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Merci, monsieur le président, et je remercie les membres du comité de nous avoir invités. C'est à la fois un plaisir et un privilège pour nous de prendre la parole devant vous.
Je représente Action Mines Canada, un regroupement de 40 ONG canadiennes qui travaillent sur le dossier des armes activées par les victimes. Les mieux connues d'entre elles sont sans doute les mines terrestres. Nous avons beaucoup collaboré avec les parlementaires et notre gouvernement à la mise en oeuvre du Traité d'Ottawa, mais nous nous intéressons aussi aux autres armes qui causent des problèmes aux populations civiles. Les bombes à sous-munitions en font partie.
Cette semaine est la huitième Semaine canadienne de sensibilisation aux mines, dans l'ensemble du pays. Des événements commémorent et reconnaissent le succès du Traité d'Ottawa, mais engagent aussi les Canadiens à terminer le travail commencé sur le dossier des mines terrestres.
Aujourd'hui, le 1er mars, a été déclaré, dans le cadre de cette semaine, Journée d'action contre les bombes à sous-munitions, ici à Ottawa et dans les autres villes de tout le Canada. Avec mes collègues, Simon Conway et Steve Goose, nous revenons tout juste d'Oslo où 46 pays, y compris le nôtre, ont signé une déclaration dans laquelle ils ont convenu de conclure un nouveau traité, d'ici deux ans, pour interdire les bombes à sous-munitions qui causent des torts inacceptables aux populations civiles.
Nous avons le plaisir de vous faire un rapport à ce sujet et de répondre aux questions que vous voudrez poser, surtout parce que vous avez adopté une motion très importante, ce que nous apprécions beaucoup. Cela a beaucoup facilité nos efforts et est très utile pour le Canada. Je remarque que le Canada s'est déjà engagé à deux des cinq éléments de cette motion.
Bien entendu, nous sommes ici pour voir si nous pouvons aller plus loin et obtenir que ces cinq éléments soient mises en oeuvre, mais nous nous ferons un grand plaisir de répondre à vos questions, après nos déclarations préliminaires, soit pour vous fournir les renseignements dont vous pouvez avoir besoin, soit pour vous faire part de notre point de vue au sujet de la voie à suivre et des mesures à prendre en ce qui concerne l'élaboration du traité et les activités du Canada.
Vous avez déjà présenté nos collègues. Je vous présenterai chacun d'entre eux un peu plus en détail lorsque nous commencerons et je les laisserai vous parler quelques minutes.
Il y a d'abord Simon Conway. Il fait partie de Landmine Action, un organisme britannique qui fait de la recherche et de la promotion pour le déminage. C'est sans doute la principale organisation du pays. Simon est lui-même un ancien soldat britannique et ancien démineur et c'est donc un problème qu'il connaît bien. Il a été dans la plupart des pays touchés par ces bombes, en dernier lieu au Liban, et cette semaine, son organisation a publié une étude très importante sur le Kosovo.
Je vais céder la parole à Simon pour qu'il vous dise quelques mots.
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Je voudrais commencer par citer les paroles qui ont été prononcées en janvier, en Afghanistan, par un porte-parole de l'OTAN, un officier britannique, le Brigadier Richard Nugee qui a déclaré: « Je crois que notre seule erreur majeure, qui s’est montrée très difficile à corriger [en 2007], a été les pertes en vies humaines de civils innocents ».
Je dirais que cela souligne un des écueils de la guerre moderne et aussi le fait que la guerre moderne a changé. La responsabilité de protéger les civils se heurte au besoin d'atteindre un objectif militaire et nous devons donc examiner si nos systèmes d'armes sont les bons pour atteindre notre objectif.
Je voudrais vous expliquer très brièvement ce qu'est une sous-munition. Une sous-munition comprend deux parties. Vous avez le conteneur et les sous-munitions à l'intérieur qui ressemblent aux pois à l'intérieur d'une cosse. Le conteneur peut être une bombe larguée à partir d'un avion, une roquette ou une bombe d'artillerie. Vous pouvez avoir un très grand nombre, parfois des centaines de sous-munitions explosives à l'intérieur de chaque conteneur.
Les sous-munitions proprement dites contiennent généralement une petite quantité d'explosifs. La plupart d'entre elles ont environ la taille d'un poing ou d'une pile D. Elles contiennent des explosifs. Elles sont généralement enrobées d'une enveloppe à fragmentation qui se transforme en shrapnel. Il y a toujours un cône de cuivre qui s'inverse lors de la détonation créant une balle de métal en fusion qui est censée percer le blindage. Son but est donc de transpercer un char et d'exploser à l'intérieur.
Souvent, surtout lorsqu'elles sont larguées à partir d'un avion, ces bombes contiennent une matière incendiaire, généralement du zirconium. Cette matière s'enflamme. Par conséquent, lorsqu'une bombe à sous-munitions explose, cela cause généralement une explosion, une fragmentation, un shrapnel, du métal fondu et un incendie. Comme je l'ai dit, il peut y avoir des centaines de sous-munitions à l'intérieur d'une seule fusée.
Permettez-moi de vous donner un exemple. Le lance-roquettes multiples est un système sur chassis chenille qui lance des roquettes. Il peut en lancer 12 qui contiennent chacune 644 petites sous-munitions. Il suffit donc de pousser sur un bouton pour déployer 7 728 sous-munitions sur une zone d'une superficie d'un kilomètre carré.
Lorsque j'étais dans l'armée et que je suivais mon entraînement juste avant la guerre du Golfe, nous disions que ces machines servaient au quadrillage de nettoyage. Cela me remplissait d'une certaine euphorie en tant que soldat à l'entraînement. Je me demande maintenant s'il est vraiment acceptable d'utiliser, pour le combat, un système d'arme qui bombarde en tapis ou sature un secteur d'un kilomètre carré.
Pour la plupart de ces armes, lorsque les conteneurs individuels s'ouvrent et se dispersent, leur contenu se répand sur l'équivalent de deux à quatre terrains de soccer. C'est peut-être acceptable dans une zone découverte, mais dans une zone urbaine ou une région peuplée, cela répand des sous-munitions non explosées sur une vaste superficie. Voilà donc ce dont il s'agit.
À quoi ces armes étaient-elles destinées?
Les munitions à dispersion ont été conçues pour être utilisées contre des grandes formations d'infanterie blindées, surtout pour empêcher le Pacte de Varsovie de traverser les plaines d'Europe centrale. C'était notre ultime recours pour défendre la démocratie. Voilà à quoi devait servir ce que je retrouve dans le sol des plaines allemandes. Nous étions prêts à nous servir de n'importe quoi contre nos ennemis pour ralentir leur progression.
Dans ces circonstances, vous conviendrez sans doute que nous ne pouvions pas nous offrir le luxe d'examiner si ces armes étaient très précises ou si elles fonctionnaient comme prévu. Cette guerre, qu'on a qualifiée de guerre industrielle — et je me reporte au récent ouvrage du Gén Rupert Smith intitulé The Utility of Force — n'a pas eu lieu et nous ne menons pas ce genre de guerre dans le contexte actuel. Les guerres que nous menons sont ce que le Gén Rupert Smith appelle des guerres contre la population. Nous combattons dans des régions peuplées, dans des régions urbaines. Nous ne menons pas une guerre défensive contre de longues colonnes de blindés qui se dirigent vers nous. Nous intervenons dans d'autres pays. Nous intervenons pour des raisons humanitaires. Nous intervenons pour prévenir des menaces imminentes contre nous. Dans ces circonstances, nous nous battons pour défendre la volonté des peuples. Nous essayons de gagner leur coeur et leur esprit.
Si nous tuons un grand nombre de civils à cause des armes que nous choisissons, ce qui a pour effet de dresser la population locale contre nous et de susciter une vive réaction de la part du public aux niveaux national et international… L'exemple classique est ce qui s'est passé récemment au Liban. Quel objectif a-t-on atteint en procédant à des bombardements massifs, en larguant environ 4 millions de sous-munitions sur une région très peuplée du Sud-Liban, ce qui a suscité de vives protestations de la part du public et de la communauté internationale?
Le Liban n'est pas le seul exemple de ce genre. Si vous regardez en arrière, des munitions à dispersion ont été utilisées en Iraq en 2003 lors de l'attaque contre al-Hilla, qui a été documentée par Human Rights Watch et où des centaines de civils ont été blessés lorsque les forces américaines ont utilisé ces munitions dans une région peuplée. En mars 2003, le Royaume-Uni a largué 98 000 sous-munitions sur Basra et la région, tuant les gens dans leurs maisons, tuant des enfants chez eux. Quel objectif militaire peut-on espérer atteindre en faisant ce genre de choses?
En effet, si vous le faites, si vous causez un grand nombre de victimes civiles, si vous suscitez cette réaction de la part du public, vous n'atteindrez probablement pas vos objectifs politiques.
Enfin, pour ce qui est de l'utilité militaire de ces armes — et notre rapport sur le Kosovo vient de sortir — ces armes n'ont jamais vraiment fonctionné comme prévu. Nous avons largué environ 235 000 sous-munitions — c'est pour les États-Unis, le Royaume-Uni et les Pays-Bas — au Kosovo en mai et juin 1999. Selon les données de l'OTAN que nous avons analysées portant sur les frappes contre des objectifs mobiles — c'est-à-dire d'importants groupes de chars — sur 269 frappes représentant le déploiement de dizaines de milliers de sous-munitions, moins de 75, c'est-à-dire moins de 30 p. 100 ont réussi à endommager les cibles.
J'étais au Kosovo en juin 1999 et nous n'y avons vu aucun char. Je sais qu'ils avaient eu quelques jours pour les faire disparaître, mais ils n'avaient pas vraiment eu le temps de déplacer d'énormes colonnes de véhicules endommagés. Les dommages n'étaient pas importants. J'ai entendu le Gén Sir Hugh Beech, de l'Institute of Strategic Studies, un autre officier britannique, dire que nous avions peut-être détruit tout au plus une trentaine d'équipements militaires avec les 78 000 sous-munitions larguées par le Royaume-Uni. Sur le total de 234 000 sous-munitions, le Royaume-Uni en a largué environ 78 000 et nous avons peut-être détruit tout au plus 30 pièces d'équipement militaire.
Je ne vois pas très bien comment ces armes ont pu avoir un effet décisif… et il faudrait que les ministères de la Défense se justifient.
En fin de compte, ces armes ne sont pas fiables. Elles sont déployées massivement. Je l'ai constaté pour la première fois au Kosovo, en juin 1999, lorsque nous avons trouvé un grand nombre de bombes à dispersion non explosées. Je l'ai vu en Asie du Sud-Est. Je l'ai vu à des endroits comme l'Érythrée…
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Merci beaucoup, monsieur le président. Je vais m'exprimer en français, si vous le permettez.
Évidemment, tout comme mes collègues ici présents, la Croix-Rouge dans son ensemble est vivement préoccupée par les problèmes juridiques et par les conséquences humanitaires liées aux armes à dispersion. J'aimerais aujourd'hui me faire porteuse d'un message auprès des parlementaires et du gouvernement. Il s'agit du message de la Croix-Rouge, qui a lancé, l'année dernière, un appel à tous les gouvernements concernant les trois points suivants.
Le premier point est de mettre fin à l'emploi des munitions à dispersion, qui sont non précises et non fiables. Le deuxième point est d'interdire l'usage de ces armes contre des objectifs militaires si les objectifs militaires sont situés dans des zones habitées. Le troisième point de l'appel de la Croix-Rouge est l'élimination des stocks de ces armes qui sont non précises et non fiables et, en attendant la destruction des stocks, d'en interdire le transfert.
J'aimerais, monsieur le président, vous expliquer comment nous en sommes venus à ces conclusions. Premièrement, nous nous sommes basés sur des fondements juridiques, et deuxièmement, sur les conséquences humanitaires que nous observons sur le terrain.
Notre analyse est basée sur le droit international humanitaire. Quand je parle de droit international humanitaire, je me réfère principalement aux quatre conventions de Genève et aux deux protocoles additionnels, qui contiennent toutes les règles qui sont applicables en temps de conflit armé et qui contiennent précisément des règles relatives à la conduite des hostilités. Donc, nous parlons d'armes qui sont déjà régies par le droit, par des règles spécifiques et générales. J'aimerais vous citer quelques-unes de ces règles.
Premièrement, il y a la règle de la distinction, qui exige que les combattants sur le terrain fassent une distinction entre les civils et les militaires. Deuxièmement, il y a la règle de l'interdiction des attaques sans discrimination. La troisième règle est celle de la juste proportion, c'est-à-dire qu'il faut que les attaques dont on peut s'attendre à ce qu'elles causent des pertes de vies humaines dans la population civile ne soient pas excessives par rapport à l'avantage militaire concret que l'on cherche à atteindre. Une autre règle importante est la règle des précautions que les combattants doivent prendre avant de lancer des attaques. Il y a aussi une règle qui concerne la protection de l'environnement, c'est-à-dire qu'il est interdit d'utiliser des armes qui pourront causer des dommages étendus durables et graves à l'environnement, et qui sont conçues à cet effet. Finalement, il y a une règle relative aux maux superflus, c'est-à-dire qu'il est interdit d'utiliser des armes qui sont susceptibles causer des maux superflus auprès des civils ou des combattants.
J'apporte une précision. Quand le droit international humanitaire a été négocié, après la Deuxième Guerre mondiale, il est évident que tous les impératifs militaires ont été pris en considération en même temps que les exigences humanitaires. C'est un droit qui cherche donc à créer un équilibre entre ces deux tensions. Chacune des règles qui ont été élaborées cherche à trouver un équilibre entre les impératifs militaires et les exigences humanitaires.
Nos préoccupations sont que ces armes ne respectent pas les règles que je viens de citer, tant dans leur emploi que dans les caractéristiques spécifiques qui y sont liées.
Mon deuxième point porte évidemment sur les conséquences humanitaires. La Croix-Rouge est présente dans plus de 80 pays du monde, dans des conflits différents. Il est clair que depuis la fin des années 1990, nos délégués sur le terrain sont en mesure de documenter l'impact humanitaire très grave de ces armes dans des contextes comme ceux du Laos, de l'Afghanistan, de l'Irak, du Liban Sud, du Kosovo, et je pourrais en nommer bien d'autres encore.
Ce qui est très choquant pour nous, c'est que les civils souffrent déjà suffisamment pendant les conflits. Avec ce genre d'armes, on voit encore, 10, 20 ou 30 ans après le conflit, des pertes humaines, des blessures, des morts, particulièrement chez les enfants. Nous avons donc des préoccupations juridiques de respect du droit, mais surtout des préoccupations humanitaires liées aux conséquences de l'utilisation de ces armes.
Je pense que je vais m'arrêter là-dessus, monsieur le président. Merci beaucoup.
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Je préfère généralement les discours improvisés, mais j'ai cru comprendre que, pour faciliter la traduction, vous aimez recevoir un mémoire écrit. J'en ai donc préparé un et je vais simplement en lire une partie si nous n'avons pas beaucoup de temps.
Nous sommes heureux de voir que le comité reconnaît l'importance des bombes à sous-munitions. En fait, nous nous trouvons à un moment charnière ou les gouvernements et la société civile unissent de nouveau leurs efforts, en réponse à un impératif humanitaire, pour créer un traité qui sauvera un nombre incalculable de vies.
La même initiative a été couronnée de succès pour les mines antipersonnel il y a 10 ans. Nous pouvons en faire autant pour les terribles bombes à sous-munitions, si nous en avons la volonté politique, si les gouvernements peuvent de nouveau faire preuve de courage et de compassion et si l'on ne laisse pas des intérêts militaires douteux l'emporter sur des préoccupations humanitaires bien documentées.
Le Canada est peut-être, de tous les pays, celui qui devrait être le fer de lance de cette initiative pour éliminer les bombes à sous-munitions qui sont des armes imprécises et peu fiables. La vision, la détermination et la compassion du Canada sont largement à l'origine du Traité d'interdiction des mines, de 1997. La détermination du Canada et les efforts qu'il a déployés au cours de la dernière décennie ont largement contribué au succès de ce traité.
Il est de nouveau nécessaire que le Canada joue le rôle de file, mais jusqu'à présent, il a tardé et a même hésité à répondre à cet appel. Nous nous réjouissons que le Canada ait participé à la conférence qui vient de prendre fin, à Oslo, sur les bombes à sous-munitions et qu'il ait appuyé, avec 45 autres pays, une déclaration l'engageant à conclure un nouveau traité en 2008 — ce qui est une échéance très rapide — qui interdira ce type de munitions qui causent des torts inacceptables aux civils.
Le Canada ne s'était pas joint à une déclaration similaire, bien que plus faible, en novembre dernier, de la Convention sur les armes classiques. Étant donné cette abstention, sa participation à Oslo marquait un progrès important.
Nous nous réjouissons aussi que le Canada ait annoncé qu'il détruirait le reste de son arsenal de bombes à sous-munitions, ses projectiles d'artillerie de 155 mm à sous-munitions.
Néanmoins, le Canada peut faire beaucoup plus. Il faudrait commencer, comme le comité l'a déjà démontré, par annoncer l'entrée en vigueur immédiate d'un moratoire sur l'utilisation, la production, l'importation ou l'exportation de bombes à sous-munitions en attendant la conclusion d'un nouveau traité.
L'Autriche a fait cette annonce à Oslo, la semaine dernière. Apparemment, les Forces canadiennes n'ont jamais utilisé de bombes à sous-munitions, mais je dois mentionner qu'une entreprise canadienne, Bristol Aerospace Limited, a en catalogue une roquette air-sol non guidée à sous-munitions, la CRV7, qui est une roquette de 70 mm contenant des sous-munitions M73.
Il est important, au niveau international, que le Canada ne se contente pas d'adhérer tardivement et en se faisant prier au nouveau processus lancé à Oslo. Le Canada devrait jouer un rôle de chef de file, d'une part parce que c'est la bonne chose à faire au niveau national et, d'autre part, parce que cela correspond à la position énergique qu'il a adopté dans le domaine humanitaire et à ses efforts pour améliorer la sécurité humaine. C'est aussi en raison des effets que le leadership du Canada aura sur la scène internationale. Grâce au processus d'Ottawa concernant les mines terrestres et le rôle de chef de file que le Canada a joué dans ce dossier, le Canada possède beaucoup de connaissances et d'expérience pertinentes pour promouvoir l'initiative concernant les bombes à sous-munitions en dehors de la Convention sur certaines armes classiques.
Le Canada jouit d'une réputation et d'un respect qui peuvent inciter de nombreux autres pays à participer à un nouveau processus. Nous craignons beaucoup que si le Canada n'appuie pas entièrement cet effort visant à combattre les dangereuses bombes à sous-munitions, de nombreux autres pays hésiteront à le faire, estimant que si ce n'est pas important pour le Canada, le gardien du Traité sur les mines terrestres, ce n'est pas important pour eux non plus.
Nous nous inquiétons de certaines déclarations qui laissent entendre que le gouvernement n'est pas pressé d'agir et considère la Convention sur certaines armes classiques comme la meilleure tribune pour résoudre le problème des bombes à sous-munitions, en partie parce que certains des principaux utilisateurs et détenteurs de ces armes, comme les États-Unis, la Russie et la Chine font partie de la Convention, mais pas encore de ce processus extérieur.
Cette attitude est pour le moins ironique étant donné que le processus d'Ottawa sur les mines terrestres a vu le jour parce que la CCAC n'avait pas réussi à résoudre adéquatement le problème des mines antipersonnel, tout comme ce nouveau processus est né de son incapacité à s'attaquer au problème des bombes à sous-munitions.
On ne peut pas prétendre que la CCAC peut résoudre immédiatement ou efficacement le problème des bombes à sous-munitions.
Lorsque nous en serons aux questions, je me ferai un plaisir d'expliquer les nombreuses raisons pour lesquelles la CCAC ne donnera pas de résultats qu'un processus extérieur permettra d'obtenir.
Le Canada a également mentionné la possibilité d'une solution technique au problème des bombes à sous-munitions et il a été question de l'acquisition future de bombes à sous-munitions ayant un faible taux de défaillance. Cela ne marchera pas. Simon a déjà souligné à quel point les fabricants qui prétendent avoir un faible taux de défaillance sont loin de compte. Le Liban a démontré très clairement que les sous-munitions ayant un faible taux de défaillance dans des conditions de test idéales sont loin de donner les mêmes résultats lorsqu'elles sont utilisées dans des conditions de combat. L'amélioration du taux de défaillance ne règle pas non plus l'autre moitié du problème, à savoir que les bombes à sous-munitions touchent un vaste secteur sans discrimination. L'amélioration du taux de défaillance n'y changera rien.
Lorsqu'on utilise les bombes à sous-munitions, c'est de façon irresponsable. C'était le cas au Liban en 2006, en Iraq en 2003, en Afghanistan en 2001 et 2002, au Kosovo en 1999, ou même si l'on remonte à leur utilisation en Asie du Sud-Est dans les années 60 et 70. Elles sont utilisées de façon irresponsable, même par certains des pays qui professent adhérer scrupuleusement aux règles du droit humanitaire international. Elles sont déployées en énormes quantités et dans des régions peuplées. On utilise de vieux modèles périmés même lorsque que nouveaux modèles existent. Malgré toutes les bonnes intentions, le recours aux bombes à sous-munitions dans les combats est irresponsable étant donné les caractéristiques dangereuses inhérentes de ces armes.
J'ai entendu dire qu'on s'inquiétait des répercussions d'une interdiction des bombes à sous-munitions sur les soldats canadiens qui servent en Afghanistan. Nous en avons parlé hier soir. Nous voyons mal pourquoi nous aurions besoin de bombes à sous-munitions en Afghanistan pour le moment. Mais surtout, nous savons ce qui s'est passé lorsque les États-Unis en ont déployé là-bas en 2001 et 2002. Human Rights Watch est allée enquêter sur le terrain pendant un peu plus d'une semaine et a identifié plus de 100 civils qui avaient été tués par des bombes à sous-munitions. Bien entendu, le nombre de blessés était beaucoup plus important et il y a certainement eu beaucoup d'autres victimes que nous n'avons pas pu localiser.
Les bombes à sous-munitions ont causé davantage de victimes civiles en Iraq en 2003 et au Kosovo, en 1999, que toute autre arme. Il est clair qu'elles représentent un risque inacceptable pour les civils.
Simon a indiqué à quel point on a exagéré l'utilité militaire de ces armes. Les bombes à sous-munitions posent également un problème pour nos soldats. Il ne fait aucun doute qu'elles limitent la mobilité de nos propres forces armées et mettent nos troupes en danger. Nous avons un rapport d'action de la 3e division d'infanterie américaine faisant suite à son combat en Iraq en 2003 qui qualifie les bombes à sous-munitions d'inutiles en disant que c'est une relique de la guerre froide. Plus de 80 soldats américains ont été tués par des sous-munitions américaines pendant la guerre du Golfe de 1991. Des sous-munitions américaines ont tué des soldats américains.
Dans la bonne vingtaine où elles ont été utilisées, les bombes à sous-munitions ont eu des effets horribles. En réalité, c'est une catastrophe humanitaire à laquelle il faut s'attendre. Il y a environ 75 pays qui stockent cette arme et 34 qui la produisent. Il y a déjà un arsenal de millions et de millions de bombes à sous-munitions qui contiennent des milliards de sous-munitions. Si ces milliards de sous-munitions sont envoyées dans des nouveaux pays, y compris peut-être vers des acteurs non étatiques — nous avons récemment documenté l'utilisation de bombes à sous-munitions par le Hezbollah — et si elles sont utilisées, ne serait-ce que dans une faible proportion, le problème des mines terrestres ne sera pas grand-chose en comparaison.
Néanmoins, si nous agissons immédiatement, nous pouvons éviter cette nouvelle crise. Un traité interdisant les bombes à sous-munitions qui causent des torts inacceptables serait une des principales mesures que les gouvernements pourraient prendre pour protéger les civils contre les effets des conflits armés et le contrecoup des conflits armés. La révolte du public à l'égard de ces armes est déjà forte et augmente de jour en jour. Il est temps que le Canada devienne le chef de file des pays déterminés à mettre un terme aux souffrances causées par les bombes à sous-munitions.
Merci.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Je vous remercie tous pour votre présence ici aujourd'hui et pour le rôle très important que chacune de vos organisations a joué pour rendre le Canada et les Canadiens fiers du Traité sur les mines terrestres, il y a 10 ans. Et même s'il y a beaucoup de gens qui se demandent ce qu'il est advenu de la politique étrangère indépendante du Canada, je vous remercie de démontrer que nous pouvons travailler sans sectarisme, comme nous l'avons fait au sein de ce comité, et avec les ONG, dans le cadre d'un partenariat solide, pour relever un défi aussi monumental que l'interdiction des munitions à dispersion dans le monde.
Je ne peux pas m'empêcher de penser qu'il y a un an environ, nous nous sommes penchés sur la question, à l'occasion d'un petit déjeuner réunissant tous les partis sur la Colline parlementaire. L'ambassadeur d'Afghanistan était venu prendre la parole pour soutenir la campagne que vous aviez lancée pour l'interdiction des munitions à dispersion. Il y a donc eu un certain progrès.
Je voudrais poser quelques questions dont vous connaissez peut-être — mais peut-être pas — la réponse et si vous n'avez pas le temps d'y répondre en détail, j'espère que vous accepterez de fournir ces renseignements au comité.
La première porte sur la situation actuelle en Afghanistan. Je sais que d'après vos recherches, de 2001 à 2002, le décès d'une centaine de civils a été directement attribuable aux munitions à dispersion. Pensez-vous que ces munitions sont toujours utilisées en Afghanistan? Dans l'affirmative, par quels pays et dans quelles régions de l'Afghanistan?
Deuxièmement, certains députés, mais heureusement personne présent aujourd'hui au tour de cette table, ont fait valoir qu'il faudrait entendre le point de vue de ceux qui, au Canada, préconisent de poursuivre l'utilisation des bombes à dispersion. Je me demande si vous pourriez nous aider à identifier ces personnes, car nous devrions sans doute savoir qui elles sont et les entendre pour savoir ce qu'elles ont à dire.
Troisièmement, vous avez mentionné que la majorité des pays européens figuraient parmi les 46 signataires, à Oslo, la semaine dernière. Pourriez-vous nous dire quels sont les pays membres de l'OTAN qui n'étaient pas parmi les signataires?
Enfin, ma question porte sur l'étape suivante que vous préconisez, qui semble très raisonnable, à savoir que nous devrions accorder le financement voulu, joindre le geste à la parole. Pourriez-vous nous dire combien il coûterait au Canada de passer à l'étape suivante en déclarant un moratoire? Cela aurait-il des inconvénients ou est-ce logiquement la prochaine étape à franchir pour jouer le rôle de chef de file et contribuer à atteindre l'objectif visé en travaillant ensemble?
[Français]
Merci de me donner l'occasion de discuter de cette importante question qu'est celle de la gouvernance démocratique et du rôle que nous pouvons jouer pour aider le gouvernement à cet égard.
[Traduction]
Je voudrais aussi commencer par remercier les membres du comité d'avoir pris la peine d'assister à la réunion organisée par le Conseil démocratique. C'était une excellente journée et, par votre présence, vous avez souligné l'importance que le comité accorde, collectivement, à cette question. Les personnes présentes l'ont reconnu et apprécié.
Ainsi que l'a précisé la ministre de l'ACDI, l'honorable Josée Verner, lorsqu'elle a comparu devant votre comité en octobre dernier, le développement démocratique est un secteur d'activité prioritaire de notre Agence. Pour nous, le développement démocratique signifie la gouvernance démocratique. Cela comprend la liberté et la démocratie, la primauté du droit, les droits universels de la personne et des institutions publiques responsables.
Par liberté et démocratie, nous entendons une démocratie fondée sur de solides institutions électorales et législatives, et sur les partis politiques qui prennent racine dans une riche culture démocratique, qui comprend une société civile active et des médias libres et dynamiques. Par primauté du droit, nous entendons des lois équitables et efficaces, de même que des institutions juridiques accessibles et propices et une magistrature impartiale. Les droits universels de la personne doivent être encadrés par des institutions solides et des mécanismes de défense des droits de la personne qui appuient la société civile, la promotion des droits de la personne et la responsabilisation. Les institutions publiques responsables sont essentielles pour gérer l'économie et les fonds publics et pour offrir les services sociaux cruciaux avec efficacité et sans corruption, notamment dans le domaine de la santé et de l'éducation.
Notre engagement envers la gouvernance démocratique n'a cessé de s'affirmer depuis la chute du mur de Berlin. À l'heure actuelle, de tous les organismes canadiens, l'ACDI est celui qui consent les plus importants investissements dans le domaine de la gouvernance démocratique dans les pays en développement, en travaillant en collaboration étroite avec de nombreux autres organismes et ministères canadiens. Cela, parce que nous savons qu'à long terme, le développement économique et social et la réduction de la pauvreté passent forcément par des systèmes de gouvernance ouverts, démocratiques et responsables, qui privilégient les droits de la personne et la primauté du droit.
Lors de l'entrée au pouvoir du gouvernement du Canada il y a un an, l'accent a été mis sur la gouvernance démocratique. Depuis, cet aspect fait partie intégrante du travail de l'ACDI. Dans tous ses programmes géographiques en cours, l'Agence axe de plus en plus ses activités sur la promotion de la liberté et de la démocratie, de la primauté du droit, des droits de la personne et de la responsabilisation des institutions publiques. Divers programmes géographiques peuvent mettre l'accès sur d'autres problèmes, qu'il s'agisse de la santé, de l'éducation ou du développement du secteur privé, etc., mais chacun de nos programmes géographiques doit obligatoirement inclure une intervention sur le plan de la gouvernance démocratique.
Le document qui vous a été remis fait état d'une liste de projets que l'ACDI a entrepris dans le domaine de la coopération avec d'autres partenaires canadiens et internationaux.
En créant le Bureau de la gouvernance démocratique, l'année dernière, l'ACDI réaffirmait sa détermination à déployer davantage d'efforts pour promouvoir la gouvernance démocratique dans le monde entier.
On m'a demandé de vous parler un peu aujourd'hui des origines, de la nature et du rôle du Bureau de la gouvernance démocratique.
Le Bureau tirera pleinement parti de la capacité de l'ACDI à mettre en application des pratiques efficaces et servira de centre de ralliement permettant à l'Agence d'inciter activement la participation de la communauté des spécialistes canadiens et étrangers, des institutions et d'autres ministères dont le travail est axé sur la gouvernance démocratique. Il est important de souligner que nous avons pour rôle de faciliter, de coordonner et d'accélérer, mais certainement pas de monopoliser l'aide canadienne à la gouvernance démocratique. De nombreux autres ministères et autres institutions canadiennes clés, y compris les ONG, y participent activement, en collaboration avec les partenaires locaux dans les pays en développement.
Pourquoi ce bureau a-t-il été créé? Depuis des années, un grand nombre de Canadiens sont actifs dans le domaine de la gouvernance démocratique. Leur contribution est d'une grande importance historique. Le Canada a par exemple joué un rôle de premier plan dans la fin de l'apartheid en Afrique du Sud. Jusqu'à tout récemment, il n'existait aucun centre susceptible d'assurer la coordination et de faire la synthèse du rôle du Canada en faveur de l'avancement de la gouvernance démocratique. Il nous manquait une solide base de connaissances. Par conséquent, même si la liste de projets était impressionnante, il n'était pas certain qu'ils contribuaient toujours à renforcer la compréhension institutionnelle. Il nous manquait aussi un organisme central chargé de renforcer la capacité canadienne à l'intérieur et à l'extérieur du gouvernement et susceptible de donner rapidement accès au meilleur savoir-faire possible.
Le Corps canadien, lancé en 2004, a représenté la première tentative pour combler ce vide. Mais cet organisme était doté d'un vaste mandat qui ne se résumait pas seulement à la bonne gouvernance. Il avait aussi pour mission de mobiliser les jeunes et de susciter l'engagement du public. Le Corps canadien a remporté certains succès dans ses efforts en vue de mobiliser des bénévoles et les jeunes. Cependant, avec le temps, il est devenu évident que, pour promouvoir la gouvernance démocratique et tirer pleinement parti de la valeur ajoutée canadienne, il était nécessaire de concentrer davantage nos efforts.
La mobilisation des jeunes et des bénévoles était déjà bien établie au sein de la Direction générale du partenariat canadien qui envoie chaque année littéralement des milliers de Canadiens à l'étranger pour participer à des programmes de bénévolat. Pour ce qui est de l'engagement du public, la Direction générale des communications de l'Agence était mieux placée pour s'en occuper. À partir de ces constats, il nous est apparu clairement que c'était bien le secteur de la gouvernance démocratique qui avait le plus besoin d'être renforcé.
C'est pourquoi le 30 octobre 2006, la a créé le Bureau de la gouvernance démocratique. Ce nouvel organisme favorisera une réflexion novatrice sur la gouvernance démocratique. Il contribuera activement aux échanges sur les pratiques exemplaires et les leçons tirées au Canada et sur la scène internationale. Il orchestrera des programmes novateurs, en complément des activités actuelles réalisées par d'autres directions générales de l'ACDI et d'autres organisations du gouvernement et de l'extérieur. Nous souhaitons que ce bureau permette d'accroître la capacité de l'ACDI et du gouvernement du Canada de réaliser des programmes de gouvernance démocratique qui soient efficaces, opportuns et équitables de façon à promouvoir une plus grande harmonisation et une meilleure coordination entre les principaux intervenants canadiens.
Pour résumer ce qui s'est passé depuis sa création, il y a moins d'un an, le Bureau a fait la promotion de la liberté et de la démocratie en appuyant des processus électoraux dans des contextes particulièrement difficiles. Au cours de la dernière année, le Bureau a envoyé 290 observateurs canadiens surveiller 10 élections dans différentes régions du monde, y compris en Haïti, en Cisjordanie, à Gaza, et récemment, en République démocratique du Congo. Pour ce faire, le Bureau a étroitement collaboré avec d'autres directions générales de l'ACDI, mais aussi avec d'autres ministères fédéraux, notamment Élections Canada, Affaires étrangères et Commerce international Canada et la Défense nationale.
Le Bureau a mis en place une nouvelle façon de rassembler des équipes en vue de répondre aux demandes de soutien à l'observation d'élections.Il fournit aussi une nouvelle formation en matière de sécurité aux observateurs électoraux. En outre, le Bureau a également favorisé l'amélioration des relations entre des organisations régionales comme l'Organisation des États américains et l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe. En ce qui concerne le soutien du processus électoral, nous avons non seulement largement augmenté l'engagement du Canada sur le plan quantitatif au cours de l'année dernière, en collaboration avec Élections Canada et d'autres institutions, mais nous avons également considérablement amélioré la qualité de notre engagement.
En partenariat avec d'autres organisations canadiennes et internationales, le Bureau a facilité la participation du Canada au développement de systèmes politiques plus ouverts, transparents et responsables. Comme vous l'avez constaté, à titre de coprésident du Conseil de la démocratie, le Bureau a collaboré avec le MAECI, le CRDI et d'autres organismes canadiens non liés au gouvernement pour mener des discussions visant à stimuler l'engagement de la communauté de praticiens envers la promotion de la démocratie.
D'autre part, en collaboration avec le reste de l'ACDI, le Bureau de la gouvernance démocratique cherche à donner à la société civile du Sud une place et un rôle dans le développement du discours démocratique. La ministre, , a récemment fait part de notre intention de travailler avec nos partenaires internationaux à la reconnaissance explicite du rôle que peut jouer la société civile des pays du Sud pour harmoniser les efforts des donateurs. En reconnaissant explicitement et en soutenant ce rôle, nous assurerons une meilleure coordination de nos initiatives avec celles des autres donateurs et des gouvernements des pays en développement.
[Français]
La promotion de la primauté du droit dans les pays en développement est aussi un des secteurs où le Canada peut apporter une aide marquante. Le Canada peut être fier de ses experts en droit civil et en droit commun. Pour optimiser la contribution du Canada, le Bureau de la gouvernance démocratique a récemment complété une étude qui dresse le portrait des institutions canadiennes travaillant dans le domaine de la primauté du droit. Cette étude, qui est menée en étroite collaboration avec les programmes géographiques de l'ACDI et avec les institutions du secteur canadien de la justice, servira de base à une approche inclusive de la programmation en matière de primauté du droit. Cette démarche permettra de faire progresser les objectifs de politique étrangère du Canada, d'améliorer l'harmonisation avec les autres donateurs et de répondre aux besoins des pays partenaires.
À titre d'exemple, le Bureau de la gouvernance démocratique permet de faire avancer les choses au Ghana, où nous travaillons en étroite collaboration avec les intervenants locaux pour améliorer les compétences et les connaissances du personnel des services judiciaires. Toujours au Ghana, le bureau travaille avec plus de 200 journalistes, rédacteurs en chef et d'autres représentants du monde des médias pour perfectionner leur habileté à parler d'enjeux propres aux droits de la personne.
Nous travaillons également explicitement sur la question des droits humains, et surtout sur la façon de mesurer leurs progrès et leur impact. Grâce à l'aide fournie par le Bureau de la gouvernance démocratique à Metagora, un projet-pilote de l'OCDE qui vise à créer un système qui servira à mesurer l'état de la démocratie, des droits de la personne et de la gouvernance, le bureau contribue également à établir des indicateurs précis, pertinents et efficaces pour l'élaboration d'une programmation fondée sur des preuves dans le secteur des droits de la personne.
Nous travaillons en étroite collaboration avec Equitas et les universités de Montréal et de McGill. Le bureau travaille également à accroître la capacité du ministère de la Justice et des droits de la personne d'Indonésie à protéger les droits de la personne dans les régions touchées par le tsunami.
En ce qui a trait à la responsabilité des institutions publiques, le bureau a déjà collaboré à améliorer la cohérence et la coordination de ces dernières. Il a établi des accords-cadres avec deux entités canadiennes de renommée mondiale expertes dans la gouvernance, c'est-à-dire Statistique Canada et le Bureau du vérificateur général du Canada. Ces accords-cadres aident à rallier l'expertise canadienne en matière de gestion statistique et de vérification, ce qui favorise une approche globale et une vision plus ambitieuse de la contribution du Canada en faveur de la responsabilité de rendre des comptes dans les pays en développement.
Un des rôles du bureau est de travailler avec les directions générales des programmes de l'ACDI pour promouvoir la gouvernance démocratique de façon cohérente. Le bureau a contribué à l'élaboration de cadres de programmation de pays tels que la Tanzanie, le Honduras, la Bolivie et l'Ukraine. Il a également collaboré avec les programmes géographiques d'Haïti, du Nicaragua, du Honduras et du Pakistan pour mettre à l'essai un projet d'indicateurs de gouvernance. Ces derniers fournissent des données précises et opportunes sur lesquelles on peut s'appuyer pour élaborer une programmation efficace.
Dans une optique d'apprentissage collaborative, le bureau a uni ses forces et celles du Centre pour l'innovation dans la gouvernance internationale, ou CIGI, à Waterloo, pour créer un portail d'échange des connaissances à l'intention de tous les intervenants engagés dans la gouvernance démocratique. Ce village de la gouvernance virtuelle attirera l'attention de la communauté internationale sur le bassin de connaissances, d'expertise et de leadership du Canada en matière de promotion de la gouvernance démocratique. Il améliorera la capacité des décideurs et des praticiens à créer dans les pays en développement des politiques et des programmes fondés sur les preuves, et facilitera l'intégration de ces connaissances et des pratiques innovatrices et efficaces.
[Traduction]
Pour ce qui est des projets futurs, au cours de l'année à venir, le Bureau travaillera fort pour améliorer la capacité de l'ACDI et de ses partenaires, et ce, grâce à des initiatives novatrices de financement et de développement des capacités. Par exemple, le mécanisme de déploiement du développement démocratique, une initiative de plusieurs millions de dollars, permettra à l'ACDI de recruter et de déployer des spécialistes de la gouvernance démocratique parmi les meilleurs, et de répondre ainsi rapidement à d'urgents besoins sur le terrain.
Pour le moment, si l'ACDI ou un autre ministère constate qu'un pays a besoin de certains experts… si un pays vient nous demander de l'aide pour réformer son bureau du vérificateur général, par exemple, ou pour apporter une amélioration dans tel ou tel domaine, il peut être long et compliqué de recruter et de déployer les experts canadiens requis. Grâce au mécanisme de déploiement du développement démocratique, nous travaillerons en collaboration avec un partenaire canadien — et nous avons déjà fait un appel de propositions à cet effet — pour pouvoir recruter rapidement et fournir les meilleurs experts canadiens dans les différents domaines de la gouvernance démocratique.
Dans ses efforts en vue de promouvoir la liberté et la démocratie, le Bureau appuiera de façon proactive les gouvernements engagés envers la démocratie. À cet effet, on mettra moins l'accent sur le jour même des élections que sur le cycle électoral plus large, ce qui touchera des aspects comme la période de transition du pouvoir, la transparence des médias et le renforcement des commissions électorales.
L'une des initiatives clés du Bureau sera de coordonner la mise en oeuvre d'une stratégie améliorée de lutte contre la corruption pour l'Agence. L'appui à la responsabilisation, à la transparence et à l'équité sont des principes au coeur de l'approche du nouveau gouvernement du Canada et des principes essentiels à l'efficacité de l'aide de l'ACDI. Un aspect de cette stratégie de mise en oeuvre du Bureau de la gouvernance démocratique sera d'offrir une formation générale sur la lutte contre la corruption .
Pour être clair, depuis des années, nous luttons très énergiquement et très efficacement contre la corruption dans le cadre des projets ou programmes auxquels l'ACDI participe. Nous voulons aller encore plus loin en aidant les gouvernements à adopter des programmes pangouvernementaux plus vastes pour lutter contre la corruption et améliorer la responsabilisation et la transparence de façon beaucoup plus systématique.
Enfin, en ce qui a trait à la primauté du droit, le Bureau donnera suite aux recommandations tirées de son examen des institutions canadiennes en développant un cadre stratégique pour la programmation liée à la primauté du droit, en collaboration avec les institutions canadiennes spécialisées dans ce domaine. Nous avons également l'intention de mettre en oeuvre un accord-cadre avec le ministère de la Justice. Cela favorisera la création d'une communauté de praticiens dans le domaine de la primauté du droit, et ce, grâce à une coordination et une collaboration accrues entre les différents acteurs.
Pour conclure, nous prévoyons et espérons que le Bureau de la gouvernance démocratique jouera un rôle clé dans la livraison d'une programmation efficace, novatrice, cohérente et axée sur les résultats en matière de gouvernance démocratique et ce, pour le bénéfice de l'ACDI, du gouvernement du Canada et de la communauté de praticiens dans son ensemble.
Le Bureau de la gouvernance démocratique sera à l'avant-plan de nos efforts de lutte contre la corruption. Il élaborera des mécanismes qui permettront au gouvernement du Canada d'avoir accès rapidement aux meilleurs spécialistes canadiens et de les déployer de manière efficace. Il servira également de plaque tournante pour l'appui donné aux spécialistes canadiens et étrangers.
Je vous remercie infiniment de m'avoir permis de souligner les contributions que l'ACDI, par le truchement du Bureau de la gouvernance démocratique, effectue en faveur de cet enjeu mondial. Le fait que vous avez entrepris cette étude est encourageant, et je suis intéressé de prendre connaissance des réflexions et de la perspective nouvelle que votre étude apportera à notre travail.
Je souhaite que votre travail soit fructueux et j'ai bien hâte d'entendre vos recommandations.
Merci beaucoup.
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Merci de vos questions. Il y en a plusieurs; je vais essayer de répondre à toutes.
On s'assure de l'efficacité de l'aide à deux ou trois niveaux. Premièrement, l'équipe assure un suivi étroit de chacun de nos projets. Deuxièmement, dans le cadre du programme, on fait des évaluations, souvent au niveau du pays, et celles-ci sont publiques. Troisièmement, l'agence a des critères. Il y a, par exemple, le pourcentage de l'aide accordée et le pourcentage de nos projets qui ont réussi. Cela nous donne une mesure de l'efficacité de l'aide dans le cadre de ces projets spécifiques.
Si on considère l'efficacité de l'aide pour le développement démocratique, on peut voir aussi des choses bien concrètes sur le terrain. Par exemple, en Haïti, des actions ont bien réussi. Pour la première fois en 200 ans, les Haïtiens ont eu des élections aux niveaux municipal, législatif et présidentiel qui ont bien réussi. On a aussi donné à 3 millions d'Haïtiens des cartes d'identité leur donnant un certain accès aux services pour la première fois de leur vie.
En Afghanistan, où le Canada a dépensé 30 millions de dollars pour appuyer les élections de 2005, on a pu voir que ces élections avaient bel et bien eu lieu. Si je me souviens bien, 63 p. 100 de la population a voté, dont un nombre de femmes jamais égalé auparavant lors d'une élection en Afghanistan.
Les évaluations futures des projets spécifiques sont la responsabilité des départements qui les font. De plus, nous avons un département responsable de l'évaluation et de l'audit. Nous aurons aussi, après avoir mis un nouvel accent sur la comptabilité, un chief audit executive qui fera des audits pour moi sur des programmes spécifiques, afin de nous assurer que l'argent est bien dépensé et donne des résultats. Comme je l'ai dit, dans le cas des élections surtout, on peut voir les résultats directement.
En ce qui concerne les processus, ceux-ci varient. On travaille parfois avec des organisations multilatérales, par exemple l'Organisation des États américains, ou l'OEA, pour quelques projets. Pour d'autres projets, nous avons recours à des appels d'offres concurrentiels, par exemple pour le mécanisme du Déploiement pour le développement démocratique. Cela consiste en une offre concurrentielle auprès de plusieurs personnes qui ont démontré de l'intérêt.
[Traduction]
En ce qui concerne le rôle du Bureau de la gouvernance démocratique, le Bureau a bien l'intention non pas de redistribuer les fonds, mais d'ajouter des fonds supplémentaires aux grosses sommes d'argent que nous investissons déjà dans l'ACDI et dans l'ensemble du gouvernement pour la gouvernance démocratique.
En plus des fonds supplémentaires, nous voulons améliorer la qualité de ce que nous faisons et cela de deux façons. C'est d'une part en soutenant des programmes novateurs comme certains des programmes électoraux qui sont réalisés ainsi que le mécanisme de déploiement démocratique. La deuxième façon dont nous pouvons améliorer les choses c'est en centralisant tous les efforts. Il est trop souvent arrivé par le passé que nos projets soient dispersés dans différents programmes géographiques et ministères sans être coordonnés. Le Bureau sera un centre de réflexion et de coordination.
Par conséquent, en plus du financement supplémentaire, la qualité et la coordination de notre engagement dans la gouvernance démocratique vont nettement augmenter.