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Je vous remercie, monsieur le président.
Les représentants de Rogers sont heureux d'être ici aujourd'hui pour vous aider dans vos délibérations au sujet des règlements concernant la propriété étrangère.
Rogers ne défend aucune position officielle en ce qui a trait aux mérites de modifier les règlements canadiens concernant la propriété étrangère, et il est fort probable que notre société n'adoptera aucune position avant que le gouvernement n'ait présenté de proposition officielle. Cependant, nous estimons qu'il y a certains facteurs importants dont devrait tenir compte l'étude d'éventuelles modifications au régime actuel.
Premièrement, si vous prévoyez changer les règlements en matière de propriété étrangère pour le secteur des télécommunications, nous estimons qu'il serait logique de changer en même temps les règles pour la câblodistribution. La convergence est enfin devenue réalité. L'infrastructure de base du réseau d'une compagnie de téléphone est constituée d'un câble à fibres optiques qui transporte des bits de voix, de données et de vidéo. De même, l'infrastructure de base du réseau d'une compagnie de câblodistribution est constituée, elle aussi, d'un câble à fibres optiques transportant des bits de voix, de données et de vidéo.
Les entreprises de télécommunications et les câblodistributeurs offrent de plus en plus les mêmes services. Il serait illogique de permettre les intérêts étrangers dans les compagnies de télécommunications mais pas dans celles de câblodistribution. Il s'agit, dans les deux cas, de distributeurs. Ils sont tous deux des conduites. Ils fournissent tous deux du contenu et des communications, mais ils ne font pas de programmation. Si vous changez artificiellement les règles concernant la propriété étrangère pour les télécommunications mais pas pour la câblodistribution, vous empêchez les entreprises qui offrent des services intégrés de profiter des avantages de la libéralisation du régime d'investissement étranger. De plus, cela découragerait énormément les entreprises étrangères souhaitant investir dans le marché canadien. Qu'est-ce qui pourrait bien les inciter à le faire si on leur interdit d'inclure des services de câblodistribution dans leurs forfaits de services?
Nous reconnaissons qu'il n'est pas nécessaire de libéraliser les règlements concernant les intérêts étrangers pour les services de programmation comme les stations de radio et de télévision. Ces entités créent de la programmation et favorisent l'élaboration de contenu canadien, un objectif important en matière de politiques au Canada. Nombreux sont ceux qui estiment qu'il serait imprudent de permettre à des entités de programmation comme celles-là de se retrouver sous contrôle étranger. On pourrait éliminer les règlements concernant la propriété étrangère pour les secteurs des télécommunications et de la câblodistribution et conserver les règlements visant les stations de radio et de télévision.
J'entends souvent les gens dire qu'il serait compliqué de libéraliser les règlements en matière de propriété étrangère pour l'industrie de la câblodistribution sans le faire pour les stations de radio et de télévision. En tant qu'avocat spécialisé en droit des communications, je ne partage pas cet avis. La licence que détiennent les services de câblodistribution se distingue de celle des services de programmation. Les câblodistributeurs doivent obtenir une licence d'entreprise de distribution de radiodiffusion, ou licence EDR. On pourrait tout simplement modifier la Loi sur la radiodiffusion de façon à ce que les titulaires de licences EDR puissent être sous contrôle étranger, mais pas les titulaires de licences de programmation.
Les gens comprennent mal comment un tel régime s'appliquerait à des entreprises comme Rogers, qui offre à la fois des services de télécommunications, de câblodistribution et de programmation. Si une entreprise telle que la nôtre souhaitait vendre ses actifs de câblodistribution et de télécommunications à une entité étrangère, elle ne pourrait tout simplement pas lui vendre ses stations de radio et de télévision. Celles-ci devraient rester la propriété de Canadiens. Ce ne serait pas une forme de division de l'organisation, mais plutôt un dessaisissement d'actifs.
Permettez-moi de contester le rapport du Groupe d'étude sur les politiques en matière de concurrence. Ce rapport soutient que l'on devrait tout de suite supprimer les règlements concernant la propriété étrangère pour les entreprises de télécommunications canadiennes ayant une part de 10 p. 100 ou moins du marché et que la libéralisation des règles devrait s'étendre aux plus importants intervenants du secteur des télécommunications et de la radiodiffusion après cinq ans. S'il est logique de libéraliser les règlements en matière de propriété étrangère, il est logique de le faire pour tous les intervenants. La microgestion du marché de manière à modifier les règlements concernant les intérêts étrangers pour une partie du marché aujourd'hui et pour une autre partie dans cinq ans crée des barrières et des distorsions artificielles. Il n'est pas logique de permettre à des intervenants mondiaux d'accéder au marché canadien pour acheter et vendre des actifs à n'importe qui tout en empêchant les entreprises canadiennes d'en faire autant. Le gouvernement devrait décider si les réseaux de télécommunications peuvent être sous contrôle étranger et, dans l'affirmative, accorder les mêmes droits à tous les réseaux.
Le secteur des télécommunications est un marché stimulant et dynamique, et la compagnie Rogers est fière du rôle qu'elle y joue. Nous détenons les réseaux sans fil les plus rapides et les plus puissants au monde, et nos réseaux filaires à large bande ultrarapides ont des niveaux de fiabilité et de rendement supérieurs à l'échelle mondiale. Le Canada est à l'avant-garde de tous les autres pays du G8 sur le plan de la pénétration des services à large bande, et nous dominons le palmarès mondial quant à la prolifération de réseaux sans fil HSPA plus. Que l'on change ou non les règlements concernant la propriété étrangère, Rogers entend être un fier contributeur au secteur des télécommunications canadien.
Je me ferai un plaisir de répondre à vos questions.
Merci, monsieur le président et membres du comité. La direction de Shaw apprécie elle aussi l'occasion qui lui est offerte de participer à cette audience.
Je m'appelle Ken Stein, premier vice-président, Affaires de gestion et de réglementation, à Shaw Communications. Je suis accompagné de Jean Brazeau, premier vice-président, Affaires réglementaires. J'entamerai notre présentation, puis Jean prendra la relève.
Nous appuyons l'initiative qu'a prise le comité d'étudier les règlements canadiens concernant les intérêts étrangers dans le secteur des télécommunications. Nous recommandons vivement au comité d'assurer l'élimination non discriminatoire des restrictions entourant la propriété étrangère qu'imposent la Loi sur les télécommunications et la Loi sur la radiodiffusion.
Par ses investissements, l'innovation, la création d'une concurrence fondée sur les installations, ses services offerts et l'emploi de plus de 10 000 Canadiens, Shaw a constamment démontré son engagement à l'égard de la productivité du Canada. Comme le Canada est en voie de devenir une économie fondée sur le savoir, les investissements dans l'infrastructure numérique sont les plus importants que nous puissions faire.
Shaw a investi plus de 6,5 milliards de dollars depuis 2000. En conséquence, les 2,3 millions de clients de nos services de câblodistribution ont pu profiter d'une capacité considérablement accrue, qui a permis de soutenir plus de 150 services numériques, 50 canaux à haute définition, le service de télévision à la carte, la vidéo sur demande et la télévision 3D. Nous avons plus de 9 000 clients des communications par satellite, dont un grand nombre dans les collectivités rurales et isolées.
Nous avons plus d'un million de clients du service à haute définition, et un million de clients du service téléphonique numérique; de fait, 42 p. 100 de notre clientèle de la câblodistribution utilise aussi nos services téléphoniques. Nous avons 1,7 million de clients du service Internet. La vitesse de notre service Internet peut atteindre 5 mégaoctets par seconde, et nous comptons cette année devenir le premier fournisseur au Canada à faire l'essai de la technologie Internet à gigaoctet, laquelle sera livrée à domicile au moyen de fibres et atteindra la vitesse sans précédent de 1 000 mégaoctets par seconde.
Nous avons refermé l'écart de la bande passante — quoi qu'en disent certains — en offrant un service Internet haute vitesse à des petites villes comme Wasa, en Colombie-Britannique; Magrath, en Alberta; Stonewall au Manitoba; et Red Lake en Ontario. Nos investissements, qui revêtent une importance primordiale, et le déploiement d'une nouvelle technologie méritent d'être appuyés, et non pas sapés par les politiques et règlements du gouvernement, y compris ceux qui concernent les intérêts étrangers.
Voici les recommandations que nous souhaitons faire.
Tout d'abord, comme nous venons de l'expliquer, nous ne sommes pas qu'une compagnie de câblodistribution. Nous sommes une compagnie de communications pleinement intégrées. Nous concurrençons d'autres compagnies de télécommunications, de câblodistribution et de communication par satellite sur les marchés de la téléphonie, des services sans fil, de l'Internet et de la distribution de télévision. Dans ce contexte de convergence, il est inacceptable d'abolir les restrictions en matière de propriété dans un seul secteur ou au profit d'un seul groupe de compétiteurs. Une pareille approche créera des distorsions inopportunes sur les marchés et donnera à certains compétiteurs un avantage énorme et inéquitable. Tout changement discriminatoire ou injuste ira à l'encontre de nos objectifs stratégiques d'augmentation des investissements et de la productivité. Nous n'appuyons pas non plus la méthode gradualiste de modification de la Loi sur les télécommunications comme le proposait le projet de loi de mise en oeuvre du budget, parce que les changements des règles ne s'appliquent qu'à un secteur étroitement défini.
Deuxièmement, les compagnies canadiennes de câblodistribution et de communication par satellite ne doivent pas faire l'objet d'un traitement différent sous prétexte de préoccupations d'ordre culturel erronées. Partout dans le monde, l'investissement étranger a favorisé la création de solides compagnies de distribution par câble et par satellite sans mettre en péril les objectifs culturels nationaux ou autres objectifs d'intérêt public. Les États-Unis n'imposent aucune restriction sur la propriété étrangère aux compagnies de câblodistribution, ni d'ailleurs à aucun service de programmation par câble, et seules les compagnies de diffusion en direct sont assujetties à ce type de restrictions. En outre, les pays membres de l'Union européenne ne limitent aucunement l'investissement étranger dans les compagnies de télécommunications et de câblodistribution même si, comme nous, ils craignent l'influence culturelle du contenu des médias américains. Pour apaiser ces préoccupations, l'UE impose aux diffuseurs des règles efficaces de contenu national, et elle permet aux pays membres de promulguer des règles en matière de câblodistribution. C'est ce qu'il faut. Par contre, l'Union européenne ne voit pas de contradiction entre des marchés des capitaux ouverts et la réglementation culturelle. Au Canada, les objectifs stratégiques de la Loi sur la radiodiffusion ont contribué à assurer la prédominance du contenu canadien.
Les règles qui s'appliquent au contenu resteront en vigueur, peu importe à qui appartiennent l'infrastructure de câblage.
Jean, je vous cède la parole.
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Notre troisième message, c'est que nous nous opposons aux changements de règlements qui avantagent les nouvelles compagnies étrangères mais nuisent aux compagnies canadiennes. Ce n'est pas une bonne politique publique et ce n'est pas dans l'intérêt du Canada, ni des Canadiens. Il serait injuste et discriminatoire de permettre à une compagnie étrangère d'établir pignon sur rue au Canada ou d'acquérir une compagnie de télécommunications existante dont la part du marché peut atteindre 10 p. 100, comme le propose le Groupe d'étude sur la politique en matière de concurrence. Il serait ironique d'accorder des avantages aux compétiteurs étrangers tout en limitant la capacité de compagnies canadiennes d'accéder au capital étranger.
Enfin, nous aimerions parler du poids de plus en plus lourd de la bureaucratie, des règles et des taxes, qui menace de saper bien des objectifs qu'a fixés le gouvernement pour l'économie numérique.
Le 1er juin, Shaw et d'autres parties doivent comparaître devant la Cour d'appel fédérale parce que le CRTC réclame le pouvoir de réglementer et de taxer les fournisseurs de service Internet. En septembre, nous devrons retourner devant la Cour d'appel fédérale parce que le CRTC veut créer un nouveau droit d'auteur sur les signaux de radiodiffusion. Le CRTC propose un régime qui permettrait aux radiodiffuseurs de retirer leurs signaux et d'occulter la programmation américaine, à moins que les distributeurs s'entendent pour imposer un autre droit à leur clientèle. Ces taxes s'ajoutent au nouveau droit de 1,5 p. 100 sur les revenus de câblodistribution qui est versé dans le Fonds pour l'amélioration de la programmation locale, à la contribution exigée de 5 p. 100 des recettes devant aller au contenu canadien et à plusieurs autres droits que paie notre clientèle pour subventionner les radiodiffuseurs et producteurs.
Les taxes indirectes du CRTC coûtent plus de 140 millions de dollars par année à la clientèle de Shaw. C'est de l'argent qui n'est pas réinvesti dans le déploiement de nouvelles technologies, l'accélération du service Internet, l'amélioration du service à la clientèle ou l'élargissement de notre bande passante. Le régime de taxation et de subventions du CRTC mine la productivité et réprime l'innovation. Cela va à l'encontre de l'intention qu'a affirmée le gouvernement de stimuler la reprise de l'économie.
Les taxes et subventions réglementaires vont aussi à l'encontre de l'approche audacieuse axée sur l'investissements que prône le gouvernement et qu'étudie actuellement votre comité. Nous vous demandons d'aborder l'étude des modifications aux restrictions de l'investissement étranger de façon à ne pas nuire à l'ensemble des compagnies de télécommunications et de télédiffusion. Les politiques publiques visant à éliminer les restrictions sur l'investissement étranger, des formalités administratives et des taxes ne devraient pas faire de gagnants et de perdants. Elles devraient créer des règles équitables et un nouveau climat favorable à l'investissement et à la productivité pour renforcer l'économie canadienne.
Nous vous remercions et nous répondrons avec plaisir à vos questions.
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Si je pouvais commencer à parler de la situation de Globalive, le gouvernement a rendu une décision en vertu des règles qui, étant donné qu'il y a une divergence avec le CRTC, signifierait que les règles ont probablement besoin d'être clarifiées à cet égard.
Notre préoccupation, et également en ce qui concerne l'OCDE, c'est que nous ne voulons pas que les règles soient changées pour encourager et fournir des incitatifs aux nouvelles entreprises étrangères. C'est bien, n'est-ce pas? De nouvelles entreprises étrangères peuvent venir au Canada. Nous voulons avoir les mêmes règles qu'elles. Alors, si une entreprise étrangère est autorisée à venir au Canada et à utiliser des investissements étrangers pour renforcer la concurrence au Canada, alors, en tant qu'entreprises canadiennes, nous devrions avoir accès à des investissements étrangers pour réaliser les mêmes objectifs.
Shaw est un nouveau venu dans le domaine des communications sans fil. Nous n'avons pas encore un seul client dans le sans fil. Mais nous serions désavantagés par rapport à une autre entreprise qui arrive à titre de nouvelle entreprise étrangère comme le propose l'OCDE, parce que cette entreprise pourrait venir en utilisant tous les avantages de l'investissement étranger, ce qui serait refusé à Shaw.
Notre préoccupation, c'est qu'il faut que les règles du jeu soient les mêmes pour tout le monde dans ce domaine. C'est notre principal problème à cet égard: les règles régissant l'investissement étranger devraient être changées de manière à permettre aux entreprises canadiennes, qui sont la propriété des Canadiens, d'avoir accès au capital provenant des investissements étrangers.
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Je pense vraiment qu'on trouve beaucoup d'âneries dans un grand nombre de ces études, en particulier dans de nombreuses études de l'OCDE. L'étude de l'OCDE sur le sans-fil, par exemple, décrit les États-Unis comme le pays le plus coûteux dans le monde pour ce qui est du sans-fil. La plupart des gens pensent que les États-Unis ont une industrie du sans-fil très concurrentielle.
Vous devez regarder les bonnes mesures lorsque vous faites ces comparaisons. Dans le domaine du sans-fil, par exemple, vous pourriez demander quel est le revenu moyen à la minute. C'est la façon la plus simple et la plus facile de comparer les pays, et lorsque vous le faites, le Canada fait partie des 10 pays au monde où les coûts sont les plus faibles. Si vous regardez nos services à large bande et les vitesses que vous obtenez réellement, par opposition aux vitesses que les gens annoncent dans la publicité, encore une fois, nous offrons l'une des meilleures valeurs dans le monde. Alors, je pense que si les études étaient effectuées de manière appropriée...
Un rapport du Forum économique mondial montrait que le Canada arrivait au septième rang dans le monde comme un des meilleurs pays à ce chapitre. Le professeur Waverman a écrit un éditorial dans le Globe and Mail il y a quelques semaines dans lequel il a démontré que les études de l'OCDE étaient erronées et que le Canada était un des pays où ces services étaient les moins coûteux.
Si vous regardez les bons chiffres et si vous examinez la question de manière appropriée, je crois que nous faisons très bien les choses au Canada.
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Pour ce qui est des nouveaux services, nous considérons que ce qui est le plus important, du point de vue de la clientèle, c'est notre capacité d'offrir des plate formes multiples. Pour les nouveaux joueurs, il est difficile d'arriver dans le marché et de pouvoir faire cela. Du point de vue de la clientèle, ce genre de regroupement se réaliserait probablement parce qu'il est avantageux de n'avoir qu'un seul fournisseur capable d'offrir des services multiples.
D'un autre côté, au cours de la dernière décennie, nous avons appris qu'il est très difficile de prévoir l'évolution de la technologie. Il sera très difficile de prévoir quelles seront les nouvelles applications sans fil.
Nous avons des idées intéressantes. Nous avons attendu un peu avant d'investir dans une nouvelle technologie pour les services sans fil que nous offrirons. Plus d'applications seront offertes, et je pense que cela va créer plus de richesse.
Il se peut très bien qu'il y ait un certain nombre de nouveaux joueurs, s'ils peuvent se trouver un créneau. C'est la même chose dans le domaine des services de programmation. Nous pensions qu'il y aurait quelques sociétés, puis il y en a eu 20 ou 25, pour ensuite retomber au niveau précédent. Cela va varier constamment. En technologie, une des choses que nous avons apprises, c'est qu'il y a beaucoup d'entreprises en démarrage, un grand nombre d'entre elles sont fusionnées et puis on se retrouve de nouveau avec un grand nombre d'entreprises en démarrage. Cela se présente par vagues. Il n'y a pas vraiment de nombre défini. C'est cyclique.
La chose la plus importante à faire, à mon avis, c'est d'encourager les petites et les grandes entreprises à faire preuve d'innovation et d'audace et de leur fournir l'occasion de développer de nouvelles applications. La capacité de développer ce type d'applications est probablement le problème auquel nous faisons face au Canada. Pour diverses raisons, cela représente un défi pour nous, au Canada. Alors que la technologie sans fil est en voie de devenir une nouvelle plateforme, je pense que cela va devenir vraiment important.
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Merci, monsieur le président.
Merci de votre présence ici ce matin.
Les réseaux de télécommunications sont essentiels à l'économie. Ils sont en voie de devenir ce qu'était le téléphone il y a bien des années, c'est-à-dire un service de base qui doit être sur le marché. Nous constatons de plus en plus que si vous n'avez pas ce service, vous accusez de plus en plus de retard. Notre objectif, en notre qualité de parlementaires, est de nous assurer que les services sont disponibles à grande échelle, qu'ils sont modernes, de haute qualité et abordables. Il me semble que jusqu'à aujourd'hui, l'argument que j'entendais, c'était que si vous voulez de meilleurs services, une couverture meilleure, il faut ouvrir les marchés et les laisser décider. Monsieur Engelhart, je crois que vous avez dit que nous devons nous en occuper jusqu'à ce que les marchés prennent la relève et jusqu'à ce que nous arrivions à un certain point et qu'ensuite, tout ira bien.
Maintenant, ce qui me préoccupe, c'est qu'en ouvrant cela, nous parlons des investissements étrangers, et il y a une différence entre l'investissement étranger et la propriété étrangère. Si je ne me trompe pas, M. Masse en a parlé plus tôt: si nous permettons la propriété étrangère, cela devient alors une tout autre histoire. Ce qui finit par arriver, c'est que nous nous retrouvons avec une filiale; les grandes villes seront couvertes, mais je ne suis pas certain que les régions rurales le seront. C'est quelque chose qui m'intéresse, puisque je viens d'une région rurale.
Selon vous, quelle incidence auront sur les services dans les régions rurales les changements à venir ou les changements qui viennent tout juste de survenir, comme ce qui s'est passé en matière de confiance dans les marchés dans le cas de Globalive?
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Puis-je simplement répondre à cela?
J'ai un chalet dans la circonscription de M. Clement, et je suis ébloui par le service de télévision que je reçois de Shaw Direct et par le service Internet à haute vitesse de Bell, qui est phénoménal. Au cours des 10 dernières années, nous avons été témoins d'améliorations importantes en matière de services de communications et de télécommunications, peu importe qui les offrent. Donc, je pense que les entreprises canadiennes font un travail phénoménal pour offrir ces services aux collectivités rurales et éloignées.
Si le gouvernement voulait vraiment faire quelque chose dans ce domaine, une des choses qu'il pourrait faire serait d'essayer d'obtenir le concours de Bell et de Shaw Direct, et de toute autre entreprise désireuse de participer, à investir dans la capacité d'utilisation de la bande Ka par satellite de façon à assurer le développement des services Internet dans les régions éloignées. Le coût serait de l'ordre de centaines de millions de dollars, peut-être des milliards, mais ce serait un incroyable bond en avant. Nous serions à l'avant-garde de l'utilisation novatrice du spectre pour l'offre de services Internet dans ces régions. Ce serait une façon plus innovatrice de régler ces questions que de donner accès à nos marchés à des entreprises étrangères qui, en fait, n'offriront pas de services dans ces régions. Ils ne souhaitent pas desservir Red Lake, en Ontario. Comme Kenneth l'a indiqué, ils viennent pour faire de la concurrence sur le marché de Toronto.
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C'est exactement ce qui me préoccupe quand on parle d'ouvrir les marchés. En ce qui concerne les services dans les régions rurales, quelle est l'incidence sur votre entreprise?
Des électeurs viennent constamment me voir pour me dire qu'ils n'ont pas de service. Je ne suis pas certain de la façon dont la clé Internet Rogers fonctionne. Je ne sais même pas si elle existe — mais je crois que oui, à certains endroits dans le Nord de l'Ontario. J'ai un téléphone Rogers et il fonctionne bien partout — je veux seulement en faire mention — peu importe où, pourvu que le service soit offert, mais il y a un certain nombre de points morts. Norm Hawirko, un électeur de ma circonscription, habite à 20 minutes de Temiskaming Shores. Il essaye d'exploiter une entreprise, mais il ne peut pas le faire.
Comment allons-nous favoriser cela? Encore hier soir, je parlais à une dame, Cindy Duncan McMillan, de Farrellton, au Québec, à une heure seulement au nord d'Ottawa. Ce n'est pas si loin au nord. Elle exploite une entreprise de vente de boeuf, mais cela lui prend 20 minutes pour envoyer sa liste de prix parce qu'elle utilise le réseau téléphonique par fil. Elle me dit qu'elle n'a pas d'autre choix. Comment allons-nous régler cela?
Je crois que vous avez devancé ma question et deviné où je voulais en venir. Monsieur Engelhart, pourriez-vous nous parler davantage de ce que nous pourrions faire, en notre qualité de gouvernement, pour que les circonscriptions rurales, les électeurs des régions rurales obtiennent les services.
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Bonjour, monsieur le président et membres du comité.
Je suis heureux de vous faire part de la vision de Bell sur les changements possibles aux règles régissant la propriété étrangère dans les communications au Canada. Mais avant, permettez-moi de vous parler brièvement de Bell.
Bell, qui est la plus grande entreprise de communications au Canada, offre des services sans fil, télé, Internet et téléphoniques sur fil aux clients résidentiels et d'affaires. Elle compte 50 000 employés et ses revenus annuels se chiffrent à 17 milliards de dollars.
En 2009 et 2010, nous aurons investi 6 milliards de dollars au Canada et durant l'importante récession que nous avons connue. Cela comprend des centaines de millions de dollars pour la construction du réseau large bande le plus évolué dont les Jeux olympiques aient jamais disposé et qui a permis de diffuser images et son à plus de 3 milliards de personnes dans le monde.
Bell Canada est maintenant la première entreprise au Canada pour les investissements en recherche et développement. Elle possède un des titres les plus répandus au Canada. Non seulement Bell est-elle présente auprès des Canadiens à titre de fournisseur de services de communications, mais elle est aussi une opportunité d'investissements et d'épargne.
[Traduction]
Nous étions déterminés à contribuer au débat en apportant une proposition concrète — et nous le ferons —, mais il n'a pas été facile de définir notre position, et ce, parce que les propositions visent généralement à résoudre des problèmes clairement définis. Toutefois, ici, les objectifs sont loin d'être clairs. Nombreux sont ceux qui croient que les tarifs du sans-fil au Canada sont élevés et que nous accusons du retard en matière d'investissement et d'innovation. Or, cela est tout à fait inexact, et les perceptions erronées ne devraient pas dicter l'établissement des politiques au Canada. Nous compterons bientôt neuf télécommunicateurs sans fil nationaux ou régionaux au pays. Un seul pays d'Europe en a même cinq. Il n'y a qu'un pays du G7 qui offre un coût moyen par minute pour le sans-fil inférieur à celui dont jouissent les Canadiens. Je crois que nous occupons le troisième rang parmi les membres du G8 et le neuvième parmi ceux du G20. Trois de nos fournisseurs exploitent des réseaux HSPA+ 3G évolués et d'autres suivront bientôt.
Le tout nouveau réseau sans fil de Bell rejoint 93 p. 100 de la population canadienne. Cela signifie que, depuis novembre 2009, des milliers de petites collectivités et de collectivités rurales de tous les coins du pays, telles que Happy Valley-Goose Bay, Summerside, Chicoutimi, North Bay et High Level ont accès au service large bande sans fil haute vitesse. Aujourd'hui, nous somme un leader mondial de la technologie sans fil. En fait, les États-Unis tirent de l'arrière.
Cela dit, nous reconnaissons les avantages d'une approche mondiale. À cet égard, Bell n'est pas opposée à un assouplissement des règles régissant la propriété étrangère, à condition que les nouvelles règles s'appliquent de façon symétrique entre les petits et les grands télécommunicateurs, et entre les télécommunicateurs qui possèdent des actifs de radiodiffusion — les entreprises intégrées — et ceux qui n'en possèdent pas. Une application symétrique des règles éviterait de favoriser certains télécommunicateurs au détriment des autres. Mes collègues de Shaw et de Rogers ont certainement mis l'accent sur les mêmes préoccupations ce matin.
Le fait de modifier les règles qui régissent les télécoms sans modifier celles qui visent la radiodiffusion n'aurait pas un effet très positif. Comme les témoins l'ont dit ce matin, aujourd'hui, à peu près toutes les entreprises de télécommunications au Canada — Vidéotron, Shaw, Rogers, Bell, etc. — possèdent des actifs de radiodiffusion, de sorte qu'une solution ne visant que les télécoms ne profiteraient pas aux entreprises intégrées, qui auraient tout de même à respecter les seuils actuels si les règles touchant la radiodiffusion demeuraient inchangées.
[Français]
Au contraire, nous serions désavantagés en ce qui a trait au coût du capital par rapport aux entreprises qui offrent uniquement des services de télécoms. Il est certain qu'il n'est pas dans l'intérêt public de désavantager les entreprises intégrées qui font d'importants investissements au Canada, offrent le service aux petites et grandes communautés et créent des dizaines de milliers d'emplois hautement spécialisés et rémunérateurs à l'échelle du pays.
Ironiquement, une solution ne visant que les télécoms n'aiderait pas nécessairement les nouveaux venus car ces derniers seraient probablement tenus de se limiter à la fourniture de services de télécoms, sans possibilité de proposer les offres combinant télécoms et radiodiffusion que recherchent les consommateurs d'aujourd'hui.
[Traduction]
La réglementation ne devrait pas forcer les télécommunicateurs à choisir entre un accès plus facile au capital étranger et l'offre de services combinés aux consommateurs et aux entreprises.
Nous ne croyons pas que les règles régissant la propriété étrangère posent actuellement problème, compte tenu de nos investissements, de notre innovation et de notre capacité concurrentielle; or, s'il faut les libéraliser, nous estimons que le meilleur scénario serait celui proposé par le CRTC: de porter à 49 p. 100 la limite des actions étrangères avec droit de vote, et ce, autant pour les entités actives dans les télécoms que celles qui oeuvrent dans le domaine de la radiodiffusion, tout en respectant la disposition visant le « contrôle de fait » canadien.
Il est rare que Bell et le CRTC s'entendent sur quelque chose; il s'agit donc peut-être là d'un bon point de départ.
Voici pourquoi nous estimons que ce scénario est le meilleur: il entraînerait une importante augmentation — soit de 20 à 49 p. 100 — des investissements étrangers directs dans les entités de télécoms et de radiodiffusion, et il éliminerait le besoin de créer des sociétés de portefeuille à la structure complexe pour observer les règles actuelles.
En outre, le changement pourrait s'appliquer de façon symétrique aux petites comme aux grandes entreprises de télécoms et de radiodiffusion. Tous les joueurs pourraient ainsi profiter d'un capital étranger accru, ce qui leur donnerait la souplesse voulue pour offrir aux consommateurs les services combinés qu'ils réclament de plus en plus. Il permettrait également, en veillant au respect de la disposition visant le « contrôle de fait » canadien, de répondre aux inquiétudes de ceux qui veulent s'assurer que les actifs de radiodiffusion au Canada demeurent entre les mains des Canadiens.
Pour conclure, si Verizon, AT&T et T-Mobile étaient propriétaires de Bell, de Rogers et de TELUS, le Canada ne disposerait pas aujourd'hui des meilleurs réseaux sans fil HSPA+ du monde, en particulier dans les petites collectivités et les collectivités rurales. Ce n'est que maintenant que les télécommunicateurs américains commencent à déployer leurs propres réseaux HSPA+. Notre esprit d'avant-garde mérite d'être souligné.
Compte tenu des contraintes de temps, je vais m'arrêter ici. Merci. Je serai ravi de répondre à vos questions.
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Merci de l'invitation d'être ici ce matin, monsieur le président.
Avec 6 000 employés d'un bout à l'autre du Canada, 1,9 milliard de dollars de revenus, près de deux millions de liaisons-clients réparties entre sa clientèle d'affaires partout au pays et sa clientèle résidentielle dans l'ensemble du Manitoba, ainsi que son réseau optique large bande pancanadien s'étendant sur près de 30 000 kilomètres, MTS Allstream est l'une des plus grandes entreprises de télécommunications canadiennes.
Nous livrons concurrence à TELUS dans l'Ouest, à Bell dans l'Est, ainsi qu'à différentes entreprises dont Bell, TELUS, Rogers et Shaw au Manitoba, province où nous sommes l'entreprise titulaire.
Au sein de l'industrie canadienne, nous sommes désormais la seule entreprise nationale dotée de ses propres installations à préconiser la mise en place d'une politique et d'une réglementation favorisant la concurrence. En 2000, il y avait au pays pas moins de 14 entreprises concurrentes dotées de leurs propres installations. Or, toutes ont déclaré faillite ou ont été intégrées aux entreprises titulaires en raison notamment des restrictions sur les investissements étrangers.
Nous avons, du fait de notre histoire, une expérience sans égale relativement à l'investissement requis pour livrer concurrence à l'échelle nationale. Nous avons entre autres été les tout premiers à mettre en oeuvre avec succès un réseau IP pancanadien. Cette initiative a coûté environ 4 milliards de dollars et a contraint l'entreprise, alors connue sous le nom d'AT&T Canada, à s'engager dans ce qui était alors la deuxième procédure en importance jamais entreprise en vertu de la Loi canadienne sur les arrangements avec les créanciers des compagnies. Cette procédure s'est avérée nécessaire en bonne partie parce que nous devions verser 400 millions de dollars annuellement en frais d'intérêt sur la dette extérieure contracter pour financer notre investissement, ce qu'aucun grand titulaire n'aura jamais à faire.
Si je mentionne tous ces faits, c'est pour montrer qu'en raison de ses antécédents, MTS Allstream est l'une des entreprises de télécommunications les plus efficaces et les plus novatrices au Canada. Les difficultés que nous avons connues ont laissé des traces qui en font foi. Nous croyons aussi en avoir tiré une perspective particulière qui saura contribuer à la très importante réflexion actuelle à propos des investissements étrangers directs, ainsi que de la nécessité d'accroître la concurrence et l'innovation au sein du marché canadien des télécommunications et, en fin de compte, d'améliorer la productivité économique du pays dans son ensemble.
Nous apportons au débat un point de vue unique pour deux raisons: premièrement, nos revenus sont partagés également entre nos activités de titulaire au Manitoba et de fournisseur concurrent dans le reste du pays; deuxièmement, nous avons tenté d'établir et de maintenir un partenariat international avec AT&T et avons vécu nous-mêmes les effets défavorables des restrictions actuelles sur les investissements étrangers.
La décision du gouvernement d'examiner les façons d'accroître l'investissement étranger dans le secteur des télécommunications représente une bonne nouvelle pour les entreprises et les consommateurs canadiens. Depuis un certain temps déjà, il est reconnu que les restrictions actuelles sur les investissements étrangers au sein de l'industrie entravent les efforts du Canada visant à maintenir son leadership dans le domaine des télécommunications et des TIC. Elles nuisent aussi à son objectif de doter le pays de l'infrastructure nécessaire pour soutenir et stimuler la mise en place de technologies favorisant l'innovation et la productivité, lesquelles sont primordiales pour assurer notre succès sur le plan économique. L'intérêt national serait mieux servi par une ouverture aux investissements mondiaux, qui viendraient appuyer ces objectifs essentiels et, par le fait même, renforcer la position des entreprises et des Canadiens.
La nécessité de mettre en oeuvre une telle réforme a été soulignée dans de nombreux rapports et études, notamment: le rapport de 2001 du Groupe de travail sur les services à large bande; le rapport de votre comité publié en 2000 et intitulé Ouverture sur le monde pour les télécommunications canadiennes; le rapport final publié en 2006 par le Groupe d'étude sur le cadre réglementaire des télécommunications; et le rapport de 2008 du Groupe d'étude sur les politiques en matière de concurrence.
Une remarquable unanimité existe parmi les organes d'experts qui se sont penchés sur la question. Au cours de la dernière décennie, tous, sans la moindre exception, se sont prononcés en faveur de la levée des restrictions dans le secteur des télécommunications. Tous ont conclu que les règles actuelles freinent la concurrence, l’innovation et la productivité.
Qui plus est, le Canada n'est pas au diapason du reste du monde en la matière. Selon une étude de l'OCDE, les marchés du Mexique, de la Corée du Sud et du Canada sont les plus fermés aux investissements étrangers. Depuis la publication de l'étude, le Mexique et la Corée ont commencé à relâcher leurs restrictions, laissant le Canada bon dernier.
Cela veut dire que, dans 27 des 30 pays membres de l'OCDE, les entreprises semblables à MTS Allstream ont accès à des capitaux de partout dans le monde. Voilà qui explique sans doute pourquoi tant de multinationales, notamment AT&T, Verizon, MCI, Sprint, SBC et British Telecom, ont quitté le marché canadien au cours de la dernière décennie.
Les investissements étrangers directs contribuent grandement à stimuler l'innovation, la concurrence et la prospérité. La levée des restrictions actuellement en vigueur dans l'industrie canadienne des télécommunications rapporterait des avantages concrets. Comme l'a souligné le Groupe d'étude sur le cadre réglementaire des télécommunications dans son rapport final:
L'argumentation économique en faveur de la libéralisation de l'IDE [l'investissement direct à l'étranger] est si bien établie au Canada et dans les autres pays membres de l'OCDE que le débat économique ne vise pas a déterminer si la libéralisation stimule la compétitivité et la productivité nationales, mais dans quelle mesure elle le fait.
L'investissement étranger direct favorise la croissance d'entreprises canadiennes efficaces qui sont alors mieux à même de livrer concurrence à l'intérieur comme à l'extérieur du pays. L'ouverture aux investissements étrangers contribuerait à rendre le marché commercial plus dynamique et plus concurrentiel qu'il ne l'est en ce moment. D'ailleurs, le gouverneur de la Banque du Canada, Mark Carney, est le dernier en date parmi les spécialistes de l'économie à établir un lien entre investissements étrangers directs et accroissement de la productivité.
L'exemple de l'industrie pétrolière et gazière illustre à quel point il est avantageux pour Ie Canada de laisser libre cours aux investissements en capital et de ne pas étouffer I'ambition de ses entreprises aux frontières du pays. Dans les années 1970, plus des trois quarts de I'industrie appartenaient à des intérêts étrangers. Étroitement réglementé, ce secteur d'activité était assujetti à l'Agence d'examen de l'investissement étranger.
Après la dissolution de cet organisme, la propriété canadienne a augmenté au sein de l'industrie. Aujourd'hui, près de 50 p. 100 de cette dernière est constituée d'entreprises de propriété canadienne jouissant d'un libre accès au capital mondial. Aussi, bon nombre de ces entreprises sont concurrentielles sur le plan international.
La plupart des Canadiens reconnaissent aujourd'hui que notre économie a mûri et que les idées et les méthodes qui nous ont servis au cours du siècle dernier seront inefficaces au XXIe siècle. Les Canadiens comprennent que le pays peut et doit faire concurrence à l'échelle mondiale afin d'attirer les investissements qui suscitent l'innovation, créent des emplois et apportent la prospérité à long terme, tout en favorisant l'émergence d'entrepreneurs et d'entreprises capables de tirer leur épingle du jeu dans les marchés intérieur et extérieurs.
Si l'on mesure en fonction de notre PNB, l'économie de notre pays est la plus tournée vers le commerce international. La capacité de survivre et de prospérer sur la scène internationale est inscrite dans nos gènes collectifs. Un marché des télécommunications moderne et concurrentiel est essentiel à l'économie numérique et aucune raison ne peut justifier de dresser des barrières à l'investissement et aux acteurs étrangers dont nous avons besoin pour réaliser nos ambitions. En fait, nous devons plutôt montrer au marché mondial de l'investissement que, fort de sa devise robuste, de sa situation fiscale enviable, de sa main-d'oeuvre dynamique et de son appartenance à l'immense marché de l'ALENA, le Canada est déterminé à favoriser la croissance par l'investissement et l'émergence de réseaux et d'entreprises de télécommunications de nouvelle génération.
L'équation de l'investissement est totalement différente, selon que l'on envisage la situation des grands titulaires ou celle des entreprises de télécommunications concurrentes. Les investissements dans ces dernières — qui sont vitaux pour aviver la concurrence, réduire les prix et accroître le choix, surtout dans le marché des affaires — sont entièrement fondés sur le risque. Les enjeux sont plus grands, les risques plus élevés et le nécessaire capital de risque beaucoup plus difficile à obtenir auprès de sources canadiennes. Par conséquent, la bonne marche de ces entreprises a souvent dépendu des intérêts étrangers, ce qui explique qu'au cours des dernières années, elles aient été largement absentes.
Inversement, les grands titulaires, dont les réseaux extrêmement étendus ont été en grande partie constitués à l'aide de capitaux étrangers auxquels leurs concurrents n'ont pas accès aujourd'hui sont en mesure d'utiliser leurs économies d'échelle et leurs liquidités pour investir considérablement et progressivement dans leurs réseaux existants. Moins risqués, de tels investissements sont beaucoup plus attrayants aux yeux des investisseurs canadiens.
Les conséquences de cette asymétrie sont palpables. Nos PME en particulier accusent du retard en matière d'innovation et d'exploitation des technologies de pointe, situation découlant directement du peu de choix concurrentiels dont elles disposent en matière de services de télécommunications de nouvelle génération. À titre d'exemple, selon Statistique Canada, les détaillants américains ont une avance de quatre ans sur leurs homologues canadiens sur le plan du volume de ventes en ligne.
Notre désir d'ouvrir l'industrie des télécommunications aux investissements étrangers est résolument motivé par la volonté d'encourager le développement d'une infrastructure de pointe. De nos jours, cette dernière permet de transmettre des services de télécommunications et des signaux de télévision aux consommateurs canadiens. En d'autres termes, le gouvernement peut et doit lever les restrictions sur les investissements étrangers liés à l'acheminement, à la « prestation ». En même temps, il peut conserver son droit de regard sur le contenu et, au besoin, continuer à restreindre les investissements visant les diffuseurs et les détenteurs de permis de programmation.
Cette solution ne comporte aucun risque de dérapage. Elle établit une nette démarcation entre contenu et « prestation ». C'est pourquoi il nous semble indiscutable que la politique, les lois et les outils de réglementation appropriés peuvent servir à soutenir les objectifs importants de protection et de promotion de la culture et des contenus canadiens.
II ne fait aucun doute qu'il y aura résistance de la part des groupes préconisant le statu quo, comme ce fut le cas lorsque le gouvernement a ouvert le marché des communications sans fil à une plus grande concurrence. Le statu quo, cependant, ne sert pas l'intérêt national, ni celui des entreprises et des consommateurs canadiens. Le statu quo a fait grimper les prix, freine l'adoption de nouvelles technologies et entraîne une réduction de l'offre.
Nous vous félicitons de procéder à l'examen de ces questions importantes et nous vous demandons instamment de prendre les mesures qui aideront le Canada à devenir plus concurrentiel, plus productif et plus novateur qu'il ne l'est à l'heure actuelle.
Pardonnez-moi d'avoir parlé si vite.
[Traduction]
Nous vous remercions de l'occasion donnée à TELUS de présenter son point de vue quant à savoir s'il faut ou non libéraliser les restrictions relatives à la propriété étrangère dans les télécommunications. Il s'agit d'un enjeu d'importance nationale sur lequel seul le Parlement peut et doit se prononcer.
Permettez-moi de résumer notre exposé par quelques courts messages.
Premièrement, toute nouvelle règle ne peut pas avantager les investisseurs étrangers au détriment des entreprises canadiennes. Tous les télécommunicateurs canadiens doivent recevoir un traitement équitable.
Deuxièmement, le Parlement doit admettre que le marché des communications est désormais constitué de sociétés intégrées et qu'on ne peut pas apporter de changements sans modifier du même coup la Loi sur les télécommunications et la Loi sur la radiodiffusion.
Troisièmement, tout effort de libéralisation qui exclut les sociétés intégrées minera la compétitivité des entreprises canadiennes et réduira les avantages que peuvent en tirer les consommateurs.
Quatrièmement, la libéralisation ne compromet pas la culture, car on peut aisément séparer la propriété des chaînes de radiodiffusion des activités de la transmission de ces chaînes sur les systèmes des distributeurs.
TELUS appuie depuis longtemps la libéralisation des règles pour tous les télécommunicateurs, y compris les câblodistributeurs et les sociétés de communications par satellite, tout en maintenant les restrictions à l'égard de la propriété des chaînes de diffusion, radio et télévision. À l'instar du marché américain, le marché canadien est unique en ce sens que les câblodistributeurs et les fournisseurs de services de télécommunications se livrent à une concurrence plus féroce que partout ailleurs sur la planète, et ce, dans tous les segments de marché. Pratiquement chaque fournisseur de services de communication canadien diffuse la voix, la vidéo et les données sur des réseaux intégrés. Par conséquent, il n'est pas possible de modifier nos restrictions relatives à la propriété de façon équitable, à moins de libéraliser les règles relatives à la distribution prévue dans la Loi sur les télécommunications et la Loi sur la radiodiffusion.
Nous demeurons convaincus qu'il est possible de modifier la Loi sur la radiodiffusion en touchant uniquement la question de la distribution pour récolter tous les fruits de la concurrence sans compromettre les objectifs culturels. Il suffit d'établir une règle qui interdit aux fournisseurs étrangers de posséder des stations de radiodiffusion ou des chaînes de télévision.
Pour ce qui est des investissements, selon un des principaux arguments favorables à la libéralisation, les entreprises canadiennes n'investissent pas assez ou ne sont pas suffisamment concurrentielles. Même si nous croyons en la libéralisation, nous réfutons cet argument. Il y a 10 ans TELUS n'était pas une compagnie concurrente nationale, mais une simple compagnie de téléphone régionale qui opérait en Alberta, en Colombie-Britannique et dans certaines régions de l'Est du Québec.
Aujourd'hui, TELUS livre une concurrence à l'échelle du pays dans les services mobiles, les solutions pour petites et moyennes entreprises, les services de vidéoconférence. Aujourd'hui, nous sommes le premier fournisseur de services de santé électroniques et de transmission de données d'affaires au Canada.
Dans l'Ouest et l'Est du Québec, TELUS soutient une concurrence d'égal à égal pour l'acquisition de clients de services téléphoniques, d'Internet, de télévision et de mobiles. TELUS a accompli cet exploit parce qu'au cours des 10 dernières années, elle a investi 20 milliards de dollars pour passer de la compagnie de téléphone régionale qu'elle était à un concurrent national capable d'offrir des solutions multiservices dans les marchés des services d'affaires, mobiles et de santé électroniques. Combien avons-nous investi? Au cours des dernières années, TELUS a enregistré le taux de réinvestissement dans les services filaires le plus élevé parmi les sociétés nord-américaines de télécommunications et les compagnies concurrentes. Depuis 2001, TELUS a investi en immobilisations plus de 20 p. 100 des revenus réalisés au cours de la même époque. En comparaison, depuis 2006, Verizon ou AT&T n'ont pas réussi à atteindre en une seule année des investissements en immobilisations supérieurs à 20 p. 100 de leurs revenus.
Nous avons investi au Canada dans les secteurs appropriés et en temps voulu, y compris dans des secteurs qu'aucun investisseur étranger ne risquerait d'envisager. Au plus fort de la récession, nous avons augmenté nos dépenses en immobilisations de 13 p. 100, à un cours de l'action plus bas. Nous avons augmenté nos dépenses à 2,1 milliards de dollars et avons construit un réseau mobile reconnu comme étant l'un des plus importants et plus évolués au monde. En fait, notre réseau 3G sans fil large bande atteint maintenant 93 p. 100 des Canadiens et offre des services mobiles à large bande d'avant-garde sur la scène internationale. En 2010, nous allons investir plus de 1,7 milliard de dollars dans la construction de réseaux de télévision par Internet sur fibre optique dans l'Ouest du Canada et dans l'Est du Québec afin d'intensifier la concurrence sur les marchés de la câblodistribution et d'Internet.
Par conséquent, ces investissements ont engendré une véritable concurrence, de vrais emplois et des avantages pour les consommateurs dans un secteur où ils étaient inexistants.
Nous convenons que la libéralisation complète de l'investissement direct étranger dans le secteur de la distribution peut réduire les coûts, élargir les choix et accroître l'innovation, tant que les sociétés canadiennes jouissent d'un traitement équitable.
La différence entre le Canada et les États-Unis réside dans l'absence d'une échelle similaire. Une échelle plus grande signifie des coûts plus bas, des investissements plus élevés et plus d'occasions de réduire les prix. Donc, en ce qui nous concerne, le problème est essentiellement une question d'échelle. Par conséquent, tout changement n'offrant pas à tous les télécommunicateurs canadiens de profiter équitablement des possibilités qu'offre une échelle similaire n'est pas souhaitable puisque de tous nos principaux partenaires commerciaux, les télécommunicateurs canadiens sont ceux qui desservent le territoire le plus vaste et qui investissent dans la population la moins importante des pays de l'OCDE. En fait, notre population est plus petite que celle de n'importe lequel de nos partenaires commerciaux.
Cela revient à ce que je disais, à savoir que les changements ne doivent pas pénaliser les sociétés qui continuent d'investir non seulement dans les marchés les plus rentables tels les services mobiles ou encore dans les villes les plus importantes comme Montréal ou Toronto, mais aussi dans les employés canadiens, l'infrastructure canadienne et les collectivités canadiennes.
Les sociétés canadiennes comptent sur l'intégration et sur l'interfinancement que cela permet pour assurer la viabilité du toutes leurs activités. La croissance est aussi nécessaire que l'intégration. Si une politique asymétrique vient miner cette nécessité en freinant la croissance des télécommunicateurs nationaux au nom de la concurrence sur le marché des services mobiles ou de la protection des intérêts culturels, le modèle canadien intégré commencera à s'effriter.
Le système canadien a toujours bénéficié d'un niveau d'interfinancement, qu'il s'agisse du financement des services en région rurale par les services de régions urbaines où celui des segments à coût élevé par les marchés en croissance. C'est encore vrai aujourd'hui. Au Canada, le marché des services mobiles est actuellement le moteur de croissance qui génère les revenus et les bénéfices nécessaires au réinvestissement dans les réseaux de téléphonie à large bande de la prochaine génération. C'est un élément crucial dont il faut tenir compte. Les marchés en croissance comme les services mobiles ou Internet soutiennent les marchés en déclin comme celui de la téléphonie. Cela ne signifie pas que les marchés en croissance doivent être écartés de la concurrence accrue, mais plutôt que la concurrence, notamment la concurrence étrangère, ne doit pas être avantagée au détriment des sociétés canadiennes. C'est la raison pour laquelle nous sommes en faveur de l'élimination des règles.
La libéralisation doit être aussi équitable pour les sociétés canadiennes que pour les concurrents étrangers. Voilà pourquoi le Parlement doit appuyer la libéralisation pour tous les télécommunicateurs car à moins que tous puissent en tirer profit, les possibilités d'une échelle accrue, telles que des coûts plus bas ou des investissements plus élevés, seront moins nombreuses pour bon nombre de consommateurs et de collectivités. Pour cette même raison, l'équité veut qu'on modifie en même temps le marché de la distribution de la radiodiffusion et celui des télécommunications.
Merci. C'est avec plaisir que je répondrai à vos questions.
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Merci, monsieur le président.
Bonjour, messieurs et bienvenue.
Il y a un problème à passer en deuxième puisque plusieurs questions déjà ont déjà été abordées. D'après moi, le gouvernement ou l'OCDE a tout faux lorsqu'il dit que nous ne faisons pas preuve d'innovation. Au contraire, je crois qu'on fait preuve d'innovation. D'ailleurs, certains rapports, autres que ceux du gouvernement et de l'OCDE, le précisent. Maintenant, on s'aperçoit qu'on est au coeur de l'action et du problème. Jusqu'à quel pourcentage et jusqu'à quel point devons-nous permettre des investissements étrangers?
Le représentant de TELUS nous suggère une libération complète. Le représentant de Bell nous suggère par contre une libération dans une proportion de 49 p. 100. De plus, le président du CRTC suggère aussi 49 p. 100, mais il n'a jamais parlé de quoi que ce soit pour ce qui est de la radiodiffusion. Cela pourrait donc faire l'objet d'un débat assez important. Une chose est certaine: pourquoi aller au-delà des 49 p. 100 dans les télécoms quand on sait pertinemment qu'il y a de la convergence? Comme le disait ma collègue, celui qui contrôle le contenant contrôle aussi en définitive le contenu.
J'aimerais savoir ce que vous, les deux autres intervenants, pensez — c'est un peu innovateur, mais pas nécessairement sans risque — de la position de Bell Canada d'ouvrir le marché à des intérêts étrangers dans une proportion maximale de 49 p. 100. Cela inclut aussi l'ensemble des entreprises intégrées, de sorte qu'il y ait quand même une certaine équité et que les entreprises de radiodiffusion soient aussi touchées.
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J'ai quelques observations à faire.
Je ne soutiens pas qu'il n'y a pas d'innovation dans notre industrie des télécommunications. Il y en a, mais c'est fragmentaire. Cela dépend du secteur et du degré de concurrence qui s’y trouve. Notre collectivité des petites et moyennes entreprises traîne de la patte, et c'est l'une des difficultés que nous éprouvons pour ce qui est de bâtir l'économie. Il faut encourager nos petites et moyennes entreprises à adopter plus rapidement de nouvelles technologies comme les TIC. L'un des problèmes que rencontre tout concurrent, c'est qu'il s'agit du secteur le plus difficile à percer. Nous nous disputons tout le temps avec le CRTC sur l'accès à l'infrastructure des titulaires. C'est l'un des éléments de l'équation. Il y a aussi la question de la source de financement qui permettra à un concurrent d'investir dans une telle entreprise risquée. M. Hennessy a raison: une personne qui n'a pas de réseau omniprésent a beaucoup de mal à trouver un montant suffisant de capital de risque au Canada pour justifier ce genre d'investissement. L'innovation est donc présente, mais fragmentaire.
Un fossé sépare les régions urbaines et rurales au Canada. Il y a également un nouveau fossé numérique entre les entreprises de grande et de moyenne taille et celles de petite taille. Les petites entreprises constituent la principale source d'emploi au pays. C'est donc un facteur vraiment important.
Pour ce qui est du contenu acheminé, le hic, comme les deux témoins l'ont dit, c'est que le même réseau diffuse des émissions de télévision, des données ou tout autre type de signal. Par conséquent, nous transmettons tous des signaux de télévision, des données et de la voix par l'entremise de la même infrastructure de réseau. Alors, si on ne libéralise pas les règles pour les EDR, sur le plan de la transmission, je ne vois pas comment ce serait une solution pratique. En revanche, on peut facilement libéraliser les règles concernant la transmission, tout en protégeant les questions en matière de contenu auxquelles vous faites allusion. C'est comme si on demandait à une personne qui vient investir dans notre industrie des sables bitumineux ou notre industrie pétrolière et gazière de respecter les règles environnementales du Canada.
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Une minute, trente secondes! Parfait. Merci, monsieur le président.
Comme je n'ai pas beaucoup de temps, je vais donc parler rapidement.
Il y a deux affirmations que vous avez faites, monsieur Hennessy, qui m'ont beaucoup étonnée. Il y a celle relative au fait qu'ont peut aisément séparer la propriété des chaînes de radiodiffusion et celle des entreprises de télécommunications, et il y a celle voulant interdire aux fournisseurs étrangers de posséder des stations de télévision. Cela m'étonne beaucoup, parce qu'on ne peut plus séparer les chaînes de télévision et les entreprises de télécommunications — les sans-fil d'un côté et la télévision de l'autre. Les sans-fil font aussi dorénavant de la radiodiffusion.
Et pour vous expliquer cela très clairement, je me servirai d'une publicité de Bell Canada, de notre ami M. Bibic qui est ici. Cette publicité en anglais, offerte à Ottawa, offre 16 applications. On voit très bien qu'elle nous offre le magazine Maclean's, CBC Radio, Scotiabank et Disney. Bell offre des applications gratuites et s'immisce clairement dans la radiodiffusion. Elle fait de la radiodiffusion. Ce qui s'en vient aussi, ce sont de courts épisodes d'émissions de télévision, qui s'appelleront des « mobisodes ». Ce sont des épisodes pour mobiles qui sont destinés aux téléphones sans fil. On va clairement faire de la radiodiffusion. On ne pourra plus séparer cela dorénavant et de plus en plus ce sera ainsi. Alors, cette situation n'est pas possible.
Dans ces circonstances, je ne crois pas que vos propositions soient de diviser la radiodiffusion: les propriétaires de stations de télévision d'un côté et ceux des télécommunications sans fil de l'autre. Ce n'est pas possible. D'ailleurs, vous pourrez en parler au représentant de Rogers, qui était ici ce matin, et à Quebecor.
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Merci, monsieur le président.
Merci à tous les témoins de comparaître aujourd'hui. Je le pense vraiment. J'apprécie beaucoup vos témoignages. C'est fascinant de vous entendre parler, et les réalisations que vous avez accomplies au pays sont certes louables. Je pense qu'on se doit de vous le dire.
Il y a toutefois un élément sur lequel j'aimerais me pencher, au risque qu'on me traite peut-être de vilain capitaliste. Je suis un concessionnaire d'automobiles et, comme vous, j'allais travailler tous les jours. Nous aimons parler de nos réalisations et des choses que nous avons accomplies, et il faut parfois les reconnaître. Adam Smith a déjà dit, si je me souviens bien, que ce n'est pas pour le bénéfice du boucher que le boulanger se lève tous les matins et prépare le pain, et je crois que c'est quelque chose qu'on doit reconnaître. Il n'y a rien de mal à cela. Au fond, si nous sommes honnêtes, nous pouvons dire la même chose.
Voici là où je veux en venir: quand vous faites de bonnes choses pour les consommateurs, c'est dans le but de réaliser des profits. Mais vous savez quoi? Il n'y a rien de mal à cela. C'est tout à fait sensé. C'est la façon dont notre système fonctionne.
Il faut comprendre ce principe, l'accepter et l'admettre. En ce qui a trait à la concurrence, chacun de vous a affirmé ne voir aucune objection à cela. Je sais que le témoin précédent a expliqué comment son entreprise avait déjà accumulé du capital, et c'est un avantage incroyable. Si quelqu'un va se lancer dans le domaine et offrir un nouveau service, il doit passer par toutes ces étapes pénibles que vous avez dû franchir. Vous êtes maintenant rendus à un niveau où vous pouvez dire: « Pas de problème! »
Cela étant dit — et je crois que nous touchons vraiment au coeur du problème — qu'est-ce qui est mieux pour le consommateur: la concurrence ou une forme de réglementation? Je pose la question à chacun de vous, si vous voulez y répondre.
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La meilleure option, selon moi, c'est d'avoir autant de concurrence que... Nous accueillons favorablement la concurrence. Et nous voulons moins de réglementation — le secteur des télécommunications et de la radiodiffusion est beaucoup trop réglementé de nos jours. La quantité de règlements que nous avons au pays et les frais et droits réglementaires qui nous sont imposés constituent un frein important à l'investissement supplémentaire, malgré la somme de 6 milliards de dollars que nous avons investie ces deux dernières années. Si nous avions moins de frais à payer, nous pourrions faire plus.
Tout ce que nous disons, c'est que premièrement, si vous allez libéraliser les règles concernant les intérêts étrangers, faites en sorte qu'elles soient symétriques. Nous devrions tous avoir l'occasion de jouir d'un accès au capital et ce, à un moindre coût. Ce que nous avons essayé de faire valoir, c'est une proposition. Pour vous dire franchement, nous traitons de la réalité sur le terrain. Mettons donc de l'avant une proposition qui libéralise la propriété étrangère, mais qui est en même temps réaliste, c'est-à-dire dont la mise en oeuvre est faisable. On doit trouver le juste milieu entre plusieurs questions: l'accès au capital étranger, les emplois canadiens, le déploiement des services à large bande en milieu rural et les préoccupations d'ordre culturel. Nous devons également composer avec la directive du ministre qui veut qu'on laisse intacte la Loi sur la radiodiffusion. Nous avons donc mis au point un modèle qui permet de régler toutes ces questions. Une limite de 49 p. 100, c'est réaliste. En passant, cela peut se faire sans modifier la Loi sur la radiodiffusion.
Nous mettons donc de l'avant une proposition pragmatique: les nouveaux venus auront ainsi un plus grand accès au capital étranger, et nous aussi d'ailleurs. La concurrence... Il y a un grand nombre d'entreprises de télécommunications qui se lancent dans le domaine du sans-fil.
Et le dernier point concerne le domaine des réseaux filaires, auquel s'intéresse M. Peirce. Je vous encourage fortement à lire le plan national sur les services à large bande de la FCC aux États-Unis. Voici une des conclusions: le secteur des services par fil est un secteur dont les coûts fixes et les coûts irrécupérables sont élevés. Soyons réalistes et ne nous attendons pas à une multitude de nouveaux fournisseurs de services filaires. C'est trop coûteux. Mais le sans-fil offre beaucoup d'espoir sur le plan d'une concurrence supplémentaire. Ainsi, au Canada, nous aurons huit et neuf entreprises de télécommunications dans ce secteur. Nous sommes donc en assez bonne posture.