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C'est la séance n
o 23 du Comité permanent des affaires étrangères et du développement international. Conformément à l'article 108(2) du Règlement, nous poursuivons notre étude sur le développement démocratique.
Nous avons le plaisir de recevoir aujourd'hui, pour la première heure de notre réunion, M. Paul LaRose-Edwards, directeur exécutif de CANADEM, la Réserve civile du Canada. Depuis 1997, l'ACDI a approuvé des programmes d'une valeur de plus de 13 millions de dollars réalisés par CANADEM. CANADEM reçoit chaque année 500 000 $ des Affaires étrangères pour ses services de sélection de consultants et d'experts. Nous comptons bien poser des questions à ce sujet un peu plus tard.
Nous vous souhaitons la bienvenue à notre comité. Nous avons rencontré vos homologues en Norvège. Cet automne, nous avons entrepris cette étude du développement démocratique. Nous nous réjouissons que vous soyez venu représenter votre organisme aujourd'hui.
Comme nous en avons l'habitude, nous allons vous accorder du temps pour faire une déclaration préliminaire -- c'est généralement une dizaine de minutes -- et nous commencerons ensuite notre premier tour de questions. En général, les questions nous permettent de compléter les renseignements fournis dans les exposés.
Nous sommes prêts à vous écouter.
Je vous remercie de m'avoir invité à participer à votre étude. Je crois que le développement démocratique, le sujet que vous étudiez, est une question d'une importance cruciale.
Comme vous l'avez dit, je dirige CANADEM, qui est la Réserve civile du Canada. Je vais essayer d'être bref, car je reconnais que les questions vous permettront sans doute d'en apprendre plus.
Un des atouts de votre comité est que vous êtes tous conscients de la validité de l'affirmation de Tip O'Neill selon laquelle la vraie politique se vit au niveau local et c'est pourquoi, aux fins qui nous intéressent, je reformulerais ce principe en disant « Le développement démocratique se vit au niveau local ».
Pendant 25 ans, j'ai travaillé dans le domaine des droits de la personne avec un certain nombre d'organismes internationaux. J'ai fait partie du personnel du Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés et du Haut Commissariat des Nations Unies aux droits de l'homme, du Secrétariat du Commonwealth, d'Amnistie Internationale et d'un certain nombre d'autres organismes.
La façon dont CANADEM conçoit le développement démocratique repose sur le principe fondamental voulant que le véritable développement démocratique se situe au niveau local, et c'est une vérité que nous personnalisons, dans un certain sens. Je suis fermement convaincu que pour réussir, il faut amener les bonnes personnes à intervenir sur le terrain, des gens qui peuvent changer les choses, leur donner quelques moyens et ensuite les laisser travailler. Mais j'aimerais faire deux observations qui se rapportent à mon rôle en tant que dirigeant de CANADEM et qui expliquent aussi un peu, dans un certain sens, le rôle complémentaire que CANADEM joue dans ce contexte.
Ma première observation est que tout développement économique ou social dépend de gens innovateurs qui travaillent dans des comités comme le vôtre, dans des ministères, des ONG, des organismes intergouvernementaux, des entreprises et des sociétés. Le corollaire est que même si le Canada peut et doit apporter son aide, l'avenir de tout développement démocratique repose entre les mains des sociétés civiles locales et des gouvernements en question.
Ma deuxième observation est que le succès avec lequel le Canada et les Canadiens jouent le rôle de mentors et de facilitateurs auprès des sociétés civiles locales dépend aussi de la sélection de personnes qui savent comment changer les choses, comment obtenir des résultats sur le terrain. Voilà en quoi consiste le rôle de CANADEM: il s'agit de recruter les Canadiens les meilleurs et les plus efficaces que nous pouvons trouver.
CANADEM compte maintenant dix années d'existence. Elle a été créée suite à une recommandation d'un rapport adressé aux Affaires étrangères qui critiquait les opérations des Nations Unies sur le terrain et recommandait que le Canada constitue unilatéralement son propre répertoire d'experts en droit de la personne. Tout a commencé à partir de là.
Au départ, nous étions en relation avec NORDEM, la Banque norvégienne de ressources pour la démocratie et les droits de l'homme. Nous nous sommes servis pendant longtemps de la même terminologie si bien que le « DEM » de CANADEM est l'abréviation de démocratie. Toutefois, nous sommes rapidement allés plus loin. Nous avons suivi une voie légèrement différente de celle de NORDEM.
Pour le moment, nous travaillons avec plus de 200 organismes, missions ou divisions des Nations Unies sur le terrain, ainsi qu'un grand nombre d'organismes internationaux et d'ONG sur la scène internationale. Nous avons présenté plus de 10 000 CV de Canadiens. Plus de 2 500 Canadiens ont été sélectionnés par ce processus et plus de 2 000 ont été engagés.
CANADEM est divisée en trois grandes divisions. La première est notre répertoire de ressources qui englobe le programme de Recrutement rapide d'assistance de personnel pour les Nations Unies, qui était notre raison d'être initiale, et dont le financement provient des Affaires étrangères. Notre répertoire compte près de 8 000 Canadiens et il s'allonge rapidement.
Notre deuxième grande division est CANDEP, qui s'occupe du déploiement. Nous venons de terminer quatre grands déploiements réussis. L'un d'eux était CANPOL-Haïti 1, qui a envoyé 25 experts de la police en Haïti. Il y a eu la mission de supervision internationale d'Élections Canada en Haïti; parallèlement à cette mission, il y a eu le déploiement du Corps canadien qui a envoyé des observateurs électoraux. Nous avons aussi aidé Élections Canada pour la mission internationale de supervision des élections iraquienne.
Un certain nombre d'autres déploiements auront lieu très prochainement. Il s'agit notamment de CANPOL-Haïti 2 qui enverra 30 experts de la police en Haïti, cette fois pour un an; de l'assistance au Conseil électoral provisoire haïtien; de l'envoi d'observateurs en Haïti, au Tadjikistan, au Nicaragua, au Congo et dans d'autres pays; d'une aide supplémentaire à Élections Canada pour sa nouvelle mission, la mission canadienne d'accompagnement des élections haïtiennes; la sécurité à la frontière en Cisjordanie et à Gaza, plus un certain nombre d'activités en Afghanistan, etc.
La troisième division de CANADEM, qui dans un certain sens précède les deux premières, est CAN-Jeunesse, notre section jeunesse. Nous considérons que nous avons un rôle important à jouer en encadrant et en lançant les jeunes Canadiens dans leur carrière internationale. C'est une division qui prend rapidement de l'expansion.
Il y a deux caractéristiques qui permettent à CANADEM d'être un instrument utile pour la communauté internationale et d'aider le gouvernement canadien à envoyer des civils sur le terrain. L'une de ces caractéristiques est que nous sommes un organisme indépendant et sans but lucratif, ce qui nous confère une plus grande liberté d'action et nous permet de procéder très rapidement au recrutement et au déploiement.
L'autre caractéristique concerne le risque et la responsabilité civile. Notre conseil d'administration et nos dirigeants sont prêts à courir des risques importants. C'est pour nous un atout supplémentaire. Grâce à ces deux caractéristiques, nous avons pu devenir une réserve civile très complète, qui s'occupe aussi bien de la sélection des candidats que de leur formation, de leur équipement et de leur déploiement sur le terrain.
Pour conclure, vous examinez les pratiques exemplaires et la façon dont le Canada peut le mieux contribuer au développement démocratique. Je tiens à répéter que la réussite repose toujours sur des gens intelligents et efficaces. L'initiative la mieux conçue échouera si des personnes incompétentes sont chargées de la mettre en oeuvre. Également, des initiatives même mal conçues auront des effets positifs si elles sont prises par des gens efficaces qui peuvent faire bouger les choses sur le terrain.
En conclusion, je suis convaincu que le développement démocratique se situe toujours au niveau local et, deuxièmement, la réussite dépend du choix des bonnes personnes. CANADEM est une source privilégiée d'experts canadiens.
Merci beaucoup.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Merci beaucoup, monsieur LaRose-Edwards, d'être présent parmi nous aujourd'hui. En examinant l'aperçu de vos compétences, on se rend compte que la liste est longue et que vous avez fait des missions dans tous les domaines.
Dans votre introduction, vous avez mentionné que vous veniez de terminer une mission en Haïti à laquelle 32 policiers avaient été affectés. Vous nous avez également parlé de l'Afghanistan. Comme nous sommes très présents dans ces deux pays, mes deux questions seront reliées à ceux-ci.
Je suis allé en Haïti il y a à peine cinq semaines et j'y ai dirigé une mission de parlementaires de l'OIF afin d'aider les nouveaux parlementaires des deux Chambres du Parlement haïtien. L'un des problèmes là-bas étant nécessairement un problème de sécurité, ne trouvez-vous pas, bien que vous y ayez fait une mission, qu'il n'y a pas de continuité dans les missions?
Lorsque nous, parlementaires, sommes allés en Haïti, c'est un peu ce que le gouvernement actuel de M. Préval et du premier ministre Alexis nous a dit: les gens viennent, c'est parfait, mais ils quittent trop tôt. J'aimerais entendre vos commentaires à ce sujet.
Aussi, de quelle façon vous êtes-vous impliqué en Afghanistan? Demain, le ministre de la Défense ainsi que le général Hillier vont venir devant notre comité. Vous n'êtes pas sans savoir que nous sommes maintenant très présents à Kandahar et qu'il y a là actuellement des problèmes. J'aimerais, s'il vous plaît, savoir de quelle façon, au regard du développement démocratique d'un pays comme l'Afghanistan, vous pouvez être présent, plus particulièrement dans la région de Kandahar.
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Pour répondre à votre première question pour ce qui est de la continuité et de savoir si nous ne quittons pas trop vite les zones de missions, il est certain que cela pose un défi depuis toujours. Le problème ne va sans doute pas disparaître rapidement. Il y a un manque de fonds et nous devons constamment trouver des moyens d'y remédier.
Personnellement, j'ai toujours pensé que les experts internationaux devraient former rapidement des remplaçants locaux. Autrement dit, il faut partir du principe que dans trois ou six mois vous quitterez le pays et vous n'y retournerez plus. Si vous voulez des résultats durables, vous avez intérêt à former des remplaçants locaux.
La communauté internationale commet l'erreur de croire qu'elle va apporter toutes les solutions et tout diriger sur le terrain. Personnellement, je ne pense pas que ce soit la bonne façon de voir les choses. Je suis convaincu que la société locale a l'intelligence voulue pour apprendre. Elle a simplement besoin qu'on lui en fournisse l'occasion et qu'on lui apporte quelques idées nouvelles. C'est ainsi qu'on peut faire face à la réalité selon laquelle nous ne resterons jamais engagés très longtemps au même endroit. Nos interventions seront ponctuelles.
La meilleure solution consiste à veiller, dès le premier jour, à consacrer la majeure partie de nos ressources au mentorat et à obtenir la participation de la société hôte, des organismes et du gouvernement local. Nous préférons sélectionner et envoyer le genre de personnes qui le comprennent et qui ne cherchent pas à s'incruster éternellement. Elles doivent chercher à développer les capacités locales.
Je ne sais pas si cela répond à votre question, car je ne pense pas qu'il y ait de solution facile sur le plan du financement en général.
Pour ce qui est de l'Afghanistan, nous envoyons des gens là-bas depuis près de cinq ans, en plus de sélectionner des experts pour des activités en Afghanistan. Nous y avons déployé des experts de la police et quelques experts des tribunaux. La Défense nationale fait également largement appel à nos services pour recruter ce qu'elle appelle des interprètes culturels. Il s'agit de Canadiens d'origine afghane. Nous avons un répertoire de 200 Canadiens d'origine afghane que nous avons sélectionnés. La Défense nationale s'adresse donc à nous pour recruter les personnes qui sont déployées aux côtés des troupes canadiennes et qui jouent là un rôle clé.
En fait, cela fait suite à notre intention de faire davantage appel, compte tenu de nos ressources limitées, à ces néo-Canadiens en les renvoyant dans leur pays d'origine, non pas en tant qu'Afghans ou Congolais, mais en tant que Canadiens qui connaissent bien la culture locale, ce qui n'est pas à la portée de ceux d'entre nous qui sont nés et qui ont été élevés au Canada. Nos Canadiens d'origine afghane ont donc eu un grand succès. Le gouvernement afghan les a recrutés directement à partir de notre répertoire, de même que la Défense nationale, les Affaires étrangères et toute une série d'organismes internationaux.
Il est question d'envoyer bientôt des policiers et d'autres experts dans la région de Kandahar. C'est à la fois une bonne et une mauvaise nouvelle. La mauvaise nouvelle est que la région de Kandahar est très dangereuse. La bonne nouvelle est que nous avons un très grand nombre de personnes, parmi nos 8 000 candidats, qui sont prêtes à aller là-bas, qui comprennent les risques, mais qui comprennent aussi que quelqu'un doit courir ce risque pour essayer d'améliorer la situation sur le terrain. Nous sommes donc déjà en contact avec certains de nos experts de la police et un nombre étonnant d'entre eux se sont dits prêts à se rendre à Kandahar, ce qui m'a beaucoup surpris, mais c'est formidable.
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Nous sommes ce que j'appellerais un « quango » c'est-à-dire un organisme quasi non gouvernemental. Nous ne sommes pas un groupe d'intérêt comme Amnistie Internationale. Cela dit, nous ne faisons pas non plus partie du gouvernement. Nous sommes d'ailleurs particulièrement utiles au gouvernement pour cette raison. Nous sommes un instrument qu'il peut utiliser. Nous sommes actuellement un partenaire privilégié du Groupe de travail sur la stabilisation et la reconstruction des Affaires étrangères, de même que de l'ACDI et d'autres organismes, mais ils peuvent se servir de nous sans avoir à assumer la responsabilité de ce que nous faisons.
Nous sommes un fournisseur de services et un agent de mise en oeuvre. L'ACDI a l'habitude de recourir à des agents de mise en oeuvre. C'est plus nouveau pour les Affaires étrangères, mais cela se passe très bien. C'est très utile si les choses se passent mal sur le terrain. Même si le gouvernement canadien et les Affaires étrangères peuvent nous fixer des paramètres très clairs au sujet de la tâche à accomplir, en fin de compte, si les choses tournent mal, ce sera entièrement de notre faute. C'est de notre faute si nous perdons un de nos experts sur le terrain, comme c'est arrivé l'année dernière. Une des personnes que nous avions déployées en Haïti a été tuée. Mais cela permet des relations sans lien de dépendance avec les Affaires étrangères et l'ACDI.
Par ailleurs, et c'est peut-être plus important, cela permet à la communauté internationale de nous utiliser plus facilement. Elle n'a pas à faire de démarches officielles pour s'adresser à nous. Elle peut le faire directement. Si elle a besoin d'un expert, nous pouvons le lui trouver dans les 24 heures. Il lui suffit de nous envoyer un courriel. Nous faisons une rapide recherche dans notre base de données, nous en sortons le nom de la personne compétente, nous vérifions si elle est libre et nous envoyons son CV à l'organisme qui nous a fait la demande. Cela nous rend beaucoup plus utiles pour la communauté internationale que si nous faisions partie du gouvernement.
Il y a eu tout un débat sur cette question lors de la création de CANADEM. Notre organisme pouvait être établi au sein des Affaires étrangères ou à l'extérieur. J'ai fait valoir qu'il serait avantageux qu'il reste à l'extérieur, les Affaires étrangères ont accepté et c'est ainsi que les choses se sont passées. Un de mes arguments était que nous devions suivre le modèle de NORDEM en restant à l'extérieur du gouvernement.
Je ne sais pas si cela répond entièrement à votre question, mais nous sommes une organisation non gouvernementale. Nous sommes un organisme sans but lucratif.
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C'est une formule assez courante, non seulement au Canada mais dans le monde. Par exemple, le Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés engage assez souvent des ONG pour gérer les camps de réfugiés. Presque toutes les activités de l'ACDI sont menées par des agents de mise en oeuvre de l'extérieur du gouvernement et de l'ACDI.
Bien entendu, le gouvernement exerce un contrôle en lançant des demandes de propositions. Nous soumissionnons très souvent pour des projets. Le gouvernement peut vous dire comment vous devez dépenser votre argent, ce qu'il veut que vous fassiez, ce qu'il ne veut pas que vous fassiez, qu'il ne vous versera pas votre deuxième tranche, qu'il vous poursuivra devant les tribunaux ou qu'il veut récupérer son argent. Le gouvernement a toujours des moyens de contrôler ses partenaires de mise en oeuvre, tout comme l'ACDI.
Également, cela nous force à demeurer une organisation très économe et très efficace. Si nous devenons trop coûteux, le gouvernement va nous laisser tomber. Nous ne sommes pas des employés du gouvernement et c'est pourquoi les salaires versés par CANADEM sont extrêmement bas. C'est l'échelle salariale des ONG. Si c'est le gouvernement canadien qui s'en chargeait, cela coûterait probablement trois à quatre fois plus cher. C'est un mécanisme très efficace et très rentable. Il y a un tas d'exemples de cas où cette formule est utilisée ailleurs, sur la scène internationale et au Canada.
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Non, il y a beaucoup d'organismes semblables au nôtre.
Il y avait un créneau à prendre. Nous avions un grand nombre d'agents de mise en oeuvre pour travailler sur le terrain. Par contre, nous n'avions pas de répertoire des ressources. Il n'y avait pas de répertoire national et cela demeure notre principal atout.
Bien entendu, au départ, nous pensions qu'il s'agirait d'un réertoire d'experts en droits de la personne. C'est la raison pour laquelle j'ai proposé le projet, les Affaires étrangères ont commencé à le financer et nous nous sommes inspirés de l'exemple de Notre Dame. Notre répertoire est surtout composé d'experts en droits de la personne, avec un modeste contingent supplémentaire du côté de la démocratie.
Néanmoins, il est devenu de plus en plus évident qu'il y avait des lacunes sur divers plans et voilà pourquoi maintenant -- et vous trouverez, dans votre documentation, une étude du Département des opérations de maintien de la paix -- nous avons des répertoires pour le déploiement d'experts civils et d'experts en opérations de maintien de la paix.
C'est un grand succès. Le Canada est largement en tête. Le répertoire qui se rapproche le plus du nôtre est celui de la ZIF allemande, qui a été constituée sur le modèle de CANADEM. La ZIF a un répertoire de 1 000 personnes. Nous sommes le seul répertoire au monde qui est spécialement conçu pour assister les Nations Unies et c'est l'une des principales raisons de notre succès.
Je m'écarte un peu du sujet. Je ne sais pas comment j'en suis arrivé là, mais...
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Monsieur LaRose-Edwards, je voudrais parler un peu de votre recrutement. Vous dites que vous avez sur votre liste, 7 500 personnes qui pourraient être envoyées en mission et que vous les envoyez en mission dans diverses régions du monde.
Avec une telle liste, je crois qu'il serait souhaitable que les députés qui désirent partir en mission participent non seulement à la mission d'observation comme telle, mais aussi à diverses réunions et autres activités, car la surveillance des élections ne dure qu'un ou deux jours.
D'autre part, comme vous le savez sans doute, j'ai participé à d'autres missions et, bien entendu, à celle qui s'est rendue en Ukraine. J'ai même passé une semaine en Ukraine seul, sans interprète, et je me suis bien débrouillé.
Ma question porte sur la réponse que vous avez envoyée à mon bureau et que j'ai trouvée assez caustique. Vous avez fait des commentaires du genre « Peter pourra sans doute bien s'amuser, mais je ne comprends pas pourquoi vous m'ennuyez avec cette demande » alors que j'ai demandé sérieusement à y aller. Vous avez dit que ce serait manquer gravement de respect envers les Haïtiens que d'envoyer des non-francophones observer leurs élections. Comment se fait-il que ce ne soit pas une insulte pour les autres pays comme l'Ukraine et sans doute d'autres aussi, quand vous leur envoyez des anglophones qui sont prêts à se donner la peine de se rendre chez eux? J'ai du mal à croire que ce serait un manque de respect envers ces pays. Pourquoi serait-ce le cas en Haïti?
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Merci beaucoup, monsieur le président. J'ai quatre questions que je vais essayer de formuler le plus rapidement possible.
Je vous remercie pour votre exposé. Pour commencer par Haïti, je vous félicite sans aucun doute pour le rôle que vous avez joué là-bas. J'ai eu l'occasion d'y aller pendant le deuxième tour des élections pour lesquelles il y a eu, je pense, extrêmement peu d'irrégularités. C'était très impressionnant.
Une des choses que vous avez dites, et que j'approuve totalement, c'est qu'il est extrêmement important d'assurer la formation de la population locale. Une chose qui m'a beaucoup étonnée quand nous avons visité les sites d'Élections Canada le jour des élections, c'est qu'il n'y avait là pas un seul représentant de la population locale. Je me demande où s'arrête le rôle de CANADEM et où commence celui d'Élections Canada à cet égard. Pourriez-vous nous en parler brièvement?
Deuxièmement, vous avez parlé du programme CAN-Jeunesse qui cherche à faire participer des jeunes Canadiens. C'est une initiative que j'approuve entièrement. Je me demande si vous avez subi les effets de la dernière série de compressions dans le programme de stagiaires internationaux ou si cela ne vous touche pas directement.
Troisièmement, en ce qui concerne l'observation des élections en Ukraine, le recrutement et la formation peut-être insuffisante de certaines personnes qui ont été envoyées ont suscité beaucoup de critiques. Pourriez-vous nous dire si c'est simplement parce que vous avez été dépassés par les événements. En est-ce la raison? Pourriez-vous nous éclairer un peu?
Enfin, en ce qui concerne l'Afghanistan, pourriez-vous nous parler plus précisément de la nature de notre intervention à Kandahar? Plusieurs d'entre nous avons entendu, ce matin, le témoignage vraiment choquant et inquiétant du Senlis Council au sujet de la mission boiteuse à Kandahar qui laisse des gens mourir littéralement de faim, y compris des enfants. Ces gens-là n'ont aucune sympathie pour les Talibans, mais ils acceptent quand même de l'argent pour combattre et tuer pour le compte des Talibans parce que c'est la seule façon dont ils peuvent nourrir leurs enfants et échapper à la famine.
Dans ce contexte, je voudrais savoir quelle est votre intervention à Kandahar si toutefois vous y êtes présents? Quelles sont nos chances de convaincre la population des avantages de la démocratie étant donné la situation humanitaire désespérée qui règne pour le moment?
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C'est variable, mais pour nous, cela signifiera 12 de moins. Néanmoins, nous cherchons d'autres moyens de financer ce programme. En fait, je dirais sans hésiter à toute personne qui désire faire une carrière internationale que si elle doit choisir entre faire une maîtrise quelconque ou payer son stage de sa poche, elle devrait financer son propre stage. C'est la façon de se lancer dans cette carrière. J'aurais vraiment aimé que ce programme existe quand j'essayais de débuter ma carrière, car si vous n'avez pas d'expérience, personne ne veut de vous.
Je crois donc qu'il y a toutes sortes de solutions différentes. Nous cherchons à obtenir de l'argent des sociétés, mais je crois que dans ce cas-ci, la solution est l'autofinancement des stages. C'est vraiment dommage, mais je ne crois pas que c'est toujours au gouvernement de payer la facture.
En ce qui concerne le recrutement pour les élections ukrainiennes, était-ce une bonne idée de décider tout à coup d'envoyer 500 observateurs en Ukraine? Était-ce la dépense la plus avisée qui soit? C'est un sujet dans lequel je préfère ne pas me lancer. Disons que ce n'est pas la première solution que j'aurais retenue.
Nous nous attendions à un déploiement d'environ 75 personnes. C'est ce que nous avions préparé. Soudain, 15 minutes après que ce soit annoncé à la Chambre, nous avons entendu dire qu'on envoyait 500 personnes enregistrées auprès de CANADEM.
J'ai été impressionné par les résultats. Le partenariat entre les Affaires étrangères, l'ACDI et nous a été impressionnant. Un certain nombre de choses auraient pu aller de travers de ce côté-là, et c'est pourquoi je pense qu'en fait, cette mission a été une grande réussite. Était-ce la meilleure chose à faire? Disons que je ne le recommanderais pas.
Pour ce qui est de l'Afghanistan et de Kandahar, j'ai mon opinion personnelle quant à certaines raisons de la présence canadienne à Kandahar, qui ne sont peut-être pas toujours les bonnes. Par contre, nous avons aussi d'autres bonnes raisons d'aider les Afghans à Kandahar.
Le moment est-il bien choisi pour aller là-bas, après une présence militaire plutôt musclée des États-Unis et d'autres pays? Là encore, les opinions à cet égard peuvent diverger. J'ai mon opinion personnelle.
CANADEM n'a pas pour rôle de se pencher sur les mérites des activités sur le terrain. Si c'est inacceptable, il est bien évident que nous ne voudrons pas y participer. Mais à part cela, nous supposons que les Forces canadiennes, l'OTAN, les Nations Unies et les organismes internationaux ont réfléchi à la question et estiment que c'est la bonne solution.
On nous demande des experts. Nous cherchons dans notre base de données et nous trouvons les 300 personnes qui répondent aux critères. Nous envoyons à ces personnes un message leur disant quelles sont les conditions, quelle est la nature du travail, combien elles seront payées, si c'est du travail bénévole ou un poste D1 aux Nations Unies grassement payé; si c'est pour six jours, six mois ou deux ans. Nous leur fournissons tous les renseignements et elles prennent une décision en toute connaissance de cause. C'est leur choix. Nous sommes une sorte d'entremetteurs. S'il y a une mission qui a besoin de gens et si nous avons des personnes qui sont prêtent à y participer, si elles veulent aller à Kandahar, merveilleux. Nous faisons les présentations et ne nous en mêlons plus.
La plupart du temps, nous sommes seulement des intermédiaires. Néanmoins, nous allons un peu plus loin lorsque le gouvernement canadien ou quelqu'un d'autre nous dit vouloir accorder un contrat à nos experts. Nous jouons alors notre rôle jusqu'à ce que leur avion décolle. Mais une fois qu'ils sont partis, nous transférons le commandement et le contrôle à l'entité qui les réceptionne sur le terrain.
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J'avoue ne pas savoir exactement ce qu'est le Corps canadien. Il a évolué au cours des années. Je ne sais pas si qui que ce soit savait exactement de quoi il s'agissait au départ ou de quoi il s'agit maintenant.
Que fait le Corps canadien? Pour le déploiement en Ukraine, nous nous en sommes tous occupés pendant trois jours, c'est-à-dire moi, les Affaires étrangères et l'ACDI, et nous nous réunissions quotidiennement. Le troisième jour, nous avons procédé à notre débreffage quotidien. Nous avions une équipe dynamique qui s'entendait très bien. Nous venions de commencer le débreffage depuis 15 minutes quand quelqu'un est venu nous dire qu'en fait il s'agissait d'un déploiement du Corps canadien.
Quelqu'un de l'ACDI a demandé: « Cela veut-il dire que je n'ai pas à le financer? » On lui a répondu que non, que ce serait quand même couvert par son budget. Quelqu'un des Affaires étrangères a demandé: « Cela veut-il dire que nous n'avons pas à faire tout cela? » On lui a répondu qu'il fallait quand même le faire. Nous avons demandé: « Notre participation va-t-elle rester la même? » On nous a répondu que oui. Rien n'a changé. Nous n'avons vu le Corps canadien que le jour du déploiement. Était-ce donc un déploiement du Corps canadien? Oui, certainement. J'avoue que peu m'importe.
Alors qu'est-ce que le Corps canadien? Je ne sais pas exactement. Mais comprenez-moi bien. Le Corps canadien est une bonne idée. Nous avons travaillé très fort, avec les deux coprésidents, à établir ce qu'il aurait pu devenir. Il n'a pas suivi cette voie et Gordon Smith et Julie Payette ont finalement... leur départ a été en partie forcé et en partie volontaire.
Je préfère ne pas trop me lancer sur ce sujet, car c'était un bon concept. En fait, ce concept a servi de base à CANADEM. Voilà pourquoi nous avons CANADEM.
Je suppose que les gens qui pensaient que c'était le Corps canadien n'étaient pas vraiment au courant de l'existence de CANADEM. Ils n'étaient pas vraiment au courant de l'existence de toute une série d'autres organisations canadiennes qui font la même chose. Il y a énormément de gens qui font ce genre de travail. Nous ne sommes pas les seuls. Je tiens à souligner que nous ne sommes qu'un des nombreux instruments canadiens, tant gouvernementaux que non gouvernementaux, qui font ce genre de choses.
Par conséquent, le Corps canadien a été conçu à partir de grandes idées, mais sans qu'on soit vraiment conscient de tout ce qui existait déjà.
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Paul, c'est formidable de vous voir ici. Merci beaucoup.
Je tiens seulement à dire ici que j'admire le travail accompli par CANADEM. Vous êtes une organisation peu coûteuse qui comble une lacune importante dans le développement international. L'excellence du Canada dans ce domaine, que vous avez très bien décrite, est une raison de plus pour espérer que le financement se poursuivra et continuera d'augmenter. Tous ceux d'entre nous qui sont allés dans les régions où vous travaillez savent très bien que le renforcement des capacités est un des grands obstacles au développement. C'est un des principaux domaines dans lesquels le Canada peut apporter une contribution efficace et c'est ce que fait votre CANADEM.
Je voudrais seulement faire suite à certaines des questions de M. Van Loan. Je serai peut-être un peu moins charitable que vous à l'égard du Corps canadien. Je pense que c'est une excellente idée, mais que c'est une organisation tout à fait dysfonctionnelle. Personnellement, j'ai été très déçu de ne pas réussir à la faire bouger.
Pourriez-vous nous dire quel est le lien entre CANADEM, le SACO, CUSO et les autres organismes auxquels on a déjà fait allusion?
Comme deuxième question, que pouvons-nous faire pour augmenter l'efficacité de votre organisation et de ce que vous faites, pour pouvoir élargir ces possibilités? Étant donné que la demande sur le terrain est si importante et que ce que nous faisons est formidable, mais quand même modeste, nous faisons partie de ressources potentielles inexploitées. Comment pouvons-nous élargir les capacités de CANADEM? Que pouvons-nous faire pour vous aider à prendre de l'expansion et à élargir votre champ d'action, si vous voulez?
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Je pense que nous sommes au régime minceur et c'est un régime que je souhaite continuer à observer. Lorsqu'on est au régime minceur, cela veut dire qu'on n'obtient pas beaucoup d'argent. Toutefois, je suis en grande partie satisfait du financement que nous obtenons. Allons-nous nous améliorer? Oui, car les Canadiens seront de plus en plus nombreux à s'inscrire à notre répertoire. Je prédis qu'il y aura de 25 000 à 35 000 personnes sur nos listes d'ici 10 ans et nous allons donc continuer à nous arranger pour que cela ne coûte pas trop cher.
Je dirais que la meilleure façon de procéder commence avec le sujet de votre étude, le développement démocratique. Notre raison d'être n'est pas d'aider les Canadiens à trouver des emplois. C'est effectivement ce qui se passe, mais même si j'aime beaucoup mes concitoyens, ce n'est pas ce qui me motive.
Ce qui me motive et motive aussi mes collègues, c'est de pouvoir aider la communauté internationale, les Nations Unies et les autres organisations, et par ricochet, les sociétés locales à progresser. C'est ce qui me motive. Et voilà pourquoi j'ai recommandé la création de cet organisme et c'est aussi, je pense, la raison de son grand succès.
Ce que je veux faire valoir, c'est que CANADEM a son propre répertoire. Les Norvégiens ont le leur. Ils ont un Conseil norvégien des réfugiés et NORDEM. Les Allemands ont ZIF. Tout le monde se débrouille très bien. Les autres sont encore loin derrière nous, mais ils se rapprochent. Ils ont leur propre argent.
Ce sont les pays en développement qui n'ont pas ce service. C'est là que se situent les véritables lacunes. Il faut qu'ils sachent qui sont leurs experts. Lorsqu'une mission des Nations Unies se rend là-bas, nous voulons y envoyer les Canadiens les plus compétents. Nous voulons qu'ils travaillent aux côtés des meilleurs Congolais, des meilleurs Haïtiens, des meilleurs Somaliens ou des gens les plus compétents quel que soit le pays.
Ce qui leur manque vraiment, c'est leur propre répertoire et c'est à ce niveau-là que je voudrais faire quelque chose. Je pense qu'il y a là un véritable potentiel. Si le Canada veut sincèrement renforcer la communauté internationale, c'est une énorme lacune à combler.
Vous avez sans doute une bonne idée de la façon dont les Nations Unies procèdent à leur dotation en personnel. Comme ils n'ont pas de mécanismes faciles à appliquer, on s'aperçoit qu'une mission permanente va proposer le meilleur ami du président. Voilà comment les choses se passent actuellement. Nous savons tous comme les choses se passent. Ce n'est pas qu'il n'y ait aucun représentant du tiers monde qui soit très compétent aux Nations Unies, mais c'est surtout une question de chance.
Voilà où sont les véritables lacunes...
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Ce sera peut-être long ou peut-être inspirant, mais sans doute pas les deux.
Des voix: Oh, oh!
L'hon. John McKay: En fait, je vais demander au comité de procéder à l'envers. Généralement, il faut convaincre un comité de souscrire à un principe à partir duquel un projet de loi est ensuite rédigé. Je ne crois pas nécessaire de convaincre le comité du principe sur lequel repose ce projet de loi. Je sais que le comité a beaucoup d'appui des deux côtés de la Chambre et aussi beaucoup d'appui de la part du public.
Deuxièmement, le projet de loi exige une recommandation royale. Le gouvernement a bien précisé qu'il n'a l'intention d'accorder une recommandation royale, ce qui veut dire que le projet de loi nécessite certaines modifications que je propose d'apporter en préservant l'esprit du projet de loi et son principal objectif. J'espère que la greffière a distribué la série d'amendements proposés, des amendements qui, m'a-t-on dit, libèrent le projet de loi de l'obligation d'obtenir une recommandation royale. Je pense donc que nous avons réglé cette question.
Il s'agit alors de permettre aux membres du comité d'examiner la nouvelle façon d'aborder les principes du projet de loi pour voir s'il reflète ce à quoi le comité a donné son accord en juin de l'année dernière, sous la législature précédente. La Chambre l'avait adopté à l'unanimité.
Le but de tout cela, si vous voulez, c'est d'éliminer le processus de pétition ainsi que le comité, car ce sont les deux objections qui ont retenu l'attention du Président. Ces éléments ont maintenant été éliminés.
Ensuite, au lieu de nous centrer sur les ONG, nous nous sommes tournés vers un concept plus large de la société civile, si vous voulez, en disant non pas que le ministre « peut » consulter la société civile, mais la consulte pour s'acquitter des obligations que lui confère le projet de loi. J'espère que le comité sera d'accord.
Nous avons également pris bonne note de certains des discours qui ont été prononcés au cours des deux heures de débat, qui portaient notamment sur la promotion des droits de la personne, ce dont Mme McDonough et Mme St-Hilaire ont parlé, je crois. Nous avons été explicites à cet égard et nous avons essayé de renforcer le rôle du ministre en lui conférant l'obligation de tenir compte des opinions de la société civile.
Ce sont là les grandes lignes du projet de loi. Je m'en remets à vous, monsieur le président, pour décider de la façon dont vous voulez procéder.
En fait, j'ai pensé qu'au lieu d'aborder des questions dans le désordre, nous pourrions procéder comme on le fait pour l'étude article par article. J'aimerais beaucoup que les membres du comité me disent s'ils pensent que nous avons bien rendu les intentions du projet de loi et si la méthodologie que nous avons choisie reflète également l'essentiel du projet de loi.
Je vais m'arrêter là et je vais vous demander, monsieur le président, de me dire comment vous voulez procéder.
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Si vous avez le projet de loi et le premier amendement sous les yeux, vous constaterez qu'au paragraphe 2(1), aux lignes 10 à 12 du projet de loi, il est dit:
d'une manière compatible avec les valeurs canadiennes, la politique étrangère du Canada et les normes internationales en matière de droits de la personne.
Le nouveau texte sera:
d'une manière qui est compatible avec les valeurs canadiennes et la politique étrangère du Canada et qui fait la promotion des normes internationales en matière de droits de la personne.
Cela répond directement aux observations que nous avons entendues à la Chambre. Je crois que le comité en a déjà discuté. C'est le premier amendement.
Le deuxième amendement porte sur l'article 3 et ajoute, après la ligne 12, les mots « organisme de la société civile ». Selon cette définition -- et ce n'est pas nouveau, il s'agit d'un organisme sans but lucratif ou de charité dont la structure dirigeante est indépendante des instructions d'un gouvernement. Cela élargit le nombre d'organismes que le ministre consulterait. La définition de la société civile constitue le deuxième élément.
L'amendement suivant consiste à supprimer les lignes 5 à 7 parce que le comité n'est plus nécessaire.
Ensuite, nous avons élargi la notion d'aide au développement. Nous l'avons extraite de ce que le ministre a déclaré ces derniers temps dans discours qu'il a prononcés en public. Comme vous pouvez le voir, nous avons donné une définition un peu plus précise de l'aide au développement. Cela veut dire:
fonds transférés à des pays en développement et à des institutions multilatérales par des organisations gouvernementales, administrés avec comme objectif principal de promouvoir le développement économique et social des pays en développement, transférés à des conditions de faveur et comportant un élément de libéralité d'au moins 25 p. 100.
C'est exactement ce dont le ministre a parlé.
L'amendement suivant consiste à ajouter, après la ligne 12, « normes internationales en matière de droits de la personne ». Cela donne la définition suivante:
« normes internationales en matière de droits de la personne » Normes fondées sur les instruments internationaux portant sur les droits de la personne dont le Canada est signataire.
Je crois que M. Menzies avait soulevé cette question au cours du débat. Cela répond aux préoccupations qu'il a émises.
Nous avons également élargi la définition de « ministre » de la façon suivante:
le ministre de la Coopération internationale ou tout autre ministre chargé par le gouverneur en conseil de l'application de la présente Loi.
C'est seulement une définition plus large.
Ensuite, nous supprimons l'expression « organisation non gouvernementale », car elle est remplacée par « organisme de la société civile ».
Nous en sommes maintenant à l'article 4. Nous en arrivons au principal changement. Aux lignes 29 à 33, page 2, nous remplaçons « le ministre compétent peut consulter, afin de former son avis en application du paragraphe (1), des agences internationales et des organisations de la société civile canadienne » par:
le ministre compétent consulte, afin de former son avis en application du paragraphe 1, des agences internationales et des organisations de la société civile canadienne.
La notion de société civile est plus vaste que celle d'organisation non gouvernementale. Ainsi, nous relions le ministre à ce projet de loi en lui demandant de démontrer qu'il a consulté les organisations de la société civile.
Le changement suivant consiste à supprimer les articles 6, 7 et 8.
Les lignes 18 et 19, à l'article 9, sont également supprimées, car il n'y a plus de résumé du rapport annuel présenté par le comité en application de l'article 8...
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Je dirais que ce que nous avons fait jusqu'ici revient à une étude article par article. Voilà pourquoi je me suis posé la question.
J'ai toutefois une chose à dire. C'est ce que... Dans votre discours, vous avez critiqué la bureaucratie alors que j'ai tendance à la défendre, car elle travaille généralement sous les ordres d'un ministre. Vous avez dit que la bureaucratie voudra faire les choses comme il faut et avec grand soin. Je me demande si le projet de loi n'a pas été préparé un peu trop précipitamment et si nous ne cherchons pas à maintenant à le modifier de façon trop précipitée.
Tout le monde ici reconnaît, je pense, que le nouveau gouvernement veut la responsabilisation et la transparence et nous voulons faire un bon travail. Nous voulons être certains d'utiliser l'argent de l'aide au développement de la façon la plus efficace possible et nous devons veiller à ce que ce soit transparent. Nous voulons aussi que le mécanisme de mise en oeuvre de cette mesure soit transparent pour les contribuables.
Je crains que nous n'allions trop vite. Le projet de loi qui a été déposé ne semble plus être celui dont nous discutons ici aujourd'hui.
Nous avons un certain nombre d'objections. Celle dont j'aimerais que vous parliez... Même si nous ne faisons pas l'étude article par article, pour ce qui est des changements concernant le ministre compétent... Nous avons trois ministres qui sont déjà compétents, peu importe ce que vous ajoutez. Il y a le ministre responsable de l'ACDI, qui relève du ministre des Affaires étrangères. Le ministre des Finances joue aussi un rôle. Je crains fort que ce projet de loi ne règle pas la question de la responsabilité en précisant qui est responsable et comment cela se passe.
Peut-être pourriez-vous répondre à cela.
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J'espère que nous allons tous aborder cette mesure comme un travail en cours. N'oublions pas que tout cela a débuté le 1
er avril 2003, lorsque nous avons commencé à entendre parler de l'APD, de nos efforts à cet égard par rapport à ceux des autres pays, et de tout ce que cela veut dire.
Aux yeux du public qui se demande si nous réussissons parfois à collaborer et à coopérer, ce serait une bonne occasions de prouver, à nous-mêmes et aux Canadiens, que nous pouvons nous entendre et agir. Comme l'a dit John McKay dans son introduction, et je l'apprécie, ces amendements cherchent à refléter l'esprit du débat qui a eu lieu en deuxième lecture sur le projet de loi C-293 et ce que nous avons essayé de réaliser ensemble. Alors essayons de continuer à travailler dans cet esprit.
Ce n'est pas l'étude article par article, mais j'ai trouvé très utile que vous répondiez de façon très directe aux critiques très claires et précises du secrétaire parlementaire. Il ne s'agit certainement pas de reprendre le débat là où nous l'avons laissé, mais d'aller de l'avant.
Je me permets de faire remarquer au secrétaire parlementaire que s'il pense que nous précipitons les choses, il aurait peut-être dû visiter avec nous cinq villes en cinq jours dans les pays nordiques et le Royaume-Uni, comme le comité l'a fait il y a une quinzaine de jours. La plupart d'entre nous avons trouvé humiliant de constater à quel point nous sommes en arrière sur les autres en ce qui concerne notre engagement envers l'APD et la nécessité de nous engager de façon très explicite à faire participer la société civile et à mettre aussi l'accent sur les droits de la personne.
Je sais que ce projet de loi a été rédigé au départ par mon parti. Le secrétaire parlementaire a formulé certaines critiques tout à fait légitimes et on a cherché sincèrement à en tenir compte. Nous n'en sommes pas à l'étude article par article, mais après avoir examiné les amendements proposés, je pense qu'ils répondent véritablement aux objections qui ont été soulevées. Je ne pense pas qu'il y ait un seul changement sur lequel je ne serais pas d'accord.
Je ne vais donc pas m'accrocher à la version originale. Mais je pense que nous devons échanger des idées et accepter d'améliorer ce projet de loi selon les besoins. J'estime seulement qu'il faut supprimer les articles 6, 7 et 8, comme vous l'avez maintenant proposé, de façon à répondre entièrement aux critiques qui ont été formulées.
J'aurais encore un mot ou deux à dire au sujet de ce que nous avons entendu pendant que nous attendions l'examen de la politique internationale, qui s'est transformé en simple déclaration du ministre. Nous avons essayé de nous pencher sur la question et nous avons entendu un grand nombre de témoins qui nous ont parlé des mesures à prendre pour nous remettre sur la bonne voie. Nos impressions ont été renforcées par tout ce que nous avons pu constater lors de notre récent voyage en Europe.
J'espère que nous allons pouvoir rapidement faire comparaître des témoins devant le comité. Peut-être devrions-nous voir un peu qui nous souhaitons faire comparaître. Le CICC qui représente plus d'une centaine d'ONG et de groupes de la société civile qui participent activement au genre d'activités visées par ce projet de loi serait certainement un témoin important. J'espère que nous n'allons pas devoir recommencer tout le processus que nous avons suivi depuis près de trois ans et qui nous a conduits là où nous en sommes actuellement dans l'examen de ce projet de loi.
La seule autre question que je soulèverais porte sur l'expression « le ministre compétent ». C'est peut-être l'expression généralement utilisée dans ce genre de projet de loi, mais je me demande si ce n'est pas une sorte de jugement.
Monsieur McKay, votre nom est précédé du mot « honorable ». Vous avez été au pouvoir pendant toutes ces années et voilà pourquoi vous avez obtenu le qualificatif « honorable ». Maintenant, nous nous retrouvons tout à coup avec un Parlement minoritaire. Comme nous l'a dit M. Patry, nous ne pouvons rien faire, dans un Parlement minoritaire, pour faire avancer ce genre de dossier.
Étant donné que notre gouvernement est minoritaire, nous nous demandons si vous ne cherchez pas à faire adopter précipitamment un projet de loi que vous ne pouviez pas faire adopter lorsque vous étiez au gouvernement. Votre gouvernement n'a rien fait et maintenant qu'un gouvernement minoritaire est au pouvoir depuis 10 mois, nous recevons tout à coup toutes ces mesures.
En tout cas, mon accusation s'arrête là.
Je voudrais vous poser une question maintenant que vous avez proposé ces amendements. Dans votre amendement qui remplace les lignes 1 à 4...
Monsieur McKay, merci beaucoup pour cet excellent projet de loi et vos amendements. Cela va vraiment permettre de faire en sorte que l'argent du gouvernement sera dépensé comme il devait l'être.
Nous sommes peut-être tous responsables du fait que l'argent consacré à l'aide ne se retrouve pas suffisamment entre les mains de ceux qui en ont le plus besoin.
Je voudrais seulement connaître votre opinion. Avec ces amendements, votre projet de loi est presque identique à un projet de loi présenté par Mme Desjarlais, qui faisait partie du caucus néo-démocrate, mais qui est maintenant la chef de cabinet du ministre des Anciens combattants. Monsieur McKay, si votre projet de loi est identique, avec les amendements que vous proposez, au projet de loi de la chef de cabinet du ministre des Anciens combattants, le gouvernement ne devrait-il pas demander à la chef de cabinet si elle appuie votre projet de loi et savoir ce qu'elle pense de la légitimité de cette mesure qu'elle appuie sans doute de tout coeur?
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Je sais que nous n'avons pas le temps aujourd'hui d'étudier ma motion, mais je voudrais suggérer au comité d'inviter le sénateur Doug Roche à venir nous parler de l'objet de la motion dont j'ai saisi le comité.
Je pense que tout le monde connaît Doug Roche. C'est un ancien député progressiste-conservateur. Il a été l'ambassadeur du Canada aux Nations Unies pour le désarmement et il a été nommé sénateur. Un grand nombre de membres du comité l'ont rencontré récemment dans le contexte de son rôle en tant que président de l'Initiative des moyennes puissances qui s'est penchée sur les questions de désarmement nucléaire, de non-prolifération et d'abolition des armes nucléaires. Je pense aussi que nous sommes tous très inquiets devant l'augmentation de la menace suite à ce qui se passe actuellement en Corée du Nord.
Certains ont eu l'occasion de rencontrer Doug Roche récemment au cours de la première semaine suivant la reprise du Parlement, lorsqu'il présidait les réunions de l'Initiative des moyennes puissances. Je crois que tous les députés ont reçu la lettre qu'il nous a envoyée en tant que président du Conseil mondial du Réseau parlementaire pour le désarmement nucléaire. En fait, c'est à titre de président canadien de ce réseau que je propose de le faire comparaître, dans l'esprit multipartite que Doug Roche a encouragé comme président du Conseil mondial.
Je me demande si nous pourrions l'inviter pour nous parler de cette question, étant donné sa gravité et sa pertinence, et bien entendu, compte tenu de ce qui se passe en Corée du Nord.