:
Merci beaucoup, monsieur le président. Je remercie également les membres du Comité permanent de l’industrie, des sciences et de la technologie de m’avoir invité à comparaître aujourd’hui.
Avant de commencer, j’aimerais vous présenter mes collaborateurs. Tout d’abord, le sous-ministre Richard Dicerni, qui est aussi compétent que travailleur. Il y a aussi le sous-ministre délégué principal, Paul Boothe, et la dirigeante principale des finances, Kelly Gillis. Ils pourront sûrement répondre à toute question technique à laquelle je ne serais pas en mesure de répondre moi-même.
Je voudrais commencer par vous rappeler que nous sortons d’une année de grande perturbation économique. L’année dernière, la situation économique mondiale s’est gravement détériorée, et les Canadiens et leurs entreprises ont été assaillis de tous côtés par un affaiblissement de la demande, l’érosion de la compétitivité des coûts, un accès inégal au capital et une restructuration majeure dans certains secteurs.
Face à la récession économique mondiale, nous nous sommes concertés avec nos alliés du G20 et avons agi de manière décisive en investissant près de 30 milliards de dollars pour soutenir l’économie canadienne dans le cadre du plan d’action économique. Les mesures prises ont été déterminantes pour stimuler la croissance, créer des emplois, aider les gens, renouveler nos infrastructures et appuyer les entreprises et les collectivités.
Nous nous sommes en outre efforcés de créer un avantage à long terme fondé sur un régime fiscal concurrentiel, le renouvellement de l’infrastructure et des compétences, un avantage tarifaire, une réduction de la paperasserie et l’émergence du Canada en tant que chef de file du secteur financier international.
Grâce à ces efforts, nous avons réussi à nous positionner de façon à sortir de la récession dotés d’un avantage économique plus solide qu’auparavant.
[Français]
Je peux annoncer avec satisfaction que notre plan donne des résultats: la croissance économique a repris au Canada. Toutefois, compte tenu de la fragilité de la reprise mondiale, nous savons que le travail n'est pas terminé. Le 2010 vise à consolider la reprise et à soutenir l'avantage économique du Canada. Il tient compte du fait que nous devons continuer à nous saisir des possibilités économiques, à créer des emplois, à mettre au point de nouveaux produits et à trouver de nouveaux marchés.
Le budget a trois buts généraux. D'abord, il confirme l'investissement de 19 milliards de dollars dans les mesures fédérales de stimulation destinées à mettre en oeuvre le Plan d'action économique dans sa deuxième année. Ensuite, il expose un plan pour le retour à l'équilibre financier. Enfin, il crée plusieurs investissements ciblés dans le but d'attirer des capitaux, de stimuler l'innovation et de nous positionner favorablement dans l'économie de demain.
[Traduction]
Mon ministère, Industrie Canada, joue un rôle actif de suivi et de mise en œuvre des initiatives prises pour atteindre ces buts. Parmi les priorités dont nous avons tenu compte et dont nous continuerons à tenir compte, il y a notamment les sciences et la technologie, les industries manufacturières et l’aide aux petites entreprises.
Il est clair que nous cherchons à créer un climat qui favorise l’innovation et la productivité des entreprises, et que ce type de climat nous permettra d’innover, de nous hisser dans les chaînes de valeur mondiales et de réussir sur un marché mondial concurrentiel.
Permettez-moi de présenter brièvement certaines de ces priorités. En premier lieu, il y a les sciences et la technologie.
Il va sans dire que les S et T et l’innovation sont au cœur de la proposition de valeur du Canada comme acteur du marché international. Le gouvernement sait que la recherche-développement est un facteur clé de la croissance économique à long terme et que les découvertes réalisées grâce à la recherche contribuent à améliorer la qualité de vie des Canadiens.
Le Canada se classe en tête des pays du G7 pour la part des dépenses qu’il consacre à la R-D dans le secteur de l’enseignement supérieur. Le plan d’action économique du Canada fait fond sur cette stratégie en attribuant un montant sans précédent de 4,9 milliards de dollars supplémentaires aux infrastructures de recherche, à la recherche, aux travailleurs hautement qualifiés et à la commercialisation.
[Français]
Le budget 2010 poursuit sur cette lancée en dégageant un financement supplémentaire destiné à soutenir des travaux de recherche et des chercheurs de calibre mondial. Il comprend de nouveaux investissements dans nos universités et nos collèges, afin d'aider les chercheurs canadiens à faire des découvertes « transformatives » qui contribuent à notre bien-être futur tout en créant une activité économique et des emplois à court terme.
[Traduction]
Du stimulateur cardiaque à l’insuline, les découvertes des chercheurs canadiens ont changé la vie des gens dans le monde entier.
Pour demeurer des leaders de l’innovation, nous avons augmenté sensiblement le financement des conseils subventionnaires fédéraux, qui constituent pour nous le moyen le plus direct d’appuyer la recherche universitaire. Dans le budget 2010, nous avons ajouté 32 millions de dollars au financement des Instituts de recherche en santé du Canada, du Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie et du Conseil de recherches en sciences humaines. Ces fonds renforceront notre appui aux chercheurs nouveaux et prometteurs et notre soutien global aux chercheurs des universités, collèges et hôpitaux de recherche du Canada.
Parmi les autres mesures d’appui prévues dans le budget 2010, il y a lieu de mentionner 8 millions de dollars par an au Programme des coûts indirects de la recherche, pour aider les établissements d’enseignement postsecondaire à soutenir les activités de recherche supplémentaires que doivent financer les conseils subventionnaires et 45 millions de dollars sur cinq ans aux conseils subventionnaires pour établir et administrer le Programme de bourses postdoctorales du Canada. Lorsqu’il sera pleinement mis en œuvre, le programme financera chaque année 140 nouvelles bourses postdoctorales de deux ans d’une valeur imposable de 70 000 $ par an.
De plus, 15 millions de dollars par an sont affectés au Programme d’innovation dans les collèges et la communauté pour soutenir d’autres collaborations en recherche entre les entreprises et les collèges. Nous avons également prévu 222 millions de dollars sur cinq ans pour appuyer les activités de recherche et de commercialisation à TRIUMF, premier laboratoire national canadien de recherche en physique nucléaire et en physique des particules, et 75 millions de dollars en 2010 à Génome Canada pour lui permettre de lancer un nouveau concours de recherche ciblée dans un secteur prioritaire et de soutenir le financement des centres régionaux d’innovation en génomique.
Notre gouvernement reconnaît qu’une augmentation des investissements des entreprises en R-D sera vitale pour notre compétitivité à long terme. Par conséquent, le plan d’action économique du Canada prévoit 1,1 milliard de dollars sur deux ans pour commercialiser les avancées technologiques et inciter les entreprises à investir dans l’innovation. Ce montant comprend 200 millions de dollars pour renforcer le financement du Programme d’aide à la recherche industrielle, 400 millions de dollars pour appuyer la recherche de pointe sur les énergies propres, leur développement et leur démonstration, 400 millions de dollars pour accélérer l’adoption par le secteur forestier de technologies de transformation propres, et 63 millions de dollars pour favoriser la mise au point de technologies avancées dans l’industrie spatiale canadienne.
Les investissements du gouvernement ne sont qu’une partie de l’équation. L’autre partie dépend de l’adoption par le secteur privé des technologies novatrices qui peuvent contribuer à l’expansion des entreprises. Le budget 2010 renforce ces investissements en injectant plus de 260 millions de dollars de nouveaux fonds pour encourager les entreprises canadiennes à investir dans la R-D et à commercialiser leurs innovations sous forme de nouveaux produits et services.
Les nouvelles ressources prévues dans le budget 2010 comprennent 135 millions de dollars sur deux ans pour favoriser des réseaux régionaux d’innovation dans tout le pays par le truchement du programme des initiatives des grappes technologiques du Conseil national de recherches, 30 millions de dollars sur deux ans pour faciliter les projets de collaboration en recherche appliquée entre les collèges et les entreprises locales par l’entremise du Programme d’innovation dans les collèges et la communauté, 40 millions de dollars sur deux ans pour un programme pilote de commercialisation des innovations des PME, dans le cadre duquel les ministères fédéraux feront la démonstration de technologies et de produits novateurs mis au point par les PME, et 8 millions de dollars sur deux ans pour élargir le Programme de partenariats internationaux en science et technologie, qui fournit des fonds de démarrage à des partenariats privés à l’appui de projets scientifiques et technologiques axés sur l’industrie qui ont un potentiel de commercialisation.
[Français]
Donc, beaucoup de Canadiens le savent, une partie de nos activités les meilleures en sciences appliquées découlent de nos efforts dans le domaine spatial. Dans l'économie moderne, les technologies spatiales sont devenues un volet de plus en plus vital pour les infrastructures de base qui transforment notre vie professionnelle, nos loisirs et la capacité du gouvernement à protéger la souveraineté du pays et la sécurité de nos citoyens. Pour renforcer la technologie spatiale, le Budget 2010 comprend un investissement de 497 millions de dollars sur cinq ans dans la mission de la Constellation RADARSAT, la RCM, prochaine génération de satellites canadiens d'observation de la Terre.
La RCM, réalisation du secteur spatial canadien, ouvre des perspectives à l'industrie, améliore notre compétitivité internationale et crée et maintient des emplois à forte concentration de connaissances au Canada. Cet investissement du gouvernement dans le secteur spatial aura pour effet de renforcer l'excellence canadienne en sciences et en technologie, de promouvoir l'innovation et la commercialisation industrielle et de permettre au Canada d'être en mesure de maintenir sa croissance économique dans l'économie de la connaissance mondiale.
[Traduction]
Notre gouvernement procédera à un examen complet de toutes les mesures d’aide fédérales en R-D pour s’assurer que les fonds fédéraux produisent le maximum d’avantages pour les Canadiens et que la R-D renforce sa contribution à l’innovation et aux perspectives économiques des entreprises. Les décisions futures sur l’aide fédérale à la R-D se fonderont sur cet examen. Pour faire progresser l’économie, nous sommes déterminés à faire du Canada un chef de file de l’économie numérique. Cela nécessitera une approche concertée des gouvernements, des universitaires et des entreprises.
Nous nous efforcerons d’aider le secteur des technologies de l’information et des communications à créer de nouveaux produits et services, à accélérer l’adoption des technologies numériques et à contribuer à l’amélioration de la cybersécurité. Le budget 2010 a prévu, comme étape clé, que le gouvernement lancerait une stratégie en faveur de l’économie numérique. De plus, dans le cadre de notre stratégie plus générale de renforcement de la compétitivité de l’économie canadienne, le gouvernement ouvrira les portes du Canada aux investissements étrangers dans certains secteurs clés, y compris l’industrie des communications par satellite, de façon à permettre aux entreprises canadiennes d’avoir accès au capital et au savoir-faire dont elles ont besoin pour demeurer concurrentielles à l’échelle mondiale.
Notre gouvernement s’est également engagé à renforcer la compétitivité du secteur manufacturier. Si les S et T et l’innovation sont au cœur de notre croissance économique, le secteur manufacturier canadien en est la colonne vertébrale. Il contribue directement à environ 15 p. 100 de notre PIB et emploie près de 1,9 million de Canadiens, surtout dans des emplois à temps plein. Il va sans dire que ce secteur a récemment connu des difficultés. Mais, résolument tournés vers l’avenir, nous avons pris une série de mesures fondamentales pour augmenter les investissements dans les machines et le matériel qui améliorent la productivité.
Grâce à l’élimination de 1 541 droits tarifaires sur les intrants manufacturiers, les machines et le matériel, le Canada sera le premier parmi les pays du G20 à pouvoir se vanter d’être une zone libre de droits tarifaires sur la fabrication.
[Français]
Cela signifie que les fabricants canadiens pourront importer au Canada des biens servant à produire d'autres biens, sans avoir à supporter le fardeau des droits tarifaires ni les coûts de conformité à certaines règles douanières telles que les règles d'origine.
Selon les estimations tirées des modèles économiques normalisés, ces mesures pourraient contribuer à la création de 12 000 emplois au fil du temps.
[Traduction]
Cette mesure, alliée à d’autres avantages canadiens tels qu’un système financier solide et le taux d’imposition le plus faible du G7 sur les nouveaux investissements commerciaux, fera du Canada un lieu encore plus intéressant pour les investisseurs commerciaux.
Monsieur le président, je crois qu’il ne me reste que quelques minutes. Je vais donc passer rapidement sur le reste de mes notes. Je répondrai bien sûr à toute question que vous aurez sur la petite entreprise. Je crois que je vais laisser ce sujet à la période des questions. Je pourrai alors vous expliquer ce que nous faisons pour répondre aux besoins de la petite entreprise et veiller à tenir compte des sociétés solvables à l’étape de la reprise économique. Je pourrai également parler du partenariat pour le financement des véhicules et du matériel établi sous l’égide de la BDC ainsi que du capital-risque, si le comité le souhaite.
Pour terminer, je voudrais remercier le comité.
[Français]
Merci d'avoir écouté mon intervention, ce matin.
Ma conviction, je le répète, c'est qu'avec le Budget 2010, nous sommes sur la bonne voie. Mon ministère concentre actuellement ses efforts sur la mise en oeuvre de ces initiatives prioritaires. Nous veillerons à assurer la diligence requise et à rendre compte aux contribuables canadiens des mesures que nous prenons.
Nous continuerons à agir de façon à ce que le Canada puisse se positionner comme chef de file de l'économie de demain.
[Traduction]
Monsieur le président, je suis maintenant disposé à répondre aux questions des membres du comité. Je vous remercie.
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Il est évidemment impossible de donner des chiffres précis, mais lorsque nous y pensons à l’interne, nous envisageons un secteur de l’automobile comptant, directement et indirectement, probablement plus de 500 000 emplois au Canada. Les gens croient que le secteur est concentré en Ontario. C’est vrai, mais si on tient compte des concessionnaires, il s’étend en fait à tout le pays et revêt une grande importance pour les petites collectivités aussi bien chez moi, en Alberta, que dans les autres provinces.
Quant aux deux sociétés que nous avons contribué à restructurer, de concert avec nos partenaires américains et ontariens, notre part dans le cas de Chrysler était d’environ 3,75 milliards de dollars. La société n’a pas utilisé tout ce montant et ne le fera peut-être pas. Elle a donc eu besoin de moins d’aide que ce que nous avons mis à sa disposition.
Dans le cas de General Motors, notre assistance, en dollars US, s’est élevée à environ 9,5 milliards. La société a utilisé tout le montant, mais a déjà commencé à le rembourser. Elle a déclaré en public qu’elle avait l’intention de rembourser intégralement les prêts qui lui ont été accordés d’ici cet été. Bien sûr, il reste encore des investissements en actions, mais il n’y a pas de doute que nous avons atteint notre but initial, qui était d’empêcher l’effondrement de tout le secteur, et que le remboursement des prêts a déjà commencé dans une certaine mesure.
Nous suivons de très près la situation des deux sociétés. Nous avons des entretiens mensuels avec leurs responsables. J’ai rencontré M. Marchionne, le patron de Chrysler, à Detroit il y a deux jours. Je crois qu’on peut dire que les concessionnaires... Plus tôt cette semaine, j’ai assisté à une grande conférence organisée à Detroit avec les fabricants de pièces des deux côtés de la frontière. L’état d’esprit s’est certainement amélioré. Plus de 500 fabricants étaient représentés à cette rencontre.
Il y a un autre fait encourageant. Les ventes se rétablissent en Amérique du Nord. Au Canada, elles sont déjà assez fortes, mais les chiffres commencent à monter aux États-Unis aussi. J’ai visité l’usine de fourgonnettes Chrysler de Windsor, qui est assez avancée dans la mise en œuvre du système de fabrication de calibre mondial Fiat. J’ai eu l’occasion de discuter aussi bien avec des gestionnaires qu’avec des travailleurs de l’usine, qui se sont montrés très positifs. Je crois que tout cela est très encourageant.
Pour vous donner une idée, je dirai par exemple que Chrysler détient maintenant 85 p. 100 du marché des fourgonnettes au Canada, ce qui est très fort. La société produira quelques nouveaux modèles, dont la Jeep Grand Cherokee ce printemps, ce qui est une première indication de renouveau.
GM sort également de nouveaux modèles d’une façon plus ou moins continue. Pour ce qui est des modèles construits au Canada, l’Equinox et la Traverse, qui sont produites à l’usine CAMI d’Oshawa, comptent parmi les véhicules GM qui se vendent le mieux en Amérique du Nord.
Il reste encore beaucoup de restructuration à faire, mais tout s’est bien passé jusqu’ici. J’ai trouvé cela très encourageant. Dans le discours qu’il a prononcé devant les fabricants de pièces, il y a deux jours, M. Marchionne a dit qu’il était déterminé à rembourser les gouvernements et à rétablir Chrysler comme société privée à part entière.