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J'ai envoyé un document. Je ne sais pas s'il a été distribué. Il était en anglais et aurait pu arriver trop tard pour que vous le fassiez traduire.
Je vais commencer par vous donner un aperçu des limites en matière d'investissement étranger au Canada dans le contexte de l'OCDE. Parmi les 30 pays membres de l'OCDE, seulement trois pays ont des limites en matière d'investissement et de propriété qui s'appliquent à tout le domaine des télécommunications publiques. Il s'agit du Canada, du Mexique et de la Corée. Des trois pays, le Canada est celui qui impose les restrictions les plus sévères.
Certains des autres pays de l'OCDE ont des limites, en ce sens que l'État doit être propriétaire majoritaire de l'entreprise de télécommunication titulaire. Par exemple, en Suisse, la Confédération suisse doit être propriétaire majoritaire de Swisscom. La France doit être propriétaire en partie de France Télécom, mais pas nécessairement propriétaire majoritaire. Dans le cas de la France, la part de l'État a diminué pour se chiffrer à environ 23 p. 100. Le Canada est le pays le plus sévère en matière d'investissement étranger dans le secteur des télécommunications.
Pour moi, la question la plus importante concerne les avantages de ces limites et, le cas échéant, comment veiller à ce que ces avantages ne nécessitent pas un fardeau réglementaire lourd. En fait, si je tente de trouver des arguments en faveur du maintien de ces restrictions, je n'en trouve que deux, qui sont de nature assez générale.
D'abord, on dit que les télécommunications constituent un domaine très sensible, que le secteur des communications est également sensible, et je ne sais pas trop ce qu'on entend par là en fait.
Ensuite, si le contrôle canadien n'est pas maintenu, il finira par y avoir des répercussions sur la culture canadienne et la création de contenu canadien de même qu'une menace à l'égard de ceux-ci. C'est une idée qui, en pratique, a un effet domino ayant d'abord une incidence sur le secteur des télécommunications, puis sur le secteur de la radiodiffusion, et qui ensuite a des répercussions négatives sur la culture et le contenu.
Pour ce qui est du caractère sensible du secteur des télécommunications, dans tous les pays de l'OCDE, le réseau de télécommunication est considéré comme une infrastructure d'information essentielle, et tous les pays ont des règlements en place pour protéger cette infrastructure. Toutefois, ces règlements n'ont pas nécessairement à empêcher des entités étrangères d'investir dans ces pays. Il y a des règlements plus directs pour assurer une protection des infrastructures. Évidemment, dans le cas d'urgence nationale, tous les pays ont des lois qui donnent au gouvernement des pouvoirs considérables pour assurer un contrôle adéquat des réseaux, alors l'argument du caractère sensible est à mon avis, assez fallacieux.
Et qu'en est-il du lien aux questions culturelles et aux valeurs? Les réseaux de télécommunication sont en fait des distributeurs de contenu. Les règlements qui régissent le développement de réseaux et l'offre de services de communication au public sont assez différents des règlements qui régissent la diffusion de contenu. À mon avis, il n'y a aucune raison de croire que les exploitants de réseaux de télécommunication étrangers auront besoin qu'un changement soit apporté à la réglementation régissant la diffusion de contenu en ligne.
Le Canada est en fait l'un des nombreux pays de l'OCDE à avoir des règlements qui favorisent le contenu local et la diffusion de contenu national, mais les autres pays ne semblent pas ressentir le besoin de limiter les investissements dans le secteur des télécommunications. S'ils veulent protéger le secteur du contenu, ils le font directement au moyen d'autres lois et règlements.
Qu'en est-il des coûts des limites imposées à l'investissement étranger dans le secteur des télécommunications? Je crois que ces coûts sont très élevés. D'abord, il y a le coût élevé du capital et la difficulté éventuelle pour les nouveaux venus d'avoir accès à du capital de risque. Le Canada, relativement parlant, a un marché financier assez petit, et un secteur à forte intensité de capital comme les télécommunications doit compter sur des entités étrangères pour obtenir du capital de risque, même si les entreprises propriétaires sont canadiennes.
Le rendement inférieur des investissements a également des conséquences pour le développement de la concurrence dans le secteur des télécommunications. Je crois qu'en limitant les investissements aux entreprises de propriété ou de contrôle canadien, on réduit en fait le niveau de concurrence dans le secteur des télécommunications au Canada. Cette façon de faire a des répercussions donnant lieu à des prix plus élevés pour les entreprises et la compétitivité des entreprises, à la fois au Canada et à l'étranger. Bien entendu, ces répercussions finissent par avoir des conséquences négatives pour les consommateurs et entraînent une diffusion lente des nouvelles technologies.
Les limites imposées aux investissements étrangers vont, selon moi, à l'encontre des objectifs du gouvernement, qui vise notamment à améliorer la connectivité, l'innovation et la productivité.
En conclusion, monsieur le président, je dirais en fait qu'on pose un plus grand danger pour le bien-être national au Canada et le patrimoine culturel canadien en ralentissant le processus d'investissement dans les réseaux haute vitesse omniprésents, qui découlent des limites imposées à l'investissement étranger au Canada. Il y a un danger pour le Canada et le bien-être des Canadiens du fait que l'accès et les coûts d'utilisation dans le secteur des communications seraient différents dans un marché plus concurrentiel. Je crois que la culture canadienne s'épanouirait davantage dans un marché où l'accès aux réseaux et l'utilisation des ressources sont plus abordables et où les utilisateurs ont davantage de choix de fournisseurs de services.
Je vous remercie de l'occasion que vous m'avez donnée, monsieur le président.
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Merci, monsieur le président.
Je vous remercie, monsieur Ypsilanti, de vous joindre à nous ce matin. Votre exposé était des plus intéressants.
Ma circonscription se situe dans une région rurale du Canada. Cette situation me préoccupe souvent. Vous avez dit qu'en raison de la petite population du Canada et de sa grande superficie, le capital de base et le capital de risque sont limités. Comme je l'ai dit, notre population est non seulement petite, mais aussi dispersée sur une bonne partie du pays.
Ce que j'entends souvent, c'est que si nous permettons une plus grande concurrence et la propriété étrangère, nous aurons davantage de concurrents sur le marché et davantage de services. J'ai fait quelques recherches, et j'ai vu sur le site Web de l'OCDE que la plupart des pays de l'OCDE, corrigez-moi si j'ai tort, ont trois réseaux ou moins au bout du compte.
Peut-être que vous pourriez nous faire part de vos commentaires à cet égard et nous dire comment les Canadiens obtiendraient un meilleur service. Il me semble que si nous avons deux ou trois réseaux au départ et que nous en augmentons le nombre, au lieu de nous retrouver avec de nouveaux concurrents, nous allons aboutir avec des acquisitions.
Avez-vous examiné cette question?
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Il s'agit d'une excellente question. Évidemment, comme je l'ai dit, la construction de réseaux coûte cher. Dans de nombreux pays, on s'éloigne des réseaux de cuivre pour se diriger vers un réseau à fibres optiques, et ces réseaux coûtent encore plus cher.
Néanmoins, je crois que la concurrence force d'abord les entreprises à améliorer le service et évidemment à réduire les prix, mais il est clair qu'elle exerce aussi sur eux des pressions en matière de couverture. La couverture existe dans les zones urbaines, mais on veut l'étendre. Les entreprises veulent s'approprier une plus grande part du marché, si on veut, et elles ont tendance à étendre leur couverture.
Il en est de même pour les nouveaux venus qui ont des réseaux. S'ils veulent soutenir la concurrence, ils ont besoin de capital. Ils ont donc souvent besoin de capital de l'étranger pour être concurrentiels. Ils ont peut-être besoin des connaissances d'autres entreprises de télécommunication nationales s'ils se dirigent, par exemple, vers un réseau à fibres optiques. Je crois que ce qu'il faut retenir ici, c'est que les investissements créent de meilleures conditions de concurrence au pays.
Penchons-nous sur le secteur du sans fil dans de nombreux pays européens. Je reconnais que la superficie d'un pays comme la France est d'environ 500 000 mètres carrés; le Canada a donc 10 fois la taille de la France. Par exemple, je crois que l'Ontario a deux fois la taille de la France. Évidemment, la superficie du Canada est un facteur, mais la couverture est virtuellement de 100 p. 100 dans le secteur du sans fil en France. Il y a très peu d'endroits sans signal. Cette situation est attribuable au fait qu'il y a trois exploitants et de nombreux exploitants de réseau virtuel; la concurrence est donc un facteur clé.
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Je vous remercie de votre réponse.
Je regarde la France, et je peux vous dire que dans ma circonscription seulement, on compte 16 000 kilomètres carrés et une population d'environ 100 000 personnes, alors vous pouvez comprendre les défis en matière de service. Certains diraient qu'en fonction de l'analyse de rentabilisation — et je serais du même avis —, il vaut mieux oublier cette région et passer à de plus grands centres comme Toronto et Montréal, où le marché est plus lucratif.
Vous avez dit qu'avec la concurrence, le niveau de service serait le même partout au Canada. Je ne sais pas si vous avez dit que la concurrence allait régler le problème ou si nous allions devoir imposer cette exigence à titre de gouvernement dans les régions non lucratives.
Ce que nous avons constaté par le passé est compréhensible, mais tout simplement inacceptable, à savoir que les villes ont la meilleure technologie et les meilleurs services. Pourtant, dans les régions rurales, non seulement le service est plus lent, mais il est aussi de qualité inférieure, et les services ne sont tout simplement pas offerts.
Alors lorsqu'on parle d'établir des réseaux sans fil, je ne comprends pas pourquoi une entreprise ou une société... Je sais que vous avez parlé de couverture, mais que l'argent se situait dans les grands centres, et nous comprenons cela. Je ne suis pas certain que la déréglementation et l'ouverture à la propriété étrangère garantiraient les services aux régions rurales et la couverture dans les régions qui ne sont pas densément peuplées.
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Je suppose que lorsque vous dites « radiodiffusion », vous voulez dire les télédiffuseurs de services terrestres gratuits, comme la SRC.
Permettez-moi de diviser la question. La plupart des entreprises de télécommunication qui offrent un accès Internet à large bande fournissent des services groupés depuis un certain nombre d'années, ce qui comprend Internet TV. Ils offrent 100 chaînes sur leurs réseaux IP, sur leur réseau Internet. France Télécom, par exemple, a 100 chaînes qui sont offertes en ligne.
Bien sûr, certains exploitants européens sont propriétaires d'entreprises de câblodistribution et cela a posé des problèmes sur le plan de la concurrence. Les câblodistributeurs offrent l'accès Internet, l'accès par modem câble, tandis que les entreprises de télécommunication offrent l'accès à large bande; ils ne se font pas concurrence puisque c'est le même propriétaire. Cela existe dans un petit nombre de pays.
Que je sache, il n'y a pas de pays où l'entreprise de télécommunication soit en fait propriétaire des installations de télédiffusion dans le sens d'installations terrestres. Mais comme je le disais tout à l'heure, il n'y a aucune preuve qu'il y ait une dilution du contenu local ou de la réglementation du contenu local à cause de l'entrée d'entreprises de télécommunication sur leur marché.
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Merci, monsieur le président.
Merci, monsieur Ypsilanti, d'être des nôtres ce matin.
Je sais que dans votre document, il y a de bons chiffres sur les prix en vigueur dans d'autres pays, mais j'aimerais vous interroger sur la fiabilité. Par fiabilité, j'entends la mesure dans laquelle l'entreprise réussit à fournir le niveau de service auquel quelqu'un s'est abonné.
Je vais vous donner un exemple. À Windsor, j'étais abonné à Cogeco Câble pendant de nombreuses années, et le service était excellent et fiable. Des membres de ma famille ont pris un abonnement avec Bell, qui leur a envoyé le mauvais équipement. Eh bien, ce service fonctionnait à pleine capacité par intermittence seulement.
Vous avez examiné le prix ainsi que d'autres facteurs dans ces pays. Avez-vous évalué la fiabilité des services de gestion des données et de la large bande utilisés pour assurer ce service pour lequel les utilisateurs avaient payé? Avez-vous examiné cela?
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Au sujet des vitesses, et je parle seulement de la vitesse que le client reçoit, au Royaume-Uni, l'organisme de réglementation est Ofcom. Lorsque vous achetez un forfait, une fois que le fournisseur sait dans quel quartier et quelle ville vous vivez, ils peuvent vous dire ce que les clients de ce quartier obtiennent normalement comme vitesse. Alors certains renseignements sont fournis.
Vous devez vous rappeler que la qualité de l'accès Internet dépend bien sûr en grande partie du fournisseur et de son service, mais elle dépend aussi de vous, le client, de votre câblage intérieur, de votre ordinateur, de votre modem, etc., alors c'est assez difficile de mesurer la vitesse. On essaie de mesurer la vitesse, mais ces mesures se font souvent à l'extérieur de la maison parce que c'est plus pur, si l'on peut dire. Ce n'est pas corrompu par l'équipement domestique.
Permettez-moi d'ajouter qu'au début des télécommunications, les organismes de réglementation recueillaient beaucoup de données sur différents paramètres de la qualité du service, pour les services vocaux de télécommunication essentiellement, et parce que la qualité s'est grandement améliorée avec le passage aux réseaux numériques, un grand nombre de ces mesures ont disparu. Du côté des services vocaux, avec les réseaux normaux de cuivre, la qualité est généralement bonne. C'est seulement avec les FAI que la qualité n'est pas toujours constante.
J'aimerais revenir à la menace à la culture. Je ferai quelques affirmations et je ferai des pauses, pour qu'on puisse traduire pour vous, au fur et à mesure.
Le Canada a été le premier pays au monde à signer la Convention sur la protection et la promotion de la diversité des expressions culturelles. C'était pour des raisons fondamentales. Vous ne sembliez pas en comprendre les conséquences. Le Canada et le Québec vivent à côté d'un géant culturel, je dirais même empirique, les États-Unis.
Le vice-président de CBC/Radio-Canada a même déjà dit que les Canadiens constituaient le seul peuple au monde à préférer la télévision de leur voisin. Au Québec, nous avons un star-système qui fonctionne bien, avec un auditoire important, parce que notre système est sous perfusion d'aide gouvernementale, de réglementation et de lois. C'est une perfusion continuelle et perpétuelle.
Dans le domaine des télécommunications, celui qui contrôle l'accès contrôle le contenu. Les entreprises de télécommunications, comme les entreprises de télécommunications sans fil, font dorénavant des choix culturels en offrant des applications gratuites, des films et l'accès à plein d'activités culturelles à même leur technologie. Les télécommunications sans fil, actuellement, sont régies par la Loi sur les télécommunications. Il y a là un réel problème.
Ce système, jusqu'à maintenant, fonctionnait bien. Il faut que ce système soit actualisé et modernisé. Toutefois, il est certain que la propriété étrangère vient brouiller les cartes. Du point de vue culturel — et même du point de vue économique —, on ne voit pas la nécessité de changer ces règles. Jusqu'à maintenant, on n'a eu aucune preuve qu'au Canada, cela fonctionnerait comme dans les pays de l'Union européenne. En Europe, il y a dix personnes pour un pied de fibre optique, alors qu'ici, il y a une personne pour mille pieds de fibre optique. Évidemment, c'est une caricature; ce ne sont pas les chiffres exacts.
Pourquoi changer cet état de fait, quand la menace culturelle pour le Canada et le Québec est réelle? Quels sont vos intérêts de vouloir venir imposer, au Canada et au Québec, de nouvelles règles sur la propriété étrangère?
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Oui, mes commentaires touchent l'ensemble du Canada, y compris le Québec, évidemment. Vous semblez dire que Bell Canada, par exemple — je ne veux pas m'acharner sur Bell, et ça pourrait être un autre fournisseur qui est de propriété canadienne —, fera une plus grande promotion du contenu canadien que les autres fournisseurs, pour une raison quelconque.
Tous les fournisseurs se comportent de la même façon. Ils investissent, ils examinent les prix, et ils veulent faire un profit. Un fournisseur n'achètera pas plus de contenu canadien parce qu'il est de propriété canadienne qu'un autre fournisseur qui n'est pas de propriété canadienne. Ce que je veux souligner, c'est que pour les Canadiens, pour les utilisateurs, il est important d'avoir de bons réseaux de qualité qui ne coûtent pas cher et qui offrent toute une gamme de services, et c'est seulement possible grâce à la concurrence.
Examinons maintenant les choix culturels. Les choix culturels dont vous parlez... et quand même la diversité culturelle est importante; je ne crois pas que cela soit remis en question. Mais peut-être dans un certain contexte. Ce contexte, que l'on peut adapter très facilement au nouvel environnement Internet, un nouvel environnement où une compagnie de téléphone offre de la programmation en ligne, n'a rien à voir avec des limites à l'investissement.
Il s'agit d'une réglementation directe sur ce que la compagnie de téléphone peut — j'utiliserai le terme — « diffuser » sur les choix de programmation qu'elle peut offrir à ses clients. Cette réglementation est assez souple comparativement aux limites sur l'investissement étranger, et elle est plus facile à mettre en place et à gérer.
Je ne vois pas de danger à ouvrir la porte à des investissements dans les réseaux, ou dans ce lien, que je crois très fragile, pour l'érosion de la diversité culturelle d'un pays. Si vous voulez maintenir cette diversité, vous n'avez qu'à mettre en place la réglementation que vous avez déjà.
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Merci, monsieur le président.
Je ferai une brève déclaration préliminaire. C'est avec plaisir que nous répondrons ensuite à vos questions.
Le comité examine des questions liées à la propriété étrangère dans le secteur des télécommunications. Ces questions prennent plus d'ampleur étant donné l'arrivée de la convergence. Tout le monde est d'accord pour dire que la convergence des télécommunications et de la radiodiffusion est un fait accompli. Ce qui anime encore le débat, c'est son incidence sur la structure législative et réglementaire du Canada.
[Traduction]
En 2006, le Groupe d’étude sur le cadre réglementaire des télécommunications a reconnu que:
La convergence des marchés de télécommunications et de radiodiffusion remet en question le bien-fondé continu de conserver deux cadres distincts de politique et de réglementation, l'un se rapportant aux entreprises de télécommunications comme les compagnies de téléphone titulaires et l'autre, à leurs concurrents dans la plupart des mêmes marchés, à savoir les compagnies de télécommunications par câble.
Ce thème a été repris par le Groupe d’étude sur les politiques en matière de concurrence, communément appelé le Groupe d’étude Wilson, qui a noté dans son rapport de 2008:
Internet et d’autres technologies de l’information et des communications ont modifié l’environnement commercial de ces industries. Essentiellement, la convergence aidant, il est de plus en plus difficile d’établir une distinction entre les industries ou secteurs de « télécommunications » et de « radiodiffusion », surtout quand il s’agit de réseaux de livraison ou de distribution.
[Français]
En dépit de leurs observations, ces deux groupes d'étude ont recommandé de libéraliser uniquement les restrictions entourant la propriété étrangère dans le domaine des télécommunications. De même, les deux ont recommandé que, dans un premier temps, cette libéralisation s'applique uniquement aux nouveaux venus.
La position du conseil à ce sujet est tout à fait claire: nous souhaitons une concurrence vigoureuse. Il serait avantageux pour le Canada de disposer de plus d'entreprises de distribution dotées d'installations. Les investissements étrangers, s'ils sont bien encadrés, peuvent jouer un rôle important pour appuyer ces distributeurs. Les règles actuelles en matière de propriété sont trop restrictives et trop compliquées. Une politique libéralisée et simplifiée visant à régir les investissements étrangers est essentielle pour renforcer la compétitivité.
[Traduction]
Cela dit, toute tentative visant une libéralisation des règles doit tenir compte d’un certain nombre d’éléments.
Premièrement, en obligeant un organisme de réglementation à appliquer deux ensembles de règles pour la radiodiffusion et les télécommunications, on crée dans la façon de faire et la structure de l’entreprise fusionnée quelque chose qui n’est pas naturel. De toute évidence, cela va à l’encontre des avantages de la convergence qui vont de soi.
Deuxièmement, compte tenu de la convergence des télécommunications et de la radiodiffusion, toute libéralisation des règles de propriété étrangère au chapitre des télécommunications doit bien tenir compte des objectifs sociaux et culturels de la Loi sur la radiodiffusion.
Troisièmement, il faut agir de manière dynamique en vue d’encourager la libéralisation du marché, mais cela doit se faire sans discrimination entre les nouveaux venus potentiels et les entreprises titulaires.
Enfin, à notre avis, en raison de l’importance du secteur des communications sur le plan économique, tous sont essentiellement d’accord pour dire que des intérêts canadiens devraient en garder le contrôle.
Bref, le défi qui vous attend en tant que législateurs et qui nous attend en tant qu’organisme de réglementation est de trouver le juste milieu entre une libéralisation des investissements étrangers et le contrôle canadien.
[Français]
Les statuts et les règlements actuels forment un réseau complexe de limites, de catégories et de contraintes. Ils doivent être revus dans les meilleurs délais. Ils ne sont absolument pas adaptés au contexte de la convergence. Les entreprises de distribution de radiodiffusion offrent maintenant des services téléphoniques. Les compagnies de téléphone offrent des services de télévision. Internet offre tout, et les appareils mobiles vous livrent le tout dans la main, où que vous soyez. La convergence technologique a provoqué la convergence des entreprises: tous ces services ont été regroupés au sein de grands groupes de propriété au moyen de fusions et d'acquisitions.
Au CRTC, nous faisons notre possible pour mettre en oeuvre une réglementation unifiée. Nous avons créé le secteur de l'Élaboration des politiques et de la recherche, qui rassemble les activités communes à la radiodiffusion et aux télécommunications. Lorsque cela est possible, nous tenons des audiences publiques unifiées sur les services de télécommunications et de radiodiffusion. Par exemple, nous avons étudié l'accessibilité des deux services au cours d'une seule et même audience.
Mais la structure législative et réglementaire que nous administrons conserve encore les anciennes distinctions entre radiodiffusion et télécommunications, autrement dit, entre le contenu et la distribution. Si le Canada entend demeurer un chef de file dans ce monde de convergence, nous devons mettre de côté ces concepts artificiels et obsolètes.
[Traduction]
De toute évidence, le Canada doit se doter d’une loi commune couvrant à la fois les télécommunications, la radiodiffusion et les radiocommunications. D’autres pays ont déjà agi. Il est temps que nous fassions de même.
De plus, il faut simplifier les choses sur le plan institutionnel afin que les investisseurs étrangers n’aient pas à faire face à différents régimes législatifs et à différents organismes de réglementation prenant des décisions contradictoires. Bref, nous avons besoin d’une approche unifiée pour ouvrir la voie à la convergence, à la concurrence et à la créativité.
Mais nous discuterons de ce sujet une autre fois. Aujourd’hui, le comité se penche sur les règles entourant la propriété étrangère. Nous devons simplifier ces règles. Nous ne devrions pas avoir à jongler avec des exigences de pourcentage compliquées pour les sociétés exploitantes et les sociétés de portefeuille ni avec la répartition des membres du conseil d'administration ni avec d'autres choses de ce type.
Voici l'approche simple que nous proposons. Elle est constituée de deux règles. Premièrement, aucune entité étrangère ne devrait pouvoir détenir, directement ou indirectement, plus de 49 p. 100 des actions avec droit de vote d’une entreprise de communication canadienne. Deuxièmement, aucune entité étrangère ne devrait avoir le « contrôle de fait » d’une entreprise de communication canadienne. Cela s’appliquerait à toutes les entreprises de communications, qu’elles oeuvrent en télécommunications ou en radiodiffusion. Il en serait de même à la fois pour les entreprises titulaires et les nouveaux venus.
J’aimerais souligner l’importance de garder ce « contrôle de fait » aux mains d’intérêts canadiens. Le CRTC a pour mandat de promouvoir et de protéger les valeurs culturelles et sociales canadiennes. Ce mandat est d’autant plus ambitieux dans un monde où l’information numérique ne connaît pas de frontières nationales. J’ai confiance que le Canada est en mesure de simplifier et de clarifier les règles au chapitre des investissements étrangers dans le secteur des communications, tout en veillant à ce que les domaines culturellement et socialement sensibles conservent un caractère résolument canadien. Je suis convaincu aussi que la réglementation ne saurait instiller des valeurs canadiennes.
Avant de terminer, j’aimerais proposer au comité un changement qui devrait faire partie de toute réforme de la réglementation.
[Français]
Le CRTC devrait disposer de la capacité d'évaluer les sanctions administratives pécuniaires, les SAP, en vertu tant de la Loi sur les télécommunications que de la Loi sur la radiodiffusion. Dans le domaine des télécommunications, nous appliquons maintenant une réglementation plus avisée et plus légère. Nous nous écartons de l'ancienne approche où les intervenants se voyaient prescrire ce qu'ils étaient autorisés à faire. Nous préférons maintenant interdire certains comportements et intervenir uniquement au besoin, lorsqu'il y a transgression des règles.
Pour rendre nos interventions efficaces, nous avons besoin de bons outils pour faire respecter la conformité. Prenons, par exemple, le cas d'une station de radio qui ne respecte pas les conditions de sa licence ou d'une entreprise de distribution de télécommunications qui contrevient aux règles de la propriété. Actuellement, les mesures punitives que nous pouvons adopter sont ou insuffisantes ou trop sévères. En ayant un pouvoir en matière de SAP, nous pourrions imposer des sanctions qui correspondent à la gravité de l'infraction.
[Traduction]
Nous disposons actuellement d’un outil de ce genre pour faire appliquer les règles sur la Liste nationale de numéros de télécommunication exclus. Et le projet de loi sur les pourriels, qui a été débattu lors de la session parlementaire précédente, proposait de nous donner des pouvoirs similaires. Mais au lieu d’adopter une approche fragmentaire, j’espère que le comité, au moment d'envisager la libéralisation des règles de propriété, recommandera aussi l’adoption de SAP pour l’ensemble des activités dont le CRTC est responsable.
Merci beaucoup. C’est avec plaisir que nous répondrons maintenant à vos questions.
:
Voyez-vous, quand les gens font une demande de licence ou autre, ils ne savent pas nécessairement s'ils l'obtiendront ni ce que sera la structure en bout de ligne, si bien qu'il est très difficile d'effectuer une préautorisation. C'est pourquoi le gouvernement adopte une approche parfaitement logique et qu'il dit: « Voici les conditions et, si vous réussissez, il faut que vous soyez contrôlés par des Canadiens. »
Selon moi, il n'y a rien à redire concernant l'approche. Le problème est que la décision initiale... Je ne sais pas quand elle a été prise ni sur quelle base. Ils auraient eu les mêmes faits sous les yeux; difficile à dire... le processus, comme vous le savez, n'est pas transparent. Quant aux documents que la société a présentés à Industrie Canada pour obtenir la permission initiale de participer aux enchères, je ne les ai pas vus, si bien que je ne peux pas me prononcer. Je peux parler seulement de ceux qui nous ont été soumis à nous.
La société s'est présentée à nous et nous a dit que les choses étaient en place et qu'elle voulait commencer à exploiter. Elle nous a présenté la façon dont elle avait l'intention de fonctionner, la provenance de son argent, celle de sa technologie et celle de sa marque de commerce. Selon la société, tout relevait du même processus et il y avait un contrôle canadien. D'après les faits qui nous ont été présentés, et qui ont fait l'objet d'un contre-interrogatoire serré, nous sommes parvenus à la conclusion que non, la société n'était pas sous contrôle canadien, mais à plusieurs reprises durant les audiences, nous lui avons demandé d'effectuer des changements.
La société a effectivement procédé à toute une série de changements et à une restructuration considérable. Quand elle s'est présentée à nous, il y avait deux sociétés; en bout de ligne, il n'y en avait plus qu'une. Il y a eu une fusion des deux sociétés, un changement de la structure de vote, etc. La société a procédé à des changements considérables, sans toutefois effectuer ceux qui, selon nous, étaient essentiels.
Comme je l'ai dit, j'aimerais avoir eu le pouvoir de leur accorder une approbation conditionnelle. Vu que ce n'est pas le cas, j'ai dit non, tout en indiquant très clairement ce que la société devrait faire pour obtenir notre approbation.
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Merci, monsieur le président.
Messieurs, bonjour et bienvenue au comité.
Le 25 mars dernier, on a eu la visite de représentants d'Industrie Canada qui nous ont dit: « Avant de délivrer des licences du spectre, Industrie Canada doit confirmer que ces exigences relatives à la propriété et au contrôle sont respectées. » Les licences ont été vendues en 2008. En octobre, le CRTC a pris une décision à savoir que Globalive ne respectait pas les exigences relatives à la propriété canadienne, de fait. Cette décision a ensuite été modifiée par le gouvernement qui a conclu que l'entreprise répondait aux critères.
Vous nous expliquiez plus tôt que lorsque qu'une entreprise veut acheter des licences du spectre, faire une soumission, elle doit révéler en quoi consiste la compagnie et qui la contrôle. Je suppose que c'est à partir de cette information préalable, au début, qu'Industrie Canada a permis à Globalive de soumissionner et que les licences ont été vendues.
À quel moment avez-vous été informés qu'Industrie Canada, après les modifications, continuait toujours à dire que l'entreprise répondait aux exigences de propriété canadienne?
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La Loi sur la radiodiffusion comporte toute une liste d'objectifs divers, qui se résument toutefois essentiellement à deux principaux: il devrait s'agir, dans l'ensemble, d'un système canadien proposant un contenu canadien; et les Canadiens devraient y avoir accès, tant comme spectateurs que comme participants, c'est-à-dire comme producteurs. Ce sont les deux objectifs clés prépondérants.
Si vous introduisez une loi canadienne sur les communications ou vous combinez les deux lois, il est important de maintenir ces objectifs autant que possible. Manifestement, à l'ère de la convergence, à l'ère de la numérisation où tout contenu peut être proposé, plus cela va, plus c'est difficile.
Par le passé, au titre de la Loi sur la radiodiffusion, nous pouvions contrôler ce qui était diffusé sur les stations de radio ou ce qu'il était possible de téléviser, ce que les câblodistributeurs pouvaient vous proposer. Il y avait donc un univers défini, où nous pouvions imposer des règles.
Maintenant que nous avons un univers ouvert, il y a des solutions de rechange. À l'heure actuelle, on peut regarder la plupart des émissions sur Internet ou sur un appareil de poche, ce qui complique beaucoup les choses. De ce fait, au lieu de tenter de recourir à l'arbitrage réglementaire, vous êtes amenés à vous en remettre plutôt aux subventions, aux façons dont vous pouvez appuyer les programmateurs canadiens et leur donner les moyens voulus.
Pourquoi parlons-nous de 49 p. 100 et de tout le reste? Pourquoi faut-il un contrôle? Dans une société combinée, il faut veiller à ce que les esprits qui contrôlent les affaires soient des Canadiens, des gens qui comprennent le Canada et qui comprennent notre situation biculturelle, bilingue.
Soyons francs. Si on ne fait pas cela, l'industrie fera généralement l'objet d'acquisitions et on aura une industrie des communications « transplantée » où les jeunes dirigeants venus de pays étrangers se feront les dents. On aura beau réglementé, on ne pourra pas insuffler chez ces gens tout ce qui constitue le Canada et les amener à le refléter dans leur programmation. C'est possible uniquement si des Canadiens sont aux commandes.
C'est essentiellement ce dont il s'agit, au bout du compte. Si vous éliminez la propriété, je crains que... Si vous essayez de procéder par le biais de la réglementation, vous risquez de ne pas réussir et il ne sera pas possible de rebrousser chemin.
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Merci, monsieur le président.
Je tiens à vous remercier d'être venus nous rencontrer aujourd'hui.
Je crois que tout le monde veut une plus vive concurrence. C'est évident. Mais tout comme dans le secteur du pétrole ou du gaz, où il y a intégration verticale, il n'y a pas nécessairement collusion. Par exemple, Petro-Canada transporte de l'essence pour Esso et vend le produit à d'autres stations-service. L'approche concurrentielle n'existe plus de nos jours.
L'une des choses qui m'inquiètent par exemple, c'est la façon dont Globalive — qui, aux dires de certains, et je pense que ce n'est pas tout à fait faux, n'est qu'une façade pour un milliardaire égyptien — a fait les manchettes du New York Times et d'autres journaux, car on dit que la prochaine génération de développement sera simplement l'acquisition de médias et d'autres intervenants du secteur des télécommunications; on dit que c'est la prochaine vague. Si l'intervenant pouvait donc venir sur notre marché à une époque où nous avons un problème au niveau de la concurrence — je crois que c'est juste de le dire —, on pourrait donc se retrouver avec un autre modèle où il n'y a qu'un ou deux intervenants après plusieurs années et en fait aucune concurrence réelle.
J'aimerais savoir ce que vous en pensez parce que c'est une des craintes que plusieurs ont mentionnées. Lorsque nous étudions certains des intervenants canadiens, on constate qu'ils ne sont pas des gros joueurs dans l'univers des télécommunications. Ce sont eux qui nous offrent des services à l'heure actuelle, mais ils pourraient être fort vulnérables ou même intéressés à être achetés ou à vendre des éléments importants de leurs activités à des investisseurs étrangers, et tout cela se passerait sans qu'on ait un nouveau modèle de concurrence.
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Merci, monsieur le président. Je partagerai mon temps avec M. McTeague.
Je n'ai qu'une brève question à poser.
Le rapport de l'OCDE que vous avez mentionné plus tôt — et ma question va dans la même veine que celle de M. Masse — signalait que dans les pays qui ont décidé de libéraliser les règles du jeu, plusieurs intervenants ou entreprises se livraient concurrence au début, mais au fil des ans, ils se sont retrouvés avec tout au plus trois intervenants dans le secteur. Cela semble être la situation que nous vivons actuellement au Canada.
Ce qui m'inquiète, c'est qu'il semble y avoir plus d'entreprises, ce qui, comme vous l'avez mentionné, devrait mener à de meilleurs prix. Et à vrai dire, je crois que ces meilleurs prix seront offerts à Toronto, Montréal et Vancouver. Je vis dans le nord de l'Ontario, monsieur von Finckenstein. Qu'est-ce que tout cela me donnera de plus dans le nord de l'Ontario où il y a peu de résidants et où le service n'est d'ailleurs déjà pas très bon?
Nous avons constaté par le passé que notre service était inférieur à celui des grands centres et que la technologie offerte dans les régions éloignées n'est peut-être pas la meilleure. Cette technologie habituellement inférieure nous place dans une situation de désavantage. Comment pensez-vous que la concurrence de demain pourra nous aider?
De plus, pensez-vous que le CRTC pourrait adopter un nouveau règlement? Devrions-nous avoir dans ce nouveau règlement quelque chose qui régit davantage ceux qui offrent déjà des services dans les grands centres canadiens pour les encourager à offrir les mêmes services dans les régions rurales du Canada ou dans le nord de l'Ontario?
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Évidemment, comme vous le dites, un des facteurs est le prix. L'autre serait l'innovation technologique qui suivra. Elle doit suivre. En fait, je pense que nous sommes un des seuls pays à offrir à l'heure actuelle un accès sans fil à haute vitesse d'un océan à l'autre. On se tire donc pas très mal d'affaire. Surtout si l'on tient compte de la superficie du pays, c'est quand même extraordinaire.
Vous avez raison de dire que le service n'est pas le même dans toutes les régions. Dans votre région du nord de l'Ontario, je crois que vous n'avez accès qu'à un seul fournisseur. Mais est-ce que c'est différent dans le secteur du sans-fil, si on le compare aux autres industries? Malheureusement, cela fait partie des facteurs économiques... La numérisation a permis d'assurer beaucoup de progrès à cet égard en faisant disparaître les disparités régionales et en permettant même aux intervenants dans les régions éloignées d'avoir accès aux communications, au marché, et j'en passe, alors qu'autrement cela n'aurait pas été le cas.
Il y aura de nouvelles innovations dans le secteur du satellite. C'est évident. Avec ces nouveaux marchés, on passera à une nouvelle innovation qu'on appelle le sans-fil fixe. Comme vous le savez, vous assurez le service par satellite jusqu'à un certain niveau, puis vous le distribuez par ligne terrestre ou vice-versa, vous pouvez amener le service par ligne terrestre jusqu'à un certain point, puis passer au service sans fil. Tout cela se produira. Plus vous avez d'intervenants, plus le marché devient saturé dans certaines régions, et les intervenants doivent se diriger à ce moment-là dans les régions un peu plus éloignées. C'est une évolution économique absolument normale.
Nous accomplissons beaucoup au niveau des réseaux filaires, en ce qui a trait à l'interfinancement des réseaux. Nous ne l'avons pas fait dans le secteur du sans-fil parce que ce n'était pas nécessaire. Comme je l'ai déjà signalé, à moins qu'il y ait un échec marqué du marché, nous hésitons vraiment à le faire. Chaque fois que vous intervenez en matière de réglementation dans l'évolution naturelle d'un secteur, vous devez payer le prix.
Mon collègue, monsieur Katz, a passé des années à développer l'industrie du sans-fil pour Rogers. Peut-être pourra-t-il ajouter quelque chose.
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Merci, monsieur le président.
Monsieur von Finckenstein, monsieur Katz, monsieur Keogh, je suis heureux de vous voir.
Je crois savoir que vous avez assumé des rôles différents dans le passé. Je suis heureux de ne pas avoir à comparaître devant vous à la Cour fédérale, mais j'ai déjà travaillé avec vous dans d'autres dossiers.
Ma question sera brève. Vous avez éliminé la possibilité de la propriété canadienne à 49 p. 100. Je suppose donc que vous estimez qu'il y a suffisamment d'argent et de fonds communs d'immobilisations au Canada pour qu'on continue de s'assurer que les consommateurs bénéficient d'une saine concurrence, de prix raisonnables et de l'innovation.
Pouvez-vous garantir au comité...? Selon ce que vous observez aujourd'hui dans l'industrie, et sans parler de la réunion des différentes lois sur les télécommunications — la Loi sur la radiocommunication et, bien sûr, la Loi sur la radiodiffusion —, êtes-vous convaincus que le seuil de 49 p. 100 permettra toujours aux Canadiens de profiter des services à des prix concurrentiels?
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Merci, monsieur le président.
Merci, monsieur von Finckenstein.
Je reviens à votre déclaration liminaire. À la page 2, au deuxième paragraphe, vous dites que « la structure législative et réglementaire que nous administrons conserve encore les anciennes distinctions entre radiodiffusion et télécommunications, ou dit autrement » — et c'est cette partie que je trouve intéressante — « les distinctions entre le contenu et la distribution ». Plus loin, vous dites qu'il s'agit de « concepts artificiels et obsolètes ».
Je trouve intéressant que vous qualifiez les distinctions entre le contenu et la distribution comme étant artificielles et obsolètes. Il me semble pourtant que, dans le monde actuel, tourné vers la convergence, la différence entre le contenu et la distribution revêt une importance critique. Il me semble qu'il s'agit là de la question du rapport entre, d'une part, la culture et le contenu canadiens, et d'autre part, la distribution et la libéralisation des règles concernant la distribution, sans qu'il y ait de changements aux règles sur le contenu.
J'aimerais entendre vos éclaircissements à ce sujet.
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On considère depuis longtemps les entreprises de télécommunications comme des entreprises de distribution. Elles n'ont rien à voir avec le contenu; elles ne font que l'acheminer. Elles sont des fournisseurs impartiaux. La télédiffusion est un secteur différent. Elle crée et influence du contenu, et nous voulons vous assurer que ce contenu reflète la réalité canadienne.
C'est dans ce contexte qu'est arrivé la numérisation. Tout se convertit en bits, et voilà la convergence, les bits technologiques finissent par ne former qu'un. Les entreprises se fusionnent et travaillent sur les deux fronts. Prenons l'exemple de Rogers. Rogers possède un réseau sans fil, une entreprise de communication sans fil et un câblodistributeur — trois entreprises de distribution. Elles possèdent aussi une chaîne de télévision spécialisée et un réseau de télévision — deux entreprises de télédiffusion. Tout cela sous le même toit.
Si on libéralise un secteur et pas un autre, on dit à Rogers que son empire peut être soumis au contrôle étranger parce qu'il s'agit seulement de distribution. Mais on lui dit en même temps qu'on se préoccupe beaucoup de ces entreprises qui créent du contenu. On en vient à la demande dont parlait Mme Lavallée: de quel domaine relèvent-t-elles? De plus, qu'en est-il au juste des programmes interactifs, qui font aujourd'hui fureur chez les jeunes? Relèvent-ils du contenu ou de la distribution? Ils comptent des aspects des deux.
De telles distinctions n'ont plus leur raison d'être. Avant, c'était clair... avant la numérisation, le monde était différent. Aujourd'hui, avec la numérisation et la convergence, tout le monde a vu la lumière. Il faut donc tout mettre ensemble et trouver la façon la plus efficace de produire et de distribuer le contenu.