:
Je déclare la séance ouverte.
Ceci est la 29e séance du Comité permanent de la justice et des droits de la personne. Nous sommes le mardi 19 octobre 2010.
Vous avez l'ordre du jour devant les yeux. Mais avant de commencer nos travaux, j'aimerais vous dire que je souhaiterais que nous réservions 15 minutes, à la fin de la séance d'aujourd'hui, pour examiner à huis clos la motion de M. Dechert que nous avons laissée en suspens à notre dernière réunion. Il s'agit d'une motion sur le crime organisé.
Nous entreprenons maintenant notre examen du projet de loi , Loi concernant la déclaration obligatoire de la pornographie juvénile sur Internet par les personnes qui fournissent des services Internet. Pour nous aider dans notre étude, nous recevons le ministre de la Justice et procureur général du Canada, Rob Nicholson. Il est accompagné de hauts fonctionnaires du ministère de la Justice. Nous accueillons de nouveau Catherine Kane, directrice générale et avocate générale principale, et Normand Wong, avocat, qui font tous les deux partie de la Section de la politique en matière de droit pénal. Nous recevrons également Jean-François Noël, également avocat à la Section de la politique en matière de droit pénal, qui se joindra à nous une fois que le ministre sera parti.
Je vous demanderais d'éteindre vos téléphones cellulaires ou de les mettre en mode vibration. Je voudrais également que toutes les personnes assises autour de la table s'assurent que leur BlackBerry n'est pas placé à proximité des microphones, pour éviter toute interférence.
Monsieur Lemay.
:
Merci beaucoup, monsieur le président. Je suis content d'être de retour parmi vous.
Avant de me lancer dans ma déclaration, je vais donner suite à la demande du comité de recevoir une copie du rapport sur les consultations en table ronde portant sur la justice pénale pour les adolescents auxquelles j'ai participé un peu partout au Canada. Je tenais à remercier le comité pour son travail sur ce projet de loi et aussi sur l'ensemble des mesures législatives en matière de justice. Je vous promets de déposer le rapport devant le comité avant la fin de la semaine prochaine.
Monsieur le président, je vais maintenant vous parler du projet de loi , Loi sur la protection des enfants contre l'exploitation sexuelle en ligne. Elle vise la déclaration obligatoire de la pornographie juvénile sur Internet par les personnes qui fournissent des services Internet.
[Français]
Le projet de loi permettra d'accroître la capacité du Canada de protéger les enfants contre l'exploitation sexuelle, et ce, de plusieurs façons.
[Traduction]
Premièrement, il permettra de renforcer notre capacité à détecter d'éventuelles infractions en matière de pornographie juvénile. Deuxièmement, les rapports que permettra de générer ce projet de loi nous aideront à bloquer les sites de pornographie infantile au moyen de l'initiative actuelle de Cleanfeed Canada. Troisièmement, cette mesure législative facilitera l'identification, l'appréhension et la poursuite des personnes trouvées en possession de matériel de pornographie juvénile. Et plus important encore, elle permettra d'identifier les victimes pour les arracher à leurs prédateurs sexuels.
Même si cette mesure législative renforce et complète l'ensemble des interdictions prévues actuellement dans le Code criminel en matière de pornographie juvénile, elle se concentre plus particulièrement sur la pornographie infantile sur Internet et sur ceux qui fournissent des services Internet au public, pour deux raisons. Premièrement, l'augmentation du nombre de sites de pornographie juvénile, ces dernières années, est en grande partie attribuable à la prolifération d'Internet. Deuxièmement, les personnes ou entités qui fournissent des services Internet au public sont mieux placées que quiconque pour relever des incidents sur leurs réseaux ou être informées de ces incidents par les utilisateurs.
J'aimerais en outre profiter de l'occasion qui m'est donnée pour clarifier certains points quant à la portée de ce projet de loi. Tout d'abord, je tiens à insister sur le fait que cette mesure législative ne couvrira pas que les FSI. Le terme FSI, qui désigne les fournisseurs de services Internet, fait normalement référence à ceux qui donnent l'accès à Internet — autrement dit ceux qui fournissent les câbles et signaux qui entrent dans nos maisons. Cette mesure législative s'appliquera à quiconque fournira un service Internet au public. Au sens du projet de loi, cela inclut les FSI et d'autres fournisseurs d'accès, ceux qui offrent des services messagerie électronique, comme les services de messagerie utilisant le Web, ainsi que tous ceux qui hébergent des contenus Internet, comme des sites de réseautage sociaux.
Par ailleurs, cette mesure législative s'appliquera non seulement aux personnes dont l'activité principale est de fournir des services Internet, mais aussi à ceux qui fournissent des services Internet complémentaires au public, comme les cybercafés, les hôtels, les restaurants et les bibliothèques publiques. Je tiens également à préciser, bien-sûr, que les personnes qui commettent des infractions en matière de pornographie juvénile sont déjà passibles de poursuites en vertu du Code criminel, et c'est ainsi depuis 1993.
Ce projet de loi permettra d'imposer de nouvelles obligations aux fournisseurs de services Internet destinés au public. La première obligation sera de transmettre à un organisme désigné toute adresse Internet portée à leur attention et qui pointerait vers un site Web où se trouve du matériel de pornographie juvénile. En obtenant ces adresses Internet, l'organisme désigné disposera de suffisamment de renseignements pour s'acquitter de ses obligations en vertu de la loi. Lorsqu'il recevra une communication, l'organisme désigné commencera par déterminer si l'information concernant l'adresse Internet contient effectivement du matériel de pornographie juvénile au sens du Code criminel. Par la suite, il localisera physiquement les serveurs Web qui hébergent le matériel en question. Une fois qu'il aura confirmé qu'il s'agit bien de matériel illégal et qu'il aura localisé le site Web visé, l'organisme désigné transmettra l'information à l'organisme approprié chargé de l'application de la loi pour qu'il prenne les mesures qui s'imposent.
La deuxième obligation que devront respecter les fournisseurs de services Internet destinés au public sera de prévenir la police lorsqu'ils auront des raisons de croire qu'une infraction relative à la pornographie juvénile a été commise au moyen de leur service Internet. Par exemple, si pendant qu'il effectue un entretien de routine sur ses serveurs, un fournisseur de messagerie électronique découvre que la boîte de courrier d'un de ses utilisateurs contient du matériel de pornographie juvénile, il devra déclarer à la police qu'il a des raisons de croire qu'une infraction relative à la pornographie juvénile a été commise en utilisant ses systèmes; il devra aussi fournir à la police les preuves pour étayer ses allégations. De plus, le fournisseur aura l'obligation de conserver les preuves pendant 21 jours, après avoir alerté les autorités. Cela donnera à la police un délai raisonnable pour obtenir une ordonnance judiciaire afin de conserver les preuves plus longtemps ou de recueillir davantage de preuves, sans crainte que celles-ci ne soient détruites entre-temps.
Le fournisseur de services qui aura prévenu la police devra détruire toute l'information qu'il n'aurait pas conservée normalement après la date limite de 21 jours, à moins qu'un tribunal n'en ait décidé autrement.
Toute personne qui fait une déclaration ou envoie un avis en vertu de ce projet de loi sera également tenue de ne pas rendre publics la déclaration ou l'avis, de façon à éviter toute fuite qui pourrait nuire à l'enquête criminelle.
Une autre des caractéristiques du projet de loi , c'est qu'il a été conçu de manière à ce que l'on puisse travailler de concert avec les autorités provinciales et étrangères qui ont déjà adopté des lois en matière de déclaration obligatoire de la pornographie juvénile. Cette mesure législative vise à limiter la possibilité de dupliquer les déclarations en matière de pornographie juvénile pour ceux qui ont déjà dû communiquer des renseignements en application d'une loi d'une province ou d'un État étranger.
Il importe de noter que le projet de loi C-22 se conforme au principe selon lequel la loi ne devrait pas créer de nouveaux consommateurs de pornographie juvénile ni contribuer à une plus grande diffusion du matériel. C'est la raison pour laquelle le projet de loi dit explicitement qu'il n'autorise ou n'oblige quiconque à chercher de la pornographie juvénile.
Cela signifie également que les fournisseurs de services Internet ne seront pas tenus de surveiller leurs réseaux pour chercher du matériel de pornographie infantile ni d'enquêter sur les activités de leurs utilisateurs. On ne leur demandera pas non plus de vérifier une adresse Internet pour en confirmer le contenu. Il est important de comprendre que même si les fournisseurs de services Internet doivent obligatoirement déclarer la présence de matériel de pornographie juvénile en vertu de cette loi, la perpétration d'une infraction relative à la pornographie juvénile est déjà couverte par le Code criminel.
Le projet de loi C-22 vise à envoyer le message à ceux qui fournissent des services Internet au public selon lequel ils ont l'obligation sociale, morale, et maintenant légale, de déclarer toute présence de matériel odieux sur leurs serveurs. Nous croyons que les peines prévues dans cette mesure législative constituent un juste équilibre entre cet objectif et l'objet véritable de ce projet de loi, qui est le respect de la loi.
[Français]
Afin de réaliser l'objectif de la loi, qui est d'améliorer la protection des enfants, le gouvernement veut faire en sorte que tous ceux qui fournissent des services Internet au Canada se conforment à la loi, et non pas seulement les principaux fournisseurs de services Internet qui signalent déjà volontairement de tels cas et prêtent assistance à la police.
[Traduction]
Ce sont les principaux éléments du projet de loi, monsieur le président.
J'espère pouvoir compter sur votre appui à ces mesures très importantes.
Merci.
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Pour poursuivre dans la même veine, monsieur le ministre, lorsque nous avons parlé du projet de loi qui a précédé celui-ci — je pense que c'était le —, il semble que les provinces nous aient damé le pion et vous aient damé le pion à vous aussi, monsieur le ministre, ainsi qu'au gouvernement.
C'est un bon projet de loi. À mon avis, il ne contient rien d'exagéré qu'on pourrait contester. Il devrait être adopté, cela ne fait aucun doute. Nous pourrions entendre quelques témoins, par exemple.
Mais avant la reprise des travaux à l'automne 2010 — après la prorogation et autres priorités politiques au programme de votre gouvernement —, la Nouvelle-Écosse a déposé sa loi sur le devoir de signaler les cas de pornographie juvénile, loi qui est entrée en vigueur en avril 2010. L'Alberta lui a emboîté le pas en adoptant aussi sa propre mesure législative. Elle emploie d'ailleurs un langage encore plus étrange que celui utilisé dans votre loi, monsieur le ministre. Cette mesure législative est entrée en vigueur le 1er juillet 2010.
Blague à part, j'aimerais maintenant parler de choses sérieuses et savoir pourquoi certaines provinces canadiennes ont adopté des lois plus strictes que celle-ci; je fais référence à la Nouvelle-Écosse. L'article 3 de la loi qu'elle a adoptée dit que toute personne qui croit raisonnablement qu'une représentation ou du matériel pornographique juvénile... devra immédiatement déclarer... Alors que dans votre projet de loi — ou devrais-je plutôt dire dans le nôtre, puisque nous sommes tous dans le même bateau ici —, on se limite strictement aux fournisseurs de service. C'est beaucoup plus étroit.
Je croyais que vous vouliez vous aligner sur les provinces qui ont déjà adopté des lois en la matière. Je pense à l'obligation du gouvernement fédéral d'adopter des lois, dans ce pays, qui garantissent le même niveau de protection et de prévention à l'égard de la pornographie juvénile que celui qui existe dans toutes les provinces. Pourquoi n'envisagez-vous pas de renforcer votre loi fédérale pour qu'elle soit davantage conforme, par exemple, avec cet article de la loi néo-écossaise que je viens de vous lire? C'est la même chose pour la loi adoptée en Alberta.
Je doute que cela suscite beaucoup d'opposition, puisqu'on parle de déclaration obligatoire. Y a-t-il une raison pour laquelle nous avons opté pour une version moins contraignante?
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Vous avez parlé de différentes choses, monsieur Murphy, entre autres du projet de loi de l'Alberta. Il n'est pas encore promulgué, ni d'ailleurs celui de l'Ontario. Le Manitoba et la Nouvelle-Écosse, par contre, se sont dotés de lois, et bien entendu, nous apprécions et encourageons la coopération des provinces dans la réglementation de ces activités.
Je ne suis néanmoins pas tout à fait sûr de comprendre ce que vous entendez quand vous dites que ce projet de loi « ne contient rien d'exagéré ». C'est un bon projet de loi. C'est une bonne idée que d'exiger des fournisseurs de services Internet qu'ils déclarent les cas de pornographie juvénile qu'ils découvrent, ou qu'ils transmettent l'information à ce sujet qu'ils reçoivent ou qui est portée à leur attention.
Je répète que ce projet de loi est un complément de ce qui se fait déjà. Il vient étayer, en fait, des mesures que d'autres pays ont déjà adoptées. J'ai eu de longs entretiens, plus tôt cette année, avec mes homologues procureurs généraux des États-Unis, de la Grande-Bretagne, de l'Australie et de la Nouvelle-Zélande. Ils me faisaient remarquer à quelle vitesse la pornographie juvénile se raffine et se répand dans le monde entier. Elle devient de plus en plus sophistiquée. Je leur ai dit, vous pensez bien, que nous allons continuer de coopérer comme nous l'avons fait jusqu'à maintenant, que l'information sera communiquée et que nous travaillerons ensemble.
Alors non, les provinces n'ont pas pris le contrôle, dans ce dossier, mais il est certain que nous sommes heureux de les voir prendre des initiatives. Non seulement n'est-ce pas une loi « exagérée », pour reprendre votre terme, mais c'est une loi qui est nécessaire et que la population du pays voit d'un oeil très favorable. Alors je vous incite vivement à balayer vos hésitations sur ce projet de loi ou, d'ailleurs, à tout projet de loi relatif au Code criminel à l'étude ou que nous allons proposer. Adoptons-le donc. C'est la prochaine étape logique de la lutte contre la pornographie juvénile au pays. La loi sera bien accueillie ici; les provinces, qu'elles aient ou non adopté des règlements ou des lois en la matière, lui feront bon accueil, de même, certainement, que nos partenaires étrangers, qui ne cherchent comme nous qu'à protéger les enfants.
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Je reviens à ce qu'on disait. Je n'ai que les ressources de l'opposition, qui sont bien minces en comparaison des vastes ressources du ministère de la Justice, mais d'après mon dossier, la loi de l'Alberta est entrée en vigueur le 1
er juillet 2010. Revenons donc à ce sur quoi nous nous entendons.
Monsieur le ministre, nous sommes d'accord sur ce projet de loi. Si je peux m'exprimer plus clairement, si toutefois c'est possible, ce que je dis c'est que les exigences de divulgation de la loi de la Nouvelle-Écosse entrée en vigueur le 13 avril 2010, par exemple, dont nous avons tous deux parlé, ratissent bien plus large. Cette loi stipule que quiconque a des motifs raisonnables de croire avoir vu de la pornographie juvénile doit le signaler à une entité de déclaration. J'estime que c'est raisonnable. Seules des amendes, et non des peines d'emprisonnement, sont prévues pour tout manquement à cette règle. C'est le genre d'obligation positive qu'il nous faut pour mobiliser les citoyens, parce que c'est tellement répandu.
Donc, monsieur le ministre, pourquoi ne pas suivre cet exemple et proposer quelque chose comme cet article 3 de la loi de la Nouvelle-Écosse?
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J'ai parfois tendance à dire d'Internet ce que Socrate disait des langues, soit qu'il s'agit de la chose la plus merveilleuse qui soit, en raison de toutes les bonnes choses que l'on peut dire et communiquer, mais c'est aussi la chose la plus affreuse qui soit, à cause de toute la haine qu'elle peut engendrer.
Internet a des applications extrêmement utiles et profitables pour la société moderne dans laquelle nous vivons, mais peut aussi avoir un effet grossissant de nos plaies. La pornographie juvénile n'est pas la seule chose qui circule dans Internet qui soit condamnable. Il y a aussi des sites Internet qui permettraient de prévoir des meurtres en série. Je fais allusion notamment à ce que nous avons vécu au Québec. Il est à peu près certain que si on avait décelé le site Internet de celui qui a commis les assassinats au collège Dawson de Montréal, on aurait pu aller chercher ses armes.
Encore récemment, la police a arrêté quelqu'un à Montréal dont le site Internet indiquait nettement qu'il pourrait se livrer à des meurtres. Il y a probablement aussi autre chose. Ici, on parle de pornographie juvénile, mais il y a aussi la pornographie tout court, qui est indigne, généralement pour les femmes.
Prévoyez-vous que cette agence pourra effectivement s'occuper de diverses attitudes dangereuses qui sont véhiculées par Internet?
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Pour ce qui est de la situation exacte, je sais que la GRC a fait des progrès, mais ce sont probablement les responsables de la sécurité publique qui ont le plus avancé.
Quand je préparais ce projet de loi, j'ai fait des recherches sur ce qui se fait en la matière. J'ai parlé de Cybertip et des mesures qui existent déjà pour déclarer l'existence de sites. J'ai parlé du projet Cleanfeed et de la collaboration actuelle entre les fournisseurs de services Internet.
J'ai été clair, les grands fournisseurs de services Internet communiquent ces renseignements maintenant, de façon continue. Je répète que ce n'est pas seulement une bonne idée; c'est, moralement, la chose à faire. Il faut créer une obligation juridique. Pas moins de 300 fournisseurs de services Internet, pas seulement les plus importants, mènent ce genre d'activité.
Nous sommes tous sur la bonne voie, monsieur Comartin. Encore une fois, je suis heureux de constater que vous semblez être prêt à appuyer ce projet de loi.
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Monsieur le président, je vais partager mon temps de parole avec mon collègue Brent.
Merci, monsieur le ministre, d'être parmi nous aujourd'hui.
J'ai assisté à la 19e rencontre annuelle de l'Assemblée parlementaire de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe, qui s'est tenue du 6 au 10 juillet 2010 à Oslo, en Norvège. J'ai eu l'honneur de présenter, au nom du Canada, une résolution qui était le coeur du projet de loi , soit la déclaration obligatoire de cas de pornographie juvénile sur Internet par les fournisseurs de services Internet.
Cette assemblée est composée de 57 pays qui envoient chacun, en moyenne, deux parlementaires y assister. La résolution que j'ai eu l'honneur de présenter au nom du Canada avait été approuvée par votre ministère. Elle a été soumise au comité chargé des questions de justice à l'OSCE, puis a été acceptée à l'unanimité. Ensuite, elle a été présentée à l'Assemblée parlementaire à laquelle siègent les 57 pays et, là également, a été adoptée à l'unanimité.
Il s'agit du coeur du projet de loi . À l'heure actuelle, le Canada est considéré comme un leader dans ce domaine, qui est hautement technologique. Certains pays ne disposent pas de toute cette technologie et trouvent que nous sommes de très bons leaders en la matière.
Des personnes qui m'accompagnaient, notamment des gens du Bloc québécois et du Parti libéral, nous ont aidés dans le cadre de cette présentation. J'aimerais vous remercier, monsieur le ministre, en mon nom et surtout au nom des enfants. Ce sont eux qu'on doit protéger. Je vous remercie de votre soutien. J'ai vu qu'au cours de votre carrière, vous aviez mené un combat incessant pour protéger les enfants.
Je vais maintenant laisser à mon collègue Brent l'occasion de poser des questions.
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Je répondrai volontiers à M. Petit.
Monsieur Petit, je vous remercie pour vos aimables propos, et je tiens aussi à vous féliciter. J'étais au courant de votre démarche et je la suivais avec intérêt. Je tiens à ce que vous sachiez qu'elle est très appréciée. Je crois savoir qu'elle est appréciée aussi hors du pays, parce qu'une partie du défi pour nous est d'avoir l'appui de tout le monde pour nous attaquer à ces problèmes.
C'est l'une des questions qui ont été soulevées dans les entretiens que j'ai eus lors d'une réunion tenue plus tôt cette année avec mes homologues de l'Organisation des États américains, et aussi durant la dernière réunion des ministres de la Justice du Commonwealth. Ils voulaient s'assurer que des lois étaient en vigueur, portant sur ces enjeux, et qu'elles étaient à jour. Parce que c'est là un problème qui se pose pour nous. La technologie évolue très rapidement. Ces crimes deviennent toujours plus complexes. Nous avons le devoir et la responsabilité de participer sans relâche à la lutte pour protéger les enfants.
Je répète que le problème ne se pose pas que pour le Canada, les États-Unis ou la Grande-Bretagne. C'est un problème qui transcende toutes les frontières. Tant que nous luttons coude à coude avec d'autres pays, nous sommes sur la bonne voie. C'est pourquoi j'ai été particulièrement heureux que votre résolution jouisse d'un soutien si généralisé. Je vous remercie encore une fois pour vos efforts.
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Merci, monsieur le président.
Merci, monsieur le ministre, de votre présence aujourd'hui. Merci également aux représentants de votre ministère.
J'aimerais vous féliciter non seulement pour ce projet de loi, mais aussi pour toutes les mesures prises par le gouvernement dans le cadre de son plan visant à rendre nos collectivités plus sécuritaires. Comme vous le savez, il y a le , mettant fin à la détention à domicile, et le , mettant fin à la disposition de la dernière chance et touchant les peines pour fraude; et il y en a bien d'autres.
Monsieur le ministre, je sais que vous consultez fréquemment les groupes qui ont un intérêt dans ces projets de loi en particulier. En ce qui concerne celui qui a été renvoyé à notre comité, je suis curieux de savoir qui sont ces groupes d'intérêt, ce qu'ils vous ont dit au sujet du projet de loi et s'il y a des gens qui s'y opposent. Bien honnêtement, j'en doute. Je ne peux pas croire que quelqu'un pourrait s'y opposer, mais je peux me tromper.
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Eh bien, merci beaucoup, monsieur Rathberger, et merci beaucoup de votre intérêt, de votre préoccupation et de votre participation aux travaux du comité.
Vous avez parfaitement raison. Au cours de mes déplacements partout au pays, lorsque je discute avec les gens de ma circonscription à Niagara Falls, à Fort Erie et à Niagara-on-the-Lake, lorsque je parle avec les organismes chargés de l'application de la loi, et particulièrement lorsque je m'entretiens avec les groupes de victimes, les Canadiens appuient unanimement les initiatives comme celle-ci qui visent à mieux protéger les enfants contre l'exploitation sexuelle, les enfants qui sont victimes de pornographie juvénile.
Lorsque j'écoute les suggestions, lorsque j'entends les histoires des groupes de victimes... Vous avez mentionné deux projets de loi. La disposition de la dernière chance est un excellent exemple. Les groupes de victimes me disent qu'ils ne veulent pas être victimisés encore et encore, et c'est ce qui arrive avec une disposition comme celle de la dernière chance. Cela étant dit, nous essayons de parler au nom de ces victimes de partout au pays qui veulent se faire entendre à Ottawa. Ces gens veulent voir des changements qui les protégeront mieux.
Lorsque je leur parle de mieux protéger les enfants contre l'exploitation sexuelle, ils appuient fortement ces mesures. Je l'ai répété au cours de mes années à titre de ministre de la Justice. Lorsque les députés retournent dans leur circonscription, comme je le fais, et disent à leurs électeurs que nous pensons adopter cela à Ottawa, je crois que les gens disent en très grande majorité que oui, nous sommes sur la bonne voie; c'est ce que nous devons faire.
Merci encore une fois de votre question.
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Oui. Nous disposons de cinq minutes. Donc, je prendrai la moitié du temps; et mon collègue, l'autre moitié.
Merci, monsieur le ministre.
Comme mon collègue Brian Murphy l'a mentionné, le Parti libéral appuie ce projet de loi. Nous appuyons ses objectifs.
Nous avons deux ou trois réserves. La première concerne l'organisme auquel les gens signaleront leurs soupçons ou leurs doutes raisonnables. Avez-vous choisi cet organisme? Est-ce que ce sera Cyberaide.ca, comme au Manitoba, et le cas échéant, le gouvernement fédéral apportera-t-il un soutien financier à Cyberaide.ca pour qu'il s'occupe de ce travail?
Deuxièmement, et très brièvement, concernant la question du type de renseignements que les FSI or toute autre personne qui fournit des services Internet doivent signaler aux autorités policières, le paragraphe 2(1) du projet de loi aborde les données informatiques, qui y sont définies assez vaguement, alors que la définition américaine est très précise. Je me demande quels renseignements doivent être signalés exactement et s'ils sont identiques ou si vous vous attendez à ce qu'ils soient semblables à ce qui est exigé aux États-Unis, pourquoi ils ne sont pas précisés dans le projet de loi.
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En ce qui concerne l'organisme désigné, comme je l'ai dit à M. Comartin, je n'ai rien annoncé à ce sujet.
Vous m'avez demandé s'il y a ou s'il y aurait des fonds prévus pour un service comme Cyberaide. Cet organisme en reçoit actuellement du gouvernement fédéral. Il obtient un financement du fédéral régulièrement, et selon mon expérience avec ce service — je vais le dire publiquement —, je crois que l'argent des contribuables est bien investi en soutenant cet organisme.
Je note vos réserves au sujet du projet de loi. Encore une fois, il a été rédigé très méticuleusement. Effectivement, nous regardons ce que nos homologues font dans les autres pays, mais en fin de compte, le projet de loi a été rédigé en fonction de nos besoins et de nos exigences, et je crois qu'ils ont été respectés.
Voulez-vous ajouter quelque chose, monsieur Wong?
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Vous avez abordé différents aspects, monsieur Lemay. Votre remarque d'ouverture m'encourage. D'après la traduction, personne ne peut être contre la vertu. Je suis heureux de l'entendre. Je vais me rappeler cette phrase et je vous en remercie.
Vous avez dit que nous pouvons tenir pour acquis que ce projet de loi sera adopté. Durant mes quatre années à la barre du ministère de la Justice, je peux vous dire que, et croyez-moi, je ne tiens pas l'adoption de quelque chose au Parlement pour acquis. Que ce soit la Chambre des communes ou le Sénat, nous les surveillons très attentivement. Je tiens à être très clair que je ne tiens rien pour acquis dans le domaine de la justice pénale, que ce soit ce projet de loi ou toute mesure législative.
En ce qui concerne la mise en oeuvre du projet de loi, nous voulons effectivement le faire et promulguer ces articles. Nous voulons désigner l'organisme qui serait désigné. Si on fait appel à l'organisme que m'a suggéré l'un de vos collègues, des fonds du fédéral sont déjà en place pour financer ces organismes.
Encore une fois, en ce qui concerne les autorités policières au Canada, la GRC et les corps de police municipaux et régionaux existent déjà. Les renseignements leur sont envoyés et ils continueront de les recevoir.
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Merci, monsieur le président.
Monsieur le ministre, je vous remercie d'être ici aujourd'hui et d'avoir présenté ce projet de loi à la Chambre. J'aimerais aussi vous remercier pour votre rôle de chef de file en ce qui concerne le dépôt en Chambre des nombreuses mesures législatives du programme de notre gouvernement en matière de justice pénale. À mon avis, cela permettra d'assurer la sécurité de nos collectivités et de nos familles.
Je suis aussi encouragé par ce que j'ai entendu aujourd'hui de la part de nos amis d'en face au sujet de leur appui à ce projet de loi. J'espère qu'ils passeront sans tarder à l'étude article par article du projet de loi pour que nous puissions le renvoyer à la Chambre pour approbation finale.
Chaque fois que le gouvernement propose une nouvelle mesure législative, monsieur le ministre, on demande inévitablement pourquoi. À mon avis, il est extrêmement important que le gouvernement continue de chercher des façons d'améliorer notre système de justice pénale et d'assurer la sécurité des Canadiens respectueux de la loi, en particulier les personnes les plus vulnérables et les jeunes. Cependant, pour ce qui est de ce projet de loi, certaines personnes se demanderaient si les fournisseurs d'accès Internet n'omettraient pas actuellement de signaler les cas de pornographie juvénile sur Internet.
Monsieur le ministre, pouvez-vous renseigner le comité sur les effets qu'aura ce projet de loi, s'il vous plaît?
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Eh bien, en un sens, je pense que vous avez raison en ce qui concerne les fournisseurs d'accès Internet. En ce moment, les fournisseurs principaux communiquent ces renseignements de façon volontaire. Mais ce ne sont pas seulement les fournisseurs principaux qui sont concernés. Comme je l'ai indiqué au cours de mon témoignage, il y a environ 300 autres fournisseurs d'accès Internet qui exercent leurs activités dans ce domaine.
Encore une fois, il me semble qu'il n'est pas suffisant que les gens aient l'obligation morale de le faire. Il n'est pas suffisant que les gens doivent le faire parce que c'est la chose à faire. Ils devraient le faire, et ils ont certainement l'obligation morale d'appuyer les enquêtes sur la pornographie sur Internet. Mais je crois qu'il devrait y avoir une obligation juridique et je crois que c'est la prochaine étape dans la mise à niveau et la modernisation de nos lois en matière de pornographie juvénile.
Nous devons le faire. Le niveau de perfectionnement des méthodes utilisées dans ce domaine est ahurissant. Au cours de mon voyage à Washington, comme je l'ai mentionné, j'ai entendu un exposé du secrétaire à la Justice des États-Unis et de ceux qui travaillent avec lui, et j'ai été sidéré de constater que les gens deviennent si sophistiqués dans leurs efforts pour exploiter les enfants. Encore une fois, cela ne fait que souligner le message qui s'adresse à nous tous et qui dit que nous devons continuellement revoir nos lois pour répondre à ce genre de fléau et faire en sorte que les organismes d'application de la loi aient les outils nécessaires pour avoir raison de ce crime terrible.
Donc, pour répondre à votre question qui consiste à savoir pourquoi nous le faisons, c'est parce que c'est la bonne chose à faire. C'est moralement souhaitable. Nous devrions le faire pour mieux protéger les enfants du pays et pour mieux protéger les enfants du monde entier. Ce qu'on me dit, c'est que souvent, ces images d'exploitation sexuelle des enfants ne sont pas filmées au Canada; très souvent, elles proviennent de l'extérieur des frontières du Canada. Nous voulons travailler avec les organismes d'application de la loi à l'étranger pour offrir à ces enfants la protection dont ils ont si cruellement besoin.
Encore une fois, il s'agit d'un pas dans la bonne direction. Je ne tiens pas l'adoption de ce projet de loi pour acquise. Je m'inquiète quand les gens disent que certains aspects du projet de loi les préoccupent. Il est simple. Il remplit son rôle. Il devrait être adopté aussi rapidement que possible.
Je regarde la définition de services Internet et je n'utilise que les mots « courrier électronique » qui sont dans l'article du projet de loi qui porte sur les définitions. Services Internet comprend d'autres choses, mais l'une d'elles est le courrier électronique. Donc, si vous descendez jusqu'au paragraphe 3 — une des obligations — et que vous remplacez les mots « services Internet » par « courrier électronique », cela donne ceci, et je cite: « La personne qui est avisée, dans le cadre du courrier électronique... "— les courriels—"... qu'elle fournit au public, d'une adresse de protocole Internet... », etc.
Selon la lecture que j'en fais, la portion sur les obligations semble mettre en cause une personne qui, pendant qu'elle envoie un courriel au public, prend connaissance de cette information. Cette personne pourrait ensuite être assujettie aux dispositions de cette loi de mouchard. Et j'utilise l'expression « loi de mouchard » parce que c'est ce qu'elle est. Autant l'objectif du projet de loi est noble, autant il s'agit d'une loi de mouchard on ne peut plus simple, semblable au genre de lois qu'ils avaient en Allemagne de l'Est après la Seconde Guerre mondiale.
Quoi qu'il en soit, pourrais-je vous demander, s'il vous plaît, de me confirmer qu'en de telles circonstances une personne qui enverrait un courriel au public serait tenue à l'obligation contenue dans ce paragraphe, à défaut de quoi elle pourrait être poursuivie et reconnue coupable en vertu de cette loi?
Je vais essayer de me limiter au sujet de ce que M. Lee a dit, mais en fait, la loi ne parle pas de courriels. Le texte dit « dans le cadre des services Internet qu'elle fournit au public ». Donc, j'ose espérer que si M. Lee envoie des courriels à la tonne et découvre que ses courriels comprennent une adresse de protocole Internet ou une adresse URL où pourrait se trouver de la pornographie juvénile, il n'hésitera pas à le déclarer.
Cependant, j'ai d'autres chats à fouetter, et j'aimerais attirer l'attention des témoins sur l'article 10, qui indique simplement qu'une personne qui communique des renseignements en application de la « loi d'une province ou d'un État étranger sur la déclaration obligatoire de la pornographie juvénile est réputée s'être conformée à la présente loi à l'égard de ces renseignements ». Je suis préoccupé par le fait que se contenter de communiquer des renseignements en application de la loi d'une province ou d'une autre autorité pourrait ne pas suffire si ces lois ne comportent pas une disposition de préservation, comme c'est le cas pour cette loi, qui oblige la personne qui déclare à préserver les données informatiques.
Je me demande si vous ne pourriez pas revenir en arrière et vous demander si l'article 10 ne serait pas trop vague, de sorte qu'il pourrait nous empêcher de préserver les preuves tout simplement parce que c'est la loi d'une province ou d'un État étranger qui a été respectée. Pourrais-je vous demander simplement de le retravailler et de réfléchir au point que j'ai soulevé, s'il vous plaît?
:
Exactement. Donc, si une personne envisageait de le modifier, elle pourrait remplacer l'expression « la présente loi » par « l'article 3 de la présente loi », mais je vais laisser à des esprits plus sages le soin de s'en occuper.
J'ai aussi une ou deux questions techniques en ce qui concerne l'article 4. Souvent, si je me souviens bien, on utilise simplement, dans le Code criminel — et je regrette de ne pas l'avoir apporté —, « agent de la paix », et j'ai remarqué qu'à l'article 4, vous utilisez une expression complètement différente pour parler des « agent de police ou toute autre personne chargée du maintien de la paix publique ». Je me demandais pourquoi vous utilisiez cette formulation particulière plutôt que celle qui, à mon avis, est plus simple et que l'on trouve dans le Code criminel.
J'ai aussi une deuxième question à ce sujet, et ce serait de savoir si, à votre avis, l'expression « motifs raisonnables » de l'article 4 équivaut à « motifs raisonnables et probables » ou seulement à « motif précis ».
Il y a donc deux questions, si vous me le permettez. N'importe qui peut y répondre.
J'ai seulement une question à poser à M. Wong, relativement à la façon dont est rédigé l'article 8:
Nul ne peut être poursuivi au civil pour avoir, de bonne foi, communiqué une adresse au titre de l'article 3 ou donné un avis au titre de l'article 4.
Même si quelqu'un était de mauvaise foi et communiquait une adresse où il y a de la pornographie juvénile — c'est en effet de ce type d'adresse qu'il s'agit —, c'est automatique. Alors, que vient faire la bonne foi ou la mauvaise foi dans ce cas?
Supposons qu'un bandit veuille liquider un autre bandit, par exemple. Il communique l'adresse à la GRC, en vertu de l'article 3 ou de l'article 4, ce qui provoque la fermeture du site de ce bandit, lequel est condamné, et ainsi de suite. Il est de mauvaise foi. Or, en quoi la bonne foi ou la mauvaise foi intervient-elle dans l'article 8? C'est une notion civile et je la comprends, mais on peut présumer de la bonne foi en tout temps.
Alors, j'aimerais savoir pourquoi vous utilisez l'expression « de bonne foi » dans l'article 8. Que la personne soit de bonne foi ou de mauvaise foi, dès qu'on aborde l'article 3 ou l'article 4, c'est définitif. Que ce soit un bandit qui fasse la plainte pour liquider un autre bandit, ou que ce soit une personne bien honnête qui fasse une plainte, en vertu des articles 3 et 4, après avoir trouvé quelque chose, c'est la même chose.
J'essaie de comprendre pourquoi vous utilisez l'expression « de bonne foi ».
Nous avons terminé la première série de questions. Nous allons commencer un autre tour, que nous devrions avoir le temps de terminer.
J'aimerais répondre à M. Lee. Comme vous le savez, monsieur, tout le monde a l'occasion d'intervenir une fois avant de passer au tour suivant. Bien sûr, si nous voulons décourager les parties de partager leur temps, nous pouvons en discuter; vous pouvez proposer une motion à cet effet, si vous le désirez.
Je comprends que vous pensez peut-être que certains intervenants du parti ministériel avaient déjà eu la parole étant donné qu'ils avaient partagé leur temps. Nous avons un comité où règne une grande collaboration, ce qui, à mon avis, a raisonnablement bien fonctionné jusqu'à maintenant. J'essaie de traiter tout le monde de façon équitable et impartiale. Je préférerais continuer ainsi, mais libre à vous si vous voulez proposer une motion pour modifier l'ordre des intervenants.
Soit dit en passant, puisque nous commençons une autre série de questions, chacun devrait avoir sept minutes. Étant donné que nous n'aurons probablement pas suffisamment de temps pour terminer le tour, est-ce que tout le monde est d'accord pour que chacun dispose plutôt de cinq minutes? Les partis poseront tour à tour des questions dans l'ordre suivant : les libéraux, le Bloc québécois, le NPD et le parti ministériel.
Est-ce que tout le monde est d'accord?
Des voix: Oui.
Le président: Très bien. Nous allons procéder ainsi.
Monsieur Lee.
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Très bien. J'ai deux questions.
L'article 10 du projet de loi est censé régler la question du chevauchement des instances fédérale et provinciale. Le ministre a dit très clairement que le projet de loi relève de la compétence fédérale en matière de droit criminel au sens de l'article 91. Dans ce cas, pourquoi des provinces ont-elles adopté des lois semblables? Si le projet de loi fédéral est adopté, cette loi n'aura-t-elle pas préséance sur les lois provinciales? C'est pour cette raison que le Canada a établi la compétence en matière de droit criminel; c'était pour éviter l'existence de dix petits Codes criminels différents, comme aux États-Unis.
Pourriez-vous s'il vous plaît répondre à cette question de compétence? Qu'arrive-t-il aux lois provinciales qui portent apparemment sur le même domaine criminel qu'une loi fédérale? Si le ministre disait vrai, il s'agit d'une loi criminelle, et les provinces n'ont aucune compétence en matière de droit criminel.
Ma deuxième question porte sur l'article 3, dans lequel on parle d'« une adresse URL où pourrait se trouver de la pornographie juvénile ». Puisque le projet de loi est une mesure législative criminelle, dire « où pourrait se trouver de la pornographie juvénile » correspond à un seuil de tolérance très bas aux yeux de M. Tout-le-Monde. Vous n'avez pas utilisé des mots comme « où il semble » qu'elle se trouve, ou encore « où l'on croit » qu'elle se trouve. On a plutôt parlé, tout simplement, d'une personne avisée d'une adresse URL où « pourrait se trouver » de la pornographie juvénile.
Pourriez-vous répondre à cela? Je trouve que le seuil est très bas. Je reviens à l'exemple que j'ai donné plus tôt: une personne qui envoie des courriels est réputée être au courant de leur contenu, alors elle est assujettie à cette disposition qui impose une responsabilité. Elle ne sait même pas que le site contient de la pornographie juvénile. Dans ce cas, la pornographie juvénile « pourrait » simplement s'y trouver. À mes yeux, si c'est une mesure législative criminelle, une vraie loi criminelle imposant l'obligation d'informer les autorités, le seuil est trop bas; je crois que la mesure législative au complet pourrait être compromise si elle n'est pas assez forte.
Mes deux questions portent donc sur les compétences fédérale et provinciale et sur l'utilisation du mot « pourrait » plutôt que d'un mot plus ferme.
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Pour ce qui est du chevauchement des lois fédérales et provinciales, les provinces agissent selon leur pouvoir en matière de protection de l'enfance, comme on l'a déjà dit. C'est plutôt le droit pénal qui régit la mesure législative distincte que nous proposons.
Les exemples de la complémentarité des lois provinciales et fédérales sont nombreux. Je pense notamment à la conduite avec facultés affaiblies. Le Code criminel comporte des dispositions à cet effet. Les codes de la route des provinces prévoient aussi toute une panoplie d'infractions quasi criminelles. Il arrive que le contrevenant encourt des peines en vertu des deux lois, mais ce n'est pas toujours le cas. La situation du projet de loi à l'étude est similaire.
La violence en milieu familial constitue un autre exemple. Les provinces ont adopté des mesures législatives à cet égard qui sont complémentaires aux infractions prévues dans le Code criminel, par exemple dans les cas de voies de fait. C'est le même principe.
Les provinces ont demandé maintes fois au gouvernement fédéral d'adopter des mesures législatives dans ce domaine. Elles ont aussi travaillé à leurs propres solutions, mais nous croyons qu'elles coopéreront étroitement avec nous et qu'il n'y aura pas de chevauchement. C'est pourquoi la mesure législative que nous proposons prévoit aussi des exigences de déclaration, c'est-à-dire que si une personne signale un incident en vertu d'une loi, elle n'est pas tenue de le faire en vertu de l'autre. Par exemple, si une personne au Manitoba effectue un signalement conformément à la loi provinciale, elle sera réputée avoir respecté la mesure législative fédérale. Par contre, comme M. Woodworth l'a indiqué, nous voulons nous assurer que ceux qui signalent les incidents sont aussi tenus de conserver les données; il pourrait donc être nécessaire de modifier l'article 10 pour qu'il soit plus clair à cet égard. Toutefois, aucun de nos homologues provinciaux ne s'est dit inquiet, jusqu'à maintenant, de l'effet défavorable que pourrait avoir notre mesure législative sur la leur.
Je crois que M. Woodworth a soulevé un point très important. Ce qui m'inquiète, c'est que l'article 10 pourrait aussi atténuer la responsabilité de signaler selon l'article 4. Lorsque vous réviserez le projet de loi, vous pourriez vous assurer qu'il soit clairement indiqué que l'article 10 ne décharge pas de la responsabilité des articles 4 ou 5...
J'ai une question. Les exigences de déclaration des articles 3 et 4 comportent des critères différents. Conformément à l'article 3, il faut signaler à l'organisme désigné l'adresse « où pourrait se trouver de la pornographie juvénile accessible au public », alors que l'article 4 exige que l'on avise un agent de police ou toute personne désignée. Dans ce cas, on doit croire que les services Internet « sont ou ont été utilisés pour la perpétration d'une infraction relative à la pornographie juvénile ».
Avez-vous l'intention de préciser cela dans la réglementation? Je suppose que parmi ceux qui devront déterminer s'il s'agit d'une infraction, bon nombre ne possèdent pas de compétences juridiques; comment pourront-ils le faire?
Je pense en particulier à des situations problématiques connues. Par exemple, des oeuvres d'art envoyées sur Internet pourraient être perçues comme de la pornographie juvénile. Prenons l'exemple des photos personnelles que l'on envoie — le classique bébé dans le bain. Comment voulez-vous que les fournisseurs se conforment à la mesure législative, surtout à l'article 4, s'ils n'ont aucune formation en matière criminelle? S'exposent-ils à des poursuites si un agent de police décide qu'ils auraient dû déclarer, par exemple, la photo du bébé dans le bain ou l'oeuvre d'art en question?
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Votre question comporte plusieurs volets.
Les deux articles comportent des critères différents. J'ai parlé du signalement en réponse à la question de M. Lee. Je précise que le critère relatif à l'avis s'applique si le fournisseur de services Internet découvre du matériel dans son système ou si un de ses abonnés lui en signale; lorsqu'il examine la situation, il doit croire qu'il s'agit de pornographie juvénile. Dans le cas contraire, par exemple s'il s'agit d'une photo de bébé dans un bain ou d'une oeuvre d'art, les motifs de croire qu'il y a de la pornographie juvénile sont absents.
À bien des égards, cela fonctionne. En cas de poursuites judiciaires, la Couronne aurait bien des obstacles à surmonter pour prouver la présence de sérieuses présomptions, mais la défense aussi est toujours subjective.
Dans le cas du bébé dans le bain ou de l'oeuvre d'art, la personne dirait qu'elle ne croyait pas qu'il s'agissait de pornographie juvénile. D'après la manière dont ces images sont réalisées, on le sait dès qu'on les voit. Alors s'il y a...