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Mon exposé vous apprendra tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur le Budget supplémentaire des dépenses.
Bonjour. Je vous remercie de m’accueillir aujourd’hui et j’ai bien hâte d’entamer nos discussions.
Comme vous l'avez souligné, je suis accompagné aujourd’hui de la greffière, Mme Audrey O’Brien, et de son équipe de la haute direction: Stéphan Aubé, dirigeant principal de l’information; Marc Bosc, sous-greffier; Kathryn Butler Malette, dirigeante principale des ressources humaines; Richard Denis, légiste adjoint et conseiller parlementaire; Kevin Vickers, sergent d’armes; et Mark Watters, dirigeant principal des finances.
[Français]
Aujourd'hui, je présenterai le Budget supplémentaire des dépenses (B) de la Chambre des communes pour l'exercice 2012-2013.
[Traduction]
Le Budget supplémentaire des dépenses (B) proposé pour la Chambre des communes s’élève à 1 586 000 $. Je tiens d’abord à souligner que tous les postes qui y figurent ont été présentés au Bureau de régie interne et ont reçu l’approbation de ce dernier.
[Français]
À titre de référence, vous avez reçu un document indiquant les crédits votés qui figurent dans le Budget supplémentaire des dépenses (B). Afin de faciliter notre discussion, je donnerai un bref aperçu de chaque poste selon l'ordre de présentation.
[Traduction]
Le premier poste correspond à une réduction budgétaire de l’ordre de 7 427 000 $, qui découle du plan pluriannuel visant une réduction des coûts dans le cadre de l’Examen stratégique et fonctionnel de la Chambre des communes. Le 12 mars 2012, le bureau a approuvé cette stratégie d’économie et de réduction qui permettra de réduire les dépenses de la Chambre des communes de plus de 30 millions de dollars, soit presque 7 p. 100 du budget global. Ces réductions se feront graduellement et seront entièrement mises en oeuvre d’ici 2014-2015.
[Français]
Les réductions prévues pour l'exercice 2012-2013 seront réalisées au moyen de la réduction des budgets des agents supérieurs de la Chambre et des mesures connexes visant l'efficacité des opérations; des réductions visant les comités, les associations parlementaires et les échanges parlementaires; des réductions visant l'Administration de la Chambre.
Je vais maintenant prendre un instant pour aborder, à tour de rôle, chaque élément visé par les réductions.
[Traduction]
Premièrement, le bureau a approuvé une réduction globale de 1,8 million de dollars pour les budgets des dirigeants de la Chambre, ce qui représente 600 000 $ pour l’exercice 2012-2013.
En outre, plusieurs initiatives seront amorcées afin de réaliser des économies par l’entremise de la transformation de la prestation des services, notamment en réduisant l’impression des publications parlementaires, ce qui est facilité par la diminution constante de demandes de copies papier et l’amélioration de l’accès à l’information parlementaire en ligne. Pour l’exercice 2012-2013, ces économies s’élèveront à 623 000 $.
Deuxièmement, les réductions visant les comités, les associations parlementaires et les échanges parlementaires s’élèveront à 2 575 000 $. Ces réductions cadrent avec les mesures prises par les membres des comités, les associations parlementaires ainsi que les participants aux échanges parlementaires. Ceux-ci poursuivront leurs efforts continus en vue de réduire les dépenses et de réaliser des économies.
[Français]
Enfin, les économies et les réductions de l'ordre de 3 629 000 $ pour le budget de l'Administration de la Chambre seront réalisées au moyen d'une combinaison de mesures: des réductions budgétaires, des gains d'efficacité par l'entremise de la transformation de la prestation des services, l'attrition et l'élimination de certains postes vacants.
Il est important de noter que nous nous employons à réduire au minimum les répercussions sur les employés de l'Administration de la Chambre. De plus, l'Administration de la Chambre dispose d'une Politique sur le réaménagement des effectifs qui vise à assurer le traitement équitable de tous les employés qui sont touchés par des changements au sein des effectifs.
[Traduction]
Je vais maintenant parler du montant de 8 632 000 $ nécessaire à la politique sur le report. Cette politique, approuvée par le bureau en 1995, permet aux députés, aux dirigeants de la Chambre et à l’Administration de la Chambre de reporter au nouvel exercice des crédits non utilisés, jusqu’à concurrence de 5 p. 100 de leurs budgets de fonctionnement respectifs de l’exercice précédent. Elle est avantageuse, car elle permet une plus grande souplesse budgétaire, atténue les pressions visant à dépenser les fonds en fin d’exercice et incite à ne pas dépenser entièrement les crédits disponibles.
Les crédits reportés sont répartis de la façon suivante: 5,4 millions pour les députés et les dirigeants de la Chambre; 466 000 $ pour les comités, les associations parlementaires et les échanges parlementaires; et 2 766 000 $ pour l’Administration de la Chambre.
Il est important de noter qu’il ne s’agit pas de nouveaux fonds que l’on dépense, mais plutôt de la comptabilisation de crédits non utilisés du budget de l’exercice précédent qui peuvent être utilisées pour l’exercice en cours. Donc, bien que ce poste constitue une dépense dans le cadre de la présentation du Budget supplémentaire des dépenses, il serait aussi raisonnable de le considérer comme des économies découlant des budgets de l’exercice précédent. De plus, on peut raisonnablement s'attendre à ce que des crédits prévus dans l’exercice en cours ne soient pas utilisés, en plus des réductions et des économies de coûts déjà mentionnées.
[Français]
Le dernier poste indiqué dans le budget est un montant de 381 000 $ qui est requis pour répondre aux besoins particuliers des députés.
Je suis certain que nous nous entendrons pour dire qu'il est essentiel que tous les députés de la Chambre des communes disposent des ressources nécessaires pour assumer leurs fonctions parlementaires. Nous devons aussi veiller à ce que tous les besoins particuliers des députés soient pris en considération, de façon adéquate, afin d'éviter toute entrave à l'exécution de leurs fonctions.
Cela dit, soyez assurés que toutes les demandes de fonds additionnels visant à répondre aux besoins particuliers des députés font l'objet d'un examen par le Bureau de régie interne. L'analyse se fait de façon continue pour veiller à ce que les demandes de cette nature soient gérées de la façon la plus responsable possible sur le plan financier.
[Traduction]
Cela met fin à l’aperçu du Budget supplémentaire des dépenses (B) de la Chambre des communes pour l’exercice 2012-2013.
Nous serons heureux de répondre à toutes vos questions.
En tant qu’administrateur et promoteur du régime, le Conseil du Trésor fixe les taux de cotisation et les exigences de financement du régime. C'est lui qui fixera le taux de cotisation en fonction de ces modifications, des changements démographiques et de la situation du régime et qui nous le communiquera en temps et lieu. Mais, pour le moment, le taux demeure inchangé.
Il y a eu un léger changement cette année par rapport au compte de retraite. L’employeur n’est plus tenu de verser environ 600 000 $ par année au régime, comme ce fut le cas les années passées, mais cela n’a rien à voir avec les modifications apportées au régime.
Au fur et à mesure que ces modifications entreront en vigueur, la situation du régime changera, ce qui influencera le taux de cotisation, tant pour les députés que pour la Chambre. Lorsque l’on connaîtra les nouveaux taux, on saura quelles seront les économies réalisées. Nos crédits législatifs varieront en fonction de ces nouveaux taux qui, comme je l’ai souligné, nous seront communiqués en temps et lieu.
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Outre les demandes supplémentaires pour les besoins particuliers de certains députés, on parle d’un peu plus de 7 millions de dollars en économie, plus les crédits reportés.
Depuis 1995, nous avons une politique qui permet aux députés de reporter leurs coûts de régie interne. On sait qu’il y aura des crédits reportés, mais on ignore combien. Sur le plan comptable, on calcule les crédits non utilisés dans le budget de l’exercice au cours duquel ils n’ont pas été dépensés, puis on les reporte dans le Budget supplémentaire des dépenses de l’exercice suivant.
Par exemple, s’il vous reste 10 000 $ dans votre budget de bureau de député, aux fins de comptabilité, vous allez reporter ces crédits, ce qui signifie qu’ils seront réaffectés. C’est ce qui explique le 1,5 million. En réalité, c’est beaucoup moins que les 8 millions de dollars en fonds reportés, car il faut tenir compte des économies de 7 millions réalisées en vertu de l’ÉB, tant du côté de l’administration de la Chambre que des députés.
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Nous avons déjà commencé à voir des économies dans le budget pour les frais de déplacement des députés. Ce poste se trouve dans le crédit législatif, car c'est quelque chose qui est alloué aux députés en vertu des textes législatifs.
L'an dernier, dans le laps de temps de la Chambre des communes, il y avait, dans le crédit législatif, des économies d'environ 3,6 millions de dollars pour les frais de déplacement. C'est une combinaison de deux choses: premièrement, les laissez-passer aériens; deuxièmement, le fait que les députés ont commencé à voyager un peu moins. Une élection a eu lieu l'année dernière, alors cela aussi a eu un effet sur les budgets.
On remarque que la même tendance se poursuit cette année. Lorsqu'on examine le crédit législatif pour les frais de déplacement, on observe également des économies cette année. Cela est principalement dû au fait que les députés utilisent leurs laissez-passer aériens à raison de 20 p. 100 environ. Comme vous le savez, cela sera obligatoire pour tout le monde à compter du 1er avril 2013. Toutefois, certains ont déjà commencé à utiliser ces laissez-passer, et les économies sont considérables.
L'objectif, si on se rappelle l'examen stratégique, était d'économiser un montant d'environ 5 millions de dollars en utilisant ces laissez-passer, et on croit être capable de l'atteindre.
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C'est le sergent d'armes, pour des péchés qu'il a commis dans une autre vie, qui est responsable des autobus. C'est à lui que revient la joyeuse tâche d'essayer de programmer les autobus de manière à faire plus ou moins plaisir à tous.
Le service étudie régulièrement les circuits et l'achalandage des autobus, ainsi que le temps nécessaire pour se rendre d'un endroit à l'autre. Monsieur le Président, sauf le respect de M. Lamoureux, l'un des défis liés à la gestion, c'est qu'il faut donner aux conducteurs d'autobus des instructions qui cadrent avec les exigences en matière de santé et de sécurité.
Les députés se fâchent parfois parce qu'ils veulent descendre quelque part ou parce que c'est plus facile de prendre un autobus parce qu'il est là et de dévier du circuit, mais en toute justice pour les conducteurs d'autobus, ils ont un circuit très précis à suivre et ils n'ont pas le droit de le modifier.
Je comprends que tard le soir, quand il n'y a personne d'autre dans l'autobus, cela donne le genre de frustration que vous avez peut-être ressentie. Parfois, les députés veulent descendre parce que c'est plus pratique et parce qu'ils ont d'autres choses à faire. Pour être juste envers les conducteurs, nous pensons qu'il est plus facile de leur donner un circuit fixe qui répondra, nous l'espérons, aux besoins d'un grand nombre de personnes la plupart du temps, mais s'il y a des sources d'irritation particulières... Les députés ne se gênent pas pour rendre visite au sergent d'armes. Il est tout près de vous tous les jours, juste derrière vous. Je pourrais vous voir lui parler.
Très souvent, les députés signalent des anomalies causées, disons, par le fait que les comités se réunissent beaucoup dans différents édifices. Les responsables des transports adaptent leurs services. Ils réagissent aux tendances et aux nouvelles situations. C'est parfois plus difficile de régler les cas isolés.
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Merci, monsieur le président. Merci aux témoins d'être ici aujourd'hui. Vos commentaires m'ont beaucoup aidé à comprendre le report de fonds et les réductions liées à l'examen stratégique et fonctionnel.
À la page 3 de votre mémoire, votre premier point porte sur la réduction des budgets des agents supérieurs de la Chambre. Un commentaire a attiré mon attention; vous avez parlé de la réduction de l'impression des publications parlementaires.
Je pense que nous recevons tous beaucoup de publications à nos bureaux. Nous trouvons souvent de grandes piles de documents dans les vestibules. Le document le plus récent qui me vient à l'esprit — et ce n'est pas un reproche —, c'est le rapport Cohen. Nous avons un grand nombre de boîtes qui contiennent ce rapport. Je me rassure un peu en me disant que je mets les documents au recyclage, mais il reste que les coûts d'impression de ces publications sont importants.
Qui décide combien... en fait, je n'ai pas besoin de savoir qui, mais pouvons-nous réduire quelque peu le nombre de publications imprimées? La plupart d'entre nous utilisent maintenant les versions en ligne. Il me semble qu'il y a encore un énorme gaspillage.
Je ne suis pas critique, mais je me demande comment nous pouvons réduire davantage le gaspillage, parce que toutes sortes de publications se retrouvent au recyclage. Oui, les documents sont recyclés, mais les coûts d'impression sont colossaux.
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Dans l'exercice de l'examen stratégique, nous avons ciblé quatre éléments: l'attrition, les postes qui étaient vacants ou que nous allions pouvoir éliminer par la réduction des initiatives que nous devions poursuivre, les efficacités opérationnelles et les réductions de budgets. Les réductions de budgets se sont faites surtout à des endroits où nous avions remarqué que les budgets qui nous étaient alloués n'étaient pas utilisés complètement. Nous avons donc proposé des réductions à ces éléments.
Puis, nous avons déterminé que, suivant ces options pour l'Administration de la Chambre, nous allions économiser environ 13 millions de dollars pour les trois prochaines années. Pour l'initiative de l'attrition et des postes vacants, nous allons économiser environ 1,7 million de dollars cette année. En réduisant des postes déjà pourvus du fait que nous changeons l'envergure des initiatives, nous économiserons environ 300 000 $. Pour ce qui est des efficiences opérationnelles, les économies sont d'environ 600 000 $. Dans le cas des réductions de budgets, c'est environ 1 million de dollars pour cette année. Pour l'Administration de la Chambre, cela totalise environ 3,7 millions de dollars.
Parmi les initiatives qui font partie de cet examen stratégique, l'attrition et les postes vacants représentent l'élément le plus important pour cette année. Les chefs de service ont vraiment examiné leur organisation et déterminé quels postes pourraient ne pas être pourvus et lesquels pourraient être abandonnés de façon permanente, si on veut, pour atteindre les objectifs établis. C'est le poste le plus important à l'intérieur de cet élément.
Le deuxième poste en importance, ce sont les réductions de budgets. Après une analyse approfondie des budgets, nous avons vraiment regardé où il y avait une sous-utilisation des budgets sur une base systématique, au fil des années, et où nous pourrions proposer des réductions de budgets. C'est ce que nous avons fait pour ces postes budgétaires.
Comme je l'ai dit un peu plus tôt, monsieur le président, dans les 3,629 millions de dollars que nous économisons cette année, environ 1,8 million — 1,752 million — concerne l'attrition et les postes vacants, comme le député l'a mentionné.
Un autre million de dollars vient des réductions budgétaires. Après l'analyse de nos budgets et l'examen de la sous-utilisation constante ou importante des budgets au fil des ans, nous avons établi que nous pouvions continuer de travailler avec des budgets réduits. C'est un autre million de dollars. Ça représente 2,8 millions sur les 3,6 millions de dollars cette année.
À part l'attrition ou les retraites, des employés sont concernés par des services que nous avons décidé d'éliminer. Le réaménagement des effectifs est très modeste cette année, mais il permet néanmoins d'économiser environ 255 000 $.
Concernant les gains d'efficience fonctionnelle et la transformation de la prestation des services, les montants s'élèvent à environ 580 000 $ cette année. C'est une petite partie des 3,8 millions.
Un certain nombre de mesures concernent des impressions dont nous avons parlé. Nous prévoyons qu'au cours de l'exercice, nous allons facilement réduire les coûts d'impression de plus d'un million de dollars. Nous avons fait des progrès, et les chiffres le montrent. L'accès accru aux documents électroniques et la réduction des copies papier font partie des mesures que nous prenons.
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Pour répondre à M. Lukiwski, monsieur le président, l'essentiel du budget de l'administration sert à payer les salaires, comme Mark l'a dit. Concernant l'attrition et les postes vacants que nous pouvons supprimer pour réaliser des économies, nous faisons très attention de ne pas réduire les services aux députés.
La transformation signifie entre autres que la prestation des services sera différente. Par exemple, nous réduisons le fardeau de tous grâce au portail financier des députés.
Je demande aux gens d'examiner les services que nous pourrions fournir ou le travail que nous pourrions faire parce qu'il en a toujours été ainsi. Peut-il en être autrement? Nous n'effectuons pas des examens fréquents de nos programmes, comme le font les ministères ou les organismes. Il y a diverses façons d'y arriver. Par exemple, nous pouvons réduire les impressions. Comme Mark l'a dit, c'est très important.
Il faut savoir que la transformation pour obtenir, par exemple, le portail financier des députés, exige un investissement initial dans les TI. Je ne veux pas que les députés soient déçus en fin de compte. Nous devons aussi nous occuper de la maintenance.
J'anticipe un peu les besoins. Concernant les projets de rénovations de ces merveilleux édifices qui nous enthousiasment beaucoup, l'Internet et TPSGC qui va remettre les clés au Président, nous devenons responsables de l'entretien. Par exemple, les systèmes de sécurité à carte magnétique dans les bureaux de l'édifice La Promenade entraîneront des coûts de maintenance supplémentaires, parce que ces coûts seront transférés dans notre budget.
Nous devons tenir compte de tels facteurs et, bien sûr, des 30 députés, compte tenu de la Loi sur la représentation équitable.
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Mesdames et messieurs, la séance reprend.
C'est toujours agréable de voir que mes propres collègues ignorent mes coups de maillet.
Merci beaucoup. Nous avons une deuxième heure de séance devant nous, et j'aimerais que nous commencions tout de suite.
C'est avec grand plaisir que le comité reçoit M. Kingsley de nouveau. C'est probablement la cinquième fois que je vous croise à une séance du comité. Votre présence est toujours très appréciée.
Vous savez que nous étudions le projet de loi . Vous m'avez dit que vous aviez suivi une partie de l'étude et que vous aviez peut-être quelques suggestions à nous faire, ou à tout le moins quelques idées à nous transmettre.
Je vous laisse faire votre introduction, et nous passerons ensuite aux questions.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
[Français]
Monsieur le président, chers membres du comité, comparaître devant ce comité est toujours pour moi un grand plaisir. Je vois qu'il y a une continuité, et du côté de la présidence, et du côté de certains membres.
J'ai eu l'occasion de parcourir le projet de loi , principalement ses objectifs, ainsi que les témoignages du directeur général des élections et des représentants de l'Association des banquiers canadiens. Mes remarques liminaires ne vont durer qu'environ huit ou neuf minutes. J'aimerais rappeler que le système canadien, le système québécois de contrôle des fonds, fait du Canada, du Québec, un chef de file mondial en matière de contrôle de l'argent.
Le Canada a compris il y a longtemps que si le système ne contrôlait pas l'argent, l'argent pouvait facilement contrôler le système. Il est important de se rappeler que vous êtes en train d'étudier ce que j'appellerais les points les plus raffinés du contrôle de l'argent. Nous ne faisons pas face à des scandales absolument atroces, mais il est très important de régler les problèmes qui peuvent surgir à cause des définitions actuelles.
J'ai bien aimé l'analogie qu'a faite un des membres du comité, à savoir que l'argent est comme l'eau, en ce sens qu'il peut pénétrer dans toutes les crevasses. Il cherche à égaliser, mais vers le bas. J'ai déjà dit que la plus petite crevasse permettait éventuellement à un camion de la firme Garda ou de la Brink's de passer. Il est donc très important de s'assurer qu'il n'y a pas de brèche.
Je partage les préoccupations émises par le directeur général des élections concernant la complexité du régime proposé ainsi que celles concernant certains éléments sur lesquels vous pourriez porter votre attention. Je suis d'accord sur la nécessité d'une transparence entière et de rapports cycliques qui seraient rendus publics. Je suis aussi d'accord sur le fait que seules les institutions financières devraient pouvoir accorder des prêts. C'est d'ailleurs la recommandation que j'avais faite avant de quitter mon poste en 2007.
[Traduction]
Deux options s'offrent à nous.
Si le prêt n'a pas été remboursé par l'agent à la fin de la période de trois ans, l'association de circonscription serait tenue de le payer. Si l'association de circonscription ne peut pas le faire, ce serait au parti de rembourser le prêt. Cela signifie évidemment que le parti voudra peut-être avoir son mot à dire, mais ce sera aux partis de décider des rouages internes. Cela inciterait certainement les gens à être plus responsables à l'égard des prêts qu'ils contractent.
Il y aurait aussi la possibilité de permettre les prêts aux candidats à l'investiture, encore une fois de la part d'institutions financières seulement, jusqu'à concurrence d'un montant approuvé par le parti pour une période de trois ans, en tenant compte du fait que les partis n'ont pas de plafond de dépenses. Il n'y aucun plafond prescrit par la loi. Les partis sont libres d'établir leurs propres plafonds de dépenses. Évidemment, la logique veut que si au bout de trois ans le prêt n'est pas remboursé, c'est au parti de le payer. Encore là, cela permettrait de rendre le processus plus raisonnable.
Je note également que les représentants de l'association des banquiers ont indiqué dans leur témoignage que les prêts s'appuieraient sur des critères économiques. Les banques prêteraient de l'argent en fonction de la capacité de l'emprunteur de rembourser le prêt, et à condition que ce soit rentable pour elles. C'est très rassurant selon moi, car aucune raison politique ne pourrait être invoquée pour refuser un prêt. Cela répond aux préoccupations exprimées par M. Reid concernant les candidats indépendants et les candidats de partis moins connus ou plus marginaux qui véhiculent des idées n'étant pas encore très populaires.
Ces mesures auraient pour résultat de mettre fin à la dette. Elle serait rayée du grand livre. Les députés n'auraient plus de lien avec la dette. Il n'y aurait plus d'abus d'influence, réel ou potentiel, ni apparence d'abus pour le public. Le D.G.E. — le directeur général des élections — et les tribunaux n'auraient plus à intervenir pour proroger les délais de ce système très complexe. Ce serait simple à administrer, et les partis et les associations de circonscription auraient suffisamment de contrôle sur le processus pour inculquer un sens des responsabilités aux personnes concernées.
En résumé, monsieur, c'est la proposition que je fais au comité pour entamer la discussion. Je précise qu'il s'agit d'une simple proposition, et pas d'une recommandation.
Le but du projet de loi , à mon avis, est de prévenir tout abus d'influence réel, apparent ou potentiel sur un député ou un chef de parti par l'entremise de prêts.
On essaie essentiellement d'éliminer la possibilité d'excéder la contribution maximale par des moyens détournés. J'ai pensé vous proposer un système tout simple, car plus un système est complexe, plus il est facile de s'y emmêler, pour reprendre l'idée de quelqu'un que la plupart d'entre nous connaissent bien.
Comme je le disais tout à l'heure, je crois que seules les institutions financières devraient financer des partis, des candidats ou toute émanation de la sphère politique, et c'est d'ailleurs l'intention du projet de loi. Les conditions devraient être rendues publiques, et le plus rapidement possible. J'ai rayé le terme « immédiatement » dans mes notes, car je pense que « le plus rapidement possible » est peut-être plus approprié.
Je vais vous proposer deux grands axes, en étant conscient qu'ils seront peut-être bien balayés du revers de la main. J'espère toutefois que vous garderez en tête que je n'ai pas eu à traiter avec cette loi en particulier depuis cinq ans maintenant.
Je suggère que les prêts consentis aux candidats à l'investiture et aux candidats — par les institutions financières uniquement — soient limités à un montant approuvé par l'association de circonscription, et seulement pour le maximum de trois ans dont il est question. Le montant maximal pourrait correspondre à un pourcentage du plafond de dépenses électorales, et être établi en fonction des conditions de l'association de circonscription, pour qu'elle ait son mot à dire.
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Pour faire honneur à toute la bienveillance dont vous avez été témoin, je crois que je vais garder mes questions concernant votre système pour le deuxième tour, ou au moins attendre que mes collègues aient pu entamer ce premier tour.
J'aimerais revenir sur quelques-unes des propositions concrètes du projet de loi qui posent certaines difficultés. Je doute que votre système puisse les résoudre, car elles portent sur les garanties, les prêts et les contributions, les plafonds à respecter et la façon dont toutes ces choses sont interreliées.
Une des principales particularités du projet de loi est qu'on part de la limite d'environ 1 200 $ prévue par la loi déjà. On dit essentiellement qu'un particulier ne peut pas verser plus de 1 200 $ par année en garanties, en prêts ou en contributions, ou les trois.
M. Mayrand nous a dit que ce serait infaisable. Il serait trop difficile d'avoir à déterminer constamment si un prêt bancaire a été remboursé, et donc les garanties pourraient être libérées sans que les prêts aient nécessairement été remboursés, entre autres choses. Il a proposé une sorte de séparation, de façon à ce qu'il y ait deux axes. Si j'ai bien compris, les prêts et les contributions iraient dans l'un, et les garanties dans l'autre, de sorte qu'il serait possible de verser jusqu'à concurrence de 1 200 $ par année financière en prêts ou en contributions, ou encore garantir un prêt bancaire d'un montant maximal de 1 200 $ par année.
Je me demandais si vous aviez réfléchi à ce témoignage. Il a affirmé en fait qu'il s'agissait du seul élément absolument essentiel au point de vue de la faisabilité. Il avait d'autres réserves, mais il a insisté sur ce point. Avez-vous des commentaires à ce sujet?
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Je voulais simplement m'assurer d'avoir bien compris.
Une chose m'inquiète, et c'est peut-être un élément auquel vous n'avez pas pensé, mais c'est déjà arrivé. Il arrive parfois que les dirigeants du conseil d'administration de l'association de circonscription aient un favori parmi les candidats.
Prenons par exemple ma circonscription, pas au niveau fédéral, mais au niveau provincial. En 2007, le fils du président de l'association de circonscription s'est présenté à la chefferie, mais n'a pas gagné l'élection. C'est un dénommé Randy Hillier qui a été élu, et qui est maintenant député provincial dans cette circonscription. L'association a alors refusé de financer son candidat, dans l'espoir, on présume, qu'il soit défait, de façon à ce que le fils, Jay Brennan, ait une deuxième chance de se faire élire.
La situation a fini par se rétablir, mais avant que les choses ne se règlent, il semblait clair qu'il allait devoir mener une campagne sans fonds, même si l'association avait largement les moyens de le financer. J'avais donc entrepris de lui trouver des prêts pour le remettre à flot.
Ce serait impossible, n'est-ce pas? Ai-je raison de croire qu'il faudrait avoir l'autorisation de l'association de circonscription, lui donnant totalement mainmise sur sa capacité de financer quoi que ce soit?
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Oui, ce serait très utile. Je pense que cette garantie permettrait de surmonter le genre de problème qui peut survenir à l'échelle locale.
Il va sans dire que les associations de circonscription et les partis ont pour but de faire élire la personne qui a remporté l'investiture. Ce devrait être leur rôle.
J'ai soulevé un problème à la dernière réunion. Vous en avez parlé un peu, mais j'aimerais savoir ce que vous en pensez. Quelle que soit la circonscription, certains partis sont pratiquement assurés d'obtenir plus de 10 p. 100 des votes et d'autres, pas. Bien entendu, la politique est imprévisible, et certains membres de notre comité ne s'attendaient pas à obtenir plus de 10 p. 100 des sièges et à devenir députés. Ils ont été élus sans avoir reçu de fonds, mais le financement peut contribuer au lancement d'une campagne couronnée de succès.
Lorsqu'une personne consent un prêt commercial, elle doit tenir compte des risques. Il serait difficile pour une institution, surtout si elle doit utiliser les taux commerciaux et prouver qu'ils sont appliqués, de ne pas finir par mettre en place des critères qui l'amèneraient à accorder des prêts à différents candidats, à différents taux. Je pense qu'après coup, malgré la meilleure volonté dont les institutions font vraisemblablement preuve, bien des gens pourraient penser que l'on fait du favoritisme, à tel point que si je dirigeais une institution financière, je donnerais la directive de ne pas accorder de prêt, car je ne voudrais pas subir les conséquences de la présomption de favoritisme dans le système politique, quoique possiblement invalide.
Avez-vous des observations à faire à ce sujet?
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De toute évidence, si l'association de circonscription offre une garantie, on fera pression sur le candidat pour qu'il obtienne les fonds et les contributions jusqu'à concurrence du montant maximal permis. C'est essentiellement comment les choses fonctionnent et comment je les perçois. Voilà pour cet aspect.
Si le candidat n'y arrive pas — s'il ne peut pas amasser les fonds nécessaires dans un délai de trois ans —, l'association de circonscription est alors responsable de rembourser le prêt. Si l'association ne peut pas payer, le parti doit débourser les fonds nécessaires, ce qui fait en sorte de dissiper la perception voulant qu'on exerce une influence indue.
J'aurais dû dire que lorsque je dirigeais le régime de gestion des conflits d'intérêts pour le Cabinet de M. Mulroney, les prêts étaient la bête noire. C'était l'une des questions les plus difficiles à régler. Les gens ne pensent pas que les prêts peuvent les placer en situation de conflits d'intérêts. On déteste les prêts et on dit vouloir s'en débarrasser, mais dans l'esprit de la population, cela crée un problème.
Par conséquent, nous essayons de délaisser les prêts, et des pressions seront donc exercées en ce sens. L'association de circonscription voudra intervenir et aider à amasser l'argent, car elle ne voudra pas être obligée de payer. C'est la raison pour laquelle j'ai dit que cette proposition serait beaucoup plus raisonnable en ce qui concerne les prêts et ne tiendrait pas seulement compte du point de vue des banques ou des institutions financières sur la capacité d'être remboursées. En ajoutant un autre jugement, quelqu'un d'autre devra prendre le relais et s'assurer que le garant n'est pas une personne avec qui nous pourrions être en conflit d'intérêts et qu'il n'y a pas apparence de favoritisme. Nous avons ensuite mis en place un système de contrepoids, ce qui ferait disparaître le problème que vous tentez d'éliminer.
Merci encore, monsieur Kingsley, d'être des nôtres.
Je veux revenir sur le projet de loi et connaître votre avis sur certains éléments qu'il contient.
L'un des problèmes récurrents que nous avons constaté dans le cadre de la campagne à la direction du Parti libéral en 2006, par exemple, c'est que certains candidats ont des prêts en souffrance. Je pense qu'ils s'élèvent au total à plus de 400 000 $. Je pense que certaines dispositions contenues dans le projet de loi contribueraient grandement à empêcher que ce genre de situation se reproduise, surtout étant donné que, comme vous l'avez mentionné, des prêts ne pourraient être accordés que par l'entremise d'institutions financières.
Le problème que nous relevons maintenant avec les prêts non remboursés, c'est qu'ils deviendront des contributions présumées, étant donné que les prêts ont été contractés il y a de cela six ans dans certains cas. Si un parti devait endosser un prêt consenti par une institution financière au moyen d'un contrat légal, il serait difficile pour un parti ou une association de circonscription de se soustraire au remboursement puisqu'il y aurait des conséquences. Puisque le projet de loi n'a pas encore été adopté, il y a encore cette échappatoire dans le régime actuel.
Le projet de loi compte-t-il suffisamment de mesures préventives pour empêcher qu'une situation comme celle que nous avons vue en 2006 se reproduise? Votre suggestion va plus loin. Vous proposez que le parti se porte garant, ce qui n'est pas prévu dans le projet de loi . Selon vous, le projet de loi renferme-t-il suffisamment de dispositions pour empêcher qu'une situation comme celle dont nous avons été témoins en 2006 se reproduise?
:
Faites attention aux plaisanteries que vous faites, monsieur Kingsley. Cela pourrait avoir l'air d'un endossement plus tard.
J'ai une dernière question. Je veux revenir au projet de loi , que nous examinons en ce moment. Nous sommes disposés à l'étudier.
J'ai trouvé très intéressant lorsque vous avez dit que vous deviez prendre des décisions au sujet de l'octroi de prorogations, souvent sans renseignement, en présumant de la bonne foi de la personne qui demande la prorogation. M. Mayrand a également parlé des problèmes entourant le projet de loi. L'article 405.6 porte sur les circonstances dans lesquelles un montant non payé ne devient pas une contribution réputée — c'est une autre zone grise — après trois ans, si l'une des quatre situations suivantes survient.
L'une est que le prêt est assujetti à un accord exécutoire, ce qui signifie que vous avez pratiquement un nouveau prêt. Il y a également si le prêteur a déclaré la dette irrécouvrable.
Je pense que le témoin disait essentiellement que s'il devait assumer ces fonctions, il faudrait qu'il ait accès à plus de renseignements.
J'imagine que vous en conviendrez et que nous devrions envisager d'élaborer des exigences en matière d'information.
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En effet. C'est plus une observation qu'une question. Je vais donner suite à ce que M. Williamson disait.
Je trouve vos propositions fascinantes et, en grande partie, très réfléchies. J'ai l'impression que c'est une situation qui risque de ne jamais survenir, mais il y a une possibilité, comme disait John.
Dans le cadre d'une course à la direction, un candidat frivole qui n'est normalement pas admissible à un prêt bancaire en raison de ses propres actifs pourrait s'adresser à une institution financière et dire: « Je veux 50 000 $ pour me lancer dans la course, et ne vous inquiétez pas pour l'argent. Je sais que je suis sans le sou, mais le parti paiera la note. Il a 10 millions de dollars à la banque. Il va m'endosser. » Je pense que cela peut comporter des risques.
Je ne sais pas si vous souhaitez intervenir à ce sujet, mais c'est certainement quelque chose auquel je veux réfléchir.