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Bonjour, collègues. La séance numéro 59 du Comité permanent des affaires étrangères et du commerce international est ouverte.
Ce matin, nous interrompons notre étude du développement démocratique, en vue d'en faire rapport, pour avoir une session d'information sur le désarmement.
À titre de témoins, nous accueillons, du Project Ploughshares, M. Ernie Regehr, qui a comparu devant maints comités parlementaires; et aussi, de l'Initiative des puissances moyennes, l'IPM, l'honorable Douglas Roche, ex-sénateur et champion de longue date de cette cause.
On vient de me remettre un rapport publié il y a presque 10 ans maintenant, intitulé Le Canada et le défi nucléaire : Réduire l'importance politique de l'arme nucléaire au vingt-et-unième siècle. Un certain nombre de nos invités d'aujourd'hui ont comparu devant le comité dans le cadre de la préparation de ce rapport, rendu public il y a neuf ans. En conséquence, ils ont une expertise de longue date en la matière, et leur contribution nous est précieuse.
Comme vous êtes déjà venus, vous savez comment fonctionne le comité. Nous allons vous accorder à tous les deux une dizaine de minutes pour votre déclaration liminaire, et ensuite, nous passerons au premier tour de table pour les questions.
Je vous souhaite la bienvenue. C'est bon de vous accueillir ici.
En outre, au cours de la deuxième heure, nous entendrons un autre témoin. Il s'agit de M. Meyer, qui a lui aussi témoigné devant le comité à l'époque de ce rapport. Nous sommes impatients de l'entendre également.
Vous avez la parole.
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Merci, monsieur le président.
Je représente l'Initiative des puissances moyennes. Cette organisation a présenté un rapport intitulé Vers 2010 : Priorités en vue d'un consensus à propos du TNP à l'occasion de la première réunion préparatoire, qui vient de se terminer, en vue de la Conférence d'examen du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires de 2010.
Monsieur le président, j'ai joint ce rapport à ma déclaration. Je pense qu'il a été distribué aux députés dans les deux langues officielles.
Ce rapport résume sept champs d'intervention prioritaires cernés par les représentants de l'IPM à la suite de quatre réunions sur l'article VI qui ont été tenues au cours d'une période de 18 mois à New York, La Haye, Ottawa et Vienne, et auxquelles ont participé une trentaine de pays aux vues similaires, dont le Canada.
Ces champs d'intervention sont les suivants : réduction vérifiée des forces nucléaires; moratoire sur les forces nucléaires (on parle aussi de diminution du niveau d'alerte); négociation d'un traité sur l'interdiction de production de matières fissiles; entrée en vigueur du Traité d'interdiction complète des essais nucléaires; renforcement des garanties négatives de sécurité; réglementation de la production et de l'offre de combustible nucléaire, et gouvernance améliorée du TNP.
IPM remercie le gouvernement du Canada d'avoir appuyé le processus de son forum sur l'article VI et salue le travail des représentants du ministère des Affaires étrangères, en particulier M. Paul Meyer, ambassadeur au désarmement.
Le Canada a toujours cru en la nécessité d'établir un équilibre dans l'application des trois piliers du Traité de non-prolifération, à savoir la non-prolifération des armes nucléaires, le désarmement et l'utilisation pacifique de l'énergie nucléaire. Toutefois, un leadership politique émanant des plus hautes sphères s'impose de toute urgence. D'après l'analyse qu'a effectuée l'IPM des déclarations faites par le Canada et par d'autres puissances moyennes à la réunion préparatoire pour l'examen du TNP, on ne saurait réagir efficacement à la crise nucléaire actuelle sans l'appui d'un pouvoir politique accru.
Les faits sont consternants : le nombre total d'armes nucléaires, 27 000, a atteint « un niveau extraordinairement élevé et alarmant », de l'avis de la Commission sur les armes de destruction massive, dirigée par le diplomate suédois Hans Blix. Kofi Annan, ex-secrétaire général des Nations Unies, affirme que le monde agit en somnambule face à la prolifération des armes nucléaires et du terrorisme nucléaire. Or, les États déclarant posséder des armes nucléaires s'emploient tous à moderniser leur arsenal malgré le jugement de la Cour internationale de justice selon lequel ils doivent clore les négociations sur l'élimination de ces armes.
Qui plus est, l'Inde et le Pakistan possèdent chacun de 50 à 60 armes nucléaires, et Israël 200. Ces trois pays ne sont même pas parties au Traité sur la non-prolifération et cherchent tous à moderniser leur arsenal. Les huit pays qui adhèrent maintenant au club nucléaire comptent ensemble 3,1 milliards d'habitants; c'est donc dire que 48 p. 100 de la population mondiale vivent dans des États munis d'armes nucléaires.
L'attention mondiale est tournée vers la Corée du Nord, qui a mis à l'essai une arme nucléaire en 2006, et vers l'Iran, qui prétend maintenant pouvoir fabriquer de l'uranium enrichi à grande échelle. Bien entendu, aucun d'eux ne devrait être autorisé à fabriquer des armes nucléaires. Mais ils ne représentent que la pointe de l'iceberg, lequel est constitué des arsenaux d'armes nucléaires existants.
La crise nucléaire se résume en quelques mots : un monde scindé en deux où une poignée d'États s'arrogent la possession d'armes nucléaires tout en en interdisant l'acquisition par d'autres; ce monde n'est pas viable.
Que fait le Canada dans cette crise mondiale? Où se trouve sa déclaration de principe portant sur la totalité des armes nucléaires, la sécurité primordiale dans le monde? N'applique-t-on deux poids, deux mesures, ce qui nous permet de critiquer l'Iran pour l'enrichissement de l'uranium et de passer sous silence la décision du gouvernement du Royaume-Uni de prolonger l'existence de son système nucléaire Trident au-delà de la seconde moitié du XXIe siècle?
On comprend mieux que jamais la lutte morale, juridique et militaire contre l'armement nucléaire. La plupart des États considèrent sans fondement l'argument intellectuel selon lequel la sécurité passe par l'armement nucléaire.
Les opposants à l'armement nucléaire ont récemment obtenu un soutien étonnant de la part de quatre figures américaines bien en vue, soit Henry Kissinger, George Shultz, William Perry et Sam Nunn, qui ont tous occupé des postes de hauts dirigeants au sein de l'administration et du Congrès américains et qui réclament l'abolition des armes nucléaires. Dans un article paru en regard de l'éditorial du Wall Street Journal, ils signalaient que « le monde est à l'aube d'une nouvelle et dangereuse ère nucléaire ».
Cet article préconisant un train de mesures tranchait fortement avec la négativité de l'administration Bush. Les États-Unis étaient les seuls à avoir voté contre 12 des 31 résolutions votables pour le désarmement nucléaire qui ont été présentées à la réunion de la Commission du désarmement des Nations Unies en 2006; à 20 reprises, ils se sont également retrouvés parmi une minorité d'au plus quatre pays.
Quels moyens le Canada prend-il pour collaborer avec des pays aux vues similaires comme ceux de la New Agenda Coalition, qui englobe le Brésil, l'Égypte, l'Irlande, le Mexique, la Nouvelle-Zélande, l'Afrique du Sud et la Suède, pour inciter la nation la plus puissante à revoir ses politiques afin de sauver le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires en 2010? Que fait le Canada pour presser les États-Unis de retirer leurs armes nucléaires tactiques des pays européens comme l'Allemagne, l'Italie, les Pays-Bas, la Belgique et la Turquie? L'insistance avec laquelle l'OTAN fait valoir que les armes nucléaires sont « essentielles » va catégoriquement à l'encontre du Traité. Le Canada ne peut jouer sur les deux tableaux : soit il appuie l'élimination des armes nucléaires au moyen du Traité, soit il se range aux côtés de l'OTAN pour leur maintien.
Le Canada devrait être davantage animé d'un sentiment d'urgence pour régler le problème global des armes nucléaires. C'est ce qu'en pense le sénateur Roméo Dallaire qui a affirmé, le 17 avril dernier : « Pourquoi le Canada, à titre de puissance moyenne d'envergure, qui ne possède pas d'armes nucléaires, n'assume-t-il pas ce leadership et n'entame-t-il pas le processus pour l'abolition et l'élimination de ces armes nucléaires? » Revenant sur le sujet le 3 mai, il a déclaré : « C'est un devoir moral pour le Canada d'assumer un rôle proactif de leadership pour sauver le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires, dernier espoir qui nous reste d'éviter le gouffre d'une effrayante escalade de prolifération nucléaire dont il nous serait impossible de sortir. »
Adoptée à l'unanimité par le Sénat le 3 mai, sa motion exhortait « le gouvernement du Canada à jouer un rôle de leader mondial dans la campagne pour l'éradication de la menace grave que les armes nucléaires font peser sur l'humanité ».
Du 5 au 7 juillet prochain, l'IPM se joindra au mouvement Pugwash et collaborera avec le sénateur Dallaire pour parrainer un atelier international extraordinaire sur la revitalisation du désarmement nucléaire, qui se tiendra à l'occasion du 50e anniversaire du groupe Pugwash. C'est l'occasion pour le Canada d'aller de l'avant.
Merci, monsieur le président.
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Monsieur le président, je vous remercie beaucoup de m'avoir invité à comparaître. Je suis heureux de prendre la parole devant le comité au nom de Project Ploughshares et des Vétérans contre les armes nucléaires (VANA).
Nous avons rédigé un document plus long au sujet de notre programme de désarmement pour le Canada, et je veillerai à ce que tous les membres du comité en reçoivent un exemplaire. Je vous invite à prendre connaissance de la brève histoire de VANA dans ce rapport en particulier. C'est un organisme extraordinaire qui réunit des anciens combattants qui comprennent la réalité de la guerre, qui savent que le pouvoir destructeur pratiquement illimité des armes nucléaires n'est pas un gage de sécurité dans le monde, et qui tirent parti de leur expérience unique d'anciens combattants pour inciter le monde depuis une décennie à éliminer ce grand danger.
Cette année, la réunion du Comité préparatoire de la Conférence d'examen du Traité de non-prolifération nucléaire a fait ressortir deux réalités irréfutables. Premièrement, si le rôle fondamental du Traité, aujourd'hui en perte de vitesse, est de faire avancer la sécurité mondiale, il doit alors reposer sur un équilibre solide entre trois piliers égaux : le désarmement, la non-prolifération et les utilisations pacifiques. Deuxièmement, la communauté internationale a maintenant dépassé depuis longtemps le simple débat sur l'éventail des politiques de désarmement et de non-prolifération; elle cherche plutôt des moyens d'appliquer de façon concrète le programme déjà adopté.
Tous les États ont l'obligation d'appliquer les articles du TNP, mais en fait, quatre catégories d'États adhèrent au régime de non-prolifération, et chaque groupe doit assumer des rôles et des défis particuliers en matière de mise en application.
Le groupe le plus important est constitué des États non dotés d'armes nucléaires, ENDAN. En contrepartie de leur renoncement aux armes nucléaires, les ENDAN ont reçu un engagement exécutoire de désarmement par les États dotés d'armes nucléaires et ils ont accès à la technologie nucléaire à des fins pacifiques. Ils sont tenus de valider continuellement leur statut d'ENDAN en signant un accord de garanties avec l'AIEA. Un grand nombre d'entre eux n'ont pas encore respecté leurs obligations et, bien entendu, l'Iran et la République populaire démocratique de Corée se sont rendus coupables de violations sérieuses des obligations particulières du Traité et de l'accord de garanties. En outre, environ trois douzaines de ces États possèdent la technologie nucléaire et, par conséquent, doivent signer et ratifier le Traité d'interdiction complète des essais nucléaires pour qu'il puisse entrer en vigueur. Plusieurs d'entre eux ne l'ont pas encore fait.
Le deuxième groupe, les États dotés d'armes nucléaires, EDAN, ont l'obligation juridique de détruire leur arsenal nucléaire. À la Conférence d'examen de 2000, ils ont renouvelé leur engagement à atteindre cet objectif, bien qu'ils ne soient pas obligés de respecter une échéance précise. Dans l'intervalle, les pays dotés d'armes nucléaires sont tenus de remplir les engagements qu'ils ont pris à l'égard du TNP et à l'occasion des conférences d'examen de 1995 et 2000. Je n'en ferai pas la liste puisque le sénateur Roche a déjà mentionné la plupart d'entre eux. Des réductions irréversibles et vérifiables de leur arsenal sont au coeur de leurs obligations. Le non-respect de ces obligations équivaut à la non-observance du Traité; cela équivaut totalement au non-respect de toutes les exigences en matière de garanties par les ENDAN.
On retrouve dans le troisième groupe l'Inde, Israël et le Pakistan. Ce sont, en fait, des États dotés d'armes nucléaires, mais ils ne sont pas signataires du TNP. Cela ne veut pas dire qu'ils peuvent se soustraire à toute obligation en matière de désarmement. Ils sont tenus de se conformer à la norme de désarmement du TNP, et en tant que membres de la Conférence sur le désarmement (CD), ils ont assurément l'obligation de respecter de bonne foi les objectifs sur lesquels s'entendent présentement les membres de cet organisme, soit la prévention d'une course aux armements dans l'espace, les garanties négatives de sécurité obligatoires, et un traité interdisant la production de matières fissiles. La CD a aussi négocié le traité sur l'interdiction des effets nucléaires. Les trois États possédant la technologie nucléaire doivent ratifier le traité pour qu'il puisse entrer en vigueur. L'Inde et le Pakistan se sont aussi rendus coupables d'une violation directe de la résolution 1172 du Conseil de sécurité des Nations Unies qui leur demande clairement de mettre immédiatement fin à leurs programmes de développement d'armes nucléaires.
Le quatrième groupe comprend les États non dotés d'armes nucléaires membres de l'OTAN, un groupe qui comprend évidemment le Canada. Ces pays vivent une contradiction flagrante : ils affirment, d'une part, en tant que membres de l'OTAN, que les forces nucléaires sont essentielles à la sécurité de l'alliance et, d'autre part, en tant que signataires du TNP, ils posent que le désarmement nucléaire est essentiel à la sécurité mondiale. C'est une contradiction qui doit être résolue en faveur de ce dernier engagement.
En somme, quelles sont les priorités que devrait viser le Canada dans le contexte de ce vaste et essentiellement consensuel programme de désarmement?
De façon primordiale, pour continuer dans la bonne voie, chaque nouveau gouvernement canadien devrait tout naturellement réaffirmer l'engagement fondamental pris par le pays d'éliminer les armes nucléaires, et ce, au plus haut niveau. En gardant cet objectif inébranlable au coeur de ses efforts, le Canada doit continuer à promouvoir activement l'application précoce du vaste programme de désarmement dont nous avons parlé.
Il y aura nécessairement quelques changements de priorité au gré des circonstances, mais actuellement, il y a plusieurs points qui méritent que le Canada s'y attarde car il peut vraisemblablement exercer une grande influence. En premier lieu, il doit s'attacher au mécanisme de désarmement. Le désarmement nucléaire dépend d'abord et avant tout de la volonté des États d'y prendre tout simplement part, mais les mécanismes institutionnels par lesquels ils réalisent ce programme fondamental et urgent sont d'une importance cruciale.
La dysfonction permanente dont souffre la CD donne à penser qu'il est encore une fois temps que le Canada, de concert avec des États aux vues similaires, explore la possibilité que le premier comité de l'assemblée générale des États-Unis constitue des comités ponctuels chargés d'examiner le programme à quatre volets qui est présentement au point mort à la conférence. Les quatre volets sont les suivants : la non-militarisation de l'espace, les garanties de sécurité négatives, le traité d'interdiction de la production de matières fissiles et de nouvelles approches vis-à-vis le désarmement nucléaire dans son ensemble.
Dans le contexte du TNP, le Canada devrait continuer de faire la promotion des propositions suivantes : une structure de gouvernance plus efficace donnant lieu à des réunions annuelles de prise de décision; la capacité de réagir à une crise, comme la déclaration de l'intention d'un État partie de se retirer du traité; et la création d'un bureau ou d'un secrétariat permanent pour veiller au traité. Le Canada s'est fait et devrait continuer à se faire un point d'honneur de promouvoir la transparence grâce à des rapports périodiques sur les efforts de conformité des divers États et la pleine participation des ONG au processus d'examen du Traité.
Deuxièmement, le conflit concernant le programme d'enrichissement de l'uranium de l'Iran soulève des questions importantes sur la diffusion des technologies civiles de nature délicate auxquelles peuvent légalement avoir accès tous les États respectant leurs obligations de non-prolifération. Le désarmement nucléaire exige que ces technologies soient sérieusement limitées et placées sous contrôle international par l'intermédiaire d'arrangements multilatéraux non discriminatoires. Le Canada, qui est un pays doté de grandes compétences dans ces technologies, devrait jouer un rôle actif dans l'étude et la promotion des mécanismes internationaux de contrôle du cycle du combustible nucléaire.
Troisièmement, l'accord de coopération nucléaire civile entre les États-Unis et l'Inde a abouti à des propositions visant à exonérer l'Inde des principales directives du Groupe des fournisseurs nucléaires, et la technologie et les intérêts canadiens sont directement concernés. Le Canada doit être une figure de proue dans les efforts internationaux déployés pour amener l'Inde, Israël et le Pakistan à respecter les règles et la discipline du régime de non-prolifération nucléaire. Au bas mot, le Canada devrait insister pour que le Groupe des fournisseurs nucléaires oblige l'Inde à ratifier le TICEN et à se soumettre à un gel véritable de la production de matières fissiles à des fins d'armement avant qu'on envisage d'apporter des modifications aux directives relatives à la coopération civile.
Et en dernier lieu, le Canada ne peut esquiver le besoin d'éliminer la contradiction entre l'OTAN et le TNP. Pour mettre fin à cette contradiction, il faut que le Canada appuie l'engagement de désarmement du TNP.
Merci.
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Merci, monsieur le président.
Messieurs, merci beaucoup d'être venus.
Je voudrais maintenant aborder l'aspect davantage pratique de la question, l'évolution des armes nucléaires à certaines fins — je n'ai pas besoin d'en faire l'historique — et l'exemple récent de plus d'un million de soldats placés le long de la frontière entre l'Inde et le Pakistan, près d'un million de soldats de chaque côté, prêts à s'entretuer. Je pense que si ces pays n'avaient pas eu l'arme nucléaire, il y aurait eu une guerre épouvantable.
Je dis cela en réponse à votre observation, monsieur, quand vous avez dit qu'il n'est plus valable de considérer les armes nucléaires comme un élément de sécurité.
Vous avez dit également qu'il faut un intervenant ayant davantage de poids. J'ignore à qui vous faisiez allusion, peut-être aux États-Unis, à la Russie, à la Chine? Quel est ce poids lourd qui, d'après vous, est nécessaire?
Étant donné que les armes nucléaires existent, que la science nucléaire existe et qu'elle progresse, ne croyez-vous pas qu'il est naïf de supposer que nous pouvons faire marche arrière et éliminer tout ce domaine scientifique ou même en ralentir le progrès?
Ce que je voudrais entendre, monsieur... C'est une question très complexe et loin de moi de vouloir appuyer la prolifération nucléaire, mais avez-vous une solution complète et réalisable à nous offrir? Je ne pense pas que des déclarations aux Nations Unies vont faire le moindre bien. Est-ce une approche réaliste? Est-ce faisable? Cela peut-il se faire?
Voilà les questions auxquelles je vous invite à répondre, monsieur.
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Merci beaucoup, monsieur Khan.
Premièrement, au sujet du « poids », ce que je voulais dire, c'est que le gouvernement canadien devrait prendre la parole au niveau le plus élevé, aux échelons supérieurs: le premier ministre, le ministre des Affaires étrangères. Il faut absolument un exposé complet de la politique du gouvernement du Canada sur cette question.
En matière de sécurité, il est assez clair que les armes nucléaires ne peuvent pas être utilisées et qu'elles n'ont pas été en mesure d'empêcher les guerres qui ont eu lieu au cours des 30 ou 40 dernières années.
Au sujet de l'Inde et du Pakistan, la présence d'armes nucléaires dans les deux pays, à mon avis, aggrave la situation au lieu de l'améliorer. Le temps n'est plus où un pays pouvait espérer garantir sa propre sécurité grâce à une puissance militaire écrasante, y compris en possédant des armes nucléaires. L'histoire moderne fourmille d'exemples de ce phénomène.
Pour ce qui est d'être naïf parce que j'aspire à un monde libre d'armes nucléaires, ce n'est pas un simple sermon que je fais; c'est une obligation juridique aux termes du Traité de non-prolifération. Tous les États sont obligés de poursuivre des négociations visant l'élimination complète des armes nucléaires.
En outre, du point de vue politique, il est totalement déraisonnable de croire qu'au XXIe siècle, nous puissions maintenir le statu quo, celui-ci étant défini comme une situation où un certain nombre d'États s'arrogent le droit de posséder des armes nucléaires tout en interdisant à tout autre État d'en faire l'acquisition. Cela ne fonctionne tout simplement pas.
Pour reprendre les propos du secrétaire général sortant Kofi Annan, nous cheminons comme des somnambules vers la catastrophe.
J'ai cité les quatre éminents hommes d'État américains — Schultz, Kissinger, Perry et Nunn — qui, dans un article remarquable publié dans le Wall Street Journal, ont dit que le temps est maintenant venu d'instaurer un monde libre de toute arme nucléaire et de poursuivre cet objectif en prenant un certain nombre de mesures qui sont autant d'étapes obligatoires.
Personne ne croit que l'abolition des armes nucléaires pourra se faire du jour au lendemain. Ce n'est pas ce qu'on a en tête. C'est le refus des grands États de s'orienter dans cette voie d'une manière concrète et pratique qui déstabilise le régime international aujourd'hui et qui affaiblit le Traité de non-prolifération, lequel est la meilleure garantie que nous ayons contre la guerre nucléaire.
Je vais répondre à la première question et M. Regehr traitera de l'Inde.
Premièrement, je suis perplexe, monsieur Obhrai, quand je vous entends utiliser le mot « exempter ». Je ne sais pas trop si c'est ce que vous vouliez laisser entendre, mais permettez que je dise clairement que les grandes puissances nucléaires ne sont pas exemptées de leurs obligations aux termes du Traité de non-prolifération. Pour ce qui est de faire rapport et de ne pas tenir compte du Traité, je ne dirais pas que les grands États ne tiennent aucun compte du Traité de non-prolifération. Ils sont présents à toutes les conférences d'examen. Il y a eu tout dernièrement une réunion de deux semaines à Vienne pour préparer l'examen de 2010; les États nucléaires y ont tous participé. Mais ils essaient de gagner sur les deux tableaux. Ils essaient de prétendre que leurs programmes de modernisation sont mis de côté, et ils veulent braquer l'attention sur l'Iran et la Corée du Nord.
Je tiens à affirmer, à titre de personne qui croit en l'élimination des armes nucléaires, qu'il faudrait bien sûr empêcher l'Iran, la Corée du Nord et n'importe quel autre pays de se procurer une arme nucléaire, mais que cette campagne ne sera pas couronnée de succès tant et aussi longtemps que ceux qui en ont s'imaginent qu'ils peuvent continuer de les posséder sans tenir aucun compte de leurs obligations.
Leurs rapports sont déficients, mais Hans Blix déclare dans son propre rapport — et des personnalités éminentes du monde entier le disent — qu'il y a 27 000 armes nucléaires, que 95 p. 100 d'entre elles sont réparties entre les États-Unis et la Russie et que, de ce nombre, environ 2 500 armes nucléaires stratégiques, dont les plus petites sont environ huit ou dix fois plus puissantes que la bombe qui a explosé à Hiroshima, sont maintenues en état d'alerte, c'est-à-dire qu'elles pourraient être utilisées à 15 minutes d'avis. Donc, le risque d'accident, d'une défaillance d'ordinateur ou d'une anicroche quelconque, ou encore d'un régime déstabilisé quelque part qui infiltrerait tout le système des armes nucléaires, ce risque est très élevé pour le monde.
Quand M. Dosanjh m'a demandé quelle était la mesure la plus importante de toutes et que j'ai répondu que c'était le Traité d'interdiction complète des essais nucléaires, s'il m'avait accordé le loisir de nommer deux mesures, j'aurais dit en deuxième lieu que la deuxième mesure la plus importante est de faire en sorte que ces armes-là ne soient plus en état d'alerte. Pourquoi le Canada ne s'adresse-t-il pas aux États-Unis et à la Russie pour leur dire : vous avez tort, vous mettez l'humanité en danger en conservant ces armes en état d'alerte et, Dieu du ciel, faites au moins un geste de bonne volonté en ne mettant plus ces armes en état d'alerte?
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Merci, monsieur le président.
Je remercie nos invités. C'est effectivement un honneur de vous accueillir ici aujourd'hui, et vous nous avez donné amplement de ressources avec vos mémoires et aussi votre expérience.
C'est parfois déprimant quand on fait le point et qu'on constate à quel point nous étions avancés, et dans quelle direction nous nous orientons maintenant. Cela se trouve assurément dans votre mémoire et pour quiconque se penche sur cette question, la difficulté réside en partie dans le fait que les gens ont décidé que ce n'est pas une question importante. Rien ne saurait être plus faux, comme vous l'avez rappelé quand vous avez dit que nous cheminons comme des somnambules.
Sans compter qu'avec des gens du calibre et de l'expérience de MM. Schultz, Nunn, Perry et Kissinger, ce n'est pas une question idéologique. C'est une question humanitaire, ce qui ressort d'ailleurs clairement de leur article d'opinion. Je suis absolument ravi qu'ils aient fait part de leur opinion à la communauté mondiale, parce qu'il vaut la peine de l'entendre.
Ce que nous essayons d'établir ici, c'est la position du Canada. D'après le hansard, le 17 mai, à la Chambre, M. O'Connor a dit au Président de la Chambre, en réponse à une question : « Monsieur le Président, nous sommes membres de l'OTAN et nous adhérons à ses politiques et, à ce moment-ci, l'OTAN n'a pas de politique en matière de désarmement nucléaire. » Ensuite, en réponse à la personne qui posait la question, il a ajouté : « Comme la députée le sait, le Canada a choisi en 1945, lorsqu'il a participé à la création des armes nucléaires, de ne pas avoir d'armes nucléaires. C'est notre point de vue national. »
Cela ajoute à la confusion. Je ne dis pas cela pour embarrasser qui que ce soit, parce que c'est ce que vous avez déjà énoncé. D'une part, nous disons qu'au Canada, à titre d'État nation, nous ne sommes pas en faveur de l'utilisation des armes nucléaires. D'autre part, nous avons ce dilemme avec l'OTAN et il est d'une importance tellement cruciale que le Canada utilise son rôle au sein de l'OTAN pour établir une position. Nous pouvons le faire sans compromis. Nous pouvons le faire — et je pense que votre argument est excellent — au moyen d'une déclaration de principe qui peut être adoptée au sein de l'OTAN.
Voici donc ma première question, qui s'adresse peut-être à vous, monsieur Roche : comment pouvons-nous faire cela? C'est un objectif que nous devrions atteindre, et je pense qu'il y aurait consensus là-dessus, mais comment y parvenir au sein de l'OTAN?
Le président aimerait probablement que ma réponse soit brève et elle le sera.
Premièrement, quand vous dites que c'est « déprimant », c'est vrai à certains égards, mais il faut voir la question sous un autre angle. Je soutiens qu'il y a un élan historique vers l'élimination des armes nucléaires. Cela a été accompli grâce au prolongement indéfini du TNP en 1995, rendant ainsi les obligations permanentes.
La Cour internationale de justice a déclaré qu'elle a le devoir de conclure les négociations. En 2000, on s'est entendu à l'unanimité sur un engagement catégorique en 13 étapes. C'est seulement ces dernières années qu'il y a eu un ralentissement.
Nous devons donc aider à inverser la vapeur. Vous avez raison de dire que ce n'est pas une question idéologique; les armes nucléaires, c'est du ressort des droits de la personne. C'est la plus grossière violation des droits de la personne dans le monde entier, sans même parler de ceux qui subiront l'attaque directement. L'affaire doit donc être abordée du point de vue des droits de la personne.
Enfin, au sujet du Canada et de ce que le ministre a dit, bien sûr, nous sommes reconnaissants que le Canada ne soit pas un pays doté de l'arme nucléaire. Nous n'en avons pas comme tel, bien que je ne reviendrai pas sur les détails historiques. Mais il ne suffit pas de ne pas avoir d'armes nucléaires; nous devons être actifs au sein de la communauté internationale pour débarrasser le monde du fléau qu'est la possession d'armes nucléaires. Cela met toute l'humanité en danger.
Enfin, je ferai mon dernier commentaire d'aujourd'hui sur ce que nous pouvons faire au sein de l'OTAN. Votre comité, monsieur le président, a une excellente réputation et beaucoup d'expérience accumulée au fil des années dans le dossier des armes nucléaires, comme vous l'avez fait remarquer au début de la réunion. De tous les dossiers que vous étudiez au XXIe siècle — je sais que vous avez un ordre du jour très chargé et qu'il y a beaucoup de choses importantes qui se passent dans le monde —, deux problèmes se détachent et sont d'une importance cruciale: le changement climatique et les armes nucléaires. Si nous nous dérobons à l'obligation de réduire et d'éliminer le danger que les armes nucléaires font peser sur le monde, nous n'assumons pas nos responsabilités.
Le gouvernement canadien doit donc presser l'OTAN de revoir sa stratégie et votre comité est bien placé pour conseiller au gouvernement du Canada d'exercer son influence et son leadership en se joignant à des États qui partagent ses vues au sein de l'OTAN — il est certain que la Norvège, l'Allemagne et la Belgique seraient trois partenaires à cet égard — pour travailler ensemble en vue de revoir la politique de l'OTAN. C'est un objectif réalisable.
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Monsieur le président, je me réjouis d'avoir l'occasion de comparaître de nouveau devant vous en qualité d'ambassadeur du Canada au désarmement. Depuis ma dernière comparution devant le comité, en décembre 2004, plusieurs nouveaux éléments ont influé sur les perspectives de progrès dans le domaine de la non-prolifération, du contrôle des armements et du désarmement et nous pourrons en discuter.
Conformément aux intérêts que le comité a manifestés dans le passé, je m'attarderai surtout à ce qui concerne les armes de destruction massive, mais j'effleurerai aussi des initiatives relatives au contrôle des armes classiques et l'espace extra-atmosphérique.
Le Canada soutient depuis longtemps un ordre international qui repose sur un système fondé sur des règles et qui vise à assurer la paix et la sécurité par la primauté du droit et le règlement pacifique des différends. En ce qui concerne les armes, le Canada cherche à éliminer la catégorie la plus dévastatrice, celle des armes de destruction massive, et à élaborer des accords permettant de contrôler les autres armes en vue d'en minimiser les effets potentiellement néfastes sur la sécurité internationale et humaine. Notre politique de non-prolifération et de désarmement à l'échelle internationale procède donc de motifs à la fois stratégiques et humanitaires.
Les armes chimiques et biologiques sont soumises à une interdiction complète en vertu de deux traités internationaux largement respectés, la Convention sur les armes biologiques et à toxines de 1975 et la Convention sur les armes chimiques de 1997, sous le régime duquel ces armes ont été ou seront bientôt éliminées des arsenaux des États. La nécessité d'assurer l'application de ces accords persiste cependant et exige un engagement soutenu.
La Convention sur les armes biologiques, par exemple, qui ne contient pas de clauses de vérification, a fait l'objet en décembre dernier d'une conférence d'examen couronnée de succès où l'on a convenu d'intensifier les opérations. On a décidé de tenir des conférences annuelles des États parties ainsi que des réunions annuelles d'experts qui examineront des questions précises et pertinentes, et de créer une petite unité de soutien dotée d'un effectif de trois membres du personnel à plein temps à Genève. Ces mesures, modestes en apparence, sont en réalité des signes tangibles de la volonté des 155 États parties de préserver l'efficacité du traité et d'en renforcer l'application.
La situation est encore plus encourageante en ce qui concerne les armes chimiques, qui comptent 182 États parties et six autres États signataires. Sur les six États possesseurs déclarés, quatre auront achevé la destruction de leurs stocks bien avant l'échéance d'avril 2012, tandis que les deux autres, les États-Unis et la Russie, progressent constamment dans cette direction.
Il faut souligner en particulier que la CAC est dotée d'un excellent mécanisme de vérification, à savoir l'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques, dont le siège est à La Haye et qui comprend un inspectorat très efficace.
Les armes nucléaires, bien qu'elles éclipsent les autres ADM en ce qui a trait à leur puissance destructrice, ne font pas encore l'objet du même type d'interdiction complète qui vise les armes biologiques et chimiques. Le traité international régissant les armes nucléaires est le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP), qui recueille une adhésion presque universelle.
Le TNP, signé en 1968 et entré en vigueur en 1970, est un traité relativement simple, qui contient cependant un marché complexe en trois volets entre les cinq États dotés d'armes nucléaires (États-Unis, Royaume-Uni, France, Russie et Chine) reconnus par le traité et les 184 autres États parties. Les premiers, les États dotés d'armes nucléaires, s'engagent à s'efforcer de bonne foi de réaliser le désarmement nucléaire prévu à l'article VI; et les seconds, c'est-à-dire les États qui ne possèdent pas d'armes nucléaires, s'engagent à ne pas produire ni acquérir des armes nucléaires (article II). Parallèlement, tous les États s'engagent à faciliter la coopération pour l'utilisation pacifique de l'énergie nucléaire, à l'article IV, sous réserve d'assurances qu'une telle coopération ne contribuera pas à la mise au point d'armes nucléaires, à l'article III.
Bien que le TNP soit sans doute le plus important traité sur la sécurité internationale qui existe et qu'il ait rapporté d'énormes avantages au cours de ses 37 ans d'existence, c'est également un traité qui est soumis actuellement à des tensions considérables. Ces dernières années, ses normes sont attaquées sous divers aspects : programmes d'armes nucléaires clandestins de l'Iraq, de la Libye et de la Corée du Nord, ce dernier pays ayant été le premier État à se retirer du traité; révélation du marché noir nucléaire A.Q. Khan, basé au Pakistan; inobservation persistante par l'Iran des résolutions de l'AIEA, et maintenant des résolutions du Conseil de sécurité de l'ONU concernant la nécessité de restaurer la confiance internationale dans la nature pacifique de ses activités nucléaires.
Outre ces problèmes relatifs au volet non-prolifération du traité, on constate que de nombreux États non dotés d'armes nucléaires mettent désormais sérieusement en doute la volonté des États dotés d'armes nucléaires de remplir leurs obligations de désarmement nucléaire conformément à l'article VI du traité et aux décisions prises aux conférences d'examen de 1995 et de 2000. Beaucoup de ces tensions internes étaient évidentes à la conférence d'examen du TNP de mai 2005, qui n'a pu adopter aucun document de fond, ce qui en soi est symptomatique des difficultés auxquelles le traité se heurte et de l'effritement du consensus sur ses priorités actuelles.
Ayant dirigé la délégation du Canada à la première commission préparatoire du nouveau cycle d'examen du TNP, qui a pris fin le 11 mai à Vienne, je puis vous dire qu'il faudra beaucoup de travail pour combler les fossés qui existent entre les parties au TNP et restaurer l'adhésion de toutes à un but commun, qui est crucial pour son application.
Mais le Canada et ses diplomates ne reculent pas devant la difficulté et je puis assurer au comité que nous avons joué un rôle de chef de file en ce qui a trait aux correctifs nécessaires pour renforcer l'autorité et l'intégrité du TNP. Nous réclamons systématiquement l'application concrète et générale des trois piliers centraux du traité.
Nous avons aussi présenté des idées novatrices pour renforcer l'autorité du traité et la responsabilité à son égard en instituant des conférences annuelles des États parties, la possibilité de réunions d'urgence des parties, un bureau permanent du traité, des rapports annuels sur son application et un rôle accru pour la société civile.
Nous aurons besoin d'une action concertée de toutes les catégories d'États parties au TNP pour que les engagements centraux et les normes que contient ce traité puissent continuer d'agir au profit de l'humanité.
Après les armes de destruction massive, permettez-moi de passer maintenant à l'autre extrémité du spectre des armes, celle des armes classiques. On a rappelé également que ce sont des civils et non des combattants qui constituent la grande majorité des victimes de ces armes. Ce sont des armes qui entravent la paix et le développement durable et à propos desquelles des facteurs humanitaires et des obligations imposés par le droit humanitaire international jouent un rôle particulièrement déterminant.
Les efforts multilatéraux visant à restreindre l'emploi de certaines armes qui frappent sans discernement ou qui ont des effets traumatiques excessifs datent de plus d'un siècle. La convention de La Haye de 1897, qui a interdit les balles dum-dum ou explosives, en est un exemple ancien.
En 1982 a été conclue la Convention sur l'interdiction ou la limitation de l'emploi de certaines armes classiques qui peuvent être considérées comme produisant des effets traumatiques excessifs ou comme frappant sans discernement, ou CCAC — vous comprenez peut-être maintenant pourquoi nous avons un penchant pour les abréviations dans notre métier. Sous les auspices de cette convention ont été élaborés plusieurs protocoles interdisant l'emploi d'armes telles que les lasers aveuglants et le napalm. Le dernier protocole en date, le cinquième, encadre la responsabilité des États à propos des débris de guerre explosifs.
[Français]
Récemment, on s'est préoccupé, sous le régime de la CCAC, de la question des munitions en grappes, alors que, parallèlement, plusieurs pays se réunissaient à Oslo en février pour entamer un processus en vue d'une interdiction internationale des munitions en grappes qui ont des conséquences humanitaires inacceptables. Le Canada a été l'un des 75 États qui ont participé la semaine dernière à une conférence de suivi à Lima, au Pérou, où ils ont examiné quels pourraient être les principaux éléments d'un éventuel instrument juridique.
Les travaux sur la CCAC se poursuivront simultanément à l'occasion de la réunion du Groupe d'experts gouvernementaux, en juin 2007, qui cherchera à recommander un mandat de négociation à proposer à la Conférence des États parties à ce traité, qui aura lieu en novembre de cette année. Le Canada appuie les deux processus, qui sont complémentaires, à notre avis.
Le processus d'Ottawa a débouché, il y a une décennie, sur la Convention d'Ottawa interdisant les mines antipersonnel. Le traité, qui compte maintenant 153 parties, continue d'apporter une contribution majeure à la sécurité mondiale, et l'on évalue à 40 millions le nombre des mines stockées qui ont déjà été détruites sous son régime, alors que le commerce international des mines antipersonnel a été virtuellement éliminé. Le Canada demeure un des partisans les plus actifs de la convention et de l'action antimines qui permet de l'appliquer.
La lutte contre le commerce illicite des armes légères est un aspect important de la politique étrangère canadienne. Le Canada est en faveur de la mise en oeuvre intégrale du Programme d'action des Nations Unies sur les armes légères et continue de prendre des mesures concrètes pour remédier à l'impact humanitaire et aux effets négatifs sur le développement de la prolifération et de l'abus des armes légères, tout en veillant au respect des intérêts légitimes existants des propriétaires, des producteurs, des négociants et des détaillants d'armes à feu.
Nous appuyons également l'initiative du Royaume-Uni visant à élaborer un traité sur le commerce des armes qui comporterait un régime juridique complet régissant les transferts internationaux d'armes classiques de toutes sortes. Nous espérons participer aux travaux du Groupe d'experts gouvernementaux, qui définira le cadre d'un tel traité.
[Traduction]
Enfin, monsieur le président, permettez-moi d'aborder brièvement la question de l'espace extra-atmosphérique, le « dernier front pionnier », comme l'a décrit un Canadien célèbre. Notre village planétaire dépend de plus en plus des satellites pour une large gamme de services pratiques. Nous avons tous intérêt à conserver notre accès à l'espace sans risquer d'y être attaqué.
À Genève, à Vienne et à New York, des discussions sont en cours dans diverses enceintes au sujet des mesures supplémentaires que la communauté internationale pourrait prendre pour préserver le caractère inoffensif de l'espace. À la Conférence du désarmement à Genève, des discussions récentes et des documents de travail ont porté sur deux grandes pistes de solutions : l'élaboration d'un traité interdisant le placement d'armes dans l'espace et la définition de mesures de transparence et de confiance qui contribueraient à empêcher que l'espace extra-atmosphérique ne devienne un théâtre de conflit.
À l'ONU, à Vienne, il s'est accompli beaucoup de travail utile à propos des lignes directrices sur la réduction des débris spatiaux et l'on s'y penche désormais sur la gestion des déplacements dans l'espace. La réglementation de cet aspect de l'activité des États présente de nombreuses difficultés, mais, par un dialogue international constructif, je crois que cette forme de contrôle des armements présente également un potentiel considérable.
Monsieur le président, je vous ai donné un aperçu forcément sommaire de ce que fait le gouvernement dans le domaine de la non-prolifération, du contrôle des armements et du désarmement. Il y a plusieurs points pertinents que n'ai pu aborder dans le temps qui m'était accordé pour cet exposé préliminaire, par exemple le partenariat mondial au G8, où le premier ministre Harper a annoncé récemment que le Canada verserait une contribution additionnelle de 150 millions de dollars.
Je tiens à vous assurer que je suis à votre disposition pour discuter également de ces autres questions. Je répondrai bien volontiers aux questions des membres du comité.
Merci, monsieur.