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Je vous remercie, monsieur le président.
Je tiens à remercier chacun d'entre vous de prendre le temps au cours de votre première semaine de retour à la Chambre de nous entendre.
Je tiens particulièrement à remercier le président et ceux d'entre vous qui ont tenu à accorder plus d'attention au rôle que jouent les petits agriculteurs dans la réduction de la faim et de la pauvreté.
Nous comparaissons devant vous aujourd'hui pour vous transmettre deux messages. Le premier, c'est que nous tenons à bien faire comprendre qu'une aide suffisante à l'agriculture est un investissement efficace — en fait bien des gens considèrent qu'il s'agit de l'investissement le plus efficace — pour lutter contre la faim et la pauvreté.
Le Canada est parti du bon pied en offrant une aide à l'agriculture il y a quelques années, mais nous avons l'impression que dernièrement on accorde moins d'importance à cette initiative. Nous avons donc profité de l'occasion pour constater les résultats des initiatives canadiennes et c'est sur quoi portera notre exposé ce matin.
Le deuxième message que nous voulons transmettre, et qui se rapporte très clairement à la question de la bonne gouvernance, c'est que les collectivités locales, les organisations de la société civile, les organisations agricoles et les ONG jouent un rôle particulièrement important comme point de départ de toute aide agricole. Elles ne devraient pas être uniquement considérées comme le dernier maillon de la chaîne; elles doivent participer aux décisions concernant le type de développement agricole qui doit se faire.
Il s'agit des deux messages que tient à vous transmettre le groupe de la politique de la sécurité alimentaire, qui est un réseau d'ONG canadiennes qui travaille en développement international et qui comprend également certaines organisations agricoles au Canada.
Nous disons que nous nous occupons de sécurité alimentaire, mais ce dont nous vous parlons, c'est d'agriculture parce que nous considérons que surtout en Afrique il est essentiel de s'occuper d'agriculture pour assurer la sécurité alimentaire.
Il y a huit mois, nous avons mis sur pied un projet destiné à permettre à la société civile africaine de s'exprimer sur la question de l'aide agricole — sur son importance et l'orientation qu'elle devrait prendre. Nous avons par conséquent retenu les services de consultants dans chacun des trois pays de l'Afrique sudsaharienne, considérés comme une priorité par l'ACDI : le Ghana, l'Éthiopie et le Mozambique. Je crois que vous-mêmes ou vos collaborateurs ont reçu le sommaire de cette étude.
Demain matin, nous serons l'hôte d'un atelier d'une demi-journée à l'ACDI dans le cadre duquel nous discuterons des conclusions de ce rapport. De façon générale, le rapport a présenté des constatations très positives à propos de l'initiative amorcée par le Canada dans ce domaine. L'important, c'est que le Canada poursuive sur sa lancée.
J'ai indiqué que nous tenions à permettre à la société civile de s'exprimer, donc je vais bientôt m'arrêter.
J'aimerais vous présenter deux visiteurs de l'Afrique. Le premier est Fidelis Wainaina, qui a remporté en 2006 le prix Yara de la révolution verte en Afrique. Elle est enseignante en agriculture et fondatrice du Maseno Interchristian child Self Help Group. Ce groupe d'entraide a pour objectif de travailler avec les collectivités locales pour aider les orphelins du sida et les jeunes à risque à devenir des agriculteurs solides et viables. Donc, elle consacre la majeure partie de son temps à travailler avec de petits agriculteurs.
La deuxième personne qui nous accompagne est M. Malex Alebikiya qui est le secrétaire exécutif de l'Association of Church Development Project dans le Nord du Ghana. Il s'agit d'un réseau de 40 ONG religieuses qui travaillent dans les domaines de l'agriculture, de la nutrition, de la santé et des moyens de subsistance en milieu rural. Malex est agronome et travaille dans le Nord du Ghana depuis 30 ans. Il a joué un rôle particulièrement important dans le cadre de notre étude, puisqu'il a supervisé le travail que nous avons fait au Ghana.
Je vais donc inviter tout d'abord Malex puis Fidelis à vous faire de rapides exposés, après quoi nous nous ferons un plaisir de répondre à vos questions.
Malex.
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Merci beaucoup, monsieur le président du comité, distingués députés et distingués membres du comité. En nom nom propre, au nom des agriculteurs du nord du Ghana, au nom de plus de quatre millions de personnes qui ne sont pas en mesure de se nourrir, je tiens à remercier le comité de m'offrir l'occasion de vous rencontrer et de nous faire entendre. Nous vous en sommes reconnaissants parce qu'en passant ce temps avec nous, vous montrez que vous avez du coeur, que vous nous comprenez, et vous montrez également que vous vous intéressez à ce que nous allons vous dire. Nous trouvons cela particulièrement encourageant et c'est la raison pour laquelle j'ai effectué ce périple et j'ai affronté l'hiver pour venir vous faire cet exposé.
Tout d'abord, je pense que nous sommes ici pour parler de la pauvreté. Ce dont nous parlons, ce sont des quatre millions de personnes qui n'arrivent pas à se nourrir. Je suis ici pour représenter les agriculteurs et les organisations de la société civile du nord et du sud, pour ajouter notre voix aux nombreuses voix que vous avez déjà entendues, pour vous encourager et vous demander d'aider le secteur agricole en particulier et d'assurer la sécurité alimentaire des pauvres particulièrement.
Lorsque je parle de petits exploitants agricoles, je parle d'eux surtout dans le contexte du nord du Ghana. Je parle d'agriculteurs qui cultivent trois ou quatre acres, d'agriculteurs qui vivent de ces trois à quatre acres. Grâce à l'exploitation de ces lopins de terre, ils nourrissent leurs familles, ils payent leurs frais de scolarité, ils obtiennent des soins médicaux. C'est leur moyen de subsistance.
La raison pour laquelle je trouve particulièrement encourageant de venir ici vous faire cet exposé, c'est que si on parle de développement dans le nord du Ghana — et il ne s'agit pas de flatterie — de toute évidence l'ACDI a eu une influence dans le développement du nord du Ghana. L'ACDI a joué un rôle influent auprès des pauvres. Je parle ici de l'eau en particulier et de ses incidences au niveau de la santé, de l'éradication du ver de Guinée, et de l'agriculture à petite échelle.
Par conséquent, nous avons été très heureux d'apprendre que l'ACDI allait intervenir dans le secteur agricole dans le nord du Ghana parce que cela permet au gouvernement canadien de s'occuper non seulement du problème de l'eau mais des besoins fondamentaux et des conditions de vie fondamentales de la population.
J'ai fait partie du comité directeur d'un projet agricole de l'ACDI. Malheureusement, aujourd'hui, nous sommes très inquiets de constater que l'agriculture et la production à petite échelle pour les pauvres n'est plus, comme Stuart l'a dit, une préoccupation majeure. Il est généralement admis que nous pouvons atteindre les objectifs de développement du millénaire sans aider les petits exploitants agricoles et les pasteurs. C'est un fait qui a été reconnu dans le cadre des objectifs de développement du millénaire, dans les documents du gouvernement canadien et également dans le document préparé par les chefs d'État africains.
Dans le cadre du programme détaillé de développement agricole de l'Afrique, il est énoncé clairement que l'agriculture favorisera le développement, la croissance et la sécurité alimentaire, la répartition équitable de la richesse, la réduction de la pauvreté et le développement rural en Afrique. Il s'agit donc également d'une priorité gouvernementale. Ce ne sont pas uniquement des agriculteurs qui le disent, puisque les gouvernements africains inscrivent également la production à petite échelle sur leur liste de priorités.
Nous croyons que favoriser le développement des petites exploitations agricoles n'est pas seulement une responsabilité, c'est la première étape à franchir pour asseoir les fondements de la croissance économique et pour répondre aux besoins des pauvres.
Pour atteindre les objectifs de développement du millénaire, soit diminuer la pauvreté de moitié, assurer la sécurité alimentaire et répondre aux besoins des pauvres, afin de permettre aux petits exploitants agricoles de produire, nous demandons essentiellement au gouvernement canadien d'ouvrir la voie, comme il l'a toujours fait. Nous croyons qu'il existe une autre approche en matière de développement agricole, une approche adéquate. Une fois que le gouvernement canadien aura réussi à le faire dans le domaine de l'eau, entre autres, il devrait être en mesure de montrer la voie pour un développement agricole adéquat.
Nous demandons donc au gouvernement canadien de se ranger du côté des pauvres, du côté des petits producteurs, et de montrer qu'il existe une autre approche en matière de développement agricole. En somme, nous demandons au gouvernement canadien de placer la production agricole à petite échelle et la sécurité alimentaire tout en haut de sa liste de priorités.
Imaginons que 70 p. 100 de la population rurale africaine soit capable de se nourrir, de payer les frais de scolarité de ses enfants grâce aux revenus qu'elle touche, d'améliorer sa nutrition et sa santé, et qu'elle puisse s'organiser de façon à faire entendre sa voix auprès des gouvernements. Selon nous, organiser et aider 70 p. 100 de petits producteurs aura de nombreuses incidences, et pas seulement dans le secteur de l'agriculture.
Il existe de nombreuses façons d'y arriver. L'une des choses auxquelles nous voulons croire — et nous l'avons déjà dit —, c'est que ce sera possible lorsque nous aurons adopté une stratégie d'aide agricole à long terme. Je crois que nous en avons parlé plus tôt.
Au sujet du développement agricole adéquat, l'une des choses auxquelles je veux croire, c'est que les organisations de la société civile, les organisations d'agriculteurs et les ONG travaillent dans ce domaine depuis plus de 30 ans. Nous pensons que pour agir, nous devons consulter ces organisations de la société civile et ces organisations d'agriculteurs et collaborer avec elles, puisqu'elles ont l'expérience, ainsi qu'avec les agriculteurs qui savent ce qu'ils veulent. Nous parlons ici d'élaborer des stratégies de production agricole durables axées sur un certain nombre d'objectifs : la lutte contre la pauvreté, la sécurité alimentaire et la protection de l'environnement.
Honorables députés, monsieur le président, voilà notre message. Merci encore de m'avoir écouté. Je suis maintenant prêt à répondre à vos questions.
Merci beaucoup.
Honorables députés, monsieur le président, je suis très heureuse d'être ici ce matin pour répéter ce que mon frère vous a déjà dit.
J'aimerais attirer davantage votre attention sur ce que les petits exploitants agricoles africains ont à offrir, si nous le leur permettons. Je travaille avec les petits exploitants agricoles depuis 10 ans, et j'ai réalisé qu'ils sont d'importantes parties prenantes en ce qui concerne le problème auquel nous faisons face aujourd'hui.
J'ai passé environ deux semaines au Canada, et je me demande ce qui suit. Avec quel sujet les dirigeants du gouvernement canadien sont-ils aux prises à l'heure actuelle?
J'ai parlé à diverses personnes, des agriculteurs et des députés. J'ai communiqué un peu avec certains députés. Si je comprends bien, le principal enjeu est de savoir comment régler le problème du réchauffement de la planète. Il s'agit de leur objectif prioritaire.
J'ai peut-être tort, et peut-être vais-je trop loin, mais si nous pensons au réchauffement de la planète et que l'Afrique n'y pense pas, alors nous tournons le dos à une forte proportion des parties intéressées, les gens qui sont capables de proposer une solution à ce problème.
Lorsque je travaillais dans l'Ouest du Kenya, je me suis rendu compte que les petits exploitants agricoles vivent dans des zones humides, des sols que nous aimerions beaucoup préserver. Nous aimerions bien les voir agir de façon appropriée.
Ce que je veux dire, c'est que lorsque nous songeons à la solution de ce problème, nous réalisons qu'en investissant dans l'agriculture nous investissons en réalité dans nous-mêmes. Nous investissons dans les vies des Canadiens, parce que nous faisons partie d'un même monde, et que ce que les Africains font au niveau local affectent ce qui se passe ici au Canada.
Laissez-moi vous donner un exemple. J'ai travaillé avec des collectivités qui ne pensaient pas à planter des arbres, par exemple, parce qu'ils pensent à mettre de la nourriture sur leur table. Mais en tentant de résoudre le problème qui consiste à mettre de la nourriture sur leur table, nous pouvons les faire participer, afin qu'ils puissent voir pourquoi ils devraient mettre leur terre de côté pour planter des arbres.
Nous avons vu des enfants et des jeunes orphelins, qu'on caractériserait comme les plus humbles parmi les humbles, participer à une priorité aussi importante que le réchauffement de la planète, sans nécessairement le savoir, en plantant jusqu'à un millier d'arbres après avoir surmonté les obstacles qui les entravaient. Ce sont les questions qui ont trait à la nourriture et à nourrir une famille.
Par conséquent, nous avons été en mesure de mobiliser nos collectivités, qui ont planté jusqu'à 50 000 arbres dans l'Ouest du Kenya l'an dernier.
Je ne suis pas sûre que ne pas tenir compte de ces gens serait une option, ces gens qui ont une contribution énorme à apporter afin de résoudre les obstacles qui entravent notre travail et auxquels nous faisons face. Par ailleurs, j'aurais quelques autres propositions.
Nous devons commencer à nous considérer comme des partenaires. Il faut non seulement augmenter l'aide à l'agriculture africaine, mais nous devons également changer notre façon d'envisager son orientation. Cela importe.
Si on s'en remet au niveau local, nous serons en mesure de résoudre des problèmes auxquels nous sommes aux prises depuis de nombreuses années, soit le leadership du peuple africain. Nous serons en mesure de faire participer la majorité des agriculteurs, qui sont des femmes. Nous savons qu'elles forment 80 p. 100 de la population agricole. Nous savons que leur vote compte. Mais si elles sont préoccupées par la nécessité de nourrir leur famille, alors elles ne pensent pas à la bonne gouvernance.
Nous pourrons changer la manière dont les gens font intervenir leurs gouvernements, en ne transférant pas uniquement les fonds aux gouvernements, mais en nous assurant qu'ils seront versés à ceux qui le méritent, ceux qui, à leur tour, pourront rendre leur gouvernement imputable. Ce faisant, nous élevons des enfants en bonne santé. Nous l'avons vu. J'ai travaillé avec des enfants sous-alimentés et avec leurs mères. Nous avons constaté qu'une augmentation de la production agricole et de la manière dont les mères utilisent les ressources disponibles permettait de réduire la malnutrition. Alors si nous voulons parler de nation saine, si nous souhaitons parler de santé — et je sais qu'il y a des médecins parmi nous — il vaudrait mieux prévenir que guérir. Nous vous disons qu'en ayant recours à l'agriculture lorsque nous traitons avec la plupart des personnes, et tout particulièrement les femmes, nous pourrons résoudre les problèmes de base auxquels nous faisons face.
Enfin, vous devez comprendre que le fait d'amener nos ressources en Afrique ne suffira pas à régler le problème. Augmenter l'aide canadienne à l'agriculture est une mesure importante, mais elle n'est pas suffisante. Nous demandons à ce que les Africains soient plus impliqués. Nous voulons qu'ils aient plus de poids dans la détermination de leur avenir, dans la mise en oeuvre de la biodiversité et de la force que l'Afrique apporte au monde. C'est essentiel, car nous vivons dans un même monde. J'ai l'impression que lorsque l'Afrique sera heureuse, le Canada sera également heureux, car vous aurez moins froid.
Merci.
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Merci beaucoup, monsieur Patry. Je vais partager le temps qui m'est alloué avec Mme Barbot.
Merci beaucoup d'être ici et de partager votre opinion, qui est extrêmement importante, avec nous.
L'année dernière, lors de la préparation du Cycle de Doha, nous avons beaucoup parlé de l'agriculture et des petits producteurs. À cause des conditions dont divers groupes nous ont parlé, nous savions qu'il fallait absolument protéger certains producteurs d'Afrique contre des règles qui pourraient limiter leur accès au marché et contre une importation qui pourrait tuer leur agriculture.
Nous avons également parlé de l'agriculture, à l'occasion de la nouvelle présentation de la politique étrangère du Canada, dans laquelle il n'y avait rien sur l'agriculture. On en a donc parlé parce qu'il n'en était pas question dans le document. Maintenant, nous sommes donc lancés. Il s'agit de préparer une nouvelle politique, d'y travailler.
Je comprends qu'il faut consulter les parties intéressées, mais je pense qu'il y a une décision à prendre : c'est d'augmenter l'aide à l'agriculture pour les petits producteurs, notamment en Afrique, parce que c'est la façon de lutter contre la pauvreté, contre les maladies — comme vous l'avez dit —, parce que des corps sous-alimentés sont plus susceptibles de contracter des maladies. C'est également la façon de lutter contre la désertification. On plante des arbres pour empêcher la désertification parce que celle-ci rend la culture impossible. Je crois également que l'agriculture des petits producteurs serait favorisée par l'établissement de coopératives. Autrement, chaque petit producteur qui veut vendre, individuellement, une partie de sa culture ne peut pas négocier lui-même des prix acceptables.
Différentes mesures pourraient être adoptées, tel l'accès des femmes au financement. Il faut cependant que le Canada rétablisse un financement adéquat. Dans ce document, on dit que de 1990 à 2000, « le soutien agricole du Canada en Afrique subsaharienne a diminué de plus de 57 p. 100. »
Il faudra consulter différentes parties, bien sûr. Cependant, il faut d'abord qu'il y ait un engagement à augmenter l'aide, et une aide soutenue, ce qui permettra aux communautés de se préparer.
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Merci, et merci d'être venue.
Karibu.
J'ai grandi en Afrique, au Kenya et en Tanzanie, et je suis parfaitement conscient de la dynamique que représente l'agriculture à petite échelle en Afrique. Je suis retourné en Afrique à plusieurs reprises pour le dossier de l'agriculture à petite échelle, etc. Je sais qu'il faut plus d'aide. Je sais que c'est une nécessité.
Selon nous, l'une des plus graves entraves pour l'Afrique est le manque de bonne gouvernance. Il y a en outre, la piètre infrastructure, qui n'a jamais été développée, et une mauvaise irrigation. Il n'y a absolument pas de systèmes d'irrigation. Nous devons compter sur les pluies, et par période de sécheresse, nous connaissons la famine. Il y a également le déboisement. Dans la région où j'ai grandi, et cela revient à la question des arbres dont vous parliez, il y a eu un déboisement total, à cause de l'augmentation du bétail car les Africains considèrent l'élevage comme une source de richesse. Il existe des problèmes structurels graves à résoudre pour que cela se concrétise.
Si le Ghana a pu prospérer, c'est jusqu'à un certain point à cause de la bonne gouvernance dans ce pays. Mais en fin de compte, cela se retourne contre lui.
Ainsi, avant que le gouvernement du Canada n'augmente l'aide, il faut résoudre certains des principaux problèmes qui vont de pair. J'ai visité des fermes à petite échelle à Nairobi, juste à l'extérieur du Kenya, dans la vallée Rift, où le Canada apporte de l'aide pour voir comment de petites interventions peuvent entraîner des résultats assez impressionnants. Toutefois, en bout de ligne, je pense que les problèmes de gouvernance qui sont structurels doivent être résolus avant que l'on songe à toute forme de révolution verte en Afrique.
Bien entendu, on a beaucoup parlé et on a beaucoup espéré du Cycle de Doha, qui ouvrirait les pays riches à la commercialisation des produits agricoles africains, la situation actuelle étant une des entraves les plus difficiles à surmonter pour l'Afrique.
Vous préconisez le recours aux ONG. Je suis tout à fait d'accord avec vous pour dire que c'est l'Afrique qui doit prendre en main la situation, les ONG, et le Canada doit travailler avec les ONG à l'atteinte des objectifs fixés. Selon moi, avant d'augmenter l'aide, avant de prendre toutes sortes de mesures, il nous faut prendre en compte ces facteurs et trouver des solutions. Est-ce que je me trompe?
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Merci beaucoup, monsieur le président. Je souhaite la bienvenue à nos trois témoins, surtout à ceux qui sont venus d'Afrique pour nous faire part de leurs expériences. Je dois dire que vous tombez à point, si je me fie à vos exposés, et je vais vous dire pourquoi.
D'abord, vous avez raison de dire que notre pays prend désormais les changements climatiques très au sérieux. Je pense que vous nous avez aidé à comprendre pourquoi, d'après l'Afrique, l'exploitation agricole rurale à petite échelle doit être au coeur de notre stratégie.
Deuxièmement, vous savez sans doute que notre comité essaye depuis deux ans de déterminer comment nous pouvons axer notre aide internationale sur la réduction de la pauvreté, qui est notre priorité.
Troisièmement, certains députés se sont rendu en Afrique il y a quelques semaines. Y étant allée moi-même, je dois dire que c'était très excitant de visiter le Kenya et l'Ouganda et d'observer les immenses défis qui existent, mais aussi de voir le leadership impressionnant de la société civile, des conseils de village, des gouvernements provinciaux, etc., dans les domaines dont vous avez parlé.
En outre, je m'en voudrais de ne pas parler du leadership du réseau de la salubrité alimentaire. M. Clark prend la parole souvent à notre comité sur les questions fondamentales que vous avez évoquées et fournit des conseils à tous les députés quelles que soient leurs orientations politiques.
Vous avez dit précisément qu'il fallait comprendre le lien entre les modes de vie ruraux durables et des écosystèmes sains, mais ce que nous avons également observé, surtout lors de nos visites de projets au Kenya, c'était le lien étroit qui existe entre une agriculture rurale saine et des corps sains, soit une nutrition adéquate. Il faut également reconnaître le double défi auquel les personnes atteintes du VIH-sida sont confrontées. Nous avons été renversés par le nombre de personnes qui réussissent à survivre en étant séropositifs grâce aux efforts déployés en matière de nutrition.
J'ai aussi été extrêmement impressionnée par plusieurs jeunes qui effectuaient des stages en agriculture pour changer leur avenir. Certains des projets que j'ai observés en Ouganda et au Kenya visaient des jeunes, parfois des orphelins à cause du VIH-sida, qui obtenaient ainsi une excellente formation en agriculture; dans certains cas, dans le nord de l'Ouganda — contre toute attente — le destin de ces enfants changeait complètement grâce à ces stages, parce qu'ils avaient été kidnappés pour devenir soldats ou, parfois, forcés à se prostituer, et ces projets leur permettaient d'être réintégrés à la société, grâce à une base solide en agriculture afin de prendre leur vie en main et de reconstruire leur collectivité.
Je veux donc vous féliciter de votre exposé, mais aussi de votre leadership. Vous ne serez pas surpris d'apprendre que tous les membres du comité ont des avis divergents sur beaucoup de choses, mais je crois que nous sommes tous d'accord pour réaffirmer notre engagement à atteindre les objectifs de développement du millénaire et nos obligations en aide publique au développement, afin de passer à 0,32 p. 100 du PIB au minimum de 0,7 p. 100.
Le comité a également voyagé en Europe récemment, où il a rencontré des représentants de cinq pays européens, tous plus avancés que nous dans le domaine. N'acceptez pas qu'on vous donne une chose ou l'autre. Ce doit être une chose et l'autre. Nous devons satisfaire à nos obligations de base relativement à l'APD, et nous devons également travailler en partenariat avec le leadership local.
J'ai une question précise à vous poser.
Des voix: Oh, oh!
Mme Alexa McDonough: J'ai une question précise au sujet du marketing. Comme vous le voyez, je suis très emballée par tout ce que j'ai appris et j'insiste sur le lien entre cette expérience et ma question.
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Merci, monsieur le président, je vous remercie de m'avoir invité à témoigner aujourd'hui.
Je veux parler un peu du développement démocratique, et de la façon dont il a évolué au Canada, de même que de la façon dont nous en voyons la promotion a progressé. Je veux vous dire ce que c'est, pourquoi nous en faisons la promotion, et comment nous y arrivons. Je vais aussi vous parler un peu de certaines de mes propres expériences dans ce domaine.
Pour ce qui est de la définition et des origines du développement démocratique, je dois vous dire que nous avons en fait beaucoup tardé à promouvoir le développement démocratique dans les pays en développement. De nombreux pays de l'occident et du Bloc communiste appuyaient en fait la mauvaise gouvernance pour soutenir les objectifs et les régimes de la guerre froide, qui faisaient tout pour nuire à la saine gouvernance. Je songe à des pays comme la Chine, l'Éthiopie, la Somalie, le Congo, le Libéria et l'Indonésie. Ce n'est que depuis 25 ou 30 ans que nous avons vraiment commencé à penser plus sérieusement aux façons dont nous pourrions promouvoir la saine gouvernance.
L'idée de la bonne gouvernance a été abordée pour la première fois dans le domaine des droits de la personne. C'était probablement l'administration Carter aux États-Unis qui a commencé à parler de façon plus ouverte et directe de la nécessité de promouvoir les droits de la personne par le truchement de programmes d'aide et de politique informés, suivis par les Pays-Bas et puis graduellement par d'autres pays, dont le Canada. Le domaine des droits de la personne a donc été le point de départ de cette discussion.
Puis, à la fin des années 70 et dans les années 80, nous avons parlé de gouvernance économique, parce que nous commencions à voir que de nombreux pays, surtout en Afrique, mais pas exclusivement, affichaient des taux d'inflation à deux et trois chiffres. Les devises ne valaient plus rien, et les économies étaient en chute libre. L'aménagement structurel est devenu le mot d'ordre des années 80.
Durant les années 70, il y a eu approximativement 10 programmes d'aménagement structurels par année. En 1980, il y en a eu 28, et en 1985, 129 autres. On a demandé aux gouvernements des pays en développement de recourir à des mesures économiques difficiles, ce que nombre d'entre eux ont fait. Dans certains cas, les mesures ont obtenu du succès, mais dans de nombreux cas, c'était plutôt le contraire.
Nous sommes ensuite passés à l'idée d'une gouvernance plus démocratique. Cette idée s'est précisée, et on a commencé à y penser plus ouvertement durant les années 80. À cette époque, de nombreux gouvernements militaires en Amérique latine ont commencé à tomber, en partie en raison des conditions économiques qui sévissaient, et on a constaté un retour aux élections démocratiques dans de nombreux pays latino-américains. Puis, avec la fin de la guerre froide et la chute du mur de Berlin, nous pouvions parler de démocratie plus ouvertement et de la façon d'en faire la promotion.
La promotion d'une bonne gouvernance, comme je l'ai indiqué dans mon mémoire, consiste essentiellement à bâtir des institutions efficaces et des règles imprégnées de visibilité, d'imputabilité, de transparence et de primauté de la loi. Elles concernent les relations entre les institutions et les processus, gouvernementaux et autres. Selon un rapport du PNUD, il s'agit aussi de protéger les droits humains, de promouvoir une participation accrue aux institutions et aux règles qui touchent la vie des gens et d'obtenir des résultats économiques et sociaux plus équitables. La gouvernance au service du développement humain doit être démocratique dans le fond et dans la forme.
Pourquoi promouvoir la gouvernance démocratique? La bonne gouvernance ou la gouvernance démocratique, selon la définition ou le terme choisi, est un instrument qui permet de réduire la pauvreté et d'assurer le développement durable à long terme. Il s'agit également d'un outil important pour la prévention et la résolution de conflits. Elle est aussi très importante pour assurer une meilleure gestion des ressources humaines, naturelles et environnementales.
Dans mon mémoire, je parle de certaines des difficultés rencontrées dans la promotion de cette idée. Je dis que certains détracteurs de l'approche canadienne en matière de gouvernance déplorent l'absence de politiques cohérentes reliant ensemble tous les aspects du programme. Une approche parcellaire, projet par projet, sans politique centrale évidente et sans gestion centrale, disent-ils, a peu de chance de donner de bons résultats. C'est peut-être vrai, mais étant donné la taille énorme du programme de gouvernance et du bilan limité des donateurs relativement à la promotion, de saines doses d'humilité et de prudence sont justifiées,ainsi qu'un bon jeu de freins au niveau des attentes.
Étant donné la complexité du défi, on peut justifier des interventions sélectives, de concert avec d'autres donateurs, destinées à apprendre ce qui fonctionne et ce qui ne fonctionne pas. Cependant, l'absence apparente, au Canada, d'un endroit où l'on peut regrouper, décrire, partager et se rappeler les leçons va à l'encontre de l'apprentissage qui fait si cruellement défaut dans ce domaine.
J'aimerais vous donner trois exemples de la façon dont la gouvernance est appliquée ou perçue, selon mon expérience. D'abord, je veux vous parler du Corps canadien, qui est arrivé sur la scène en grande pompe il y a quelques années. Grâce au Corps canadien, nous avons pu faire la promotion de la bonne gouvernance et de la démocratie, surtout en envoyant des jeunes à l'étranger pour des affectations à court terme.
À l'époque, je luttais seul. Je trouve un peu bizarre que personne n'en ait parlé, mais nous avions un Corps canadien appelé SUCO, Service universitaire canadien outre-mer, Jeunesse Canada Monde et Carrefour canadien international. Nous avions 12 ou 13 organismes de déploiement de bénévoles au Canada, et au cours des 20 dernières années,ils ont tous eu de la difficulté à obtenir du financement.
Lorsque j'ai quitté le SUCO en 1993, à titre de directeur exécutif, nous avions un budget de 26 millions de dollars. Aujourd'hui, en dollars de 2007, le SUCO a un budget de 13 millions de dollars. Tous les organismes de déploiement de bénévoles ont été victimes de sérieuses compressions. Je ne crois pas que nous avions nécessairement besoin d'un nouvel organisme. Ce dont nous avions besoin, c'était d'une mise à jour et d'un renouvellement de notre engagement, sauf bien sûr si vous croyez qu'il est révolutionnaire d'envoyer des jeunes à l'étranger pour faire la promotion de la bonne gouvernance et du développement démocratique. Le problème, c'est que les pays en développement qui veulent une bonne gouvernance savent de quoi il s'agit. Ceux qui n'en veulent pas ne sont pas susceptibles d'être persuadés par de jeunes Canadiens en affectation pendant trois mois.
Le Corps canadien a fini par devenir un organisme appelé Bureau de la gouvernance démocratique à l'ACDI. Il est trop tôt pour dire de quoi il s'agit exactement — l'organisme en est à ses débuts — mais au moins le titre est plus représentatif des défis.
Deuxièmement, je veux vous parler du programme environnemental au Pakistan auquel j'ai participé pendant cinq ans. L'ACDI a dirigé ce projet pendant plus de 10 ans, et en 2002-2003, était devenu un chef de file parmi les donateurs en matière d'environnement au Pakistan. Le Canada a favorisé l'élaboration de la politique environnementale nationale pakistanaise et a réuni le gouvernement, le secteur privé et la société civile pakistanaise pour parler de ces questions et faire la promotion du changement.
Ce domaine était et demeure extrêmement important au Pakistan, mais au début de la présente décennie, la gouvernance a ressurgi à l'ACDI. L'ACDI a décidé qu'il fallait élaborer des projets en matière de gouvernance. Aujourd'hui, l'ACDI appuie un projet sur la dévolution de la gouvernance : décentralisation dans deux districts au Punjab et au Pakistan. Il s'agit peut-être d'un très bon projet — je n'en sais rien — mais il a été mené aux dépens de l'environnement.
Notre travail sur l'environnement concernait la gouvernance d'un secteur du Pakistan qui manquait grandement de ressources. Nous étions les chefs de file. Nous n'étions pas un donateur important au Pakistan, mais nous étions le plus important dans la région. Nous avions une voix, nous avions de l'influence, et le gouvernement nous écoutait. Aujourd'hui, on ne se souvient plus vraiment de ce que nous avons fait au Pakistan en matière d'environnement.
Mon troisième exemple est celui des diamants. Depuis sept ou huit ans, nous nous penchons sur la question des diamants de la guerre, soit les diamants volés par les armées rebelles en Afrique qui sont utilisés pour acheter des armes et pour poursuivre la guerre. Au cours des 15 dernières années, les guerres financées par les diamants en Angola, au Congo, au Liberia et au Sierra Leone ont directement ou indirectement causé la mort de quatre millions de personnes. Je n'exagère pas; ce chiffre est appuyé par de nombreuses études — quatre millions de personnes.
Quand la question des diamants de la guerre était d'actualité, en 1999 et 2000, le gouvernement du Canada a tenu à intervenir et a pris cela très au sérieux. Nous avons eu ce que j'appellerais une démarche conjointe.
Le ministère des Affaires étrangères a mené les négociations du processus de Kimberley, soit un régime de certification visant à contrôler le mouvement des diamants bruts. Le ministère des Affaires indiennes et du Nord y a participé parce qu'il est responsable des diamants pour les Territoires du Nord-Ouest. Ressources naturelles Canada y était aussi mêlé.
Nous avons reçu l'appui du CRDI, un appui très généreux, ainsi que de l'ACDI, tant pour notre campagne que pour la création des structures relatives au régime de certification en vertu du processus de Kimberley.
Il y a environ deux ans, on a commencé à parler des questions de développement liées à cela. Le processus de Kimberley est lancé et fonctionne assez bien. Il n'est pas parfait, mais il fonctionne assez bien. Mais ce n'est qu'un processus de réglementation qui ne se rapporte pas au développement.
En Afrique, il y a plus d'un million, probablement 1,3 million d'artisans chercheurs de diamants. À la sueur de leur front, la pelle à la main, ils cherchent des diamants dans le sol. Ils gagnent en moyenne un dollar par jour. Ils appartiennent donc à la catégorie de la pauvreté absolue. Ce sont eux qui sont à la source des diamants de la guerre. Ils sont vulnérables devant les prédateurs économiques. Ils sont encore vulnérables devant les prédateurs militaires.
Outre le processus de Kimberley, maintenant que nous avons la réglementation, il faut un processus de développement. Mon organisme, partenariat Afrique et Canada, comme d'autres, avec le secteur diamantaire et les gouvernements des pays touchés, avons créé le Diamond Development Initiative pour relevé les défis du développement dans ce secteur.
Dès qu'il a été question de développement, le financement que nous recevions de l'ACDI s'est tari. Nous avions reçu un financement très généreux, mais d'une année à l'autre, nous n'étions plus à l'ordre du jour et nous n'avions plus rien.
Très étrangement, nous recevons l'appui des gouvernements de la Grande-Bretagne et de l'Irlande, et d'autres sources aussi, ainsi que du secteur des diamants que cette question inquiète fort. Mais nous ne recevons rien de notre propre agence de développement.
C'est aussi une question de gouvernance, la gouvernance d'une très importante ressource naturelle pour l'Afrique. De toute la production mondiale de diamants de joaillerie, 70 p. 100 viennent de l'Afrique. Auparavant, on avait jamais réglementé les diamants, de quelque façon que ce soit. Nous avons ici à la fois un défi à relever et une occasion à saisir.
Il faut définir plus clairement le développement démocratique et la bonne gouvernance. Nous devons comprendre pourquoi nous faisons cela, tirer des leçons et les mettre en oeuvre.
Je termine mon mémoire, qui vous a été remis, comme suit :
Toutefois, je suis d'accord avec les remontrances trouvées dans toutes les critiques sensées portant sur la programmation de la gouvernance : une bonne gouvernance ne tombe pas du ciel; ce n'est pas un cadeau; elle ne peut pas être imposée. Il y a peu de chance qu'une bonne gouvernance découle d'une liste de projets disparates, limités dans le temps, qui sont offerts par une dizaine de donateurs mal coordonnés. Elle ne peut pas être transférée tout de go comme de la pizza d'un camion de livraison. Elle doit être gagnée et apprise, pas seulement par ceux auxquels elle est destinée, mais aussi par ceux qui les aideraient. Comme nous le comprenons actuellement, une application efficace du programme de gouvernance totale est encore assez mal documentée, éprouvée et coordonnée. Et elle est beaucoup trop récente pour entraîner un dogmatisme et une certitude. Toutefois, elle est assez ancienne pour ne pas répéter les mêmes erreurs. Et elle est assez importante pour que les leçons, tant positives que négatives, soient documentées, apprises, retenues et appliquées. Les organismes d'aide ont un problème avec cette séquence, dans presque tout ce qu'ils font. Mais, pour des gouvernements démocratiques qui veulent promouvoir leurs valeurs ailleurs, bien le faire constitue un test de leur propre compréhension des principes d'une bonne gouvernance démocratique et de leur engagement à son égard.
Merci, monsieur le président.
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Je vous remercie, monsieur le président.
Je comprends que le comité estime avoir besoin de discuter de la mission en Afghanistan. Il importe en effet de reconnaître que le Canada n'agit pas dans le vide : il collabore avec d'autres nations afin d'être plus efficace, de faire entendre sa voix et d'obtenir des résultats.
En janvier 2006, le Canada a signé un accord avec le gouvernement démocratiquement élu de l'Afghanistan. L'ONU et 60 autres nations ont aussi adhéré à cette démarche intégrée, qui nous permet à tous d'aider l'Afghanistan.
J'étais à New Delhi en novembre dernier pour assister à la conférence sur la reconstruction de l'Afghanistan. Je précise ici qu'il ne s'agit pas de la conférence militaire mais bien de celle portant sur la reconstruction. Tous les pays limitrophes de l'Afghanistan y étaient représentés ainsi que ceux qui, à l'instar du Canada, se sont engagés collectivement à participer aux efforts de reconstruction.
Nous savons tous que la reconstruction est tout à fait prioritaire, pas le moindre doute là-dessus. Si on la néglige et si les Afghans l'estiment de peu d'importance, ils se sentiront nécessairement exclus. Cela aussi est tout à fait primordial.
Nous reconnaissons aussi qu'il faut assurer la sécurité. Vous avez vu le rapport publié avant-hier et selon lequel plus de 1 000 Afghans sont morts, la majorité aux mains des talibans. Il y a effectivement une insurrection. Il est donc impératif que nous ne nous contentions pas d'un seul point de vue ou de la seule reconstruction par rapport à l'Afghanistan, sans tenir aussi compte d'autres facteurs — dont, au premier chef, la sécurité. C'est pour cela que l'OTAN est présente.
Troisièmement, qui plus est, il faut aussi que nous encouragions la démocratie dans ce pays, que nous appuyions le gouvernement Karzai. S'il vient à tomber, alors l'État lui-même s'effondrera.
Donc, la démarche canadienne par rapport à l'Afghanistan s'exprime-t-elle à trois niveaux? Non, mais elle est équilibrée, elle s'inscrit dans un effort international de manière à ce qu'elle débouche sur les résultats que nous souhaitons tous. Cela fait un an que l'accord a été signé et, pour ce qui est du gouvernement du Canada, nous estimons que notre démarche par rapport à l'Afghanistan est complète et équilibrée. C'est pour cela que nous ne pouvons pas appuyer la motion, à moins qu'on en retire le terme « équilibré ».
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Je m'adresse à mon nouveau collègue ici.
Oui, je sais que vous êtes très enthousiaste, mais vous aurez votre chance.
Monsieur le président, je m'adresse à Alexa, à ce sujet, nous sommes d'accord pour que les gens viennent ici et nous parlent de cette mission. Les Canadiens ont le droit de venir nous voir pour nous parler de cette mission. Donc, comme vous dites, la question du débat ne fait pas problème. Il y a eu aussi un débat au comité de la défense. Ce que Mme Lalonde a également dit à propos de la nécessité d'écouter les gens, et l'argument qu'elle a avancé pour soutenir le gouvernement Karzai, et tout ce qui se passerait si nous n'appuyons pas la mission... Il s'agit d'une mission de l'ONU, et comme on l'a dit, c'est dans le respect du Pacte pour l'Afghanistan que nous sommes là-bas. C'est aujourd'hui le plus gros programme d'aide étrangère du Canada dans le monde, avec près d'un milliard de dollars engagés pour les dix prochaines années. C'est important. Quarante-cinq de nos soldats sont morts là-bas. Nos soldats sont encore là. C'est donc une question importante, et nous sommes parfaitement d'accord pour entendre les Canadiens, quels que soient leurs points de vue.
Là où nous avons des objections, c'est quand vous parlez de « concilier ». Je trouve ça présomptueux de votre part, avant même qu'on ait entendu... C'est dans la motion. On dit « concilier » et « on pourrait concilier ». C'est ce qu'on dit ici. Nous en avons déjà longuement débattu. Nous avons entendu de nombreux témoins. Nous collaborons avec nos partenaires étrangers, qui ont également eu ces débats dans leurs propres pays... et personne ne dit que notre approche n'est pas équilibrée en ce moment. Notre approche est équilibrée.
Les motions qui ont été proposées par M. Dosanjh et Mme Lalonde font état d'une conciliation, et on ne parle pas... Plus tard, quand nous aurons entendu les témoins — et nous entendrons toutes sortes de témoins — nous pourrons alors voir ce qui en est. Mais de dire au préalable « qu'on veut concilier des choses », alors que le Canada est sur place, qu'il travaille déjà avec ses partenaires étrangers... Ce qui revient à dire qu'on a déjà une approche équilibrée. Mais il n'y a rien de mal à entendre des témoins à ce sujet.
Nous avons donc de sérieuses objections. Permettez-moi d'exprimer très clairement le point de vue du gouvernement. Nous ne nous opposons pas à l'idée d'entendre des Canadiens. Les Canadiens s'intéressent à cette question, et ils peuvent donc venir nous voir et en parler. Mais quand on dit qu'on veut équilibrer les choses, on donne la fausse impression qu'il y a quelque chose qui ne va pas en ce moment. Entendons d'abord les témoins. Nous allons inviter des témoins; vous allez vous aussi inviter des témoins, qui vous diront que notre approche là-bas est équilibrée.
Nous vous rappelons aussi que notre action s'inscrit dans le Pacte pour l'Afghanistan, auquel ont adhéré les Nations Unies et 60 autres pays. C'est un argument très puissant, lorsque les Nations Unies et 60 pays adhérant au pacte collaborent avec nous pour voir à ce que l'Afghanistan ne revienne pas en arrière. De dire que c'est pour ça que nous avons un problème... parce que cette motion part de l'hypothèse qu'il y a quelque chose qui ne va pas en ce moment, et c'est pour ça que nous avons des objections. Nous tenons à dire très clairement aussi que nous ne nous opposons pas à l'idée d'entendre les Canadiens.