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Oui. J'aimerais revenir sur ce que j'ai dit à M. Lamoureux.
J'apprécie l'amendement que vous proposez, monsieur Lamoureux, mais je ne crois pas que la motion originale soit si compliquée, même pour un petit caucus, comme le caucus libéral qui siège à ce comité — ou d'autres comités où il n'y a peut-être qu'un seul représentant du Parti libéral. Les libéraux remplacent toujours un de leurs membres au comité par un autre ou par un de leurs porte-parole, selon le sujet abordé.
En ce qui a trait aux amendements à des projets de loi, je crois qu'il est toujours possible d'en proposer, même avec un seul représentant à un comité. Si votre caucus discute des projets de loi avant la tenue des débats — et je suis convaincu que c'est ce que vous faites, tout comme le NPD et nous —, ce qui se veut une pratique normale... Comme vous le savez, le leader parlementaire s'assure toujours que les partis de l'opposition sont informés des dates auxquelles des projets de loi seront présentés et de quand ils feront l'objet d'un débat. Ils ont donc la possibilité, en caucus, de discuter des projets de loi concernés et de préparer leur stratégie ou leur réaction. Ensuite se tient le débat. Ça ne change pas.
Donc, chaque fois que le gouvernement présentera un projet de loi, votre caucus aura amplement le temps de l'examiner et de décider s'il veut l'appuyer, le modifier ou le rejeter. Si un membre de votre caucus désire proposer un amendement, quel qu'il soit, à un projet de loi en particulier, parce que... Peu importe, il peut vous le transmettre à vous ou aux membres du comité concerné qui se chargeront de le présenter en leur nom ou le député en question peut siéger au comité concerné en tant que substitut. Même si plusieurs membres de votre caucus désirent proposer des amendements et qu'un seul député de votre caucus siège au comité concerné, ils peuvent tout de même faire présenter leurs amendements.
C'est la même chose pour le NPD. Quatre députés de leur caucus siègent à ce comité et je suis convaincu que leurs collègues peuvent siéger à ces comités en tant que substituts s'ils veulent proposer des amendements à certains projets de loi. Je comprends que vous voulez permettre à tous les députés de participer au processus, mais je crois que c'est déjà possible, sauf pour les indépendants.
Je reviens à ce que je disais plus tôt. Tous les caucus se réunissent pour discuter des projets de loi ministériels, non? C'est la raison pour laquelle nous vous informons à l'avance des dates auxquelles nous présenterons nos projets de loi. Lors de vos réunions du mercredi matin, le porte-parole concerné, j'imagine... J'ignore comment vous fonctionnez au sein de votre caucus, mais le projet de loi ministériel en question y est présenté, j'en suis certain. Quelqu'un présente un résumé de l'intention du projet de loi ainsi que l'analyse du porte-parole concerné ou du chef du parti. Des commentaires sont formulés et on recommande ensuite d'appuyer ou de rejeter le projet de loi.
J'aimerais aussi souligner une chose, notamment en ce qui concerne le NPD. J'admire la discipline qui existe au sein de votre caucus. Lorsque votre caucus prend sa décision, qu'il appuie ou qu'il rejette un projet de loi, tous vos membres votent en conséquence. Parfois, au sein de notre caucus, même si on nous accuse d'être dirigés de haut en bas ou on dit que nous ne pouvons pas nous exprimer librement, il arrive souvent que nos membres votent librement et divisent le vote. Je n'ai jamais vu cela au NPD. Comme je l'ai dit, j'admire cette discipline.
Ce que j'essaie de dire, c'est que peu importe la décision du caucus, celle-ci sera exprimée à chaque comité. Je ne vois pas comment il serait difficile pour vos membres de faire connaître leur point de vue, puisqu'il s'agit du point de vue du caucus. C'est ainsi depuis votre élection, en 2011. Vous parlez d'une seule voix.
Ce serait différent si les membres d'un caucus étaient vraiment libres de penser et de s'exprimer, comme vous le dites. Il pourrait alors y avoir un léger écart au sujet des politiques ministérielles ou du caucus. Mais ce n'est pas le cas pour votre caucus. C'est peut-être un peu plus difficile pour les libéraux étant donné qu'ils sont moins nombreux...
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Monsieur le président, j'avais les mêmes espoirs que vous lorsque vous avez remporté l'élection, mais c'est comme si vous aviez dit à la neuvième ronde que le lanceur allait terminer le match sans point ni coup sûr, alors qu'on se préoccupe des conséquences possibles. Quoi qu'il en soit, voici où nous en sommes. J'espère que vous comprendrez notre réticence et notre frustration, même, du fait d'être saisis d'une motion ayant une incidence pour l'ensemble des députés.
Nous attendons toujours deux précisions de la part des députés ministériels. J'ai écouté très attentivement les propos de Tom, et de Scott aussi. En fait, nous avons exprimé deux inquiétudes. La première porte sur notre compréhension, ou plutôt notre incompréhension des répercussions. À vrai dire, personne ne comprend non plus du côté des conservateurs, quoique ces députés semblent prêts à passer au vote sur une chose qu'ils saisissent mal, ce qui est bizarre. La deuxième se rapporte à votre empressement. Pourquoi cette panique? Pourquoi vouloir clore la question sur-le-champ et aujourd'hui même? Ni Tom ni Scott n'ont répondu le moindrement à ces préoccupations.
M. Christopherson, mon confrère, a fait certaines remarques au sujet de la réputation de M. Reid, et je partage son avis. Prenons simplement la tendance de Scott à se fonder sur des faits véridiques et à faire en sorte que le Parlement fonctionne rondement et travaille pour le bien de tous. Je sais par expérience qu'il se base très souvent sur des données probantes, provenant par exemple d'autres pays du Commonwealth et d'autres expériences, afin de comprendre les répercussions de toutes nos décisions. Il est très rigoureux, et j'admire beaucoup cette qualité chez lui.
Or, la motion dont nous sommes saisis va complètement à l'encontre de tout cela.
Nous avions aujourd'hui l'intention de présenter une motion au sujet des séances à huis clos, qui aurait fixé des règles empêchant les députés de se cacher du public dès que la discussion prend une tournure qu'ils n'apprécient guère. Pour l'amour du ciel, même les conseils scolaires et municipaux se soumettent à ces règles. On pourrait croire qu'ils sont capables de montrer l'exemple à la Chambre des communes.
Voici ce que j'ai à dire au sujet de la motion et des amendements dont nous sommes saisis. Il est des plus ironique et même « cynique » que, dans ses efforts pour améliorer la reddition de comptes, la transparence et la démocratie, le gouvernement choisisse une voie qui semble aller exactement à l'encontre des valeurs démocratiques en forçant l'adoption d'une motion sans preuve, ni argument, ni raison, à la hâte et à l'improviste.
Même si je m'attendais tout comme vous à traiter d'affaires courantes ordinaires en me présentant à la séance d'aujourd'hui, monsieur le président, les membres du comité ne peuvent absolument pas voter en toute conscience pour une motion dont ils ne comprennent pas les conséquences. Malgré que mon ami M. Lamoureux ait tenté d'améliorer le texte proposé à la sauvette, un effort toujours noble, il n'en demeure pas moins que nous ne saisissons pas les répercussions de la motion, même amendée. Nous avons demandé deux fois à la greffière de nous expliquer en quoi la motion modifiera la façon dont nous fonctionnons et quel est son lien avec les deux décisions du Président à la dernière session. Nous n'avons pas la moindre preuve à ce sujet. Sans cette information, c'est le comble de l'arrogance de prétendre que les membres du comité peuvent prédire quelles seront les répercussions de la motion sur la Chambre et sur la santé de notre démocratie, qui, comme nous pouvons tous l'admettre sans hésitation, a été durement ébranlée ces derniers mois et ces dernières années. Dire au public que nous améliorons les choses sans preuve, sans information et à la hâte, et lui dire que c'est la bonne façon de faire me semble pire que de jouer avec le feu.
J'aimerais revenir à la remarque de M. Christopherson, à savoir qu'il faut se demander quelle est la véritable intention derrière tout cela.
Pour être juste, monsieur le président, j'ai lu de bonne foi la motion initiale de M. Reid et l'amendement de M. Lamoureux. J'ai vraiment cherché à comprendre la signification du texte. La proposition facilite-t-elle notre travail à la Chambre? Qu'en est-il des comités et de notre rôle au sein de ceux-ci, puisque nous essayons continuellement d'améliorer les lois et le fonctionnement de la Chambre? Comment peut-on compenser, surtout pour les députés qui n'ont pas l'avantage d'appartenir à un parti officiellement reconnu à la Chambre des communes?
D'ailleurs, les députés indépendants sont de plus en plus nombreux, surtout avec ceux qui démissionnent ou qui sont expulsés des caucus, puis qui se joignent au mouvement indépendant de plus en plus important.
Cette fois-ci, les membres du comité autour de cette table ne pourront tout simplement pas dire à leurs électeurs qu'ils votent toujours en toute conscience et de façon complètement éclairée.
J'ai hâte d'entendre la réponse des conservateurs.
Nous avons posé deux questions bien précises. En ce qui concerne la motion que M. Reid a présentée aujourd'hui, qu'est-ce qui presse tant? Pourquoi veut-on éviter à ce point d'entendre les éléments de preuve de la Chambre des communes? Comment les membres du comité osent-ils prétendre faire leur travail de députés s'ils ne comprennent rien de ce sur quoi ils votent?
En deuxième lieu, quelle preuve avons-nous à ce stade-ci pour dire qu'il s'agit là d'une amélioration? Les membres du gouvernement prétendent-ils en savoir plus que le Président de la Chambre et que les personnes compétentes qui l'aident à en déchiffrer les règles? Je compte sur ces spécialistes pour l'administration du Parlement et pour des recommandations et des propositions. Les conservateurs n'ont toutefois rien fait de tel, à part émettre des hypothèses.
Monsieur le président, si nous nous attendions à ce que la session parte du bon pied, comme c'était mon cas, et à ce que nous travaillions à bâtir de grandes institutions démocratiques au sein du Parlement... Aujourd'hui, nous devions déposer une motion visant à modifier les règles qui encadrent les séances à huis clos et parler de l'étude sur les dépenses des députés que nous souhaitons aussi réaliser; voilà les deux sujets que nous devions aborder. Au contraire, nous sommes saisis d'une motion que les députés conservateurs eux-mêmes ne comprennent pas. Et on apprend maintenant que c'est urgent et que nous devons trancher la question sur-le-champ sans quoi des conséquences néfastes en découleront.
Comme quoi? Qu'y a-t-il de si grave pour le gouvernement d'ici jeudi? Il ne nous reste qu'à avancer des suppositions puisque les conservateurs gardent le silence ou cherchent des distractions en demandant si les caucus peuvent proposer des amendements ou non, et en parlant du travail des whips. À la place du gouvernement, je ferais bien attention avant de prêter une intention démocratique à ses députés et avant d'affirmer qu'ils peuvent s'exprimer librement à la Chambre, car nous savons que c'est complètement faux. Faites attention aux propos moralisateurs sur les excès de discipline en Chambre, quand on sait que M. Warawa et d'autres ont osé de façon radicale prendre la parole 60 secondes devant la Chambre sur un sujet qui leur tenait à coeur. La prudence s'impose.
Pour revenir à l'amendement, j'aimerais dire à mon ami M. Lamoureux que sa proposition est intéressante et améliore peut-être la motion. Or, nous en ignorons l'intention ou l'effet réel. Il est ridicule et insultant de prétendre que nous ne pouvons tout simplement pas laisser 48 heures aux députés pour délibérer avant de se prononcer sur la motion.
Je ne peux que mettre en doute l'intention derrière la motion. J'ai le plus grand respect pour M. Reid et son travail au sein du comité, mais la situation actuelle pourrait assurément ébranler sa crédibilité, en passant. Si la motion vise bel et bien à améliorer les choses, attendre au moins 48 heures ne causera certainement de tort à personne ici. Nous serions tous un peu rassurés de ne pas devoir voter aveuglément sur la motion, une pratique à laquelle tous les députés devraient s'opposer, quelle que soit leur allégeance politique.
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Merci, monsieur le président.
J'aimerais revenir sur la « solution » dont vous venez de parler. Nous sommes tout à fait d'accord.
Quiconque songe au début de la discussion constatera nécessairement que l'opposition, par son ton et son attitude, voulait un débat constructif. Nous avons posé des questions sérieuses et légitimes sur les répercussions de l'adoption de la motion. Nous avons fait appel à la personne ayant le plus d'autorité dans la salle après le président — à savoir la greffière —, et voici le conseil qu'elle a donné au président. M. Julian lui a demandé, par l'entremise de la présidence, quelles étaient les répercussions de la motion. À vrai dire, il a posé la même question au sujet de l'amendement. Dans les deux cas, la greffière a répondu ne pas pouvoir lui donner de réponse ferme sur-le-champ, mais qu'elle allait vérifier, et qu'elle serait ravie de nous répondre plus tard. C'est parfaitement logique. Personne ne demande de réponse ferme. Voilà pourquoi le Président lui-même veut souvent avoir un peu de temps pour réfléchir aux questions. Il invite son intervenant à poursuivre en lui disant que la réponse suivra plus tard.
La greffière a une excellente raison de demander un sursis. Compte tenu de son excellente réputation, la dernière chose à faire serait de donner le premier conseil qui lui vient à l'esprit pour bien paraître, puis de se rendre compte plus tard qu'elle s'est trompée. Ce serait un cauchemar procédural, et il faudrait tout reprendre du début. De tels conseils de greffiers ont d'importantes répercussions.
Qu'a fait la greffière du comité le plus important qui soit, sans doute — assurément le plus important du côté des affaires du Parlement? Qu'a dit la greffière la plus importante? Qu'elle a besoin d'un peu de temps pour donner aux membres du comité la réponse dont ils ont besoin et qu'ils méritent. Ce sont mes mots.
C'est fort raisonnable. Toute personne raisonnable qui suit nos délibérations doit se dire que si le gouvernement voulait sérieusement ouvrir une discussion intelligente et mature sur la modification du processus législatif canadien, il serait tout à fait disposé à attendre au moins 72 heures pour que les caucus y réfléchissent, et pour que la greffière ait le temps de donner son interprétation et sa réponse. Mon leader parlementaire a souligné que cela n'aurait aucun effet défavorable. À vrai dire, rien n'arrivera si nous n'adoptons pas la motion avant jeudi. Attendre jusqu'à jeudi ne causera pas le moindre tort, c'est garanti. Mon leader parlementaire l'a expliqué. Or, je n'ai entendu aucun député conservateur réfuter cet argument.
En revanche, mon collègue M. Julian et mon whip ont fait valoir que la modification pourrait entraîner de graves conséquences, et possiblement même des conséquences involontaires. C'est peut-être justement l'intention de la motion; nous l'ignorons. Puisque le gouvernement n'entend pas raison, monsieur le président, et qu'il nous refuse un temps de réflexion et des conseils d'experts, nous devons en conclure qu'il nous soumet à la tyrannie de sa majorité et qu'il va faire adopter sa motion à toute vitesse. Les conservateurs en connaissent les conséquences exactes et savent précisément ce qu'ils font. Mais comme je l'ai dit tout à l'heure, ils sont prêts à essuyer un bilan négatif à cause de leur comportement antidémocratique si leur motion peut être adoptée rapidement, car ils se disent que c'est toujours mieux que de laisser aller la situation intenable dans laquelle ils se trouvent actuellement. Voilà la seule conclusion que nous puissions en tirer.
Si quelqu'un d'une grande crédibilité comme M. Lukiwski veut prendre la parole pour me dire: « C'est faux, Dave, vous faites fausse route. Bien sûr que nous sommes prêts à prendre le temps d'examiner le tout... » Je veux bien lui céder la parole — je dois peser mes mots — pour qu'il le fasse. Mais personne n'intervient, monsieur le président. Les députés sont assis là à ne rien dire. Ils ne font rien pour me signaler que j'ai tort. Tom, vous ne me dites pas que je me trompe. Tout ce qu'il faut, c'est que Tom hoche légèrement la tête pour me signifier qu'il m'accordera bel et bien deux jours de plus, que ce n'est pas un problème. Mais en vain. C'est le silence. Voilà ce que nous entendons en face: un silence total.
Une voix: Un ange passe.
M. David Christopherson: Un ange? Peut-être en 2015.
Aussi, aucun argument crédible n'a été avancé sur la raison pour laquelle il faudrait trancher sur-le-champ. Personne n'a répondu à notre explication voulant que l'attente ne cause pas le moindre tort au Parlement, alors que la motion pourrait avoir des répercussions désastreuses. Suis-je en train de dire que c'est ce qui arrivera et que le ciel va nous tomber sur la tête? Non, mais ni moi ni les députés conservateurs ne peuvent garantir que tout ira bien, car nous n'avons pas reçu les conseils d'expert de la greffière.
Je vois M. MacKenzie qui regarde sa montre, mécontent d'être retenu plus tard que prévu. Nous nous excusons sincèrement de vous déranger, monsieur...
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Je savais que vous n'alliez pas me mettre de bâton dans les roues étant donné la stratégie évidente que j'utilise actuellement. Si vous voulez prendre plus de temps, Tom, je peux vous laisser la parole. Je pourrai ainsi parvenir à mes fins tout en prenant une gorgée de café.
J'ai oublié où j'en étais. Je devrai peut-être répéter une partie de ce que j'ai dit pour me retrouver, mais je suis persuadé que le président m'éclairera pour éviter que je ne revienne en arrière. Il est attentif, comme toujours. Il est un président très respectueux, et c'est pourquoi il a remporté l'élection à l'unanimité. Je tiens à rappeler à mon leader parlementaire qui se trouve à mes côtés que le président a été élu à l'unanimité. Il était même le seul candidat, ce qui démontre que les membres du comité privilégient la bonne gouvernance. Si vous me le permettez, monsieur le président, c'est justement ce à quoi les Canadiens s'attendent de notre comité, tout comme le Parlement.
Notre comité est sérieux. C'est le comité dans lequel les membres devraient laisser toute mesquinerie de côté. Si on y fait de la politique, il devrait au moins s'agir du nec plus ultra dans le domaine, de la crème de la crème. Pas de jeux, pas de pertes de temps. Pourtant, voyez où nous en sommes aujourd'hui.
Nous sommes saisis de la motion d'un député fort respecté, un des plus expérimentés, et j'invite tous ceux qui nous écoutent à revoir l'attitude que nous avions en début de séance. Nous ne sommes pas arrivés ici armés jusqu'aux dents et prêts à nous attaquer à tout ce que le gouvernement allait proposer. Nous n'avions pas cette attitude. Nous pensions tous être ici une heure pour régler des affaires courantes et veiller à ce que tout fonctionne bien. Nous pensions planifier les travaux de la prochaine séance, puis partir sans problème. Il y aurait pu y avoir de petites discussions ici et là sur quelques enjeux mineurs, monsieur le président, mais certainement rien pour nous détourner du sujet ou nous empêcher d'atteindre l'objectif du comité, qui était de clore la séance il y a 10 minutes.
Or, ce n'est vraiment pas ainsi que les choses se sont passées, monsieur le président. Apparemment, c'est plutôt l'inverse qui se produit.
Le gouvernement a voulu détourner l'attention du Sénat et des autres enjeux qu'il ne supporte pas. Nous aimerions nous aussi changer de sujet et parler de véritables activités parlementaires positives. Il y aura des affrontements, des jeux politiques et tout le reste, mais au moins, les choses progresseront dans le respect.
Nous sommes au Canada, un pays où les gens se respectent les uns les autres. Pourtant, le gouvernement nous manque singulièrement de respect ici. Un député du gouvernement majoritaire ne respecte pas les parlementaires lorsqu'il dépose devant le Comité permanent de la procédure et des affaires de la Chambre une motion qui change la procédure législative au pays sans même accorder un sursis de deux jours pour que la greffière puisse répondre aux principales questions de l'opposition officielle et des autres membres de l'opposition.
C'est un total manque de respect. À vrai dire, c'est irrespectueux à l'égard du Parlement, et des Canadiens aussi.
Le gouvernement cherche actuellement... Il faut comprendre que la motion du gouvernement changera la procédure législative d'un pays du G7, et que les conservateurs ne laisseront pas même deux jours à la greffière du comité pour poser des questions d'une importance capitale sur les effets, les répercussions, et peut-être même les conséquences imprévues de la motion. Monsieur le président, le fait que le gouvernement n'accède même pas à cette demande nous en dit long sur son manque de respect à l'égard de l'option des autres députés, sans parler d'un bon processus législatif.
Nous n'en tirons aucun avantage. Nous sommes tous occupés. Nous avions également des stratégies, et vous aussi. Ce n'est pas ce que nous voulions faire. Nous avions nous aussi des plans cet après-midi, comme tout le monde, tant individuellement qu'en caucus. Nous avions des choses à régler. Là n'était pas notre objectif. À vrai dire, nous voulions plutôt nous en tenir à ce que nous avions prévu pour aujourd'hui. Cela nous convenait, mais à la place, tout est bouleversé. Tout le processus parlementaire est paralysé puisque nous ne pouvons pas proposer les motions parlementaires auxquelles les Canadiens s'attendent, et nos collègues aussi.
Tous les députés, monsieur le président, sont prêts à se mettre au travail. Ils sont prêts à se rendre dans leurs comités, mais ils ne peuvent rien faire tant que notre comité ne fait pas son travail. Et nous ne pouvons pas le faire, car le gouvernement a présenté cette motion et n'a aucunement démontré qu'il était prêt à agir de façon raisonnable, équitable ou même intelligente, à mon avis, en ce qui concerne l'adoption des motions. Monsieur le président, lorsque la greffière n'a pas pu répondre, je n'ai vu aucun député ministériel... Puisque la motion a été présentée par les députés ministériels, nous pouvons seulement présumer, étant donné qu'ils votent et se taisent en bloc, qu'il s'agit d'une motion du gouvernement. La motion vient autant du CPM que de M. Reid.
En ce moment, tous les travaux du Parlement sont suspendus. Nous voulons seulement obtenir des renseignements de la greffière. Est-ce qu'un député ministériel est intervenu en disant qu'il pouvait fournir des réponses à M. Julian si le président le lui permettait, et qu'il avait mené des recherches ou qu'il pouvait fournir des documents ou donner son avis? Même la personne qui a présenté la motion ne donne aucune information à cet égard.
M. Peter Julian: Ils n'ont pas les réponses.
M. David Christopherson: Selon M. Julian, ils n'ont pas les réponses, et je crois qu'il a parfaitement raison.
C'est la raison pour laquelle tous ces députés ministériels doivent se préparer à répondre aux questions des médias — et à celles de leurs électeurs — et expliquer pourquoi ils sont prêts à modifier la façon dont nous créons des lois au Canada sans même laisser la greffière énumérer les répercussions que ce changement pourrait engendrer. C'est une disgrâce.
Le gouvernement croit-il vraiment que cela va fonctionner? Il n'obtiendra pas cette motion aujourd'hui. Notre comité n'est pas totalement dépourvu de moyens. Il est seulement honteux que nous soyons forcés d'agir ainsi, étant donné que les actions du gouvernement empêchent le reste des députés de faire leur travail.
Le gouvernement parle de gaspillage d'argent. Si cette réunion se termine sans que nous adoptions d'autres motions, ce sera un énorme gaspillage d'argent, car les travaux du comité ne seront pas effectués. Toute cette capacité est gaspillée. Le personnel est ici. Le travail est fait. Nous savons tous que le Canada a assez de projets de loi et d'enjeux pour nous tenir occupés. L'opposition officielle n'a-t-elle pas assez de problèmes et d'enjeux dont elle devrait s'occuper, au lieu de devoir passer son temps à se battre contre une motion non démocratique présentée par le gouvernement — et ce dernier est d'ailleurs prêt à la faire adopter de force —, et qui modifie la façon dont nous créons des lois au Canada?
Mais que se passe-t-il donc ici? La réunion était censée être simple et directe. Nous étions censés effectuer quelques travaux du comité... les médias ne se sont même pas donné la peine d'assister à la réunion, car ils présumaient, tout comme nous, que les choses se dérouleraient de façon assez sommaire.
M. Peter Julian: Ils écoutent maintenant.
M. David Christopherson: Eh bien, je suis sûr qu'ils écoutent maintenant. C'est ce que j'essaie de faire valoir.
Par votre entremise, monsieur le président, ces six députés ont-ils réfléchi à ce qu'ils allaient répondre aux médias lorsqu'on leur demandera, au nom des Canadiens, pourquoi ils ne veulent pas attendre deux jours pour obtenir des informations importantes sur une motion qui change la façon dont nous créons les lois? Je prévois que les médias auront des problèmes à les trouver, car ils préparent déjà leur fuite et se demandent comment ils vont faire pour sortir d'ici et se rendre à leur bureau sans devoir répondre aux questions des médias. Si le gouvernement veut me faire passer pour un menteur, c'est parfait. Je vais me tenir devant les médias. Vous devriez tous vous tenir devant les médias et attendre votre tour pour leur expliquer, ainsi qu'aux Canadiens, pourquoi vous ne voulez pas attendre deux jours pour obtenir des renseignements essentiels sur les modifications à la loi et à la façon dont nous créons les lois au Canada. Je vous souhaite bonne chance avec ces questions, chers collègues.
Comme le leader à la Chambre l'a fait remarquer — et c'est l'élément essentiel —, si on n'adopte pas cette motion aujourd'hui, quelles en seront les répercussions? Eh bien, voyons voir. Nous aurions le temps d'avoir une conversation intelligente. Nous aurions l'occasion de réfléchir en profondeur à tout cela et de vérifier si nous apportons un changement positif à la façon dont nous créons les lois, et si ce changement serait à l'avantage de tous les parlementaires et de tous les Canadiens. C'est difficile de trouver une mauvaise raison d'attendre.
En fait, mon leader parlementaire a mis les députés ministériels au défi de donner un exemple ou une bonne raison qui explique pourquoi c'est nécessaire de faire cela aujourd'hui.
Pourquoi maintenant?
M. Nathan Cullen: Le président est impressionné.
Une voix: Nous n'avons certainement pas besoin de cet écouteur.
Des voix: Oh, oh!
M. David Christopherson: Eh bien, M. Butt a mentionné qu'il n'avait pas besoin de son écouteur, et il a raison. Aujourd'hui, l'important, ce n'est pas son oreille, mais plutôt sa bouche et ce qu'il va répondre lorsqu'on demandera au gouvernement pourquoi il ne veut pas attendre deux jours pour obtenir des renseignements essentiels sur les modifications qu'il apportera à la façon dont nous créons les lois au Canada. Je vous souhaite sincèrement bonne chance!
M. Scott Reid: C'est aussi pour le bien de nos âmes.
M. David Christopherson: C'est pour le bien de vos âmes?
M. Scott Reid: Ce que vous dites, c'est que c'est également pour le bien de nos âmes. Nous pouvons agir en toute conscience sur le plan moral, et nous en sommes conscients.
M. David Christopherson: Si vous souhaitez continuer, c'est très bien. C'est une bonne chose. Je suis sérieux. C'est vraiment bien.
M. Scott Reid: Cela vous donnera plus de temps pour réfléchir.
M. David Christopherson: Je le sais, et je vous en suis très reconnaissant. Cela vous ressemble beaucoup plus, monsieur, que ces balivernes. C'est vous. Cette intervention vous ressemble beaucoup, c'est votre genre d'humour. C'est pourquoi les gens aiment travailler avec vous, et c'est pourquoi nous sommes tellement surpris, car parmi les six députés, je dois dire que vous êtes le dernier qui, selon moi, aurait...
Tom est le soldat loyal. Tom est le général sur le terrain.
M. MacKenzie représente la fierté du président.
J'aurais pu m'attendre à devoir expliquer davantage pourquoi je pourrais penser que ce serait Brad, Blake ou Ted, mais je dois vous dire que si j'avais eu à parier là-dessus, j'aurais perdu ma chemise, car c'est la dernière personne de ce côté-là de la Chambre, et encore plus de ce côté-là de la salle de réunion, qui ferait quelque chose de ce genre.
À mon avis, monsieur Reid — et je dis cela avec le plus grand respect, monsieur le président —, je crois que vous aurez énormément de difficulté à expliquer aux médias pourquoi quelqu'un qui, comme l'a fait remarquer mon leader parlementaire, est reconnu pour vouloir faire ce qui est bien... vous êtes toujours un joueur d'équipe au bout du compte, mais je suis passé — comme tout le monde — par toutes les règles et procédures d'élection et c'était assez tendu. Vous n'êtes pas le genre de personne qui monopolise le microphone, mais lorsque vous dites quelque chose, les gens vous écoutent, car c'est pertinent. Il ne s'agit pas seulement d'un discours partisan ou d'une remarque stupide ou ridicule qui ne contribue aucunement à la discussion. Ce n'est rien de cela. C'est plutôt le contraire. Pourtant, nous en sommes là.
Nous sommes ici, au Comité permanent de la procédure et des affaires de la Chambre, et on a proposé une procédure qui a des répercussions négatives sur la façon dont nous créons les lois au Canada. Toutefois, le gouvernement a décidé qu'il n'était pas nécessaire d'attendre les deux jours dont la greffière a besoin pour nous donner une réponse à la question pertinente de M. Julian.
En résumé, sa question cherchait à connaître les répercussions engendrées. Quelles sont les répercussions inattendues — ou dans ce cas-ci, peut-être escomptées? Mais quelles sont-elles?
Si ce n'était pas une question pertinente et qu'il s'agissait seulement d'une manoeuvre de l'opposition officielle pour gagner du temps, le gouvernement aurait rapidement rétorqué qu'il pouvait fournir une réponse et que le député n'avait aucune raison de s'inquiéter. Est-ce ce qui s'est produit? Non. Non, les députés ministériels sont restés muets sur la question, tout comme ils le sont en ce moment.
J'ai l'impression que si nous interrompons la discussion et que nous leur donnons la parole, ils sont prêts à forcer l'adoption de cette motion. Nous nous précipitons donc vers une crise — et je n'aime pas utiliser ce mot, mais c'est vrai — et dans une impasse en ce qui concerne le lancement des travaux des comités.
Monsieur le président, il aurait suffi que le gouvernement accepte de reporter ceci et nous aurions adopté les motions de régie interne; nous aurions terminé la réunion avant midi, et tous nos comités auraient pu commencer leurs travaux. C'est ce que nous aurions pu accomplir aujourd'hui.
Ensuite, jeudi, nous aurions repris la discussion, et nous aurions eu un débat intelligent sur la question de savoir s'il s'agit d'un changement positif à la façon dont nous créons les lois.
Une voix: Faisons cela.
M. David Christopherson: Vous savez, cela semble un peu draconien, mais nous en sommes là. Ce serait toujours possible si M. Lukiwski laissait entendre qu'il est prêt à reporter...
M. Tom Lukiwski: Mais je ne le suis pas.
M. David Christopherson: ... et nous pourrions ensuite effectuer le reste des travaux. Nous avons encore le temps. Nous pouvons encore sauver les meubles.
Nous sommes ici jusqu'à 13 heures. Je peux vous garantir, à moins d'un changement, que nous sommes ici jusqu'à 13 heures. C'est mon avis, et je ne suis pas le seul. Le gouvernement devrait donc se secouer un peu et faire en sorte que quelqu'un, au CPM, se rende compte de la catastrophe qui prépare et conseille aux députés de trouver une façon de revoir leur position dans les 36 prochaines minutes ou, s'ils le doivent, de seulement se rétracter, d'encaisser le coup et de passer à autre chose. S'ils ne le font pas, nous sortirons d'ici à 13 heures avec seulement deux résultats: tout d'abord, rien n'aura été accompli, et deuxièmement, on aura la preuve que le gouvernement est prêt à faire adopter, par la force, des changements à la façon dont nous créons les lois, car il croit que c'est dans l'intérêt de son parti. N'est-ce pas une disgrâce? N'est-il pas disgracieux d'apporter des changements à la façon dont nous créons les lois dans l'intérêt d'un parti?
Au bout du compte, monsieur le président, le gouvernement a le droit de faire cela, car il est majoritaire. Nous ne disons pas qu'il n'a pas le droit de gouverner — bien au contraire —, mais il y a des façons de gouverner en suivant les règles, les procédures et les contrôles établis. C'est la raison pour laquelle nous avons l'opposition officielle, la « loyale opposition », pour obliger le gouvernement à rendre des comptes, et rester loyal envers le pays et la Constitution...
M. Peter Julian: J'invoque le Règlement, monsieur le président...
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Merci beaucoup, monsieur le président.
J'ai entendu M. Richards dire que le bruit lui causait des problèmes. Je peux lui garantir que cela pourrait arrêter immédiatement si le gouvernement reprenait ses esprits et admettait qu'il comprend maintenant et qu'il ne sait pas pourquoi il a agi de cette façon. Il pourrait ensuite s'excuser et attendre deux jours afin d'obtenir les renseignements nécessaires. M. Richards n'aurait plus à m'écouter.
Est-ce que c'est cela qui se passe, monsieur le président? Non. Je n'entends aucun député ministériel s'exclamer: « Oh, non, nous sommes prêts à attendre ».
Voici ce que je ne comprends pas: ils ne peuvent pas gagner. Le raisonnement politique n'a aucun sens. C'est ce que je ne comprends pas. Qui a pensé à cela? Le gouvernement pensait-il vraiment que nous allions nous contenter de rester sans rien faire pendant qu'il modifie la façon dont nous créons les lois au Canada, alors que nous ne pouvons même pas obtenir une réponse à la première question que nous avons posée, c'est-à-dire quelles sont les répercussions non prévues ou quelles sont les conséquences sur les procédures et les droits des députés à la Chambre — dans ce cas, potentiellement Mme May et d'autres? Mais il ne s'agit pas seulement d'elle. Il s'agit des droits du Parlement, et c'est le droit des Canadiens de pouvoir compter sur un Parlement qui fonctionne de façon démocratique, et il n'y a rien de démocratique dans le fait de forcer l'adoption d'une motion qui modifie la façon dont nous créons les lois, sans même pouvoir obtenir des renseignements sur la nature de ces changements.
Des voix: Bravo!
M. David Christopherson: C'est l'essentiel de tout cela. Les répercussions sur le plan politique, c'est que le gouvernement retarde tous les comités de la Chambre et tous les travaux du Parlement autres que la période des questions et les débats à la Chambre — qui sont relativement assez lents. Tout le reste est figé. Aucun travail n'est accompli. Pourquoi? Parce que le gouvernement a décidé qu'il allait apporter ce changement, et il en forcera l'adoption, peu importe le coût.
Le gouvernement s'est toutefois trompé lorsqu'il a cru que nous, les députés de l'opposition, accepterions cela sans broncher. Ce n'est pas comme cela que les choses se dérouleront, même si le gouvernement gagnera au bout du compte.
M. Nathan Cullen: Peut-être.
M. David Christopherson: Mon leader parlementaire dit « peut-être ». Et voilà. En tant que leader à la Chambre, il sait certainement des choses que je ne sais pas, c'est-à-dire qu'il a plus d'un tour dans son sac, mais il reste tout de même que nous respectons ceux à qui les Canadiens ont donné assez de sièges pour former un gouvernement. Nous comprenons tout cela, mais l'opposition a aussi des droits, et les droits de l'opposition sont souvent les droits des Canadiens, car lorsque le parti au pouvoir a tous les pouvoirs, il contrôle la Chambre, le Sénat et tous les postes importants.
Il a tous les pouvoirs du monde — sauf qu'il s'agit d'une démocratie, et pas n'importe quelle démocratie. Il s'agit de l'une des meilleures, sinon la meilleure, démocratie dans le monde. On nous voit comme étant un modèle de démocratie. Il y en a d'autres pays qui feraient n'importe quoi pour avoir les droits dont profite notre Parlement. Ils ont déjà l'autre côté, c'est-à-dire le pouvoir accumulé à un seul endroit.
Je me suis souvent rendu en Afrique en tant que vice-président de l'Association parlementaire Canada-Afrique. Je suis allé dans de nombreux pays où il est évident que le pouvoir est concentré; il englobe tout. Ce qui leur manque, c'est un système de contrôle efficace, une loyale opposition qui peut obliger le parti au pouvoir à rendre des comptes — il ne s'agit pas de lui enlever son droit légitime de gouverner, mais de lui faire rendre des comptes sur la façon dont il exerce le pouvoir et sur les conséquences qui en découlent.
Nous en sommes donc là. Nous ne sommes pas au milieu d'une réunion du comité des transports où l'on discute du sous-alinéa 7 d'un projet de loi qui ne fait pas nécessairement l'objet d'une controverse, mais au sujet duquel les membres du comité ont quelques points de discussion. Dans notre cas, l'enjeu est énorme, car il s'agit du processus que nous utilisons pour créer des lois.
Je suis sûr qu'il y a des enjeux plus importants, mais en ce moment, je ne peux pas vous donner d'exemple. Cet enjeu, c'est-à-dire le processus par lequel le Parlement canadien adopte des lois et les contrôles en place lorsque le gouvernement est majoritaire, fait au moins partie des trois enjeux les plus importants. N'oubliez pas que certains présidents des États-Unis ont dit qu'ils donneraient n'importe quoi pour avoir les mêmes pouvoirs qu'un premier ministre d'un gouvernement majoritaire au Canada, car en raison de la façon dont notre système a évolué, ce dernier profite de pouvoirs unilatéraux.
En passant, nous avons déjà changé beaucoup de choses depuis les débuts de notre démocratie. M. Reid le sait mieux que moi, car il est historien, mais dans ma province, c'est-à-dire l'Ontario, dans les années 1800 — encore une fois, M. Reid peut vous renseigner davantage là-dessus, et je m'excuse, monsieur, si je me trompe sur certains points —, si vous étiez un député élu et qu'on vous invitait à devenir ministre au sein du Conseil exécutif, vous deviez organiser une élection partielle et retourner voir vos électeurs pour leur demander la permission de faire partie du gouvernement.
Pourquoi? Parce que le Parlement avait tous les pouvoirs. Aujourd'hui, selon l'organigramme, le Parlement a tous les pouvoirs. Si vous quittez le Parlement — où se trouve le pouvoir — pendant que vous représentez vos électeurs et que vous acceptez de faire partie du gouvernement, vous jouez un rôle très différent. Autrefois, vous deviez retourner voir vos électeurs dans votre circonscription et ils pouvaient voter pour que vous continuiez d'être leur député tout en acceptant d'occuper un poste dans le Conseil exécutif. À quel point nous sommes-nous éloignés de cette structure?
Nous en sommes au point où le type de pouvoir dont profite les députés... et je regarde six députés qui ne disent absolument rien pendant qu'on passe la démocratie au rouleau compresseur, et qui considèrent que tout va très bien. D'une certaine façon, ils se disent tous, dans le confort et la sécurité offerts par cette pièce, qu'ils vont pouvoir en sortir et continuer de profiter de ce type de confort.
Bonne chance. Sérieusement, je vous souhaite bonne chance. Je suis impatient d'entendre ces députés essayer d'expliquer aux Canadiens, par l'entremise des médias, pourquoi ils ne peuvent pas attendre deux jours pour obtenir des informations essentielles sur les changements qui seront apportés à la façon dont nous créons des lois, étant donné qu'aucun député... Mon défi tient toujours. Je l'ai lancé. Je mets n'importe quel député de l'autre côté au défi de répondre à ce qu'a dit mon leader parlementaire et de nous énumérer les horribles conséquences qui découleront du fait qu'on ne réglera pas cette question aujourd'hui. Qu'arrivera-t-il de si terrible entre mardi et jeudi si nous n'adoptons pas cette motion?
Ils ne lèvent même pas la tête, monsieur le président, et ils ne vont encore moins prendre la parole et me donner une réponse.
M. Peter Julian: Ils ont honte.
M. David Christopherson: Oui. Ils espèrent tous que Tom prendra les choses en main et que lorsque les médias se presseront autour de lui, ils pourront se sauver.
M. Tom Lukiwski: Merci.
M. David Christopherson: C'est exact.
Tom, écoutez-moi: vous êtes l'homme de la situation. Je sais où se trouve le pouvoir. C'est pourquoi je n'arrête pas de chercher le bon sens de votre côté. Il y a sûrement quelque chose que je ne comprends pas dans toute cette histoire.
C'est ce que je pense, monsieur Julian, c'est-à-dire qu'il me manque un morceau du casse-tête. Ils vont sortir de cette pièce et tout deviendra clair, et nous allons tous nous couvrir de ridicule à cause de ce que nous avons fait et ils vont avoir l'air brillants. Mais je ne sais pas ce que c'est. Après presque 30 ans en fonction, j'apprends encore des choses. J'aimerais tellement découvrir la pièce manquante.
Toutefois, d'après tout ce que j'ai vu, ce qui est en jeu, tout d'abord, c'est le droit de l'opposition officielle d'obtenir au moins des réponses de notre greffière à des questions importantes concernant les répercussions engendrées par les changements apportés à la façon dont nous créons les lois, étant donné la complexité de l'enjeu. N'oubliez pas que nous n'avons obtenu aucune réponse à nos questions. Et il s'agissait seulement de la première question de M. Julian; nous ne savons même pas quelles autres questions pourraient être posées ou seront posées plus tard.
Habituellement, cela ne serait pas si grave. Vous savez, on aurait retardé l'étude de la motion, nous aurions obtenu les renseignements nécessaires et nous en aurions discuté. Mais il semble que ce n'est pas la façon dont le gouvernement souhaite fonctionner. Les députés ministériels ne s'intéressent aucunement à l'équité dans ce cas-ci. Ils ne semblent même pas intéressés, monsieur le président, à la façon correcte de créer des lois.
La première question posée par M. Julian visait à connaître les répercussions sur les autres procédures que nous utilisons pour créer des lois au Canada. Cela ne semble pas être une question qui vise à faire de l'obstruction. Cela ne semble pas venir d'une personne qui refuse de discuter du problème ou qui ne comprend pas les enjeux.
Il me semble qu'un parlementaire dévoué a pris une motion au sérieux, car elle a été présentée par un député hautement respecté, et il a posé la première question qui nous est tous venue à l'esprit de ce côté du comité, c'est-à-dire quelles sont les répercussions engendrées par cette motion?
La motion concerne l'un des éléments du processus, mais elle a manifestement des répercussions sur un autre processus qui se déroule à la Chambre. Même s'il peut s'agir d'amendements de députés qui n'ont aucune chance de les faire adopter si le gouvernement les refuse, là n'est pas la question. Ce qui est important, c'est qu'on s'attend à ce que notre comité connaisse les répercussions engendrées par les changements qu'on souhaite apporter.
M. Nathan Cullen: J'invoque le Règlement, monsieur le président...
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Monsieur le président, c'est de plus en plus décevant. C'est incroyable. Je ne comprends pas comment le gouvernement arrive à s'imaginer qu'il peut sortir gagnant de cette stratégie politique. Comment? Qu'est-ce qui pourrait être encore plus sensé de notre part que d'indiquer avec exactitude quelles parties de la marche à suivre nous appuierons au cours des 21 prochaines minutes qui nous permettraient de faire nos travaux et d'améliorer le processus, ou de le rendre un tant soit peu intelligent, pour étudier une modification qui change notre façon d'adopter des lois?
Si vous me le permettez, mon leader parlementaire vient de me faire remarquer quelque chose de très pertinent. Tout à l'heure, j'ai dit qu'il s'agit d'un comité sérieux. C'est lui vers lequel la Chambre se tourne lorsque les choses se gâtent et que personne ne sait vraiment quoi faire. On se tourne vers le Comité de la procédure et des affaires de la Chambre, qui règle le problème. Hier soir, on a dit entre autres ce qui suit:
afin d'apporter la transparence et la reddition de compte complètes en ce qui concerne les dépenses de la Chambre des communes, le Comité permanent de la procédure et des affaires de la Chambre soit chargé...
De toute évidence, il est considéré comme le comité de direction du Parlement, ou le comité exécutif, si l'on veut. Jusqu'à maintenant, nous avons un gouvernement prêt à faire adopter à toute vapeur... non, qui souhaiterait faire adopter la motion à toute vapeur et au bout du compte, il ne s'en tirera pas. En sortant d'ici, les députés ministériels devront expliquer aux représentants des médias et au public pourquoi c'était aussi important de la faire adopter. Ils étaient prêts à paralyser tous les travaux du Parlement afin de forcer l'adoption d'une motion qui modifie notre façon de légiférer au Canada sans en connaître toutes les conséquences. À mon sens, c'est exactement le contraire du travail et du savoir-faire auquel le Parlement s'attend de la part du comité.
Je suis sidéré de constater que le gouvernement pense qu'il en sortira gagnant. Pensiez-vous que cela passerait inaperçu? Le gouvernement pensait-il que nous aurions la pression de faire avancer les choses alors que c'est sa responsabilité, car on a montré une voie, mais il n'y a pas de consentement? Je suis consterné de constater que le comité est prêt à priver l'opposition officielle d'une réponse à la question que M. Julian a posée à la greffière du comité: si nous adoptons la motion, quelles en seront les répercussions sur les autres procédures de la Chambre quant à notre façon d'adopter les lois? Il me semble que c'est la question la plus pertinente qu'on puisse poser au sujet de la motion. Je suis certain que d'autres bonnes questions seront posées, mais il n'y en a pas de plus pertinentes au sujet de la motion dont nous sommes saisis.
Avant même de déterminer comment cela fonctionnera en soi, il faut connaître les répercussions possibles. M. Julian ne lance pas d'accusations farfelues. Il ne pousse pas les hauts cris et n'est pas en train de déchirer sa chemise. Il ne fait que poser une question.
M. Lukiwski: Il l'a fait au moins une fois.
M. David Christopherson: Il n'y avait pas de caméras.
C'est ce que je veux dire. Nous pouvons être de bonne humeur et c'est ce qui fait que le comité fonctionne bien. J'ai bien aimé faire partie du comité. C'était un travail difficile. Ce n'était pas le travail le plus flamboyant, mais c'était toujours stimulant. Il y siégeait toujours des députés intelligents et chevronnés qui collaboraient pour s'entendre. Monsieur le président, je fais référence à nos travaux sur les changements apportés aux lois électorales. C'était agréable. J'ai aimé le processus. Tout comme Greg, je suis ici depuis très longtemps, depuis peut-être même trop longtemps selon certains.
Ce qui me transporte ces jours-ci, surtout au comité, ce sont les situations où nous trouvons un moyen de mettre de côté nos divergences politiques et de faire avancer les choses. C'est pourquoi j'aime siéger au Comité des comptes publics et faire connaître les travaux que nous effectuons. Lorsque nous conjuguons nos efforts et que cela porte fruit, c'est stimulant. C'est intéressant, et il s'agit de travaux très importants pour les Canadiens, les travaux sur les rapports du vérificateur général. C'est ce que fait le Comité des comptes publics. J'aime tellement mon travail. Je fais du travail parlementaire et me bats constamment depuis bon nombre d'années, ici et à Queen's Park, au sein des comités et en Chambre. Je suis capable de le faire. Je suis encore à la hauteur, comme vous pouvez le constater, et il n'y a rien que j'aime plus qu'une bonne collaboration, mais pour être franc, ce qui me motive en politique à cette étape-ci dans ma carrière, ce sont les situations où bon nombre d'entre nous mettent leur allégeance de côté et tentent de trouver une façon de prendre les mesures qui s'imposent. C'est tellement gratifiant, stimulant et intéressant.
C'est en grande partie ce que le comité essaie de faire. C'est du moins l'impression que j'ai, et c'est certainement le point de vue de ceux d'entre nous qui ne sont pas des membres permanents du comité, mais qui examinent les choses de l'extérieur. Ce sont des députés responsables, chevronnés, des gens qui ont la confiance des décideurs suprêmes de notre Parlement, des gens qui sont capables de s'entendre et de faire des compromis, que ce soit sur des questions importantes ou sur le processus; et le respect règne.
C'est ce qui fait en sorte que les choses fonctionnent bien. En respectant les autres députés et les autres partis, nous pouvons réaliser tellement de choses, et c'est cela, le Canada. C'est ce que nous sommes. Cela correspond à la façon dont le reste du monde nous perçoit. C'est la façon de faire de notre pays. C'est la réputation que nous aimons avoir. Nous n'avons pas l'armée la plus puissante du monde, ni l'économie la plus forte, mais la superficie de notre pays est la deuxième en importance et notre réputation est meilleure que celle de n'importe quel autre pays dans le monde, sauf la Norvège, qui a pris notre place comme l'un des meilleurs pays dans le monde, comme référence, comme intermédiaire honnête. Nous sommes ici pour apporter notre aide.
Quand je vais à l'étranger, je ne sens pas que les gens se disent « bon, voilà le Canada; la journée est gâchée », quoique la situation commence à changer dans certains cas...