:
Bon après-midi, chers membres du comité, et bienvenue à la 26
e réunion du Comité permanent des affaires étrangères et du développement international du mercredi 1
er novembre 2006.
La première heure sera consacrée aux principales estimations, et la deuxième, à la poursuite de notre étude du développement démocratique, principale étude du comité sur le rôle du Canada à l’échelle internationale en matière de développement démocratique.
Durant la première heure, nous avons le grand plaisir d’accueillir l’honorable Josée Verner, ministre de la Coopération internationale.
Bienvenue madame la ministre. Nous sommes heureux de vous revoir parmi nous.
C’est la troisième fois que la ministre se présente devant le comité.
Cet après-midi, nous entendrons les témoins suivants : Robert Greenhill, président de l’Agence canadienne de développement international, Diane Vincent, première vice-présidente, et Marc St-Laurent, directeur, Gestion des ressources, Direction générale des ressources humaines et des services corporatifs.
J’aimerais ajouter que nous commençons l’étude des principales estimations pour 2006-2007. La ministre chargée de l’Agence canadienne de développement international abordera les votes qui relèvent de l’Agence, soit les votes 30, 35, L40, L45 et L50.
J’invite à présent la ministre à prendre la parole.
Merci, madame la ministre.
:
Monsieur le président, c'est pour moi un plaisir de comparaître de nouveau devant mes collègues du comité, cette fois-ci pour parler du Budget principal des dépenses de l'Agence canadienne de développement international.
J'ai demandé à de hauts dirigeants de l'ACDI de m'accompagner. Ce sont M. Robert Greenhill, président, Mme Diane Vincent, première vice-présidente, et M. Marc St-Laurent, directeur de la gestion des ressources.
Dans le budget de 2006, le gouvernement a fait état de son engagement, a augmenté de 8 p. 100 par année les ressources affectées à l'aide à l'étranger. Il s'est aussi engagé, d'ici 2010-2011, à doubler l'enveloppe de l'aide internationale par rapport à son niveau de 2001-2002. Le Budget des dépenses de l'ACDI pour 2006-2007 reflète cet engagement. Par rapport à 2005-2006, il propose une augmentation nette de 198,8 millions de dollars du niveau de référence de l'ACDI.
De plus, dans le discours du Trône, le gouvernement a clairement énoncé son engagement à appliquer un régime de responsabilisation et à utiliser plus efficacement les fonds que le Canada consacre à l'étranger.
Voilà pourquoi les plans et les priorités de l'ACDI pour 2006-2007 sont axés sur une amélioration de l'efficacité de l'aide canadienne.
Le Canada est reconnu à l'échelle internationale comme étant un des bailleurs de fonds efficaces et un gestionnaire responsable des ressources consacrées à l'aide au développement. Pourtant, même si l'aide accordée par le Canada produit des résultats tangibles, nous croyons que nous pouvons, et que nous devons, faire davantage pour maximiser les effets de notre aide.
Les 10 dernières années nous ont beaucoup appris sur ce qui peut rendre l'aide plus efficace. Il existe désormais un consensus international sans précédent sur la voie à suivre.
Forts des leçons que nous avons tirées pour rendre l'aide plus efficace, nous mettons en oeuvre un programme en quatre volets : une concentration plus stratégique de nos programmes; une amélioration de la prestation des programmes; une utilisation plus efficace des ressources de l'agence; et une responsabilisation claire à l'égard des résultats, avec le dépôt, en 2007, du premier rapport annuel de l'ACDI sur les résultats en matière de développement.
Nous avons commencé à concentrer nos ressources dans des pays où les besoins sont grands; dans des pays qui peuvent utiliser l'aide efficacement; dans des pays où notre action peut avoir un effet déterminant. Au cours de cet exercice, nous réexaminerons notre approche pour concentrer encore davantage nos ressources.
Par exemple, les programmes de l'Afghanistan et d'Haïti comptent parmi les plus importants. Cela traduit l'engagement du gouvernement à promouvoir la stabilité et à appuyer la reconstruction dans ces pays en crise. Les États vulnérables méritent une attention particulière et des interventions pangouvernementales concertées. Ces pays présentent des difficultés en matière de sécurité, de stabilité et de réduction de la pauvreté. Cela est vrai autant pour leurs propres ressortissants que pour le Canada, que pour la coopération au développement en général.
J'aimerais aussi souligner que l'Afrique est toujours un important bénéficiaire des programmes du gouvernement. Nous continuerons cependant à répondre à des besoins importants ailleurs, que ce soit dans les Antilles, en Amérique latine ou en Asie.
En Afghanistan, aux côtés de 59 autres pays, le Canada aide la population afghane à rebâtir son pays. Nous appuyons la mise en place de conditions favorables au bien-être économique durable, et cela pour que les Afghans aient les outils dont ils ont besoin pour investir dans leur avenir. Je parle ici d'accès à l'éducation, aux soins de santé et aux crédits.
Mais qu'avons-vous accompli jusqu'ici?
Le Canada a aidé 193 000 Afghans, dont une majorité de femmes, à obtenir de petits prêts pour démarrer leurs micro-entreprises, acheter des outils ou des animaux de ferme en vue de subvenir aux besoins de leur famille. Plus de 70 millions de dollars ont été distribués de cette façon, et ce, dans 18 provinces afghanes. Le taux de remboursement est de 98 p. 100.
Plus de 10 000 conseils de développement communautaire ont été créés dans le pays. Ces conseils ont réalisé, avec l'appui du Canada, environ 5 000 projets communautaires visant à améliorer la santé et l'hygiène, de même que la qualité de vie de milliers de famille afghanes. Plusieurs autres projets sont en cours.
L'Afghanistan a adopté une nouvelle constitution et a tenu des élections présidentielles et parlementaires. Cinq millions d'enfants vont à l'école, dont un tiers de filles. Plus de 65 000 mines terrestres ont été détruites depuis 2002.
Nous pouvons nous réjouir de ces réussites et nous sommes fiers d'y contribuer. En mai 2006, le premier ministre a annoncé que le Canada maintiendrait le niveau de financement accordé au développement de l'Afghanistan à 100 millions de dollars par année jusqu'en 2011.
Haïti est aussi un État qui a besoin de notre aide pour se rétablir. Il s'agit du pays le plus pauvre des Amériques, et le Canada détient une large expérience en Haïti. Au fil des ans, il s'est mérité la confiance et l'amitié des Haïtiens. D'ailleurs, l'importante diaspora haïtienne qui vit au Canada peut servir de relais pour construire ce pays. Depuis des décennies, des ONG, des universités et des institutions canadiennes — en commençant par les communautés religieuses du Québec — ont oeuvré en Haïti. Des liens étroits se sont donc tissés entre Canadiens et Haïtiens. Ces derniers constituent aujourd'hui une des principales forces de la coopération canadienne en Haïti.
J'aimerais maintenant m'arrêter sur deux des secteurs prioritaires de notre action en développement international, soit la gouvernance démocratique et l'égalité entre les femmes et les hommes. La gouvernance démocratique est un enjeu primordial. Pour enregistrer des progrès durables, une société doit offrir un climat de paix et de sécurité. Cela est seulement possible dans une société démocratique fondée sur la liberté, les droits de la personne, la primauté du droit, la justice et la responsabilisation des institutions publiques. C'est pour cette raison que le développement démocratique représentera une composante essentielle de tous nos programmes bilatéraux.
L'égalité entre les femmes et les hommes demeure au premier plan de notre travail. C'est un aspect qui fait partie de tous nos secteurs d'intervention. L'égalité entre les femmes et les hommes est une priorité de ce gouvernement, une priorité pour l'ACDI et définitivement l'une de mes priorités personnelles. Dans un très grand nombre de pays en développement, l'expérience montre que pour réduire la pauvreté, stimuler l'économie et préserver les droits humains, rien ne vaut les gestes concrets qui permettent aux femmes de tirer profit de leur énorme potentiel. C'est pourquoi il nous faut des programmes et des fonds qui visent à soutenir l'égalité économique et sociale des femmes et à renforcer leurs droits.
Pendant mon séjour au Mali cet été, j'ai visité plusieurs projets de l'ACDI qui contribuent à améliorer les conditions de vie des femmes et des enfants. Par exemple, j'ai visité l'une des succursales du réseau de coopératives d'épargne et de placements de Nyesigiso. L'ACDI appuie financièrement ce réseau qui, d'une part, aide les Maliens, et tout particulièrement les femmes, à améliorer leurs moyens de subsistance et, d'autre part, favorise le développement du secteur de la micro-finance au Mali. J'ai même ouvert un compte personnel dans l'une de ces coopératives, pour manifester mon appui.
Le deuxième volet de notre programme de travail sur l'efficacité de l'aide vise à améliorer l'exécution des programmes. Pour appuyer le développement international, le nouveau gouvernement est résolu à engager les Canadiens à travers le pays. En juin dernier, j'ai lancé le nouveau Fonds du secteur volontaire. Doté d'un budget de 20 millions de dollars, ce fonds appuie des projets de développement qui sont mis en oeuvre par des organismes canadiens, en partenariat avec des organismes de pays en développement. Le Fonds du secteur volontaire s'adresse aux organisations non gouvernementales, aux institutions et aux associations canadiennes, notamment aux groupes de la diaspora. Nos partenaires canadiens travaillent en collaboration avec nos partenaires du Sud. Ils réalisent ensemble des projets et des programmes dont les objectifs correspondent aux priorités de développement du Canada, notamment dans le secteur de la réduction de la pauvreté et des droits de la personne. Cette approche vise à accroître l'efficacité de l'aide, notamment par le renforcement des capacités de la société civile et la prise en charge locale des initiatives.
Monsieur le président, le rôle de la société civile dans le développement international est crucial. L'expérience de l'ACDI depuis 40 ans le démontre. Le partenariat entre l'ACDI et les intervenants non étatiques a été un facteur important de la contribution canadienne au développement international. Je veux faire en sorte que le Canada soit le chef de file de la reconnaissance de la société civile dans la Déclaration de Paris. Je travaillerai avec nos partenaires canadiens et internationaux à ce projet.
[Traduction]
Nos activités incluent l’étude de l’efficacité multilatérale sur des enjeux clés comme le VIH-sida, la viabilité de l’environnement et l’aide humanitaire. Le Canada continuera de travailler avec les organismes les plus aptes à réaliser ces objectifs.
[Français]
Le troisième volet de notre programme de travail vise à mieux rentabiliser nos ressources. Nous explorons actuellement diverses voies pour aller dans ce sens. Nous continuerons de progresser dans le déliement de l'aide.
Nous travaillons à réduire la proportion de nos dépenses en frais d'administration. Je tiens également à renforcer la présence de l'ACDI sur le terrain.
[Traduction]
En dernier lieu, notre programme tente de renforcer la mesure et la communication du rendement. L’ACDI et ses partenaires travaillent dans des conditions particulièrement dangereuses et imprévisibles comme les conflits armés, la famine, les maladies infectieuses, la pauvreté extrême et les catastrophes naturelles, sans compter l’imprévisibilité issue de l’instabilité économique.
Notre capacité d’évaluation et de gestion des risques mine l’efficacité des investissements de l’ACDI. Conformément à la priorité qu’accorde le nouveau gouvernement à la responsabilité et à son programme d’aide efficace, je déposerai en 2007 le premier rapport annuel sur les résultats du développement. Grâce à ce rapport, la population canadienne verra que le soutien de l’ACDI a permis d’améliorer la vie des pauvres dans les pays en voie de développement.
Le gouvernement s’est également engagé à consolider les systèmes de santé dans les pays en voie de développement. Nous consacrerons 450 millions de dollars entre 2006 et 2016 à l’appui des efforts des différents pays à renforcer les systèmes de santé en Afrique. Nous espérons ainsi corriger les principales faiblesses, améliorer les résultats en matière de santé en Afrique et faire de réels progrès afin d’atteindre les objectifs de développement du millénaire.
Vous pouvez consulter le rapport sur le Canada et les résultats en santé.
Monsieur le président, mes observations d’aujourd’hui aux membres Comité permanent des affaires étrangères et du développement international incluaient un très bref aperçu des projets et des priorités de l’ACDI pour l’année en cours, y compris le programme en quatre parties sur la façon d’accroître l’efficacité de l’aide.
C’est avec plaisir que je répondrai aux questions des membres du comité.
:
Merci beaucoup, monsieur le président. Je vais partager mon temps avec mon collègue M. Martin.
Merci, madame la ministre, monsieur Greenhill, monsieur St-Laurent et madame Vincent, d'être parmi nous.
Comme on a seulement 10 minutes, je vais passer tout de suite aux questions.
Comme par les années passées, l'ACDI considère l'amélioration de la santé comme une de ses priorités sectorielles d'investissement, dans son rapport sur les plans et priorités pour 2006-2007. La ministre pourrait-elle donner au comité, par l'intermédiaire de notre greffière, les renseignements détaillés sur les dépenses de l'ACDI en matière de santé, en présentant des données globales, une ventilation complète de dépenses des programmes géographiques de partenariats canadiens et des programmes multilatéraux? On ne veut pas avoir cela tout de suite, car on sait que ce sera très long avant qu'on nous remettre ces documents.
Ma question est la suivante. La partie III du Budget des dépenses 2006-2007 ne donne pas de détails sur les dépenses de l'ACDI pour lutter contre la malaria. La ministre pourrait elle donner des renseignements détaillés sur les dépenses de l'ACDI dans ce domaine, autant en ce qui concerne les nouvelles annonces que les coupes effectuées dans d'anciens programmes?
[Traduction]
J’ai une deuxième question.
La ministre peut-elle expliquer la raison pour laquelle l’ACDI a décidé d’appuyer un programme de l’UNICEF en Éthiopie, sachant très bien que l’organisme a admis publiquement que son programme quinquennal avait échoué? Au contraire, le programme de distribution de moustiquaires de la Croix-Rouge internationale s’est révélé très efficace au Togo, où 100 p. 100 des enfants de moins de 5 ans sont protégés.
Afin de dissiper toute ambiguïté, pouvez-vous indiquer au comité si des négociations sont en cours avec la Croix-Rouge, après 18 mois, pour renouveler une subvention après que le fonds actuel de 26 millions de dollars aura été utilisé?
[Français]
C'est ma première question. Merci.
:
Je pense que vos questions sont tout à fait indiquées, et le rapport de 2007 sur le développement dont la ministre a parlé en fournira des exemples très concrets.
Permettez-moi de vous fournir trois ou quatre exemples des activités qui se déroulent sous la direction de la ministre Verner à cet égard.
Tout d’abord, on y trouve un ensemble de résultats ayant nécessité six mois d’effort au sein de l’agence, pour poser la question suivante : de toutes les dépenses en soins de santé, quelles sont celles qui ont réellement mené à des résultats concrets et ont vraiment sauvé des vies, afin que nous puissions répondre à ce type de questions légitimes? On y trouve notamment des exemples du travail accompli dans le cadre du partenariat Stop TB, grâce auquel on a sauvé 500 000 personnes, surtout des enfants, à un coût de 200 dollars par vie sauvée. Il y a des exemples de collaboration avec des chercheurs du gouvernement de la Tanzanie et le CRDI pour diminuer la mortalité infantile de 40 p. 100 dans le cadre du Projet d’interventions essentielles en santé en Tanzanie. On y aborde aussi le leadership du Canada en matière de déficience en vitamine A et en iode. Selon les estimations de l’UNICEF, les efforts du Canada sauvent des millions d’enfants de la déficience mentale.
Puisqu’on nous a demandé ce rapport en raison de l’attention particulière que le gouvernement et la ministre accordent à la responsabilisation, nous désirions recenser les activités qui ont réussi dans le passé et sur lesquelles nous pourrions nous appuyer pour poursuivre le travail.
Un deuxième exemple concerne deux pays mentionnés récemment, soit Haïti et l’Afghanistan, des pays en crise. Nos efforts seront vains si nous ne nous engageons pas à jouer un rôle déterminant à long terme. Deux décisions importantes ont été prises au cours des derniers mois, concernant un engagement ferme de 520 millions de dollars envers Haïti, échelonnés sur cinq ans, à l’appui du leadership afin de pouvoir assurer une présence à long terme dans le pays et d’être jugés en fonction des résultats obtenus.
J’aimerais souligner que par suite de décisions auxquelles la ministre Verner nous a demandé de donner suite, nous enregistrerons vraisemblablement cette année la concentration de pays la plus élevée des dix dernières années.
Je crois qu’il reste beaucoup à faire — vous connaissez mes vues sur la question — mais je pense aussi que l’approche présentée favorisera la responsabilisation et nous permettra de répondre à toutes ces questions.
La réponse parfaite n’existe pas. Dans le secteur privé, on désire sans cesse augmenter les profits, réduire les coûts et innover. Ces trois enjeux sont omniprésents. Ce qui importe, c’est de montrer les progrès accomplis par rapport aux objectifs. Je suis déterminé à faire en sorte que l’agence déploie des efforts pour appuyer la politique de la ministre Verner, pour assurer non seulement l’efficacité des priorités stratégiques et de la prestation des programmes, mais aussi la communication claire des résultats tant à vous qu’au public.
:
C’est gentil de sa part, mais ce n’est pas ma question. Ma question porte sur l’optimisation des ressources et nous ne sommes pas en mesure de constater cette optimisation des ressources.
Nous avons demandé maintes et maintes fois en Assemblée législative, et je vous dis, en tant que personne qui critique l’orientation du gouvernement, pourquoi choisissons-nous d’opter pour les subventions alors que nous savons — et vous avez cité — qu’il s’agit d’un élément pour lequel nous n’avons aucun aperçu?
Je ne parle pas de ceux qui vérifient la Banque mondiale. Je veux dire qu’il faudrait nous remettre une liste et nous fournir une optimisation des ressources, une orientation vers un but avec une évaluation du nombre exact d’écoles ayant été construites en nous démontrant combien d’argent a été investi. Ce que nous observons ici — et je le constate dans le budget supplémentaire des dépenses que nous examinerons à un autre moment — est que nous prenons le même chemin. Nous passons par ces autres organismes pour lesquels nous ne possédons aucun aperçu.
Voilà donc ma préoccupation. Mais ma question est — et elle s’adresse peut-être à M. Greenhill — en tant que personne contribuant à la Banque mondiale, nous avons le droit de constater l’optimisation des ressources. Nous avons le droit d’obtenir une liste des programmes au sein desquels la Banque mondiale investi et l’argent que nous contribuons. Je ne constate aucun détail de ce genre, et nous avons besoin de ce détail.
De plus, on nous dit qu’en Afghanistan ce microcrédit est génial, mais qu’il n’y en a pas suffisamment, et il est consacré à l’administration. Quelqu’un a déjà demandé combien d’argent le gouvernement reçoit, et la réponse qu’on nous donne est qu’environ 60 p. 100 est consacré à l’administration, mais nous l’ignorons car les faits ne nous ont pas été présentés.
Tout d’abord, ce que nous avons besoin est moins d’argent consacré aux subventions, et deuxièmement, un aperçu des fonds destinés au développement, parce que la grande inquiétude des canadiens est que l’argent que nous sollicitons ardemment pour aider à la reconstruction ne se rend pas à bon port. Nous n’en avons aucune idée. Cela doit changer.
:
Merci beaucoup, car il s’agit d’une question extrêmement importante.
La meilleure façon de répondre est sans doute de fournir quelques résultats de la recherche que nous a demandé d’entreprendre la ministre Verner. Je fais référence aux pamphlets en ce qui a trait aux résultats de la tuberculose. Cela avait en fait été subventionné, mais seulement dans la mesure où les résultats ayant trait aux conclusions pouvaient être calculés, et c’était 200 $ pour chaque décès évité.
Si nous examinons le dossier portant sur le taux de décès causé par la rougeole, ceci constituait effectivement du travail réalisé avec l’UNICEF qui a engendré une réduction de près de la moitié des décès causés par la rougeole en Afrique, et Lancet, le journal international, a véritablement chiffré des résultats extrêmement efficaces et a également démontré que cela était très rentable.
Dans le même ordre d’idées que pour la distribution de la vitamine A, où, en vérité, la carence en vitamine A peut être rétablie au coût de 10 ¢ par enfant, et ce que nous avons fait en ce qui a trait à la cécité des rivières et ce que nous avons fait en ce qui a trait à l’iodation du sel, toutes ces réalisations semblent avoir été rendues possibles grâce à une proposition de subvention… nous avons tenté d’assurer qu’il y ait, dans chacun des cas, comme l’a indiqué la ministre Verner, un examen de tierce partie d’un point de vue de vérification, mais axer davantage ce point de mire si important sur les véritables résultats que nous pouvons chiffrer et que nous pouvons réellement définir en fonction de la rentabilité. C’est de cette façon que nous tentons d’assurer que nous apparions quelques efficacités et rendements des modalités de subvention avec les véritables suivis des résultats.
Ce que j’aimerais également indiquer c'est qu’il s’agit tout simplement de quelque chose dont nous avons besoin, et dans des circonstances différentes, des méthodes différentes seraient appropriées. Nous serions également heureux de fournir plus de détails, plus précisément en ce qui a trait aux préoccupations telles que la Banque mondiale et d’autres organismes collectifs, au sujet des diverses évaluations qui sont effectuées afin de s’assurer que nous obtenons réellement des résultats.
:
Aujourd’hui, je vais parler du travail de Élections Canada effectué dans le but de promouvoir le développement démocratique à l’échelle internationale, de la valeur ajoutée que nous apportons — du moins selon notre opinion — aux efforts canadiens de ce milieu, et des façons selon lesquelles nos efforts collectifs peuvent être maximisés.
Élections Canada a, pendant longtemps, joué un rôle actif sur la scène mondiale, venant en aide à différents pays dans leurs efforts pour mettre en œuvre de solides processus démocratiques électoraux. En fait, depuis 1990, nous avons pris part à des initiatives dans presque 100 pays — certes des initiatives d’importance variées. À propos, mon bureau, par l’entremise de mon prédécesseur, a également été impliqué sur la scène internationale en Amérique latine, au Chili plus précisément.
Nos activités varient de l’envoi d’un seul expert pour gérer un élément du processus électoral à la formation d’équipes pluriannuelles et multinationales pour venir en aide et entreprendre des analyses approfondies et continues, à la mise en œuvre d’une observation et d’un accompagnement englobant tous les secteurs du processus électoral. Ces initiatives nous ont fourni l’expérience s’étant avérée instrumentale dans l’évolution d’une démarche unique pour l’aide électorale internationale. Notre démarche est une méthode accompagnatrice — ce que explique mon utilisation du mot « accompagnement » — pour les organismes de gestion électorale avant, pendant, et après les élections, et une méthode d’aide pour leur permettre d’élaborer et renforcer leurs cadres de travail institutionnels, leurs aptitudes et leur autonomie ou l’indépendance, lesquels constituent des composantes de base capitales pour le développement démocratique électoral.
Cette démarche est un modèle élastique permettant un apprentissage mutuel. Elle nous a permis de réaliser de grandes choses, par exemple, avec nos partenaires et collègues à l’IFE, l’Institut Fédéral Électoral du Mexique.
Le principe de l’accompagnement guide notre travail international et a été récemment démontré au sein de deux missions multilatérales de surveillance électorale au cours desquelles nous avons collaboré étroitement avec la Commission Électorale Indépendante de l’Iraq et le Conseil Électoral Provisoire en Haïti.
Les missions internationales pour la surveillance des élections haïtiennes et iraquiennes, que j’ai toutes deux présidé, sont des exemples sans précédent de l’extraordinaire niveau de coopération internationale mobilisé à ces fins. Chaque mission était menée par un comité de direction formé de directeurs d’organismes de gestion électorale de partout à travers le monde, lequel a fourni une révision experte et indépendante par les pairs aux organismes de gestion électorale iraquiens et haïtiens. Ces missions ont également porté un jugement sur les élections, émettant des rapports opportuns au public portant sur les mesures. Nous avons accompagné la commission iraquienne au cours de trois événements électoraux en 2005: les élections du 30 janvier pour l’assemblée nationale transitoire, le référendum constitutionnel du 15 octobre, ainsi que les élections du Conseil des représentants du 15 décembre, le parti qui gouverne actuellement l’Iraq.
La valeur du modèle des MIEI s’illustre le mieux par ce qu’il a accompli à la suite des élections législatives iraquiennes en décembre dernier. Au cœur des accusations de fraude contre la CEII menaçant de perturber la situation en Iraq, la mission a pris l’initiative — sans consulter personne — de former rapidement et envoyer une équipe spéciale composée de quatre experts. Deux des experts furent choisis par moi et deux par le Secrétaire général de la Ligue des États arabes, M. Amr Moussa. Le rapport crucial et opportun des experts électoraux, incluant Doug Rowland, président de l’Association canadienne des ex-parlementaires, et Rafael Lopez-Pintor, un professeur espagnol — que je connais bien — a permis de désamorcer une situation explosive entre les sunnites et les chi'ites. Nous avons également organisé une réunion rétrospective de l’élection avec la CEII en mars 2006 et discuté de l’expérience dans son ensemble des MIEI en Iraq, ainsi que des prochaines étapes, et avons fourni des conseils quant à la création d’une commission électorale iraquienne permanente, au sujet de laquelle nous détenons des connaissances spécialisées.
En Haïti nous avons accompagné le CEP au cours des premier et deuxième tours de leurs élections présidentielles et législatives en 2006. Pour les élections municipales et locales, et le scrutin de ballottage pour les législatives… prévues le 3 décembre de cette année, Élections Canada a accepté l’invitation du gouvernement haïtien de continuer à accompagner le CEP au cours d’une mission de surveillance à plus long terme. Cette initiation a également été réalisée par le gouvernement canadien, devrais-je dire, par l’entremise de l’ACDI, donc justement, nous avons accepté l’invitation du gouvernement canadien. Cette mission fournira des rapports périodiques au CEP concernant les développements sur le terrain, ainsi que des experts électoraux qui travailleront conjointement avec le Conseil Électoral Provisoire.
Notre appui pour ces trois élections est d’autant plus centré sur l’accompagnement, à savoir, les aider en cours de route, tout en conservant tout de même notre indépendance face à la production de notre rapport sur les élections.
[Français]
Je vais maintenant poursuivre dans l'autre langue officielle.
Ces réalisations illustrent tout ce qui a pu être accompli avec les ressources qu'il m'est permis de consacrer à nos activités internationales. Évidemment, ma priorité est avant tout l'administration des élections canadiennes. Les besoins des Canadiens doivent passer et passent en premier. Or, nous pourrions faire beaucoup plus si nous disposions de ressources financières et humaines accrues pour l'aide internationale.
L'observation pure et simple n'est pas la meilleure façon d'utiliser les ressources d'Élections Canada. En effet, notre force réside plutôt dans le soutien du processus à long terme qu'est la démocratisation, ce qui passe par le renforcement des capacités et de l'indépendance des commissions électorales. Nous travaillons donc à concevoir, à développer, à concrétiser et à solidifier les commissions électorales dans le respect de la culture et de l'histoire du pays où nous oeuvrons.
Malgré les apparences, surtout au Canada, une élection, ce n'est pas simple. Ce n'est pas simple au Canada et ce n'est certainement pas simple à l'étranger. De nombreuses forces politiques convergent et se confrontent lors des élections, ce qui en complique la gestion. Il n'est donc pas surprenant que l'aide aux élections soit aussi une tâche complexe.
Dans le cadre de votre réflexion, vous devez déterminer de quelle façon les organisations gouvernementales et non gouvernementales peuvent le mieux contribuer au soutien de la démocratie dans le monde. Je vous rappelle à ce sujet qu'Élections Canada est un organisme indépendant, ce qui lui confère une crédibilité et une efficacité toutes particulières sur la scène internationale. En effet, on nous reconnaît ces qualités partout dans le monde.
L'Agence canadienne de développement international et le ministère des Affaires étrangères et du Commerce international reconnaissent que les intervenants du développement démocratique doivent communiquer entre eux et coordonner leur efforts. À cet égard, le Democracy Council est un pas dans la bonne direction. D'autres témoins qui ont comparu devant vous vous en ont parlé.
Mme Alexa McDonough, dans ses observations du 4 octobre dernier, a bien fait ressortir les risques auxquels s'expose le Canada lorsqu'il mène seul, ou à titre de leader, des missions dans des démocraties encore fragiles. C'est ce que nous avons fait en Irak; c'est ce que nous avons fait et continuons de faire en Haïti. Ces risques existent, que le Canada agisse seul ou qu'il dirige des missions internationales. Je crois d'ailleurs qu'il est plus risqué de soutenir la démocratie aujourd'hui qu'il y a 10 ou 15 ans, au début de l'après-guerre froide. Mais aujourd'hui, nous comprenons mieux les risques posés. Nous avons connu des revers par le passé, et nous en connaîtrons d'autres à l'avenir.
Je crois comprendre que le comité envisage actuellement diverses idées dans le but d'accroître l'efficacité et la visibilité des efforts canadiens d'appui à la démocratie. Nos stratégies doivent être cohérentes et réfléchies. Par exemple, on souhaite de plus en plus soutenir les partis politiques, mais il ne faudrait pas agir avec trop de précipitation. J'ai même des observations à faire, si la chose vous intéresse.
Enfin, il faut aussi affronter l'attitude, de plus en plus répandue à certains endroits du monde, selon laquelle la démocratie n'apporte pas d'améliorations à la qualité de vie des gens. Les progrès s'accompagnent de leur lot de revers, mais il ne faut pas abandonner.
À mon avis, la démocratie reste la seule solution pour l'humanité. C'est tout le processus du développement démocratique et tout le système qu'il faut appuyer, mais toujours dans le respect des valeurs, de l'histoire et de la culture du pays. C'est d'ailleurs ce qui constitue notre marque de commerce sur la scène internationale, monsieur le président.
Merci.
:
Monsieur le président, je veux d'abord exprimer ma reconnaissance concernant les commentaires élogieux exprimés à notre endroit.
Ce qui s'exprime de façon involontaire est souvent ce qui trahit la profondeur de la pensée. Il y a en effet un souhait que j'aimerais formuler, à savoir que la politique et les efforts du Canada en matière d'assistance au développement démocratique soient plus cohérents.
Élections Canada peut faire sa part, mais dire que ça prend plus qu'une élection pour faire la démocratie est un cliché. J'ai voulu mettre de côté ce cliché et dire simplement que les élections, c'est essentiel et complexe, même ici, au pays. On oublie que c'est le cas, mais on le constate lorsqu'on va à l'étranger. Vous-mêmes avez pu vous en rendre compte. Je voulais faire part au comité de certaines réflexions.
Il me semble que le Canada pourrait être plus cohérent avec lui-même. J'ai entendu mon prédécesseur, le président de l'ACDI, parler des 25 pays qui sont considérés comme méritant l'aide du Canada. Je sais qu'on se dirige vers ce genre de pratique, mais je souhaiterais qu'on détermine quels sont les facteurs requis pour établir une bonne démocratie dans divers pays. On parlerait sans doute de liberté de presse, de vérification générale, d'élections libres et de parlementaires fonctionnels. En effet, pour que le système parlementaire fonctionne correctement, il faut qu'il y ait un respect pour l'opposition. C'est ce qui manque dans plusieurs pays.
Il s'agirait d'établir un ensemble cohérent de critères et de déterminer les besoins de chaque pays, non pas à certains égards seulement, mais à l'égard de tous les critères. On pourrait mettre à contribution des entités comme Élections Canada, la vérificatrice générale, les organismes qui s'occupent de la liberté de presse au pays ou les parlementaires, quand viendrait le temps d'expliquer à d'autres parlementaires comment fonctionne une vraie démocratie. C'est ce que j'ai voulu laisser entendre par mes propos.
Merci.
:
Monsieur le président, pour pousser plus avant mon commentaire, laissez-moi vous préciser qu’à mon avis, Élections Canada a ici l’occasion de faire une véritable contribution au processus en cours. J’illustrerai mon propos à l’aide d’un exemple relativement concret. La commission électorale nigériane est venue nous rencontrer récemment. Ses représentants désiraient s’informer sur la façon dont ils pourraient provoquer une élection. Ils sont pris avec ce problème. Ils ont obtenu nombre de conseils de la part de personnes qui sont venues les voir mais n’ont pas pu bénéficier de l’expertise des personnes qui sont réellement chargées de la conduite des élections.
J’ai entendu la même chose de la part de responsables de nombreux pays. Lorsque nous sommes allés en Haïti pour la première fois, les gens disaient qu’au moins nous étions capables de tenir nos promesses au sein de notre pays et qu’ils pouvaient s’entretenir avec nous et obtenir des renseignements constructifs. Les responsables du Cameroun sont venus nous voir. Ils tentaient alors de s’établir; j’ignore où ils en sont rendus et dans quelle mesure ils ont réussi. Ils désiraient savoir de quelle manière un organisme devenait indépendant, quels étaient les mécanismes de liaison qui le liaient au gouvernement et au Parlement et connaître les facteurs qui contribuaient à son indépendance à long terme. Grâce à l’analyse de toutes ces questions, nous avons pu leur offrir de l’aide.
Je suis d’accord avec le fait qu’il puisse y avoir divers degrés d’indépendance; nous devons toutefois faire en sorte qu’il y en ait le minimum, le minimum acceptable. À ce propos d’ailleurs, il nous faut régler cette question avant de nous engager dans d’autres pays. Il se peut que l’on nous demande d’aider un pays en particulier; avant d’accepter, nous devrons déterminer quel est le degré d’indépendance du pays en question. À titre d’exemple, en Haïti, le Conseil Électoral Provisoire a été mis sur pied de façon à favoriser le degré d’indépendance souhaité. Nous avons entrepris la même démarche lors des élections irakiennes.
Je ne voudrais pas aller dans un pays parce qu’il fait partie de la liste des 25 pays à soutenir. La commission électorale est totalement pervertie et notre aide s’avérera inefficace. Je n’accepterais pas de jouer ce jeu parce que je n’en vois pas l’intérêt. Cela ne nous mènera nulle part, à moins que le mandat ne soit de modifier ce processus.
Je ne sais pas si je réponds à votre question de façon cohérente. J’espère bien qu’il en est ainsi.
C’est sur ce plan que nos compétences entrent en ligne de compte. La renommée repose sur la capacité à offrir de l’aide, tout en conseillant et en tissant des liens, ceci en fonction de la culture et des forces qui sont en jeu au sein de la collectivité bénéficiaire.
En Irak, il y avait trois collectivités principales. Toutes trois étaient représentées au sein de la commission électorale irakienne. Nous avons donc eu l’impression que tout était en place. Le mandat légal était bien défini et stipulait qu’ils étaient indépendants. À la fin du processus, nous avons également formulé des recommandations relativement au nombre de personnes qui devraient œuvrer à temps plein sur une commission. Il y a huit commissions à présent. Nous pensions que c’était trop. Nous avons émis l’idée qu’il pouvait y avoir une autre façon de structurer le processus ou qu’il était possible de conserver la même structure, mais que les commissaires faisant partie de celle-ci n’y siégeraient pas à temps plein. Pour l’administrateur général en effet, il était très ardu de mener à bien sa tâche dans de telles circonstances.
C’est dans ce domaine que notre expertise entre en ligne de compte. Bien évidemment, vous comprendrez qu’il ne s’agit nullement d’une transposition directe de notre système électoral canadien. Il n’y a pas de commissaires qui surveillent mon travail. Le Comité de la procédure et des affaires de la Chambre s’occupe en grande partie de ce travail. Le Parlement contrôle ma façon d’agir et la manière dont j’exécute mes tâches.
Il est relativement facile d’intervenir dans d’autres cultures et de s’entretenir avec les personnes les composant des moyens dont elles pourraient se prévaloir pour améliorer leurs systèmes tout en consolidant et en maintenant leur indépendance.
:
Monsieur le président, nous déployons nos efforts par le biais de l’organisme électoral en place, dans le cadre de son mandat qui le charge, entre autres de renseigner la population sur le processus électoral. Nous le faisons, au Canada, grâce à nos programmes de sensibilisation et à nos diverses publicités lorsque des élections sont déclenchées. Naturellement, ce que nous voulons et que nous encourageons, c’est que l’organisme électoral, appuyé par les spécialistes du pays en cause, sensibilise les citoyens sous des formes qui les interpellent.
J’apprécie vos observations sur les taux de participation — non pas parce que j’en suis satisfait — mais parce que vos commentaires font effectivement ressortir ce que je considère être, de la part de la communauté internationale, des attentes irréalistes à propos de la rapidité avec laquelle la démocratie va prendre racine après des élections. Au départ, beaucoup de gens — je ne parle pas des membres du comité, mais beaucoup de gens à travers le monde — pensaient qu’étant donné qu’il y avait eu des élections là bas, la démocratie existait. On l’a constaté en Amérique latine, et mes commentaires faisaient référence aux Sud-Américains qui trouvent que la démocratie ne fonctionne pas, parce qu’ils ne constatent aucune amélioration de leur mode de vie. Selon moi, ce n’est pas que la démocratie ne fonctionne pas, c’est que le système démocratique ou les acteurs démocratiques ou les acteurs antidémocratiques locaux, ne facilitent pas l’amélioration de la situation. Là est le vrai problème, ce n’est pas la démocratie qui est en cause. Il n’existe pas d’autre solution que la démocratie.
Vous avez parfaitement raison de dire que cela prendra plusieurs générations et qu’il faut déployer plus d’efforts au niveau scolaire. Mais on parle alors d’un plus long terme, et je ne suis pas convaincu que l’organisme électoral soit le mieux placé pour intervenir à ce niveau là dans ce pays.
Il existe un système d’éducation dans ces pays, je pense. Si nous adoptions une démarche globale pour favoriser l’instauration et le développement de la démocratie, nous pourrions commencer à nous attaquer en profondeur aux lacunes à combler dans le système électoral ou dans le système éducatif en ce qui concerne les élections, en intervenant au niveau de l’enseignement primaire ou secondaire.
Je voudrais faire une autre observation. Le taux de participation de 30 p. 100 au second tour était supérieur à celui qui a été atteint lors de tous les précédents deuxièmes tours en Haïti. Dans le contexte haïtien, il s’agit d’une amélioration significative. Si l’on compare cela aux 60 p. 100 de participation au premier tour, on voit qu’il y a un problème, et c’est ce à quoi faisait allusion votre collègue un peu plus tôt.
On a beau leur expliquer, les gens considèrent que l’élection la plus importante est l’élection présidentielle, et pas les autres. Et ce, parce que, dans leur esprit, l’autorité sera dévolue au président. C’est la raison pour laquelle les élections municipales et les élections locales s’avèrent tellement importantes en Haïti. Foncièrement, comme M. Bernard l’a rappelé au comité, elles mettront en place un contre pouvoir au niveau local, faisant que tout ne relève pas de la présidence. Cela apportera peut être une valeur ajoutée au processus démocratique en Haïti.
:
Monsieur le président, en ce qui a trait à un recueil des pensées d'Élections Canada, ou du directeur général des élections, à propos de la scène internationale, je vais vérifier si nous disposons de quelque chose à ce sujet. En effet, j'ai eu l'occasion de prononcer des discours sur la scène internationale, et il me fera plaisir de vous fournir un tel document dans les plus brefs délais.
Deuxièmement, en ce qui a trait aux conditions budgétaires, on pourra aussi vous faire part de cela, mais je peux vous dire que les efforts d'Élections Canada, pour les trois tours de scrutin en Haïti, ont coûté un peu plus de 9 millions dollars. Le coût, pour ce qu'on a pu accomplir en Irak, a été de près de 2 millions de dollars. Nous pourrons vous soumettre des chiffres plus précis, dans le cas d'autres missions d'envergure majeure auxquelles nous avons participé.
J'aimerais toutefois ajouter, en ce qui concerne ma remarque de tout à l'heure, que finalement, quand notre gouvernement est majoritaire et que je peux déployer des ressources en puisant dans notre budget de base, je le fais. Toutefois, nous ne pouvons pas répondre à une telle demande à même notre budget quand nous sommes en présence d'un gouvernement minoritaire ou quand la demande d'un pays en particulier est trop grande. Je ne le peux pas et je n'embauche pas des experts externes à Élections Canada, à même mon budget, parce que dans ce cas, j'ai besoin du soutien d'autres agences gouvernementales. Toutefois, si nous pouvons nous le permettre sans nous appauvrir et sans appauvrir l'électeur canadien, nous le faisons. Cela peut se produire.
Je vais cependant vous donner l'exemple du Nigeria. Sa délégation qui nous a visités récemment m'a demandé, au moment de quitter le pays, si je pouvais tout de suite lui fournir des experts en planification, qui prendraient leur avion du retour. C'est ce dont leur pays a besoin: des gens qui savent planifier. En effet, c'est une difficulté particulière à laquelle ils se butent. Mais non, je ne le pouvais pas, à cause de la situation minoritaire du gouvernement canadien.
J'aurais besoin de fonds additionnels, et il n'est pas toujours facile d'aller voir l'ACDI pour lui dire que le Nigeria a besoin d'une personne et que cela coûterait 25 000 $. Ce n'est pas toujours évident, parce que l'ACDI a ses propres besoins. Alors, ce n'est pas toujours facile pour nous de satisfaire toutes les exigences.