NDVA Réunion de comité
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STANDING COMMITTEE ON NATIONAL DEFENCE AND VETERANS AFFAIRS
COMITÉ PERMANENT DE LA DÉFENSE NATIONALE ET DES ANCIENS COMBATTANTS
TÉMOIGNAGES
[Enregistrement électronique]
Le jeudi 31 mai 2001
Le vice-président (M. Peter Goldring (Edmonton-Centre-Est, AC)): Bonjour, mesdames et messieurs.
Amiral, soyez le bienvenu à la réunion du Comité de la défense nationale et des anciens combattants. Nous sommes impatients de vous entendre.
Avant de commencer, j'aimerais dire qu'après votre exposé, je reprendrai ma place quelques instants pour pouvoir poser la première question. C'est M. O'Reilly qui me remplacera pour présider.
Messieurs, vous pouvez commencer.
Le vice-amiral G.R. Maddison (chef d'état-major des Forces maritimes, ministère de la Défense nationale): Merci beaucoup, monsieur le président.
Bonjour, mesdames et messieurs. Je suis particulièrement heureux et honoré d'avoir l'occasion de vous entretenir aujourd'hui de l'état de préparation opérationnelle de votre marine.
Se joignent à moi aujourd'hui, le commodore Jacques Gauvin, directeur général, personnel naval et disponibilité opérationnelle, et le premier maître de première classe Richard Lupien, premier maître du commandement et militaire du rang le plus haut gradé de la marine.
Permettez-moi de commencer en vous disant que votre marine est beaucoup plus apte au combat aujourd'hui qu'elle ne l'était en 1990, lorsque nous avions déployé un groupe opérationnel de trois navires dans le golfe Persique. Ce n'est peut-être pas la plus grosse flotte que nous ayons jamais eue, ni la plus diversifiée en termes de types de navires et d'équipement; les Canadiens ont cependant rarement bénéficié d'une flotte aussi bien équilibrée sur le plan de sa capacité totale, et aussi bien préparée à exécuter ses nombreuses tâches au pays et à l'étranger.
Notre infrastructure à terre est de premier ordre, grâce aux investissements considérables faits au cours de la dernière décennie. Nos établissements d'instruction comptent notamment parmi les plus perfectionnés du monde.
En mer, la flotte du Canada a pour ainsi dire fait peau neuve au cours de la dernière décennie. Les destroyers d'escorte à vapeur construits durant les années 50 ont été mis hors-service et remplacés par les 12 frégates de la classe Halifax, qui sont considérées comme des modèles du genre. Les quatre plus gros navires de la classe Iroquois ont fait l'objet d'une modernisation complète, et donnent au commandement de groupes opérationnels une plate-forme puissante de défense aérienne et de commandement et contrôle. Les 12 navires de défense côtière de la classe Kingston, dont les équipages sont formés presque exclusivement de réservistes de la marine, s'avèrent très efficaces et très rentables dans leurs rôles de défense côtière et de guerre des mines. Avec l'arrivée au cours des deux prochaines années des quatre sous-marins de la classe Victoria, l'acquisition d'un aéronef de remplacement pour les hélicoptères Sea King et la modernisation prévue de l'avion de patrouille à long rayon d'action Aurora, l'équilibre des forces maritimes du Canada—aérienne, de surface et sous-marine—est bien en voie d'être rétabli.
Grâce à ces investissements, le Canada peut maintenant compter sur une flotte dont les capacités de combat sont remarquables et qui a redoré son blason sur la scène internationale, comme en témoigne la présence aujourd'hui de deux navires canadiens dans le golfe Persique—les navires canadiens de Sa Majesté, le Charlottetown et Winnipeg—à titre de membres pleinement intégrés de groupes aéronavals américains travaillant à l'application des sanctions des Nations Unies contre l'Irak. Bien que le Winnipeg et le Charlottetown demeurent sans équivoque sous commandement canadien et suivent les règles d'engagement approuvées par le Canada, le fait de travailler en si étroite collaboration avec la marine américaine nous permet de nous tenir à la fine pointe des nouveaux développements en matière de tactiques, de doctrines et de questions techniques chez les alliés; en d'autres mots, à la fine pointe de l'interopérabilité et au front même de la révolution dans les affaires militaires.
Sur certains points, cependant, la comparaison avec la flotte de 1990 fait ressortir des lacunes. Aujourd'hui, le Canada n'a pas de sous-marin opérationnel, alors qu'il en comptait trois en 1990. Heureusement, cette situation sera bientôt rectifiée avec la mise en service opérationnel des bâtiments très performants de la classe Victoria.
[Traduction]
Une autre lacune est la situation actuelle en matière de ravitaillement de la flotte. Du début des années 60 jusque dans les années 70, le Canada a fait oeuvre de pionnier et mis en oeuvre le concept de navire polyvalent de ravitaillement en marche permettant à des navires de guerre de faire le plein de carburant et d'approvisionnement en mer. Ces navires ont permis de multiplier par six le temps que la flotte pouvait rester en mer pour des opérations. Voilà dix ans, ces trois navires—le Provider et les deux navires de la classe Protecteur—avaient entre 20 et 25 ans. Aujourd'hui, les deux navires de la classe Protecteur, maintenant âgés de 30 ans, font toujours partie de la flotte. Bien qu'ils soient très efficaces dans leur rôle de ravitaillement, comme on l'a vu récemment au Timor-Oriental, ils commencent à se faire vieux.
La marine propose de remplacer les navires de la classe Protecteur par le développement d'une capacité de soutien logistique en mer et de transport maritime. Ce projet, s'il est approuvé, permettra non seulement de remplacer la capacité de soutien logistique en mer qu'offrent les navires de la classe Protecteur, mais aussi de transporter les éléments principaux d'une force expéditionnaire canadienne à tout endroit dans le monde accessible par bateau: les FC pourraient se rendre auprès d'environ 85 p. 100 de la population mondiale par bateau grâce aux capacités que lui donnerait ce nouveau navire. D'autres rôles, y compris l'appui à l'aviation, les opérations logistiques sur la rive, le secours humanitaire et l'accueil d'un quartier général interarmées, sont aussi envisagés pour ce navire, que j'espère voir se joindre à la flotte d'ici 2007.
Je ne saurais vous entretenir des capacités des forces maritimes sans mentionner le rôle important que jouent nos avions de patrouille et nos hélicoptères maritimes. Les Sea King sont vieux, et leurs dispositifs de détection ainsi qu'une partie de leur avionique sont maintenant très désuets. Lorsqu'ils sont opérationnels, cependant, ils apportent une précieuse contribution. Il faut néanmoins les remplacer. Un autre élément important des opérations maritimes et l'aéronef Aurora, qui fera l'objet, comme je l'ai mentionné tantôt, d'une modernisation dans un avenir rapproché.
En somme, la flotte du Canada s'approche de plus en plus de l'équilibre en matière de capacité, et elle est beaucoup plus apte au combat maintenant qu'elle ne l'a été depuis de nombreuses décennies.
Cela, à mon avis, devient de mieux en mieux compris par les Canadiens, à preuve le fait que nos navires ont été déployés dans presque tous les coins navigables de la planète au cours des dernières années. Votre marine était de presque toutes les grandes missions de paix multilatérales auxquelles le Canada a participé depuis la fin de la guerre froide—y compris le Cambodge, la guerre du Golfe, Haïti, la Somalie, les Balkans, le Timor-Oriental et le Golfe persique—dans le cadre d'opérations maritimes aussi diverses que la prestation d'aide humanitaire aux populations locales et l'application des sanctions de l'ONU par des mesures d'interdiction maritime et d'embargo. Nos navires sont des symboles puissants de notre savoir-faire en tant que nation. La combinaison unique de capacités qui leur permettent de tenir de longues missions d'endurance, de disposer de moyens de communication sophistiqués et d'avoir une force de frappe imposante en font des messagers respectés des politiques du gouvernement.
Au pays, la marine a participé à de nombreuses opérations massives, y compris l'aide qu'elle a apportée suite à la catastrophe du vol 111 de la Swiss Air et aux inondations de la rivière Rouge, en plus de protéger nos ressources et de faire respecter notre souveraineté dans nos approches maritimes. Cette dernière catégorie couvre en fait une grande partie des efforts déployés pour appuyer d'autres ministères et organismes gouvernementaux, dont la GRC, Douanes Canada, Immigration Canada et le ministère des Pêches et des Océans.
En bref, la marine a été récemment plus occupée qu'elle ne l'a jamais été depuis la guerre de Corée. Aujourd'hui, par exemple, j'ai un peu plus de 2 000 hommes et femmes qui vaquent aux occupations de la marine en mer. Cela représente près de 50 p. 100 de l'effectif naviguant de 4 400 marins. La semaine dernière, 3 497 marins, soit près des trois quarts de l'effectif naviguant, étaient déployés.
À mon avis, il s'agit là d'une situation qui ne changera vraisemblablement pas: il est peu probable que les circonstances uniques qui ont donné lieu à la guerre froide se reproduisent dans l'environnement de sécurité plus vaste d'aujourd'hui—qui est à la fois de nature plus mondialisante et moins à la merci des allégeances et des frontières nationales traditionnelles.
En fait, le type de travail que votre marine effectue aujourd'hui reflète mieux toute la gamme des tâches militaires, diplomatiques et constabulaires que les marines des grandes puissances maritimes de notre époque sont appelées à exécuter. Par conséquent, mon objectif ultime est de voir à ce que la marine continue de posséder une vaste gamme de capacités pour donner au gouvernement actuel et à ses successeurs le plus grand nombre possible d'outils pour traiter les questions de sécurité auxquelles ils feront face.
[Traduction]
Ces outils, bien entendu, devront être là quand on en aura besoin. La disponibilité opérationnelle, dans le contexte naval, est une évaluation de l'état de préparation d'un navire et de son équipage, soit de leur capacité à exécuter avec succès une tâche, un rôle ou une mission donnés. Certaines opérations ne nécessitent que la présence d'un navire en mer, exécutant ses tâches en toute sécurité et dans le respect des règles de la bonne navigation. Ce sont, par exemple, les missions de surveillance habituelles dans les eaux territoriales. Pour d'autres types d'opérations, par contre, tous les capteurs et toutes les armes du navire doivent être contrôlés par le personnel compétent et prêt à l'utilisation immédiate. C'est le genre d'opérations qui s'effectuent, par exemple, en présence—réelle ou potentielle—d'une unité ennemie. Le Winnipeg et le Charlottetown, tous deux dans le Golfe persique comme je l'ai déjà mentionné, ont été préparés précisément pour ce genre de situation.
Étant donné le grand nombre de missions auxquelles les navires peuvent être affectés, on détermine la disponibilité opérationnelle d'un navire en fonction de sa capacité à participer à un conflit de moyenne intensité tel que la guerre du Golfe. Toutefois, dans le contexte actuel, il n'est pas nécessaire et il n'est pas non plus souhaité, que toutes les unités soient maintenues uniformément au niveau de disponibilité opérationnelle nécessaire aux opérations de combat. Le défi, bien sûr, consiste à aligner l'affectation des ressources sur les engagements opérationnels.
C'est ainsi qu'on adopte une structure de disponibilité opérationnelle par paliers. Le Winnipeg et le Charlottetown, par exemple, sont des navires à disponibilité opérationnelle élevée, qui sont à même d'être engagés dans les opérations de combat dans un délai relativement court. D'autres navires sont maintenus à un niveau de disponibilité opérationnelle moindre qu'on appelle disponibilité normale. Ces navires sont en mesure d'effectuer la grande majorité des opérations intérieures et de répondre aux besoins en matière d'entraînement. En fait, le NCSM Athabascan et le NCSM Montréal, les navires qui ont mené à bien l'opération d'abordage du GTS KATIE au large de Terre-Neuve en août dernier, étaient tous deux en état de disponibilité normale.
Quant aux navires mis en disponibilité restreinte, ils sont essentiellement en phase d'entretien et de garde. C'est le cas du NCSM Huron sur la côte Ouest. Les ressources qui seraient nécessaires pour maintenir ce navire en mer ont été affectées à d'autres navires de la flotte, où elles sont utilisées plus efficacement.
La complexité des opérations modernes et l'avancement technologique de nos navires nécessitent une approche rigoureuse en ce qui a trait à la disponibilité opérationnelle et aux façons de la mesurer. Lorsqu'un navire passe progressivement de l'état de disponibilité prolongée à celui de disponibilité opérationnelle élevée, il doit subir des séries d'essais, d'évaluations, d'exercices de préparation au combat et de certifications des armes de plus en plus exigeants, afin que soit validé son état de préparation opérationnelle—en termes de performance technique et de compétence de l'équipage—pour des opérations de combat.
Nous avons beaucoup appris à cet égard au cours des années 90, lors de la transition à la flotte actuelle. L'analyse de la capacité opérationnelle, ou ACO, est née de la volonté de mesurer la performance des armes dans le cadre de l'évaluation générale des systèmes, en effectuant des tirs d'exercice, afin de déterminer les causes profondes de toutes les anomalies et de corriger ces dernières, qu'elles se situent sur le plan technique ou sur le plan de l'entraînement.
L'ACO s'est soldée par une amélioration appréciable de notre efficacité générale au combat et par la réussite d'exercices tactiquement réalistes mais très exigeants dans le cadre de scénarios qui auraient été considérés trop ambitieux il y a seulement quelques années. La méthode ACO, d'abord appliquée à nos capacités en matière de guerre anti-aérienne, est maintenant utilisée pour améliorer notre capacité dans d'autres aspects de la guerre.
Quoi qu'il en soit, une flotte n'est pas quelque chose de statique. Elle doit être sans cesse renouvelée, ce qui occasionne des coûts considérables. Toutefois, la préparation de nos effectifs aux exigences des opérations futures pourrait représenter des défis bien plus difficiles à relever que la construction de notre future flotte.
[Français]
Les professions militaires deviennent sans aucun doute de plus en plus complexes. En fait, la guerre elle-même évolue en raison de la révolution de l'information qui se fait sentir dans presque toutes les entreprises humaines. La guerre de l'ère industrielle, dont l'exemple type est la Seconde Guerre mondiale, fait place à un nouveau type de conflit dont le précurseur a été la guerre du Golfe, suivie plus récemment des événements du Kosovo.
Nous assistons, dans ce domaine, à une révolution permanente dans les affaires militaires, d'où se dégagent déjà trois tendances.
La première est l'émergence d'armes à longue portée d'une précision sans précédent et de plus en plus intelligentes, combinées à un système de capteurs, de commandes et de renseignements de plus en plus puissants et de plus en plus précis. L'engagement de précision intégrée jouera un rôle plus important dans les opérations à tous les niveaux, y compris en mer.
La seconde est l'émergence des technologies de l'information. L'information est cruciale dans tous les aspects des opérations militaires et navales. Les technologies de l'information ont amélioré de façon considérable notre capacité de recueillir, de traiter, de stocker et de diffuser l'information en temps réel. La protection du fonctionnement efficace de nos systèmes d'information, tout comme l'exploitation, la dégradation, la destruction ou la perturbation des systèmes ennemis constitueront des objectifs importants dans les opérations à tous les niveaux, et ce dans tous les types de conflits.
La troisième est l'utilisation accrue des systèmes spatiaux et leur application dans pratiquement tous les aspects des opérations navales et militaires; on n'a qu'à penser par exemple aux communications, à la surveillance en temps quasi réel de grands secteurs et aux systèmes d'avertissement qui donnent une meilleure idée de ce qui se passe sur le terrain.
La capacité de repérer et d'identifier, avec un grand degré de certitude, des objectifs fictifs et mobiles de grande valeur au sol et en mer à partir de systèmes basés dans l'espace changera fondamentalement la façon dont nous menons nos opérations.
Ces défis sont très réels, et ils ont des implications profondes non seulement sur les investissements technologiques que nous devons faire, mais aussi sur l'instruction et l'entraînement de notre personnel; ils font en sorte que nous devrons adapter rapidement notre doctrine navale, nos façons de faire et, en bout de ligne, notre organisation.
Un autre défi est le fait que les plates-formes des forces navales modernes nécessitent de grands investissements; il faut non seulement dépenser beaucoup pour les avoir, mais il faut aussi dépenser beaucoup pour les remplacer. Par conséquent, il n'est pas facile de trouver le bon équilibre entre le maintien de la flotte actuelle et la mise en place de la prochaine. En fait, cela ne l'a jamais été. Cependant, s'il en coûte cher de construire et d'entretenir un navire, il en coûte encore plus cher de se tromper.
En guise de conclusion, je voudrais porter à votre attention un dernier grand défi qui, en bout de ligne, a un impact considérable sur la disponibilité opérationnelle de la marine et des Forces canadiennes, c'est-à-dire la sensibilisation des Canadiens à notre rôle en tant qu'institution nationale. Je sais que les Forces canadiennes sont perçues en général avec beaucoup de bienveillance.
Néanmoins, la défense et la sécurité nationale n'occupent pas une très grande place dans l'esprit des gens. À long terme, cependant, il est véritablement dans l'intérêt national d'avoir un public canadien bien informé des questions de défense en général, et des activités de la marine en particulier. À cet égard, les efforts de ce comité, mesdames et messieurs, sont très appréciés.
Merci.
Le président suppléant (M. John O'Reilly (Haliburton— Victoria—Brock, Lib.)): Merci beaucoup, vice-amiral. C'était un exposé très complet, et nous vous sommes reconnaissants de votre présence.
Pour une raison quelconque, et le président et le vice-président du côté du gouvernement sont absents, à la stupéfaction de tout le monde ici présent. Mais notre comité n'étant pratiquement pas politisé, cela ne nous pose pas de problème.
Nous passons au tour de sept minutes, et le premier intervenant sera le représentant de l'Alliance canadienne, M. Goldring.
M. Peter Goldring: Merci beaucoup. Merci beaucoup de votre exposé, vice-amiral.
Ma première question concerne des commentaires que vous avez faits dernièrement dans le contexte d'un plan de capacité pour l'an 2001. Vous y disiez ne pas pouvoir remplir le niveau mandaté de capacité de défense maritime sans ressources supplémentaires. Vous y disiez également que la marine a atteint un point où il n'y a plus de marge de manoeuvre et que la marine a besoin de ressources supplémentaires pour maintenir un équilibre acceptable entre les besoins courants et les besoins nouveaux pour l'année financière 2001 et que les mêmes pressions continueront à s'exercer au cours des années financières 2002 et 2003.
Si vous n'avez pu remplir le niveau mandaté de capacité de défense maritime sans ressources supplémentaires, sur quoi avez-vous dû rogner, jusqu'à présent, ou sur quoi devrez-vous rogner à l'avenir?
Vam G.R. Maddison: En fait, j'ai obtenu des ressources supplémentaires—entre 8 et 9 millions de dollars, ce dont j'avais besoin tant pour les opérations que pour l'entretien—qui me permettent de continuer à remplir mes missions et mes tâches.
M. Peter Goldring: Dans ce cas, quel est aujourd'hui le budget total de la marine et de quel genre de ressources pensez-vous avoir besoin pour mieux remplir vos besoins opérationnels immédiats et futurs?
Vam G.R. Maddison: Mon budget global pour les opérations et l'entretien tourne aux alentours de 425 millions de dollars. Cela me permet de mettre mes bateaux à l'eau, de les entretenir et de faire le genre d'exercices nécessaires pour que mes bateaux atteignent le niveau de disponibilité opérationnelle élevée lorsqu'ils sont déployés dans le contexte de tâches de disponibilité opérationnelle élevée.
Il y a 400 ou 500 millions de dollars de plus qui sont strictement consacrés aux salaires et au traitement des militaires et des civils qui travaillent dans les installations d'entretien de notre flotte.
M. Peter Goldring: Vous êtes donc persuadé que ce budget supplémentaire vous permet de remplir votre mandat et dissipe définitivement votre inquiétude en termes de capacité opérationnelle?
Vam G.R. Maddison: Oui. J'aimerais toujours avoir plus, mais ces ressources supplémentaires me permettent de faire mon travail.
M. Peter Goldring: À propos du remplacement des hélicoptères Sea King, que pensez-vous des variantes apportées à l'énoncé de besoins et quelle en sera l'incidence sur votre disponibilité opérationnelle et l'utilisation que vous pourrez faire de ces hélicoptères?
Vam G.R. Maddison: Je ne sais si vous êtes au courant, monsieur Goldring, mais je suis un des artisans de l'énoncé de besoins; je suis un de ceux qui ont écrit cet énoncé.
Ces caractéristiques répondent à ce que je crois être les missions d'aujourd'hui et ce que les missions seront au cours des 20 à 30 prochaines années. Nous n'avons plus à faire face à une menace soviétique massive au milieu de l'océan Atlantique. Nous devons faire face à des menaces dans le golfe Persique, au large du Timor-Oriental ou dans la mer Adriatique, où il n'est pas nécessaire d'avoir de l'équipement aussi avancé que nous pensions en avoir besoin dans les années 80. Donc, cet énoncé de besoins qui nous permet d'avoir un hélicoptère dont l'autonomie de vol est de deux heures vingt quand il fait vraiment très chaud et de deux heures cinquante en conditions normales est ce dont j'ai besoin.
M. Peter Goldring: Cette autonomie de vol est inférieure à ce que prévoyaient les caractéristiques originales du Sea King, n'est-ce pas?
Vam G.R. Maddison: Il est intéressant d'essayer de comparer des pommes et des oranges ou bien des pommes avec des pompes, lorsqu'on parle des appareils Sea King et des autres hélicoptères maritimes, qui doivent prendre la place du Sea King. L'hélicoptère maritime à une autonomie de vol de deux heures et cinquante minutes, ce qui tient compte de ce qu'il doit transporter, par exemple, de très lourdes torpilles, le chargement régulier des bouées acoustiques, le transducteur sonore ainsi que d'autres pièces, tout en effectuant une mission au complet, y compris le retour à la base, et au besoin du vol stationnaire d'à peu près une heure. Si je chargeais le Sea King d'aujourd'hui de ces mêmes deux torpilles, des mêmes bouées acoustiques et du même transducteur sonore, j'obtiendrais probablement une autonomie de vol oscillant entre une heure et une heure et demie. Le Programme maritime et hélicoptère va donc nous fournir des appareils à autonomie de vol bien supérieure à ce que nous donnait le Sea King.
M. Peter Goldring: Merci.
J'aimerais maintenant que vous expliquiez une autre remarque figurant dans le rapport. Il y est question d'un capital stratégique conforme à notre planification des capacités stratégiques, et dans la même partie, on mentionne un projet spatial international. Pouvez-vous nous dire quelle part du budget général un tel projet représente et de combien de crédits vous avez besoin à cet égard?
Vam G.R. Maddison: Le programme spatial international ne relève pas de mon autorité, monsieur Goldring. Cela dit, sur le plan de nos capacités, une fois qu'il sera opérationnel, le projet spatial international nous aidera considérablement à effectuer la surveillance de nos régions côtières depuis l'espace. Toutefois, pour le moment, je n'ai pas en main les renseignements sur les coûts de cette initiative.
M. Peter Goldring: Vous avez affirmé que ce programme a des répercussions sur vos dépenses, et sur vos besoins en capitaux...
Vam G.R. Maddison: Il se répercute sur les moyens dont nous disposons pour faire notre travail, parce qu'il présente un mécanisme supplémentaire, qui vient nous aider considérablement à savoir ce qui se passe dans nos eaux nationales.
M. Peter Goldring: Je vois. Merci.
Le président suppléant (M. John O'Reilly): Nous allons maintenant donner la parole à M. Plamondon.
[Français]
M. Louis Plamondon (Bas-Richelieu—Nicolet—Bécancour, BQ): Merci, monsieur le président. Je remercie les trois témoins d'être là.
Il y a un aspect dont je voudrais parler avec vous, et c'est le personnel pour faire fonctionner ces nouveaux appareils complexes dont vous nous avez parlé. J'ai parfois l'impression qu'au niveau de la défense, on dit qu'on est satisfait de telle ou telle chose, mais qu'il va falloir de l'argent pour acheter d'autres appareils plus modernes, et encore d'autres appareils plus modernes. J'ai l'impression qu'il y a une espèce d'escalade à n'en plus finir et qu'il est de plus en plus complexe de former les militaires pour les opérations.
• 1555
Par exemple, je sais que dans l'armée,
l'entraînement d'un seul
pilote de F-18 coûte 1 million ou 1,5 million de
dollars.
J'imagine que l'entraînement des gens
qui travailleront sur ces destroyers et ces
nouveaux hélicoptères coûte
énormément cher.
Voyez-vous maintenant une croissance de plus en plus grande des coûts de formation? Ce ne sont pas seulement les coûts d'acquisition, mais aussi l'augmentation dramatique des coûts de formation du personnel qui font en sorte que les budgets militaires ne cessent de croître, d'autant plus que les carrières militaires sont de plus en plus courtes, à ce qu'on me dit. Beaucoup de gens restent dans l'armée ou dans la marine pendant cinq ou dix ans et vont ensuite dans le secteur public. Donc, on doit continuellement répéter la formation pour remplacer ceux qui partent.
Est-ce que vous avez noté cette croissance des coûts de formation? Voyez-vous un problème de formation? On me dit que vous avez aussi un destroyer de la catégorie Tribal qui est situé dans l'Ouest canadien. Il est accosté parce que vous n'avez pas de personnel pour le faire fonctionner. J'aimerais que vous me parliez de cet aspect de la formation complexe du personnel qui opère ces appareils.
[Traduction]
Vam G.R. Maddison: Je dirai que pour l'essentiel, la formation et à la hausse. Plus les moyens technologiques rehaussent nos capacités, plus le secteur devient complexe et exigeant, et nous devons donc offrir davantage de formation à nos effectifs.
À titre d'exemple, au sein de la marine, nos techniciens qui auront une carrière de 20 ans recevront de la formation pendant 12 ans. Il faut en effet que les gens puissent réunir des données provenant de systèmes d'information différents qui tous concourent à nous donner les renseignements généraux dont nous avons besoin. Tout cela est très complexe, et pour que l'on puisse prendre les décisions appropriées fondées sur des renseignements justes à la disposition des officiers et des marins, il faut qu'on offre énormément de formation.
Cela étant dit, au cours de la dernière décennie, nous avons installé des simulateurs, des appareils de formation d'avant-garde afin que les marins puissent être bien formés avant qu'ils commencent à travailler en mer. Cependant, la formation ne peut se limiter à l'utilisation de simulateurs à terre. Il faut aussi apprendre son métier en mer. Les marins doivent fonctionner dans un milieu où évoluent d'autres navires, d'autres sous-marins et d'autres appareils de vol afin d'acquérir l'aisance indispensable dans de telles circonstances et d'apprendre à utiliser les systèmes d'armes et de détection embarqués de nos navires.
Je répondrai donc simplement que oui, il y a davantage de formation.
[Français]
M. Louis Plamondon: À partir de cela et d'autres facteurs, je vous demande votre point de vue. C'est sûr que vous prêchez pour votre paroisse, et je le comprends, mais dans un pays qui est extrêmement grand, plus grand que les États-Unis, on a trois forces: l'aviation, la marine et a l'armée de terre. Devant la complexité de ce que vous venez d'énoncer en termes de formation du personnel et en termes de coûts d'acquisition très élevés de différents appareils, que ce soit pour la marine, pour l'aviation ou pour l'armée, selon vous, ne serait-il pas temps qu'on fasse une réflexion pour se demander si le Canada ne devrait pas plutôt se spécialiser? Je vous donne un exemple. Est-ce que nous ne devrions pas nous dire que nous allons avoir seulement une armée de terre qui sera spécialisée dans des missions de paix ou des missions d'ordre médical dans le monde? Un autre pays de l'OTAN pourrait se spécialiser dans le domaine maritime et un autre encore se spécialiserait dans la défense. Ainsi, on éviterait de doubler ou de tripler partout des systèmes qui coûtent énormément cher, mais qui ne sont pas si efficaces que ça puisque le contexte mondial n'est plus celui de guerres entre pays, mais plutôt celui de guerres terroristes, de guerres idéologiques qui ne mènent pas à des conflits mondiaux.
• 1600
Tout ce qu'on bâtit ne sert pas nécessairement,
comme c'était le cas il y a 25, 30 ou 40 ans. Donc,
n'y aurait-il pas une réflexion à faire pour arriver à se
moderniser dans le sens d'une nouvelle adaptation à la
réalité de guerres mondiales nouvelles?
Bien sûr, vous n'êtes pas politiciens et vous ne pouvez pas prendre position, mais j'aimerais avoir votre point de vue de militaires.
[Traduction]
Vam G.R. Maddison: En tant que membre des Forces armées canadiennes, j'estime qu'il nous faut le plus de souplesse possible. Nous tenons à disposer de moyens qui nous permettent de compter sur les forces aériennes, navales et terrestres de telle manière que le gouvernement, quel qu'il soit, ait un vaste choix de possibilités sur lesquelles fondées sa décision de déployer de tels effectifs. Le livre blanc de 1994 demandait la création de forces aptes au combat polyvalentes dans tous les grands corps, les forces aériennes, navales et terrestres, et c'est ce que nous avons créé. À mon avis, nous devrions aussi poursuivre nos efforts en ce sens au sein des trois armes. Cela donne beaucoup plus de souplesse que si on se concentre dans certains créneaux.
Le vice-président (M. Peter Goldring): Merci beaucoup, amiral Maddison.
La parole est maintenant à M. Regan.
M. Geoff Regan (Halifax-Ouest, Lib.): Merci, monsieur le président.
Amiral Maddison, soyez le bienvenu parmi nous.
Vam G.R. Maddison: Merci.
M. Geoff Regan: J'aimerais aussi souhaiter la bienvenue à vos collègues.
J'aimerais vous interroger au sujet des scénarios envisagés par la marine, à l'occasion de la planification de ses besoins à venir, car nous savons bien que vous envisagez de remplacer des navires et du matériel, et bien entendu, l'hélicoptère Sea King. Vous allez devoir étudier les diverses façons dont vous allez utiliser tout ce matériel. Quels principaux scénarios comptez-vous adopter, et quelles seront les répercussions de cela sur vos besoins?
Vam G.R. Maddison: Lorsque l'état-major chargé des questions stratégiques s'est réuni avec le général Baril en octobre 1997, nous avons étudié ce qui semble s'annoncer comme situation stratégique dans 20 ou 25 ans. Nous avons essayé de voir quels impératifs opérationnels en découleraient et comment nous devrions préparer nos forces en conséquence. À la suite de cela, nous avons collaboré à l'élaboration de ce qu'on appelle la Stratégie 2020. On y trouve des scénarios de planification des forces prévoyant le recours aux forces militaires, dans des circonstances variant d'une situation calme à la situation nécessitant une défense collective.
Il y a 11 de ces scénarios de planification des forces. Ils portent sur la recherche et le sauvetage, l'évacuation des Canadiens à l'étranger, les opérations de paix comme dans le golfe Arabo-Persique, par exemple, les relations de défense bilatérales ou les opérations de défense internationales où l'on collabore avec les États-Unis, les activités de défense relevant de l'OTAN et d'autres encore. Pour ce qui est de nos besoins, l'hélicoptère joue un rôle fondamental dans chacun des 11 scénarios de planification des forces. Son emploi est assez clairement établi dans chacun des scénarios, et c'est pourquoi l'énoncé de nos besoins a pris la forme que vous lui voyez.
M. Geoff Regan: J'aimerais maintenant vous interroger à propos de ce que les médias ont rapporté ces derniers jours au sujet du Sea King et des caractéristiques des nouveaux hélicoptères. Il a été dit que le nouvel hélicoptère, malgré ses caractéristiques, n'atteindra pas le même niveau de performance que le Sea King. Pouvez-vous répondre à cela?
Vam G.R. Maddison: D'abord, ainsi que je le disais plus tôt, j'ai participé activement à la rédaction du cahier des charges. Il se fonde sur ce que nous prévoyons être nos besoins dans 20 ou 30 ans, selon nos scénarios de planification des forces, à savoir les effectifs et le matériel nécessaires à la surveillance des nos eaux côtières, donc dans des eaux beaucoup moins profondes que ce que nous envisagions dans les années 80, où nous avons rédigé notre premier énoncé de besoins. Depuis lors, nos scientifiques de la défense ont effectué des études de recherche opérationnelle, à la suite de quoi nous avons élaboré un nouveau cahier des charges, dans lequel on précise ce dont nous avons besoin pour protéger et accompagner un groupe opérationnel de navires et de sous-marins.
• 1605
Selon nos analyses, nous aurons besoin d'au moins deux
hélicoptères opérationnels 24 heures sur 24 et sept jours sur sept
afin d'appuyer un tel groupe opérationnel en mer dans les eaux
côtières. Cela signifie qu'il faut disposer d'à peu près sept
hélicoptères embarqués pour être sûr d'en avoir deux en mesure de
voler.
Dans des conditions normales, l'autonomie de vol nécessaire selon un tel scénario est légèrement inférieure à trois heures et c'est ce que précise le cahier des charges. Dans des conditions extrêmes, l'autonomie est réduite à deux heures 20 minutes, cela avec l'appareil pleinement chargé de deux torpilles très lourdes, de toutes les bouées acoustiques et des autres appareils. Il est essentiel qu'un tel appareil ait une autonomie de vol de deux heures et 20 minutes dans des conditions d'extrême chaleur, et de deux heures et 50 minutes dans des conditions normales, c'est-à-dire celles qu'on trouve dans nos régions côtières, où voleront ces hélicoptères dans la majorité des cas.
Compte tenu des systèmes de détection et des systèmes d'armes dont les nouveaux hélicoptères seront dotés, ils seront beaucoup plus efficaces que les Sea King que nous utilisons présentement.
M. Geoff Regan: J'aimerais maintenant aborder une question très chère à mon voisin, il s'agit de la situation de la base de Shearwater. À cet égard, j'aimerais...
M. Peter Stoffer (Sackville—Musquodoboit Valley—Eastern Shore, NPD): Shearwater.
M. Geoff Regan: Cela m'est arrivé à moi aussi plus tôt aujourd'hui dans une autre réunion de comité, c'est donc à votre tour de laisser piétiner vos plates-bandes. Vous savez, on dit que l'imitation est la forme la plus sincère de la flatterie, vous devriez donc vous réjouir de mon intérêt.
M. Peter Stoffer: Dieu vous bénisse, cher ami.
M. Geoff Regan: Je me rends bien compte que le dossier est en cours d'étude, mais je suis curieux. Pouvez-vous me dire pour quelle raison on ne voudrait pas rattacher les nouveaux hélicoptères à la base la plus rapprochée des navires?
Vam G.R. Maddison: Il y a manifestement des avantages au rattachement des hélicoptères à des bases les plus rapprochées possible des navires.
En revanche, si on dispose d'hélicoptères dotés des mêmes appareils que l'Aurora, par exemple, et qui vous permettent de poster le personnel d'entretien ailleurs, comme à Greenwood sur la côte Est, alors peut-être faut-il tenir compte de cela lorsque nous choisissons la base des nouveaux hélicoptères.
J'ignore quelles seront les conclusions ou les recommandations de l'étude en cours. Je dirais cependant, instinctivement qu'il est plus avantageux sur le plan opérationnel de disposer d'hélicoptères rattachés à des bases rapprochés des navires. On peut quand même se demander s'il est à ce point contre-indiqué—ou si c'est négatif ou positif—de les déployer ailleurs. Je n'en suis pas encore sûr. D'ici à ce que j'aie vu les résultats de l'étude entreprise par le chef de l'état-major de l'Air, je ne peux trancher la question dans un sens ou dans l'autre.
M. Geoff Regan: Mon temps de parole est probablement écoulé, monsieur le président, c'est bien cela?
Le vice-président (M. Peter Goldring): Il vous reste une minute.
M. Geoff Regan: Très bien.
Que fait la marine pour protéger l'environnement, vice-amiral Maddison? En général, on entend dire à propos des navires qu'ils déversent parfois leurs déchets toxiques dans l'eau, ou du pétrole lors de leur avitaillement, et ce genre de choses. Les Canadiens tiennent à ce que tous les services gouvernementaux se comportent de façon responsable sur le plan écologique. Je suis donc très curieux de savoir quelles sont les initiatives prises par les forces navales à cet égard.
Vam G.R. Maddison: Nous avons adopté un très sérieux programme de protection de l'environnement.
Le nouveau système de circulation du carburant à bord des navires, bien qu'il n'ait pas entièrement éliminé le problème, réduit certainement les possibilités de déversement en mer. Pour ce qui est de toutes les matières dangereuses qu'on trouve à bord des navires, nous disposons d'un broyeur de produits en plastique et en carton et de tout ce genre de choses. Le broyeur compacte tous les déchets, et à tel point qu'il n'en reste que des espèces de galettes. Nous conservons ce matériel à bord jusqu'au prochain débarquement, où nous pouvons en disposer dans les sites d'évacuation appropriés.
Nous avons réduit considérablement nos émissions d'halon destructeur d'ozone au cours des trois ou quatre dernières années, de près de 60 ou 70 p. 100, au fait. Nous avons multiplié les efforts pour que nos nouveaux bateaux soient le plus écologiquement corrects.
Le vice-président (M. Peter Goldring): Merci, vice-amiral.
Nous passons maintenant à M. Stoffer.
M. Peter Stoffer: Merci, monsieur le président.
Tout d'abord, c'est vraiment agréable d'entendre la belle voix de Cindy, une de nos interprètes qui est maintenant de retour après un congé de maternité. Ce sont les héros méconnus de la Colline parlementaire. Bien joué.
Vice-amiral Maddison, permettez-moi de vous donner le bonjour de vos collègues, Dusty Miller et M. MacLean, et bien entendu du colonel Brian Akitt de Shearwater qui nous quittera bientôt. Il a fait un admirable travail de promotion pour Shearwater.
• 1610
Je tiens à remercier mon collègue de Halifax d'avoir mis sur
le tapis la question de Shearwater.
Comme vous le savez, Shearwater représente 1 200 emplois directs et 2 000 emplois indirects. Il y a beaucoup de pression d'exercer quant à l'utilisation de cette piste, des terrains et des installations, et s'il y a quelque chose que vous pouvez faire, monsieur, pour promouvoir et protéger Shearwater, je vous en serais éternellement reconnaissant.
Vam G.R. Maddison: Vous semblez croire que j'ai plus de pouvoir que je n'en ai vraiment.
M. Peter Stoffer: Je passe à ma question. Monsieur, vous avez suggéré que la préparation au combat va finir par se faire dans l'espace, et c'est bien évident compte tenu des progrès technologiques avec les satellites et tout le reste.
Il y a une ou deux semaines, j'étais au haut commissariat de Grande-Bretagne et un gentleman qui conseille le gouvernement britannique sur les affaires militaires disait que la Grande-Bretagne verrait d'un oeil très inquiet une militarisation de l'espace. L'autre jour, dans les journaux, notre ministre des Affaires étrangères s'inquiétait lui aussi de la militarisation de l'espace.
À propos du projet de bouclier antimissile proposé par le président Bush, pensez-vous—en tant que militaire ou personnellement—qu'il serait bon que le Canada participe à une initiative telle que ce bouclier antimissile qui finira par mener à la militarisation de l'espace? Devrions-nous jouer un rôle actif?
Vam G.R. Maddison: Ce n'est pas une décision militaire.
M. Peter Stoffer: C'est exactement ce qu'a dit le général Baril. Le général Baril a dit à notre comité que le bouclier de défense antimissile n'était pas une décision militaire, que c'était une décision politique. Cependant, vous venez de dire qu'à votre avis il est pratiquement certain qu'on finira par avoir des systèmes stationnés dans l'espace.
Vam G.R. Maddison: Oui, mais je me référais en l'occurrence, monsieur Stoffer, à l'utilisation de l'espace de mon point de vue, à l'utilisation de la technologie de l'espace pour nous aider à savoir ce qui se passe dans nos secteurs de responsabilité—à savoir, la surveillance à partir de l'espace, et la possibilité d'augmenter nos moyens de détection pour savoir ce qui se passe non seulement sur terre mais aussi sur nos approches maritimes.
La communication est un autre élément de l'utilisation de l'espace, et nous avons un autre projet, le projet de satellite militaire, qui nous permettra de mieux communiquer entre nous sans avoir obligatoirement à passer par les satellites d'autres nations. C'est cela que je veux dire quand je parle d'utilisation de l'espace.
M. Peter Stoffer: Ne serait-il pas vrai alors dans ce cas que le Canada ou les États-Unis ou tout autre pays, aurait à protéger ces satellites de tout problème potentiel afin de protéger ces informations?
Vam G.R. Maddison: C'est une question de gestion de risque.
M. Peter Stoffer: Mon autre question concerne ce système de disponibilité opérationnelle par paliers dont vous avez parlé. Cela incite pratiquement à croire qu'au cas où un palier particulier aurait besoin de plus de ressources, bien que vous ne l'ayez pas dit, vous pourriez finir par être obligé de prélever ces ressources sur un autre palier, au lieu de pouvoir demander au gouvernement des fonds supplémentaires. Corrigez-moi si je me trompe, mais j'ai l'impression que cela revient pratiquement à voler Pierre pour payer Paul.
Vam G.R. Maddison: J'ai un niveau de ressources assigné qui me permet de remplir les missions et les tâches qui me sont confiées. Je ne peux remplir ces missions et ces tâches assignées sans que chacun de mes navires soit au plus haut niveau de disponibilité opérationnelle. Maintenir chaque navire au niveau de disponibilité opérationnelle le plus élevé coûte beaucoup d'argent, j'ai donc pour tâche de maintenir deux navires, à dix jours de préavis, au niveau le plus élevé de disponibilité opérationnelle, pour remplir une mission. Dans un délai de dix jours. Dans un délai de 21 jours, il faut que j'aie un groupe opérationnel de navires, de sous-marins et de soutien aérien pour exécuter et remplir une mission ou une tâche, et je peux le faire avec des ressources dont je dispose.
Par exemple, je n'ai pas besoin qu'un navire dont la mission est de surveiller les pêches au large de la côte est du Canada soit apte au combat anti-sous-marin et antiaérien. Je n'ai pas besoin de ce genre d'équipement pour ce genre de mission. Je peux donc utiliser cet équipement ailleurs, là où j'en ai vraiment besoin, et c'est ce que signifie la réaffectation des ressources en termes de disponibilité opérationnelle par paliers.
M. Peter Stoffer: Merci.
Le président: Merci, monsieur Stoffer.
Monsieur Bailey, à vous.
M. Roy Bailey (Souris-Moose Mountain, AC): Merci, monsieur le président.
• 1615
Merci, vice-amiral, de votre rapport. J'ai été vraiment frappé
par une des dernières phrases de votre exposé: «Néanmoins, la
défense et la sécurité nationale n'occupent pas une très grande
place dans l'esprit des gens.» C'est la vérité et vous avez indiqué
que le Canada n'était pas le seul pays dans ce cas. Vous avez
poursuivi en disant: «À long terme, cependant, il est véritablement
dans l'intérêt national d'avoir un public bien informé...» Je
m'arrête là car si je consulte les documents venant de nos voisins
du sud et même de l'Australie et de Grande-Bretagne, il me semble
qu'en matière de relations publiques et d'information du public,
ils font mieux que nous.
La presse chez nous n'est pas toujours tendre envers les politiciens, et elle n'est pas toujours tendre envers les militaires et pourtant, pour une raison ou une autre, les forces armées—pas tant la marine, je dois l'avouer—ne semblent jamais avoir l'occasion de contre-attaquer les médias. Je pense, en tant que simple citoyen, qu'il faut que la défense en général au Canada épouse de meilleures méthodes de relations publiques qu'à l'heure actuelle pour qu'il soit plus question des aspects positifs que des aspects négatifs.
C'est une simple suggestion que je vous fais car c'est ce que j'ai remarqué et je me suis souvent demandé pourquoi. Je sais quand il y a la guerre on n'a pas besoin de relations publiques. Je suis assez âgé pour m'en souvenir. Mais je dois dire qu'aujourd'hui nos Forces canadiennes en ont cruellement besoin.
J'aimerais passer à une chose que vous avez dites à propos de votre plan de capacité. C'est aussi quelque chose que j'ai entendu dire, je crois, par l'armée. Vous avez dit que la marine faisait face à de sérieuses pénuries de personnel dans plusieurs corps de métier militaires et pour certains grades, et que, de plus en plus, ces pénuries imposent des demandes supplémentaires au personnel disponible. Pourriez-vous m'expliquer si c'est dû à l'augmentation de la part technique de vos activités ou est-ce que pour commencer il faudrait du personnel plus qualifié, ou les deux?
Vam G.R. Maddison: En réalité, c'est probablement une combinaison des deux. À l'heure actuelle, je suis en concurrence avec les Nortel, les JDS Uniphase et autres compagnies d'informatique du monde car comme je l'ai dit tout à l'heure, j'ai du personnel qui sur vingt ans de carrière en a fait douze de formation. C'est du personnel exceptionnellement qualifié et compétent. C'est aussi un personnel qui observe une certaine discipline dans son travail. C'est aussi un personnel à qui les années ont appris à diriger. Ce sont d'excellents citoyens canadiens et ils forment un bassin de talents que l'industrie aime beaucoup utiliser de temps à autre.
À l'heure actuelle, il me manque à peu près 400 personnes sur les 9 000 que devrait compter la marine active. Ce sont presque tous des techniciens hautement qualifiés dans le domaine technique. C'est une des raisons pour laquelle j'ai mis un des navires sur la côte ouest en disponibilité opérationnelle restreinte afin de pouvoir réaffecter une partie de son équipage dans toute la flotte de la côte Ouest.
Peut-être que je peux revenir à votre premier point concernant les relations publiques. J'ai un désavantage géographique, c'est-à-dire que la marine en a un, pour ce qui est de renseigner les Canadiens, surtout des régions intérieures, sur ce que font la marine et ses membres. Jusqu'à 70 p. 100 de la population canadienne habitent le long de la frontière entre les États-Unis et le Canada, 50 p. 100 vivant dans le corridor de 1 000 kilomètres entre Windsor et Québec. La vaste majorité des Canadiens sont donc loin de la mer, et c'est toute une tâche que d'avoir à toujours répéter aux Canadiens ce que fait la marine et qui en sont les membres.
Cela étant dit, nous avons fait de gros efforts au cours des deux ou trois dernières années afin de faire passer ce message, mais c'est une tâche très difficile.
M. Roy Bailey: Est-ce qu'il me reste encore du temps, monsieur le président?
Le président: Il vous reste trente secondes.
M. Roy Bailey: D'accord.
Si vous aviez à concevoir un navire—et quelques-uns de vos navires doivent être remplacés, puisqu'ils ont 35 ans—comment vous prendriez-vous? Il y a de nouvelles technologies chaque année. Comment procédez-vous? Ce n'est pas comme concevoir une nouvelle voiture qui sera démodée dans cinq ans. Comment procédez-vous dans le cas d'un navire?
Vam G.R. Maddison: Il faut commencer par définir les moyens à mettre en oeuvre.
M. Roy Bailey: Ce qu'il vous faut.
Vam G.R. Maddison: C'est ça—les moyens. Vous ne commencez pas par dire que vous allez concevoir un aéroglisseur ou un autre type de véhicule quelconque. Il faut d'abord se poser la question: Quels sont les moyens qu'il me faut?
Pour vous donner un exemple, nos destroyers de défense aérienne ont presque 30 ans. D'ici environ dix ans, il faudra remplacer ces matériels—les moyens de lutte antiaérienne par zone, c'est-à-dire les missiles; les systèmes de capteur; et les équipements de contrôle de commande, de communications et de surveillance.
Comment allons-nous faire pour remplacer ces moyens? Serait-il possible de les aménager sur une autre plate-forme? Faudrait-il construire quelque chose de nouveau? Serait-il possible d'acheter des matériels qui vous doteraient de ces moyens? Il faut commencer par les besoins pour ensuite trouver le matériel.
M. Roy Bailey: Merci, monsieur.
Le président: Merci, amiral.
C'est maintenant le tour à M. Wood.
M. Bob Wood (Nipissing, Lib.): Merci, monsieur le président.
Amiral, nous sommes plusieurs ici—trois ou quatre—à faire partie du comité sur la qualité de la vie et nous avons parcouru le pays à ce sujet. À votre avis, étant donné les préoccupations sur la qualité de la vie et les difficultés éprouvées par les Forces canadiennes à recruter et à retenir leurs membres, comme vous disiez à M. Bailey, est-ce que la marine peut continuer à faire de longs déploiements de six mois en mer loin des côtes?
Vam G.R. Maddison: C'est peut-être un de mes plus gros défis en ce moment, essayer de trouver l'équilibre entre les déploiements et le besoin d'assurer une qualité de vie appropriée en permettant aux gens d'être avec leurs familles.
En ce moment, des navires en état d'intervention rapide sont en mer de 120 à 130 jours par année en moyenne. Certains navires, comme ceux qui sont dans le golfe Persique, sont partis pour environ six mois. Mais à leur retour, ils ne repartent pas avant un an et demi ou deux ans. Il y a donc un délai considérable, et les déploiements ne se suivent pas rapidement.
Cela étant dit, un jeune qui s'enrôle dans la marine aujourd'hui peut très bien faire le tour du monde, comme on disait autrefois. Beaucoup de gens veulent pouvoir partir, voir d'autres cultures, et faire une contribution par leur travail. Ils ont maintenant les outils leur permettant de le faire. Je crois que l'attitude du personnel à la marine est très positive.
M. Bob Wood: Vous venez de dire à M. Bailey qu'il manque 400 personnes dans votre effectif. De ce nombre, combien diriez-vous ne veulent pas être... où s'ils sont mutés? Lorsqu'on tenait les audiences sur la qualité de la vie, c'était les militaires mutés de la côte Est à la côte Ouest qui avaient les plus gros problèmes—le coût de la vie, etc.—et, plusieurs d'entre eux ont décidé de quitter les Forces canadiennes plutôt que d'aller là-bas et de vivre en pauvreté ou éprouver les autres difficultés.
C'est triste comme situation, mais c'est comme ça. Personne n'en est fier.
Est-ce que vous continuez de perdre beaucoup de gens quand ils sont appelés à aller sur la côte Ouest?
Vam G.R. Maddison: À vrai dire, notre taux d'attrition est passé à environ 7 p. 100. Mon collègue de la marine américaine, à qui j'ai parlé il y a environ une semaine, m'a dit que le taux d'attrition chez eux varie entre 30 p. 100 et 41 p. 100. À mon avis, c'est énorme.
Un des facteurs positifs chez nous est le travail extraordinaire que votre comité a fait, qui s'est traduit à la longue par une indemnité différentielle selon le poste, ce qui a beaucoup aidé le personnel vivant sur la côte Ouest. Maintenant il y a des gens qui offrent d'y aller, qui disent qu'ils savent qu'on manque du personnel là-bas et qui sont prêts à y aller.
M. Bob Wood: Les équipages des navires de défense côtière, si je comprends bien, sont surtout composés de réservistes. Est-ce que j'ai raison?
Vam G.R. Maddison: C'est exact. Sur 35 membres de l'équipage, deux seulement viennent des forces régulières. Les autres sont tous des réservistes.
M. Bob Wood: Avez-vous des problèmes particuliers pour ce qui est du recrutement et peut-être aussi de la rétention des membres de la réserve navale? Dans l'affirmative—et je ne sais pas si c'est le cas—quelles en sont les conséquences pour l'exploitation du navire et peut-être aussi de la flotte entière?
Vam G.R. Maddison: Nous avons 12 navires de défense côtière. Notre objectif est essentiellement d'avoir dix navires opérationnels en tout temps. C'est le cas en ce moment. L'équipage, bien sûr, est beaucoup plus petit que sur les frégates et les destroyers, qui ont respectivement jusqu'à 225 et 300 membres. On n'a donc pas nécessairement les mêmes difficultés pour équiper les navires de défense côtière que les frégates, dans certains cas, sur la côte Ouest. Cela dit, il y a une certaine pénurie dans la réserve navale. Par conséquent, un certain nombre de personnes qui pensaient avoir un contrat d'une année ont prolongé leur contrat jusqu'à deux ans, ou même trois ans, dans certains cas.
M. Bob Wood: Vous louez vos sous-marins jusqu'à ce qu'on les achète en 2007. C'est cela?
Vam G.R. Maddison: C'est une entente de crédit-bail.
M. Bob Wood: J'allais vous poser la question.
Vam G.R. Maddison: Oui. C'est un crédit-bail, si je ne m'abuse, par l'intermédiaire du service d'approvisionnement, ce qui n'est pas mon domaine. Tout ce que je veux, c'est les sous-marins.
M. Bob Wood: Vous voulez mettre la main dessus.
Vam G.R. Maddison: Exactement. Je crois que l'entente prend fin en 2007 ou 2008, et ensuite on leur donne un dollar, une livre, ou quelque chose.
M. Bob Wood: Je comprends. Très bien. Merci.
Le président: Merci.
La parole est à M. Stoffer.
M. Peter Stoffer: Merci beaucoup, monsieur le président.
Monsieur, une des préoccupations des gens du Canada atlantique est la politique de construction navale. À mon avis, une des plus grandes réussites du Canada a été le programme des frégates construites à St. John's, au Nouveau-Brunswick, où on a non seulement construit un navire de haute qualité... Le premier navire a coûté assez cher, mais les coûts du dernier navire ont été assez raisonnables. On a corrigé les problèmes et on est allé de l'avant. Ensuite, on a mis fin au programme.
Au lieu de construire toute une série de nouveaux navires d'un seul coup, on a proposé de les construire progressivement. Quand les bateaux rouillent, ou quand des réparations majeures sont nécessaires, de cette façon on n'a pas besoin d'attendre leurs remplaçants très longtemps. Est-ce que l'armée ou la marine dispense au ministre de l'Industrie ou au gouvernement des conseils en ce qui concerne la défense navale, est-ce qu'ils contribuent à l'élaboration de la politique en ce qui concerne la construction navale en prévoyant que tels navires devront être remplacés à un moment donné, et qu'on aimerait les remplacer par tel type de navires. Cela accélérerait les choses, au lieu de s'apercevoir du jour au lendemain qu'on a besoin de nouveaux navires et de devoir se demander quel type de navires est préférable?
Vam G.R. Maddison: C'est probablement une question que vous devriez poser à M. Williams qui sera ici la semaine prochaine, car il est notre grand spécialiste des achats. Pour ma part, ce qui est le plus important, c'est d'avoir la capacité stratégique nécessaire pour réparer les navires. Comme vous le savez, nous avons ces installations d'entretien de la flotte sur la côte est et sur la côte ouest, et la majeure partie de la main-d'oeuvre est civile. Il y a également pas mal de gens de la marine qui travaillent dans ces installations et qui font un travail extraordinaire et entretiennent nos navires et les maintiennent au niveau de disponibilité opérationnelle que je fixe. C'est cela que je considère important, cette capacité de réparation.
Par le passé, nos navires ont eu une espérance de vie de près de 35 ans, parfois même 40. Nous avons suffisamment de navires pour qu'il ne soit probablement pas nécessaire de prendre livraison d'un nouveau navire tous les ans ou tous les deux ans. Pour moi, le plus important, c'est d'avoir une capacité de réparation suffisante.
M. Peter Stoffer: Vous avez mentionné les employés de Cape Scott et d'ailleurs dans cette région-là. Comme vous le savez, il y a quelque temps certains d'entre eux ont perdu leur emploi quand on a décidé de diversifier les modes de prestation des services. En fait, j'ai toujours été contre cette diversification des modes de prestation de services car... Vous avez parlé du moral des gens dans la marine et vous dites qu'à l'heure actuelle ils sont optimistes, qu'ils sont très fiers de ce qu'ils font. Vous avez parfaitement raison, mais il y a un autre aspect de la marine, tous les civils qui sont là pour la seconder, qui sont tout aussi fiers de ce qu'ils font. Vous étiez là lorsque ces gens-là ont travaillé 16 à 18 heures par jour pendant 6 semaines sur le Preserver, le Protecteur et le Provider pour que ces navires soient prêts à temps. Certains d'entre eux ne sont plus là.
Est-ce que c'est vous qui recommandez de diversifier les modes de prestation des services par mesure d'économie? En fait, ce que je veux savoir, c'est: essayez-vous de protéger ces emplois-là aussi?
Vam G.R. Maddison: Si je peux m'exprimer ainsi, mon travail est de faire les choses le plus intelligemment possible. J'ai besoin de certaines ressources, et cela comprend à la fois la marine et des civils, et c'est valable tout particulièrement pour les réparations. Si vous étiez là en 1990, avant la guerre du Golfe, si vous avez eu l'occasion de voir à quel point la main-d'oeuvre civile et la direction étaient déconnectées, vous pouvez comprendre à quel point l'alliance stratégique entre cette main-d'oeuvre et l'administration s'est développée depuis lors. C'est tout à fait extraordinaire. Les décisions relatives à la proportion à maintenir dans la main-d'oeuvre ont été prises en collaboration avec tous les éléments de cette main-d'oeuvre, les travailleurs et la direction, et dans tous les cas, on n'a pas perdu de vue la nécessité de faire les choses plus intelligemment que par le passé.
• 1630
Autrement dit, je ne m'interroge pas sur la diversification
des modes de prestation des services, je me demande comment faire
pour offrir le meilleur service possible avec les fonds qui m'ont
été alloués.
M. Peter Stoffer: Parmi ces gens-là, il y en a beaucoup, comme l'Union des employés de la Défense nationale, qui s'inquiètent beaucoup de l'avenir de leur carrière. Vous parlez de ressources, vous parlez de faire les choses plus intelligemment, mais vous avez aussi une responsabilité. Vous dites que vous avez formé des gens, que vous avez à votre disposition des gens qui sont prêts à agir. C'est le slogan de la marine: «Prêt, oui, prêt». Ces gens-là sont très fiers. Ils font un excellent travail pour l'armée. À mon avis, ils ont droit à ces emplois et je considère qu'en essayant de les remplacer par des contractuels ou des employés meilleur marché, le gouvernement insulte ces hommes et ces femmes qui servent non seulement la marine, mais également notre pays.
Vam G.R. Maddison: Avec les systèmes de propulsion dont sont dotés nos navires, on aura toujours besoin de cette capacité d'entretien de base qu'on trouve seulement dans les installations d'entretien de la flotte. Il faudra toujours une certaine main-d'oeuvre pour effectuer ce travail.
M. Peter Stoffer: Merci.
Le président: Merci, amiral.
La parole est à M. Provenzano.
M. Carmen Provenzano (Sault Ste. Marie, Lib.): Vice-amiral, je vous remercie pour votre exposé.
J'aimerais revenir sur certaines questions relatives à l'équipage. Dans votre exposé fort intéressant, vous dites:
-
La disponibilité opérationnelle, dans le contexte naval, est une
évaluation de l'état de préparation d'un navire et de son équipage,
soit de leur capacité à exécuter avec succès une tâche, un rôle ou
une mission donnés.
Il est certain que dans le cas de l'équipage d'une plate-forme navale quelconque, compte tenu du perfectionnement de l'armement et des systèmes de détection, tout cela peut avoir une incidence considérable sur la disponibilité opérationnelle.
Est-ce que nous avons des problèmes de recrutement particuliers? Vous parlez de Nortel et on pourrait avoir tendance à croire que le problème tient seulement à la concurrence du secteur privé. Il me semble que plus la technologie devient complexe, plus ce perfectionnement apporte de changements, plus vous aurez besoin de recrues et de personnel particulièrement compétents et spécialisés. Est-ce que vous avez déjà des problèmes de recrutement, ou bien est-ce que vous prévoyez d'en avoir étant donné les nouvelles exigences et les perspectives d'avenir?
Vam G.R. Maddison: Vous avez raison, nous avons besoin de gens particulièrement compétents et spécialisés. Il y aussi d'autres compétences qui ne sont pas aussi spécialisées. En ce qui concerne ces dernières, du moins dans la marine, nous n'avons pas vraiment de problèmes de recrutement et nous n'avons pas trop de mal à retenir nos effectifs. Je pense à des gens comme les manoeuvriers, qui sont les marins à bord des navires responsables des lignes, qui accomplissent diverses tâches à bord et qui jouent un rôle clé lors des abordages dans les opérations d'embargo, par exemple dans le golfe Persique.
À l'heure actuelle, c'est dans le domaine technique que nous avons des problèmes, pour recruter des spécialistes des systèmes d'information, des systèmes de communication, des systèmes d'armement et de détection. Je sais que les forces terrestres et les forces aériennes se heurtent aux mêmes problèmes. Pour cette raison, le CEMD a décidé de mettre en place un programme de recrutement dont les paramètres sont très déterminés. On s'emploie actuellement à trouver de bons éléments pour travailler dans les centres de recrutement, à augmenter le personnel de ces centres, pour faciliter le processus. Une campagne de publicité axée spécifiquement sur les spécialités dont nous avons besoin doit être lancée d'ici un mois environ, je crois.
• 1635
Nous faisons des préparatifs dans le contexte naval sur les
deux côtes, nous avons du personnel supplémentaire pour
l'entraînement de base des recrues car nous prévoyons d'avoir 7 000
ou 7 500 nouvelles recrues au cours des 12 prochains mois alors que
l'année dernière nous en avions 2 500. C'est donc un dossier qui
exige passablement d'effort.
M. Carmen Provenzano: Est-ce qu'il y a également des problèmes particuliers de recrutement sur le plan de l'interopérabilité... [Note de la rédaction: Difficultés techniques]?
Vam G.R. Maddison: Je ne sais pas très bien ce que vous voulez dire. Si vous parlez du point de vue technologique, la question de l'interopérabilité avec les Américains ne pose aucun problème. Cela ne m'empêche pas d'avoir besoin des mêmes compétences pour le groupe canadien, que j'opère avec les Américains ou indépendamment.
M. Carmen Provenzano: Par conséquent, cette volonté d'interopérabilité ne présente pas toutes sortes de problèmes nouveaux, ne vous force pas à trouver des équipages différents pour vos plates-formes.
Vam G.R. Maddison: Non, on n'a pas besoin de recrues différentes, parce qu'en effet ce sont les mêmes compétences de base et les mêmes compétences techniques qui sont requises. Ce que nous devons fournir, ce sont certaines possibilités d'entraînement spécifique pour travailler sur des systèmes spécifiques en collaboration avec vos alliés. Une fois que nous avons les effectifs, nous devons leur donner un complément de formation, des cours supplémentaires pour qu'ils puissent travailler sur un système donné.
Le vice-président (M. Peter Goldring): Merci, amiral.
Nous revenons maintenant à M. Bailey.
M. Roy Bailey: Merci.
Monsieur, vous avez mentionné dans votre rapport que la marine avait besoin d'au moins trois, et de préférence quatre nouveaux navires de soutien. Pour l'instant, vous n'en avez que deux. Vous avez dit que faute d'un troisième navire de ravitaillement, vous aviez très peu de marge de manoeuvre en cas d'imprévus, soit sur la scène nationale, soit pour l'un des groupes d'intervention d'urgence. Pouvez-vous nous dire ce que cela signifie? J'imagine qu'un navire de soutien, s'il sert au transport des troupes de la flotte sur l'une ou l'autre côte, n'est pas ravitaillé en mer, c'est bien ça?
Vam G.R. Maddison: Pour l'instant, nous avons dans la marine deux navires de ravitaillement. Il y en a un sur chaque côte. Par conséquent, il y a un navire de ravitaillement pour les opérations à l'Est et un autre pour les opérations à l'Ouest. Pour l'instant, celui de l'Ouest est en carénage, ce qui doit prendre environ 14 mois, car c'est un carénage majeur. Pendant ce temps, nous devons nous organiser pour ravitailler nos navires en carburant d'une autre façon—par exemple en faisant appel aux Américains—ou encore faire preuve de la plus grande économie lorsque nous nous déplaçons en attendant de refaire le plein. Cela nous enlève beaucoup de marge de manoeuvre.
Le programme que j'essaie de proposer ici, c'est de remplacer ces deux navires par trois navires, sinon quatre, qui pourront non seulement ravitailler les opérations en produits alimentaires, carburant et munitions, mais qui pourront également servir de transporteurs et, par exemple, acheminer jusqu'à 300 véhicules destinés à l'avant-garde de l'armée lorsqu'une intervention d'urgence s'avère nécessaire quelque part dans le monde.
Nous allons donc essayer de conjuguer ces deux capacités d'approvisionnement, le ravitaillement et le transport pour l'armée, et même faire participer les forces aériennes à partir de ce navire. Ainsi, avec trois ou quatre navires de ce genre, je pense que nous devrions avoir la capacité dont nous avons besoin.
M. Roy Bailey: Êtes-vous optimiste, pensez-vous qu'on vous écoutera? Je pense à l'aspect financier, évidemment. Avez-vous des chiffres sur les sommes qui seront nécessaires pour acquérir ces deux navires supplémentaires...?
Vam G.R. Maddison: C'est un projet sur lequel nous avons beaucoup travaillé, et je suis assez optimiste. Je pense que la documentation que nous préparons est très claire et très convaincante. J'espère que nous obtiendrons cela, je n'ai pas de chiffres à vous citer pour l'instant, mais bien sûr, nous chercherons à être le plus économes possible.
M. Roy Bailey: Vous me dites qu'on n'a jamais analysé le coût d'un navire de remplacement?
Vam G.R. Maddison: Une analyse préliminaire des coûts a été effectuée, mais ce n'est pas suffisamment avancé pour que je puisse vous la citer.
M. Roy Bailey: Merci, monsieur.
Le vice-président (M. Peter Goldring): Nous allons maintenant passer à M. Grose.
M. Ivan Grose (Oshawa, Lib.): Merci, monsieur le président.
Vous avez déjà répondu à une question que je pose toujours, il s'agit de la capacité de transport. Peu importe le matériel dont vous disposez, si vous ne pouvez pas le transporter où il le faut, cela ne sert à rien.
Est-ce que vous faites appel à des réservistes dans certaines de vos aventures à l'étranger? Par exemple, à bord des deux frégates qui sont actuellement déployées, y a-t-il des réservistes?
Vam G.R. Maddison: Je n'en suis pas absolument certain, mais s'il y en a, ce ne peut être que quelques-uns. Il y a quelques années, nous avons décidé de confier aux réservistes de la marine des tâches spécifiques, pas seulement pour assister les forces régulières, mais de leur confier des tâches propres. Cela s'est traduit en particulier par des tâches de défense maritime côtière. Dans ce cas-là, il s'agit de surveillance côtière, de souveraineté côtière, avec une capacité modeste de guerre des mines et de repérage de mines, relevés et cartographie des fonds marins, etc. D'ailleurs, ce sont des capacités auxquelles nous avons beaucoup fait appel après la tragédie du vol Swissair 111 lorsque nous cherchions toutes sortes de débris au fond de l'océan. Ce sont les réservistes qui ont utilisé le matériel de ces navires, et ils l'ont fait avec un grand succès.
Nous leur avons donc confié un rôle bien particulier, un rôle différent de celui de la marine régulière. Cela dit, il pourrait arriver de temps en temps que nous déployions certains réservistes sur les navires de nos forces régulières, qu'il s'agisse d'officiers de l'information de combat, d'agents des communications, de manoeuvriers ou d'officiers, mais ils ne seront pas très nombreux.
M. Ivan Grose: Si je vous pose cette question, c'est que dans mon régiment de réserve, dans l'armée bien sûr, il y a presque toujours des gens qui sont envoyés à l'étranger, parfois même plus que souhaitable. La raison pour laquelle je pose cette question, c'est que ce serait une bonne façon de recruter du personnel. En effet, il y a des gens qui ne veulent pas faire carrière dans les forces régulières, mais qui pourraient se joindre à la milice dans l'espoir d'acquérir suffisamment de compétences pour partir en mission pendant six mois, un an, etc. J'en ai parlé à notre commandant, et il pense tout comme moi que cela faciliterait le recrutement.
Toutefois, je comprends la logique de ce que vous faites. Vous entraînez vos réservistes pour accomplir une tâche particulière, quelque chose qui n'aurait pas sa place dans votre flotte à l'étranger...
Vam G.R. Maddison: Je vous interromps un instant; je précise que j'ai deux navires qui reviennent actuellement du nord de l'Europe et qui pendant trois mois ont fait activement de l'entraînement opérationnel, il s'agit de deux navires de défense côtière.
M. Ivan Grose: Bon, merci. Vous avez répondu à cette question.
Pour vous montrer à quel point je suis adaptable, j'ai fait ma courte carrière militaire dans les forces de l'air, je compare cela à l'armée et je me pose des questions au sujet de la marine. Cela vous montre à quel point je suis versatile.
Vam G.R. Maddison: Vous êtes très intégré.
M. Ivan Grose: Cette pénurie de techniciens m'inquiète. Vous pourriez probablement recruter des gens qui pourraient devenir... Je ne connais pas les rangs dans la marine, mais ils pourraient peut-être devenir matelot de première classe après 20 ans. Par contre, les techniciens, c'est une toute autre affaire. Est-ce que vous offrez des conditions attrayantes au technicien? Est-ce que vous lui offrez des promotions et un salaire raisonnable? Ou bien s'agit-il de simples techniciens, avec le même rang que tous les autres après le même nombre d'années?
Vam G.R. Maddison: Pourquoi ne pas demander au commodore Gauvin de répondre à cette question.
Commodore J.J. Gauvin (directeur général, Personnel maritime et disponibilité opérationnelle, ministère de la Défense nationale): En fait, en ce qui concerne les techniciens, nous avons différents plans de recrutement. Nous accueillons les techniciens soit avec une formation partielle, soit pleinement qualifiés. Ils entrent donc dans le service avec un rang différent de celui qu'aurait un matelot ou un marin ordinaire. Autrement, un technicien qui possède des qualifications d'une école technique a déjà une certaine ancienneté et un rang équivalent, lorsqu'il arrive en tant que matelot de première classe. Évidemment, son salaire est plus élevé également.
De plus, il y a une rémunération particulière pour les spécialistes, si bien qu'un technicien sera plus payé qu'un marin du même rang.
M. Ivan Grose: Vous avez dit que Nortel vous prenait certains de vos éléments. Il y a beaucoup de gens de Nortel qui sont en liberté dans Ottawa à l'heure actuelle et vous pourriez les attraper avant de repartir.
Merci.
Le président: Merci.
Monsieur Bailey, à vous.
M. Roy Bailey: J'ai une question très courte. On vous a posé beaucoup de questions, amiral, mais vous avez dit que la capacité de la marine était supérieure à ce qu'elle était il y a 10 ans.
Vam G.R. Maddison: C'est exact.
M. Roy Bailey: Je vais vous poser la question suivante: Nous sommes en 2001, mais si vous sautez à 2011, compte tenu de tout ce dont nous avons parlé aujourd'hui, les remplacements, etc., de quoi pensez-vous avoir besoin en 2011 pour pouvoir donner le même bulletin de santé qu'aujourd'hui?
Vam G.R. Maddison: J'aimerais pouvoir dire exactement la même chose, c'est-à-dire que dans dix ans j'aimerais pouvoir dire que nous avons une disponibilité opérationnelle plus grande encore que celle que nous avons aujourd'hui. Cela me permettrait dans dix ans de faire mon travail mieux que je ne peux le faire aujourd'hui.
M. Roy Bailey: Si vous aviez tout...
Vam G.R. Maddison: Si les programmes que nous proposons se réalisent.
M. Roy Bailey: Pensez-vous que ce sera le cas?
Vam G.R. Maddison: J'en suis convaincu.
M. Roy Bailey: Merci.
Le président: La parole est à M. Wood.
M. Bob Wood: De combien d'argent avez-vous besoin pour réaliser ces programmes? Il s'agit de la disponibilité opérationnelle des Forces armées canadiennes. M. Bailey vous a demandé ce dont vous aviez besoin, et vous avez répondu: ceci, ceci et cela. Quel investissement cela représente-t-il? En effet, nous allons devoir rédiger un rapport sur la disponibilité opérationnelle, et si vous avez besoin d'argent, ce serait peut-être le moment de dire quelque chose.
Vam G.R. Maddison: J'ai toujours besoin d'argent. Il est très difficile de cerner exactement les besoins, parce que très souvent, l'industrie répondra à l'appel et offrira les meilleurs équipements possible au meilleur prix possible. Quant à moi, il ne s'agit pas de centaines de millions de dollars, mais bien de milliards de dollars sur une longue période.
Je ne sais pas combien le programme spatial international coûte parce que ce n'est pas mon domaine. Toutefois, je pense qu'il faudrait quelque chose de l'ordre de plus de deux milliards de dollars, 2,5 milliards de dollars pour remplacer le commandement et le contrôle de la zone de défense aérienne, par exemple, les 280. L'ALSC ne s'en approchera pas, ni de près ni de loin, mais il faudra tout de même nettement plus d'un milliard de dollars. En tout, il faudra peut-être quelque chose comme six à huit milliards de dollars.
M. Bob Wood: Et cela assurera notre disponibilité opérationnelle?
Vam G.R. Maddison: Cela nous permettra de continuer à acquérir les moyens de faire face aux tâches et aux missions des 10 à 15 prochaines années.
M. Bob Wood: Nous sommes loin des 40 millions de dollars d'augmentation que vous aurez l'année prochaine, des 90 millions l'année suivante.
Vam G.R. Maddison: Mais il y a un autre aspect à cette question, le fait que je ne travaille pas d'une façon isolée, mais si je ne travaille pas seul, c'est pour une bonne raison. Lorsque nous avons préparé notre plan ensemble, nous nous sommes demandé si c'était ce dont les Forces canadiennes avaient besoin, nous ne nous sommes pas posé la question au sujet de la marine, de l'armée ou des forces de l'air. Lors de ce processus, nous avons pu faire une liste des priorités parmi les projets d'immobilisations des années à venir.
Avant même que la décision ne soit prise, le premier projet sur la liste, c'était la nécessité de remplacer le Sea King. Mais tout au haut de la liste, il y également la nécessité de remplacer l'AOR, le commandement et le contrôle de la capacité de défense aérienne, c'est-à-dire les 280, le programme spatial international, les programmes de communication militaire par satellite, et la modernisation des Aurora. Voilà six projets qui sont importants pour moi, soit directement soit indirectement, mais il y a également d'autres programmes, le programme «Habillez le soldat», le programme des VBL, etc. Et pour les Forces canadiennes, la difficulté va être de déterminer, compte tenu des ressources qui nous seront allouées, la meilleure façon de faire face à ces besoins.
Il est fort possible que nous n'ayons pas les moyens de tout faire.
M. Bob Wood: Mais vous devez comprendre notre position, car en effet on nous a demandé de démêler tout cela, de mettre au point un système qui soit compatible avec l'armée, la marine et les forces de l'air et qui assure notre disponibilité opérationnelle. À mon avis, cela va être très difficile. Est-ce que vous pensez la même chose, ou bien pensez-vous que ce sera facile?
Vam G.R. Maddison: Non, je pense que ce sera difficile.
M. Bob Wood: Vous avez dit que les nouveaux missiles qui peuvent défendre les navires contre une nouvelle génération de missiles antinavires seront livrés d'ici à l'an 2010. Avec la vitesse de la technologie, amiral, et les progrès techniques, est-ce vraiment réaliste de prévoir un système de défense antimissile qui sera en place dans une dizaine d'années?
Vam G.R. Maddison: Je crois que oui.
M. Bob Wood: Expliquez-moi pourquoi.
Vam G.R. Maddison: D'abord, à l'heure actuelle nous avons trois différents types de missiles embarqués. Nous avons les missiles surface-air de type Sea Sparrow de l'OTAN, qui seront remplacés par le nouveau missile Sea Sparrow à un coût d'environ 500 millions de dollars au cours des cinq ou six prochaines années. Cela nous permettra de confronter les menaces actuelles, mais aussi les menaces auxquelles nous serons confrontés d'ici 15 ou 20 ans.
Deuxièmement, nous avons des missiles mer-air Mark 2, Block 2, à bord nos navires 280—il s'agit de missiles très efficaces qui seront en opération, j'en suis sûr, pour 15 à 20 ans, compte tenu des menaces qui existent, et les capacités actuelles. Ce système nous permettra, selon moi, de modifier vos capacités embarqués pour tenir compte des progrès d'ordre technologique.
Troisièmement, nous avons à bord de nos frégates des missiles surface-surface de type Harpoon, et cette capacité sera très efficace pendant 20 à 25 ans.
Donc, je pense que ce que nous avons, surtout compte tenu du nouveau Sea Sparrow, nous permettra de faire ce que nous devons faire.
M. Bob Wood: Très bien. Merci beaucoup.
Le président: Merci, monsieur Wood.
Comme il n'y a plus de questions du côté de l'opposition, j'espère que je peux poser une question maintenant.
Ma question est dans la même veine que celle qu'a posée M. Wood, quant à la disponibilité opérationnelle des Forces armées et le lien avec les besoins qui changent constamment. J'ai une préoccupation; qu'est-ce que nous utilisons pour mesurer la disponibilité opérationnelle?
Vous avez déjà mentionné, par exemple, que vous avez deux navires qui peuvent être prêts à 10 jours de préavis. Est-ce comparable à la situation qui existait il y a 10 ans? Combien de navires auraient pu être prêts à 10 jours de préavis? Est-ce que c'est comparable aux forces australiennes et aux autres forces dans le monde? Est-ce que les autres forces armées examinent les nouvelles exigences et s'y adaptent-elles aussi?
Vam G.R. Maddison: Il y a 10 ans, aucun navire n'aurait pu être prêt en 10 jours. Il y a 10 ans, lorsque le conflit dans le golfe Persique a éclaté et que le Canada a décidé d'y envoyer trois navires, nous avons fait un travail extraordinaire et déployé des efforts sans arrêt 24 heures sur 24 pendant trois semaines pour équiper ces navires et être en mesure d'opérer dans un théâtre de risques tel que le golfe Persique.
Regardons la situation il y a un an et demi, lorsque j'avais un navire en opération au large de l'Espagne dans le cadre d'une force de réaction immédiate de l'OTAN, et à un moment où on semblait être très près d'un nouveau conflit avec l'Irak. Tout ce que j'avais à faire c'était de prendre le téléphone et de dire au capitaine: «Changez de cap, tribord 15. Vous allez dans cette direction.» Il était déjà prêt. Il y est allé, et 'est occupé encore d'entraînement en passant par le canal de Suez, vers la mer Rouge, et ensuite vers le golfe Persique, et il a fait un travail très efficace pendant un mois et demi.
Le président: Dans votre rapport précédent, vous avez dit qu'il fallait rétablir la souplesse, et vous avez dit que les 8 à 10 millions de dollars qui ont été injectés dans les forces armées suffisaient pour renouveler votre confiance au niveau de vos capacités opérationnelles. Mais est-ce assez pour assurer la souplesse qu'il faudra dans l'avenir, ou est-ce juste suffisant pour joindre les deux bouts pour l'instant?
Vam G.R. Maddison: Le montant d'argent dont j'ai parlé représente ce qui est nécessaire pour continuer à effectuer les tâches qu'on m'a attribuées pour l'année à venir. J'imagine qu'il va me permettre de continuer à pouvoir envoyer le nombre de navires nécessaires au bon niveau de disponibilité opérationnelle afin de faire mon travail. Donc la réponse est simplement oui.
Le président: Maintenant, compte tenu de vos besoins en personnel, en recrutement, pourriez-vous nous donner un chiffre? Quel est l'impact de ce besoin à l'heure actuelle? Qu'est-ce que vous ne pouvez pas faire parce que vous manquez de personnel? Est-ce que cela influe sur votre disponibilité opérationnelle, sur ce que vous voudriez pouvoir faire si vous aviez un effet complet...?
Vam G.R. Maddison: Comme je l'ai dit plus tôt, il me manque environ 400 personnes sur un affectif de près de 9 000. Cette pénurie de personnel m'a obligé à mettre un de mes navires sur la côte Ouest, le NCSM Huron, en disponibilité restreinte au port pour une longue période, et de réaffecter le reste des marins de la compagnie afin de boucher les trous qui existaient. Voilà l'impact que cela a eu.
Le vice-président (M. Peter Goldring): Il y a donc un navire hors service en cale sèche.
Vam G.R. Maddison: Oui, un navire sur la côte Ouest.
Le vice-président (M. Peter Goldring): Qu'est-ce que cela représente en pourcentage de votre flotte opérationnelle? Est-ce qu'un seul navire est touché?
Vam G.R. Maddison: Un navire sur 30.
Le vice-président (M. Peter Goldring): Un navire sur 30.
Quant au recrutement et aux efforts à ce chapitre, quelle est la situation? Comment va le recrutement? Est-il à la hausse? Je sais que vous avez des plans dans ce domaine, mais est-ce que vous voyez des signes que l'on s'intéresse de nouveau à la vie militaire, et qu'est-ce qui explique ce manque d'intérêt? Ce n'est sûrement pas parce que tout le monde travaille dans l'industrie électronique. Quelles autres causes ont un impact sur l'intérêt au niveau du recrutement?
Vam G.R. Maddison: En fait, on voit un intérêt accru dans chacun de nos centres de recrutement sauf, ce qui est intéressant à noter, celui de Calgary. Mais partout ailleurs, depuis deux mois le nombre de demandes reçues par des personnes qui veulent s'enrôler dans les Forces armées a essentiellement triplé.
Donc, de bouche à oreille, même si officiellement nous n'avons pas encore lancé le programme de recrutement au moyen d'une campagne publicitaire et de marketing, les gens savent que nous recrutons, et nous voyons beaucoup de monde dans nos centres.
Le vice-président (M. Peter Goldring): L'a-t-on constaté davantage dans une région que dans une autre? Vous avez mentionné Calgary à titre...
Vam G.R. Maddison: Je ne connais pas la réponse à cette question. Je pense tout simplement que l'économie en Alberta est si florissant que les gens ne se sont pas encore rendus au point où ils veulent aller au centre de recrutement.
Le vice-président (M. Peter Goldring): Eh bien, non, c'est compréhensible pour Calgary. Mais vous avez dit qu'il y a une nette augmentation à travers le pays. Y a-t-il des régions particulières où l'intérêt en matière de recrutement est vraiment manifeste?
Cdr J.J. Gauvin: Il est élevé dans tout le pays. Le seul centre de recrutement au pays où les niveaux de recrutement sont normaux c'est Calgary. Tous les autres centres de recrutement au pays connaissent des taux élevés, c'est-à-dire des taux au moins 10 p. 100 plus élevés que l'on constate traditionnellement. Si ces tendances se maintiennent, au moins 6 000 personnes s'enrôleront cette année, selon nos prévisions.
Le vice-président (M. Peter Goldring): C'est bien.
Monsieur Provenzano.
M. Carmen Provenzano: Je pense qu'on a répondu à mes questions.
M. John O'Reilly: J'en ai une.
Le vice-président (M. Peter Goldring): Monsieur O'Reilly.
M. John O'Reilly: Je voudrais juste une précision. Vous avez dit que la campagne de recrutement n'avait pas encore commencé. Est-ce qu'elle vise la marine seulement? Je vous pose la question parce qu'une campagne de recrutement est en cours à l'heure actuelle. Je ne vais pas au cinéma, mais quelqu'un m'a dit qu'il avait vu une publicité au cinéma l'autre soir invitant les gens à s'enrôler dans les forces armées.
Vam G.R. Maddison: Une campagne publicitaire beaucoup plus large sera lancée d'ici un mois, nous avons faire un véritable blitz.
M. John O'Reilly: Pour la marine?
Vam G.R. Maddison: Non, pour les Forces canadiennes.
M. John O'Reilly: D'accord, parce qu'une très bonne campagne actualisée se déroule à l'heure actuelle. Vous dites qu'elle est peu médiatisée...
Vam G.R. Maddison: Oui, mais c'est une campagne relativement mineure comparée à ce que vous allez voir.
M. John O'Reilly: Ah bon, d'accord.
Merci, monsieur le président.
Le vice-président (M. Peter Goldring): Merci, monsieur O'Reilly.
Monsieur Wood.
M. Bob Wood: J'ai une petite question rapide, amiral. Vous avez participé à des manoeuvres avec nos alliés de l'OTAN. Est-ce que notre équipement était comparable au leur? Sont-ils en avance sur nous ou derrière nous, ou sur un pied d'égalité avec nous? Où nous situons-nous?
Vam G.R. Maddison: Dans certains cas, nous sommes à un très haut niveau. Je crois avoir dit dans mes commentaires liminaires que nous avons une excellente réputation au niveau international, et c'est absolument incontestable. Des gens de partout au monde nous demande la participation canadienne à des exercices de formation ou à des opérations précises.
Notre marine est la seule au monde à être entièrement intégrée aux groupes aéronavals américains. La raison, c'est parce que nous avons une excellente capacité et que les Américains ont confiance en notre capacité de faire le travail.
M. Bob Wood: Très bien. Merci.
Le vice-président (M. Peter Goldring): Merci, monsieur Wood.
S'il n'y a plus de questions, j'aimerais vous remercier infiniment, amiral.
Vam G.R. Maddison: Je vous en prie. Merci.
Le vice-président (M. Peter Goldring): La séance est levée.