ainsi que trois provinces, par l'entremise de son réseau de missions.
Je voudrais insister sur ce point. Quand nous parlons de représentation du Canada à l'étranger, nous ne parlons pas uniquement du MAECI. Nous parlons du “Canada à l'étranger” — un service pancanadien pour l'ensemble du gouvernement. Et quand nous parlons des missions diplomatiques du Canada, vous ne trouverez pas que des agents du service extérieur. Vous y verrez aussi des agents de Citoyenneté et Immigration, de la GRC et des gouvernements provinciaux, ainsi que des spécialistes de Santé Canada ou d'Agriculture Canada. Le public comprend mal le soutien que le MAECI apporte aux autres ministères et partenaires et je pense qu'il faut corriger la situation.
Un quart de budget couvre les frais de participation du Canada aux organisations internationales — encore là, au nom de tout le gouvernement du Canada. Le dernier quart de ce budget, soit environ 500 millions de dollars, est consacré aux secteurs opérationnel et aux programmes.
En même temps, nous devons, comme les autres ministères, limiter nos dépenses. Cela fait partie intégrante du programme économique du gouvernement, qui veut contrôler les dépenses de programme et optimiser l'utilisation des ressources. Je peux vous garantir que le MAECI fait et continuera de faire sa part pour gérer les réductions budgétaires tout en demeurant résolu à offrir le meilleur service possible aux Canadiens.
Toutes les bonnes organisations ont des défis à relever. Le MAECI ne fait pas exception. Et toutes les bonnes organisations tournent ces défis à leur avantage. Être bon gestionnaire, c'est justement savoir saisir ces possibilités au vol, même s'il faut se serrer la ceinture. Nous devons avoir la souplesse voulue pour répondre aux événements mondiaux. Nous devons être là où les débouchés se présentent, où les intérêts du Canada et des Canadiens sont en jeu, et où notre présence peut avoir un effet d'entraînement.
Prenons par exemple notre bureau de Philadelphie, qui récolte plus que sa part des prix habituellement décernés au consulat. Cela est dû au fait que Philadelphie est aussi le site de Pharm Expo, une des plus importantes expositions de biotechnologie au monde. C'est là que vont bon nombre des jeunes entreprises de biotechnologie pour se faire connaître. C'est là aussi que les entreprises canadiennes de ce secteur vont pour trouver des débouchés. Et nous pouvons les aider grâce aux services commerciaux qu'offre notre ministère.
C'est ce que mon ministère fait et continuera de faire. Nous allons continuer de réaffecter nos ressources, en délaissant les priorités moins pressantes au profit des plus importantes — par exemple celles de la politique étrangère du gouvernement que j'ai évoquées au début de mes remarques. Nous allons continuer de faire de notre mieux pour respecter des normes élevées et pour améliorer les services chaque fois que ce sera possible. À cette fin, nous avons pris d'importantes mesures pour rationaliser les pratiques de gestion du MAECI. Cela nous a permis de mener une diplomatie axée sur les résultats, de clarifier l'alignement stratégique avec les grandes priorités générales du gouvernement, de faciliter la présentation de rapports ainsi que d'améliorer les communications avec le reste du gouvernement.
[Français]
Par exemple, les stratégies de pays développées pour chaque mission et les lettres de mandat qui les accompagnent font en sorte que chaque chef de mission sait exactement quelles sont ses priorités et les résultats attendus, et que chacun a la responsabilité de livrer la marchandise.
[Traduction]
Nous améliorons et mettons aussi en oeuvre des moyens novateurs d'assurer les services du gouvernement du Canada à l'étranger, des moyens qui viennent s'ajouter aux opérations traditionnelles. Le service du délégué commercial virtuel, ou DCV, est justement l'une de ces initiatives. Grâce à cet outil interactif, nos délégués commerciaux peuvent communiquer des informations à jour et pertinentes à nos clients et partenaires, et cela 24 heures par jour, peu importe où ils se trouvent. Le service DCV a d'ailleurs récemment remporté le Prix d'excellence du Secrétariat du Conseil du Trésor, tout comme notre service de Diplomatie ouverte en direct et le site Web de notre Direction générale des affaires consulaires. Ces prix venaient saluer un leadership hors de l'ordinaire et une amélioration notable des services aux Canadiens, aux entreprises canadiennes et aux clients étrangers.
Le MAECI demeure déterminé à faire en sorte que ses ressources soient investies de manière à lui permettre de poursuivre efficacement le programme international du gouvernement. Son Rapport sur les plans et priorités décrit cette approche en détail. C'est dans ce contexte financier que mon ministère dépose son Budget principal des dépenses 2007-2008 ainsi que son Rapport sur les plans et priorités.
Le Budget principal des dépenses s'établie à 2,6 milliards de dollars, soit 2 milliards pour les postes budgétaires et 679 millions de dollars pour le poste non budgétaire de la société Exportation et développement Canada. Si on exclu le poste non budgétaire de EDC, on voit que le Budget principal des dépenses du ministère affiche une diminution nette de 142,8 millions de dollars. Le Budget principal des dépenses comporte une mine d'informations sur les programmes, les activités, les opérations et les dépenses du ministère, ainsi que nos plans et priorités pour la prochaine année financière.
Je répondrai évidemment avec plaisir à toute question que les membres du comité pourraient avoir, soit verbalement, soit par écrit à une date ultérieure.
Monsieur le président, cela conclu mes remarques pour aujourd'hui et je suis prêt à répondre à vos question.
Merci beaucoup.
:
Merci, monsieur le président.
Je vous remercie, monsieur le ministre, ainsi que vos collaborateurs, de votre présence ici encore aujourd'hui — et pour deux heures. C'est bien mieux que le peu de temps que nous avons parfois pour poser nos questions, alors nous vous en sommes très reconnaissants.
Monsieur le ministre, vous avez dit d'entrée de jeu que la première priorité de la politique étrangère du Canada est de rétablir le leadership canadien dans le monde. Je ne pouvais pas laisser passer cette remarque sans réagir. Peut-être que vous ne voudrez pas en discuter; vous direz peut-être : « Allez en parler à la ministre responsable de l'ACDI ». Mais si nous voulons en fait rétablir le leadership du Canada et sa réputation dans le monde, force est de dire qu'au chapitre de l'aide publique au développement, l'APD, le budget très décevant qui a été déposé ne fait absolument aucun sens si c'est vraiment là la priorité.
Vous n'auriez pas entièrement tort, monsieur le ministre, de faire remarquer que ce n'est pas le gouvernement conservateur qui a ramené l'APD canadienne de 0,53 p. 100 de notre produit national brut à 0,23 p. 100. C'est là le fait des budgets Martin et du gouvernement libéral. Mais il nous faut partir d'où nous sommes et essayer de faire des progrès.
En fait, le budget qui a été déposé hier nous fera reculer par rapport au niveau où nous avions finalement réussi à nous hisser, puisque nous étions bon derniers avec une APD de 0,3 p. 100 et que nous étions passés à 0,34 p. 100. C'est le dernier budget qui avait permis cette augmentation. Mais le budget d'hier nous ramène à 0,31 p. 100.
À ce rythme-là, même si le budget d'hier avait prévu 600 millions de dollars de plus, il nous faudrait 37 ans avant de respecter l'obligation que nous avons de maintenir notre APD à 0,7 p. 100, ce qui a toujours été considéré, bien entendu, comme le minimum.
Par contre, quand nous nous rendons dans des pays comme la Suède et la Finlande, comme l'a fait notre comité récemment, nous nous rendons compte que ces pays ont déjà atteint 1 p. 100, ou 0,98 p. 100.
Comment alors pouvons-nous être perçus comme ayant repris notre position de leader dans le monde d'aujourd'hui?
Je n'ai pas beaucoup de temps, et j'ai deux autres points à soulever. Le plus facile, et le plus direct, c'est que je tiens d'abord à féliciter le gouvernement qui a fait un pas en avant alors que les Canadiens qui ont un handicap étaient très inquiets que le Canada puisse ne pas participer à la cérémonie de signature qui aura lieu prochainement. Je tiens à féliciter le gouvernement d'avoir répondu présent, d'avoir travailler de concert avec la société civile, avec les groupes de défense des personnes handicapées, qui ont fait preuve d'un leadership extraordinaire, afin que la Convention des Nations Unies sur les droits des personnes handicapées soit adoptée.
J'ai une question bien précise à vous poser, parce que vous avez de nouveau soulevé l'inquiétude, pour tout vous dire, par ce que vous avez dit aujourd'hui — et peut-être que je n'ai pas raison d'être alarmée par vos propos. Vous avez dit qu'il faudrait qu'il y ait davantage de collaboration avec les provinces et les territoires avant que vous ne puissiez signer. J'espère que vous avez en fait voulu dire « avant que vous ne puissiez ratifier » la convention. Car, comme vous l'avez déjà dit ici, vous avez eu des consultations avec les provinces et les territoires, consultations qui se poursuivent. Bien entendu, votre participation à la cérémonie de signature est le prochain jalon important. Le simple fait de la signer ne comporte aucune obligation juridique. C'est en fait une façon de dire que nous respectons les progrès accomplis jusqu'à maintenant et que nous voulons nous assurer de continuer à jouer un rôle de chef de file à cet égard.
Alors, je voudrais vous demander de préciser si le Canada va participer à la cérémonie de signature qui aura lieu prochainement, car cette cérémonie est très importante pour le grand nombre de personnes handicapées au Canada, mais aussi pour les 650 millions de personnes handicapées dans le monde. Si le Canada veut continuer à redorer son blason comme leader, je suppose que j'aimerais vous entendre confirmer votre participation.
Deuxièmement, en ce qui concerne l'Afghanistan, il y a tellement de questions, et il est tellement difficile de traiter de tous les problèmes complexes, mais je veux passer directement au point qui a été soulevé à maintes et maintes reprises, aussi bien devant notre comité qu'aux tribunes internationales, à savoir que la paix et la sécurité en Afghanistan, sans parler des progrès sur le plan humain, passent nécessairement par l'engagement avec les talibans, avec les autres acteurs politiques et les groupes ethniques qui ont été exclus, notamment les Pashtounes.
Dix millions de Pashtounes en Afghanistan sont, en fait, exclus du processus politique, exclus par le gouvernement, exclus de toute véritable représentation politique. Cela a été mentionné de nombreuses fois, y compris par Chris Alexander, qui l'a dit clairement à notre comité, et M. Brahimi, le principal négociateur du pacte de l'Afghanistan, qui a affirmé que c'était-là son plus grand regret. M. Karzaï aussi l'a lui-même dit quand il est venu au Canada et l'a répété depuis, tout récemment, en Afghanistan.
Monsieur le ministre, j'aimerais savoir si vous êtes d'accord avec la position, qui a été préconisée par bien des gens, selon laquelle nous devons inclure les talibans modérés dans les négociations et accentuer davantage la diplomatie musclée et les négociations de paix et être plus inclusifs.
Merci.