:
Merci beaucoup, monsieur le président, pour cette présentation.
Monsieur le président et membres du comité, je suis très heureux de pouvoir vous parler aujourd'hui de la Cour pénale internationale. Mon exposé s'articulera autour de trois points : pourquoi nous avons besoin de la Cour pénale internationale; les caractéristiques qui permettent à la Cour de répondre à ce besoin; et la situation actuelle de la Cour aujourd'hui et les défis qu'elle doit encore relever pour mener à bien sa mission.
Commençons par ce pour quoi la Cour est nécessaire. Lorsque des crimes de génocide, et des crimes contre l'humanité et des crimes de guerre sont commis impunément, ils peuvent avoir de graves conséquences pour les personnes et de graves répercussions sur la stabilité d'un pays et d'une région.
Comme pour tout autre crime, la responsabilité d'enquêter sur ceux-là crimes et d'en punir les auteurs revient d'abord aux instances nationales. Cependant, en raison de la nature particulière de ces crimes, les systèmes judiciaires nationaux se sont souvent révélés incapables d'en poursuivre les auteurs ou peu disposés à le faire. C'est dans de telles situations que 'intervention de la Cour est nécessaire.
Par le passé, des tribunaux internationaux ont été créés dans des situations spécifiques où l'instance nationale ne pouvait ou ne voulait pas agir; cela a d'abord été le cas au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, à Nuremberg et à Tokyo, et plus récemment en ex-Yougoslavie et au Rwanda, où des tribunaux internationaux spéciaux ont été mis sur pied par le Conseil de sécurité des Nations Unis.
Ces tribunaux ont été des pionniers et ont démontré qu'une justice pénale internationale était possible en pratique. Cependant, ils ont montré leurs limites. Ils sont temporaires; leur compétence est limitée géographiquement; ils ne peuvent réellement réagir qu'à des événements passés; leur création est tributaire de la volonté politique et de la communauté internationale et peut entraîner des coûts et des délais substantiels.
Au bout du compte, les États sont parvenus à la conclusion qu'une cour internationale permanente était nécessaire pour traiter efficacement les crimes les plus graves. La Cour pénale internationale est immédiatement disponible; sa compétence est prospective; sa compétence ne se limite pas à des situations prédéterminées; et elle agit dans les limites fixées par le statut s'appliquant à cette compétence.
[Français]
Je voudrais maintenant évoquer les caractéristiques qui permettent à la Cour pénale internationale de répondre aux besoins que j'ai décrits. La compétence de la cour est limitée aux crimes les plus graves qui touchent l'ensemble de la communauté internationale, c'est-à-dire le crime de génocide, les crimes contre l'humanité et les crimes de guerre.
La juridiction de la CPI n'est pas universelle. Elle est délimitée par le statut. La cour peut exercer sa compétence à l'égard des ressortissants d'États qui sont partie aux statuts de la cour ou des crimes commis sur le territoire d'un État partie. On reconnaît là les deux chefs de compétence pénale universellement acceptés.
La CPI est également compétente à l'égard des situations qui lui sont déférées par le Conseil de sécurité. Agissant en vertu du chapitre 7 de la Charte des Nations Unies, qui traite du maintien de la paix et de la sécurité internationales, le Conseil de sécurité peut déférer des situations à la cour, indépendamment de la nationalité de l'accusé ou du lieu de commission des crimes. Le Conseil de sécurité peut également, dans l'intérêt de la paix et de la sécurité internationales, suspendre des enquêtes ou des poursuites pour une période d'un an.
Il est très important de comprendre, à propos de la Cour pénale internationale, qu'il s'agit d'une juridiction de dernier ressort. Elle fait office de complément à l'égard des juridictions nationales en vertu de ce qu'on appelle le principe de complémentarité. Selon ce principe, il appartient d'abord aux États de poursuivre et de condamner les auteurs des crimes les plus graves. La CPI n'intervient que lorsque les États n'ont pas la volonté ou la capacité de mener véritablement à bien les enquêtes ou les poursuites nécessaires.
Par ailleurs, les affaires ne sont recevables que si elles sont d'une gravité telle qu'elles justifient l'intervention de la CPI.
La Cour pénale internationale est une institution indépendante et strictement judiciaire. Elle a été créée en vertu d'un traité négocié à Rome en 1998. C'est le seul tribunal international existant à avoir été créé, non pas par le Conseil de sécurité des Nations Unies ou par d'autres moyens, mais en vertu d'un traité. Les États sont libres d'adhérer ou non au statut, le statut étant le traité. La CPI ne fait pas partie du système des Nations Unies ni, d'ailleurs, de tout autre corps politique. Elle exerce, comme je l'ai dit, une fonction purement judiciaire. Les causes dont elle est investie sont traitées dans un cadre strictement judiciaire, dans le respect du statut ainsi que des règles de procédure et de preuve.
De nombreuses dispositions du statut préservent l'indépendance de la CPI, de ses juges et du procureur. Les garanties du procès équitable et la protection des droits de l'accusé ont une importance prépondérante devant cette cour. Les instruments applicables, à commencer par le Statut de Rome, intègrent des dispositions fondamentales relatives au procès équitable et aux droits de l'accusé. Celles-ci sont communes aux systèmes juridiques nationaux et internationaux.
Je voudrais cependant souligner une innovation de la Cour pénale internationale. Il s'agit d'un phénomène unique dans le monde international. Je veux parler ici de la situation des victimes. Sous réserve des droits de l'accusé et des exigences relatives au droit à un procès équitable, le Statut de Rome contient toute une série de dispositions novatrices conférant aux victimes une place importante dans la procédure de la CPI. Les victimes peuvent participer à la procédure, même lorsqu'elles ne sont pas assignées comme témoins. La CPI peut également accorder des réparations aux victimes, notamment sous la forme de restitution, de compensation et de réhabilitation.
Enfin, dans ce domaine, la nécessité de prendre en compte les intérêts particuliers des victimes de violence contre les femmes et les enfants est également spécifiquement mentionnée dans le statut.
[Traduction]
Je vais à présent expliquer les caractéristiques qui permettent à la Cour de mener à bien sa mission. Trois États-parties ont fait part à la Cour de situations qui se déroulent sur leur territoire. En outre, le Conseil de sécurité l'a saisie de la situation du Darfour, au Soudan — le Soudan n'est pas un État-partie. Après analyse des renvois pour déterminer les compétences, mais aussi l'admissibilité du dossier, le procureur a entrepris des enquêtes sur trois situations : l'Ouganda, la République démocratique du Congo et le Darfour, au Soudan.
Outre ces renvois formels, le procureur a reçu depuis le 1er juillet 2002 — la date d'entrée en vigueur du Statut — plus de 1 700 communications provenant de sources variées, surtout de personnes et d'organisations non gouvernementales. La plus grande partie de ces communications ont été rejetées parce qu'elles ne relevaient pas manifestement de la compétence de la Cour. Par exemple, elles font état de crimes qui ne sont pas couverts par le statut de la cour ou concernant des états qui ne font pas partie du statut. Sur la base de ces informations, le procureur examine actuellement cinq autres situations, dont je connais pas les détails, parce qu'elles relèvent du domaine du procureur. Mais on sait qu'il surveille ces situations.
Le 17 mars dernier, une première personne a été remise à la cour. M. Thomas Lubanga Dyilo, un ressortissant de la République démocratique du Congo, est soupçonné d'avoir commis des crimes de guerre, à savoir la conscription et l'enrôlement de force d'enfants de moins de 15 ans et le fait de les avoir fait participer activement aux hostilités. M. Lubanga a été entendu lors d'une audience le 20 mars. L'audience de confirmation des charges est prévue pour septembre. Si les charges sont confirmées, le procès pourra commencer.
En outre, la cour a délivré cinq mandats d'arrêt pour la situation dans le nord de l'Ouganda et levé les scellés dont ils faisaient l'objet. Ces mandats ont été délivrés à l'encontre de cinq membres de l'Armée de résistance du Seigneur, dont le chef de guerre, Joseph Kony, pour des allégations de crimes de guerre et de crimes contre l'humanité, parmi lesquels l'esclavage sexuel, le viol, le fait de diriger intentionnellement une attaque contre la population civile, l'enrôlement d'enfants par la force.
Comme je l'ai déjà mentionné, la Cour est dotée de caractéristiques nécessaires pour conduire ces premiers procès de façon juste et équitable. Cependant, la Cour ne saurait réussir seule à mettre fin à l'impunité des crimes les plus horribles. Elle n'est en effet qu'un élément d'un système plus vaste de droit et de justice internationale. Pour mener à bien sa mission, la Cour doit avoir le soutien des États, des organisations internationales et de la société civile.
Parce que la Cour ne peut exercer sa compétence qu'à l'égard des ressortissants d'État-partie ou des crimes commis sur le territoire d'États-partie, il est essentiel d'obtenir la ratification la plus large du Statut pour que la Cour ait une portée véritablement mondiale. Parce que la Cour est complémentaire des instances nationales, les États conservent la compétence première pour enquêter sur les crimes et en juger les auteurs. Dans la situation où la Cour aura vocation à intervenir, elle aura besoin de la coopération des États et ce, à tous les stades de la procédure, de l'exécution des mandats d'arrêt à l'exécution des peines, en passant par la production d'éléments de preuve. À titre d'exemple, dans le soutien des États pour l'arrestation et la remise des personnes, il ne peut y avoir de jugement. Tous les États peuvent aider la cour, non seulement les états où les crimes ont été commis et où se trouvent les personnes recherchées par la Cour, mais également tous les États qui sont en mesure de coopérer avec la Cour.
Les organisations internationales fournissent aussi un soutien essentiel à la Cour. L'appui des Nations Unies est particulièrement important à cet égard. Les Nations Unies et la Cour collaborent de façon régulière, à la fois dans nos activités sur le terrain et dans nos relations institutionnelles. Notre coopération est régie par une entente signée par le secrétaire général des Nations Unies et moi-même en octobre 2004.
La Cour développe également ses relations avec les organisations régionales. Elle a récemment signé un accord de coopération avec l'Union européenne et est en train de négocier un accord avec l'Union africaine.
Les organisations non gouvernementales — les ONG —, et la société civile, de manière plus générale, ont également un rôle à jouer vis-à-vis de la Cour. Les ONG ont largement encouragé la ratification du Statut de Rome. Elles ont également assisté les États dans l'élaboration de leur propre législation mettant en oeuvre le Statut de Rome, et mené des activités d'information sur la Cour et de sensibilisation à elle.
Je souhaiterais également parler du rôle important que jouent les parlementaires pour favoriser le débat sur la Cour au niveau national, et dans beaucoup de cas, au niveau régional. À cet égard, l'action des parlementaires des États parties et des États non-parties a permis de mieux comprendre la Cour et de surmonter les obstacles à la ratification, l'adhésion et la mise en oeuvre du Statut de Rome.
La création de la cour a été un événement historique. Il a fallu attendre plus d'un demi siècle pour faire une réalité de la Cour pénale internationale. Ce n'était qu'un début. La Cour est désormais une institution à même de punir les auteurs des pires crimes qu'a connu l'humanité. Les criminels potentiels savent dorénavant qu'ils peuvent être amenés à répondre de leurs crimes devant la Cour.
Pour que la Cour soit tout à fait efficace, nous devons poursuivre nos efforts et nous assurer qu'elle reçoive le soutien dont elle a besoin pour rendre une justice aussi équitable et efficace que possible. Il faut à cet égard souligner que le Canada a énormément soutenu la Cour, à la fois dans son établissement et au cours de ses premières années de fonctionnement. À titre d'exemple, je noterai que le Canada a joué un rôle de chef de file avant et pendant la Conférence de Rome. En juin 2000, le Canada est devenu le premier pays a adopter une loi de mise en oeuvre du Statut de Rome.
Plus récemment, le Canada a publiquement soutenu le renvoi de la situation du Darfour, au Soudan, par le Conseil de sécurité et a par la suite apporté un soutien financier au bureau du procureur dans le cadre de son enquête au Darfour. Comme vous l'avez vous-même dit, monsieur le président. Vous avez aussi évoqué la campagne en faveur de la CPI et de l'imputabilité, lancée par le ministère des Affaires étrangères et du Commerce international et visant à encourager la ratification et la mise en oeuvre du Statut de Rome; promouvoir le fonctionnement efficace à la Cour et favoriser une meilleure compréhension de la Cour. Je tiens à dire que la Cour apprécie beaucoup l'engagement du Canada en sa faveur, et espère pouvoir encore compter sur son soutien.
Aujourd'hui, la Cour est pleinement opérationnelle mais cela ne signifie pas pour autant qu'elle peut agir seule. Pour mener à bien sa mission, elle a, plus que jamais, besoin du soutien politique, moral et pratique de pays tels que le Canada.
Je vous remercie.
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Merci, monsieur le président.
Bienvenue. Je vous ai déjà rencontré, comme je l'ai dit, et j'ai le privilège de vous rendre visite à votre siège sociale de La Haye, où je vous ai vu en pleine action.
Bien des gens expriment des questions et des préoccupations relativement à votre Cour. Elle est censée inspirer confiance aux victimes de génocide et à d'autres types de crimes que quelqu'un sera mené en justice. Mais si on regarde autour de nous, ce qu'on se demande, c'est que fait-on des gouvernements eux-mêmes dont les actes sont répréhensibles? Par exemple, nous venons d'entendre que le gouvernement de l'Ouganda pourrait conclure un accord avec l'Armée de résistance du Seigneur pour laisser libre passage à son chef, et pourtant, nous avons un mandat d'arrêt contre lui pour acte criminel. Et puis il y a ce qui se passe au Darfour, et aussi avec le gouvernement du Soudan.
Mais permettez-moi de vous donner un exemple de quelque chose domaine qui, il me semble, illustrera là où je veux en venir, et c'est le Sri Lanka. Les Tamils Tigers ont très mal agi. Ils ont eu recours à des bombes humaines, à des enfants et tout le reste, et pourtant, le chef des Tamils Tigers n'est pas considéré comme un criminel de guerre. Personne ne l'a jamais dit, en dépit des faits. D'un autre côté, le gouvernement du Sri Lanka lui-même n'a pas un bon dossier au plan du respect des droits de la personne, et c'est d'ailleurs ce qui a été à l'origine de ce conflit. On a cette situation qui est créée au Sri Lanka, qui vient des deux côtés — une armée rebelle qui contrevient de toutes les règles, un gouvernement qui a encore besoin de beaucoup s'améliorer au plan des droits de la personne.
Bien entendu, l'autre pays qui suit de près, c'est le Myanmar. Au Myanmar, on a un régime militaire, la junte, qui ne respecte pas les droits de la personne et ce genre de choses.
Tous ces éléments semblent échapper à votre cour, et elle semble ne se concentrer que sur les domaines de grande visibilité politique, ou d'être assez complaisante à l'égard de ce genre de situations, et c'est ce que je voulais dire. C'est l'une des critiques qui est formulée, ici.
Comment, selon vous, votre Cour pourrait faire face à une situation comme celles que je viens de décrire?
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Vous devez comprendre, bien sûr, que je ne peux pas commenter des situations particulières, mais j'aimerais dire deux choses.
L'une est que les critères qu'a appliqués le procureur pour déterminer si nous devons lancer une enquête, c'est la gravité. Il entreprend une enquête lorsque, par exemple, le nombre de victimes est très élevé et non pas quand il y en a peu, parce que la Cour n'a pas été créée pour composer avec tout, partout, mais plutôt pour faire face aux situations de crimes les plus graves, et probablement dans chaque situation, avec un nombre limité de personnes.
Il a certainement clairement démontré clairement dans la situation dont vous parlez, qu'il ne ferait aucune différence — si le critère de gravité est établi — entre les tenants d'une partie ou de l'autre. Il l'a établi très clairement.
En ce qui concerne la deuxième situation dont vous avez parlé, cela me ramène à la ratification. L'Afrique a ratifié largement le statut de la Cour, pour des motifs différents de ceux du Canada et des pays de l'Europe.
Dans le cas de pays comme le nôtre, les États ont ratifié le statut pour des raisons de valeurs humanitaires et parce qu'ils pensaient que la Cour ferait une contribution à la stabilité régionale — avec la réduction des crimes, le flux de réfugiés, la malnutrition et toutes ces perturbations sont évitées.
Les États africains ont ratifié le statut parce qu'ils voyaient dans la Cour une protection pour l'avenir contre les crimes dont ils avaient souffert sur leur propre territoire. Ils ont dit très clairement nous savons ce que sont les conséquences de ces crimes; nous voulons une protection juridique.
Là où je veux en venir, c'est que si les États se sentent vulnérables, pour une raison ou une autre, le meilleur moyen d'obtenir cette protection juridique est de ratifier le statut. La Cour est liée par la loi et ne peut déborder des limites du statut, c'est évident. Elle ne peut s'attaquer à des situations qui se passent dans des États non-parties, à moins que le Conseil de sécurité intervienne.
La Cour exécute, applique le statut; elle ne peut le réinterpréter à son gré.
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Votre question, telle qu'elle est formulée, peut sembler avoir un penchant politique, mais je peux y répondre d'un autre angle.
Le thème central évoqué au sujet de la Cour, depuis sa création, est la possibilité qu'elle puisse mener des poursuites fondées sur des motifs politiques; c'est un argument qui a constamment été soulevé. Vous devez comprendre qu'en 1998, quand les États ont créé la Cour, ils n'avaient aucune idée de ce avec quoi elle devrait composer — les situations étaient inconnues, les États étaient inconnus. Par conséquent, quand ils ont créé la Cour, les États avaient tout intérêt à s'assurer qu'elle soit dans l'impossibilité d'agir de toute autre façon que de manière purement judiciaire.
Depuis trois ans que je suis à la Cour, ce que j'ai observé, c'est que cette approche doit avoir été efficace, parce que je n'ai pas entendu en trois ans un seul commentaire de nature politique, de quiconque à la Cour — ni en Chambre, ni dans le bureau du procureur, ni au registre. Tous ces gens ne cherchent qu'à administrer la justice, quand les mécanismes nationaux sont dans l'impossibilité de le faire, dans la pire des situations.
Alors à mon avis, c'est que c'est à la Cour qu'il incombe de démontrer, par ses actes, qu'elle s'en tient réellement à l'administration strictement judiciaire et limitée de la justice. Je ne crois pas qu'il soit possible d'entretenir indéfiniment des arguments et des opinions erronées qui n'ont jamais été étayés par quoi que ce soit. Donc, il en découle, selon moi, que puisque la Cour démontre au delà de tout doute raisonnable — comme disent les avocats — qu'elle est effectivement une institution purement judiciaire, les avis contraires s'estomperont et l'appui augmentera. Déjà, on peut voir que depuis trois ans... Le climat entourant la Cour est beaucoup plus détendu qu'il y a trois ans.
Je ne pense pas pouvoir en dire plus sur cette question, mais c'est ce que je peux répondre, de façon générale.
:
Monsieur le président, mesdames et messieurs, bonjour.
[Traduction]
Au cours des prochains mois, ce comité se penchera sur le rôle du Canada lors d'interventions internationales complexes. Je suis heureuse qu'Haïti face partie de votre étude, car le rôle du Canada y est tout particulier. Je vous remercie de me donner l'occasion de vous présenter comment l'ACDI contribue à répondre aux besoins de la population Haïtienne.
[Français]
Je sais que d'autres avant moi, notamment le ministre MacKay, vous ont entretenus de l'engagement du Canada et des enjeux relatifs à la sécurité. C'est pourquoi je souhaite me concentrer sur les raisons toutes particulières qui font d'Haïti un pays de première importance pour l'ACDI.
[Traduction]
Haïti est un État fragile. Il s'agit du pays le plus pauvre des Amériques. Le Canada a une vaste expérience en Haïti et s'est acquis, au fil des ans, la confiance et l'amitié des Haïtiens. D'ailleurs, l'importante diaspora haïtienne qui vit au Canada peut servir de relais pour construire ce pays.
[Français]
Si des actions énergiques à court, moyen et long terme ne sont pas menées conjointement par la communauté internationale et le gouvernement d'Haïti, le pays risque de s'enliser davantage.
Les indicateurs sont désolants et se comparent à ceux des plus pauvres pays d'Afrique. Sur l'indice de développement humain, Haïti se classe 153e sur une liste de 177 pays. L'espérance de vie est de 52 ans et le taux de mortalité des enfants de cinq ans et moins dépasse les 10 p. 100. Le taux d'alphabétisation des adultes est de 52 p. 100. Le revenu moyen par habitant est de 390 $US par année, soit à peine plus de 1 $ par jour. Imaginez vivre avec seulement 1 $ par jour.
Le Canada entretient des relations officielles avec Haïti depuis 1968. Cependant, des liens entre les deux pays se sont créés bien avant cela, principalement grâce à la présence de communautés religieuses canadiennes qui ont oeuvré en Haïti dès le début du siècle dernier, jetant les bases du système de santé et d'éducation.
Le programme de l'ACDI n'a cessé de s'affirmer en Haïti, sauf pour une brève interruption entre 1991 et 1994, pendant la dictature militaire. Entre 2001 et 2004, le manque de volonté politique du gouvernement d'Aristide a mis un frein à notre action auprès des institutions du pays.
Or, avec l'arrivée du gouvernement de transition en 2004, la coopération canadienne en Haïti a connu un nouvel élan. Au cours des deux dernières années, nous avons déboursé plus de 190 millions de dollars pour la stabilisation et la reconstruction d'Haïti, auxquels s'ajoutent 15 millions de dollars annoncés samedi dernier par mon collègue le ministre MacKay.
Le gouvernement canadien a mis en oeuvre une approche globale: diplomatie, défense et développement. La sécurité, la réduction de la pauvreté et le développement durable sont étroitement liées et se renforcent mutuellement.
Notre approche n'est pas seulement pangouvernementale, elle est également pancanadienne. Elle s'appuie sur tout un réseau de partenaires canadiens issus des ministères fédéraux et provinciaux, du secteur privé, des ONG et de la société civile, y compris la diaspora haïtienne. Notre approche repose également sur une concertation internationale étroite énoncée dans le Cadre de coopération intérimaire, auquel je reviendrai dans un instant, et tient compte des priorités énoncées par Haïti.
Monsieur le président, l'arrivée d'un gouvernement élu nous permet d'être plus optimistes quant à l'avenir d'Haïti. La société haïtienne est en mutation et de multiples agents favorables au développement sont à l'oeuvre. Je vous cite deux exemples forts. La presse et les radios locales apprivoisent la liberté d'expression et profitent d'un accès accru à l'information pour sensibiliser les citoyens à leurs droits et aux actions de leur gouvernement. Le changement se caractérise aussi par l'éclosion d'associations diverses et par l'émergence d'une société civile dynamique, diversifiée, qui prend davantage part au dialogue avec l'État et qui s'engage dans des actions de développement.
L'ACDI appuie tous les agents du changement responsable, y compris les institutions, les individus et les mouvements et associations, comme le Mouvement des femmes haïtiennes. Notre approche se veut souple et dynamique et vise aussi à favoriser l'émergence d'un consensus national.
Permettez-moi de revenir sur le Cadre de coopération intérimaire, auquel adhèrent pleinement le gouvernement haïtien et la communauté des bailleurs de fonds.
Le Canada a assumé un rôle de chef de file dans la planification et la mise en oeuvre du CCI et figure au deuxième rang des bailleurs de fonds bilatéraux, derrière les États-Unis. Notre programmation s'articule autour des quatre grands axes du CCI, soit la gouvernance politique, la gouvernance économique, la relance économique et l'accès aux services de base.
En matière de gouvernance politique, une attention particulière a été portée au processus électoral pour enraciner la démocratie dans ce pays, ainsi qu'au renforcement du ministère de la Justice et de la Police nationale d'Haïti. D'autres actions ont été menées en faveur des droits de la personne telles que création de cliniques juridiques et la diffusion de l'information sur les droits des citoyens.
Présentement, nous sommes à mettre sur pied un projet d'appui aux parlementaires qui offrira notamment de la formation en matière de saine gouvernance et de gestion des ressources humaines et matérielles pour un fonctionnement optimal du Parlement haïtien.
Les actions de l'ACDI à l'égard du deuxième axe, la gouvernance économique, se concentrent sur le développement local. Dans les zones rurales, les comités de développement ont été structurés et des plans de développement communautaire ont été élaborés conjointement avec tous les acteurs locaux pour qu'ils prennent leur développement en main. Dans toutes les activités, l'ACDI encourage la participation des femmes à la vie économique et au processus de prise de décision.
Troisièmement, en ce qui concerne la relance économique, nous appuyons le renforcement du réseau de distribution d'électricité, la création d'emplois et la micro-finance et le développement agricole. Nous travaillons également à la protection et à la réhabilitation de l'environnement. Permettez-moi de vous donner quelques exemples concrets.
Dans la ville de Jacmel, les citoyens jouissent maintenant d'un service d'électricité régulier et de qualité. Cette réussite est chère aux habitants de la ville qui, à plus de 90 p. 100, paient leurs factures. Du jamais vu! Un réseau dynamique de plus de 60 coopératives d'épargne et de crédit a été mis sur pied; 48 p. 100 des personnes ayant obtenu du financement de ces coopératives sont des femmes. Cinq mille emplois à court terme ont été créés dans des quartiers défavorisés.
Quatrièmement, l'accès aux services de base, c'est-à-dire l'éducation de base, la santé, la vaccination, la lutte contre le VIH-sida et la nutrition. Nos contributions ont notamment servi à augmenter la fréquentation scolaire et conduit à la vaccination de centaines de milliers d'enfants contre la rougeole, la polio, la diphtérie et la tuberculose.
Outre des contributions financières en faveur d'Haïti auprès d'institutions financières internationales comme la Banque mondiale, la Banque interaméricaine de développement et la Banque de développement des Caraïbes, l'ACDI travaille à renforcer les liens avec les pays d'Amérique latine, l'Organisation des États américains et avec le CARICOM. Nous croyons qu'il est essentiel qu'Haïti redevienne un partenaire actif dans l'hémisphère.
[Traduction]
Outre les contributions financières en faveur d'Haïti auprès d'institutions financières internationales — la Banque mondiale, la Banque interaméricaine de développement et la Banque de développement des Caraïbes — l'ACDI travaille à renforcer les liens avec les pays d'Amérique latine, avec l'Organisation des États américains et avec le CARICOM. Nous croyons qu'il est essentiel qu'Haïti devienne partenaire actif dans l'hémisphère.
[Français]
Je vous ai dressé un portrait très concret de notre engagement en Haïti, mais notre coopération avec la population haïtienne va bien au-delà de ces éléments tangibles.
Nous avons acquis une solide crédibilité et disposons d'une influence considérable auprès des dirigeants haïtiens, de la société civile et de la communauté des donateurs. Cela parce que nous avons, à toute heure, joint le geste à la parole. Le Canada a exercé son leadership dans la mobilisation des autres bailleurs, a prêché par l'exemple en étant un des donateurs les plus importants et assure une présence forte sur le terrain.
Nous avons fourni des conseillers de haut niveau au gouvernement de transition, qui a été en mesure de présenter un bilan, sous forme de livre blanc, au nouveau gouvernement.
Nous poursuivons dans la même lignée en fournissant un conseiller technique auprès de l'équipe de transition du président Préval, qui en a fait la demande dès son élection.
Cela dit, j'aimerais souligner que les premières indications sur les priorités du nouveau gouvernement élu sont positives et encourageantes.
J'aimerais également saluer les efforts de la population haïtienne, qui démontre une saine ouverture, un vif désir de changement et beaucoup de courage.
Oui, nos interventions en Haïti comportent des risques importants. Oui, nous travaillons dans un environnement très complexe. Oui, les capacités institutionnelles sont très faibles. Toutefois, nous sommes en mesure de changer les choses. Notre travail porte des fruits. Il ouvre des perspectives d'avenir qui auraient été inimaginables il y a à peine quelques années.
Je vous remercie.
:
Merci beaucoup, madame la ministre. Comme vous l'avez mentionné, Haïti vient de vivre des moments très importants de son histoire pourtant plus que centenaire.
L'élection du président a suscité un taux de participation record pour Haïti et des élections législatives ont eu pour résultat que plusieurs formations politiques ont élu des représentants. J'insiste sur le fait que la formation du président Préval n'a pas la majorité, ni aucune autre formation politique; aucune formation ne possède de majorité aux Chambres.
Mentionnons en outre l'élection rapide des présidents des deux Chambres, la nomination d'un premier ministre, M. Jacques Edouard Alexis, laquelle a été rapidement ratifiée par les deux Chambres.
Haïti est devant un nouveau départ. En fin de semaine dernière, le ministre des Affaires étrangères, qui a fait une très courte visite en Haïti pour rencontrer le président Préval, a dit que le gouvernement canadien investira une somme de 15 millions de dollars dans de petits projets.
Sans mettre de côté les projets à long terme comme la sécurité et la bonne gouvernance, la santé et l'éducation, pouvez-vous nous éclairer sur la teneur de ces petits projets, car très souvent, les petits projets font une grande différence dans la vie quotidienne des gens, surtout les plus démunis?
Dans votre déclaration d'ouverture, vous avez également parlé d'appui aux parlementaires. Le Canada, par l'entremise du Centre parlementaire, tiendra des séminaires d'information pour renforcer les capacités et le rôle des parlementaires haïtiens. Pour travailler efficacement, les parlementaires ont besoin d'outils essentiels, allant de locaux aux nouvelles techniques d'information pour les appuyer dans leur travail.
Le Sénat haïtien siège dans des locaux qui ont été complètement fournis, équipés et payés par le gouvernement du Québec. La Chambre des représentants n'a même pas de local pour se réunir.
Seriez-vous d'accord pour que le gouvernement canadien, par l'entremise de l'ACDI, finance d'une façon ou d'une autre des locaux pour que les parlementaires puissent vraiment effectuer leurs travaux de façon décente?
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Merci d'être ici aujourd'hui, madame la ministre.
Comme je reviens moi-même à peine d'Haïti, où j'étais pendant les élections, ce qui m'a le plus frappé, c'est tout le tragique de la situation. C'est de visiter un pays qui semble avoir vécu dans un vide temporel pendant 50 à 60 ans, mais si on regarde derrière cela, on voit ce qui a dû être un pays relativement prospère il y a quelque 60 ans.
Alors il est certain que je serais d'accord pour dire, à l'examen des dernières 60 ans d'histoire du pays, que l'un des premiers éléments auxquels il faut s'intéresser, c'est la gouvernance, parce qu'il est évident que c'est ce qui a amené le pays à son déclin. J'ai été heureux de voir les progrès réalisés.
Nous étions là pendant la période électorale. Il y en a eu beaucoup pour dire que un taux de participation de 30 p. 100 aux élections, c'est peu. Je dirais que c'était une bonne participation, si on pense que ce n'était pas les élections présidentielles, mais l'élection de députés. Plus que cela, comme un verre à moitié plein, c'était aussi très positif, parce qu'il y a eu très peu de perturbations. Donc les gens qui ont participé, et M. Kingsley et Élections Canada, méritent des louanges pour cela.
Vous avez parlé des autres projets d'aide. Je suis heureux que le Canada refasse un examen des projets et engage plus de fonds, parce qu'il y a tellement de besoins criants dans le pays, et c'est plus une question d'essayer de décider où on orientera l'aide fournie.
Il y a un projet d'aide que nous sommes allés voir sur place, dans la ville de Jacmel. En parlant au maire de cette ville, qui ne se retenait pas de joie parce que ce projet avait tellement aidé sa collectivité depuis 10 ans, mais la plus grande plainte qu'il ait eu à formuler c'est le fait que cela avait attiré trois nouveaux hôtels et entreprises dans la collectivité, mais maintenant, ils allaient être confrontés à d'autres formes d'exigences d'infrastructure pour absorber l'augmentation de la population.
Ce projet posait une difficulté que j'ai pu observer, et je le vois plus dans la formulation du contrat original et de son suivi. Il a beaucoup été question de ces contrats et de plans exigeant un engagement à long terme. Cette usine électrique existe depuis une dizaine d'années maintenant. L'une des génératrices a dû être complètement arrêtée, elle était démontée et avait grand besoin d'entretien. L'électricité doit être coupée six heures par jour, et la raison donnée à cela est que rien n'avait été prévu pour augmenter le coût de l'électricité de manière à compenser l'augmentation du cours mondial du pétrole. C'est l'une de ces choses fondamentales, dans un contexte commercial, que je ne peux tout simplement pas comprendre que vous ayez manqué quand vous avez formulé un plan pour aider un secteur.
De toute évidence, la collectivité a très bien réagi, pour acquitter ses comptes, et elle est habituée à la situation. Il est certain que tout le monde paie l'essence au cours mondial pour remplir les réservoirs d'essence des voitures, alors je ne pense pas qu'ils verraient un problème à payer un prix juste pour leur électricité.
Alors la question que j'ai à poser, madame la ministre, en ce qui concerne ce projet et d'autres que nous examinons, est la suivante : est-ce que vous passez en revue ces projets en essayant de prévoir certaines de ces difficultés futures, afin que chaque projet puisse être plus durable, à long terme? Étant donné que le réseau électrique de Jacmel, manifestement, a transformé cette collectivité, il pourrait y avoir de bonnes raisons de vouloir le reproduire dans d'autres régions.
Vous avez parlé, madame la ministre, du taux d'alphabétisation des adultes, qui est de 52 p. 100, et des efforts pour améliorer la gouvernance du pays. Je pense qu'il en a été question pendant la période électorale, et d'après de nombreuses personnes à qui nous avons parlé... Il est réellement nécessaire, dans tout le pays, que les gens comprennent leurs parlementaires et leurs sénateurs — le rôle qu'ils joueraient et leur interaction avec l'administration publique — et que le citoyen moyen puisse accepter le concept de l'élection de ses députés et sénateurs, et être plus enthousiastes à l'égard de ce concept. Peut-être est-ce l'une des raisons pour lesquelles il n'y a eu que 30 p. 100 de participation aux élections.
Si on injecte encore plus d'argent dans l'amélioration de la gouvernance et pour continuer sur cette voie, l'un des principaux moyens par lequel cela pourrait se faire — encore une fois, à très long terme — c'est, bien sûr, par le biais des écoles. Il est évident que ce serait la meilleure façon de relever le défi de l'alphabétisation.
Nous avons remarqué, lorsque nous étions là-bas que toutes les écoles, à quelques-unes près, étaient sombres, mornes et ternes, et que les tableaux qui s'y trouvaient étaient tellement usés qu'il était à peine possible d'y faire la moindre marque.
Est-ce qu'il est envisagé de travailler avec les organismes de coopération internationale, tout d'abord, pour améliorer l'état des classes et, ensuite, pour concevoir un modèle qui serait mis en oeuvre, avec notre méthode de gouvernance par le biais du réseau scolaire, en tant que module d'éducation qui pourrait être enseigné tous les ans, de manière à ce que dans 10 ou 15 ans, le taux d'alphabétisation — le taux de compréhension, du niveau de la gouvernance, à tout le moins — serait nettement plus élevé?
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Merci, madame la ministre.
Merci, monsieur Goldring.
Il est clair que l'éducation est l'un des plus grands défis qui se posent en Haïti. Je pense que c'est probablement une situation unique au monde, qui fait que 85 p. 100 du système d'éducation est dans le secteur privé, avec des degrés très inégaux de qualité, on peut bien l'imaginer. L'un des plus grands défis pour Haïti est que l'État regagne le contrôle de la qualité de l'éducation et y joue un rôle normatif et réglementaire.
Le président Préval, quand il a été élu en février, a tout de suite amorcé un dialogue avec la Banque mondiale pour qu'elle assume un leadership, avec la communauté internationale, pour définir un projet. Il vise particulièrement l'objectif que chaque enfant aille à l'école primaire et reçoive au moins un repas par jour, pour pouvoir apprendre de façon appropriée. Ce sont certainement là des objectifs que nous pouvons vraiment comprendre et appuyer.
Tant que le plan d'investissement dans le secteur de l'éducation, en tant que tel, ne sera pas concrétisé, pour l'instant, nous poursuivons des projets de développement local dans le système scolaire, et nous sommes présents dans plusieurs régions.
Lorsque vous avez parlé des 30 p. 100 de participation aux élections législatives... Je pense que cela illustre deux choses. D'abord, dans ce pays, le président est maître de tout, alors une fois qu'il est élu, peu d'intérêt est porté aux députés, avec tout le respect que je dois à mes collègues autour de la table. C'est une chose.
L'autre chose, c'est que nous devons faire la promotion du concept d'éducation civique. L'ACDI, dans la période qui a précédé les élections, a financé plusieurs ONG locales pour faire exactement cela, faire prendre conscience aux citoyens de leur droit. C'est un droit politique. C'est une question de droit de la personne, qu'ils aillent voter, et les sensibiliser... Nous avons eu recours aux journalistes, pour sensibiliser la population, mais c'est une population très peu alphabétisée, qui ne peut pas se permettre d'acheter le journal. Bien sûr, nous avons beaucoup communiqué par la radio, parce qu'ils écoutent la radio.
Alors il y a l'aspect d'un plan éducatif qui soit normatif, et dont le gouvernement serait le maître. Nous appuierons ce plan quand il sera tout à fait prêt, et je pense qu'il devrait l'être d'ici environ un an.
Le deuxième élément, c'est toute la notion d'éducation civique. C'est certainement quelque chose que nous pouvons veiller, dans le dialogue que nous pouvons avoir avec la communauté internationale et le gouvernement, à rendre partie intégrante du système d'éducation.
Je vous remercie.
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Merci, monsieur le président.
Merci d'être venue devant le comité, madame Verner.
Vous nous avez rappelé qu'Haïti est en 153e position sur 177 pays dans l'indice de développement humain, et que c'est le pays le plus pauvre de l'hémisphère occidental. Vous avez aussi exprimé des préoccupations sur la hausse alarmante du VIH/sida en Haïti.
Mes questions découlent de ces deux éléments que vous avez soulevés. Il y en a de nature plus générale, et l'une concerne particulièrement Haïti.
Vous savez certainement que ce comité a adopté à l'unanimité — et ensuite, le Parlement a adopté à l'unanimité — une motion appelant le gouvernement de l'époque, qui était alors libéral, à accélérer l'application des mesures pour nous acquitter nos obligations d'aide au développement outre-mer, et particulièrement pour se dépêcher d'atteindre le niveau de 0,7 de l'APD.
De toute évidence, cela aurait une incidence sur le genre d'engagements que nous pouvons prendre à l'égard d'Haïti. Je pourrais ajouter que lorsque M. Greenhill a comparu devant ce comité l'année dernière, il a soutenu que nous devrions accélérer ce programme, et il a ainsi influencé quelque peu la position du comité.
Ma première question, c'est si nous pouvons compter sur vous pour respecter ce consensus et vous faire la championne de cette position, parce que si le ministre de la Coopération internationale ne le fait pas, je ne vois pas qui d'autre le pourra.
Deuxièmement, vous savez aussi qu'il y a eu un consensus entre les partis, au sujet de la nécessité d'une loi sur le développement international pour bien clarifier le mandat et faire de la pauvreté l'objectif principal... Là encore, Haïti serait un bénéficiaire de cette démarche. Pouvons-nous compter sur vous pour nous aider à accélérer la réalisation de cet engagement à créer ce genre de loi aussitôt que possible?
Troisièmement, vous savez que la tuberculose est la principale cause de décès des personnes qui vivent avec le sida. Dans le contexte d'Haïti, je pense ne pas me tromper en disant que le programme d'Haïti pour la tuberculose a été financé à 100 p. 100 par le mécanisme de fonds mondial, dont le Canada est l'un des principaux contributeurs, et il ne fait pas de doute que les programmes sur la tuberculose sont très efficaces par rapport aux coûts et sauvent des vies. Je ne suis pas sûre de l'incidence de la malaria en Haïti. J'aimerais savoir ce que vous pensez de cela — mais on entend exprimer de véritables craintes sur la possibilité que l'ACDI puisse réduire sa participation dans les programmes de lutte contre la tuberculose et la malaria.
Pourriez-vous éclairer le comité là-dessus, et expliquer pourquoi le Canada devrait aller dans le sens contraire de toute réduction budgétaire à cause de l'efficacité par rapport aux coûts de ces programmes et de l'importance qu'ils ont pour Haïti et d'autres pays?