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Chers collègues, la séance est ouverte, même si certains se font attendre. Ils pourront sûrement se joindre à nous à mesure qu'ils arriveront.
Aujourd'hui, nous accueillons deux témoins.
Nous avons d'abord Mme Diane Bergeron, directrice nationale, Relations gouvernementales et plaidoyer, de l'Institut national canadien pour les aveugles.
Soyez la bienvenue et merci d'être avec nous.
Nous avons ensuite M. Kory Earle, ancien président, ancien directeur et membre à vie de People First of Lanark County.
Nous sommes prêts à entendre vos déclarations préliminaires.
Kory, voulez-vous y aller le premier?
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Bonjour, monsieur le président et madame et messieurs les membres du Comité permanent de la procédure et des affaires de la Chambre. Permettez-moi de vous remercier de nous autoriser à parler du projet de loi sur l'intégrité des élections.
Je m'appelle Kory Earle. Comme on l'a dit, je suis l'ancien président, ancien directeur général et, aussi, membre honoraire à vie de People First of Lanark County. Je dois préciser que je ne possède pas seulement ces titres, mais que j'ai aussi le privilège de représenter People First of Ontario, en ma qualité de président, et que je suis aussi le premier vice-président de Personnes d'abord du Canada pour l'ensemble du pays.
People First est une organisation préconisant l'autonomie sociale pour les personnes souffrant d'une déficience intellectuelle. Notre objectif et notre mission ont toujours été d'appuyer nos membres dans la résolution des problèmes qu'ils affrontent et de répondre à toutes les questions pour aider les gouvernements à modifier les politiques qui changent les vies des gens souffrant d'une déficience.
Je vous préviens seulement que, malgré mes hésitations, je répondrai aux questions.
Entre-temps, je tiens à vraiment remercier le ministre et le député Scott Reid de nous avoir autorisés, People First of Lanark County et moi-même, à les rencontrer avant le début de l'année pour parler du projet de loi et à faire part de notre opinion. Il est sûr que le projet de loi, aujourd'hui, répond à nos motifs de préoccupation, et je le dis avec gratitude.
Sans le moindre doute, nous appuyons certaines dispositions du projet de loi. Cependant, je tiens à dire que certaines craintes que nous avons pour l'avenir nous amènent à souhaiter quelques amendements.
Je voudrais proposer certaines idées pour que le projet de loi favorise davantage les personnes souffrant d'une déficience. Dans la loi qui sera adoptée, il devrait y avoir des dispositions supplémentaires pour les personnes ayant des problèmes de lecture. Aujourd'hui, c'est le cas de 42 % des Canadiens souffrant d'une déficience.
Il faut aussi renforcer la loi, parce que nous oublions que les personnes souffrant d'une déficience invisible sont ignorées.
Je recommande vivement au comité de prendre sérieusement en considération quelques amendements favorables. Nous avons consulté nos membres d'un bout à l'autre du pays. En fait, le Québec a proposé cet amendement à notre conseil national, et nous continuons de nous démener pour le faire accepter.
Nous proposons que, le jour du vote par anticipation et celui des élections, les bulletins de vote portent une photo, le logo et le nom des partis et que cette information soit même visible dans le bureau de scrutin. Croyez-le ou non, cela aidera beaucoup de personnes analphabètes et de personnes souffrant d'une déficience. C'est un amendement favorable que nous préconisons. Notre organisation nationale a adopté une résolution en ce sens.
Nous proposons un autre amendement. Si nous avons bien compris, pas plus tard que depuis l'année dernière, on peut se servir de bulletins de vote spéciaux. La loi devrait être plus explicite sur la façon de se les procurer, que ce soit pendant les campagnes ou à l'occasion de séances d'information consacrées à cette question. Chaque député devrait en informer ses électeurs, qui sont nombreux à en ignorer l'existence. Pour nous, ça n'a été que l'année dernière, bien que nous encouragions les électeurs à quand même voter par anticipation ou le jour des élections.
Un mot d'avertissement pour le comité. Nous applaudissons l'idée de la journée supplémentaire de vote par anticipation. Trop souvent, les élections entraînent la ségrégation des personnes que les foules rendent anxieuses. Pour avoir travaillé à des élections municipales, provinciales et nationales, je peux honnêtement dire qu'il y a eu des améliorations, mais il reste encore 90 % du travail à faire.
Encore une fois, nous pouvons travailler à répondre aux intérêts des personnes souffrant d'une déficience de partout au pays.
C'est mon allocution la plus courte de toute ma vie, mais, monsieur le président, je serai heureux de m'en remettre à vos questions. Je cède la parole à Diane.
Merci beaucoup.
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Monsieur le président, je voudrais simplement expliquer la technique que j'utilise pour faire cet exposé. Je répète le texte lu par un ordinateur qui me parle à l'oreille. Si l'ordinateur bégaie, je risque de bégayer aussi. Je vous présente donc d'avance toutes mes excuses.
Merci, monsieur le président et merci aussi aux autres membres du comité de m'avoir accordé la possibilité de venir témoigner au nom de l'INCA.
L'INCA, c'est-à-dire l'Institut national canadien pour les aveugles, est un organisme de charité qui offre depuis près de 100 ans des services indispensables aux malvoyants. Nous sommes fiers de fournir un appui communautaire, des connaissances et une voix nationale aux Canadiens aveugles ou malvoyants pour qu'ils puissent acquérir la confiance, les compétences et les possibilités pour vivre pleinement leur vie. Pour le citoyen, qu'il souffre ou non d'une déficience comme la cécité, le vote est un signe fondamental de la participation à la démocratie. Cependant, la capacité, pour les Canadiens aveugles ou malvoyants, d'exercer ce droit dépend dans une grande mesure de la conception et de l'organisation des élections.
L'INCA est heureux de constater qu'on a soulevé la question de l'accessibilité pour l'examen du projet de loi , et nous sommes reconnaissants de l'occasion qui nous est offerte de donner notre point de vue sur la façon dont le projet de loi risque de toucher les électeurs malvoyants.
Les Canadiens n'ont pas seulement le droit de voter, mais ils ont aussi le droit au scrutin secret, qui comprend le droit de marquer le bulletin de vote en privé, sans que personne d'autre connaisse leur choix. Les voteurs canadiens ont aussi le droit de vérifier leur choix pour s'assurer que leur bulletin a été marqué conformément à leur souhait et qu'il n'a pas été annulé.
Malheureusement, on nie régulièrement aux voteurs malvoyants canadiens le droit au bulletin de vote secret. Il existe deux principaux moyens de s'adapter aux voteurs aveugles ou malvoyants. D'abord, les lois électorales de tous les ordres de gouvernement prévoient que les électeurs inscrits peuvent désigner un membre du personnel électoral pour les aider à marquer le bulletin conformément à leurs instructions. Cela, cependant, ne respecte pas le droit au secret. Les voteurs aveugles ou malvoyants doivent dire à un tiers, peut-être un pur étranger, pour qui ils souhaitent voter. Ils doivent espérer que cette personne marquera le bulletin conformément à leurs souhaits, qu'elle ne l'annulera pas, intentionnellement ou accidentellement, et qu'elle gardera éternellement le secret de son choix.
Par contre, beaucoup de lois électorales, y compris la Loi électorale du Canada, exigent qu'on fournisse aux électeurs aveugles ou malvoyants un gabarit pour les aider à marquer leur bulletin de vote. Malheureusement, ce gabarit ne répond pas parfaitement ni efficacement au droit au vote secret. À moins de montrer le bulletin à un tiers, le malvoyant ne peut pas vérifier son bulletin pour s'assurer qu'il l'a bien marqué et qu'il ne l'a pas accidentellement annulé.
L'incapacité des électeurs malvoyants à exercer leur droit au vote secret préoccupe beaucoup l'INCA. Nous sommes très heureux de voir que le problème est soulevé dans le projet de loi , mais, dans sa version actuelle, le projet de loi ne résout pas convenablement le problème.
La solution convenable serait d'offrir de nouveaux moyens de voter, comme le téléphone, Internet ou d'autres moyens électroniques accessibles. Depuis la modification de la Loi électorale du Canada, en 2000, le directeur général des élections peut éprouver de nouveaux moyens de voter. À ce que nous sachions, ces expériences ont été extrêmement limitées et n'ont pas encore abouti à de nouvelles possibilités, pour les électeurs malvoyants, d'exercer leur droit. Le projet de loi modifierait la Loi électorale du Canada pour exiger du directeur général des élections qu'il obtienne l'approbation du Sénat et de la Chambre des communes avant d'éprouver un nouveau moyen de voter par voie électronique dans des élections officielles.
Comme le directeur général des élections n'a pas exercé le pouvoir d'éprouver de nouveaux moyens de voter dans les 14 années pendant lesquelles il en avait la possibilité, nous craignons que ce processus d'approbation ne complique la tâche au directeur général des élections qui souhaitera s'en servir.
D'après nous, il est peu probable qu'en alourdissant le processus, on respectera le droit des malvoyants au scrutin secret.
Pour amender le projet de loi , l'INCA recommande que le directeur général des élections soit tenu d'éprouver un nouveau moyen électronique de vote pour les prochaines élections générales ou pour une élection partielle, au lieu d'y être simplement autorisé. Nous craignons que s'il n'y est pas obligé, des décennies risquent de passer avant que les voteurs aveugles ou malvoyants n'aient enfin le droit d'utiliser un bulletin de vote secret dans des élections fédérales.
Merci beaucoup de m'avoir écouté. J'ai bien hâte de répondre à vos questions.
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Absolument. Merci beaucoup pour cette question.
Encore une fois, la disponibilité du ministre, qui lui a permis de nous appeler et de nous approcher en disait beaucoup sur l'initiative du ministre et de notre député Scott Reid.
Nos membres qui ont assisté à la réunion se sont très clairement exprimés sur les problèmes et ils veulent que le projet de loi s'occupe davantage des déficiences. Ce n'est pas seulement une question d'accessibilité. La loi doit viser une large gamme de déficiences.
Des dépôts de projets de loi, nous en avons vus. Nous n'avons jamais hésité à féliciter publiquement le ministre et d'avoir représenté nos préoccupations, ce qu'ils ont effectivement fait. Nous avons proposé des journées supplémentaires de vote par anticipation. Notre directrice Diane a parlé de l'anxiété chez certains. Quelqu'un, en fauteuil roulant, a dit: « Écoutez, vous parlez beaucoup de ces campagnes, mais elles ne m'incitent pas assez à voter. Les élections ne m'excitent pas ».
Nous sommes une démocratie. La négation des droits d'une personne souffrant d'une déficience montre que le gouvernement ne se soucie pas de son vote. Il y a une obligation de résultat. Absolument! Nous en sommes fiers. Est-ce qu'on répond aux sujets de préoccupation? Absolument! Je pense qu'on peut y répondre en amendant le projet de loi. Vous obtiendriez notre appui total si certains amendements étaient vraiment pris au sérieux.
Je représente les Canadiens de partout au pays qui ont les mêmes sujets de préoccupation. Oui, nous sommes fiers de certaines modifications, comme je l'ai dit, et nous sommes fiers que le ministre, encore une fois, ait suivi cette démarche. Je tiens à rappeler que nous ne l'avons pas contacté: c'est son cabinet qui nous a contactés.
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Oui, il y a différentes choses. Le projet de loi aborde certains de ces problèmes, en ce sens qu'il fera en sorte que les informations sur la façon de se rendre à son bureau de vote et le processus de vote pour une personne handicapée seront bien communiquées. C'est une bonne nouvelle pour nous.
Le projet de loi présente d'autres avantages pour nous. Les personnes en perte de vision qui ont une carte d'identité de l'INCA peuvent l'utiliser pour s'identifier au bureau de vote.
Ce qui pose problème, par contre, c'est que les non-voyants et les malvoyants ne sont pas tenus par la loi de s'inscrire à l'INCA. Ils sont nombreux à ne pas y être inscrits et, donc, à ne pas avoir cette carte d'identité. Les personnes non voyantes comme moi n'ont pas de permis de conduire. Même si j'ai mon chien-guide à mes pieds, beaucoup de gens me demandent mon permis de conduire. Je dois leur expliquer que les non-voyants n'ont pas de permis de conduire. Pour avoir une pièce d'identité, ou il faut s'inscrire au registre, et pour cela, il faut souvent fournir des documents que nous n'avons pas.
Cela devient toute une entreprise pour nous. Il y a aussi la confirmation de l'adresse à l'aide des comptes reçus à la maison. J'ai toute une pile de papier sur mon bureau, et je ne sais pas de quoi il s'agit la plupart du temps, parce que mes comptes ne sont pas écrits en Braille. Et si j'apportais un compte écrit en Braille au bureau de vote, je ne serais pas plus avancée, car je doute fort que quelqu'un là-bas puisse lire le Braille. C'est dans ce sens que cela devient un problème.
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Merci beaucoup, c'est très gentil.
Je vous remercie tous les deux pour vos témoignages aujourd'hui. C'était très intéressant. Nous sommes très heureux d'avoir pu vous entendre.
Aujourd'hui, je voulais parler d'un des plus gros changements à la Loi électorale du Canada. Il concerne le rôle d'Élections Canada tel qu'il est décrit à l'article 18.
Le projet de loi modifiera la Loi électorale du Canada de telle manière que le directeur général des élections ne pourra fournir au public que peu d'information concernant les gens qui vivent avec un handicap. Ces informations porteront sur « les mesures visant à aider les électeurs ayant un handicap à avoir accès à un bureau de scrutin [...] ou à marquer leur bulletin de vote. » Ce sont les changements qui sont prévus.
Présentement, au paragraphe 18(1) de la Loi électorale du Canada, on peut lire ce qui suit:
Le directeur général des élections peut mettre en oeuvre des programmes d’information et d’éducation populaire visant à mieux faire connaître le processus électoral à la population, particulièrement aux personnes et aux groupes de personnes susceptibles d’avoir des difficultés à exercer leurs droits démocratiques.
Diriez-vous que les groupes que vous représentez feraient partie de ces gens qui rencontrent des difficultés plus grandes que la population en général à exercer leurs droits démocratiques?
Pour répondre à votre question, le problème avec ce genre de campagne de sensibilisation, qu'on parle des dispositions actuelles de l'article 18 ou des nouvelles dispositions du projet de loi, c'est que ce sont les hommes et les femmes politiques qui prennent les décisions. Je pense que c'est à l'électorat de décider dans ce cas-ci.
Je peux vous affirmer que la question suivante va se poser: qui doit-on contacter? Comment les gens sont-ils mis au courant de ces choses-là? Il existe toutes sortes de handicaps. Il y a l'INCA, mais il y a aussi des organisations pour les personnes atteintes de déficience mentale, ou encore pour les personnes analphabètes. Vous ne pourrez pas rejoindre tout le monde comme vous le faites maintenant.
Je fais partie d'une organisation qui est avisée, mais une centaine d'autres ne le sont pas, et elles représentent une communauté beaucoup plus vaste que la nôtre. Cela va dans les deux sens. Je pense que le directeur général des élections devrait avoir le pouvoir de veiller à ce que l'information se rende à bon port.
Pourquoi changer les choses? Les changements sont inquiétants, car jusqu'à ce que la loi entre en vigueur, nous ne saurons pas si les nouvelles dispositions auront des répercussions négatives ou positives. Nous ne le savons pas. Il y a lieu de s'en faire.
Je demanderais seulement au comité de s'assurer de consulter des personnes handicapées des quatre coins du pays, comme vous le faites aujourd'hui. Demandez-leur ce qu'elles ont vécu et tâchez de savoir ce que l'adoption de ce projet de loi pourrait signifier pour elles.
C'est ce que je vous répondrai. Vous devez déterminer ce qui devrait être considéré comme un handicap. Encore là, l'itinérance et les handicaps invisibles sont mis de côté. Il ne faut pas les oublier.
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J'ai apprécié vos exposés à tous les deux.
Deux ou trois choses me viennent à l'esprit. D'abord et avant tout, il faut continuellement chercher des façons d'améliorer notre procédure électorale pour viser la pleine participation.
Hier soir, certains témoins ont parlé de voter dans la dignité. Je perçois quelque peu ce point de vue dans votre exposé, madame Bergeron, du fait que vous voulez être capable d'aller voter. Vous ne voulez pas devoir dire à quelqu'un de tracer un « x » à côté du candidat ou du parti de votre choix. Il est vraiment important pour une personne malvoyante d'être capable de cocher son propre bulletin de vote.
À l'écoute des exposés, je ne peux m'empêcher de penser à l'article 18 proposé, qui impose des restrictions sévères à Élections Canada, ou EC. Il y a un certain nombre d'années, nous avions proposé une motion qui avait été adoptée par tous les partis, et qui obligeait essentiellement EC à aller au-devant des jeunes et à participer davantage à leurs activités, en ce qui concerne la production de documentation et le reste. Voilà une chose qu'EC ne pourra pas faire si le projet de loi est adopté. L'article 18 proposé semble donc poser problème pour toutes sortes de raisons.
Comment réagiriez-vous s'il n'était pas amendé, vous qui êtes à la tête de vos organisations? Dans quelle mesure croyez-vous que l'article doit être amendé?
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Pour notre part, l'Institut national canadien pour les aveugles, ou INCA, aimerait que le projet de loi soit amendé de façon à renforcer le libellé et à exiger que le directeur général des élections réalise des essais et crée un processus de scrutin plus accessible. C'est le principal argument que nous aimerions faire valoir.
Si l'article n'est pas amendé, nous devrons alors attendre que le directeur général des élections décide d'aller de l'avant, ou que le gouvernement lui ordonne d'organiser un projet pilote. Mais si cette exigence fait partie du projet de loi et de la loi, il sera tenu de le faire et s'y appliquera davantage.
Ce que je peux dire, c'est qu'aux dernières élections fédérales, je me suis rendue au bureau de scrutin par mes propres moyens, accompagnée de mon chien seulement. Aussi bons qu'ils soient, ces chiens ne savent pas lire. Au bureau, on m'a attribué un responsable qui devait m'accompagner dans le processus. Il m'a conduite au petit isoloir, et je lui ai dit quel nom cocher. Il a marqué le « x », puis je suis partie avec mon chien.
Après mon départ, je me suis demandé pour qui j'avais voté, car je n'avais aucun lien avec cette personne. J'ignorais son nom et qui elle était. Tout ce que je savais, c'est qu'elle avait promis à quelqu'un de marquer le bulletin de vote honnêtement et de garder le secret. Mais je ne connaissais pas cette personne et n'avais aucune idée de qui il s'agissait. Elle aurait pu me faire voter pour une personne tout à fait différente; je n'en savais rien.
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Bien sûr. Qu'il soit bien clair, une bonne partie de ces documents ne sont pas à la portée des personnes handicapées. Lorsqu'il est question de campagnes, qu'il s'agisse de l'article 18 proposé ou non, on parle de la démocratie canadienne et de toutes sortes de choses. Aux yeux de nos membres, l'accès est sans contredit une grande préoccupation, car ils pouvaient autrefois se présenter aux bureaux de scrutin... et ce n'est pas tout le monde qui possède une pièce d'identité au Canada. Il faut très clairement préciser lesquelles sont acceptées.
Ce que nous vous demandons, c'est de garder l'esprit ouvert. Élections Canada devrait...
Je siège à un nouveau comité, et j'entends bien peu parler des personnes handicapées. Le seul endroit où il en est parfois question, c'est aux nouvelles, mais il y a très peu d'initiatives à cet égard. Je pense que c'est extrêmement inquiétant. Nous voulons mettre à contribution toutes sortes de personnes handicapées, mais nous n'entendons pas parler de ce genre de campagnes et de la façon dont les personnes handicapées peuvent participer. Si elles peuvent le faire, ce n'est pas dit clairement. Ces gens ne peuvent pas se rapporter à ce genre de document. Si on leur remet et qu'ils y jettent un coup d'oeil, ils s'en départiront par ignorance... On ne comprend pas clairement de quoi il s'agit et ce que les définitions signifient. C'est là que le bât blesse.
Voilà pourquoi nous disons que le jour des élections, même si toutes sortes de candidats se présentent, les électeurs ignorent de qui il s'agit puisqu'il n'y a aucune photo au bureau de scrutin ou au bureau de vote par anticipation; aucun logo, aucun parti. Voilà qui aurait une incidence sur les Canadiens ayant une déficience d'un océan à l'autre. Ils seront remplis d'espoir si le gouvernement et tous les partis appuient leur initiative.
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Merci, monsieur le président. J'espère que vous serez aussi généreux dans votre interprétation de « quatre minutes » que vous l'avez été pour les « sept minutes » qui viennent de s'écouler.
J'aimerais d'abord contester certains des propos tenus par M. Lamoureux, car ils sont erronés. Il affirme que l'article 18 proposé dans la Loi sur l'intégrité des élections interdit à Élections Canada de communiquer avec les citoyens handicapés pour les encourager à aller voter. C'est une façon adroite de déformer les mots, mais, en réalité, c'est tout le contraire que propose cet article.
Il dit ceci: « Le directeur général des élections ne peut communiquer au public, au Canada ou à l'étranger, que des renseignements sur […] », suivi de la liste pertinente des points a), b), c) et d), puis du point e) qui dit « les mesures visant à aider les électeurs ayant un handicap à avoir accès à un bureau de scrutin ou à un bureau de vote par anticipation ou à marquer leur bulletin de vote ». L'article précise également ceci: « Le directeur général des élections rend accessible aux électeurs handicapés les renseignements communiqués en vertu du paragraphe (1) » — que je viens juste de lire.
Cet article explique aux citoyens comment devenir électeur et s'assurer que leur nom figure sur la liste électorale, une chose qui peut s'avérer très difficile pour une personne handicapée.
Ces problèmes, M. Lamoureux, Élections Canada les a beaucoup négligés. J'ai travaillé très fort pour convaincre le ministre d'ajouter ces précisions au projet de loi. Selon les témoignages que j'entends aujourd'hui, il semblerait que le libellé n'est pas assez ferme. L'article en question ne dit pas que le DGE est tenu de communiquer ces renseignements, mais bien qu'il peut les communiquer. J'essaie de le convaincre de communiquer ces renseignements, ce qu'il n'a pas fait depuis des années, malgré les besoins continus.
Cela dit, j'aurais une question à poser à Mme Bergeron. J'aimerais parler de la carte d'information de l'électeur que nous recevons par la poste et qui nous informe que, selon Élections Canada, nous sommes la personne vivant à cette adresse. Dans mon cas, la carte dit que, selon Élections Canada, c'est Scott Reid qui habite à cette adresse et me dit où aller voter, entre autres. Cette carte est écrite en anglais et en français, mais, bien entendu, pas en braille.
Est-ce que des cartes d'information de lecteur écrites en braille sont envoyées aux personnes ayant une déficience visuelle? Des efforts ont-ils été faits pour fournir ce genre d'information dans un format accessible et utilisable pour les personnes ayant une déficience visuelle?
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Je n'embarquerai pas dans ce débat, monsieur le président. Je n'ai pas beaucoup de crédibilité en ce qui concerne la gestion du temps. Je n'ajouterai rien d'autre.
Merci beaucoup pour ces exposés.
Je tiens d'abord à dire à quel point je suis déçu que nous recevions cette information à la fin du processus alors qu'il ne reste plus beaucoup de temps plutôt qu'au début.
Diane et Kory, j'ai trouvé très intéressant que vous ayez tous les deux parlé du répondant et de l'importance des pièces d'identité. Sachez que des centaines d'universitaires au Canada et ailleurs dans le monde appuie votre position, votre point de vu pratique de la situation dans la vie de tous les jours.
Il est vrai que le gouvernement a réussi à trouver une personne, une seule, sur la planète pour appuyer sa position selon laquelle il est acceptable d'éliminer le répondant. Au risque de mal paraphraser ses commentaires, cette personne prétend qu'il est pratiquement impossible dans cette ère numérique — elle avait de la difficulté à comprendre comment cela était possible — qu'un citoyen canadien ne dispose pas des pièces d'identité nécessaires pour exercer son droit de vote.
Comme je l'ai dit, vous et tous les autres experts dites le contraire. J'aimerais vous donner l'occasion de nous fournir plus de détails à ce sujet, d'expliquer clairement l'utilité du répondant et, inversement, à quel point l'élimination du répondant nuirait à bon nombre de Canadiens voulant exercer leur droit de vote.
Allez-y.
Je crois que le répondant est aussi crucial aujourd'hui qu'il l'était la semaine dernière. Nous avons fait beaucoup de progrès pour permettre aux Canadiens de voter et, pourtant, on leur demande de présenter des pièces d'identité. Il ne fait aucun doute que certains citoyens ont les pièces d'identité nécessaires, mais je peux vous dire que lorsqu'une personne se porte volontaire pour être répondant, elle offre de l'espoir à quelqu'un, qu'elle agisse ou non comme répondant. Dans le cas des votes secrets, le répondant peut également agir comme personne neutre pour aider les personnes handicapées.
Ce projet de loi ne devrait pas porter uniquement sur les pièces d'identité. Il ne devrait pas faire obstacle aux citoyens canadiens qui désirent exercer leur droit de vote au sein d'une démocratie. Ce n'est pas ce que nous voulons; ce n'est pas ce que veulent les Canadiens. Les citoyens veulent que tous les partis et tous les gouvernements s'engagent à ne pas entraver la démocratie en leur imposant de présenter une pièce d'identité en particulier.
Ce ne sont pas toutes les personnes aveugles ou ayant une déficience visuelle qui possèdent une carte de l'INCA; ce n'est pas tout le monde qui possède une carte de membre de l'organisation qui les représente ou une pièce d'identité avec photo. J'ai une pièce d'identité avec photo, mais je sais que bon nombre de nos membres n'en ont pas.
La question est de savoir si cette mesure législative vise à empêcher les gens d'exercer leur droit de vote dans une démocratie ou à les encourager à voter. Les gens sont confrontés à des problèmes tous les jours. Les personnes handicapées doivent déjà composer avec suffisamment de problèmes au Canada, ils n'ont certainement pas besoin qu'un gouvernement ou un parti en rajoute et dise: « Vous ne pouvez pas voter, mais ça va. Vous avez d'autres problèmes à régler. » Il doit y avoir plus de souplesse.
Ce sont les handicapés qui devraient participer à ce processus, car ils sont les seuls à vivre cette réalité au quotidien. Je peux vous parler des expériences que j'ai vécues dans ma vie et des difficultés avec lesquelles j'ai dû composer, et je ne suis pas le seul à pouvoir le faire. Il est honteux, selon moi, de vouloir éliminer le répondant et je crois que cette question doit être analysée plus en profondeur.
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Sincèrement, David, moi non plus je ne vous aurais pas consulté. Vous êtes trop grincheux.
Peu importe, il m'a demandé mon opinion, et j'ai pensé à People First. J'ai profité de l'occasion pour promouvoir l'excellent travail que fait People First. Cette organisation travaille à aider les handicapés à développer leur indépendance et leur capacité décisionnelle et les maintenir. Cette organisation est une source d'inspiration.
Je suis toujours ébahi par l'excellent travail que vous faites tous les deux avec ceux qui vous entourent.
Nous nous sommes rencontrés à mon bureau de circonscription et vous m'avez fourni des informations très utiles. Je vous en suis reconnaissant.
J'aimerais revenir sur un point que vous avez soulevé et auquel je n'avais pas pensé. Vous avez parlé du trouble anxieux, n'est-ce pas? Sincèrement, je n'y avais pas pensé. J'ai pensé aux situations évidentes, comme les problèmes de mobilité ou les déficiences visuelles. Pourriez-vous nous parler un peu plus du trouble anxieux?
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Certainement. Merci, Scott Reid. Nous sommes fiers du travail que nous avons accompli dans le comté de Lanark et partout au pays. Nous vous félicitons, vous et le ministre, de nous avoir rencontrés, car personne n'est mieux placé que ceux et celles qui doivent composer quotidiennement avec ces difficultés.
En fait, c'est Diane qui a parlé du trouble anxieux lors de notre rencontre, en plus des autres problèmes avec lesquels ses membres doivent composer.
Pour les gens qui ont un trouble anxieux, les foules constituent un problème. Ils les évitent. Lorsqu'ils se rendent au bureau de scrutin et qu'il y a trop de gens, ils sont victimes d'une crise d'angoisse et font demi-tour se disant qu'ils ne peuvent pas aller voter, car il y a 40 personnes sur place. Il peut y en avoir moins, mais, peu importe, ils font demi-tour. Ils portent déjà une étiquette, alors ils ne veulent pas attirer l'attention. C'est un gros problème. C'est la raison pour laquelle je crois que l'ajout d'une journée au scrutin par anticipation permettra à ces gens d'aller voter.
Cette situation crée une certaine stigmatisation, et ces gens vivent beaucoup plus de choses que nous le pensons. Mon frère jumeau a reçu un diagnostic de schizophrénie et de troubles du développement. Il ne peut pas se trouver dans une foule. Comment suis-je censé l'amener à un bureau de scrutin pour voter? Dès qu'il entre et aperçoit 20 ou 30 personnes, il fait demi-tour puis va se cacher dans les toilettes, car il a peur. En tant que son frère jumeau — et beaucoup de gens n'ont pas ce genre de soutien —, c'est ma responsabilité de le guider et de lui dire que tout va bien, que personne ne le regarde. Je peux bien lui dire cela, mais je ne sais pas ce qu'il vit. Puis, il s'en va. Lors du scrutin par anticipation, il y a moins d'électeurs sur place. Il peut alors aller voter, mais il est anxieux à l'idée que 10 autres personnes puissent arriver au bureau de scrutin pendant qu'il est là.
Il s'agit d'une énorme source d'inquiétude. Que peut-on faire? Je crois qu'il faut traiter chaque cas individuellement. Il faut s'assurer qu'il y a des gens accessibles sur place pour guider ces électeurs.
Peu de gens ont une famille ou quelqu'un sur qui compter. Mon frère jumeau, Kyle, est chanceux; il a une grande famille à Carleton Place. Mais je sais que 95 % de nos membres n'ont pas d'être cher ou de famille sur qui compter pour les guider.
Selon moi, il est absolument crucial que les intérêts de ces gens priment et qu'on s'assure qu'ils se sentent confortables. On pourrait leur aménager une pièce et leur dire: « Ne vous en faites pas, vous n'êtes pas le seul à être anxieux. Voici une pièce où vous pouvez voter. »
J'espère que j'ai répondu à votre question.
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Merci, monsieur le président, et bonjour à tous. Je m'appelle Christianne Laizner. Je suis l'avocate générale principale du Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes, ou CRTC. Madame Manon Bombardier, cadre en chef de la conformité et des enquêtes du CRTC, m'accompagne aujourd'hui.
Nous sommes heureuses de pouvoir vous rencontrer au moment où vous étudiez le projet de loi , lequel propose d'apporter un certain nombre de modifications à la Loi électorale du Canada. J'aimerais commencer en rappelant au comité les nouvelles responsabilités qui incomberaient au CRTC si le projet de loi C-23 était adopté.
Ma collègue, madame Bombardier, vous parlera ensuite de la façon dont le CRTC s'y prendrait pour assumer son mandat en vertu de la loi proposée.
Si le projet de loi était adopté dans sa forme actuelle, le CRTC serait chargé de mettre au point et consigner les renseignements sur l'enregistrement en ce qui touche les services d'appels aux électeurs. Cela signifie que toute personne, tout groupe ou toute entreprise qui communique avec des électeurs, y compris toute entité qui utilise des composeurs-messagers automatiques à cet effet, devrait s'inscrire auprès du CRTC. L'avis d'enregistrement serait déposé auprès du CRTC dans les 48 heures suivant l'appel.
[Français]
La capacité de vérifier l'identité de l'appelant est un autre aspect important du projet de loi. Toute personne ou tout groupe qui aura recours à un fournisseur de service d'appels pour communiquer avec les électeurs ou qui effectuerait des appels automatisés à cette fin sera tenu de communiquer son identité au CRTC et aux fournisseurs de services.
De plus, aux termes des dispositions du projet de loi, les enregistrements et les transcriptions des messages devraient être conservés pendant une période d'un an suivant la date de l'élection en question.
La violation de ces dispositions pourrait entraîner des sanctions allant jusqu'à 1 500 $ pour les particuliers et jusqu'à 15 000 $ pour un groupe tel qu'un parti politique ou une entreprise. Il est important de noter qu'une telle amende pourrait être imposée pour chaque infraction et pour chaque journée où il y a contravention aux dispositions applicables.
Je cède maintenant la parole à Mme Bombardier.
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Bonjour, Monsieur le président.
Comme vous le savez sans doute déjà, le CRTC gère la Liste nationale de numéros de télécommunication exclus, ou LNNTE. Cet outil a pour objet de protéger les renseignements personnels des Canadiens, mais aussi de réduire le nombre d'appels de télémarketing non sollicités qu'ils reçoivent.
À ce jour, la liste comporte plus de 12 millions de numéros de téléphone et plus de 10 000 télévendeurs. Voilà près de 6 ans que la LNNTE est en place. Pendant cette période, le CRTC a aidé ces télévendeurs à comprendre les règles, à s'y conformer et à s'inscrire auprès de l'administrateur de la liste.
Jusqu'ici, le CRTC a réalisé plus de 1 300 enquêtes sur plus de 800 000 plaintes en vertu des règles sur les télécommunications non sollicitées. Il a imposé des sanctions administratives totalisant plus de 4 millions de dollars pour violation des règles.
Je mentionne chacune de ces réalisations non seulement parce qu'elles sont des sources de fierté pour le CRTC, mais également parce que les responsabilités qui nous seraient confiées si le nouveau projet de loi était adopté seraient de natures similaires à nos responsabilités liées aux règles sur les télécommunications non sollicitées.
Dans un tel scénario, nous mettrions à profit notre expérience et notre expertise dans l'administration et la mise en application de ces règles pour soutenir les nouvelles dispositions du projet de loi.
Par exemple, le CRTC possède beaucoup d'expérience dans la création et la surveillance de listes de numéros de téléphone et de télévendeurs inscrits. Nous pourrions nous appuyer sur cette expérience pour élaborer un registre semblable à la LNNTE, afin de satisfaire aux exigences du projet de loi .
[Français]
Nous avons également mis en place des processus rigoureux pour l'examen des violations présumées des règles sur les télécommunications non sollicitées. Le processus fonctionne comme suit: nous recueillons les plaintes déposées par les Canadiens et les classons par ordre de priorité en vue d'effectuer des enquêtes et de déterminer si les règles ont bel et bien été enfreintes.
Enfin, les méthodes que nous utilisons pour veiller au respect de ces règles, notamment l'émission d'avis et de procès-verbaux de violations, l'imposition de sanctions administratives et pécuniaires et le travail qui est fait auprès des auteurs de ces violations pour les aider à corriger toute pratique inadéquate, pourraient être adaptées à de nouvelles fins en vertu du projet de loi.
Il serait toutefois imprudent pour nous d'affirmer que, pour répondre aux exigences du projet de loi, nous pourrions adapter rapidement et sans problème les systèmes et les processus que nous utilisons actuellement pour la liste des numéros de télécommunication exclus. Il est toujours un peu complexe d'administrer de nouvelles exigences imposées par une nouvelle loi.
Dans le cas qui nous intéresse, il serait nécessaire de nous procurer de nouveaux outils et, probablement, de créer les outils qui seraient requis pour administrer les plaintes. En outre, nous devrions veiller à ce que les candidats et les fournisseurs de services téléphoniques soient au courant de leurs responsabilités et fournir au public les informations à cet égard.
Cela dit, nous estimons, au CRTC, posséder l'expertise nécessaire pour assumer toute nouvelle responsabilité qui pourrait nous être confiée en vertu du projet de loi.
Je vous remercie de votre attention et nous sommes maintenant prêts à répondre à vos questions.
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Merci d'être ici aujourd'hui, Mesdames Laizner et Bombardier.
Les dispositions du projet de loi font bien sûr suite à ce qu'on appelle communément le scandale Pierre Poutine, qui aurait amené un inconnu à employer des tactiques de suppression de votes et à envoyer des messages téléphoniques à des électeurs — surtout dans Guelph, je présume —, mais peut-être aussi à bien plus grande échelle. Étant donné que nous ne sommes pas parvenus à trouver le coupable — l'enquête d'Élections Canada n'a produit aucune preuve permettant de trouver le coupable —, les dispositions du projet de loi C-23 tentent d'empêcher que ce genre de situation se reproduise.
L'ancien directeur général des élections, Jean-Pierre Kingsley, a témoigné devant le comité. Lorsque je lui ai demandé directement s'il pensait que les dispositions du projet de loi préviendraient ce genre de situation à l'avenir, il a simplement répondu que oui.
Ma question comporte deux volets. Croyez-vous que les dispositions du projet de loi vont empêcher qu'une situation comme celle de Pierre Poutine se produise à l'avenir? Surtout, pouvez-vous expliquer comment le CRTC pourra gérer un tel registre et dire si vous êtes convaincues qu'il pourra y arriver? Enfin, vous pourriez nous parler un peu de l'échéancier, car vous ne pourrez pas créer le registre du jour au lendemain comme vous l'avez mentionné.
Je vais commencer par Mme Laizner.
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Merci aux témoins de leur présence.
Je vais procéder de manière un peu inhabituelle et commencer par poser toutes mes questions, qui vont figurer au compte-rendu dans les deux langues officielles, avant de vous céder la parole. Vous allez sans doute répondre aux principales questions durant la deuxième série. Je vous serais reconnaissant de donner des réponses écrites dans certains cas si nous n'avons pas le temps d'y revenir, mais nous pourrons en discuter plus tard.
Je vais numéroter mes questions.
Un, tenant pour acquis que le CRTC a été consulté ou qu'il a travaillé avec le ministre ou les fonctionnaires concernant la nouvelle section de la loi que vous avez décrite, la version actuelle du projet de loi correspond-elle aux attentes du CRTC? S'il y a des différences, quelles sont-elles?
Deux, est-il exact que la technologie actuelle permet à des experts d'utiliser leurs propres systèmes de serveur principal, de serveurs mandatés et ainsi de suite pour faire des appels, sans l'aide d'un fournisseur de services comme le définissent les nouveaux articles? Si c'est le cas, ces gens ne seraient pas inscrits dans le nouveau registre et ne risqueraient pas de se faire prendre, en faisant des appels de suppression de votes.
Trois, si cette lacune existe, est-il raisonnable de croire que d'autres mesures préventives et d'autres outils d'enquêtes efficaces devront être mis en oeuvre? Par exemple, le commissaire d'Élections Canada pourrait exiger d'entendre un témoignage visé par une ordonnance de comparution et d'accéder à tous les reçus de la campagne d'un parti national, pour mettre fin aux appels de suppression de votes qui contournent le système surveillé par le CRTC?
Bon nombre des prochaines questions portent sur des détails techniques.
Quatre, concernant l'article 348.01 proposé, les messages textes ou les communications semblables comme les BBM font-ils partie de la définition des appels?
Cinq, l'article 348.01 proposé inclut la collecte de fonds dans la définition des services d'appels aux électeurs. J'ai deux questions à ce propos. Pouvez-vous confirmer que les appels faits dans le cadre de la nouvelle exemption sur la collecte de fonds pour les dépenses de campagne, prévue par le paragraphe 376(3) proposé, sont compris dans la définition des services d'appels aux électeurs? Dans quelle mesure le CRTC va-t-il surveiller la conformité des partis concernant cette nouvelle exemption sur la collecte de fonds, comme l'a affirmé le ministre en Chambre?
Six, les articles 348.03 et 348.07 proposés parlent de la personne qui conclut un accord, mais ne devraient-ils pas faire référence à la personne ou au groupe qui conclut un accord? Les partis politiques et les autres entités sont définis comme des groupes. S'ils ne sont pas mentionnés, cela signifie-t-il au bout du compte que les groupes ne sont pas visés par les obligations prévues dans ces deux articles?
Sept, concernant les articles proposés 348.08 et 348.09 ainsi que 348.18 et 348.19 qui vont ensemble, y a-t-il une lacune qui fait que les groupes et les partis politiques ne sont pas tenus de signaler les appels de vive voix, s'ils sont faits par leurs services internes? Si c'est le cas, faut-il apporter une modification?
Huit, concernant l'article 348.11 proposé, pouvez-vous confirmer que le registre d'appels aux électeurs ne contiendra ni les numéros de téléphone composés par les services d'appels ou par les services internes de groupes comme les partis politiques, ni de scripts et d'enregistrements? Aucune disposition n'exige de les fournir au CRTC. Pour un maximum d'efficacité, faudrait-il obliger les fournisseurs de services de conserver ces données pendant un certain temps, mais aussi de les remettre au CRTC pour les ajouter au registre d'appels aux électeurs?
Neuf, rien ne stipule précisément dans les dispositions sur le registre d'appels aux électeurs que le CRTC doit conserver l'information durant un certain temps. Cette obligation est-elle implicite, et quelle serait la période de conservation, le cas échéant? Le CRTC applique-t-il déjà des politiques là-dessus? Faudrait-il expliciter cette obligation de conservation? Dans l'affirmative, combien de temps doit-elle s'appliquer? Les 10 ans suggérés par l'ancien directeur général des élections, M. Kingsley, constituent-ils une période adéquate?
Dix, le projet de loi ne contient pas d'exigences sur les signatures. Les renseignements de l'appelant devraient-ils figurer dans les scripts et les enregistrements de tous les appels et dans le registre d'appels aux électeurs?
Onze, les fournisseurs de services d'appels doivent conserver les données durant un an. S'il faut prolonger ce délai, combien de temps devrait-il durer?
Douze, le commissaire devrait-il bénéficier du pouvoir explicite, comme le recommande le directeur général des élections, de demander une ordonnance judiciaire à l'égard de toute personne, de tout groupe ou de tout fournisseur de services d'appels afin qu'il conserve ses données au-delà de la période prescrite si le commissaire estime en avoir besoin dans le cadre d'une enquête?
Treize, le Registre de communication avec les électeurs est-il public ou est-ce que seuls les avis d'enregistrement mentionnés à l'article 348.12 le sont?
Quatorze, le directeur général des élections ou le commissaire aux élections du Canada ont-ils tous deux accès à volonté au Registre de communication avec les électeurs ou cet accès est-il limité par application de l'article proposé 348.15, selon lequel seul le commissaire pourrait y avoir accès sur demande justifiée par un critère de nécessité?
Quinze, selon l'article proposé 348.15, le commissaire doit demander des documents ou de l'information. Le commissaire doit-il savoir exactement de quel document ou de quelle information il a besoin? Toujours dans ce contexte, le CRTC n'a pas explicitement le devoir d'informer proactivement le commissaire des présomptions susceptibles de pousser le commissaire à présenter une demande. Est-ce que le CRTC peut l'en informer? Ce devoir devrait-il être rendu explicite? Quoi qu'il en soit, le CRTC saura-t-il discerner les problèmes susceptibles de semer des doutes, compte tenu de la nature du régime de surveillance? Ce seuil est-il trop élevé pour le commissaire? Il doit le « considérer comme nécessaire ». Ne devrait-il pas plutôt simplement le considérer « utile »? Y aurait-il lieu de modifier le projet de loi pour accorder au commissaire l'accès complet au Registre de communication avec les électeurs?
Je vais sauter deux questions ici, mais je vais y revenir.
Il n'y a pas de disposition explicite sur les fournisseurs de services extraterritoriaux. Devrait-il y en avoir?
Nous reviendrons à ces questions au second tour. Je vous remercie.
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C'est un exercice intéressant qui nous amène ici aujourd'hui.
Il ne fait aucun doute que la fraude des appels robotisés dérange beaucoup de Canadiens. On estime que plusieurs dizaines de milliers de Canadiens en ont été très choqués, contrairement à ce que M. Lukiwski affirme, et les citoyens de Guelph ne sont qu'un petit pourcentage du lot. Bien des questions ont été posées... Je ne sais pas dans quelle mesure le CRTC s'est renseigné sur ces plaintes, notamment sur des appels passés à deux heures du matin dans certaines circonscriptions, où des personnes se faisaient dire par téléphone: « Vous ne votez pas ici, vous votez là. »
Il y a littéralement plus d'une centaine de circonscriptions qui ont été touchées, si je comprends bien, où des appels de masse ont été faits pour dissuader les gens d'aller voter. Je pense que la réaction a été: « Mais qu'est-ce qu'on peut y faire? Que peut-on faire pour prévenir ce genre d'incident à l'avenir? »
Quand on parle des composeurs automatiques, le nom de Pierre Poutine revient souvent. Pierre Poutine est un individu machiavélique que nous n'arrivons pas à retracer.
Y a-t-il quoi que ce soit qui empêche un futur Pierre Poutine de configurer un ordinateur dans un sous-sol quelconque pour faire de la composition automatique, envoyer de l'information de masse ou faire un très grand nombre d'appels? Que ferait le CRTC s'il entendait parler de ce genre d'appels, mais que l'appelant n'était pas enregistré au CRTC, encore une fois?