:
Merci, monsieur le président.
Merci à vous et aux membres du comité de m'avoir invité à témoigner.
Je ferai une brève déclaration, après quoi je serai heureux de répondre aux questions des membres du comité concernant le projet de loi , Loi sur l'intégrité des élections.
La semaine dernière, j'ai participé à une conférence d'orientation à l'intention des hauts fonctionnaires électoraux dans l'une de nos provinces. Cette conférence a réuni un grand nombre de nouveaux directeurs et directeurs adjoints du scrutin qui n'ont jamais géré un scrutin auparavant.
J'ai trouvé les formateurs particulièrement efficaces dans leur présentation des grands principes démocratiques qui sont appuyés par le droit un peu partout dans le monde. Les garanties relatives au « suffrage universel égal » que le Canada a appuyées dans l'article 21 de la Déclaration universelle des droits de l'homme de 1948 et dans l'article 25 du Pacte international relatif aux droits civils et politiques de 1966 ont été qualifiées, à juste titre, de fondamentales pour la conduite d'élections libres et justes.
Conformément à ces principes, les formateurs ont décrit leur loi électorale provinciale comme un outil juridique permettant à tous les citoyens résidents, de 18 ans ou plus, d'exercer leurs droits constitutionnels garantis par l'article 3 de la Charte des droits et libertés, qui prévoit que:
Tout citoyen canadien a le droit de vote et est éligible aux élections législatives fédérales ou provinciales.
La portée inclusive et inconditionnelle de cette disposition de la Charte — que j'ai lue et entendue citer des centaines de fois depuis qu'elle a été adoptée en 1982 — m'a incité à m'interroger sur l'évolution des lois sur le droit de vote au Canada et à me demander en quoi le projet de loi se démarque considérablement de cette évolution.
Dans tout système électoral, il y a une tension saine et constante entre les deux objectifs tout aussi importants qui consistent à offrir une vaste accessibilité, fondée sur le droit de vote fondamental que je viens d'évoquer, et à assurer l'intégrité procédurale qui maintient la confiance des citoyens dans le processus électoral. Le Canada ne fait pas exception à cet égard.
Par « accessibilité », j'entends la facilité et la souplesse qui permettent à tous les électeurs admissibles d'obtenir un bulletin de vote lors d'un scrutin — les assouplissements considérables des dispositions relatives au scrutin par anticipation en sont un très bel exemple.
Par « intégrité », j'entends le recours à des mécanismes administratifs pour s'assurer que seuls les électeurs admissibles votent, qu'ils ne votent qu'une fois, que leur vote est secret, que chaque bulletin de vote est compté correctement et que — sauf pour appliquer le principe du secret du vote — tout le processus est mené de manière complètement transparente. L'adoption de dispositions législatives concernant l'identification des électeurs en 2007 est un exemple dans ce contexte.
Dans sa forme actuelle, le projet de loi crée un déséquilibre fondamental entre l'accessibilité et l'intégrité. Il établit l'exigence que tous les électeurs fournissent des documents acceptables afin de prouver leur identité et leur lieu de résidence avant d'obtenir un bulletin de vote. Le projet de loi éliminerait la capacité actuelle d'un électeur inscrit, qui possède des pièces d'identité exigées par la loi, d'attester de l'identité d'un autre électeur ne possédant pas les documents suffisants pour prouver son identité et son lieu de résidence. De plus, il interdirait l'utilisation des cartes d'information de l'électeur, qu'Élections Canada poste à tous les électeurs inscrits pour leur indiquer où et quand voter, comme preuve documentaire du lieu de résidence.
Le a déclaré qu'il faut éliminer les attestations de l'identité par un répondant, afin de « réprimer la fraude électorale ». Il a aussi déclaré qu'il faut interdire l'utilisation des cartes d'information de l'électeur comme moyen de confirmer l'adresse des électeurs parce que ces cartes sont présentées « au lieu d'une pièce d'identité en bonne et due forme ».
Le s'est fondé sur le rapport sur l'examen de la conformité, que j'ai rédigé en 2013 et qui attirait l'attention sur des erreurs administratives commises par les fonctionnaires électoraux lors de l'élection générale de 2011, pour justifier l'élimination de l'attestation de l'identité par un répondant. Il présente les irrégularités relatives à l'attestation de l'identité par un répondant dans le contexte de la fraude électorale non décelée.
On m'a demandé de vérifier des aspects du scrutin de 2011 en ma qualité de tiers expert des élections, et je trouve important que mon rapport soit bien compris. Après avoir écouté attentivement les déclarations du , j'estime qu'il n'a pas interprété mon rapport correctement.
Certes, mon rapport décrit de graves problèmes que l'attestation de l'identité par un répondant a posés lors de la dernière élection générale, ainsi que des irrégularités encore plus nombreuses dans l'administration de l'inscription des électeurs le jour du scrutin. Mais le problème ne dépendait pas des électeurs. Il dépend plutôt du système. Mon observation est que les fonctionnaires électoraux (des citoyens ordinaires qui acceptent de travailler de longues heures sans pause et au salaire minimum, voire moins) ont eu du mal à appliquer une série de procédures extrêmement complexes le premier et le seul jour où ils ont travaillé.
Mon évaluation a porté sur le fait que les fonctionnaires électoraux doivent administrer 17 procédures d'exception, dont l'attestation de l'identité par un répondant, et qu'ils ont souvent appliqué ces procédures de manière imparfaite.
Mon rapport conclut qu'il s'agit d'un problème systémique relié à notre modèle désuet de services électoraux. Dans mon rapport, je ne fais nulle part un lien entre l'attestation de l'identité par un répondant et la fraude électorale. J'ai entendu le ministre affirmer que l'absence de preuve de fraude électorale ne signifie pas l'absence de fraude. Je l'ai aussi entendu insinuer qu'Élections Canada ne reconnaît pas l'ampleur de la fraude reliée à l'attestation de l'identité par un répondant parce qu'elle n'a pas fait enquête sur les nombreux cas où les procédures exigées par la loi pour attester de l'identité n'ont pas été appliquées. Mais au cours de mon étude, je n'ai entendu aucun scrutateur, électeur ou représentant des médias évoquer la possibilité de fraude électorale. À ma connaissance, il n'y a eu aucune plainte officielle en ce sens.
Dans le monde entier, je ne connais aucun administrateur de scrutin qui lancerait une enquête de fraude électorale sans preuves solides ou sans allégations ou plaintes crédibles. Dans la contestation judiciaire d'Etobicoke-Centre, la Cour supérieure de l'Ontario et la Cour suprême du Canada ont été très claires: il n'y avait aucune preuve que des personnes n'ayant pas le droit de vote avaient pu voter à cause d'erreurs procédurales commises par les fonctionnaires électoraux. Mon rapport sur l'examen de la conformité l'affirme clairement, à plusieurs reprises, tout comme les décisions écrites des tribunaux.
De plus, le jugement de la Cour suprême a établi un nouveau précédent pour décider s'il faut accepter ou non des bulletins de vote en cas d'allégations d'erreurs procédurales. Il faut remplir deux conditions: premièrement, il faut prouver que des irrégularités sont survenues dans le processus électoral; deuxièmement, il faut présenter des preuves qui convainquent la cour que ces irrégularités procédurales ont permis à des personnes qui n'avaient pas le droit de vote de voter.
Le projet de loi éliminerait l'attestation de l'identité par un répondant parce que le ministre pense que mon rapport prouve que le processus est tellement entaché d'irrégularités que des tribunaux pourraient annuler une élection. Le ministre assimile les irrégularités que j'ai constatées à la fraude électorale, parce qu'il laisse entendre que les deux conditions juridiques sont remplies et que des élections seront annulées si l'attestation de l'identité par un répondant reste permise. Au nom de l'amélioration de l'intégrité procédurale, le législateur jugerait bon de priver de leur droit de vote plus de 100 000 électeurs admissibles. La plupart de ces électeurs admissibles n'ont aucune difficulté à présenter des pièces d'identité prouvant qui ils sont, mais ils ont du mal à présenter des documents qui prouvent leur lieu de résidence actuelle. L'utilisation élargie de la carte d'information de l'électeur pourrait remédier à ce problème, mais le projet de loi , tel qu'il est rédigé actuellement, interdirait son utilisation.
Voici les faits: il y a eu un grand nombre d'irrégularités, mais absolument rien ne prouve que des électeurs se sont présentés sous une fausse identité dans le processus d'attestation. Il y a seulement des preuves que le processus électoral actuel nécessite une refonte administrative urgente et une importante modernisation. Notre modèle actuel nous a bien servi depuis la Confédération, mais il doit être modernisé de manière à répondre aux attentes du XXIe siècle quant au sens à donner à « suffrage universel égal ». Il doit être repensé de manière à permettre à des fonctionnaires électoraux temporaires de remplir facilement leur rôle en respectant toutes les règles.
Depuis 33 ans, j'ai planifié, organisé et administré des élections au Canada et dans le monde entier. J'ai fait ce travail dans des endroits aussi variés que l'Afrique du Sud, la Guyane, la Libye et la Russie. J'ai toujours visé à ce que les droits fondamentaux des citoyens de participer à des processus électoraux libres et justes soient respectés. Mon principal objectif aujourd'hui est de clarifier ce que j'ai écrit dans mon rapport sur l'examen de la conformité de l'élection générale de 2011. Dans ce contexte, je pense qu'il est clair que certains aspects du projet de loi doivent être réexaminés attentivement.
Merci, monsieur le président. Je vous rends la parole.
Permettez-moi de vous poser une question. Vous parlez des adresses, et je constate que bon nombre des pièces d'identité citées par le ministre sont un problème en milieu rural, même les documents les plus élémentaires... Prenons l'exemple de ceux qui vivent dans un foyer pour personnes âgées. Une aînée de ma circonscription habite dans un tel foyer, et la carte d’information de l’électeur est son seul moyen d'exercer son droit de vote.
Le ministre a parlé des cartes d'assurance-maladie. Dans ma province, ces cartes n'ont pas d'adresse. La dame ne peut donc exercer son droit de vote avec aucune des pièces d'identité qu'il cite — bien plus de 30, y compris des pièces d'identité élémentaires, à l'exception bien sûr du permis de conduire, que cette femme ne possède pas. Pour la première fois depuis la Confédération, elle ne peut donc pas voter dans la province de Terre-Neuve-et-Labrador, un point c'est tout.
Il a été question de bracelets, mais je n'en ai encore jamais vu qui comportent une adresse.
Croyez-vous que c'est en raison d'une omission que vous êtes abasourdi, puisque malgré toutes les pièces d'identité pouvant être utilisées, certains électeurs, comme les Premières Nations, les étudiants et ceux qui habitent en milieu rural, ne pourront pas exercer leur droit de vote à cause de la preuve d'adresse exigée? Ces électeurs viennent de perdre la seule chose qui leur restait.
:
Merci, monsieur le président.
J'aimerais revenir sur les points de mon collègue, M. Simms. En toute justice, je pense vraiment que bon nombre de Canadiens ne se rendent pas compte à quel point le système de répondants ne sert pas, et je vais m'assurer que vous obteniez une copie de la documentation. En fait, votre rapport dit que bien des provinces ou territoires ne l'utilisent pas.
Dans votre rapport, on dit aussi que la résistance au changement est forte même au sein du milieu électoral. Je pense que le projet de loi démontre comment le changement, l'évolution et les améliorations peuvent donner lieu à des avis partagés; c'est le moins qu'on puisse dire.
Une des citations les plus importantes à mes yeux se trouve à la page 29 de votre rapport; elle porte sur le recours aux répondants et sur notre capacité à rectifier le tir. Vous tirez la conclusion que « la réduction du nombre d’erreurs graves commises [...] lors du recours aux répondants présente un immense défi qu’il ne faut pas sous-estimer. » Il semble donc difficile, voire impossible de remédier à la situation. Selon le jugement de la Cour suprême, le fait de demander à une personne de suivre la procédure ne prive pas celle-ci de son droit de participer au scrutin, mais préserve au contraire l'intégrité du processus électoral.
J'aimerais vous poser des questions à propos du site Web d'Élections Canada, en ce qui concerne l'identification de l'électeur au bureau de scrutin. C'est à l'annexe C de votre rapport d'étape, qui porte sur l'identification. Vous dites que 85 % ou plus de Canadiens ne passent qu'une à trois minutes au bureau de scrutin. Ces personnes sont généralement inscrites à la liste électorale officielle, se présentent avec une pièce d'identification autorisée et peuvent voter. Pour ce qui est des 15 % dont vous parlez, des 17 processus d'exception exigés, il peut s'agir du besoin d'une aide physique, d'une incapacité, ou de toute une gamme de raisons. Mais les situations qui semblent susceptibles de donner lieu à des erreurs sont soit les erreurs d'inscription, que vous proposez de régler à l'aide de formation et d'autres améliorations, soit le recours à un répondant. Après vérification, il semble que plus de 120 000 utilisations de répondants ont donné lieu à 95 559 erreurs. Votre rapport parle d'un taux d'erreur minimum de 42 %, mais cette proportion pourrait atteindre 80 %. Vous ne pouviez toutefois pas avancer un chiffre exact puisque certaines erreurs comprennent des erreurs multiples. On parle donc de 95 559 erreurs, mais une inscription pourrait comporter deux erreurs, n'est-ce pas?
:
Merci, monsieur le président.
Je vais déposer plus tard le recueil dont M. Neufeld parle lui-même, et qui donne un aperçu comparatif des inscriptions le jour de l'élection. On y voit clairement que les électeurs de Terre-Neuve-et-Labrador doivent présenter une pièce d'identité autorisée et prêter serment.
En résumé, 4 des 13 provinces et territoires et la plupart des villes ne permettent pas le recours à un répondant. Je fais référence à la décision de la majorité des juges de la Cour suprême, qui disent clairement que selon la loi, les irrégularités doivent être traitées au même titre qu'une fraude si elles peuvent influencer le résultat, comme vous le dites au deuxième point.
Je trouve que nous passons beaucoup de temps à déterminer si on est en présence d'une conduite malveillante, alors qu'on devrait plutôt se dire qu'il sera très difficile de rectifier le tir, comme vous l'avez dit vous-même, monsieur Neufeld, puisque le recours aux répondants donne lieu à un taux d'erreur de 42 à 80 %, et que la plupart des provinces ne l'utilisent pas.
Je m’appelle Alison Loat. Comme le président l’a mentionné, je suis cofondatrice et directrice générale de Samara, qui est un organisme de bienfaisance non partisan et indépendant qui se consacre à accroître la participation politique par l’entremise de la recherche et de la sensibilisation.
J’aimerais aujourd’hui vous proposer des modifications au projet de loi qui, selon nos études, contribueraient à atteindre l’ambitieux objectif annoncé par M. lors de la présentation du projet de loi: mettre la démocratie entre les mains des citoyens.
Samara s’inquiète du déclin de la participation des Canadiens pendant et entre les élections. En 2011, comme vous le savez très bien, seulement 38,8 % des jeunes Canadiens ont exercé leur droit de vote. Si la tendance se maintient, la participation, qui est déjà l’une des plus faibles parmi les démocraties occidentales, continuera sa chute libre au Canada. Il est juste de présumer que, si seulement 38,8 % des jeunes obtenaient leur diplôme d’études secondaires, on décréterait probablement l’état d’urgence au pays. L’état déplorable de la participation électorale devrait susciter la même réaction.
Outre cela, selon nos études, on constate qu’à peine 10 % des Canadiens font des activités de nature politique entre les élections, y compris l'adhésion et les dons à un parti politique ou la participation à une campagne. Cette proportion est encore plus faible parmi les jeunes. Cette maigre participation constitue le plus grave problème de la démocratie canadienne. Y remédier devrait être une priorité absolue pour tous les parlementaires, et le projet de loi devrait y accorder une plus grande importance.
Les recherches de Samara auprès de groupes de discussion confirment que les gens ne se prévalent pas de leur droit de vote pour deux principales raisons: l’accès et la motivation. Parmi les difficultés liées à l’accès, certaines personnes ne savent pas où aller voter et n’ont pas leur carte d’électeur. Avoir l’impression que son vote ne compte pas ou que la politique n’est pas importante illustre des problèmes liés à la motivation.
De manière générale, nous recommandons plusieurs changements en vue d’accroître l’accès; le tout est exposé dans notre mémoire. Nous recommandons notamment de prévoir des dispositions sur la supervision des appels téléphoniques aux électeurs et d’améliorer l’efficacité des bureaux de vote.
Ensuite, nous proposons trois mesures pour remédier au problème profond de motivation en vue d’accroître la participation citoyenne par des moyens multipartites et non partisans.
Premièrement, il faut élargir le rôle du directeur général des élections pour sensibiliser de manière non partisane le public à la démocratie canadienne et offrir du soutien en la matière. Il faudrait également encourager Élections Canada à accomplir un meilleur travail dans ce domaine. Compte tenu de la gravité du problème concernant la participation électorale au Canada, il serait utile de renforcer, au lieu d’éliminer, un organisme indépendant et bien financé axé sur l’engagement, en particulier à la lumière du soutien qu’il accorde à l’égard de programmes, dont Vote étudiant, qui ont fait leurs preuves.
Deuxièmement, en collaboration avec des organismes non partisans de la société civile et par leur intermédiaire, nous recommandons qu’Élections Canada administre un programme de recherche et de financement novateur fondé sur les connaissances actuelles sur les mesures efficaces pour accroître la participation électorale, évalue les résultats et fasse rapport de ses conclusions. Ce serait une ressource utile pour les partis politiques, les professeurs, les universitaires, les groupes communautaires et les autres intervenants qui souhaitent s’attaquer au déclin de la participation politique des Canadiens.
Troisièmement, en vue de permettre aux partis politiques de donner suite à l’appel de M. à la Chambre, c'est-à-dire d’aller à la rencontre des Canadiens dans leur collectivité, nous proposons que les partis affectent une part de la hausse des fonds, qui est proposée dans le projet de loi, à la sensibilisation des électeurs et à la participation des citoyens entre les élections. M. a raison de dire que les partis et les candidats jouent un rôle essentiel en vue d’encourager la participation; c’est évidemment entre autres pour cette raison qu’ils sont généreusement subventionnés par les contribuables.
Par contre, le recul de la participation électorale et les travaux de Samara nous apprennent que tous les partis peuvent faire mieux. Dans un récent sondage, nous avons demandé aux Canadiens de préciser leurs attentes à l’égard des partis politiques et d’évaluer leur rendement. Plus de la moitié des répondants ont reconnu que le rôle le plus important des partis est de consulter les Canadiens pour être en mesure de faire valoir leurs points de vue, mais ils ont accordé aux partis la maigre note de 43 % en la matière.
Des fonds devraient être réservés en vue de faciliter les visites d’établissements scolaires par des candidats et des membres des partis ou de subventionner des organisations vouées à la mobilisation des électeurs, pour ne donner que deux exemples. Un tel investissement dans la participation citoyenne pourrait améliorer la perception qu’ont les Canadiens des partis politiques et stimuler leur participation dans les divers partis.
Ces trois recommandations, ainsi que d’autres propositions visant à améliorer l’accès des électeurs, amélioreront considérablement le projet de loi et renforceront la capacité du Canada de remédier au problème le plus urgent de notre démocratie, à savoir que les Canadiens se désintéressent de plus en plus à leur propre processus politique.
Je vous remercie de nous avoir donné l’occasion de discuter avec vous aujourd’hui. Je serai ravie de répondre à vos questions.
:
Merci, monsieur le président. Je vais m'exprimer en français et en anglais.
Je m'appelle Nathalie Des Rosiers et je suis ici à titre de membre du conseil d'administration de Fair vote Canada, ou Représentation équitable au Canada. Je suis aussi présentement à la Faculté de droit, Section de common law, et non de droit civil, à l'Université d'Ottawa.
Représentation équitable au Canada est un regroupement de la société civile qui vise à améliorer la démocratie canadienne, notamment par une amélioration du système électoral canadien.
[Traduction]
Représentation équitable au Canada est un organisme citoyen mltipartite qui milite pour la représentation proportionnelle, et c’est ce qu’il est depuis le début. Mon engagement au sein de cet organisme a été motivé par le rapport de la Commission du droit du Canada intitulé Un vote qui compte, qui recommandait l’ajout d’un élément de proportionnalité pour éviter certains des problèmes de notre système uninominal majoritaire à un tour.
[Français]
Ces propositions de réforme de notre système électoral sont toujours sur la table et doivent être sérieusement considérées. D'une certaine façon, je vais vous présenter aujourd'hui certaines inquiétudes que Représentation équitable au Canada a relativement au projet de loi, ainsi que ce qu'il voudrait voir dans un projet de loi qui vise l'amélioration de la démocratie canadienne.
Dans le cadre de ses travaux sur l'amélioration de la démocratie, le regroupement Représentation équitable au Canada s'est intéressé à deux aspects qui sont soulevés par le projet de loi. Tout d'abord, il y a les pouvoirs et l'indépendance d'Élections Canada ainsi que le régime de contrôle des dépenses électorales.
[Traduction]
Nous avons certaines préoccupations concernant l’intégrité du système électoral. La deuxième chose dont le vais parler est, comme nous l’avons dit,
[Français]
les effets des restrictions sur la participation électorale, soit le rétrécissement du bassin des électeurs. Cela nous inquiète également.
[Traduction]
Représentation équitable au Canada a toujours craint que le système uninominal majoritaire à un tour — et le corollaire voulant que le gagnant impose sa loi — mine la confiance et la participation des électeurs. Dans sa forme actuelle, le système n'encourage certes pas les gens à aller voter, puisque leurs votes ne sont pas tous égaux. Dans un sens, je crois que nous nous préoccupons du fait que certaines dispositions de ce projet de loi sapent encore davantage la confiance des électeurs.
Nous appuyons assurément les recommandations qui visent à donner plus de pouvoirs à Élections Canada et à prendre des mesures pour sensibiliser le public. Nous devrions faire en sorte qu’Élections Canada ait le pouvoir de communiquer à grande échelle avec le public. Dans cette optique, je crois que les restrictions que le projet de loi impose à Élections Canada quant à son pouvoir de participer à des discussions publiques et de faire de la recherche ne sont pas justifiées à l’heure actuelle.
Il est aussi très important que nous protégions la crédibilité du système en travaillant sur des questions d'apparence qui pourraient très bien faire la différence. Le personnel des élections devrait être nommé assez tôt pour qu’on ait le temps de le former et pour assurer le maintien d'une apparence de neutralité. Les superviseurs de centres de scrutin sont particulièrement importants pour maintenir cette apparence.
Selon nous, les exceptions en matière de financement pourraient donner lieu à certaines difficultés d’application et à d’autres scandales susceptibles de miner la confiance des électeurs. Étant donné que la participation des électeurs est particulièrement basse, nous croyons que ce n’est pas le moment d’adopter ces mesures.
[Français]
Parlons des effets des restrictions sur la participation électorale, c'est-à-dire le rétrécissement du bassin des électeurs. Le but de toute réforme électorale devrait être de faciliter et d'encourager l'exercice du droit de vote. Il en va de l'essence même de notre démocratie, non seulement pour la légitimité des décisions qui sont prises par notre Parlement, mais également pour le sentiment d'appartenance civique.
[Traduction]
Les gens que l’on encourage à voter développent un sentiment d’appartenance. Et ce sera mon dernier point.
[Français]
Beaucoup d'études établissent que le désengagement politique mène souvent à un désengagement économique et à un désengagement social. Il est très important de ne pas mettre d'embûches ou de limiter de quelque façon que ce soit l'exercice du droit de vote.
[Traduction]
En conclusion, outre ce projet de loi, je crois que nous devrions continuer à envisager la possibilité de réformer le mode de scrutin et soutenir une telle réforme. Le mandat devrait continuer à inclure de la recherche sur ce qui motive les gens à voter ou à s’abstenir de voter et sur ce qui pourrait être fait au Canada pour améliorer les taux de participation.
Merci beaucoup.
:
Merci, monsieur le président.
Je remercie aussi les membres du comité de m'offrir cette occasion de commenter le projet de loi .
[Traduction]
L'Institut de recherche en politiques publiques, l'IRPP, est un groupe de réflexion national indépendant et non partisan. Son bureau central est situé à Montréal. La mission de l'institut est de faire de la recherche sur des sujets qui sont importants pour les Canadiens et leurs gouvernements, et d'amener les universitaires et les décideurs de haut niveau à discuter ensemble des résultats de ces recherches.
Comme certains le savent déjà, les recherches de l'IRPP s'intéressent depuis longtemps au renforcement de la démocratie au Canada et des institutions canadiennes qui s'y rattachent. Notre plus récente initiative — qui, d'ailleurs, est en lien direct avec le sujet de la séance d'aujourd'hui — a été un processus de consultation auprès d'experts du Canada et de l'étranger, lequel s'est soldé par la publication en mars 2013 du rapport intitulé Enjeux découlant des communications inappropriées reçues par des électeurs.
Comme le rapport a été distribué aux membres du comité, je m'abstiendrai d'en décrire le processus et je mettrai plutôt l'accent sur les recommandations qui se dégagent des travaux que nous avons faits, dans l'optique du projet de loi .
Je dois tout d'abord souligner que certaines parties du projet de loi sont cautionnées par nos travaux et qu'elles font écho à nos recommandations concernant les communications inappropriées reçues par les électeurs. Les dispositions visant à augmenter les pénalités et à créer de nouvelles infractions ont reçu un solide appui de nos experts. Le rapport demande aussi que les partis soient tenus de documenter l'usage qu'ils font des services de contact avec les électeurs et de préserver ces documents. Tel qu'elle est proposée, la création d'un registre de communication avec les électeurs serait un grand pas en avant pour normaliser les communications avec les électeurs.
Cependant, d'autres dispositions proposées dans le projet de loi sont diamétralement opposées aux conclusions tirées par nos experts. Par exemple, notre groupe a accordé beaucoup d'importance au renforcement du rôle que doit jouer Élections Canada pour sensibiliser le public, et considère qu'il s'agit en fait d'un des éléments fondamentaux du mandat de l'organisme. Nous estimons que les réductions que propose le projet de loi à cet égard sont un pas dans la mauvaise direction. Le recensement a toujours joué un rôle essentiel pour informer la population au sujet des élections. Or, avec la suppression du recensement, la campagne publique de sensibilisation revêt une toute nouvelle importance et doit être préservée.
Certains ont soulevé de bonnes questions, des questions importantes quant au succès des efforts déployés par le passé pour augmenter la participation des électeurs. Je crois que c'est un point important qui mérite d'être examiné de plus près. Mais si la campagne publicitaire n'est pas efficace, je crois que cela signifie qu'il faut trouver une nouvelle agence et non renoncer à faire de la publicité.
J'ai une crainte semblable au sujet de la suppression du recours à un répondant. Pour dire vrai, nos experts n'ont pas examiné cette question en profondeur, car elle échappait à la portée de notre initiative. Cela dit, nous avons insisté sur le fait que l'un des objectifs premiers du système devrait être de rendre le vote aussi facile que possible pour le plus grand nombre de citoyens possible.
Nous convenons qu'il faut à tout prix être vigilant en ce qui concerne la fraude, mais lorsqu'un doute persiste, nous croyons qu'il faut pencher du côté de l'électeur. La suppression du recours à un répondant semble être contraire à ce principe, et elle risque de marginaliser encore plus certains groupes qui le sont déjà parce qu'ils ont été éliminés du recensement, et que tout cela a été remplacé par la liste électorale permanente. Rapidement, j'ajouterai que la discussion que vous avez eue lors de la dernière séance au sujet des solutions de rechange au recours à un répondant est, selon moi, un pas en avant. Ce que j'essaie de faire comprendre, c'est que les conséquences d'une suppression pure et simple du recours à un répondant comportent trop d'inconnus pour que nous puissions la mettre en oeuvre sans en avoir soigneusement étudié les tenants et aboutissants.
En ce qui concerne le contenu du projet de loi, notre groupe a souligné que même les communications en bonne et due forme avec les électeurs n'élimineront pas le besoin de combler les importantes lacunes qui existent dans les politiques en ce qui a trait aux renseignements personnels contenus dans les bases de données des partis. Comme les partis deviennent de plus en plus efficaces pour recueillir des renseignements sur les électeurs, nous devons instaurer un régime de protection de la vie privée pour réglementer la façon dont ces renseignements sont stockés, utilisés et protégés. Les électeurs seraient surpris de voir tout ce que les partis savent à leur sujet, et seraient probablement choqués d'apprendre que cette information n'est pas protégée. Si l'on cherche encore à élargir la portée du projet de loi, j'inviterais fortement le comité à envisager sérieusement d'y ajouter un régime de réglementation pour encadrer comment les partis gèrent et protègent nos renseignements personnels.
En dernier lieu, nos experts jugent qu'il est très important que le Parlement fasse tout en son possible pour rechercher le consensus le plus large qui soit avant d'aller de l'avant avec une modification de la Loi électorale. Étant donné l'importance fondamentale que cette loi revêt pour le déroulement de la politique au Canada, nous devrions éviter d'apporter des modifications dans la division et viser, autant que faire se peut, l'appui unanime de tous les partis.
À la lumière du vaste consensus que suscitent certains aspects couverts par le projet de loi et les grandes divisions qui subsistent sur d'autres points, je propose que le comité envisage de scinder le projet de loi en deux. Procédez rapidement avec les dispositions concernant les communications inappropriées reçues par des électeurs et, peut-être, avec d'autres parties du projet de loi, et mettez en veilleuse celles qui parlent du rôle d'Élections Canada quant à la sensibilisation du public, du recours à un répondant et, peut-être, d'autres questions qui méritent d'être examinées et débattues plus en profondeur.
[Français]
Merci beaucoup, monsieur le président.
:
Merci. Ce sont les 15 minutes les plus rapides passées de tous les temps.
Je m'appelle Taylor Gunn, et je suis le président fondateur de Civix. J'ai passé 12 ans à travailler avec des étudiants, des enseignants, des écoles, des gouvernements et des organismes chargés d'élections afin d'encourager la participation des jeunes au processus démocratique.
Mon organisme, Civix, offre en premier lieu des programmes d'éducation civique par l'expérience à l'intention des élèves du primaire et du secondaire. Nous croyons que la meilleure façon pour les jeunes d'apprendre quelque chose au sujet de la démocratie est de la vivre plutôt que d'en lire des descriptions dans leurs livres de classe.
Notre programme le plus ancien et qui a rejoint le plus de monde s'appelle Vote Étudiant. Il s'agit d'élections parallèles pour les élèves qui n'ont pas encore l'âge de voter. Nombre d'entre vous y ont participé. Essentiellement, le programme aide les écoles à inscrire la démocratie à leur programme d'enseignement durant toute la durée d'une campagne électorale. Les enfants retournent à la maison et incitent leurs parents à s'intéresser aux élections. Ils rencontrent les candidats officiels. Ils tiennent un vote à l'école pour élire leurs pairs, mais ils votent aussi pour les candidats officiels de leur circonscription.
Lors des dernières élections fédérales, nous avons eu pour la deuxième fois plus de 500 000 étudiants participants provenant de presque 4 000 écoles réparties dans tout le pays. Le coût du programme — qui est offert en partenariat avec Élections Canada — a été d'environ 750 000 $, ce qui revient à environ 1,32 $ par étudiant.
Nous offrons maintenant des programmes entre les campagnes électorales, car nous savons que le fait d'être citoyen signifie plus que le simple fait de voter lors des élections.
Vous avez peut-être entendu parler des consultations budgétaires auprès des élèves, que nous avons coordonnées avec le ministre Flaherty et les chefs des partis de l'opposition, dont Mme May, merci. Les programmes visaient essentiellement à aider les jeunes à comprendre le budget fédéral.
Pour la dernière année scolaire, nous avons lancé la Journée du représentant, à laquelle nombre d'entre vous ont participé. Cette initiative permet aux députés de passer du temps auprès des élèves des écoles secondaires de leurs circonscriptions respectives pour tenter de briser les stéréotypes parfois négatifs que ces jeunes peuvent avoir à l'égard des politiciens et du processus politique.
Je suis ici aujourd'hui parce que je veux travailler avec vous sur cette loi. En vertu de l'article 18, nous avons eu le privilège de travailler avec Élections Canada au cours des quatre dernières élections fédérales.
Cette version provisoire de la priverait Élections Canada du pouvoir qu'elle a d'appuyer le travail que nous faisons dans les écoles de tout le pays. C'est une question qui est très importante pour moi, car nous croyons qu'il nous sera possible d'être présents dans la moitié des écoles du pays lors des élections de 2015, et que nous pourrons augmenter considérablement nos taux de participation. Or, je ne crois pas que je pourrai y arriver sans l'aide d'Élections Canada.
Nous avons deux brèves recommandations à votre intention, mais je veux d'abord vous parler d'une question qui nous tient vraiment à coeur.
Pour que nous soyons les bienvenus dans les écoles, notre partenariat avec Élections Canada — avec toute l'authenticité et la crédibilité que cette association confère au processus — est primordial. Il s'agit d'une marque d'honneur irremplaçable. Tout le monde sait qu'Élections Canada est l'organisme qui est chargé du déroulement de nos élections et que son soutien ne saurait être remplacé par celui d'une autre organisation, fût-elle l'Institut Fraser, une fondation de Tides Canada ou un autre groupe. Il est essentiel que cette relation soit maintenue.
Voici nos deux recommandations. La première peut sembler évidente. Nous avons aimé le travail que nous avons fait en vertu de l'article 18. Il nous a permis de leur présenter de nouvelles idées. Bien sûr, il ne tient qu'à eux de décider ce qu'ils appuient ou ce dans quoi ils souhaitent s'engager, et il serait peut-être approprié de réduire les possibilités. Notre première recommandation est donc de garder l'article 18 tel qu'il est et de réserver le temps dont dispose le comité à d'autres grandes questions comme le recours à un représentant, etc.
Notre deuxième recommandation — et vous pouvez jeter un coup d'oeil à la dernière page de la petite brochure que nous vous avons distribuée — concerne le nouvel article 18, que l'on décrit comme « Communication aux électeurs ». Nous enseignons quand et où les élections se tiennent, et comment voter. Ce n'est même pas vraiment dans le projet de loi; on ne fait que décrire ce qu'est le nouvel article. Si cette description pouvait être remplacée par « Communication aux Canadiens », je crois que cela nous donnerait la permission d'enseigner aux non-électeurs — ceux qui n'ont pas l'âge de voter — quand et où les élections se tiennent, et comment voter, avec le soutien d'Élections Canada.
Outre ces questions... Je ne peux pas croire que j'ai dit tout cela en quatre minutes. Je suis désolé. C'était probablement trop rapide. Je tiens à vous remercier de m'avoir donné la chance de parler pendant quatre minutes et demie. Je tiens seulement à souligner que, selon nous, les acteurs les plus importants à l'heure actuelle dans notre démocratie sont nos enseignants et nos écoles. Les écoles jouent un rôle ô combien déterminant et important pour l'éducation civique. Elles n'ont pas besoin d'un programme complet en sociologie ou sur la façon d'être un citoyen. Elles n'ont besoin que de bons enseignants qui croient que ces questions sont importantes. Ils peuvent intégrer ces activités à leur programme. J'espère que vous continuerez à nous aider à faire cela.
Et merci à tous d'être ici aujourd'hui.
Avant de poser mes questions, je tiens à mettre quelque chose au clair pour les besoins du compte rendu. Une observation formulée par la copie conforme de M. Lamoureux, M. Simms, qui était parmi nous lors de l'exposé de M. Neufeld, donnait l'exemple d'une femme qui était dans un centre de soins de sa province — de sa circonscription, en fait — et qui, selon lui, n'aurait pas été en mesure de voter sans une carte d'information de l'électeur, car c'était la seule pièce d'identité qui indiquait où elle restait.
J'affirme que cela est tout à fait faux, puisque la loi prévoit que les personnes âgées qui sont dans des centres de soins n'ont qu'à obtenir une attestation du directeur de l'établissement indiquant qu'ils vivent bel et bien là. C'est tout ce dont ils ont besoin. Alors, cette dame aurait très bien pu voter, malgré les protestations de M. Simms. Je veux que cela soit consigné dans le compte rendu.
Pour ma question, je crois que je vais commencer par M. Fox. Je pense que la plupart des Canadiens qui ont suivi l'actualité savent qu'après les dernières élections fédérales, la controverse la plus importante a porté sur les appels robotisés et sur Pierre Poutine — dont on ne connaît pas encore le visage —, que l'on soupçonne d'avoir plus ou moins orchestré à plus ou moins grande échelle la suppression d'électeurs. Aujourd'hui, la Loi sur l'intégrité des élections, le projet de loi , traite précisément de cette situation en faisant en sorte que le CRTC serve de dépositaire central où tous les services de contact avec les électeurs devront s'enregistrer et, en fait, sans entrer dans tous les détails...
Je sais, monsieur Fox, que votre organisme a fait des études pas mal approfondies sur les services de contact avec les électeurs, mais quand j'ai demandé à l'ancien directeur général des élections, M. Kingsley — qui est venu témoigner devant le comité mardi dernier —, s'il croyait que les dispositions contenues dans la Loi sur l'intégrité des élections empêcheraient cette même situation de se produire à nouveau, sa réponse a été un oui catégorique. Étant donné que votre organisme a fait tant de travail à ce sujet, j'aimerais savoir ce que vous pensez de la proposition du gouvernement de réglementer les services de contact avec les électeurs et du rôle prêté au CRTC aux termes du projet de loi C-23.
:
Je vous remercie. Vos commentaires correspondent à ce que disait M. Kingsley.
Mais il est allé un peu plus loin. Vous avez dit ne pas être ici pour parler en termes absolus. Lui l'a fait. Il a dit que son examen du projet de loi, avec ses dispositions concernant ce que nous appelons les appels automatisés, permettrait de prévenir, à l'avenir, les tentatives orchestrées par Pierre Poutine, peu importe qui il est, d'empêcher les électeurs de voter.
Cependant, il reste encore un sujet qui doit être débattu, et c'est la période pendant laquelle les renseignements devraient être conservés. Le projet de loi , la Loi sur l'intégrité des élections, recommande que tous les renseignements sur ce qui s'est produit soient conservés pendant un an, comme les scripts, les appels faits, les appels reçus, et ce genre de choses.
Certains députés de l'opposition ont critiqué cela. Nous estimons qu'une période d'un an assure un bon équilibre, car actuellement, il n'est pas obligatoire de conserver des renseignements pendant une période donnée.
L'une des raisons pour lesquelles nous pensons qu'une période d'un an serait appropriée, c'est que s'il survient un autre événement — il est à espérer que cela n'arrivera pas —, où l'on empêche les électeurs d'aller voter au moyen d'un système d'appels automatisés, il est fort probable que l'enquête débutera presque immédiatement. Étant donné la trace écrite qui est proposée dans le projet de loi, nous estimons qu'une période d'un an serait appropriée.
Selon votre organisation, est-il suffisant de conserver les renseignements pendant un an? Est-ce insuffisant?
J'aime bien l'échange entre Tom et M. Fox, et je pense que c'est juste. Le système de registre sera mieux que rien. Je crois qu'il est un peu exagéré de dire que M. Kingsley a déclaré sans équivoque que cela empêcherait... de façon absolue. Il a critiqué le fait que les numéros de téléphone ne seront pas conservés et que la période d'un an est trop courte; c'est le minimum.
Nous avons aussi parlé de ce qui ne paraît pas. Quiconque participera à un effort concerté de nos jours sait que le système sera en place et qu'on utilisera une technologie de pointe, peut-être des serveurs mandataires, des serveurs clandestins, des téléphones jetables, etc. Le problème, c'est que le système de registre n'en tient pas vraiment compte.
Monsieur Fox, je me demandais si vous estimez que le fait de ne pas inclure des mesures permettant d'augmenter les pouvoirs d'enquête... L'autre but de la dissuasion, c'est que les gens sauront qu'une enquête rigoureuse sera menée. En ce qui concerne l'absence de contrainte envers les témoins, je ne sais pas si vous êtes d'accord pour dire que cela devrait être prévu, mais c'est un fait qu'il sera plus difficile d'enquêter.
Est-ce que c'est vrai?
Dans notre mémoire et dans mon exposé, nous avons formulé trois recommandations sur l'augmentation de l'engagement et de l'éducation des citoyens, tant pendant qu'après les élections, par des moyens non partisans et multipartisans. Nous croyons que les partis politiques et les candidats ont un rôle extrêmement important à jouer pour faire participer l'électorat.
Nos recherches indiquent qu'il existe un écart important entre la place qu'ils pourraient occuper et celle qu'ils occupent, du moins aux yeux des citoyens. Je m'inquiète du niveau de crédibilité des partis politiques aux yeux du public et, comme je l'ai dit, compte tenu surtout des généreuses subventions publiques qu'ils reçoivent.
J'ai parlé de deux choses à propos d'Élections Canada: premièrement, renforcer son rôle et l'encourager à accomplir un meilleur travail; deuxièmement, avoir un programme de recherche et de financement novateur fondé sur nos connaissances des mesures efficaces, si l'on demande à Élections Canada d'évaluer les résultats et de les communiquer afin de mieux comprendre ce que nous pouvons faire pour accroître la participation électorale; et troisièmement, je propose qu'une partie des fonds supplémentaires alloués aux partis politiques dans ce projet de loi soient affectés à l'éducation des électeurs afin que les partis politiques indiquent clairement qu'ils prennent très au sérieux le recul marqué de la participation électorale, surtout chez les jeunes Canadiens.
Je vais aussi poursuivre dans la veine du volet éducatif. Lorsque l'on parle de sensibilisation et d'information, je pense que ce dont il est question, c'est le taux de participation électorale. À mon avis, deux facteurs favorisent la participation. Le premier est la motivation à participer au scrutin; le deuxième, l'information sur le vote. Manifestement, l'information relève d'Élections Canada — c'est plutôt évident —, qui informe les gens sur le fonctionnement, le lieu et la date du scrutin. Les propres données d'Élections Canada donnent à penser que cet organisme parvient très mal à transmettre cette information.
Après les dernières élections, des jeunes qui n'avaient pas voté ont dit, dans une proportion de 25 %, qu'ils ne savaient pas à quel endroit voter; 26 % ne savaient pas quand voter et 19 % ne savaient pas comment. Donc, manifestement, cela a joué un rôle dans leur décision de ne pas voter. C'est un obstacle.
Monsieur Gunn, et peut-être vous, madame Loat, je voulais vous demander si vous pouviez nous donner un aperçu de ce que vous en pensez, très brièvement, parce qu'il ne me reste plus que trois minutes. Ces données nous renseignent sur le volet de la sensibilisation, mais j'aimerais avoir votre avis sur le volet de la motivation. Pouvez-vous nous donner une idée de ce qu'il en est? À votre avis, qu'est-ce qui motive une personne à voter? De toute évidence, l'approche d'Élections Canada indique que des millions de dollars ont été dépensés ces dernières années, sans résultat, semble-t-il.
Pourriez-vous me dire ce que vous en pensez, brièvement? Qu'est-ce qui motive quelqu'un à voter?
:
Je le signale, c'est tout.
Ma question a trait à votre rôle en matière d'éducation. L'un des problèmes qui existent, à mon avis, et je le pense depuis de nombreuses années, c'est qu'on n'éduque pas les gens adéquatement sur la façon de voter. Je pense que vous et moi ne sommes pas d'accord quant à savoir si les gens ne votent pas par manque de motivation ou s'ils ne votent pas parce qu'il se heurtent à de réels obstacles.
Je vous dis simplement ce que je pense, puis je vais vous laisser répondre, mais voici ce que je voulais dire, Taylor. Nous sommes au courant, grâce au rapport du DGE, du faible taux de participation chez les jeunes. Nous savons que lorsque les jeunes électeurs — il les a divisés en cinq groupes — ont fourni les raisons pour lesquelles ils n'avaient pas voté, les jeunes de trois des cinq groupes — et je n'arrive pas à me rappeler lesquels — ont dit que l'une des principales raisons était l'absence de carte d'information de l'électeur, qui précise où aller voter, entre autres choses. Cette carte sert de message guide. De nombreuses personnes apportent leur carte au bureau de scrutin. Je l'ai fait. C'était un document utile pour rappeler aux gens le lieu du bureau de scrutin et l'emplacement pour le vote par anticipation et ce genre d'information. Les jeunes n'ont pas reçu cette carte.
Je pense que ce serait utile pour les élèves dans le cadre de votre processus d'éducation lorsqu'ils sont trop jeunes pour voter mais qu'ils vivent avec leur famille. Plus tard, ils quittent le foyer familial pour aller à l'université et peuvent voter, mais nous les avons perdus de vue. Il serait extrêmement utile de les sensibiliser à l'importance d'exercer leur droit de vote plus tard.
Je vous recommande de faire quelque chose de ce genre. Je vais vous demander de vous prononcer sur le sujet ou sur des questions générales connexes.
:
C'est une très bonne recommandation. Il est à espérer que d'autres membres seront du même avis pour que je puisse formuler une excellente recommandation au nom du comité plutôt que d'un seul député partisan.
J'ai toujours trouvé les cartes d'information de l'électeur utiles. Je pense que les électeurs les reconnaissent et les utilisent. On devrait évidemment continuer de les envoyer. Je ne sais pas si cela concerne le comité — mais certains organismes électoraux au pays ont exploré la possibilité d'échanger des renseignements avec leurs homologues provinciaux —, mais on pourrait collaborer avec le ministère de l'Éducation, par exemple, pour que le nom des jeunes qui vont à l'école figure automatiquement sur les listes électorales. Est-ce que ce serait utile s'ils quittent le foyer familial pour aller à l'école, qu'ils partagent un logement et que le nom d'une seule personne figure sur le bail? Je ne pense pas dans le cas des cartes d'information de l'électeur. Si le projet de loi est adopté et que la portée de l'article 18 est restreinte, nous ciblerons l'information que nous remettons aux écoles. Tout le monde consacrera plus d'énergie sur le moment et le lieu du scrutin et la façon de voter.
Je pense qu'avec le projet de loi, on laisse entendre qu'on ne devrait pas essayer de dire aux gens pourquoi ils doivent voter. Je peux comprendre cela. Mais le pourquoi tient du quand, du où et du comment. Dans notre programme du moins, on n'enseigne pas pourquoi il faut aller voter dans les écoles. Les enfants finissent par le découvrir par eux-mêmes. Lorsqu'ils rentrent à la maison et parlent à leurs parents, ils apprennent pourquoi il est important de voter.
À mon avis, l'ancienne version et la version actuelle de l'article 18 pourraient être interprétées exactement de la même façon. Ce serait merveilleux si le comité pouvait apporter des éclaircissements, surtout en ce qui concerne l'éducation publique et la participation du public.
:
J'ose croire qu'elle aura lieu quelque part dans l'édifice du Centre, monsieur Lamoureux.
Sur les conseils du comité de direction, nous avons commencé à planifier le programme pour la semaine prochaine. Nous avons terminé. Le reste est planifié. Le programme n'est pas encore disponible au complet car il nous reste encore quelques personnes à inviter.
Le comité se réunira lundi soir, de 19 à 23 heures, mardi, à l'heure habituelle, soit de 11 à 13 heures, mardi et mercredi soir, de 19 à 23 heures, ainsi que jeudi, de 11 à 13 heures.
Ce sera le genre d'horaire que nous aurons toutes les semaines où nous étudierons ce dossier. J'ai promis de donner le plus de temps possible à tous les témoins qui sont invités à comparaître et qui ont envoyé des mémoires. Nous pourrons y arriver grâce à cet horaire. Nous avons réduit le nombre de témoins à trois groupes de quatre maximum, comme aujourd'hui, pour faciliter un peu les choses.
Donc, si vous donnez... Comme le comité de direction l'a fait l'autre jour... il a donné au président et à la greffière le feu vert pour commencer à planifier le programme et, avec l'aide des gens compétents qui siègent au comité, je suis certain que nous pourrons faire le reste.
Je suppose que nous étudierons la motion de M. Christopherson quelque temps après 23 heures, lundi soir.
Désolé, Dave, je blague.
Quelqu'un veut-il ajouter quelque chose dans l'intérêt du comité?
La séance est levée.