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Excellent. Nous prendrons une décision à ce moment-là.
Monsieur Frank, monsieur l'ambassadeur, je vous remercie. Nous sommes ravis de vous accueillir dans le cadre de notre étude du projet de loi .
Allez-y, monsieur Frank. Si vous avez une déclaration préliminaire à présenter, nous aimerions tout d'abord l'entendre. Ce sera au tour de l'ambassadeur par la suite, puis les membres du comité vous poseront des questions.
De plus, chers collègues, je devrai partir à environ 11 h 45. Je demanderai alors à ma vice-présidente, qui est amplement capable de le faire, de me remplacer. Le tout devrait se faire sans heurts.
Monsieur Frank, allez-y s'il vous plaît. Vous pouvez commencer votre déclaration préliminaire.
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Monsieur le président, mesdames et messieurs, je vous remercie de me donner l'occasion de discuter avec vous aujourd'hui.
En mars 2011, j'ai appris que je n'étais plus autorisé à voter lorsque j'ai essayé d'obtenir un bulletin de vote spécial en passant par le site Web d'Élections Canada. J'ai découvert que parce que je vivais à l'extérieur du Canada depuis plus de cinq ans, je ne pouvais pas voter aux élections qui s'en venaient. J'ai déménagé aux États-Unis en 2001 pour faire des études doctorales. Selon les interprétations précédentes des règles, mes visites régulières au Canada avaient remis le compteur à zéro, ce qui me permettait de conserver mon droit de vote.
En 2011, je faisais des études postdoctorales à l'Université Stony Brook où je donnais un cours de premier cycle sur l'histoire des mouvements de défense des droits civils aux États-Unis. Le paradoxe ne m'a certainement pas échappé. J'enseignais à mes étudiants les luttes qu'avaient menées des individus et des groupes pour exercer pleinement leur citoyenneté, faire progresser la liberté et la démocratie et faire retirer de la société tout statut de citoyen de deuxième ordre, mais je ne pouvais voter nulle part. Pour l'essentiel, je parlais à mes étudiants de gens qui avaient beaucoup moins de privilèges que moi et qui comprenaient une vérité fondamentale: l'octroi du droit de vote est une reconnaissance fondamentale de la citoyenneté. Le droit de vote renforce la position des citoyens et leur donne de la dignité.
Si cela intéresse votre comité, je peux vous parler en détail des différentes tentatives que d'autres personnes et moi avons faites pour demander au gouvernement de rétablir le droit de vote des expatriés, mais je veux m'en tenir à un élément. Au début de notre entreprise, nous avons essayé de présenter une pétition au Parlement pour lui demander que la situation soit corrigée, mais nous avons appris que le Parlement n'accepte pas les pétitions provenant de gens qui ne résident pas au pays. Autrement dit, jusqu'à récemment, je ne pouvais ni voter ni adresser une pétition à mon propre gouvernement pendant que je vivais à l'étranger.
Au cours des quatre dernières années, j'ai entendu le point de vue de bon nombre de Canadiens expatriés se trouvant un peu partout dans le monde qui, comme moi, veulent retrouver leur droit de vote. Nous croyons que tout comme les drapeaux canadiens que nous arborons sur notre sac à dos, la démocratie doit nous accompagner lorsque nous vivons à l'étranger. Comme moi, ces expatriés sont préoccupés par le projet de loi , qu'ils considèrent comme une tentative de les priver de leur droit de vote.
Grâce à la ténacité et au soutien de notre avocat, Shaun O'Brien, à la générosité de son cabinet d'avocats, Cavalluzzo Shilton McIntyre Cornish, et à la sagesse de la décision prise par le juge Penny en 2004, la validité de notre conviction a été confirmée: le droit de vote qu'a tout citoyen est au coeur de la démocratie canadienne. Chaque citoyen doit pouvoir participer au choix des élus.
Le juge Penny a écrit ce qui suit:
[...] le gouvernement décide que certaines personnes, peu importe leurs capacités, ne sont pas moralement dignes de voter — qu'elles ne « méritent » pas d'être considérées comme des membres de la communauté et que, par conséquent, elles peuvent être privées de leur droit constitutionnel le plus fondamental. Mais il n'appartient pas au législateur de prendre cette décision. La Charte prend cette décision pour nous en garantissant le droit de vote de tout citoyen et en plaçant expressément les citoyens sous la protection de la Charte au moyen de restrictions constitutionnelles au pouvoir du gouvernement de limiter le droit d'un citoyen de voter.
Lorsque j'ai appris la décision du juge Penny l'an dernier, j'étais enthousiaste. Je suis cependant renversé par le contenu du projet de loi , qui risque de compromettre une bonne partie des efforts que nous avons déployés au cours des quatre dernières années. Voici donc ce que je propose au comité.
Dans sa forme actuelle, le projet de loi va à l'encontre de l'esprit de la décision du juge Penny et essaie d'en faire abstraction. Il ajoute de lourdes exigences en imposant une période limitée pour soumettre des documents. Ces nouvelles exigences feront en sorte qu'il sera encore plus difficile pour la plupart des expatriés, et impossible pour d'autres de voter.
Les exigences d'identification me touchent directement. Je n'ai plus de permis de conduire de l'Ontario, qui était ma seule pièce d'identité canadienne qui comprenait à la fois mon ancienne adresse et ma photo. J'ai dû la retourner afin d'obtenir un permis de conduire aux États-Unis. Je suis certain que la grande majorité des autres expatriés qui sont aux États-Unis sont dans une situation similaire.
Bien qu'il me soit possible d'obtenir d'autres documents d'identification, je dois maintenant suivre un processus inutilement long et fastidieux et je suis soumis à l'horaire imprévisible des bureaux de poste du Canada et des États-Unis. Je me demande pourquoi le gouvernement n'essaie pas de rendre le processus d'inscription électorale plus simple, moins long et plus accessible. La rigueur et l'accès n'ont pas à s'exclure mutuellement.
Dans mon cours d'histoire sur les droits civils, nous avons étudié en profondeur les moyens employés pour entraver l'exercice du droit de vote. Le recours aux lourdeurs administratives faisait partie des tactiques privilégiées pour empêcher les gens de s'inscrire, comme nous l'avons vu. On créait ainsi des contraintes administratives qu'on justifiait au nom de la protection de l'intégrité du système, d'une plus grande équité électorale, ou de la préservation du processus démocratique.
De telles justifications ont donné un air respectable à ceux qui s'employaient activement à miner le processus démocratique — obligation des gens à se réinscrire fréquemment, inscriptions à des moments inopportuns, information non disponible pour bon nombre d'électeurs ciblés, etc. On envoyait également un message fort à une partie des membres de la population selon lequel leur vote est mal accueilli. Je crains qu'en essayant d'accomplir sur le plan administratif ce qui ne peut plus être accompli depuis notre récente victoire devant les tribunaux, le projet de loi s'inscrit nettement dans cette tradition peu glorieuse.
Au cours des quatre dernières années, des journalistes m'ont demandé de justifier mon droit de vote. Ma réponse est simple. Je suis un citoyen canadien et je veux pouvoir exercer pleinement ma citoyenneté. Je souligne également à ces mêmes journalistes que les politiciens qui tentent de restreindre des droits constitutionnels méritent une plus grande surveillance que les gens qui demandent l'accès à leurs droits constitutionnels.
En terminant, je me demande pourquoi mon propre gouvernement est aussi déterminé à dépenser autant de temps, d'argent et d'énergie à priver les Canadiens expatriés de leur droit de vote. D'autres témoins ont généreusement proposé que le projet de loi est une solution en quête d'un problème. Je me demande simplement qui bénéficiera du fait qu'on rende la participation électorale si difficile pour de nombreux citoyens canadiens.
Je vous remercie de m'avoir permis de présenter mon exposé.
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Monsieur le président, je remercie ce comité de m'avoir invité à parler de l'expérience française. Je serai aussi bref que possible et je répondrai par la suite à vos questions.
Depuis la Ve République en France, c'est-à-dire depuis 1958, la Constitution permet à l'ensemble des Français établis à l'étranger de participer, selon des formes appropriées, à l'ensemble des scrutins nationaux, que ce soit au niveau local, régional ou national. Il peut tout aussi bien s'agir de l'élection du président de la République que des élections des parlementaires, des élections législatives, des élections des conseillers régionaux, des élections des conseilleurs généraux — aujourd'hui appelés conseillers départementaux — ou des élections municipales.
Dans la foulée de cette disposition constitutionnelle, la loi qui permet aux Français qui sont à l'étranger de voter est très favorable à l'électeur, comme elle l'est en France également. Autrement dit, on ne fait pas de distinction entre un Français établi à l'étranger et un Français établi sur le territoire national.
Les Français de l'étranger, dont le nombre se situe entre 2 millions et 2,5 millions, ont la possibilité de voter, pour l'ensemble des scrutins nationaux, c'est-à-dire les élections présidentielles, les élections législatives, les élections européennes et, éventuellement, un référendum, dans un bureau de vote ouvert dans leur ambassade ou dans un consulat. Ils peuvent également voter dans le cadre d'élections propres aux Français de l'étranger puisque nous avons à leur intention une représentation de proximité dans chaque pays.
Pour pouvoir voter à l'étranger, le ressortissant français doit être inscrit sur une liste électorale consulaire. Ces listes sont ouvertes dans les postes diplomatiques et consulaires. Pour pouvoir voter au cours d'une année commençant le 1er janvier, il faut avoir été inscrit avant le 31 décembre de l'année précédente. Cette inscription sur la liste électorale est facilitée par l'inscription dans le registre des Français établis hors de France, un registre national ouvert dans toutes les ambassades. Il suffit qu'un Français arrivant au Canada, par exemple, s'inscrive dans ce registre pour qu'il soit automatiquement porté sur la liste électorale, sauf s'il demande à ne pas l'être. Un Français peut en effet décider de voter en France plutôt que dans une ambassade. Cette inscription au registre se fait tout simplement sur présentation d'une preuve de nationalité française, d'une pièce d'identité, d'une preuve de résidence sur le territoire étranger ainsi que du titre de séjour délivré par le pays en question.
À noter que si l'électeur, pour une raison ou une autre, n'a pas été inscrit sur la liste électorale et considère que c'est la faute de l'administration, il peut jusqu'au jour même du scrutin faire un recours devant un tribunal administratif en France. Le tribunal doit alors statuer immédiatement sur le bien-fondé de sa réclamation.
Comme je vous l'ai indiqué, le ressortissant français à l'étranger peut demander qu'on l'inscrive sur la liste électorale d'une commune en France, généralement la dernière commune de résidence. Ceci est interprété de façon très large dans le cadre de la loi électorale française. En effet, un Français à l'étranger peut demander à être inscrit dans la commune de ses parents, d'un ascendant ou d'un descendant, dès lors qu'il y a un lien familial. S'il est inscrit sur la liste électorale à l'étranger et qu'il figure sur la liste de ces communes, il peut demander de voter en France dans le cadre de scrutins locaux. Autrement dit, il peut y avoir une double inscription.
S'il ne veut absolument pas voter à l'étranger, ce qui est tout à fait son droit y compris pour les instances de proximité, il peut alors voter uniquement en France, soit en personne, soit par procuration.
À l'étranger, pour les élections présidentielles, les élections européennes et le référendum, il ne peut voter qu'à l'urne ou par procuration auprès du poste diplomatique.
Pour les élections législatives, il peut voter par Internet. C'est une disposition tout à fait nouvelle qui a été mise en oeuvre pour la première fois aux élections de 2012, celles où on a élu le Parlement qui siège aujourd'hui et qui compte 11 députés français de l'étranger.
Voilà ce que je voulais vous dire à titre introductif.
Je vous remercie.
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Je remercie nos deux témoins.
Cette juxtaposition peut sembler étrange — des explications sur le système électoral français qui s'applique aux citoyens expatriés et l'expérience d'un Canadien dans le système qui s'applique à lui —, mais c'est commode en fait, car cela m'amène à poser une question à M. Frank qui porte sur le système électoral canadien en me référant au contexte du système français.
Au Canada, le vote est lié à une circonscription électorale précise. En fait, au paragraphe 77 de sa décision, le juge Penny, prend soin de faire remarquer que le droit de vote garanti par la Charte demeure celui d'élire le député de la circonscription où réside l'électeur. Évidemment, un non-résident n'habite dans aucune circonscription, et on part toujours du principe que l'individu demeure, à des fins électorales, un habitant de la dernière circonscription dans laquelle il vivait avant de quitter le Canada. Bien entendu, la délimitation des circonscriptions électorales change, de sorte que la personne est reliée à une adresse. Nous estimons que votre dernière adresse correspond à votre circonscription. Or, le fait est que le droit de l'article 3 dans la charte est relié à un endroit précis pour que les votes soient répartis dans toutes les circonscriptions du pays.
Le système qu'utilisent la France et d'autres pays, comme l'Italie, consiste à dire que des circonscriptions seront créées à l'extérieur du pays. Il y a en fait des représentants qui servent au Parlement national qui représentent les circonscriptions qui ne font pas partie du territoire national. Ils représentent les intérêts des électeurs dans la circonscription. Sur Wikipedia, on peut voir des cartes qui indiquent où se trouvent les circonscriptions italiennes et françaises. Elles ne coïncident pas parfaitement. J'imagine que la répartition des citoyens italiens et français à l'extérieur de leur pays respectif n'est pas identique.
Quoi qu'il en soit, s'il n'y avait pas de problèmes sur le plan constitutionnel — et il pourrait en fait y en avoir en raison de l'interprétation des tribunaux de l'article 3 —, que pensez-vous de l'idée d'établir une circonscription électorale extraterritoriale en quelque sorte pour les Canadiens qui vivent à l'étranger?
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D'accord. Ce qui me frappe lorsque j'y pense, c'est que d'une part, cela résout le problème d'associer la personne à une adresse antérieure, ce qui peut être difficile à prouver avec le temps. L'anecdote que vous avez racontée au sujet de votre permis de conduire correspond à l'expérience que vivent généralement les gens qui résidaient au Canada auparavant.
J'ai déjà vécu en Australie, et au cours des trois premiers mois, j'utilisais mon permis de conduire canadien. Plus tard, j'ai su qu'en vertu des lois de la Nouvelle-Galles du Sud, cela ne fonctionnait plus, et j'ai donc dû obtenir un permis de cet État. Bien honnêtement, je ne me souviens plus où s'est retrouvé mon permis de conduire canadien. Je comprends donc bien ce problème.
Le problème, c'est que nous avons un système qui est fondé sur des circonscriptions, ce qui me semble être au coeur de toutes les discussions sur le sujet. Par exemple, le directeur général des élections actuel et celui qui l'a précédé ont comparu devant notre comité et ils essayent de trouver des solutions à cet égard. Cela me parait comme une autre façon de régler un problème.
D'autre part, en disant cela, je sais pertinemment qu'il y a peut-être un obstacle constitutionnel, ce qui est insurmontable.
Permettez-moi de poser une autre question. Vous avez parlé de difficultés pratiques insurmontables liées au temps, etc. Je sais qu'en tant que personne qui a étudié les droits de vote et les lois sur le droit de vote aux États-Unis, vous prêtez une attention particulière à ce genre de choses. Pouvez-vous me dire quel était le plus grand obstacle concret — il y en a plus qu'un, mais celui qui constituait le plus grand obstacle — à l'exercice de votre droit de vote, mis à part la limite de cinq ans? Il me semble que techniquement, neutraliser cet obstacle ne résout pas votre problème.
Quel était le problème le plus important auquel vous avez dû faire face?
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Lorsque je faisais une demande pour le bulletin de vote, le système de traitement par la poste était incroyablement lent. Je vivais au Rhode Island à l'époque. Si l'on expédiait quelque chose au Rhode Island à partir de Toronto et le colis pouvait arriver à destination en une journée, après une semaine ou après trois semaines. C'était imprévisible.
Pour ce qui est de l'inscription sur la liste électorale, je suis préoccupé par l'efficacité du système de traitement par la poste et par l'idée de devoir m'en remettre à ce moyen non seulement pour l'inscription, mais pour les bulletins de vote. Le fait d'avoir une période restreinte pour faire parvenir par la poste les documents et pour leur renvoi, peut-être à répétitions, me pose grandement problème.
Supposons qu'il y a une erreur dans le cas d'un document. Disons que j'envoie un relevé bancaire ou un relevé d'impôt qui constituent une preuve de résidence et qu'on me dise que le document n'est pas valide, qu'il manque quelque chose, et qu'il faut tout recommencer à zéro. Je recommence le processus, mais peut-être qu'entre la première étape et le jour du scrutin, les documents ont été égarés dans le courrier. On appelle un événement imprévu — et il s'agirait d'une situation extrême — ce qui se passe s'il y a une grève des postes à un moment donné durant cette période.
Si nous nous en remettons à cette méthode et lui réservons une période restreinte, nous ouvrons la voie à ce qu'un grand nombre de personnes soient exclues par inadvertance seulement à cause de la lenteur du processus.
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J'ai l'impression que cela accélérerait beaucoup le processus et que les expatriés verraient leurs coûts diminuer également. Je pense que ce serait un début.
Le plus gros obstacle, c'est le temps limité accordé. Je crois que l'ambassadeur de France vient de décrire un processus d'inscription continue. Quand je pense à cette proposition, et au temps très limité accordé, après le déclenchement des élections, il faut se demander qu'est-ce qui justifie que l'inscription n'ait lieu que dans cette période. Pourquoi faut-il continuellement se réinscrire? Pourquoi cela ne peut-il pas se faire à n'importe quel moment entre deux élections, par exemple?
Je crois qu'Internet serait un bon outil pour faire avancer les choses, mais je pense également qu'accorder une période de temps souple pour l'inscription et la vérification conviendrait également. Nous avons plus d'un million d'expatriés. Disons que 10 % d'entre eux essayent de s'inscrire durant cette période restreinte. Qui s'occupe du travail administratif en temps opportun?
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Je vous explique la base de ma question. Selon les chiffres que nous avons présentement, environ 2,8 millions de Canadiens vivent à l'étranger. Or sur ce nombre, ils sont à peine 6 000 à avoir participé aux élections. À mon avis, les changements apportés par le projet de loi ne vont pas contribuer à augmenter la proportion de ces gens et aider ces millions de citoyens canadiens qui, je pense, ont le droit de voter mais ne peuvent pas le faire parce que le système actuel est simplement trop compliqué. Je crois plutôt que ces changements seront nuisibles.
À mon avis, si nous comparons notre système au système français, qui semble réellement encourager chacun des citoyens français à participer à l'exercice électoral, nous constatons qu'il nous reste encore beaucoup de chemin à parcourir.
Professeur Frank, ma question porte sur les autres obstacles auxquels font face les Canadiens à l'étranger. Vous en avez parlé plus tôt.
Vous et M. Reid avez mentionné le permis de conduire. Or selon une information que j'ai obtenue récemment, certains États américains exigent de la part des personnes qui veulent obtenir un permis de conduire de cet État de renoncer à celui qu'elles ont déjà. J'étais très étonnée d'apprendre cela. En effet, je trouve que c'est très difficile à justifier. C'est néanmoins le genre de situation qu'on doit prendre en compte si on demande aux Canadiens de prouver, au moyen de cartes d'identité canadiennes, aussi bien leur résidence que leur identité et leur citoyenneté. J'ai beaucoup de difficulté à comprendre pourquoi on crée autant d'obstacles au vote.
En ce qui a trait au système des postes, vous avez dit que, dans certains cas, cela pouvait prendre trois semaines. Pour ma part, quand je vivais à Moscou, recevoir une lettre de mes parents avait pris trois mois. On dit essayer d'harmoniser le système, mais concrètement, l'expérience des citoyens à l'étranger est toute autre.
Pouvez-vous me donner une raison qui justifie les modifications qu'on veut apporter au système électoral canadien?
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Je n'en vois pas de bonne. Il semble qu'il n'aide pas des électeurs comme moi à voter aux élections. Une personne cynique pourrait voir cela comme une tentative de travailler parallèlement à la bataille judiciaire en cours pour que les Canadiens expatriés soient toujours privés de leur droit de vote.
On dit que le projet de loi donne suite à la décision du juge Penny pour tenir compte du nombre actuel de gens qui ont le droit de vote. Je ne sais pas ce qui ne fonctionnait pas dans le système auparavant ou qu'est-ce qui dans le système empêchait de tenir compte de la situation de ces mêmes électeurs. Comme je l'ai dit dans ma déclaration préliminaire, le projet de loi semble être une solution en quête d'un problème ou une solution pour le problème des électeurs expatriés qui ont récemment obtenu le droit de vote.
Concernant ce que vous avez dit au sujet des permis de conduire, lorsque j'ai déménagé dans le Maine, après avoir reçu mon diplôme, pour mon premier poste, j'ai obtenu un permis de conduire de cet État. Jusqu'à ce moment-là, pendant sept ans, j'avais conservé mon permis de conduire de l'Ontario, principalement parce que j'étais un étudiant diplômé qui n'avait pas un sou et qui n'avait pas les moyens de s'acheter une voiture. J'ai finalement été en mesure d'en acheter une. Je l'ai fait immatriculer et il fallait que je me procure un permis du Maine.
J'ai demandé si je pouvais conserver mon permis de conduire de l'Ontario en souvenir.J'espérais retourner au Canada le plus vite possible, dès que je pourrais y trouver un emploi bien rémunéré. Toutefois, le Bureau des véhicules automobiles m'a dit que je devais me dessaisir de mon permis, étant donné qu'il est interdit de conserver deux permis. Ma femme a vécu la même chose lorsqu'elle est déménagée dans l'État de New York. C'est la même chose au New Jersey, où j'habite actuellement. C'est courant.
Je crois comprendre que — et il faudrait que je revérifie mes données — la majorité des expatriés vivent aux États-Unis. Ils sont tous confrontés à une situation similaire s'ils font le choix de conduire un véhicule.
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Je vous remercie de cet accueil chaleureux, monsieur le président. Je vous en suis reconnaissant, comme toujours.
Monsieur l'ambassadeur, vous avez dit une chose qui m'a frappé et qui me semble être courante partout, sauf dans ce projet de loi, et c'est que le système est favorable à l'électeur. Pour nous, c'est un défaut d'exécution de l'article 3 de la Charte, car cet article énonce que nous avons le droit de voter. Le gouvernement devrait donc faire tout son possible pour aider les gens à voter.
Au Canada, l'un des gros problèmes que nous avons en ce qui concerne le projet de loi dont nous sommes saisis, c'est qu'on élimine la liste électorale permanente. Vous avez probablement entendu, dans les témoignages, à quel point il est difficile d'exercer son droit de vote lorsqu'une élection est déclenchée. Cela devient un problème. Nous ne pouvons pas voter par Internet et rien n'est immédiat comme c'est le cas chez vous. Vous avez dit que pour être sur votre liste électorale, il faut s'inscrire avant le 31 décembre pour une élection tenue l'année suivante. Est-ce la liste permanente que vous utilisez pour toutes les élections?
Vous avez dit une autre chose qui m'a frappé, car je n'avais pas encore vu cela. L'un des problèmes cités par le gouvernement est ce que nous appelons le « magasinage de circonscription ». Par exemple, si une personne souhaite voter lors de nos élections, qui sont de type « système uninominal majoritaire à un tour », elle peut choisir sa circonscription, ce qui est favorable à certains partis — ou peut-être que non —, mais c'est ce qu'elle se demande, comme la plupart d'entre nous le feraient dans de nombreux cas.
Toutefois, vous avez dit que vous pouvez invoquer un lien familial pour exercer un droit de vote. Si je suis un citoyen français qui vit au Canada, puis-je présenter un extrait de naissance, afin de pouvoir voter dans le district dans lequel je suis né?
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Je ne trouve rien d'encourageant dans le projet de loi. Je considère qu'il s'agit d'une tentative pour rendre le vote plus difficile. Il faudrait que je l'étudie de façon beaucoup plus approfondie.
Encore une fois, je l'ai lu attentivement à deux reprises. Je ne comprends tout simplement pas certains éléments liés aux exigences relatives à l'identification. J'ai demandé à ma femme, qui est avocate, d'examiner le projet de loi avec moi et nous ne comprenons toujours pas certains éléments.
Encore une fois, je ne peux pas parler en tant que... Y a-t-il des éléments encourageants? Il faudrait que je l'examine plus attentivement. Dans son ensemble, il m'envoie un message ferme, et c'est que mon vote n'est pas le bienvenu.
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La première poursuite que nous avons intentée représentait une occasion de changer les règles. De plus, , une députée, a présenté un projet de loi d'initiative parlementaire qui demandait l'élimination de la règle des cinq ans. On a donc eu plusieurs occasions de permettre aux Canadiens expatriés de voter, peu importe la durée de leur séjour à l'étranger.
Chaque fois, le gouvernement a choisi de lutter contre nos tentatives de regagner le droit de vote, et il continue d'agir ainsi. Je vois le projet de loi comme la prolongation de cette bataille juridique permanente. La réponse courte est oui, on a eu plusieurs occasions d'éliminer la règle des cinq ans.
Je crois que je vous ai entendu plus tôt demander ce qui aurait pu être fait ou quelles autres réponses étaient possibles. Plusieurs réponses étaient possibles. La réponse idéale serait de communiquer avec les électeurs canadiens expatriés, de les accueillir dans le processus, de les accepter en tant que membres du processus politique, et de faire campagne pour solliciter leurs votes.
Votre Excellence, vous avez mentionné que tout le monde peut s'inscrire l'année précédant l'élection, mais qu'il faut le faire avant la fin de l'année. La proposition dont nous sommes saisis stipule que les Canadiens expatriés peuvent seulement s'inscrire après le déclenchement des élections. Les préoccupations de l'opposition se fondent sur les témoignages d'experts d'Élections Canada. On peut vraiment se demander si les inscriptions peuvent être traitées de façon adéquate, étant donné tous les mécanismes régulateurs qui doivent se produire à temps pour permettre à une personne de voter. C'est l'une de nos préoccupations.
Étant donné que votre système est beaucoup plus logique, pourriez-vous nous donner une idée de la façon dont cela fonctionnerait dans votre système si les gens ne pouvaient pas faire une demande pour s'inscrire avant que l'élection soit déclenchée, plutôt que dans votre système actuel dans lequel ils doivent s'inscrire avant la fin de l'année précédente?
Je me rends compte que c'est une hypothèse, mais j'aimerais que vous tentiez de répondre, votre Excellence.
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Merci beaucoup, madame la présidente, et merci au comité de m'avoir lancé l'invitation.
[Traduction]
L'Association des libertés civiles de la Colombie-Britannique est un groupe non partisan à but non lucratif dont l'objectif est de promouvoir, de défendre, de maintenir et d'étendre les droits de la personne et les libertés civiles au Canada. Depuis longtemps, nous défendons le droit de vote et le principe de l'égalité entre les électeurs. Par exemple, nous sommes intervenus dans le cas de Frank devant la Cour d'appel de l'Ontario, et nous avons fait une demande pour intervenir dans la contestation actuelle de certaines dispositions de la .
Un cas essentiel dans lequel nous sommes intervenus est Dixon c. Attorney General of British Columbia, en 1989. Dans sa décision, le tribunal a énoncé que le fait de donner moins d'importance à certains électeurs qu'à d'autres allait à l'encontre des principes de la Charte sur l'égalité et la gouvernance démocratique. À l'époque, la juge en chef de la Cour suprême de la Colombie-Britannique, Beverley McLachlin, a écrit qu'à son avis, « le droit de voter et de participer à une élection démocratique de son gouvernement est l'un des droits les plus fondamentaux conférés par la Charte. En effet, sans le droit de voter à des élections libres et justes, tous les autres droits seraient menacés. »
Nous croyons que le projet de loi menacera ce droit. En effet, il nuira au droit des Canadiens vivant à l'étranger de voter aux élections fédérales, et nous croyons que le projet de loi sera jugé inconstitutionnel pour cette raison. Même si la décision Frank prépare le terrain en vue d'optimiser la capacité des citoyens de participer à notre démocratie et qu'elle reconnaît et étend le droit de vote garanti par la Constitution, le projet de loi a pour effet de limiter ce droit et de limiter la participation des Canadiens à l'étranger à leur propre gouvernance.
Si le Parlement est déterminé à légiférer au-delà de la simple élimination des dispositions inopérantes dans la décision Frank, nous ne nous opposons nullement à l'exigence selon laquelle une personne doit prouver sa citoyenneté canadienne ou son dernier lieu de résidence. Toutefois, nous partageons les préoccupations du directeur général des élections et d'autres témoins selon lesquelles l'exigence de s'inscrire seulement une fois l'élection déclenchée empêchera probablement certaines personnes d'exercer leur droit de vote. Pour de nombreux électeurs comme M. Woo, qui a témoigné la semaine dernière, il se peut qu'il n'y ait tout simplement pas assez de temps.
Nous croyons également que les exigences selon lesquelles il faut constamment prouver son dernier lieu de résidence au Canada entraînent des dépenses inutiles. Selon notre examen des témoignages de ces délibérations, aucune preuve convaincante n'explique pourquoi ces étapes sont nécessaires. Si une personne a prouvé une fois son dernier lieu de résidence au Canada, pourquoi cette preuve n'est-elle pas valide jusqu'à son retour au pays? Comme nous l'avons entendu, son dernier lieu de résidence ne peut pas changer une fois qu'il a été établi. De plus, nous ne voyons pas pourquoi cela devrait seulement être fait après le déclenchement des élections.
Comme nul autre que le directeur général des élections vous l'a dit, il est très probable que des gens ne seront pas en mesure de compléter les différentes étapes de ce processus à temps, car ils doivent faire une demande de bulletin de vote, prouver leur dernier lieu de résidence, attendre l'évaluation, recevoir le bulletin de vote par courrier et le retourner par courrier. Les résidents canadiens ne sont pas tenus de faire cela. Par exemple, 84 % des personnes qui produisent une déclaration d'impôt fournissent leur adresse à Élections Canada en utilisant leur formulaire d'impôt et mettent leurs renseignements à jour de cette façon. Nous ne voyons pas pourquoi les Canadiens non-résidents, dont la dernière adresse au Canada est fixe et impossible à changer, doivent prouver à nouveau ce lieu à chaque élection.
Nous nous opposons également à la règle d'un répondant par électeur, qu'il s'agisse de résidents ou de non-résidents. En effet, on peut facilement imaginer une situation dans laquelle les membres d'une famille canadienne — lorsque plusieurs d'entre eux ont longtemps vécu à l'étranger —, qui n'ont pas de preuve acceptable de leur dernier lieu de résidence au Canada, pourraient avoir de la difficulté à trouver des répondants pour chaque membre de la famille. Une personne pourrait, par chance, avoir gardé contact avec un ancien voisin qui vit toujours dans la circonscription, mais que se passe-t-il s'il reste seulement un membre de la famille dans la circonscription? Que se passe-t-il s'il n'y a pas assez de membres de la famille dans la circonscription pour se porter garant des autres membres de la famille?
Cela n'a aucun sens. Même si nous sommes heureux qu'on ait élargi l'exigence sans fondement selon laquelle le répondant doit vivre dans la même section de vote, nous remettons également en question la restriction liée à la circonscription. Pourquoi la parole d'un répondant qui jure de dire la vérité est-elle moins valide si ce répondant habite au bout de la rue à Kitchener—Centre, mais vous avez vécu à Kitchener—Waterloo et vos enfants ont été à la même école? Ou que se passe-t-il si ce répondant a été transféré à Kitchener—Centre lors du dernier redécoupage? Vous viviez dans la même circonscription, mais ce n'est plus le cas maintenant. Nous ne voyons pas pourquoi cela devrait poser un problème.
Il ne fait aucun doute pour nous que ce projet de loi empêche les Canadiens vivant à l'étranger d'exercer leur droit de vote garanti par la Constitution, et la jurisprudence est claire à cet égard. Lorsqu'un projet de loi interfère avec la capacité d'un citoyen de jouer un rôle important dans le processus électoral, il va à l'encontre de l'article 3 de la Charte. Il est évident que la combinaison de toutes ces mesures fera en sorte que les Canadiens auront plus de difficulté à voter lorsqu'ils sont à l'étranger.
Puisqu'aucune raison n'a été donnée pour justifier la proposition, il est difficile pour nous d'imaginer comment les tribunaux pourraient avaliser le non-respect des droits de vote qui sont protégés par la charte.
Nous pressons le comité de prendre à coeur les suggestions qui lui ont été faites et de modifier le projet de loi de façon à ce que les gens puissent s'inscrire au préalable, avant les élections, afin qu'ils soient effectivement en mesure de voter. Ou alors, vous devriez rejeter le projet de loi d'un bloc.
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Je m'appelle Jamie Biggar. Je suis un des cofondateurs et le directeur des campagnes du groupe À l'Action. Il s'agit d'un organisme sans but lucratif qui rallie les Canadiens dans l'objectif d'instaurer une démocratie ouverte, une économie juste et un climat sain.
L'an dernier, nous avons aidé des dizaines de milliers de personnes à l'échelle du Canada à s'élever contre les mesures visant à museler les électeurs qui ont été ajoutées à la Loi électorale du Canada.
Je tiens à préciser d'emblée que les droits de vote sont des droits fondamentaux et essentiels à la santé de notre démocratie. Il nous faut par ailleurs reconnaître que dans une société et une économie mondiales, les Canadiens seront nombreux à travailler, à voyager et à vivre à l'étranger, et que ces tendances ne feront que s'accentuer. En tant que pays visionnaire qui accorde de l'importance aux droits démocratiques, le Canada devrait protéger les droits de ses citoyens à participer au processus démocratique du pays en leur facilitant l'accès aux scrutins.
Malheureusement, avec les mesures proposées par ce projet de loi — et nous sommes d'accord avec bon nombre des experts et des commentateurs qui se sont exprimés sur le sujet —, il serait encore plus difficile pour les Canadiens à l'étranger de voter lors des élections canadiennes. Ces mesures viendraient en effet créer des barrières inutiles qui décourageraient les gens d'aller voter. Parmi ces barrières, notons l'obligation de s'inscrire uniquement après le déclenchement des élections, la nécessité de faire réapprouver constamment l'inscription, la règle d'un répondant par électeur, et la condition voulant que ce répondant doive habiter l'ancienne circonsciption de l'électeur.
Le groupe À l'Action offre une plateforme pour permettre aux gens d'unir leur voix afin d'exprimer leurs préoccupations au gouvernement, notamment en ce qui a trait aux droits démocratiques. J'ai ainsi compilé certains commentaires qui reflètent bien ce que la collectivité nous a dit à propos du projet de loi .
Kate nous a écrit ceci: « Je vis à l'étranger, mais j'espère de tout coeur revenir au Canada un jour, alors il est désolant pour moi de voir que le gouvernement tente de mettre des barrières à l'exercice de mes droits de citoyenne et de m'empêcher de participer à la gouvernance de mon pays. C'est d'autant plus insultant de constater qu'il le fait de manière aussi banale et bureaucratique, en resserrant la réglementation pour remédier à un problème qui ne semble pas vraiment exister. »
Les commentaires de Kate rejoignent le fond des discussions tenues à propos du projet de loi et les sentiments exprimés par des Canadiens d'un peu partout au pays. Au lieu de consolider les droits de vote des Canadiens, les dispositions du projet de loi viennent renforcer le régime qui tente de museler les électeurs et qui prend de plus en plus d'ampleur au Canada. Vous êtes nombreux ici à le savoir, mais il n'y a rien pour justifier ces mesures de façon cohérente.
Les défenseurs des mesures bureaucratiques pour museler les électeurs, en particulier dans certaines administrations des États-Unis, pointent du doigt les risques présumés de fraude électorale. Cependant, la fraude électorale semble être un problème largement inventé. La fraude électorale offre peu de raisons ou de moyens pour influer sur les résultats d'une élection, alors les gens s'en abstiennent. C'est un point que notre travail avec À l'Action nous permet de comprendre très clairement, car notre mission est de favoriser la participation à la démocratie. Nous savons que la participation au processus démocratique passe par la facilité d'accès et la grande motivation des électeurs.
Les gens passent à l'action quand ils croient qu'une cause en vaut la peine et que leur participation aura une incidence. Ils reconnaissent avec raison que les cas isolés de fraude électorale ont peu d'effets sur une élection, alors rares sont ceux qui voudront s'en donner la peine.
Par contre, la fraude électorale organisée par des partis politiques ou d'autres groupes intéressés pose une menace réelle aux processus électoraux à l'échelle internationale. Les efforts déployés pour protéger l'intégrité des élections devraient être orientés vers la détection, la prévention et la sanction des cas de fraude électorale organisée par des groupes qui ont les moyens et les motivations nécessaires pour changer l'issue d'une élection, et dans les faits, voler l'élection.
Si nous voulons défendre l'intégrité de notre processus électoral, nous devrions mettre l'accent sur la prévention de la fraude électorale organisée. Avoir droit de vote, c'est avoir le sentiment d'appartenir au pays, à l'appareil public. Exclure des électeurs par des mesures bureaucratiques de muselage, c'est envoyer un message clair aux Canadiens qui vivent à l'étranger.
Alexis nous a écrit: « Un Canadien reste un Canadien, qu'il soit au Canada ou à l'étranger. Nous sommes fiers de notre pays et extrêmement patriotiques, et nous avons à coeur ce qui se passe chez nous. Nous suivons les nouvelles et nous restons à l'affût de l'actualité et des questions électorales. Refuser aux Canadiens expatriés le droit de voter lors d'une élection fédérale canadienne serait un geste hautement antidémocratique et beaucoup plus antipatriotique que ce dont on nous accuse. »
Je presse le comité de prendre exemple sur ce qui se fait partout dans le monde pour faciliter l'exercice des droits de vote des citoyens vivant à l'étranger, qui ont de plus en plus la possibilité de voter en ligne. Je prie également le comité de dire non aux mesures bureaucratiques de muselage des électeurs canadiens, et d'étendre les droits de vote à plus de gens vivant au Canada et de faciliter l'exercice de ces droits au pays et à l'étranger.
En résumé, au lieu d'imposer des mesures bureaucratiques de muselage des électeurs aux Canadiens qui vivent, travaillent et voyagent à l'étranger, attaquons-nous aux vrais problèmes: le déclin de la participation électorale, la confiance érodée du public envers notre régime électoral, et la menace que pose la fraude électorale organisée.
Merci.
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Merci, madame la présidente. Je suis bien content d'être ici.
Je vais faire ma présentation en anglais, mais je pourrai répondre dans les deux langues.
[Traduction]
J'arrive justement d'une série de rencontres de l'Association canadienne de science politique, qui participe au Congrès des sciences humaines tenu à l'Université d'Ottawa en ce moment. En fait, j'y ai présenté un article sur le déclin de la participation électorale chez les jeunes, un sujet sur lequel je travaille depuis un certain temps et sur lequel j'ai écrit quelques livres, et les nouvelles données compilées à cet égard sont assez inquiétantes. C'est une étude comparative. Il n'est pas seulement question du Canada, mais de toutes les démocraties avancées; le Canada est certainement un des exemples les plus flagrants de cette nouvelle tendance. Cela ne signifie pas seulement que les gens sont moins portés à voter quand ils sont jeunes et qu'ils votent de plus en plus à mesure qu'ils vieillissent. On constate plutôt un phénomène générationnel selon lequel les générations actuelles votent moins quand elles sont jeunes et qu'elles sont aussi moins portées à voter en vieillissant.
Cela s'inscrit dans un phénomène plus large, c'est-à-dire le sens du devoir électoral. Le sens du devoir de porter attention à ce qui se passe en politique n'est plus ce qu'il était pour les générations précédentes. Les nouveaux moyens de communication, comme l'avènement de l'Internet, y sont pour quelque chose. Cependant, à ce que je sache, la plupart des pays démocratiques tâchent de rendre le processus électoral plus accessible, pas moins, dans ce contexte. Il est difficile d'obtenir des renseignements très détaillés sur des éléments très précis, comme ceux abordés par le projet de loi en question, mais en général, les pays tentent de déterminer ce qui empêche les gens de voter et tâchent d'éliminer le plus de barrières possible.
Je ne vais pas reprendre les arguments formulés par le directeur actuel et l'ancien directeur d'Élections Canada, ni ceux entendus aujourd'hui. On comprend très mal, dans le contexte global actuel, ce qui motive le besoin de resserrer les règles prévues par cette loi ou d'autres. Si je pense à ces règles précisément, je ne vois pas pourquoi il faudrait exiger, entre autres, que l'inscription se fasse après le dépôt des brefs d'élection. Surtout que nous avons maintenant des dates d'élection fixes, l'idée qu'on doive attendre le dépôt des brefs avant de pouvoir s'inscrire au vote depuis l'étranger, me paraît vraiment... J'aimerais bien connaître le raisonnement derrière tout cela.
Je n'ai pas été en mesure de trouver d'autres pays qui aient des règles aussi strictes entourant l'inscription aux listes électorales. Je sais cependant que de tous les pays auxquels on peut comparer le Canada, aucun n'est aussi restrictif que le Canada. Par exemple, et vous le savez sans doute, les Américains maintiennent toujours leur droit de vote, même s'ils sont à l'étranger. Nous sommes limités à cinq ans. Au Royaume-Uni, c'est 15 ans. J'ai d'autres données sur différents pays, mais très peu... Seule l'Australie se rapproche un peu de nous. La période permise là-bas est de six ans, mais il est possible de la renouveler en en faisant la demande. Cette limite de cinq ans — cinq ans, puis c'est fini — est plutôt difficile à comprendre.
Évidemment, les difficultés qui accompagnent la production des documents requis pour pouvoir voter... Je crois que les critiques que vous avez entendues à ce sujet sont tout à fait éloquentes.
Vous savez peut-être que certains pays essaient vraiment de simplifier la tâche à leurs citoyens qui veulent voter depuis l'étranger en leur offrant diverses options. Certains ont des districts électoraux expressément pour représenter leurs expatriés. Les Français le font. Vous connaissez peut-être des expatriés de différents pays, comme le Portugal et la France, qui ont une représentation directe au parlement et qui votent directement pour leurs propres représentants. Bien des pays font en sorte qu'il est possible de voter de différentes façons.
Il y a le vote par correspondance, et c'est ainsi que nous procédons, mais il y a aussi la possibilité de voter à l'ambassade ou de voter par procuration. Je n'aime pas beaucoup cette dernière option, mais certains pays le permettent. L'Estonie, entre autres, a instauré le vote électronique et travaille à offrir aussi cette option aux citoyens hors pays.
En général, on fait des efforts pour qu'il soit plus facile pour les gens de voter à l'intérieur, mais aussi à l'extérieur du pays; de voter et de participer au processus politique.
Les raisons illustrant l'importance de la connexion électorale ont été exprimées avec beaucoup plus d'éloquence que je ne pourrais me le permettre, mais je dois dire que j'ai bien du mal à comprendre pourquoi, au Canada, on ressent le besoin de resserrer les règles.
Je vais m'arrêter ici. Merci.
Il a proposé une solution qui m'a semblé assez innovatrice — elle n'a pas été mentionnée par les autres témoins, mais comme vous êtes ici, j'aimerais avoir votre opinion à son sujet —, et je parle de l'idée d'un bulletin de vote provisoire, pour employer son expression. Un citoyen canadien qui n'a plus de résidence au Canada pourrait demander qu'on lui envoie un bulletin de vote provisoire, qu'il devrait remplir en conséquence et indiquer pour qui il désire voter. Il le glisse ensuite dans une enveloppe anonyme, qui est insérée dans une autre enveloppe adressée à l'endroit approprié, et le tout est envoyé au Canada.
On veille par la suite à déterminer si le bulletin est valide et s'il a été adressé à la bonne circonscription, contrairement à la procédure actuelle qui demande que tout soit vérifié à l'avance. Le jour de l'élection, on présume que tout le monde qui a droit de vote est en mesure de voter, et que tous ceux qui n'ont pas droit de vote ont déjà été exclus de la liste, mais cela ne semble pas être le cas ni pour les citoyens résidant au Canada, ni pour ceux à l'étranger.
Je ne suis pas un expert dans ce domaine. Mon collègue, Ted Opitz, qui a eu à composer avec les problèmes que cela peut engendrer pourrait vous en parler plus longuement.
Pensez-vous que cette idée de bulletin de vote provisoire pourrait permettre de résoudre bien des problèmes? Vous avez sans doute compris que c'est ce que je crois. Au fond, je vous demande si j'ai raison de croire que M. Kingsley tient là une bonne idée.
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Je ne suis pas certain que ce soit la réponse précise à la question des personnes résidant à l'extérieur du pays. Ce n'est pas la première fois que M. Kingsley propose pareille mesure. Je pense que maintenant que nous insistons sur le fait que les gens ne peuvent pas simplement se présenter au bureau de scrutin avec la carte qu'ils ont reçue d'Élections Canada en disant que c'est là qu'ils doivent voter, comme le croient encore bien des gens, cela crée un problème. M. Kingsley affirme que le meilleur moyen de résoudre la question consiste à permettre à ceux qui arrivent sans pièce d'identité suffisante de voter à titre provisoire, puis à leur donner l'occasion de prouver leur identité d'une autre manière au lieu de leur dire qu'ils ne peuvent pas voter. Il connaît la question bien mieux que moi. Cette solution me semble sensée.
Je ne suis pas tout à fait certain que cela fonctionnerait aussi aisément pour les votes à l'étranger, car les gens doivent présenter leur passeport; leur identité ne peut donc pas être mise en doute. Il semble plus difficile d'établir que les gens vivent dans la circonscription et de déterminer où ils peuvent voter. Voilà où il y a une complication quand il faut présenter une pièce d'identité.
Si les électeurs n'en ont pas sur eux quand ils vont voter, serait-il possible de les autoriser à voter à titre provisoire? Je l'ignore. Je n'y ai pas vraiment réfléchi, mais je ne pense pas que ce soit la solution à l'heure actuelle. Je pense qu'il faut simplement leur accorder davantage de temps. Il me semble que l'idée selon laquelle tout doit se faire après la délivrance des brefs... Je ne peux comprendre pourquoi cela semble être le cas, car si on n'envoie pas suffisamment de renseignements, on a le temps d'envoyer de l'information supplémentaire d'une manière qui pourrait être prévue par la loi.
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Merci, madame la présidente.
Je poserais une question à chacun de nos invités, en commençant par M. Biggar. Je vous remercie tous de témoigner. Vous vous êtes montrés très éloquents à propos du caractère fallacieux de la fraude individuelle. Je veux traiter brièvement de l'actuel registre international des électeurs à l'étranger et vous demander votre opinion.
Le directeur général des élections nous a expliqué que son personnel procède à des vérifications en envoyant des lettres pour s'assurer que les gens sont toujours là, et si la personne ne répond pas après un certain temps, il la raye de la liste. Quel risque de fraude y a-t-il entre le moment de l'envoi de cette lettre et l'approche des élections?
Une personne figure sur le registre international d'Élections Canada. Le ministère a confirmé qu'elle est toujours là. Il lui envoie un bulletin spécial au moment des élections, mais cette personne a depuis déménagé et a oublié de retirer son nom de la liste. Elle est retournée au Canada et s'en est allée ailleurs. Disons que cette personne résidait à Mexico, à un endroit où habite maintenant un Mexicain. Ce Mexicain ouvre l'enveloppe contenant le bulletin spécial, le remplit et vote frauduleusement au cours des élections canadiennes.
Considérez-vous que ce problème de fraude individuelle soit très susceptible de se produire, comme le semble le craindre?
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Non, certainement pas. Il est très difficile d'imaginer qu'un tel scénario puisse avoir une incidence quelconque sur les élections canadiennes ou qu'une personne soit suffisamment motivée pour agir de la sorte, sachant que cela n'aurait essentiellement aucune incidence.
Pour pousser l'analyse un peu plus loin, en tenant compte, d'un côté, du degré d'absurdité de l'idée de fraude électorale commise par les gens résidant à l'étranger et, de l'autre, de l'importance des obstacles, il serait inimaginable pour les partis politiques de faire en sorte que personne ne puisse leur faire de don au cours d'une période électorale à moins qu'ils ne se soient inscrits à un registre avant les élections pour pouvoir faire un don. Aucun parti politique n'accepterait pareille situation, car ils comprendraient que cela créerait des obstacles inutiles et déraisonnables qui empêcheraient les gens de participer.
Les obstacles créés ici sont considérables, alors que le problème imaginé est essentiellement inexistant.
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Je partagerais l'avis de M. Biggar. monsieur Scott.
Même si un Mexicain était attaché au partenariat de l'ALENA au point de vouloir avoir son mot à dire dans notre processus démocratique, nous considérerions qu'il s'agit d'un scénario hautement improbable. D'un autre côté, nous pensons que tous les Canadiens vivant à l'étranger seraient aux prises avec ces obstacles qui pourraient empêcher des milliers d'entre eux de voter, dont des gens qui veulent voter et qui tentent diligemment de le faire, agissant dès que le bref d'élection est délivré, peu importe l'endroit où ils vivent dans le monde, afin de participer aux élections.
Selon la preuve présentée à la Cour supérieure de l'Ontario dans l'affaire Frank, rien n'indique qu'au cours des 20 années d'application du système actuel, il y ait eu des plaintes ou des préoccupations sérieuses au sujet du vote des Canadiens vivant à l'étranger, où ils travaillent pour des organisations internationales ou le gouvernement du Canada, qu'ils aient résidé à l'étranger pendant moins ou plus de cinq ans, ou au sujet des membres de leur famille. Vu l'absence de preuve, nous ne pensons pas que ce soit un problème important.
Monsieur Milner, vous positionnez votre exposé dans la baisse générale de l'intérêt des électeurs, surtout chez les jeunes. Une de nos préoccupations au sujet du projet de loi, à l'exception du fait qu'il laisse entendre que tout le monde devrait avoir du mal à voter, se rapporte au cas assez courant d'un étudiant qui part s'installer à l'étranger pour ses études supérieures. Des milliers d'étudiants canadiens le font, et leur lieu de résidence antérieur est l'endroit de leurs études universitaires. Le problème, c'est que pratiquement tous ceux qui sont à même de confirmer ce lieu de résidence étaient eux aussi des étudiants qui sont fort probablement déjà partis.
Croyez-vous que ce problème s'ajoute au fait que le a conçu une nouvelle disposition visant à ce qu'aucun document d'identification délivré hors du Canada ne puisse servir de preuve d'adresse? Ce n'est pas le libellé exact. Le texte est très malhabile, et il exclut même les baux, de sorte qu'un étudiant ayant habité dans une maison louée par une personne ne peut plus utiliser le bail comme preuve de résidence antérieure. Considérez-vous que ces deux obstacles témoignent du problème que pose le projet de loi?
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Je dois admettre que je n'y ai pas songé. Tout ce que je peux dire à propos des jeunes de ce groupe d'âge, c'est qu'ils vivent de nombreux changements, surtout ceux qui sont loin de chez eux et fréquentent une école ou une université au Canada, et à plus forte raison à l'étranger. Nous savons qu'à ce stade de la vie, ils sont moins susceptibles de prendre les mesures qui s'imposent pour voter. Par conséquent, je suis persuadé que toute procédure leur compliquant particulièrement la tâche serait dans bien des cas la goutte faisant déborder le vase. Pourquoi se donneraient-ils la peine?
Il me semble que nous devrions faire le contraire. Nous devrions plutôt identifier les groupes qui sont à l'étranger, leur demander quels sont leurs besoins particuliers, et voir comment nous pourrions mieux les prendre en compte.
Vous avez raison de dire qu'un étudiant à l'étranger a toutes sortes de préoccupations sur les plans personnel et académique, et en matière de logement. Disons qu'un étudiant poursuit des études supérieures, ou même des études de premier cycle à Montréal, à Toronto ou à Ottawa. Va-t-il tenter de retrouver quelqu'un qui puisse confirmer ce lieu de résidence, par exemple? Comme vous le dites, il ne peut pas se servir d'un bail. Je doute d'ailleurs qu'il en possède une copie. Qu'est-ce qui peut pousser un jeune dans une telle situation à déployer des efforts?
Lorsque nous étudions une question, nous devons nous mettre dans la peau des personnes touchées, et je ne vois pas en quoi les dispositions y arrivent.
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Merci, madame la présidente.
Je tiens à remercier nos invités de se joindre à nous depuis la Colombie-Britannique, ainsi qu'à Ottawa.
La question du bulletin provisoire a été soulevée plus tôt. Je pense que le concept vise à encourager le vote, mais j'ai l'impression que nous nions l'évidence chaque fois que nous en parlons. Autrement dit, ce pourrait être une solution dans certains cas, mais si la liste permanente à l'étranger est rétablie, nous irons beaucoup plus loin.
Comme mon confrère de Cape Breton le dirait, le bulletin provisoire revient à déplacer la maison pour tendre la corde à linge. Nous devons plutôt faire valoir la création permanente de la liste à l'étranger. Comme M. Biggar l'a indiqué, nous voulons limiter les obstacles et stimuler la motivation.
Je vais commencer par M. Biggar à ce sujet. Vous êtes évidemment spécialiste de la motivation, compte tenu de votre organisation À l'Action et de ce qu'elle fait pour inciter les gens à voter. Mais pour ce qui est de la question des obstacles, vous avez dit au départ que la situation est de plus en plus précaire. En raison du projet de loi , nous ne pouvons plus utiliser la carte d'information de l'électeur.
Pourriez-vous répondre par oui ou non, monsieur Biggar? En ce qui a trait à la permanence de la liste à l'étranger, j'imagine que...
Monsieur Milner, je vais commencer par m'adresser à vous.
J'aimerais parler d'une chose que M. Reid a mentionnée brièvement tout à l'heure, lorsqu'il discutait avec vous, à propos de votre préoccupation première à tous les trois. Vous dites que les gens devraient pouvoir s'inscrire avant la période électorale plutôt que seulement pendant celle-ci.
Je peux effectivement comprendre en quoi ce peut être une solution dans le cas d'élections à date fixe, mais notre système étant ce qu'il est, il est tout à fait possible qu'une élection se tienne avant la date prévue. Il peut y avoir un gouvernement minoritaire, qui peut être renversé par une motion de défiance. Toutes sortes de raisons peuvent donc entraîner la tenue d'élection surprise à tout moment. Dans ce genre de situations, certains électeurs pourraient être traités différemment d'une élection à l'autre si nous avions un système permettant l'inscription avant l'élection. Dans le cas d'une élection surprise attribuable au renversement du gouvernement, ces gens ne pourraient évidemment s'inscrire que pendant la période électorale.
Ces gens seraient donc traités différemment dans ces deux types d'élections. La possibilité d'inéquité dans ce genre de système vous inquiète-t-elle, puisque certains seraient traités différemment d'une élection à l'autre?
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Si c'étaient des personnes qui faisaient l'objet d'un traitement différent, je serais inquiet, mais tout le monde est traité de la même façon dans votre exemple. Il s'agit simplement d'une procédure différente en fonction des circonstances.
Les élections à date fixe sont quelque peu différentes des élections hâtives — c'est le mot que j'emploierais — notamment sur le plan de la campagne électorale. C'est dans la nature même de notre système. C'est une tout autre question, mais je suis d'avis que nous pourrions resserrer les règles de façon à tenir des élections à date fixe même sous un gouvernement minoritaire. C'est ce que fait la Norvège. Dans d'autres pays, il est très difficile de tenir des élections hâtives.
Mais puisque cela ne changera pas, je ne crois pas que ce soit injuste. C'est simplement attribuable à la nature du système.
Nous n'avons pas besoin d'une nouvelle liste à chaque élection. Si la situation d'une personne n'a pas changé depuis les élections précédentes, nous pourrions lui permettre de voter. Puisque je ne suis pas un législateur, je vous invite à trouver une façon d'y arriver, mais je ne vois pas pourquoi nous ne pourrions pas procéder ainsi, même pour les gens qui sont à l'extérieur du pays.
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Merci, madame la présidente.
[Traduction]
Je vous remercie tous infiniment d'être avec nous.
J'ai une observation. Je vais vous lire une citation, que je vous demanderai de commenter. Nous nous demandons si le registre international des électeurs doit être conservé ou aboli, et s'il fonctionne bien ou non. Nous avons tous fait valoir que le registre fonctionne, y compris le directeur général des élections, et aucun témoin ne nous a encore demandé d'en corriger les lacunes.
Mais ce que je tiens à souligner, c'est qu'aucun député ministériel n'a pris la parole pour défendre son abolition ou pour expliquer en quoi c'est une bonne idée. Lorsque nous en arrivons au point où pratiquement tout le monde trouve l'idée mauvaise, y compris les députés ministériels, compte tenu de leur silence, il faut un moment donné que quelqu'un s'attaque à cette question délicate.
J'aimerais lire aux trois témoins ce que le directeur général des élections nous a dit le 7 mai dernier:
La deuxième modification proposée par le projet de loi C-50, qui est peut-être la plus importante, est l'élimination du registre international des électeurs. Tous les électeurs à l'étranger qui souhaitent voter par bulletin spécial, sauf les militaires, devront désormais présenter une demande après le déclenchement d'une élection. Ils devront alors fournir une preuve de citoyenneté, en plus d'une preuve d'identité et de résidence. S'ils ne résident plus au Canada, ils devront prouver leur dernier lieu de résidence habituelle...
Il va sans dire que les électeurs à l'étranger auront plus de difficultés à voter à cause de ces nouvelles règles.
Voici ce qu'il dit ensuite:
À l'heure actuelle, une fois que les électeurs résidant à l'étranger ont prouvé qu'ils pouvaient figurer dans le registre international, on leur envoie automatiquement une trousse de vote par la poste après le déclenchement d'une élection. Le registre international a justement été créé pour éviter qu'un électeur ne puisse pas renvoyer son bulletin rempli à temps pour le jour de l'élection.
Conformément au projet de loi C-50, les électeurs devront maintenant envoyer une demande à Élections Canada, de l'endroit où ils se trouvent dans le monde, après le déclenchement d'une élection. Nous devrons traiter leur demande et leur envoyer une trousse de vote par la poste, puis leur bulletin de vote rempli devra nous parvenir avant 18 heures le jour de l'élection. Même si nous faisons tout notre possible pour réduire les retards, les électeurs à l'étranger auront inévitablement plus de difficulté à voter.
Ces deux sujets de préoccupations — c'est-à-dire les difficultés qu'auront certains électeurs à prouver maintes fois leur ancienne adresse et à renvoyer leur bulletin de vote à temps — découlent de l'abolition du registre international des électeurs. Je ne vois pas pourquoi il faudrait abolir ce registre, ni pourquoi il était compatible avec les objectifs du projet de loi.
J'aimerais s'il vous plaît savoir ce que nos invités en pensent. L'ordre d'intervention m'importe peu, madame la présidente.
Je souhaite donner suite à une question qui a été mentionnée plus tôt. Monsieur Biggar, lorsque M. Simms vous a demandé le nombre d’expatriés dont vous aviez entendu parler, vous avez indiqué qu’un assez grand nombre d’expatriés avaient communiqué avec vous. Mais, évidemment, vous n’avez pas été en mesure de nous indiquer où ils se trouvaient ou même quel pourcentage d’entre eux étaient aux États-Unis, en Europe ou ailleurs.
Je présume que vous devez tenir un compte des communications que vous recevez, que ce soit par téléphone, par courrier électronique ou par un autre moyen, quel qu’il soit. Pouvez-vous nous donner une idée de ce que vous entendez par « un assez grand nombre »? Manifestement, cette expression est grandement sujette à interprétation. À quoi correspondrait l’assez grand nombre de personnes qui ont communiqué avec votre organisation?