Monsieur le président et membres du comité,
[Français]
je suis heureux d'être de nouveau ici aujourd'hui pour parler de la mission du Canada en Afghanistan ainsi que des grands progrès que le peuple afghan accomplit avec notre aide.
Comme vous le savez déjà, les Forces canadiennes font partie d'une équipe de 37 pays qui se sont mobilisés en Afghanistan sous le commandement de l'Organisation du Traité de l'Atlantique Nord, l'OTAN, dans le cadre d'une opération mandatée par les Nations Unies.
Depuis ma dernière intervention en octobre, nos forces ont fait face à d'importants défis dans ce pays. Mais nous avons aussi réalisé des progrès notables. J'ai visité l'Afghanistan pour la première fois en mars 2006 et j'y suis retourné deux fois depuis. Le progrès réalisé en Afghanistan devient de plus en plus évident.
[Traduction]
Je voudrais aujourd'hui décrire certains des progrès que j'ai eu le privilège d'observer moi-même à l'occasion de mes trois visites dans ce pays: les progrès sur le plan de la sécurité; les progrès dans la façon dont les Canadiens de divers ministères apportent notre contribution à la mission internationale, et surtout, les progrès sur le plan de la reconstruction et du développement de l'Afghanistan.
Néanmoins, je crois important de commencer par situer mes propos d'aujourd'hui dans leur contexte.
Monsieur le président, le Canada est en Afghanistan pour des raisons qui ont été énumérées à de nombreuses reprises. Nous sommes là-bas parce que notre intérêt national est en jeu, parce que nos alliés ont besoin de notre aide et parce que les Afghans ont demandé notre présence.
Monsieur le président, les décès récents de membres des Forces canadiennes nous rappellent que la sécurité reste difficile à établir en Afghanistan. Les attaques lancées contre nos soldats le week-end of Pâques ont été très éprouvantes pour nos troupes et pour la population canadienne. En tant que ministre de la Défense nationale je suis confronté quotidiennement au coût humain de cette mission et à chacune des décisions que je prends. C'est un très lourd tribu, mais il ne doit pas nous écarter de la mission qui est la nôtre en Afghanistan.
Les Canadiens sont fiers d'avoir pour tradition d'aider ceux qui ont besoin d'aide. En collaboration avec nos amis et alliés, nous poursuivons aujourd'hui cette tradition. Le Canada fait sa part, s'acquitte de son obligation morale de mettre un terme à ce cycle de misère et d'aider à bâtir un meilleur avenir pour le peuple afghan. Nous sommes fiers de nos hommes et de nos femmes en uniforme, fiers de leur bravoure, de leur généreux engagement et de leur sacrifice. Nous pouvons aussi être fiers d'eux parce que leurs efforts ont permis au Canada de jouer le rôle de chef de file et d'avoir une profonde influence sur la scène internationale.
N'oublions pas que l'Afghanistan n'a pas véritablement connu la stabilité depuis plus de 20 ans. De longues années de conflits et de négligence ont laissé leur marque sur ce pays. La mortalité infantile, par exemple, est terriblement élevée. Un enfant sur cinq meurt avant lâge de cinq ans. L'infrastructure et les services publics de base, que nous tenons parfois pour acquis en Amérique du Nord, n'existent tout simplement pas en Afghanistan. Pour les Afghans, la vie peut être une lutte constante. Le peuple afghan, les hommes, les femmes et les enfants qui luttent si fort, sont déterminés à se bâtir un meilleur avenir.
Malheureusement, comme le savent les Canadiens, il y a une minorité d'Afghans qui ne veulent pas de notre présence. Ce sont les extrémistes talibans, qui ont déjà tyrannisé le pays et qui complotent pour le replacer sous leur joug. Les Talibans sont déterminés à saper les efforts des Afghans et de leur gouvernement élu. Ils sont affamés de pouvoir. Ils sont impatients de l'usurper. Ils attendent que nous tombions dans leurs embuscades et que nous abandonnions notre promesse envers le peuple afghan. Ils veulent terroriser la population pour l'asservir en organisant chaque semaine des flagellations et des exécutions et en faisant constamment planer une menace de mort au-dessus de la tête des hommes, femmes et enfants innocents. Ils peuvent être sournois et sont capables d'adapter leurs tactiques pour copier les pratiques meurtrières d'autres terroristes. Ils sont prêts à se servir de n'importe quel moyen — des explosifs improvisés, des attentats suicide et des grenades lancées par des fusées — pour blesser nos soldats et annuler les progrès que le pays a réalisés. Ils sont prêts à faire n'importe quoi pour saper les efforts et la crédibilité du gouvernement afghan et de la communauté internationale. C'est en raison de la menace constante que représentent les extrémistes comme les Talibans que les Forces canadiennes demeurent un élément essentiel de la mission en Afghanistan. C'est aussi la raison pour laquelle nos hommes et nos femmes en uniforme doivent parfois se battre.
Monsieur le président, dans ce contexte, nos troupes doivent parfois détenir des individus dangereux. Je tiens à souligner que, non seulement le traitement approprié des détenus constitue une obligation morale et juridique pour le Canada, ses alliés et l'Afghanistan, mais qu'il est essentiel pour assurer le succès de cette mission. Nous nous attendons à ce que nos collègues afghans respectent ces engagements. Nous avons signé une entente avec le gouvernement afghan à cet effet. Nous sommes déterminés à traiter les détenus de façon humaine, conformément aux normes établies pour les prisonniers de guerre dans la troisième Convention de Genève. Comme nous l'avons toujours affirmé, si le Canada apprenait que des détenus transférés par les Forces canadiennes étaient maltraités, le Canada en aviserait les autorités afghanes et leur demanderait d'intervenir pour mettre un terme aux mauvais traitements et prendre des mesures correctives.
Comme le l'a déclaré à la Chambre des communes, les représentants de notre gouvernement ont fait part au gouvernement afghan des récentes allégations concernant le mauvais traitement de détenus. Les représentants du Canada ont fait part de nos préoccupations à la fois au gouvernement afghan et à la Commission indépendante afghane des droits de la personne. Nous les avons exhortés à enquêter sur ces allégations et, si nécessaire, à prendre des mesures correctives. C'est une question que les Forces canadiennes, le Canada et nos partenaires internationaux prennent très au sérieux.
N'oublions pas non plus qu'il y a actuellement un conflit en Afghanistan. La sécurité des Forces canadiennes est en jeu. Les Talibans se servent de tous les moyens à leur disposition, y compris l'information, pour mettre notre détermination à l'épreuve. Nous faisons de notre mieux contre un adversaire rusé, mais nous ne sommes pas seuls. Comme je l'ai déjà dit, le Canada fait partie d'une mission multinationale.
Au début du mois, j'ai eu l'honneur de recevoir à la Citadelle, à Québec, mes homologues des sept autres pays qui fournissent des troupes au Commandement sud. C'était une occasion de plus de poursuivre notre travail en cherchant les mesures concrètes qui nous permettront de renforcer nos efforts dans le sud de l'Afghanistan.
Nous comptons sur nos alliés et nos partenaires. Ils comptent également sur nous. Les Forces canadiennes sont prêtes à s'acquitter de leur mission.
Les Forces canadiennes nous montrent quotidiennement pourquoi elles sont considérées comme l'une des forces les plus compétentes au monde et notre gouvernement a fait en sorte qu'elles disposent du meilleur équipement disponible, par exemple les chars Leopard 2, qui leur seront livrés prochainement. Nous savons que ce n'est là qu'un élément important. Les connaissances, les compétences et la formation du personnel canadien sont largement à l'origine des améliorations apportées sur le plan de la sécurité. Le travail et le dévouement de nos troupes envoient un message clair aux Talibans quant aux capacités du Canada, et les Forces canadiennes partagent leur savoir-faire avec leurs homologues afghans pour renforcer leurs propres capacités.
Pour l'Opération Baaz Tsuka, notre première opération d'envergure de 2007, les Forces canadiennes ont travaillé avec les Forces de sécurité nationale afghanes pour chasser les insurgés des districts de Panjwai et Zhari. La compétence et le professionnalisme dont les soldats de l'Armée nationale afghane ont fait preuve au cours de cette opération peuvent être très largement attribués au leadership de notre Équipe opérationnelle de mentorat et de liaison surnommée « omelette ».
Comme vous êtes nombreux à le savoir, les Forces canadiennes aident également à construire l'armée nationale afghane dans le cadre du centre de formation national. Les Afghans ont hâte d'assumer la responsabilité de leur propre sécurité et sont déterminés à se construire un avenir sûr et stable. Les Forces canadiennes, leurs partenaires internationaux et les forces de sécurité nationale afghanes sont déterminés à apporter la sécurité dans la région. C'est seulement grâce à la sécurité que le progrès et le développement pourront continuer.
Monsieur le président, je dois vous dire qu'au cours de ma dernière visite, j'ai été frappé par les signes de progrès que l'on doit en partie aux efforts des Forces canadiennes. J'ai pu, pour la première fois, me rendre dans des bases d'opérations avancées qui, jusque-là, étaient jugées trop dangereuses pour les civils. Lorsque j'ai parlé aux soldats canadiens au cours de ma visite, ils n'ont cessé de répéter à quel point la population afghane qu'ils rencontrent quotidiennement les inspirait. Un membre de notre équipe consultative stratégique de retour au Canada a dit qu'après avoir rencontré les gens de ce pays, l'idée qu'on puisse les abandonner lui était intolérable.
Il serait difficile de ne pas voir à quel point les Afghans désirent un meilleur avenir. Ils facilitent le développement en fonction de la culture afghane et des besoins du peuple afghan. Nous les aidons à reconstruire leur pays à leurs propres conditions et en organisant régulièrement des shuras, c'est-à-dire des réunions entre les Canadiens et les aînés locaux, au cours desquels les Afghans nous disent quelles sont leurs priorités.
[Français]
C'est ainsi qu'une école dans le district de Panjwayi a pu rouvrir ses portes en novembre dernier.
C'est à la demande du peuple afghan que les Canadiens ont embauché des travailleurs locaux pour réparer les fenêtres et les toilettes brisées de l'école ainsi que pour y installer des moustiquaires, des portes, des lavabos et des robinets.
Ce projet, comme les autres auxquels des Canadiens travaillent pour aider à atteindre les objectifs du gouvernement afghan, sont conformes aux priorités du gouvernement de l'Afghanistan.
[Traduction]
Telles sont les priorités résultant du Pacte de l'Afghanistan que 60 pays membres de la communauté internationale, y compris le Canada, ont signé avec le gouvernement afghan en juin 2006. Ce pacte d'une durée de cinq ans entre l'Afghanistan et ses partenaires internationaux fait suite à la réalisation des objectifs politiques décrits dans l'Accord de Bonn. Le Pacte engage les signataires à atteindre des objectifs précis. Pour sa part, la communauté internationale s'est engagée à fournir les ressources et le soutien nécessaires. Les jalons prévus dans le Pacte portent sur la sécurité, la gouvernance et les besoins de développement de l'Afghanistan, et ces résultats doivent être atteints dans des délais précis.
Des progrès sont réalisés sur de nombreux fronts pour atteindre les résultats visés dans le Pacte de l'Afghanistan. L'Armée nationale afghane, que le Canada aide à former et à professionnaliser, est en train de réunir, très activement, la force de 70 000 soldats que prévoit le Pacte. La sécurité s'est tellement améliorée dans la province de Kandahar que le programme de la Banque mondiale y est plus actif que jamais. L'aide apportée pour le développement de l'agriculture a permis de construire plus de 10 kilomètres de canaux d'irrigation et 13 kilomètres de systèmes de drainage. Les villages de la province de Kandahar sont maintenant desservis par 150 kilomètres de nouvelles routes, y compris quatre ponts, 50 kilomètres de lignes électriques, 10 transformateurs électriques et 42 générateurs d'électricité, le tout construit avec l'aide du Canada. D'autre part, plus de 1 000 nouveaux puits, 8 000 pompes à main, quatre grands réservoirs d'eau et des kilomètres de nouvelles canalisations d'eau potable ont été construits dans la province de Kandahar avec l'aide des Canadiens.
Les progrès réalisés en Afghanistan continuent de dépendre de notre capacité de maintenir à long terme le soutien que nous avons promis dans le Pacte de l'Afghanistan. Il faut aussi pour cela assurer la sécurité et la stabilité dans le sud du pays. Les objectifs de sécurité et de développement sont étroitement reliés. La sécurité permet le développement tandis que le développement permet la sécurité. Voilà pourquoi le Canada fait participer des diplomates, des forces militaires et policières ainsi que des agents de développement et des agents correctionnels à la mission en Afghanistan. Tous jouent un rôle essentiel dans la transition de l'Afghanistan. Pendant que les militaires travaillent aux côtés des forces afghanes pour assurer la sécurité, les civils canadiens font progresser la situation sur d'autres fronts.
Il était évident, lors de mon dernier voyage, que nous avons fait des progrès quant à la façon dont nous menons cette mission. Les Forces canadiennes, l'Agence canadienne de développement international, le ministère des Affaires étrangères et les autres intervenants ont, l'année dernière, appris à travailler en collaboration beaucoup plus étroite et plus efficace, en établissant des ponts entre les différents ministères. Ils forment vraiment ce qu'on pourrait appeler une Équipe Canada pour relever les défis ensemble, chacun apportant ses capacités respectives. Par exemple, les agents de notre ambassade, y compris, bien entendu, notre ambassadeur, rencontrent régulièrement le gouvernement afghan et les représentants de la communauté internationale. Ils fournissent des conseils sur toutes sortes de questions clés, telles qu'une gouvernance efficace et la protection des droits de la personne et travaillent à consolider les relations de l'Afghanistan avec ses voisins.
De plus, le Canada soutient le gouvernement afghan grâce à une équipe consultative stratégique de 15 membres établie à Kabul. Cette équipe est composée de militaires et de civils de la Défense nationale et de l'ACDI. Elle apporte un soutien aux ministères afghans, comme le ministère du Relèvement et du Développement rural, sur le plan de la planification, pour répondre aux objectifs de la Stratégie de développement national de l'Afghanistan.
Notre pays figure parmi les trois principaux donateurs de l'Afghanistan.Le Canada a engagé environ un milliard de dollars dans des projets afghans de développement et de reconstruction au cours des 10 dernières années. En février, nous avons annoncé un financement supplémentaire de 200 millions de dollars qui sera utilisé cette année et l'année prochaine.
Monsieur le président, souvent, nous nous intéressons surtout aux marqueurs du progrès soit l'accès aux soins de santé, à l'éducation et aux services de base, mais ce dont il faut tenir compte, c'est de ce que cela signifie vraiment. Vous avez sans doute déjà entendu parler des milliers de kilomètres de routes qu'il y a maintenant en Afghanistan et qui n'existaient pas avant. En fait, depuis l'automne dernier, les troupes canadiennes se sont surtout consacrées à la construction de la route Summit, une route asphaltée à deux voies qui relie le district de Panjwai à la route 1. La route Summit n'a qu'une longueur de quatre kilomètres, l'équivalent de quelques circuits autour de la colline parlementaire, mais sa construction aura d'énormes répercussions. Grâce à cette voie d'accès, un agriculteur pourra emmener sa production vers le plus gros marché, ce qui lui permettra de gagner un revenu raisonnable pour sa famille. Cela veut dire que les villages jusque-là isolés pourront bénéficier de la visite d'un médecin. La police et l'armée pourront intervenir plus rapidement en cas de crise. Et surtout, cette route symbolise la capacité du gouvernement afghan de répondre aux besoins de sa population. La route Summit est une réalisation dont les Canadiens en particulier peuvent être fiers. Les membres de notre corps de génie ont travaillé avec les équipes de construction locales pour construire une route, pendant que nos soldats les protégeaient. Malheureusement, plusieurs soldats canadiens ont perdu la vie en essayant de sécuriser le territoire que cette route traverse. Ils ont laissé derrière eux un legs incroyable pour le peuple afghan.
Les Canadiens peuvent également être fiers de ce que notre équipe de reconstruction provinciale de 330 membres a accompli dans le sud de l'Afghanistan.
[Français]
L'équipe provinciale de reconstruction de Kandahar se compose de membres des Forces canadiennes, d'un contingent de policiers civils dirigé par la GRC ainsi que de représentants du ministère des Affaires étrangères et du Commerce international et de l'Agence canadienne de développement international. L'équipe est chargée de fournir des services essentiels à la population locale au nom du gouvernement afghan.
[Traduction]
Néanmoins, nous pouvons faire plus. Au cours de l'Opération Baaz Tsuka, par exemple, une fois que les Forces canadiennes et les troupes afghanes ont sécurisé une ville, les éléments de l'équipe de reconstruction provinciale sont arrivés peu après et ont commencé à fournir des matériaux de construction. Dans la ville de Howz-e Mada, par exemple, cette équipe a apporté deux conteneurs remplis d'articles tels que des brouettes, des génératrices diesel, du carburant, des fruits séchés et des pelles. Cette coopération civile-militaire immédiate a envoyé un message important aux villageois. Ils ont vu que les Canadiens n'étaient pas là comme des envahisseurs ou des occupants, mais pour soutenir la population et le gouvernement à la demande des citoyens afghans. C'est une des raisons pour lesquelles cette mission est tellement différente de celles du passé.
Je voudrais maintenant vous raconter une petite histoire concernant les centaines de travailleurs afghans que nous employons quotidiennement dans la province de Kandahar. Grâce aux efforts d'un de nos agents financiers des Forces canadiennes, nous rémunérons maintenant le personnel afghan en monnaie afghane. Nous avons lancé une tendance que nos alliés sont incités à imiter, car de plus en plus, les Afghans demandent à être payés en monnaie locale. L'agent des Forces canadiennes à l'origine de ces changements a aussi commandé deux guichets automatiques bancaires: un pour la ville de Kandahar, le premier qu'elle ait jamais eu, et l'autre pour le terrain d'aviation de Kandahar. On pourrait peut-être considérer ces guichets automatiques comme un investissement inutile, mais ils fournissent des devises afghanes, ce qui a plus qu'une importance symbolique. Chaque samedi, le terrain d'aviation de Kandahar devient un marché animé où les soldats alliés peuvent dépenser de l'argent afghan pour acheter de l'artisanat aux marchands locaux. Lorsque les marchands quittent la base, ils se servent de cet argent afghan pour acheter de la nourriture sur le marché local. Ils s'en servent pour acheter des marchandises, des fournitures d'école et payer le médecin. Il a suffi de faire venir deux guichets automatiques distribuant de la monnaie afghane pour contribuer à stimuler le développement économique dans le pays. Finalement, même les efforts les plus modestes ont un effet positif.
Monsieur le président, lors de ma dernière visite, j'ai pu constater que la vie revient dans des endroits qui semblaient désertés. Il y a maintenant davantage d'activité qu'avant dans les villages. À Kabul, le ramassage des ordures a repris. Cela peut sembler insignifiant, mais cette reprise témoigne de progrès beaucoup plus importants que permet le rétablissement des services municipaux de base. À Kandahar, il y a maintenant des bouchons de circulation. Ce n'était jamais un problème avant. La circulation est un signe d'activité, un signe de sécurité et un signe de reconstruction de l'économie. C'est le va-et-vient d'une communauté qui fait les premiers pas vers la prospérité. La prospérité signifie que les enfants peuvent aller à l'école au lieu d'avoir à travailler pour assurer la subsistance de leur famille. En fin de compte, un enfant instruit donne de meilleurs espoirs pour l'avenir de l'Afghanistan.
Monsieur le président, comme je l'ai dit au début, au cours des six derniers mois, les Forces canadiennes en Afghanistan ont été confrontées à de nombreux défis. Elles se sont distinguées par leur détermination à accomplir les tâches difficiles qui leur ont été confiées. La sécurité a été notre principale préoccupation.
Je demande à ceux qui nous critiquent, à ceux qui prétendent que le Canada ne consacre pas suffisamment d'énergie aux efforts de reconstruction, d'écouter ceux qui sont allés sur le terrain et qui ont constaté les progrès de leurs propres yeux, les hommes et les femmes des Forces canadiennes, nos travailleurs du développement, nos policiers et nos diplomates.
Ces dernières semaines nous ont rappelé à quel point la situation reste difficile. Les attaques des Talibans risquent toujours de s'intensifier ce printemps. Mais nous réalisons des progrès, même s'ils peuvent paraître lents et différents de ce à quoi nous pourrions nous attendre ici, au Canada. Ce sont des progrès afghans.
Les Canadiens devraient être encouragés de constater qu'après tant d'années de guerre et de pauvreté, les Afghans défient toute opposition et ont décidé de s'orienter dans une nouvelle voie, celle de la liberté et de la démocratie. Le Canada a largement contribué à changer les attentes des Afghans vis-à-vis de leur avenir. Le Canada améliore la situation dans le monde, pour les Afghans et pour les Canadiens.
[Français]
Je tiens à souligner, monsieur le président, que nous nous sommes engagés envers le gouvernement afghan, les Nations Unies, l'OTAN et nos partenaires internationaux jusqu'en février 2009. À l'approche de cette date, notre gouvernement évaluera la décision en temps voulu en se basant sur les faits. D'ici là, le Canada continuera à honorer ses engagements internationaux, et nous continuerons à appuyer par nos paroles et par nos gestes le peuple afghan et son gouvernement. Les Canadiens savent que les contributions du Canada sont essentielles à notre succès en Afghanistan, et tous les Canadiens devraient être très fiers des Canadiens qui travaillent là-bas et des progrès qu'ils réalisent. Ils devraient aussi être fiers de leur gouvernement, qui est résolu à continuer sur la même lancée en appuyant ses militaires et en honorant les responsabilités internationales du Canada. Notre gouvernement est déterminé à aider le gouvernement de l'Afghanistan à reconstruire sa société et à y instaurer la stabilité et la sécurité, mais il tient par-dessus tout à assurer aux Canadiens un climat de sécurité à l'échelle mondiale.
[Traduction]
Merci beaucoup.
:
Merci, monsieur le président.
Même si je n'ai pas des choses très agréables à vous dire, je vous remercie d'être ici. J'aurais beaucoup d'autres questions à vous poser, mais je vais aborder, justement pour les raisons que vous avez invoquées, celle de l'énorme effort qui a été fait par les hommes et les femmes de l'armée, qu'ils soient du Québec ou du Canada, ainsi que les besoins considérables et les graves dangers auxquels la population afghane et ces militaires sont soumis.
Monsieur le ministre, à cause de cela, il me semble que vous avez la responsabilité, envers eux et elles ainsi qu'envers la population canadienne et la population afghane, de dire la vérité et de faire ce que vous dites. Or, de quoi parlons-nous depuis longtemps?
Je sais que le général Hillier a signé la première entente, je m'en souviens. Je parle bien sûr de l'entente sur le transfert des prisonniers. J'ai négocié, dans ma vie. Des textes, j'en ai lu. Ce n'est pas un texte compliqué, sauf qu'il manque l'acceptation des Afghans et l'engagement du Canada à faire en sorte que, comme dans l'entente hollandaise...
La copie que j'ai de cette entente est en anglais seulement. Alors, je vais la traduire. À la section 4, on dit que les représentants de la Commission afghane indépendante des droits humains, les représentants de l'ambassade de Hollande, incluant des membres de l'armée agissant au nom de l'ambassade et d'autres déterminés au besoin, « will have full access to any persons transferred by the Netherlands military forces to Afghan authorities while such persons are in custody. »
Ces groupes auront donc plein accès aux prisonniers transférés tout le temps qu'ils seront sous leur garde. De même, on reconnaît que la Croix-Rouge et le Croissant-Rouge seront aussi autorisés à visiter.
Dans l'entente signée par le général Hillier au début de la campagne électorale en décembre 2005, on ne lit pas un tel engagement. On dit tout simplement que les participants « aviseront le Comité international de la Croix-Rouge par des voies nationales appropriées » et qu'ils « reconnaissent le rôle légitime de la Commission afghane indépendante des droits humains ».
Bien sûr, il y a une pétition de principe disant que les participants traiteront les détenus conformément aux exigences établies par la Troisième Convention de Genève, mais il n'y avait aucun moyen en vertu duquel le gouvernement du Canada, qui était alors représenté par le général Hillier, disait qu'il allait transférer des prisonniers mais qu'il conservait le droit de les visiter ou de visiter tel ou tel autre groupe à tout moment. Or, c'est là ce qu'il y avait dans l'entente hollandaise qui n'était pas présent dans l'entente canadienne.
Après toutes les protestations qu'il y a eu à la Chambre, vous avez finalement dit que le Canada avait signé une entente avec la Commission afghane indépendante des droits de la personne, la CAIDP. Or, la seule chose qu'on dit dans cette entente, c'est ceci:
Dans le cas où elle en serait informée, la CAIDP s’engage à notifier à la Force opérationnelle interarmées Afghanistan ou à l’ambassade du Canada tout mauvais traitement infligé à un détenu transféré par les Forces canadiennes aux autorités afghanes.
Je répète: « Dans le cas où elle en serait informée ». Leur avez-vous donné l'autorité en tout temps? Non. Alors pourquoi? Répondez-moi.
Monsieur le ministre, vous êtes un homme intelligent. Ce sont deux textes de deux pages, plus un autre texte de deux pages des Hollandais. On vous a parlé des Hollandais tout le temps. Avez-vous pris la peine de lire ces textes? Répondez-moi, s'il vous plaît. Si vous l'avez fait, pourquoi n'avez-vous pas eu les mêmes exigences? C'est important. On a perdu tout ce temps à la Chambre des communes parce qu'on était fâchés. Nous étions fâchés parce que le gouvernement canadien nous mentait et parce que ce gouvernement, qui dit avoir des valeurs, ne prend pas les moyens sur place pour le prouver. C'est grave! C'est grave pour les soldats et pour la population afghane, qui a besoin non seulement qu'on lui dise qu'elles sont nos valeurs mais aussi qu'on lui en fasse la démonstration par des gestes. C'est grave aussi pour les Québécois et pour les Canadiens.
Pourquoi n'avez-vous pas lu ce texte? Et si vous l'avez fait, pourquoi n'avez-vous pas exigé que les mêmes conditions soient incluses dans notre entente?
:
Je ne suis pas certain qu'il restera beaucoup de temps à M. Obhrai.
Monsieur le président, ce que je ne demanderai pas à ces messieurs, c'est de démissionner, car je pense qu'ils font tous un excellent travail en dirigeant nos troupes dans une situation très difficile.
Nous avons eu récemment l'occasion de visiter l'Afghanistan avec le Comité de la défense. Je voudrais passer en revue un certain nombre de choses que nous avons constatées là-bas.
J'ai notamment été très impressionné par la complexité de notre participation. Nous n'avons pas uniquement des troupes qui combattent les Talibans. Nous déployons des efforts intensifs, à tous les niveaux, pour reconstruire le pays. Il ne s'agit pas seulement de reconstruire l'infrastructure, les maisons ou tout ce qui a été entièrement démoli, mais la gouvernance, le système juridique, la loi et l'ordre. Il n'y avait rien; tout avait été détruit. Avec 36 autres pays, nous nous sommes attelés à une tâche difficile en allant là-bas pour aider le pays à se reconstruire.
Je dois dire que c'est l'ancien gouvernement qui nous a confié cette mission et c'est le gouvernement actuel qui la poursuit, sous la direction du chef d'état-major de la Défense, pour qu'elle soit menée le mieux possible. Par conséquent, j'adresse mes félicitations au ministre et à tous ceux qui s'occupent de donner à nos soldats l'équipement dont ils ont besoin pour faire ce travail.
Une des choses que j'ai vues, c'est l'adjudant Henley — je crois que c'était son nom — partir avec sa petite mallette grise rencontrer les shuras ou conseils. Ce dont ils discutaient c'est des petites initiatives à prendre ici et là dans le district pour rallier la population, en espérant qu'elles feraient tâche d'encre. J'ai admiré cet homme pour le courage qu'il montrait en établissant, quotidiennement, ce genre de contact sur le terrain.
Je sais que nous travaillons à tous les niveaux, depuis le cabinet du ministre. Néanmoins, je crois que c'est la participation de nos soldats sur le terrain qui nous permettra de gagner. Nous allons gagner le coeur et l'esprit des gens et nous le faisons déjà. Lorsque nous avons parlé aux Afghans, ils étaient très, très confiants et très, très optimistes.
Lorsque nous étions là-bas, des nouvelles troupes venaient de prendre la relève. En parlant aux soldats qui partaient, j'ai constaté qu'ils étaient optimistes à l'égard des changements qui ont été apportés. Ils n'ont cessé de nous le répéter et ce ne sont pas des gens triés sur le volet qui sont venus nous parler, monsieur le président. À chaque repas, nous avons mangé avec un groupe de soldats canadiens différents qui nous ont dit que leur mission était la bonne chose à faire et qu'ils apportaient un changement positif. Je crois que c'est un bon signe.
Quand nous parlons de l'argent dépensé pour les opérations militaires ou pour la reconstruction, en fait, l'un ne va pas sans l'autre. Je crois que nous devons consacrer davantage d'argent à sécuriser ce pays. Quand ce sera fait, nous pourrons dépenser plus d'argent pour la reconstruction, mais cela se passe maintenant à tous les niveaux.
Je voudrais donc poser une question au ministre au sujet du renforcement des capacités. Lorsque je parle du renforcement des capacités, je veux parler de celles de la police auxiliaire afghane et de la Force de police nationale afghane. Pour que nous puissions quitter un jour le pays — et je sais que nous nous sommes engagés jusqu'en février 2009 — il faut que ces forces puissent prendre la relève et assurer la sécurité de ce pays, aux côtés de l'armée.
Je voudrais que vous nous parliez de notre participation à cet égard. Allons-nous atteindre l'objectif qui a été fixé? On parle d'un nombre assez important pour l'armée, soit 70 000 à 80 0000 hommes entraînés, équipés et prêts à agir. Est-ce illusoire ou est-ce réalisable?