:
Merci beaucoup, monsieur le président. Je regrette que nous n'ayons pas pu avoir cette discussion il y a une semaine, alors que j'étais accompagné de Lord Tyler, qui est député plutôt que représentant officiel, et qui aurait pu exprimer plus librement son point de vue que je ne puis le faire. Mais je ferai de mon mieux.
Permettez-moi à ce stade de vous expliquer brièvement ma participation au processus électoral pour l'élection du président de la Chambre des lords.
Jusqu'en 2006, le lord chancelier, qui est un ministre du cabinet, était d'office président de la Chambre, même si son rôle était plutôt cérémonial. En juin 2003, on a annoncé des propositions visant initialement à abolir, puis à réformer la fonction de lord chancelier et la Chambre des lords a été invitée à choisir son propre président. En juillet 2003, un comité restreint a été nommé. J'étais alors greffier des Journaux et j'ai donc été greffier de ce comité qui, en novembre 2003, a recommandé le système d'élection que nous avons utilisé depuis à deux reprises. L'élection d'un président de la Chambre des lords a ensuite été suspendue pendant un certain temps à cause de la controverse que suscitait le retrait du lord chancelier comme président de la séance, jusqu'à ce que l'avenir de son poste ait été fixé. À la suite de l'adoption, en 2005, de notre Constitutional Reform Act, un comité semblable a été nommé à nouveau et a soumis, en décembre 2005, essentiellement la même recommandation par rapport à la méthode d'élection. À cette époque, j'étais encore greffier du comité.
La seule raison que le comité a donnée pour adopter ce mode d'élection est, je le cite: « C'est ce système qui a été utilisé avec succès lors de la première élection partielle d'un pair héréditaire, en mars 2003. » À titre de greffier des journaux, j'étais le principal agent responsable de l'organisation de ces élections partielles et, en fait, des huit premières élections partielles. Lorsque la première élection s'est déroulée en 2006, j'ai été, une fois de plus, à titre de greffier des journaux, le principal agent responsable de l'organisation de l'élection et nous l'avons refait en 2011. C'est alors que j'ai occupé, comme je l'occupe encore aujourd'hui, le poste de greffier des Parlements, l'équivalent de greffier de la Chambre, et j'étais directeur du scrutin. J'ai pris une part active aux deux élections et au déroulement de ce mode d'élection des pairs héréditaires.
J'espère que ces renseignements vous seront utiles. J'ai ajouté une note de deux pages avec un peu de contexte, dont une histoire plutôt curieuse qui relate la façon dont nous en sommes venus à élire des pairs héréditaires. J'espère que vous vous en inspirerez pour vos questions. Je n'ai pas l'intention de résumer ce que contient la note, mais je serai ravi de répondre aux questions que le comité pourrait avoir.
:
Dans l'ancien système, il n'y avait aucun scrutin. Le lord chancelier était un ministre du cabinet qui, ayant été nommé à ce poste, présidait la Chambre des lords mêmes si, à de rares occasions, il n'était pas lui-même député. Il ne s'agissait donc pas tant d'un changement de système que de l'introduction d'un nouveau système.
Je suppose que la Chambre a fait pour la première fois l'expérience des élections en 1999, lorsque la plupart des pairs héréditaires étaient partis. Nous avions alors un système très compliqué que je n'essaierai pas de vous décrire et auquel personne ne souhaite probablement revenir. À l'occasion d'une élection, par exemple, les membres devaient faire une liste de 42 candidats par ordre de préférence. C'était donc une nouveauté à la Chambre des lords.
La chose la plus intéressante que je pourrais vous dire est que, à aucun moment, personne n'a proposé d'autre système. Je dirais toutefois que le système de vote détaillé, comme je crois que vous l'appelez, qui prévoit une succession d'élections, que vous utilisez en ce moment et qu'en fait la Chambre des communes à Westminster a utilisé récemment, ne serait probablement pas acceptable à la Chambre des lords. Et je n'ai entendu aucune plainte, que ce soit sur son mode de fonctionnement qu'à propos des résultats qu'il a produits.
:
Avant de répondre à votre question, j'aimerais revenir à la première partie de vos remarques. Même si je n'ai pas de compétences par rapport à la Chambre des communes, il convient peut-être de signaler qu'à Westminster, le système est, je crois, un tout petit peu différent du vôtre en ce sens que les chiffres du scrutin sont annoncés. C'est quelque chose que vous pourriez peut-être envisager, car cela peut avoir pour effet, chez les candidats qui n'ont pas beaucoup de voix, de les pousser à se retirer, ce qui accélère le processus, alors que si j'ai bien compris, dans votre système, personne d'autre que le candidat ne sait qui est éliminé.
Pour en revenir à votre question, en un sens technique, je peux confirmer que le déroulement est harmonieux et sans accroc. Pour organiser les élections, nous faisons appel à l'organisation Electoral Reform Services, qui est très respectée dans le pays.
L'un des aspects qui m'a déçu est que certains électeurs peuvent avoir l'impression d'améliorer les chances de leur candidat préféré en n'indiquant pas leurs préférences subséquentes. Je dirais qu'au moment de l'élection, personne ne nuit aux chances de son candidat préféré en indiquant les préférences subséquentes, car en ne les indiquant pas, on peut finir par être exclu de la décision finale. Comme je l'indique dans ma note, les deux fois, le candidat qui avait reçu le plus de votes de première préférence a finalement été élu, mais par très peu de voix, parce que l'électeur n'avait pas exprimé suffisamment de préférences. Ce n'est peut-être pas un problème, mais simplement un élément à envisager. Si vous décidiez de recommander le vote préférentiel, il conviendrait de sensibiliser les députés à l'avantage que présente le fait d'utiliser tous les votes.
:
Non, je comprends et cela aide. Cela atténue mes réticences. Néanmoins, M. Reid jouit d'un avantage que tous les autres parrains de projet de loi n'ont pas, et nous ne pouvons accomplir notre travail que si nous sommes vus comme étant justes par nos collègues.
Toutefois, je crois profondément au bon sens, même si Mike Harris abuse de ce terme. Je pense que dans le cas présent, je serais certainement disposé à accepter, sous toutes réserves, mais sans établir de précédent... et seulement pendant les questions et parce que c'est arrivé tardivement. Dans l'avenir, nous devrions indiquer clairement que le rôle du parrain se limite à agir à titre de témoin, et ce, en tout temps.
Comme nous ne l'avons pas fait à l'avance et que cela ne ferait que tout perturber, je propose que nous procédions ainsi pour cette fois. Mais ce n'est que pour une fois et sous toutes réserves. Dans l'avenir, nous devrions réaffirmer quelque part que si un membre veut jouer un rôle quelconque, il doit se détacher entièrement de la question. Je laisserais l'affaire entre les mains de la greffière.
Mais pour aujourd'hui, nous pouvons accepter cette façon de faire, sous toutes réserves.
:
Comme je l'ai indiqué précédemment, étant donné que la composition de la Chambre des lords ne change pas après une élection générale, l'élection du Président de la Chambre des lords n'est pas assujettie au calendrier des travaux parlementaires. La première élection a eu lieu essentiellement quand la Chambre était prête, quand les dispositions avaient toutes été établies.
Selon les recommandations du comité, que la Chambre a acceptées, l'élection aurait lieu aux cinq ans et, un peu comme pour le président des États-Unis, chaque président de la Chambre des lords accomplirait au plus deux mandats. De fait, la première présidente de la Chambre des lords, la baronne Hayman, a décidé de se retirer après cinq ans. Mais c'est essentiellement un cycle de cinq ans.
Je m'attends à ce que la prochaine élection ait lieu en juillet 2016 et que le candidat qui l'emporte entre en fonction probablement en septembre. En fait, en 2006, le lord chancelier a quitté le sac de laine immédiatement après l'annonce des résultats, et la vainqueure a pris la relève sur le champ. Mais dans l'avenir, nous suivrions un cycle de cinq ans; l'élection aurait lieu en juillet et le président entrerait en fonction après la pause estivale.
Puis-je dire quelque chose avant de partir?
Le président: Bien sûr. Votre dernier repas, votre dernière déclaration, tout le tralala.
M. Scott Reid: Je n'avais pas prévu qu'on discuterait de la question à ce moment-ci de la séance d'aujourd'hui.
Le président: Moi non plus.
M. Scott Reid: Mon bureau est en train de faire traduire le blogage de lord Tyler sur le sujet; nous ne l'aurons donc pas aujourd'hui. Je pense que la greffière a distribué son mémoire écrit à tous.
La greffière: Oui.
M. Scott Reid: Il tend évidemment à être en faveur de ce type d'approche, et j'espère que tout le monde aura l'occasion de l'examiner. Il traite d'au moins une question pertinente et fait une comparaison directe entre les deux systèmes. C'est tout ce que j'ai à dire. Je vais maintenant partir.
:
Merci, monsieur le président.
Je suis bien d'accord sur cela. Je pense qu'il ne me faudra pas beaucoup de temps pour raconter ce qui est arrivé.
Premièrement, j'aimerais vous remercier, monsieur le président, ainsi que les membres du Comité permanent de la procédure et des affaires de la Chambre, de me recevoir aujourd'hui concernant cet incident qui est survenu le 25 septembre 2014.
J'étais à mon bureau en avant-midi entre 10 h et 10 h 30. Comme tous les députés le savent, une sonnerie se fait entendre dans nos bureaux et une lumière s'allume. C'est comme si la police allumait ses phares. Cela sert à nous appeler à venir voter. Cela nous rappelle notre responsabilité de parlementaire, qui est de nous rendre à la Chambre des communes et de voter.
Je suis donc sorti de mon bureau et de l'édifice de la Justice. J'ai pris le petit autobus vert qui amène les députés à la Chambre des communes et qui les ramène à leurs bureaux. Lorsque nous sommes arrivés à l'arrière de l'édifice de la Confédération, l'autobus vert s'est arrêté. Le chauffeur nous a dit qu'il valait mieux que nous descendions, car cela faisait un bout de temps que les voitures étaient arrêtées. En effet, la file s'étirait de l'arrière de l'édifice de la Confédération jusqu'à la barrière de la Gendarmerie royale du Canada à l'intérieur. La file était déjà pas mal longue, et le chauffeur de l'autobus nous a dit que nous ne pourrions pas passer.
Je suis donc sorti de l'autobus avec mes autres collègues qui étaient également à bord. Nous avons marché jusqu'à l'entrée qui se trouve en avant ou sur le côté de l'édifice de la Confédération. Si vous êtes sur Bank et que vous regardez vers le côté sud, c'est à votre droite, juste dans l'entrée.
Je suis arrivé là et il y avait un agent de la GRC sur la rue Bank. Je lui ai dit que je devais monter vers le Parlement. Il m'a répondu en anglais: « Get on the sidewalk ».
J'ai vu qu'il ne parlait pas français. Je lui ai donc répondu ceci en anglais :
[Traduction]
« Well, I am a member of Parliament and I have to go up. »
Il m'a répliqué avec le plus grand sérieux « I don't care, and get on the sidewalk ». Je venais à peine de quitter du trottoir pour me diriger vers le Parlement. Des collègues de tous les partis se trouvaient derrière moi, notamment des députés du Parti conservateur et du NPD. J'ai dit qu'il y avait un vote et que je devais m'y rendre.
Le dignitaire invité n'était pas encore arrivé; on l'attendait. Je pense que c'était le président d'Allemagne qui arrivait. J'ai dit que je devrais vraiment passer parce qu'il y avait un vote. Il m'a rétorqué qu'il s'en fichait. J'ai insisté encore un peu. Je lui ai fait remarquer que selon son point de vue et son attitude, il s'en fichait, mais que c'était peut-être un vote pouvant faire tomber le gouvernement.
Je sais et nous savons comment se passent les votes. Il aurait pu s'agir d'un tel vote.
Je lui ai expliqué le genre de vote dont il pouvait s'agir et notre responsabilité, indiquant que ce pouvait être un vote de confiance. Il m'a répondu. « I don't care about the Parliament. I don't care about your vote. Just stay there and you don't move. ». Ce à quoi j'ai répondu qu'il avait tort. J'ai alors décidé de ne plus insister.
Au même moment, il y avait une agente de police de la ville d'Ottawa avec une motocyclette; elle n'était pas sur son véhicule. Elle m'a dit d'aller sur le trottoir. Je me souviens de ce que je lui ai dit: je lui ai répondu de ne pas s'en mêler, que j'étais en train de discuter avec la GRC. Mais je suis resté sur place. Par la suite, l'agent a traversé la rue avec moi. Il m'a dit qu'il agissait ainsi pour ma sécurité. Je lui ai répondu que je n'étais pas d'accord et qu'il avant agi à mauvais escient.
Un de mes collègues, , a été témoin de la scène. Il a entendu les propos de l'agent. Ce matin même, j'ai parlé à , et un autre incident s'est produit en même temps à bord d'un autobus. Le chauffeur n'a même pas voulu qu'elle descende du véhicule. Les gens ont dû argumenter avec lui et lui dire qu'ils devaient descendre, mais cela n'a servi à rien, parce qu'ils n'ont pas pu passer non plus. J'ai aussi entendu dire — et vous pourriez vérifier — que le ministre de l'Immigration , n'avait pas été autorisé à passer.
[Français]
J'ai parlé au Président de la Chambre des communes. Il a été arrêté lui aussi. Je ne me souviens pas si c'était jeudi ou vendredi matin. Sa voiture a même été fouillée par les policiers. Il voulait se dépêcher pour aller ouvrir la séance à la Chambre des communes. Il a dit aux policiers qu'il était le Président, et que s'il ne pouvait pas monter, la Chambre des communes ne pourrait pas commencer ses activités. Encore une fois, l'attitude se résumait à « Ça ne nous dérange pas; vous ne pouvez vas pas monter. »
Monsieur le président, membres du comité, je crois que c'est totalement inacceptable. Aux fins du procès-verbal de notre réunion, je tiens à rappeler à tous les membres du comité la définition du privilège parlementaire, qui va comme suit: « Conformément au droit du privilège parlementaire, le titulaire a plein accès en tout temps, sans entrave ni ingérence, à l'enceinte de la Chambre des communes dont le titulaire est membre. » C'est ce qui constitue notre privilège.
Je vais aller encore plus loin. Les policiers sont censés assurer la sécurité des députés, mais s'ils ne nous reconnaissent pas et qu'il se passe quelque chose impliquant le grand public, c'est peut-être nous qui allons finir par être les victimes. C'est une question très importante.
À l'époque où Bill Blaikie siégeait au Parlement, une situation de ce genre s'était produite. Le Comité permanent de la procédure et des affaires de la Chambre avait alors étudié la question. Comme vous le savez, j'étais à l'époque le whip du NPD. Le comité avait convenu qu'il était temps que ça cesse. Il y a deux ans, soit en 2012, il y a eu une situation semblable. Encore une fois, on a dit que ça devait cesser. Or, c'est encore arrivé.
Monsieur le président, je jouis d'un privilège. J'ai été élu par les citoyens du comté d'Acadie—Bathurst pour les représenter. Ce n'est pas pour rien que le Parlement nous accorde un privilège qui exclut l'ingérence. Cela implique la responsabilité de nous laisser passer en tout temps.
Là-dessus, je vais simplement ajouter, ouvertement, que la prochaine fois, je vais passer. Ils s'organiseront avec leurs problèmes. Je vais prendre mon privilège au sérieux.
:
Regardez cette affaire, par exemple. C'est le même agent que j'ai rencontré jeudi dernier qui est à l'entrée aujourd'hui. Ce n'est pas une nouvelle personne. Je tiens à ce que vous le sachiez. Je l'ai vu aujourd'hui. Il était là, d'accord?
C'est une chose. L'autre chose, c'est que l'attitude je-m'en-fichiste n'a pas sa place ici. Nous ne nous en fichons pas, au Parlement du Canada.
Monsieur Lukiwski, mon cher collègue, je vous ai entendu à la Chambre parler de la manière dont nous devons peut-être montrer notre carte. Mais dans le cas présent, il s'en fichait. Je lui avais déjà dit que j'étais député, et cela lui était égal.
Je me demande si les responsables, dans leurs bureaux là-haut, se demandent en quoi consiste le privilège des députés qu'ils voient quotidiennement. Quel est le privilège? C'est quelque chose dont ils pourraient s'occuper. Quel est notre privilège? Nombre d'entre eux l'ignorent et ils sont ici.
Je voulais simplement mettre en lumière ses propos.
Je suis d'accord avec M. Lukiwski. Je ne peux imaginer que quelqu'un puisse être contre. C'est une de ces questions au sujet desquelles il est fort possible que le public se dise: « Oh, les voilà encore avec leurs egos et toutes ces affaires », et vous savez quoi? Nous allons devoir tenir bon, parce que ce ne sont pas nos personnes qui sont en jeu ici, mais bien les droits et privilèges des personnes élues par les citoyens canadiens pour agir à titre de députés. Voilà ce qui compte.
Je remarque que dans le rapport précédent, monsieur le président, qu'on remonte jusqu'au 12 avril 1733, où on déclaré ce qui suit:
Agresser, insulter ou menacer un député à son arrivée à la Chambre ou lorsqu’il en sort… est une atteinte grave au privilège de la Chambre, une violation des plus outrageantes et dangereuses des droits du Parlement et un comportement intolérable.
Fait intéressant, quelques centaines d'années plus tard, en 2004 — pour éviter que quelqu'un pense qu'il s'agit d'une réflexion ou d'une notion archaïque —, la Chambre a affirmé de nouveau que « Les députés ont le droit de se livrer à leurs activités parlementaires sans être dérangés. » Elle a en outre affirmé que la violation de ce privilège non seulement est inacceptable, mais constitue un outrage au Parlement, un des crimes les plus graves en ces lieux.
Le fait demeure que quand un député se voit refuser l'accès à un endroit situé sur la Colline ou à un autre lieu où il est autorisé à aller en sa qualité de député, ce sont tous ses électeurs qui sont bafoués à ce moment, parce que dans notre système, nous sommes la voix et les représentants de tous ces gens. Si on nous refuse la possibilité d'accomplir pleinement notre travail, alors c'est à eux qu'on oppose un refus, et c'est sans parler du fait qu'il y avait un vote, ce qui rend l'affaire encore plus grave.
Je partage donc l'avis de mes collègues: nous ne voulons pas transformer cette affaire en une cause fédérale d'envergure, si l'on veut. Nous sommes saisis d'un grand nombre de questions importantes. Mais je pense que cette affaire justifie qu'on entreprenne des démarches pour trouver un autre moyen de faire passer le message.
Je pense la même chose que Tom, monsieur le président: cette fois-ci, ne convoquons pas de commissaires adjoints. Il faut que le commissaire témoigne. Comme je pense que la police d'Ottawa joue un rôle, faisons venir son chef de police. C'est de cette manière qu'on changera vraiment les choses. Une fois qu'on saura que c'est un gros problème, cela arrêtera.
Je conviens que je n'imagine pas que l'agent s'est dit qu'il avait mis la main sur un député et qu'il allait lui montrer qui détient le pouvoir. Ce n'est pas ce qui s'est passé. Mais ce qui est arrivé à notre collègue est inacceptable, peu importe les circonstances, particulièrement au cours d'un vote.
Si quelqu'un affirme que c'est pour des questions de sécurité, alors nous lui répondons que ceux qui s'occupent de l'organisation — comme le cabinet du premier ministre et d'autres — ont l'obligation de gérer les visiteurs de manière à ce que cela ne porte pas atteinte aux droits des députés. C'est aussi simple que cela et c'est important.
Je dis donc à Yvon que je n'ai pas vraiment de question, si ce n'est que pour lui demander s'il a une ou deux recommandations qu'il voudrait que nous examinions. Ayant déjà été whip, il comprend certainement mieux que la plupart des députés le fonctionnement de ces lieux.
C'est ce que je vous demanderais, Yvon: vos réflexions sur ce que nous pourrions ou devrions faire.
:
Cela n'a rien à voir avec l'ego. C'est le Parlement du Canada. C'est notre démocratie. Nous avons une responsabilité. Nous avons tous été élus à titre de députés et ce privilège est le nôtre. Je parlerai au nom des citoyens d'Acadie—Bathurst. Je suis ici pour les représenter. Cela ne concerne pas Yvon Godin, mais la représentation.
Il n'y a pas que les votes à la Chambre. Si des comités se réunissent et pourraient tenir un vote, la sonnerie d'appel ne retentira pas. Si notre whip nous appelle et nous indique qu'il veut que nous fassions partie d'un comité, j'ai le droit de voter et de prononcer des discours dans ce comité. J'ai le droit de faire entendre ma voix. Nous avons tous ce droit. C'est notre privilège. Voilà pourquoi c'est aussi strict.
C'est l'endroit où se font les lois de ce pays, et il est de notre responsabilité d'éduquer le public. Cela n'a rien à voir avec nous. Ce sont eux qui sont concernés, parce que nous les représentons. Voilà le coeur de la question.
M. Lukiwski a parlé d'une recommandation que j'ai prise très au sérieux: quand des visiteurs arrivent et qu'on a l'intention de bloquer la place, il faudrait tenir une réunion avec les gens qui assureront la sécurité pour leur dire comment procéder. Cela pourrait se faire le matin. Si le convoi vient à 10 h 30, on pourrait réunir les agents à 9 heures pour leur dire « D'accord, voici les règles. » Il faut les leur rappeler, parce qu'un jour, quelque chose va se passer et nous dirons: « Regardez, c'est en raison de ce qui se passe dans la cour », et le député non seulement se sera vu refuser l'accès à la Colline, mais il aura perdu ses privilèges au sein du comité ou de la Chambre des communes. Il aura perdu son occasion de parler. C'est pourquoi j'insiste pour que le privilège soit respecté.
:
Vous savez, Yvon, je suis conscient du caractère sensible de cette question. Il n'y a pratiquement pas une semaine où je ne suis pas reconnaissant du privilège qui est le mien d'être ici à titre de député.
Cela étant dit, je sais que si j'étais à votre place ou à celle de quiconque se voit refuser la possibilité d'être là où il est censé être pour exercer ses responsabilités, ce serait très contrariant. J'essaie de penser à ce que nous pourrions faire pour améliorer le système. En écoutant les autres formuler des observations, il m'est venu à l'esprit que si j'essayais d'accéder à la Colline et que quelqu'un m'en empêchait, j'aimerais pouvoir contacter quelqu'un, peut-être par téléphone. Il y des agents de la GRC en tout temps à l'entrée; il y a donc peut-être un numéro de téléphone qu'on pourrait simplement composer pour donner son nom et indiquer qu'on a un problème pour que quelqu'un vienne. Voyez-vous ce que je veux dire?
Existe-t-il une réponse? Il me semble que cette situation revient périodiquement, et peu importe le nombre de fois où nous avons des séances d'information, la vraie réponse, c'est qu'il faut que nous puissions joindre quelqu'un à l'intérieur pour signaler que nous avons un problème afin que quelqu'un appelle le bureau du Président pour que rien ne se passe à la Chambre parce qu'on comprendrait qu'un député éprouve des difficultés à accéder à la Colline. Cela soulignerait l'importance de cette affaire.
Je cherche des solutions, tout comme vous, car je sais que si j'étais à votre place, je serais contrarié parce que j'ai le droit d'être là, et je me demanderais comment je pourrais entrer et ce que je devrais faire. Nous avons tous des téléphones de nos jours. Si je pouvais composer un numéro de téléphone pour communiquer avec le sergent d'armes et que ce dernier pouvait aplanir les difficultés, cela prendrait deux minutes et j'aurais au moins accès à la Colline.
Avez-vous des idées à l'esprit?
:
Certains aspects me causent problème. Premièrement, la responsabilité des gens chargés de l'enceinte de la Chambre devrait être de nous laisser passer. On ne devrait pas avoir à recourir au téléphone. Il pourrait advenir que celui-ci ne fonctionne pas ou autre chose du genre. C'est à eux de voir à ce que cela n'arrive pas. En matière de sécurité, il y a des chefs, des responsables, des superviseurs.
L'agent a dit ceci:
[Traduction]
« Je suis des ordres stricts. » Il n'est pas le seul concerné dans cette affaire. Il a affirmé qu'il suivait des ordres stricts selon lesquels personne ne passait.
[Français]
Il faut régler ce problème.
M. Lukiwski a dit que la personne devrait peut-être avoir sa carte d'identité ou son NIP. Mais qu'arrive-t-il lorsqu'un député ne l'a pas, qu'il manque le vote et que le vote a été dans un autre sens? Je ne pense pas que ce soit la solution.
Il faut qu'ils reconnaissent les députés. Ils ont même refusé au Président l'entrée à la Chambre des communes. Ce n'est plus un petit problème. Il faut mettre un mécanisme en place et il ne doit pas consister à téléphoner à quelqu'un et à tomber sur la mauvaise personne. Le député ne doit pas se mettre à appeler partout. Il faut mettre en place un mécanisme pour les personnes qui travaillent à la Chambre des communes. Il n'y a pas de problème en ce qui concerne les agents de sécurité à la Chambre des communes. À la porte de la Chambre des communes, il n'y a pas de problème. Nous n'avons pas le temps d'en parler maintenant, mais même cela devrait être examiné. Ce jour-là, même au Parlement, parce que le tapis rouge avait été déroulé, des députés ont dû passer par le soubassement pour traverser de l'autre côté et monter les escaliers pour aller voter à la Chambre. Il faudrait peut-être se pencher sur la circulation des députés à l'intérieur également.
Ce sont les ordres qu'ils avaient reçus. Ils nous ont dit qu'ils ne nous empêchaient pas d'aller au Parlement, mais qu'il fallait passer par le soubassement. Il y a des personnes qui sont en chaise roulante. Notre privilège a été violé au cours des dernières années.
C'était mon point de vue sur cette question.
:
Je ne prendrai pas autant de temps.
Je sais comment cela fonctionne. La GRC est fort semblable à l'armée et applique des procédures opérationnelles normalisées. C'est une défaillance des responsables, qui sont censés informer leurs agents. S'ils affectent de nouveaux agents sur la colline, ils sont supposés les informer pour qu'ils sachent qui est qui. En ce qui concerne le point soulevé par M. Lukiwski, ils devraient avoir un manuel en main au cas où ils ne reconnaissent pas un député. En cette époque où la sécurité est menacée, on peut comprendre pourquoi le policier moyen sur la rue tente d'être vigilant. Personne ne veut laisser passer de personne malintentionnée. Mais la faute revient aux responsables. Il existe des procédures opérationnelles normalisées qu'ils appliquent en collaboration avec la police d'Ottawa. Quelque chose a clairement dérapé.
Je ne m'attends pas à ce que la police d'Ottawa reconnaisse tous les députés. Quand on est à l'extérieur de la Cité parlementaire, qu'on arbore cette épinglette ou pas, on est assujetti aux lois du Canada, pour les contraventions ou des choses semblables. Mais dans la Cité parlementaire, où la GRC est la principale responsable, les agents sont censés comprendre les procédures opérationnelles normalisées et ce qu'il est supposé se passer. Dans l'armée, le commandement doit donner périodiquement des séances d'information sur les mesures de sécurité, par exemple. Kevin s'en souvient peut-être.
Ces séances d'information sont données une fois l'an, mais sur la Colline, il faudrait probablement en faire plus souvent. Au cours de la séance, on passerait en revue une liste de vérification en disant « Voici ce que vous devez faire, c'est un privilège des députés, c'est ainsi qu'on procède. Si vous ne les reconnaissez pas, voici un livre avec la liste des députés actuels. » Honnêtement, n'importe qui pourrait repérer une épinglette comme celle-ci, n'est-ce pas?
Je comprends certaines des difficultés que l'agent sur la rue pourrait rencontrer. Je n'ai rien contre le fait que le commissaire vienne ici. On s'était déjà entendu sur les mesures à prendre, mais elles ont été oubliées et n'ont pas été suivies. Le commissaire doit rendre des comptes.
Le travail des agents est aussi consigné dans des déclarations écrites, comme pour l'armée. Le témoin fait une déclaration écrite où il indique ce qu'il s'est passé en précisant la date, les personnes concernées et les gestes qui ont été posés. Cela aide à corroborer toute la scène.
Je pense que vous avez absolument raison de dire que nous devons résoudre ce problème, mais au final, je ne pense pas que nous ayons à y passer énormément de temps. La question relève selon moi des responsables. Quand on s'adresse à eux... je peux vous dire que quand le commissaire aura témoigné, je ne pense pas que pareille situation se présentera une troisième fois. Je pense que les responsables s'attaqueront au problème et instaureront des procédures. Ils devraient être mandatés pour tenir des réunions trimestrielles afin de déterminer ce qu'il se passe dans divers scénarios: un député sur la Colline, un député sur la Colline avec un entourage, un député sur la Colline avec un dirigeant étranger, peu importe la situation. C'est assez simple à établir. Ils ont envisagé tous ces scénarios. Ils les connaissent.
Quand un nouvel agent est affecté sur la Colline, il faut que quelqu'un lui enseigne le métier et lui donne une séance d'information. Si personne ne le fait, on ne peut blâmer l'agent, qui essaie simplement de faire son travail. Il n'a tout simplement pas compris les conséquences de la tâche qu'il vous a empêché d'accomplir.
Pour être juste envers eux, je pense qu'idéalement, nous devrions tous avoir sur nous nos cartes d'identité et nos épinglettes.
Sinon, les agents doivent recevoir à l'avance une séance d'information sur les règles, particulièrement s'ils assument un nouveau poste sur la Colline, un point c'est tout.
:
Je partage votre avis sur certains points, mais pas sur d'autres. Leur travail consiste à nous protéger. Quand les pages viennent ici pour travailler sur la Colline, ils doivent déjà connaître 75 % des députés avant de venir à la Chambre des communes. Quand nous procédons au premier vote, le greffier de la Chambre connaît les 308 députés lors du premier appel au vote. Si les agents sont responsables de la sécurité sur la Colline, ils devraient savoir à qui ils ont affaire.
De par son attitude, cet agent montrait qu'il ne faisait pas que faire son travail: il se fichait des députés, du Parlement et du vote. Il faut que la force examine cette attitude. On ne traite pas les gens ainsi, d'accord? Ce n'est pas le 9-1-1. Nous ne sommes pas des terroristes. Nous sommes des députés élus par les gens et les citoyens de ce pays pour siéger à la Chambre des communes, adopter les lois du pays et conserver notre démocratie à son meilleur.
Je m'arrêterai là.
J'espère que vous ferez ce qu'il faut et résoudrez le problème, car même si vous convoquez le chef de la GRC, je suis certain que quand nous nous sommes attaqués à la question en 2012, il savait ce qu'il se passait et il n'a pas eu à comparaître pour faire son travail. Quand cela s'est produit à l'époque de Bill Blaikie, il savait ce qu'il se passait et il n'a pas eu à venir. J'espère qu'il témoignera et qu'il connaît les responsabilités. Quand les agents de la GRC prennent la responsabilité de venir dans l'enceinte du Parlement, ils savent qu'ils ont un travail à accomplir.
Mon privilège et le privilège de tous les députés qui doivent entrer a été violé ce jour-là, et c'était mal. C'est notre privilège.