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Bonjour, mesdames et messieurs. Il me fait plaisir, à titre de vice-président du Comité permanent de la justice et des droits de la personne, de vous accueillir à la sixième séance de notre étude sur la situation du crime organisé.
C'est un plaisir d'être ici à Edmonton. Nous tenons à exprimer notre gratitude à tous les témoins qui ont pris congé pour assister à cette séance. Aujourd'hui, à Edmonton, nous entendrons des témoignages toute la journée. Nous avons déjà tenu des séances à Halifax, Montréal, Toronto et Vancouver, et nous sommes fins prêts à connaître les différentes façons d'envisager la situation du crime organisé au Canada, et peut-être même à y apporter des améliorations.
Nous entendrons chaque témoin ou groupes de témoins pendant 10 minutes. On demande aux témoins de maintenir un certain rythme lorsqu'ils s'expriment afin que les traducteurs puissent les suivre. Certaines personnes sont tellement emballées par le sujet qu'elles abordent qu'elles s'expriment souvent rapidement. Il est donc difficile pour les interprètes de suivre le fil.
Ce petit rappel étant fait, j'aimerais vous présenter le groupe de témoins que nous entendrons ce matin. Ce groupe est composé de Harvey Cenaiko, président de la Commission nationale des libérations conditionnelles, de Jan Fox, directrice de district du Bureau de district de l'Alberta/Territoires du Nord-Ouest de Service Correctionnel Canada, et de Hugo Foss, psychologue du Bureau de district de l'Alberta/Territoires du Nord-Ouest de Service Correctionnel Canada.
Bienvenue à vous.
Roy Louis est également avec nous aujourd'hui. Il est membre du Comité consultatif de citoyens du Comité consultatif autochtone national.
Bonjour.
Finalement, Greg Rice, avocat principal et chef d'équipe du Bureau régional d'Edmonton du Service des poursuites pénales du Canada est également parmi nous.
Bonjour et bienvenue à vous tous. Nous commencerons par entendre les discours de chacun de nos témoins pendant 10 minutes. Nous n'adopterons ni une position libérale ni une position conservatrice quant à l'évaluation du temps que vous prendrez de sorte que vous puissiez nous faire part de vos commentaires.
Nous commencerons par vous, monsieur Cenaiko.
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Je vous remercie, monsieur le président, et je remercie également les membres de ce comité d'avoir invité la Commission nationale des libérations conditionnelles à venir vous rencontrer dans le cadre de votre examen de la situation du crime organisé au Canada.
Je m'appelle Harvey Cenaiko et j'ai été nommé président de la Commission nationale des libérations conditionnelles en juillet dernier. J'occupais auparavant le poste de vice-président de la région des Prairies à Edmonton. Avant de me joindre à la Commission, j'ai rempli les fonctions de solliciteur général et de ministre de la Sécurité publique dans la province de l'Alberta, et j'ai été député à l'Assemblée législative de Calgary-Buffalo ici, en Alberta, après 25 ans de travail au Service de police de Calgary.
Je suis accompagné aujourd'hui du directeur général de la région des Prairies de la Commission nationale des libérations conditionnelles, M. Bernie Pitre. M. Pitre est au service de la Commission depuis six ans et compte près de 35 ans d'expérience au sein du système de justice pénale.
Pour ceux d'entre vous qui ne connaissent pas de près la Commission nationale des libérations conditionnelles, nous sommes un petit organisme rattaché au portefeuille fédéral de la Sécurité publique. La Commission est indépendante du gouvernement et les décisions qu'elle entérine en matière de mise en liberté sous conditions et de pardons sont prises par des membres également indépendants et possédant une formation de niveau supérieur dans le domaine.
Aujourd'hui, je vais vous entretenir de façon générale de l'approche qu'utilise la Commission pour prendre des décisions au sujet des délinquants ayant des liens avec le crime organisé. Je vous exposerai également quelques-unes des difficultés auxquelles la Commission est confrontée à cet égard.
Au fil du temps, la Commission s'est dotée d'un système exhaustif et rigoureux pour évaluer les risques que posent les délinquants. Je crois que nos statistiques démontrent ce fait: plus de 90 p. 100 ne récidivent pas durant la libération conditionnelle, et 99 p. 100 ne récidivent pas avec une nouvelle infraction violente durant la libération conditionnelle.
Nos membres proviennent de divers horizons, mais sont recrutés parce qu'ils possèdent les aptitudes nécessaires pour rendre des décisions judicieuses sur des questions très difficiles. La Commission leur offre une formation continue et utilise à cette fin les études empiriques les plus récentes concernant la prise de décisions ainsi que différentes méthodes d'évaluations et de gestion des risques. Ces outils aident la Commission à s'assurer que ses membres possèdent les connaissances et les compétences requises pour évaluer les risques qu'un délinquant peut présenter pour la collectivité et pour justifier leur décision d'accorder ou de refuser la libération conditionnelle demandée.
Conformément aux lois et politiques en vigueur, et dans la pratique, la considération première qui guide toutes les décisions de la Commission est la protection de la société. Chaque jour, dans toutes les régions, nos membres tiennent des audiences pour évaluer le risque de récidive que présente une personne. Le risque de récidive est particulièrement préoccupant dans les cas de délinquants impliqués dans le crime organisé en raison du potentiel de violence.
En plus de nos politiques générales sur la prise de décisions, nous avons pris des dispositions pour assister les membres de la Commission à tenir compte de l'information relative au crime organisé et aux gangs criminels. Les membres de la Commission ne doivent pas se limiter aux facteurs de risques du délinquant lui-même; ils doivent également évaluer les facteurs de risques externes que posent les fréquentations du délinquant, de même que les conséquences possibles de loger dans un établissement résidentiel ou une collectivité en particulier un délinquant qui a des liens avec le crime organisé.
Les délinquants qui comparaissent devant la Commission après avoir été accusés d'infractions relatives à des organisations criminelles prévues au Code criminel sont peu nombreux. En 2008-2009, la Commission a rendu plus de 25 000 décisions, dont seulement 241 portaient sur des cas de ce genre.
Cela dit, la Commission voit assurément passer plus que 240 délinquants qui ont des liens avec le crime organisé. Certaines des infractions à l'origine de la peine imposée au délinquant ne sont pas expressément liées au crime organisé, mais comportent néanmoins des risques particuliers. Toutefois, dans la vaste majorité des cas, le processus décisionnel et les renseignements transmis à nos membres au sujet de ces délinquants nous permettent d'évaluer correctement les risques que ces derniers font courir à la société.
Lors de l'audience d'un délinquant qui pourrait avoir des liens avec le crime organisé, la Commission doit parfois faire preuve d'une prudence toute particulière dans le choix de ses questions. La Commission ne peut traiter un délinquant comme s'il était membre d'une organisation criminelle à moins que celui-ci n'ait été condamné en vertu du Code criminel, même si elle détient des renseignements à cet égard ou soupçonne le délinquant d'en faire partie. En fait, ce devoir de prudence vaut aussi pour toutes les autres catégories d'activités criminelles dont le délinquant n'a pas été accusé.
Il peut être injuste d'interroger directement le délinquant sur ses rapports avec le crime organisé alors qu'il n'a pas été déclaré coupable de participation à une organisation criminelle. Il existe une jurisprudence à cet égard à la Cour d'appel fédérale. La Commission n'est ni un tribunal pénal ni un service de police. Une question directe sur la participation au crime organisé peut mener à des aveux au sujet d'un acte criminel. Pour le délinquant, la difficulté est évidente: ou bien il avoue un acte criminel ou bien il esquive la question.
Pourquoi cela place-t-il la commission dans une position difficile? D'une part, les membres de la commission disposent parfois de renseignements sur la participation d'un délinquant aux activités d'organisations criminelles et peuvent par conséquent décider que ce délinquant est plus à risque de récidiver s'il est mis en liberté. Ce peut être délicat, car nous avons l'obligation de faire part au délinquant de toutes nos préoccupations concernant son potentiel de récidive. Une décision fondée sur des informations ou des inquiétudes qui n'ont pas été initialement communiquées au délinquant pourrait être annulée. Encore une fois, de telles situations sont rares et nous croyons être généralement bien outillés pour y faire face.
Permettez-moi d'aborder un peu plus longuement une question connexe à l'obligation de communiquer aux délinquants les renseignements en notre possession. Comme je l'ai indiqué, les délinquants reçoivent toutes les informations relatives aux risques qu'ils posent, dont tiennent compte les membres de la commission au moment de prendre une décision au sujet de leur mise en liberté sous condition. Pour être en mesure de prendre des décisions de qualité, la commission doit absolument disposer de renseignements fiables et exacts. Les membres de la commission utilisent ces renseignements pour évaluer correctement le risque.
Depuis que je me suis joint à la Commission nationale des libérations conditionnelles, ma priorité absolue est de chercher des façons de continuer à améliorer la qualité de nos décisions en matière de libération conditionnelle. Plus tôt cette année, la Commission nationale des libérations conditionnelles a offert à tous ses membres une séance nationale de formation sur l'évaluation des risques ainsi qu'une séance sur le crime organisé, dirigée par M. Hugo Foss, qui est également présent ce matin. La Commission nationale des libérations conditionnelles continue d'offrir, tant à l'échelon national que dans les régions, des activités de formation continue sur les problèmes liés au crime organisé.
Étant donné que la commission dépend entièrement des organisations partenaires du système de justice pénale pour obtenir l'information dont elle a besoin pour prendre de bonnes décisions, il est clair que nos relations et nos ententes avec ces partenaires sont d'une importance vitale. Certains de nos partenaires disent hésiter à fournir des renseignements de nature délicate à la commission, sachant que cette dernière a l'obligation juridique de communiquer aux délinquants l'information dont elle dispose et que ses audiences et ses décisions sont accessibles au public.
Nous avons la certitude de recevoir, dans la vaste majorité des cas, tous les renseignements dont nous avons besoin au sujet d'un délinquant, mais nous prenons néanmoins les mesures nécessaires pour qu'il en soit toujours ainsi. En intensifiant le dialogue, les négociations et les activités de liaison avec ses partenaires des secteurs policier et correctionnel, la commission a tenté de mieux faire connaître le rôle qu'elle joue en matière de sécurité publique et de rappeler l'importance de l'échange de renseignements. Nos partenaires reconnaissent que nous partageons le même mandat, soit la protection du public.
Le Service correctionnel du Canada est bien sûr notre principal partenaire. Nos employés respectifs déploient de grands efforts pour maintenir de bonnes relations de travail d'un bout à l'autre du pays. Récemment, le commissaire du SCC, Don Head, et moi-même avons pris des mesures pour consolider nos relations de travail en renforçant les procédures exigeant la communication de tout renseignement utile à la commission, y compris de renseignements au sujet du crime organisé. Nous avons également rappelé les mesures qui pourraient être prises pour protéger les renseignements de nature délicate, de telle sorte que la commission puisse recevoir ce dont elle a besoin tout en continuant de protéger les sources ou les enquêtes en cours. La loi contient des dispositions pour les circonstances vraiment exceptionnelles où il faut éviter de communiquer certains renseignements à un délinquant et préparer plutôt un résumé présentant l'essentiel des éléments d'information.
En plus de collaborer étroitement avec le SCC, nous rencontrons nos partenaires du secteur policier afin de leur expliquer l'importance vitale que revêtent leurs rapports et leurs renseignements de sécurité pour la commission. Nous sommes à étudier des moyens d'améliorer l'échange de renseignements, notamment la possibilité de réaliser, en collaboration avec les services de police du Canada atlantique, un projet pilote qui permettrait de réunir des renseignements fiables au sujet des délinquants difficiles, comme ceux qui ont des liens avec le crime organisé, et de les communiquer aux organismes de sécurité publique qui en ont besoin.
Je vous remercie pour le temps alloué à la Commission nationale des libérations conditionnelles et je répondrai avec plaisir à vos questions, si vous en avez.
Je vous remercie, au nom de Service correctionnel du Canada, de m'avoir invitée à prendre la parole devant le comité aujourd'hui.
Je vais vous exposer certains des problèmes propres à la région des Prairies, en particulier dans mon district. J'aimerais souligner l'importance d'établir et d'entretenir des partenariats qui nous permettent de faire notre travail. Je vais aussi vous donner un aperçu de notre stratégie pour traiter le problème des gangs dans la population surveillée.
Je sais que demain vous devez rencontrer mon collègue, le directeur de l'établissement de Stony Mountain. Ce dernier vous fournira des renseignements sur les gangs et la gestion des gangs dans nos établissements fédéraux. Pour ma part, je vous fournirai l'information au sujet des gangs et de la gestion des gangs s'appliquant plus particulièrement aux délinquants en liberté sous condition, libérés d'office et assujettis à une ordonnance de surveillance de longue durée qui habitent dans nos collectivités.
Parmi les 1 126 délinquants placés sous ma supervision, 20 p. 100 sont d'origine autochtone. À l'heure actuelle, dans mon district, on dénombre 92 membres de gangs, ce qui représente environ 8 p. 100 de la population surveillée. Je vous fournirai les renseignements sur les gangs qui sévissent dans les communautés de la région des Prairies et vous ferai part de quelques différences régionales à cet égard.
Les organisations criminelles constituent une menace grave pour les installations de notre communauté, la sécurité du public, notre personnel et nos partenaires. Dans la région des Prairies, nous sommes notamment confrontés aux gangs autochtones et asiatiques. En ce moment, le plus important groupe du crime organisé placé sous la responsabilité du Service correctionnel du Canada est composé de gangs autochtones, dont 86 p. 100 proviennent de la région des Prairies.
En ce qui concerne mon district, comme je l'ai déjà dit, nous parlons de 92 délinquants qui sont membres de gangs ou qui ont une affiliation à un gang. Parmi ceux-ci, 42 sont d'origine autochtone et 22 sont d'origine asiatique. Il est important de savoir que ces gangs comptent également dans leurs rangs des Blancs ou des personnes d'ethnicité mixte. Ces gangs sont plus courants dans la région des Prairies et présentent des caractéristiques très différentes des autres organisations criminelles comme les gangs de motards.
Dans la région des Prairies, nous avons recensé 1 095 membres de gangs sur un total de 5 435 délinquants, ce qui représente 20 p. 100 de notre population totale. De ce nombre, 207 purgent des peines dans la communauté, la majeure partie d'entre eux étant des libérés d'office. Les membres de gangs sont surtout présents dans nos zones urbaines.
Le Service correctionnel du Canada veille à assurer la sécurité du public et de son personnel. Pour ce faire, nous devons, dans la communauté, mettre l'accent sur la collecte de renseignements et l'échange d'information avec nos partenaires. Pour réussir, nous devons investir d'importantes ressources dans le développement et le maintien de partenariats avec les services de police et de renseignement. Nous devons absolument travailler en étroite collaboration avec les communautés les plus touchées par la violence liée aux gangs — dans ce cas-ci les communautés autochtones et asiatiques.
La gestion des gangs dans la communauté se révèle très compliquée. Les affiliations à un gang changent constamment et sont très fluides. De nouveaux gangs se forment et les délinquants changent leur affiliation ou déclarent ne plus être affiliés à tel ou tel gang au moment de leur mise en liberté. Nonobstant cette situation, il est de la plus haute importance que le Service correctionnel du Canada devienne un partenaire clé en ce qui a trait à la collecte et à l'échange d'information. C'est ainsi que nous pourrons le mieux protéger notre communauté et notre personnel. Nous sommes également conscients que nous devons intervenir de diverses façons pour aider les délinquants à rompre avec leur gang et à devenir des citoyens respectueux des lois.
Le Service correctionnel du Canada a déjà investi d'importantes ressources pour gérer les organisations criminelles. Plus particulièrement, nous avons créé dans chaque bureau de libération conditionnelle de district, et ce, à l'échelle du pays, des postes en vue d'accroître nos partenariats. Mentionnons notamment les agents du renseignement de sécurité, les analystes criminels et des agents de liaison avec les services correctionnels communautaires, qui sont en fait des agents de police travaillant pour nos bureaux de district.
Nous avons également créé des unités de surveillance renforcée et des établissements résidentiels à sécurité renforcée pour nous aider dans la gestion des délinquants qui posent un problème particulier. Dans mon district et dans celui d'Edmonton, nous avons placé des agents de libération conditionnelle dans chaque quartier général des services de police.
À l'instar de nos homologues des autres établissements, nous avons adopté une stratégie de gestion des gangs qui consiste en une approche multidimensionnelle, constituée d'un modèle de gestion du risque reposant sur le renseignement et axé sur la prévention et les initiatives proactives. Nous savons qu'il est important d'obtenir rapidement de l'information au moment de la sentence. Nous savons aussi qu'il faut discuter de nos stratégies de surveillance avec les services policiers à différentes étapes de la sentence du délinquant. Les agents de police appuient activement les autorités correctionnelles dans la collectivité. De plus, comme la Commission des libérations conditionnelles, nous faisons beaucoup d'éducation et de formation auprès du personnel.
Nous travaillons avec diligence dans la communauté pour aider les délinquants à rompre avec leur gang. Cependant, notre principal objectif demeure d'assurer la sécurité du public.
Je vous rappelle que vous entendrez bientôt deux personnes ayant de grandes compétences en matière de gestion des défis que représentent les gangs au sein de nos collectivités: Roy Louis et Hugo Foss.
M. Louis, de la nation crie de Samson, est reconnu pour le combat qu'il mène pour éradiquer la violence des gangs dans sa communauté. Il vous parlera aujourd'hui de certaines de ces initiatives. M. Foss décrira quant à lui les initiatives de partenariats qu'il a dirigés pour résoudre les problèmes de violence dans la communauté. Comme je l'ai déjà dit, il est psychologue et a connu beaucoup de succès dans ses interventions visant à aider les délinquants à rompre avec leur gang.
En résumé, je tiens à vous dire ces dernières choses. Dans la communauté, nous devons composer avec l'absence des mesures de sécurité statique dont vous disposez en milieu correctionnel; nous n'avons pas de barreaux ni de serrures. Nous devrons donc nous en remettre aux renseignements et aux partenariats, qu'ils soient nouveaux ou établis depuis longtemps. Nous savons qu'il est important de travailler de façon constante et d'avoir de l'information cohérente de la part des organisations pour nous aider à combattre le crime organisé. C'est cette approche que nous préconisons.
Nous sommes conscients que différents gangs oeuvrant dans la région des Prairies sont moins bien structurés. Les caractéristiques concernant les gangs de rue autochtones demandent plus de recherche. Nous savons également que pour atteindre notre objectif, il nous faut des programmes de prévention, d'intervention et de répression.
Je vous remercie de votre attention. Si vous avez des questions, je serai heureuse d'y répondre.
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Bonjour. Je m'appelle Hugo Foss et j'oeuvre depuis 22 ans à titre de psychologue de première ligne pour le Service correctionnel du Canada. J'ai travaillé dans tous les types d'établissements — à sécurité maximale, à sécurité moyenne et à sécurité minimale — et je travaille aujourd'hui dans la communauté. J'ai toujours été un intervenant chargé de fournir des traitements et d'évaluer les risques.
Mes clients sont des détenus et des délinquants en liberté conditionnelle des établissements fédéraux. Au cours de mes 12 dernières années de pratique, j'ai surtout travaillé avec des délinquants appartenant à des groupes du crime organisé ou des gangs de rue.
Dans la région des Prairies, le groupe le plus important qui est source de préoccupation pour nos établissements et nos communautés est constitué de délinquants appartenant à des gangs de rue; dans la région, il s'agit principalement de gangs de rue autochtones.
Mon travail a toujours eu comme objectif de contribuer à renforcer la sécurité publique. À cette fin, l'intervention auprès des délinquants appartenant à des gangs s'ajoute aux activités essentielles de répression et de prévention, les deux visant à réduire le nombre d'incidents et leur degré de violence et à contrer le recrutement. J'aimerais aujourd'hui vous faire part de quelques leçons importantes tirées des interventions auprès de ces délinquants — encore une fois, principalement des membres de gangs de rue autochtones.
La première leçon est tirée de l'un des plus importants projets de recherche sur les gangs jamais publiés: une analyse comparative de 3 500 membres de gang dans 17 États américains. Dans le cadre de ce projet, une majorité de membres de gang, soit 79,3 p. 100, ont déclaré qu'ils quitteraient leur gang s'ils avaient une véritable deuxième chance dans la vie. La deuxième leçon tirée est que le degré d'hostilité et de violence dont nous sommes témoins ou victimes se compare à celui dont ils sont eux-mêmes — les membres de gang — victimes.
Ces données font ressortir la nécessité absolue d'une intervention sur deux niveaux très importants. Premièrement, la majorité des délinquants appartenant à des gangs affirment, dans une proportion de presque 80 p. 100, qu'ils sont insatisfaits de la vie qu'ils mènent et qu'ils préféreraient s'éloigner des préceptes de la sous-culture des gangs et avoir une vie en dehors des gangs. Deuxièmement, une telle intervention auprès de cette clientèle sera difficile, délicate et astreignante sur le plan de la durée, car il est nécessaire d'évaluer et de gérer avec prudence la possibilité que des délinquants incarcérés commettent des actes hostiles ou violents une fois qu'ils auront réintégré la collectivité.
Comme preuve de reconnaissance de la valeur et de la nécessité d'une intervention coordonnée auprès des délinquants issus des gangs autochtones, le Service correctionnel du Canada et l'Assemblée des Premières Nations ont conclu un accord d'échange en vertu duquel les deux parties pourront retenir mes services. Je donnerai donc des conseils à Shawn Atleo, chef national de l'Assemblée des Premières Nations. Un groupe de travail, dont je fais partie, a entrepris plusieurs activités visant à améliorer le soutien offert aux communautés autochtones où sévissent les gangs, et ce, dans tout le pays.
Tout d'abord, nous tenterons de déterminer l'ampleur du problème au sein des communautés autochtones en prenant le pouls de la population. Ensuite, nous constituerons un recueil des ressources humaines existantes dans les communautés autochtones qui sont aptes à participer à la réinsertion de personnes qui ont besoin d'aide, et nous mettrons ce document à la disposition des organismes et des citoyens. Pour finir, nous offrirons une formation utile en matière d'intervention aux personnes qui sont affiliées à des gangs, et du soutien aux intervenants et aux personnes qui doivent composer avec la violence des gangs dans leur communauté.
Parallèlement, mes responsabilités envers le Service correctionnel du Canada ont donné lieu à une collaboration active avec le département de sociologie et de criminologie de l'Université de l'Alberta. Avec le directeur du département de premier cycle, nous réaliserons pour la toute première fois une étude des délinquants affiliés à des gangs qui purgent des peines dans des établissements fédéraux et dans la communauté. Cette étude aura pour but de nous informer sur l'étendue des problèmes et des enjeux liés aux gangs et sur les procédés d'intervention et de désaffiliation.
Mes responsabilités s'étendent également aux Native Counselling Services of Alberta, en partenariat avec le Service correctionnel du Canada. Nous continuerons d'échanger des connaissances, des pratiques exemplaires, des techniques de formation et des compétences en matière de gestion des risques que posent les délinquants affiliés à des gangs autochtones qui purgent une peine dans un établissement fédéral.
Compte tenu de la dynamique particulière inhérente à la gestion des délinquants affiliés à des gangs, il est important que le Service correctionnel du Canada s'efforce d'améliorer la formation de son personnel de première ligne sur la dynamique des gangs, la gestion des risques et les problèmes de sécurité.
Je vous remercie de m'avoir invité à prendre la parole devant votre comité aujourd'hui.
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Mesdames et messieurs les membres du comité, je vous remercie de votre visite dans la belle province de l'Alberta.
Je suis un Cri-des-Plaines, fier membre de la bande de Samson de Hobbema, une collectivité dont l'histoire, la culture, les cérémonies et le développement commercial témoignent d'une grande richesse.
Au début de 2005, notre collectivité a connu des bouleversements: des graffitis sont apparus sur les maisons et les immeubles, les coups de feu sont devenus monnaie courante pendant la nuit et la peur s'est emparée des habitants. Les gangs s'étaient frayé un chemin jusque chez nous. En 6 mois, notre collectivité a été le théâtre de 150 fusillades au volant d'une voiture.
Nous étions nombreux à nous demander ce qui se passait, à chercher à savoir pourquoi certaines personnes menaçaient et attaquaient des membres de leur famille qui n'avaient rien fait. En 2007, la GRC a évalué le nombre de gangs à 13 et le nombre de membres entre 225 et 250. Les groupes principaux comprenaient le Indian Posse, le Redd Alert, les Alberta Warriors et d'autres gangs locaux.
En 2008, Asia Saddleback, une enfant vivant dans la collectivité de la bande de Samson, a frôlé la mort à la suite d'une fusillade au volant d'une voiture. Cet événement a marqué un tournant. Le chef et le conseil de la bande ont convoqué tout le monde à une réunion. Des centaines de personnes se sont rassemblées dans le centre communautaire pour exprimer leur colère et y aller de leurs recommandations.
À partir de là, le conseil a mis sur pied le groupe de travail de Samson, qui a compilé 171 recommandations, condensées en 69 dans son rapport final. Je souhaite déposer le rapport Working Together devant le président.
Dans le monde du crime et de la victimisation, les Autochtones font l'expérience de la violence trois fois plus souvent que les non-Autochtones. En 2005 et 2006, 7 500 jeunes Autochtones ont été placés sous garde ou sous probation. Les Autochtones représentent 4 p. 100 de la population adulte au Canada, mais 24 p. 100 des détenus dans les établissements provinciaux ou territoriaux, 19 p. 100 des personnes en détention préventive et 18 p. 100 des détenus dans les établissements fédéraux. Statistique Canada possède ces données.
Depuis les trois dernières années, dans le cadre de nos initiatives continues, des spécialistes sur le phénomène des gangs sont venus présenter des exposés dans notre collectivité. Nous avons reçu des gens comme Michael Chettleburgh, auteur de l'ouvrage intitulé Young Thugs: Inside the Dangerous World of Canadian Street Gangs, et Serge LeClerc, membre de l'Assemblée législative de la Saskatchewan et ancien membre d'un gang. Toutes les deux semaines, nous avions des réunions avec le détachement local de la GRC et divers intervenants des quatre premières nations et de la collectivité. Nous avions formé avec la GRC une excellente unité de répression des gangs qui travaillait en étroite collaboration avec les habitants afin de chasser les membres de gang et les revendeurs de drogue.
Notre groupe, le Maskwacis Consultative Group, de concert avec la GRC, a mis sur pied des services pour les victimes, entre autres pour les victimes de violence familiale, qui sont offerts aux membres des quatre nations de Hobbema, ainsi que des services d'évaluation des risques et des menaces pour les policiers qui travaillent dans des écoles des quatre nations. Nous avons obtenu un financement du Centre national de prévention du crime pour le corps de cadets de Hobbema. Je tiens à remercier personnellement notre député, , pour nous avoir aidés à obtenir de l'argent à cette fin.
Nous travaillons aussi à une stratégie de sortie d'un gang. Toute aide en ce sens est la bienvenue.
À Hobbema, nous ne nous contentons pas de dénoncer une maison où l'on fait le trafic de drogues; nous la détruisons. C'est notre façon d'agir contre les revendeurs de drogue et les membres de gang. De toute façon, ces maisons sont irréparables. En tout et pour tout, nous avons détruit 26 maisons. Aujourd'hui, nous sommes moins présents, mais nous continuons à faire preuve de vigilance, car nous souhaitons faire de nos collectivités un milieu sécuritaire avec l'aide des gouvernements, des gens et de la GRC.
J'ai aussi des compliments à faire au Service correctionnel du Canada et à son commissaire, Don Head, pour avoir appuyé notre établissement correctionnel local, le centre de ressourcement Pe Sakastew, et avoir créé un véritable partenariat avec les intervenants, pas seulement dans le but de trouver des solutions aux problèmes qui affligent notre collectivité, mais aussi de comprendre les mœurs qui caractérisent notre bande. On peut se procurer un dépliant sur notre établissement correctionnel à sécurité minimale. Voici un exemple qui illustre bien mes propos: nous avons accueilli la GRC lors de huit séances de formation interculturelle qui portaient précisément sur l'histoire, la langue, le colonialisme, les pensionnaires, la Loi sur les Indiens et les cérémonies, tels qu'ils se rapportent à nos quatre nations locales.
Je remercie le surintendant Darcey Davidson pour sa vision et ses initiatives, qui ont permis à notre collectivité de nouer une relation saine avec la GRC.
Pour terminer, je recommande en toute humilité d'ajouter un volet sur la prévention du crime dans tous les programmes scolaires au Canada. C'est l'approche à long terme la plus efficace pour lutter contre les gangs, les drogues et la violence.
Merci.
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Merci, monsieur le président.
Je remercie les membres du comité de m'avoir invité aujourd'hui.
J'ai été procureur fédéral pendant environ 10 ans. Avant cela, j'ai été procureur provincial pendant deux ans environ. Les procureurs fédéraux s'occupent souvent des dossiers liés aux drogues, et quand on parle de drogues, on parle du crime organisé. Comme on l'a dit, je suis le chef d'équipe du bureau d'Edmonton pour les dossiers du crime organisé, ce qui veut dire qu'en plus de m'occuper de dossiers du crime organisé, je suis au courant de tous les cas relevant de ce type de criminalité, sur lesquels travaillent des gens de notre bureau.
Je suis certain qu'au cours de vos travaux, vous entendrez parler en long et en large des quantités démesurées de temps et de ressources qui doivent être consacrées aux enquêtes et aux poursuites relatives à ces crimes, pour lesquelles il faut habituellement procéder à des mises sur écoute, ce qui est vraiment l'élément le plus coûteux de ces enquêtes. Il est important de préciser que l'objectif des mises sur écoute est de remonter la filière de manière à arrêter les chefs des organisations criminelles. Compte tenu du grand niveau d'isolement des chefs, il est nécessaire d'intercepter une de leurs conversations. Si l'on prend comme exemple le trafic de la drogue, il sera impossible d'arrêter un membre des Hells Angels qui aurait sur lui une grande quantité de stupéfiants. Il ne sera lui-même jamais en contact avec la drogue, alors il est nécessaire de mettre son téléphone sur table d'écoute.
J'aimerais vous parler de certaines de nos expériences, qui illustrent assez bien la quantité de temps et de ressources qui doivent être investis dans ces poursuites.
En ce qui concerne la communication de la preuve, je dirais que, pour ce qui est des poursuites contre des membres du crime organisé, il s'agit de notre talon d'Achille. Notre expérience de la divulgation a été assez décevante. Dans une affaire concernant un réseau de trafic de drogue extrêmement vaste, par exemple, on a déposé une dénonciation qui visait 39 personnes, si je me souviens bien, mais cette dénonciation a atterri sur le bureau du procureur à l'insu des personnes concernées. La preuve n'avait pas été communiquée et, en dernier ressort, l'affaire s'est effondrée sous son propre poids, étant donné qu'il était impossible pour nous de satisfaire à nos obligations en matière de divulgation. Malheureusement, il avait fallu plusieurs années et une quantité incroyable de ressources pour en arriver à ce point.
Nous avons beaucoup appris de cette expérience. Par exemple, il y a maintenant un processus d'approbation de l'inculpation pour les cas d'envergure. Lorsqu'il y a un grand nombre d'accusés — et c'est le plus souvent le cas —, nous les répartissons en petits groupes, de quatre ou cinq personnes environ, et nous intentons des procès distincts. Lorsque nous savons qu'une enquête importante est en cours, nous chargeons habituellement un procureur de la Couronne et un agent parajuridique de rencontrer les policiers et d'amorcer le processus de divulgation et d'approbation de l'inculpation, avant même que les écoutes téléphoniques aient pris fin. Parfois, en raison du manque de ressources, le processus n'est pas aussi complet qu'il devrait l'être.
Malgré nos efforts et malgré ceux de la police, la communication de la preuve demeure problématique. Je vais vous présenter deux exemples de cas, et à mon avis, ces cas devraient être considérés comme des modèles à suivre.
La police a arrêté un certain nombre de criminels dans le cadre d'une poursuite vaste et complexe. Le crime organisé était impliqué, et des accusations de gangstérisme ont été portées. La mise sur écoute a pris fin en février 2006. Pour faciliter la divulgation et l'approbation de l'inculpation, les individus concernés n'ont pas été arrêtés avant novembre 2006. Malgré cela, il a fallu attendre janvier 2007 pour qu'un disque contenant des éléments de preuve à communiquer — bien entendu, avec les ordinateurs, la majorité des pièces à divulguer sont sur des disques durs ou des supports de ce genre — soit fourni à la défense. Le reste de la preuve à divulguer a été retenu jusqu'à beaucoup plus tard. Les affaires qui ont pu être traitées le plus rapidement, et pour lesquelles un procès a été tenu, ont fait l'objet d'une enquête préliminaire en février 2008, et les accusés ont finalement été jugés en février 2009. Il y a eu des déclarations de culpabilité, et des sentences ont été prononcées en décembre 2009.
Comme je l'ai dit, les choses sont compartimentées. L'instruction de deux autres affaires se poursuit toujours aujourd'hui, et des problèmes de divulgation continuent de surgir. Par ailleurs, l'affaire dont je viens de parler a été ma première véritable expérience dans une affaire judiciaire mettant en jeu des appels de surveillance, des saisies, etc., et dans le cadre de laquelle l'UMPC déployait tout son attirail. L'UMPC s'occupe bien entendu des produits de la criminalité; la finalité de l'UMPC est de faire en sorte que les membres du crime organisé ne puissent pas bénéficier des produits de leurs activités criminelles.
L'UMPC a saisi un certain nombre de biens qui étaient en possession de ces individus. En ce qui concerne la question de la divulgation, la difficulté réside dans le fait qu'habituellement, les travaux de l'UMPC se poursuivent bien au-delà de l'écoute téléphonique. De plus, leurs enquêtes sont généralement aussi vastes, ou encore plus, que la poursuite originale. Dans ce cas particulier, l'UMPC en était encore à communiquer des éléments de preuve, en particulier des rapports, à la veille du procès.
L'autre affaire dont j'aimerais vous parler concerne une poursuite qui se déroule en ce moment. Le démantèlement a eu lieu cet été, et un procureur et un parajuriste avaient travaillé avec la police auparavant.
Aujourd'hui, certains éléments ont été divulgués, mais certains autres, parmi les plus importants de l'enquête, ne l'ont pas encore été. L'enquête de l'UMPC se poursuit, et de nouveaux documents sont encore versés dans la base de données. Ce que je veux dire, c'est que les problèmes liés à la divulgation persistent, en dépit des leçons apprises et de tous les efforts que nous déployons.
J'aimerais également parler d'un autre aspect du problème, qui demande énormément de temps et d'argent. Si cette question n'est pas réglée, elle peut faire en sorte qu'une poursuite prenne des proportions incontrôlables. Il s'agit de la question de l'avis approprié et de l'audience de type Garofoli. Dans le cadre du projet dont je viens de vous parler, celui pour lequel la mise sur écoute a pris fin en février 2006, à mesure que l'audience approchait, les parties ont croisé le fer avec une certaine vigueur sur la question d'une audience de type Garofoli. Au cours d'une audience de ce genre, le déposant qui a prêté serment pour la mise sur écoute peut être appelé à témoigner. Bien entendu, le principal problème qui se pose, lorsque témoigne le déposant d'une mise sur écoute ou d'un mandat, c'est le secret entourant l'identité des indicateurs de police.
Je suis sûr qu'on vous parlera beaucoup de cette question, alors je ne m'y attarderai pas trop longtemps, si ce n'est pour dire que lorsqu'un déposant est appelé à la barre, la situation est toujours très alarmante pour l'accusation, en particulier si le tribunal accorde une certaine latitude en ce qui concerne les questions sur les indicateurs. Cela est particulièrement vrai dans le cas d'une mise sur écoute, car il peut alors y avoir une dizaine ou même une vingtaine d'indicateurs, et un nombre équivalent d'agents avec lesquels ceux-ci travaillent. Le déposant est alors placé dans une situation difficile s'il doit répondre à quelque question que ce soit dans ce domaine. Si l'identité d'un indicateur devient un enjeu important, cela peut donner lieu, en dernier recours, à un arrêt des procédures.
Comme je l'ai dit, il y a eu des affrontements assez vifs. Lorsqu'on a planifié le procès, la défense a déclaré qu'elle aurait besoin de quatre mois pour une audience de type Garofoli. C'était avant le procès; on en était seulement à l'audience en vertu de la Charte. L'affaire devait ensuite être suspendue pour l'été, et il aurait fallu quatre mois de plus pour le procès, l'automne venu. Invoquant l'arrêt Lising-Pires, rendu par la Cour suprême du Canada, nous avons cependant insisté pour que la défense doive obtenir une autorisation pour faire subir un contre-interrogatoire au déposant. Nous avons également insisté pour que la défense fournisse un exposé écrit décrivant exactement les problèmes liés à la déclaration sous serment. Il s'est avéré qu'il n'y avait pas grand chose à y reprocher.
Nous avons répondu à l'exposé de la défense et, finalement, l'audience de type Garofoli a eu lieu devant la Cour du Banc de la Reine. Elle n'a duré qu'un jour, l'autorisation ayant été refusée à la défense. Donc, au lieu de tenir une audience de type Garofoli qui aurait duré quatre mois, nous avons entrepris le procès.
Ce qu'il faut comprendre, c'est que la cour a participé au processus et que, pour cette raison, nous avons sauvé beaucoup de temps et de ressources, et nous avons également protégé l'identité de certains indicateurs. Cela étant dit, les tribunaux autorisent trop souvent la défense à faire des interrogatoires à l'aveuglette — c'est monnaie courante —, ce qui fait que les procès se prolongent indéfiniment et que la sécurité des indicateurs est souvent mise en jeu.
Voilà ce que j'avais à vous dire ce matin.
Je vous remercie, monsieur le président, et madame et messieurs les membres du comité.
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Je vous invite à utiliser vos écouteurs puisque je vais parler en français.
J'ai pris quelques notes. Je vois que vous faites beaucoup de prévention auprès des jeunes. Je vois aussi que votre taux de réussite est assez important. Vous disiez que 79,3 p. 100 des jeunes ont déclaré qu'ils quitteraient leur gang s'ils avaient une véritable deuxième chance. Ce chiffre m'a surpris. C'est beaucoup. Ça veut dire que du travail a été fait, et qu'il faut le poursuivre pour permettre à ces jeunes de réintégrer la société, de façon à ce qu'ils puissent avoir une vraie vie.
Auparavant, il y avait des groupes criminels importants comme les Hells Angels et les Rock Machine. Maintenant, on vit un autre phénomène, celui des gangs de rue. À Toronto, on nous a beaucoup parlé de gangs ethniques, ceux des Asiatiques, des Noirs, etc. Ici, vous nous avez aussi parlé des Autochtones. Ces derniers ont-ils vraiment les ressources nécessaires pour aider les jeunes et faire de la prévention? Vous pourriez peut-être me répondre, monsieur Louis.
Monsieur Rice, vous avez parlé d'écoute électronique. Ça me fait un peu rire, parce que les jeunes, aujourd'hui, ont tous des BlackBerry et des Ipod, ils utilisent Facebook ou Twitter, et ils ont tous des codes. Il est très difficile d'essayer de décoder leurs systèmes, vous en auriez pour des années à travailler. Ça me fait un peu rire quand vous parlez d'écoute électronique, car ils savent très bien comment vous fonctionnez. Ce ne sont pas les jeunes petits revendeurs dans la rue qui sont dangereux, mais ce sont vraiment les têtes dirigeantes. Ils vont souvent utiliser des jeunes qui n'ont jamais commis de crime, qui n'ont jamais pris de drogue de leur vie et qui veulent faire un dollar rapidement. Ils leur font donc revendre la drogue dans la rue. J'aimerais entendre vos commentaires.
Commençons par vous, monsieur Louis.
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Je commencerai peut-être par certains éléments spécifiques. J'ai parlé des interventions plus statiques. Je pourrais demander à M. Foss de parler un peu des interventions relatives aux programmes.
Je crois que vous faites référence à ma déclaration préliminaire concernant les ressources que nous avons affectées aux renseignements de sécurité. Un agent du renseignement de sécurité est rattaché à chaque bureau de libération conditionnelle de district depuis seulement quelques mois maintenant, depuis environ huit mois. Auparavant, les agents étaient rattachés uniquement aux établissements, alors nous n'échangions pas d'information avec nos partenaires à l'intérieur de l'établissement et avec nos partenaires du SCRS, des services frontaliers du Canada et des corps policiers au niveau où nous devions réellement le faire.
En très peu de temps, au cours de ces brefs huit mois, les résultats obtenus après avoir affecté des ressources à cet endroit sont les suivants: nous savons exactement combien de membres de gangs il y a, qui ils sont, où ils habitent, quelles sont les incompatibilités, et, plus particulièrement, quels sont les problèmes susceptibles de survenir. Déjà au cours de ces huit mois, nous avons constaté de grandes différences. Au cours d'une période encore plus courte —je dirais de quatre à six mois —, des analystes des communautés criminelles ont été en mesure d'évaluer et d'analyser certaines situations concernant les gangs.
L'importance de tout cela, c'est de nous avoir vraiment permis d'établir une meilleure crédibilité auprès de nos corps policiers et auprès des procureurs, auprès des gens qui travaillent de ce côté-là. C'est très positif de ce point de vue.
L'autre chose que je veux vraiment faire ressortir, ce sont les agents de liaison avec les services correctionnels communautaires qui sont maintenant dans tous les districts. Ce sont en fait des agents de police qui sont, si vous voulez, appuyés par un échange intergouvernemental, d'un ministère à un autre.
Nous avons commencé il y a près de deux ans et demi. Nous avions une entente avec la police d'Edmonton et la police de Calgary. Je souligne que les deux chefs vont vous adresser la parole plus tard aujourd'hui. Ils voudront peut-être en parler. Cette entente dure depuis un peu plus d'un an à peine, et nous avons maintenant la même entente avec la GRC, alors nous avons été en mesure de nouer des relations au-delà des grandes villes.
Nous avons beaucoup de données. Pour répondre à votre question en particulier, nous effectuons des recherches à ce sujet. Nous procédons à des évaluations. C'est important actuellement parce que cela a été fait grâce au financement que nous avons reçu du Conseil du Trésor pour une très courte période seulement, alors on procède à des évaluations pour déterminer si ça pourrait continuer.
S'il m'est permis de le dire, je dirais que c'était une initiative merveilleuse. Ce qui est important à propos de notre travail avec la police et avec les gens qui pratiquent des interventions, c'est la reconnaissance des deux côtés de la clôture concernant l'importance des programmes de prévention et de la répression, que l'un ne va pas sans l'autre. Nous devons reconnaître le besoin d'adopter une démarche rigoureuse avec certains gars très difficiles avec lesquels nous travaillons — et je dis « gars » parce que la grande majorité sont des hommes —, mais nous devons également reconnaître ce que Hugo a dit et l'importance de ce programme.
Ce que j'ai appris à travers cela et grâce aux recherches que nous effectuons, c'est l'importance d'une démarche équilibrée. J'espère que cela répond à votre question.
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Nous sommes favorables à la tenue d'une étude sur le crime organisé, et pour ce faire, nous avons besoin de vos lumières. Vous nous avez tous parlé de votre domaine, mais je vais maintenant aborder des questions auxquelles j'aimerais que vous répondiez.
Quand les gouvernements ont décidé d'exercer un contrôle sur l'alcool, ils ont dit vouloir faire reculer le crime organisé. La nationalisation s'est d'abord faite du côté de l'alcool. C'est le cas dans ma province et ça l'est peut-être dans d'autres. On est ensuite passé aux jeux de hasard. Encore une fois, l'objectif déclaré était de faire reculer le crime organisé, qui était encore présent.
Aujourd'hui, on a un défi. Même si on nationalise tout ce que le crime organisé a ou veut avoir, on est aux prises avec des problèmes de drogues, de trafic de personnes, de blanchiment d'argent. Or ce sont toujours les pauvres qui ont de l'alcool ou de la drogue, et ce sont eux qui se retrouvent en prison. Qu'ils soient autochtones ou blancs, ce sont les pauvres qui écopent à cause de ces choses dont le gouvernement est propriétaire. Il ne faut pas oublier que c'est en effet le gouvernement qui est propriétaire de l'alcool et des jeux de hasard, notamment.
J'aimerais savoir si, en vous fondant sur votre expérience personnelle, vous auriez des suggestions à faire. M. Rice propose des solutions juridiques, mais y a-t-il des solutions qui pourraient être apportées sur le terrain et que nous pourrions inclure dans notre rapport? On veut contrôler le crime organisé. Comme vous le voyez, on est propriétaire de tout ce qui est relié aux vices présents dans la société, mais on n'arrive pas à régler ce problème. De votre côté, comment procéderiez-vous?
Ma question s'adresse à tout le monde, mais surtout à ceux qui travaillent dans le domaine, par exemple Mme Fox. La question pourrait peut-être s'adresser aussi à M. Cenaiko, M. Foss et M. Louis. Pour ce qui est de M. Rice, je connais le problème de la divulgation.
Je ne sais pas vraiment ce que le comité peut recommander. Vous avez tout à fait raison à propos de l'un des principaux problèmes, et je peux vous en parler en me fondant non pas sur des anecdotes, mais sur des faits. Dans la deuxième affaire que j'ai décrite, le principal élément en cause est un affidavit déposé à l'appui de demandes d'écoute électronique qui touche de nombreux informateurs. Des problèmes liés aux informateurs confidentiels y sont associés. Si ces renseignements sont divulgués, il est évident que la vie de ces personnes sera en danger.
À cause de la façon dont l'information a été intégrée dans cet affidavit, nous avons dû essentiellement le déchirer et le recoller. Nous ne sommes toujours pas tout à fait certains que tout est correct, parce que l'affidavit contenait beaucoup de renseignements très précis sur les informateurs; il a donc fallu littéralement cinq ou six mois pour le faire. C'est l'un des problèmes. Les informateurs sont notre principale préoccupation.
Pour ce qui est des enquêtes en cours, nous pouvons toujours au fond refuser de divulguer des renseignements pour protéger les informateurs mais, en fin de compte, à l'approche du procès, nous devons dire à la police de prendre une décision à savoir si elle va poursuivre ou non l'enquête. Autrement, nous devons divulguer l'information. J'imagine que le problème vient en partie du fait que ces dossiers sont si volumineux, qu'ils comportent tellement de mécanismes différents et qu'ils touchent tellement de parties que ce n'est jamais la même chose qui tourne mal.
Ces dossiers comportent tellement d'éléments. Il y a la poursuite, les tribunaux, les avocats de la défense, la police et même des membres civils de la police. Quand on met autant d'éléments dans un seul dossier, on s'attend toujours à ce qu'il y ait une défaillance à un moment donné.
La situation est différente d'une affaire à l'autre. Je n'arrive pas à mettre le doigt sur le problème de façon générale. Ce que je peux dire, cependant, c'est qu'on dirait que, dans de nombreux cas, il y a toujours un élément qui tourne mal, et je ne sais pas ce qu'il faut faire.
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Merci, monsieur le président.
Merci, mesdames et messieurs, de nous transmettre votre expertise ce matin.
J'aimerais vous poser un certain nombre de questions sur la façon dont les gangs autochtones se forment et en quoi ils sont différents des autres types de gangs. Je crois que vous avez mentionné, madame Fox, qu'ils étaient différents des bandes de motards. Si j'ai bien compris, vous avez dit qu'une bande de motards était un peu comme une entreprise, mais que les gangs autochtones étaient différents.
Comme d'autres membres du comité l'ont dit, lorsque nous étions à Toronto jeudi dernier, nous avons entendu les propos de personnes qui essayaient d'empêcher des jeunes de se joindre à des gangs de rue d'origine ethnique dans de nombreuses villes. Je me demandais s'il y avait une différence entre les gangs de rue autochtones et les gangs de rue d'origine ethnique et s'ils se forment pour les mêmes raisons.
On nous a dit que certaines personnes se joignent à un groupe pour se retrouver avec des gens qui ont une identité ethnique commune, d'autres parce qu'elles n'ont pas de modèles positifs dans leur vies personnelles, et d'autres encore parce qu'elles n'ont pas d'avenir sur le plan économique. On nous a dit que c'était quelques-unes des raisons pour lesquelles les jeunes se joignent à un gang.
Un certain nombre d'organisations dans les villes essaient de travailler avec les jeunes au moyen de programmes pour les jeunes à risque. Je me demandais si vous pouviez nous dire quels types de programmes seraient efficaces, à votre avis, et si nous devrions commencer par essayer d'endiguer le flot de jeunes qui se joignent à un gang.
J'aimerais aussi que vous glissiez un mot sur le rôle que joue la drogue.
Vous avez mentionné, monsieur Foss, que de nombreux membres de gang sont eux-mêmes des consommateurs. Plusieurs témoins ont suggéré la semaine dernière, à Toronto, que l'une des façons d'éradiquer le crime organisé dans les gangs est de décriminaliser et de légaliser toutes les drogues qu'ils consomment, ou une partie d'entre elles.
Selon vous, quelle serait l'incidence d'une telle solution sur ces jeunes? Vous pourriez peut-être nous dire aussi d'où vient la drogue et ce que nous devrions faire pour couper l'approvisionnement.
Je sais que j'ai posé beaucoup de questions, mais je souhaiterais entendre Mme Fox, M. Foss et M. Louis, en particulier, sur ces sujets.
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Encore une fois, je vais commencer et je vais parler de mon expérience, même si je ne suis en aucun cas l'experte ici. Les deux personnes à ma droite sont plus expertes que moi en ce qui a trait aux caractéristiques réelles.
Lorsque vous avez décrit les gangs d'origine ethnique, j'ai entendu des choses qui ressemblent à celles que je constate avec les communautés autochtones: la nécessité d'un sentiment d'appartenance, le fait de ne pas avoir de bons modèles et le rapport avec la pauvreté. Je dirais aussi qu'en prison, les gangs peuvent s'épanouir un peu plus pour des raisons de protection et du fait qu'ils sont ensemble.
Vous avez demandé ce qui est à l'origine de la situation, selon nous. Encore une fois, je vais m'en remettre à M. Louis, mais j'ai pu constater que certains jeunes hommes autochtones se sont beaucoup éloignés de leurs racines, de leur spiritualité et du travail auprès de leurs aînés. Les choses ont changé dans leurs communautés. Je constate aussi, dans une certaine mesure, une migration. Au lieu d'aller de rester dans leurs communautés natales, beaucoup de jeunes vont dans les villes, où ils se sentent un peu perdus et où ils ne reçoivent pas le même soutien.
Alors que devons-nous faire? Je crois que nous devons maintenir le cap. Vous avez peut-être entendu que nous — le Service correctionnel du Canada — avons fait beaucoup de travail pour essayer d'aider les gens à retrouver leur spiritualité et à préserver leur culture. Ça ne marche pas toujours, mais c'est l'une des choses les plus fructueuses que dont j'ai été témoin, et nous disposons de programmes merveilleux en ce sens.
Chose plus importante encore: au cours de mes 29 ans de carrière au sein du Service correctionnel du Canada, j'ai constaté, même si je déteste l'admettre, que nous essayons souvent de plaire à tout le monde, mais que nous n'avons pas les capacités de le faire. Nous devons nous concentrer sur ce que nos collègues des communautés autochtones nous disent.
Nous n'avons pas parlé beaucoup la toute dernière nouveauté: dans mon district, il s'agit des gangs d'origine asiatique. Nous devons demander aux gens de ces communautés ce dont leurs jeunes ont besoin. Je crois que vous entendrez les deux chefs de police de mon district tout à l'heure parler de certaines initiatives qu'ils ont mis en oeuvre à cet effet. Le chef Boyd et le chef Hanson sont tous deux allés dans des assemblées publiques et dans les communautés où les problèmes liés aux gangs sont répandus. Ils ont eu beaucoup de succès. Je crois que nous devons continuer dans cette voie.
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Merci, monsieur le vice-président.
Merci à tous les membres du comité de leur présence aujourd'hui.
J'aimerais saluer tout particulièrement mes vieux amis, Greg Rice et Harvey Cenaiko. Greg et moi avons travaillé ensemble au début de notre carrière, et M. Cenaiko et moi avons été membres d'une assemblée législative de 2001 jusqu'à mon départ prématuré, en 2004. Il y est resté jusqu'en 2008, je crois.
C'est génial de tous vous voir.
Lorsque M. Rice et moi avons travaillé ensemble, nous étions avocats de droit civil. Je suis intrigué par ce problème de divulgation. En ce qui a trait à la résolution du problème de divulgation, ça se passe dans le cadre de mesures avant le procès, comme l'a dit M. , et ce pourrait être le résultat du symposium tenu jeudi dernier, à Toronto, dont nous avons parlé.
Je suis intrigué par ce problème et je suis aussi d'avis, M. Rice, que nous devons le régler. La situation exige beaucoup trop de vos ressources et entraîne des retards dans les procès. Et au final, il arrive que des procès soient suspendus pour cette raison. Mais compte tenu de ce qu'a reconnu la Cour suprême dans l'affaire Stinchcombe, et dans d'autres affaires, et étant donné ce que dit la charte au sujet du droit à une défense pleine et entière, peut-on modifier la procédure, à votre avis, ou en sommes-nous prisonniers?
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C'est une bonne question.
Pour votre gouverne, le principe de base dans l'affaire Stinchcombe est qu'il faut divulguer tous les renseignements qui ne sont pas clairement non pertinents. Je crois qu'un des membres du comité a souligné qu'on ne pouvait pas lire les pensées des avocats de la défense. Il est très difficile, même pour nous, de distinguer ce qui est pertinent de ce qui ne l'est pas. Un élément banal à nos yeux peut être crucial pour la défense. Nous ne le savons pas et, par conséquent, nous en divulguons toujours trop, puisqu'il s'agit de divulguer tout ce qui n'est pas « clairement non pertinent », ce qui veut dire ce qui n'est pas manifestement non pertinent dans une affaire. C'est très difficile.
Que pouvons-nous faire? Je ne crois pas être celui qui doit vous dire ce qu'il faut faire, mais je peux bien humblement vous suggérer quelques pistes. J'y ai réfléchi. J'ai réfléchi à la manière dont on mène les enquêtes. Je réalise que Stinchcombe n'existait pas il y a 20 ou 25 ans. Cette décision a été rendue au début des années 1990. Aujourd'hui, nous avons ces nouveaux outils. Nous sommes en mesure d'entrer une grande quantité de renseignements dans un ordinateur ou dans une base de données.
Quant aux enquêtes, plutôt que de les mener pendant un mois ou deux, nous pouvons maintenant le faire pendant un an, un an et demi. Nous pouvons également faire appel à des policiers partout dans les provinces, obtenir tous leurs renseignements et les importer dans une base de données. Il est possible que nous devions remontrer très haut dans la chaîne pour atteindre les personnes visées, mais en même temps, je me demande si, ce faisant, nous n'avons pas réussi à nous déjouer nous-mêmes et à créer un produit qui empêche le bon déroulement des poursuites.
On doit se souvenir que lorsque nous sommes au tribunal, nous devons présenter les preuves en nous servant des témoins. Nous ne pouvons pas simplement donner un disque dur au juge ou au jury en les invitant à lire son contenu. Nous devons passer par les témoins. Je me demande si nous n'avons pas créé une sorte de monstre en utilisant des ordinateurs et d'autres outils semblables.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Je remercie les témoins d'être venus aujourd'hui.
Monsieur Rice, rapidement, j'aimerais soulever une observation. L'avocat de la défense est tenu de tout faire pour que son client gagne sa cause. C'est le problème que vous avez. J'ai été policier pendant 30 ans et j'ai vu la transition. J'ai vu l'adoption de la Charte canadienne des droits et libertés. C'est une bonne chose, mais quand on laisse l'être humain s'en occuper, elle peut être manipulée sans bon sens. Ce n'est qu'un commentaire, monsieur. Je souhaite réellement... Je voulais emprunter cette voie, mais je crois qu'elle ne mènera à rien.
Voici ce qui, à mon avis, constitue une voie prometteuse. L'Établissement Warkworth se trouve dans ma circonscription. Il s'agit du plus grand établissement fédéral à sécurité moyenne au pays. Ils y ont un centre de guérison. J'oublie le nom exact du programme, mais c'est une unité complètement séparée de l'établissement, même si elle se trouve sur son terrain. Il y a des territoires des premières nations aux alentours, et selon les données que nous avons, c'est un grand succès. Je crois que c'est un succès phénoménal.
Je lance cette idée à M. Louis, à Mme Fox et à M. Foss, si nous avons le temps. J'essaierai d'être bref. Je crois que la raison de ce succès se trouve dans les racines des peuples des premières nations qui sont, à vrai dire, très religieux, si je peux utiliser notre terme. Ils se fondent sur le Créateur et, à partir de là, ils travaillent sur eux-mêmes. Il en est de même pour chaque religion. Franchement, je crois qu'on utilise mal les programmes d'aumônerie dans nos prisons. Ils sont efficaces sur le plan des coûts et il y a un lien avec la communauté dès la naissance.
Monsieur Louis, je me demandais si vous pouviez en parler, tout en laissant un peu de temps à Mme Fox et à M. Foss pour qu'ils puissent commenter.
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J'aimerais vous parler de quelque chose que j'ai entendu il n'y a pas longtemps, avant que je fasse partie du comité de la justice. J'étais dans un avion qui m'amenait d'Ottawa à Toronto. J'étais assis à côté d'une dame qui revenait de Pangnirtung, sur l'île de Baffin, où elle travaillait comme infirmière. C'était une personne d'ascendance autochtone ou des premières nations.
Elle m'a parlé du problème de drogue qui existait à Pangnirtung, la petite communauté isolée de 1 500 personnes où elle travaillait comme infirmière. Elle m'a dit que les Hells Angels vendent des drogues là-bas. Quand elle a dit qu'il y avait trois membres en règle des Hells Angels dans la communauté, j'ai été réellement surpris, et je lui ai demandé si c'était des gens du coin. Elle m'a dit que non, qu'ils viennent de Montréal, et qu'ils ont un genre de café à Pangnirtung. Ils fournissent les drogues directement aux membres de la communauté. Ils s'arrangent pour que les gens deviennent dépendants rapidement à toutes sortes de substances.
J'imagine qu'à un moment donné, des Hells Angels se sont assis à leur bureau principal de Montréal et ont regardé une carte du Canada pour déterminer à quel endroit ils pouvaient trouver de nouveaux clients. Puis ils ont envoyé ces trois hommes là-bas. Ils doivent vraiment détonner dans ce milieu.
Je sais que vous n'êtes pas des policiers, quoique certains viendront nous parler plus tard dans la journée. Mais il doit y avoir quelque chose que nous pouvons faire pour empêcher qu'on achemine des drogues à un endroit comme Pangnirtung, où il n'y a que trois vols par semaine, je crois. Ils doivent apporter les drogues dans leurs valises.
Est-ce une situation courante dans les communautés autochtones que vous connaissez? Lorsque ces hommes arrivent dans une communauté avec une valise pleine de drogues de la rue, que devrions-nous faire? Je sais que c'est une question difficile...
Des voix: Oh, oh!
Une voix: Ça s'adresse à notre procureur, ici.
M. Bob Dechert: Cette histoire m'a renversé et je ne comprends pas pourquoi la police ne peut pas simplement intercepter ces hommes et fouiller leurs valises.
Une voix: C'est la Charte des droits et libertés.
M. Bob Dechert: Est-ce que quelqu'un voudrait faire un commentaire sur ce que je viens de raconter? Non? D'accord. Je voulais simplement en parler pour montrer qu'il faudrait s'occuper de ce genre de situation.
Merci.
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Oui, car c'est quelque chose qui me tient réellement à coeur. Vous avez bien raison. Je crois que, pendant bien longtemps, il y avait comme une rupture entre le volet établissement et le volet de la libération conditionnelle et de la surveillance.
Nous avons essayé de nous attaquer à ce problème. Je crois que vous êtes au courant d'un rapport qui a été publié, une feuille de route pour la sécurité publique, qui porte sur cette transformation. Le comité qui a fait cette démarche a souligné ce point très clairement. Nous devons nous améliorer sur ce plan.
Il ne s'agit pas d'un problème unique, mais je peux vous dire que, dans le cas de l'établissement pour femmes qui est ici à Edmonton, notre proximité nous a permis de mieux faire ces liens. On pourrait dire que, dans la région, la géographie y serait un peu pour quelque chose.
Par exemple, nous comptons des établissements à Drumheller, Red Deer et Grande Cache, où nous n'avons pas nécessairement de bureaux de libération conditionnelle. Nous avons dû trouver des manières créatives de communiquer avec nos collaborateurs dans les établissements. Nous disposons d'outils technologiques, et je trouve qu'il est utile de faire des vidéoconférences, de discuter au téléphone, etc.
C'est quelque chose qui me préoccupe réellement, et qui figure dans mon accord de rendement et dans celui d'autres directeurs d'établissement ou de district au pays. On compte seulement huit directeurs de district au Canada. Nous nous réunissons régulièrement et c'est l'un des domaines sur lesquels nous concentrons réellement nos efforts.
Donc, vous avez raison, mais je crois que nous commençons à faire des progrès sur ce plan.
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Merci, monsieur le président et les membres de ce comité.
Aujourd'hui, je m'adresse à vous en tant que vice-président de l'Association canadienne des chefs de police et président de l'Alberta Association of Chiefs of Police.
Le système de justice canadien assume deux responsabilités générales, à savoir protéger la population et assurer la justice pour toutes les personnes accusées de crimes et pour les victimes de ces crimes.
Au cours des dernières années, en raison de l'attention judiciaire et publique suscitée par certaines affaires où des délinquants ont été condamnés à tort pour un crime, on a déployé beaucoup d'efforts afin d'assurer la justice pour les personnes accusées. D'ailleurs, cette attention accrue était justifiée et fortement appuyée par les chefs de police au Canada.
Aujourd'hui, mon témoignage porte sur le sujet suivant: les changements que l'on doit apporter à la législation et à l'application du système pour veiller à ce que la population soit protégée contre toute autre victimisation criminelle, ou contre les crimes commis par des personnes reconnues comme étant des délinquants chroniques ou des récidivistes chroniques.
Je situe un peu le contexte. Au cours des années 1970, le Parlement a adopté la Loi sur la réforme du cautionnement. Essentiellement, cette loi a établi certains principes, notamment qu'une personne accusée d'avoir commis un crime devait être remise en liberté jusqu'à ce que le tribunal ait déterminé son innocence ou sa culpabilité. Advenant un verdict de culpabilité par le tribunal, il fallait examiner davantage la situation et déterminer si, dans l'affaire en question, cette décision signifiait ou non l'incarcération ou l'emprisonnement pour la personne délinquante.
Cette loi prévoyait également certaines exceptions à la règle générale ou aux principes généraux. La première exception étant le cas des délinquants pour lesquels on avait des motifs de croire que, s'ils étaient libérés, ils ne se présenteraient pas devant le tribunal pour répondre des accusations à leur endroit. La deuxième exception visait les délinquants accusés d'un crime ou de crimes multiples pour lesquels on avait des motifs de croire qu'ils continueraient de commettre des crimes s'ils bénéficiaient d'une remise en liberté sous caution avant leur procès.
Dans le cas de la première exception, une personne accusée pouvait faire l'objet d'une enquête sur le cautionnement pendant que le tribunal prenait connaissance des preuves liées aux motifs. La loi permet au tribunal soit de garder les délinquants en détention jusqu'à leur procès ou de les libérer en vertu de conditions rigoureuses qu'ils doivent respecter et, advenant un bri de ces conditions, ils peuvent être accusés d'un autre délit criminel.
Pour ce qui est de la deuxième exception, c'est-à-dire lorsqu'on a des motifs de croire qu'un délinquant continuera de commettre des crimes une fois libéré sous caution, celui-ci peut être visé par une enquête sur le cautionnement en vertu de laquelle le tribunal peut entendre les motifs avancés. Un juge ou un juge de paix peut proposer une mise en liberté avant le procès, ce qui empêche totalement les délinquants de commettre d'autres crimes, ou alors le tribunal peut les libérer sous caution moyennant l'imposition de conditions rigoureuses, ce qui, idéalement, les empêche de commettre d'autres infractions.
Tout ce qui précède est déjà prévu à l'article 515 du Code criminel du Canada. La question n'est pas tellement de savoir ce qu'il faut ajouter à la loi pour protéger le public. Nous savons que, lorsqu'elle est appliquée de façon appropriée, la plupart du temps elle est efficace. Le problème, c'est que les processus législatifs ne sont pas utilisés dans leur pleine mesure, plus particulièrement en ce qui a trait aux délinquants chroniques et aux récidivistes, et, pour cette raison, le public n'est pas bien protégé contre d'autres crimes.
Par système de justice, on entend les services de police, les procureurs de la Couronne, les avocats de la défense, les juges et les juges de paix et, évidemment, les services correctionnels. Bien que ces différents acteurs du système de justice soient indépendants du point de vue constitutionnel, du point de vue pratique, ils sont interdépendants, car ils permettent d'assurer l'efficacité du système. Cet aspect est important pour bien exécuter les deux responsabilités propres au système, notamment assurer la justice pour les victimes et les délinquants, et protéger la population.
Entre 2006 et 2008, on a mené à Edmonton et Halifax des études portant sur les antécédents des délinquants criminels. Les responsables des corps de police du Canada souhaitaient établir, par ces études, que certaines situations ne se produisaient pas que dans une seule région du Canada.
Ces études ont relevé des tendances de délinquance menant jusqu'à 100 arrestations et plus au cours d'une période de cinq ans, alors que les délinquants ont été arrêtés et libérés des douzaines de fois, car en de multiples occasions, ils n'ont pas respecté leurs conditions de remise en liberté et ont commis d'autres crimes, mettant ainsi en danger la population. C'est pourquoi mon attention et mes commentaires sont tournés vers la protection du public.
En fait, il n'est pas inusité de voir des délinquants remis en liberté se promener dans les rues de nos villes en bénéficiant de cautionnements multiples alors que leurs antécédents laissent entendre qu'ils devraient être privés de leur capacité légale en raison d'une détention préventive. Souvent, les délinquants chroniques sont des personnes qui souffrent d'une dépendance à l'alcool ou aux drogues. Le plus souvent, ils ne peuvent se sortir du cycle du crime car c'est ce qui leur permet d'obtenir l'argent nécessaire à l'achat de drogues pour satisfaire leur dépendance et ainsi de suite.
La plupart des spécialistes sont d'avis que le problème des délinquants est principalement un problème de santé et je crois que la communauté des services de police canadiens est d'accord sur ce point. Toutefois, lorsqu'un personne traverse la mince ligne entre se causer elle-même des préjudices et victimiser d'autres personnes d'un point de vue criminel, ce problème relève de notre système de justice et constitue un danger pour la population canadienne, compte tenu qu'une des responsabilités du système est de protéger le public contre ceux qui commettent des crimes.
Bien que les termes « délinquant chronique » et « récidiviste » sont souvent utilisés pour désigner les mêmes personnes, le terme « récidiviste » peut être utilisé pour décrire les délinquants dont le style de vie est le crime et la victimisation, et qui ne disposent d'aucun moyen de subsistance légal. Bien que la plus grande partie de la législation vise les délinquants qui commettent des crimes, des changements législatifs sont nécessaires afin de renforcer les effets du système de justice en ce XXIe siècle.
Permettez-moi d'avancer quelques idées et de les rendre plus concrètes. Aujourd'hui, j'aimerais formuler certaines recommandations précises de changement que le comité pourrait envisager.
Recommandation numéro un: il faut apporter des changements à la loi afin de rendre obligatoire l'application de certaines mesures mises de l'avant par les différents intervenants du système de justice.
Recommandation numéro deux: le Parlement doit reconnaître, dans la loi, la prévalence de la dépendance à l'alcool et aux drogues et son influence sur le crime dans notre société.
Recommandation numéro trois: le Parlement doit apporter des changements aux options offertes en matière de conditions de libération énoncées dans la loi afin quelles soient mieux adaptées à la réalité d'aujourd'hui et plus efficaces pour contrôler les agissements d'un délinquant présumé pendant sa remise en liberté.
Permettez-moi de commencer par la recommandation numéro un, c'est-à-dire rendre obligatoire l'application des mesures prises. Lorsque la police prépare des preuves en vue d'une enquête sur le cautionnement visant à démontrer la vraisemblance qu'un délinquant puisse commettre un autre crime s'il est remis en liberté, les renseignements réunis équivalent à une évaluation de risques ou une évaluation de menaces pouvant mener une victimisation ultérieure. Très souvent, ces renseignements sont ignorés et aucune explication n'est donnée. Tout cela rend le public vulnérable et le système n'en est pas responsable.
En ce qui a trait à la recommandation numéro deux, la législation ne fait aucunement mention des problèmes de drogue au Canada ni des conséquences de la dépendance aux drogues sur le crime et vis-à-vis de ceux qui s'adonnent au crime. Je crois qu'il est nécessaire que la loi en fasse état. Je souhaiterais également que l'on établisse un lien entre les programmes de lutte contre la drogue en vigueur au Canada et ceux qui sont les plus visés et qui sont responsables de crimes vis-à-vis d'autres personnes dans notre société.
Maintenant la recommandation numéro trois, à savoir modifier les conditions de remise en liberté. Les options en matière de conditions de libération rédigées dans la loi des années 1970 et 1980 ne tiennent pas compte des développements technologiques mis à la disposition du système de justice. La surveillance électronique peut très bien être une option retenue par les tribunaux dans le cas de la remise en liberté d'un délinquant, mais même, actuellement, cette option n'est pas prévue dans la loi.
Un autre exemple est la condition libellée comme suit « ne pas troubler l'ordre public et avoir une bonne conduite ». Cet exemple est souvent évoqué, mais il semble ne correspondre à rien dans notre système actuel. En fait, cette expression ne signifie pas grand chose.
Il y a de nombreux autres exemples que je pourrais vous donner, mais un fait demeure: il faut moderniser les options en matière de conditions de libération et veiller à ce qu'elles soient efficaces pour ce qui est de limiter les possibilités de comportement criminel.
Et voici la contrepartie: plus d'efforts axés sur les récidivistes ou les délinquants chroniques auront, sans aucun doute, pour effet de rendre nos communautés plus sécuritaires et permettront de réduire la criminalité. Je crois également que cela permettra de réduire le fardeau de notre système de justice en le rendant plus efficace pour tous et aura aussi un effet dissuasif pour les délinquants.
En terminant, bien que la législation actuelle soit très bien appliquée par la Cour suprême du Canada, cette législation doit être modernisée pour tenir compte de la réalité d'aujourd'hui. Le système doit mettre l'accent sur le danger que représentent les délinquants récidivistes pour la population canadienne et sur la responsabilité du système à l'égard de la protection du public.
À court terme, j'estime que la seule façon d'y parvenir est de rendre obligatoires certaines mesures. Le fait d'apporter des changements dans ce domaine du droit criminel contribuera à mettre en oeuvre les changements dont nous avons besoin pour protéger le public et réduire la victimisation d'actes criminels.
Je vous remercie de m'avoir donné l'occasion de témoigner devant vous ce matin.
J'ai pris connaissance de certains des témoignages précédents et ce serait répétitif de reprendre l'historique du crime organisé au Canada et comment nous en sommes rendus là. Alors, je serai relativement bref.
Il y a tout de même un point en particulier que j'estime devoir aborder. Les personnes qui se situent au milieu et dans les rangs supérieurs de l'échelle du crime organisé y sont pour une seule et unique raison: le profit.
Contrairement aux autres types de crime au Canada, où certaines dépendances ou encore la stupidité peuvent être le facteur de motivation principal, les acteurs du crime organisé sont inspirés par l'appât du gain et le profit, et s'appuient sur la victimisation continue des naïfs et des innocents. Par conséquent, le gouvernement et le système de justice doivent reconnaître que des crimes graves exigent des sentences graves.
Une personne ayant pris part à des activités criminelles graves et organisées doit être traitée beaucoup plus sévèrement que tout individu jeune et un peu fou qui a des démêlés avec la justice pendant plusieurs années. Le crime organisé a des conséquences sociales et économiques importantes et nous ne pouvons passer sous silence ses répercussions de plus en plus nombreuses sur l'économie canadienne et la société canadienne.
Je veux parler maintenant des tendances récentes que nous avons relevées et j'aimerais avancer quelques solutions.
Le premier problème est la diversification des groupes criminels organisés, tant sur le plan géographique que commercial. Alors que par le passé, le crime organisé avait tendance à se limiter à un créneau de marché ciblé, ce n'est plus le cas. Les groupes sont maintenant présents dans toute entreprise susceptible de générer des profits, que ce soient la traite de personnes, la prostitution, les réseaux de vols de voitures, la fraude par cartes de crédit et la fraude hypothécaire. Les groupes criminels organisés ne se limitent plus à des secteurs géographiques ou aux zones avoisinantes, leur quête du profit s'étend au-delà des frontières.
En outre, ces groupes criminels déploient beaucoup d'efforts pour essayer de corrompre et d'infiltrer les services de police, le système judiciaire et les entreprises légales. Ils s'activent également pour démasquer les sources policières.
Jusqu'où va l'application de la loi? Comme les groupes criminels organisés élargissent leurs réseaux, il y a de plus en plus de communication entre eux, ce qui entraîne des conflits et de la violence. Les nombreux paliers et facettes multiples que comporte un groupe criminel rendent difficile toute possibilité d'enquête par les services policiers, non seulement au niveau des ressources, mais également au niveau de l'expertise interne. Par exemple, un simple dossier concernant les stupéfiants peut mener à une enquête de fraude complexe qui exige une expertise dans les domaines de la criminalité commerciale, de la criminalité technologique, etc.
Les activités criminelles dans des domaines interreliés obligent les différents organismes d'exécution de la loi, qu'il s'agisse de services policiers ruraux ou municipaux, des services correctionnels, de l'ASFC et des shérifs, à travailler ensemble et à échanger des renseignements; d'ailleurs, quelques processus et systèmes sont en vigueur pour faciliter cet échange de renseignements.
Il existe quelques solutions applicables pour régler ce problème particulier. L'une d'entre elles consiste à faciliter l'échange d'information et de renseignements entre les organismes grâce à la mise au point de bases de données partagées, à l'analyse et à d'autres ressources. Une autre serait de mettre au point et d'appuyer une technologie pratique applicable à la grandeur d'une province et du pays. La majorité des organismes d'exécution de la loi utilisent différentes technologies et systèmes, ce qui rend difficile l'échange de renseignements à jour.
Pour lutter contre la fraude hypothécaire, le gouvernement doit obliger les banques à cesser d'utiliser leur technique actuelle d'évaluation informatisée et de mettre au point des techniques visant à dissuader toute fraude hypothécaire au lieu de la favoriser.
Un autre problème: la diffusion ou la communication des documents. Deux éléments sont liés à la diffusion des documents. Tout d'abord, les obligations découlant de l'arrêt Stinchcombe requièrent un nombre excessif de ressources policières et judiciaires. Deuxièmement, même les documents à communiquer sont utilisés par les criminels pour connaître les stratégies d'enquête des policiers.
Les renseignements recueillis au niveau local révèlent des incidents liés aux groupes criminels organisés qui utilisent les textes de loi en matière de communication de documents pour connaître les stratégies d'enquête de la police et y réagir. On a même eu des cas où les documents à communiquer ont été diffusés dans les prisons. On a également appris que les groupes criminels organisés tenaient ce qu'ils appellent eux-mêmes des « réunions délicates » où ils discutent des tendances récentes au niveau des mécanismes de surveillance policière et des moyens de les contourner.
Les services policiers et l'État ont un lourd fardeau à porter en ce sens qu'il est pratiquement impossible de tenir un procès pour crime organisé d'une certaine complexité dans une province comme l'Alberta. Il y est virtuellement impossible de citer à procès plus de quatre personnes à la fois.
En fait, pour les organismes d'exécution de la loi, la contre-surveillance devient un énorme problème. En fait, la contre-surveillance c'est la capacité des groupes criminels organisés de cibler les services policiers et de cerner leur façon de réagir à un crime particulier. Les stratégies traditionnelles d'enquête policière ne sont plus aussi efficaces qu'elles étaient parce qu'elles sont connues de tous les éléments criminels, plus particulièrement ceux du crime organisé, qui peuvent les étudier et trouver des moyens de les contrer. Cette situation limite de façon importante notre capacité à tenir d'importants procès contre les organisations du crime organisé.
Parmi les solutions possibles, mentionnons un examen de l'arrêt Stinchcombe dans le but de simplifier la divulgation pour la police et, le cas échéant, de masquer les techniques policières afin que les criminels ne puissent ni les étudier ni élaborer de stratégies visant à contrer les enquêtes; la promotion des outils technologiques pour résoudre les problèmes concernant la quantité de preuves à communiquer; et le renforcement de la capacité et de l'expérience fédérales en matière de poursuites en augmentant les postes et les niveaux de dotation.
En troisième lieu, les organisations criminelles deviennent de plus en plus avancées sur le plan technologique. Elles utilisent davantage de techniques perfectionnées pour communiquer les unes avec les autres et aussi Internet pour faciliter la commission de crimes comme la prostitution et le blanchiment d'argent.
Quelles sont les conséquences pour les forces de l'ordre? Une fois encore, la contre-surveillance devient un problème de taille. Les organisations criminelles utilisent des techniques anti-surveillance telles que la RF ou des récepteurs de signaux pour trouver l'équipement de surveillance couverte de la police et elles utilisent des brouilleurs pour bloquer les communications.
Par conséquent, cela crée des préoccupations en matière de sécurité pour les officiers et des obstacles au bon déroulement des opérations. De nombreux agents de police qui effectuaient des contrôles routiers ont perdu l'usage de leur téléphone et, dans certains cas, de leur radio à cause de ces dispositifs de brouillage. Les techniques d'enquête traditionnelles sont de moins en moins efficaces.
Parmi les autres solutions, la première consiste à avoir un centre de cybercriminalité au Canada. Nous avons besoin d'un centre national destiné à lutter contre le crime en ligne pour s'attaquer aux pourriels, aux virus et aux réseaux zombies, mais aussi pour que les forces locales de maintien de la paix puissent se doter d'un organisme d'enquête qui recueille les preuves de blanchiment d'argent, de fraudes, etc. Par ailleurs, aux termes d'une loi sur l'accès légal, nous devons pouvoir surveiller les organisations criminelles dans les salles de clavardage et dans les zones où elles sont actuellement intouchables, comme les sites pour consoles de jeux, MSN et les communications NIP à NIP sur un BlackBerry.
Il faut adopter des mesures législatives en matière d'accès légal pour permettre à la police de surveiller les dispositifs de communication de façon plus efficace. Les compagnies de téléphone et les fournisseurs de services Internet doivent être tenus d'offrir un moyen détourné aux forces de l'ordre afin qu'elles interceptent des communications privées lorsqu'elles ont l'autorisation judiciaire pour ce genre d'interception.
De plus, il faut que les forces de l'ordre puissent avoir accès à l'information sur les abonnés de cellulaires et aux adresses de protocoles Internet sans mandat. Des mesures législatives pour rendre illégale la vente, la possession, l'utilisation ou l'importation de brouilleurs de signaux sont également essentielles.
Pour terminer, il faut sensibiliser la population. Le crime organisé compte sur sa capacité à s'attaquer continuellement aux personnes naïves et vulnérables. Il faut sensibiliser beaucoup mieux la population. Il faut commencer aussi tôt que dans les écoles élémentaires afin que les enfants reçoivent le bon message sur les drogues et les prédateurs du cyberespace qui peuvent mener à la prostitution et à l'appartenance à un gang. Il faut continuer cette sensibilisation jusqu'au secondaire.
Comment peut-on expliquer la grande réussite de certaines fraudes par Internet qui sont continuellement commises contre la population lorsque, aux yeux des forces de l'ordre et des personnes instruites, il est simplement ridicule de croire que quiconque puisse devenir victime de ce genre d'approches? Il faut qu'il y ait un engagement à l'échelle nationale à l'égard de la sensibilisation pour réduire les niveaux de victimisation.
Je vous remercie de m'avoir permis de prendre la parole aujourd'hui.
Monsieur le président et membres du comité, merci beaucoup d'avoir invité l'ASFC à s'exprimer aujourd'hui.
La région des Prairies de l'Agence des services frontaliers du Canada a pour mission de protéger la frontière canado-américaine dans les provinces des Prairies et dans les Territoires du Nord-Ouest, ce qui implique de gérer 37 postes frontaliers terrestres, cinq aéroports et deux ports de mer. Des 1 216 employés de l'ASFC affectés dans la région, 682 sont agents des services frontaliers. Depuis 2009, les bureaux d'entrée des Prairies ont traité à l'arrivée presque trois millions de voyageurs aériens, 460 000 camions commerciaux et 1,3 million de véhicules transportant 2,8 millions de personnes.
Les saisies de drogues dans la région se chiffrent à quelque 26 millions de dollars pour les cinq dernières années, et à 17 millions de dollars pour les 12 derniers mois. Depuis deux ans, elles consistent surtout en cocaïne venue d'Amérique du Sud, en doda venue des États-Unis et en khat venu d'Afrique. Dans une moindre mesure, nous saisissons aussi de l'héroïne, de l'huile de cannabis et, bien sûr, de la marijuana.
Bien que la majorité des expéditions de drogue qui entrent au Canada par les airs passent par les grands bureaux d'entrée de l'Est et par Vancouver, on en signale de plus en plus dans les aéroports internationaux de Calgary et d'Edmonton. Le crime organisé utilise pour acheminer la drogue des sociétés tout à fait légitimes, ce qui complique pour nous le ciblage des expéditions et des conteneurs suspects dans le mode aérien.
L'ASFC accomplit son mandat d'exécution de la loi d'une part par le travail de ses agents aux bureaux d'entrée, et d'autre part par celui de ses trois divisions dédiées à l'exécution de la loi. Nos agents affectés aux bureaux d'entrée, c'est-à-dire la majorité de nos agents, sont supervisés par un réseau de cinq bureaux de district établis dans les Prairies et dans les Territoires du Nord-Ouest. Premières personnes à entrer en contact avec les voyageurs qui veulent entrer au Canada, ces agents s'occupent de l'inspection des marchandises et des moyens de transport.
Deux divisions jouent un rôle complémentaire: la Division des enquêtes criminelles et du renseignement et la Division de l'exécution de la loi dans les bureaux intérieurs. Leur personnel est surtout établi à Calgary, à Edmonton, à Winnipeg et à Regina, mais on retrouve aussi des bureaux à Coutts en Alberta, à North Portal en Saskatchewan et à Emerson au Manitoba.
Les enquêtes criminelles nous outillent pour poursuivre les personnes soupçonnées de contrevenir délibérément aux quelque 80 lois fédérales que nous appliquons, et qui régissent la frontière d'une façon ou d'une autre. Dans la région des Prairies, les infractions vont des entraves à la Loi sur l'immigration et la protection des réfugiés (LIPR) jusqu'au faux-monnayage, en passant par le trafic d'armes de poing et autres armes à feu et par la pornographie juvénile.
Les agents de l'exécution de la loi dans les bureaux intérieurs retrouvent et expulsent du pays les étrangers entrés au Canada illégalement, ainsi que toute personne, même résidente permanente, dont l'admissibilité a changé après son arrivée au Canada. Pour y arriver, la division mène des enquêtes en collaboration avec d'autres organismes d'exécution de la loi, comme la GRC et les services de police municipaux. Bon nombre des individus expulsés depuis les Prairies ont été déclarés inadmissibles pour s'être adonnés à des activités criminelles, au Canada ou ailleurs. On compte parmi eux des membres ou d'anciens membres d'organisations criminelles notoires comme la Afrikan Mafia, les MS-13, les Clippers, les Fresh off the Boat et les Fresh off the Boat Killers.
Finalement, les agents et analystes du renseignement ont la responsabilité de prévoir le crime et de fournir des renseignements tactiques à tous nos secteurs de programme pour garantir l'efficacité de nos mesures d'interception et la sécurité de nos agents. En fait, pour établir qu'un comportement est suspect, les agents des services frontaliers utilisent des critères qui viennent surtout du Renseignement.
Mais ce qui revêt encore plus de pertinence pour vos délibérations aujourd'hui, c'est que notre programme de renseignement, plus que tout autre programme, est au premier plan de la collecte, de l'analyse et de l'échange de renseignements sur le crime organisé.
Merci.
:
Merci, monsieur le président et membres du comité.
Je suis l'officier responsable du Programme des renseignements criminels pour l'Alberta.
Le profil du crime organisé en Alberta a beaucoup évolué ces dix dernières années, en partie à cause de la prospérité économique. Celle-ci a attiré chez nous des gens de tout le Canada, voire du monde entier.
Ainsi, les organisations criminelles d'aujourd'hui sont plus nombreuses, plus complexes et plus diversifiées du point de vue ethnique que celles d'hier. De même, la mondialisation a ajouté bien des cordes à l'arc du crime organisé, si bien que passer outre aux frontières entre les provinces et les pays est devenu pour lui la norme. L'Alberta compte actuellement 83 organisations criminelles sur son territoire.
Autrefois concentrées dans les grands centres urbains, les organisations criminelles se sont étendues à l'ensemble de la province, chassées par les forces de l'ordre, mais aussi attirées par des occasions juteuses. On les retrouve aujourd'hui jusque dans des localités comme Brooks, Lloydminster, Fort McMurray et Grande Prairie. Par exemple, un groupe originaire du centre-est de l'Afrique et coupable de différents crimes — agressions, infractions liées aux armes à feu, trafic de drogue, meurtres, etc. — a délaissé ses bastions dans les villes comme Toronto pour aller se réfugier dans l'Alberta profonde.
La majorité des organisations criminelles trempent un tant soit peu dans la production, la distribution, l'importation et l'exportation de drogues illicites et de médicaments contrôlés, avec tout que cela implique: produits chimiques précurseurs, cultures illégales, laboratoires clandestins, etc. Évidemment, leurs méfaits sont loin de s'arrêter là: il y a aussi la contrefaçon de produits pharmaceutiques et autres, de blanchiment d'argent, le proxénétisme, l'importation et le trafic d'armes à feu, les vols de véhicules, le faux-monnayage, la contrefaçon de cartes de paiement et de titres de voyage, le trafic de diamants, la traite des personnes, l'industrie du jeu, la fraude, le vol à l'étalage, la corruption et l'intimidation des agents publics.
Pour la police, le crime organisé représente un défi de taille. Il a plus d'un tour dans son sac pour corrompre les forces de l'ordre, les services frontaliers, les agents de correction, les avocats, les greffiers, les organismes de réglementation, le personnel des aéroports, les messagers, les camionneurs, les compagnies de sécurité, bref, tous les gens qui peuvent lui être utiles. Il intimide également les acteurs du système judiciaire; les témoins, bien sûr, mais aussi les procureurs de la Couronne, les juges, les policiers et les agents des services correctionnels. Il sait tirer partie de la technologie pour déjouer les enquêteurs et pour commettre des crimes à distance dans le plus parfait anonymat, ce qui d'ailleurs constitue la norme pour les fraudes par marketing de masse, pour la contrefaçon de cartes de paiement et de titres de voyage, et pour le vol d'identité.
Autres obstacles pour nous: le temps qu'il faut pour mettre à niveau des lois déjà très en retard sur les tendances du crime et sur la technologie, par exemple les dispositions sur l'accès légal. La durée et la complexité croissantes des enquêtes, la quantité de preuves nécessaires, la nécessité d'un personnel hyperspécialisé, le caractère ardu des exigences judiciaires, la longueur et la complexité des poursuites.
Les organisations criminelles se glissent d'une province et d'un pays à l'autre, profitant des différences juridiques pour nuire aux forces de l'ordre ou pour complexifier la collecte de preuves, l'échange de renseignements ainsi que les enquêtes. Elles ne reconnaissent aucune frontière, hormis celles de leurs territoires. Finalement, tout ce que la police révèle sur ses méthodes d'enquête pendant les procès, les criminels s'en font part par la suite.
Que pouvons-nous faire? Nous commençons par concentrer stratégiquement nos ressources limitées sur les organisations criminelles qui font le plus de mal, mais qui sont en même temps vulnérables. Juger des menaces et de la vulnérabilité en temps utile pour se fixer de bonnes priorités exige un processus de renseignement à la fois solide et fluide. Par exemple, il faut des plates-formes communes qui nous permettront d'accéder facilement aux données sur le crime organisé, et de les échanger.
Cette possibilité ne doit pas se limiter à l'industrie et aux organismes gouvernementaux canadiens; elle doit aussi s'étendre à nos partenaires étrangers. Il faut veiller à l'adéquation de nos partenariats et de nos stratégies d'exécution de la loi. Il faut unir nos efforts à ceux des autres organismes d'exécution de la loi et des ministères publics, et consolider nos partenariats avec les gouvernements, avec l'industrie et avec les collectivités — le tout sans jamais nous laisser circonscrire par les frontières qui séparent les provinces et les États. Il s'agit d'éviter les doubles emplois et les problèmes de territoire.
La police sait ce dont elle a besoin pour mener à bien les enquêtes complexes dont je viens de parler: capacité, expérience et compétences spécialisées. À cela s'ajoutent le matériel et les lois qui lui permettront d'exploiter la technologie, d'intercepter des preuves, de protéger ses agents et l'intégrité de ses enquêtes, et finalement, d'investir ses énergies au bon endroit. Nous devons miser sur des stratégies d'enquête et de poursuite novatrices, entre autres pratiques exemplaires. Il nous faut une équipe de poursuite avec la compétence, l'expérience, le matériel et la capacité nécessaires pour favoriser l'enquête et pour venir à bout de procès longs et complexes.
La police ne peut vaincre le crime organisé toute seule. Il lui faut un engagement ferme de la part du public et de tous les ordres de gouvernement. À cet égard, je ne saurais être trop reconnaissant envers le gouvernement de l'Alberta.
Voici quelques-unes des réalisations: le lancement, au cours des cinq dernières années, de plusieurs nouvelles initiatives intégrées d'exécution de la loi qui doivent outiller la police pour la lutte au crime organisé; de nouvelles lois touchant la confiscation civile, les gilets pare-balles souples, les véhicules blindés et la protection des témoins, autant de moyens de faciliter le travail des forces de l'ordre; un cadre pour l'exécution de la loi, grâce auquel la police et les gouvernements peuvent chercher ensemble des façons d'éliminer la répétition inutile de tâches et de mieux utiliser leurs ressources en intégrant leurs services communs; et l'élaboration d'une stratégie interministérielle en plusieurs volets de lutte contre les gangs pour réduire la taille de ceux-ci, leur présence et leur capacité de nuire.
Pour sa part, notre division a participé à la création d'une stratégie provinciale et d'un corps de cadets — Hobbema — destinés à la lutte contre les gangs autochtones.
Nos équipes intégrées de la police des frontières collaborent avec des partenaires établis aussi bien au Canada qu'aux États-Unis.
La police albertaine fonde ses opérations sur le renseignement, et tout indique qu'elle mise sur les bonnes priorités. Les différents services mettent leurs ressources en commun de bien des façons, notamment dans le cadre des Alberta Law Enforcement Response Teams (ALERT). Leurs partenariats ne se limitent pas à la province, ni même au pays.
De plus, nous travaillons régulièrement, avec les services de poursuite fédéraux et provinciaux, à l'efficacité de nos stratégies d'enquête et de poursuite.
Or, il est un secteur qui échappe à notre emprise, et pour lequel nous devons faire appel au gouvernement: la modification des lois dans le sens d'une plus grande efficacité pour nous.
Plusieurs facteurs viennent compliquer les enquêtes sur le crime organisé et les poursuites ultérieures.
Par exemple, il y a les lois sur l'accès légal qui sont en retard sur la technologie, et sur la façon dont le crime organisé exploite celle-ci. Mentionnons également qu'il est difficile actuellement pour la police d'échanger des renseignements avec les organismes gouvernementaux et avec l'industrie, au pays comme à l'étranger. Des restrictions législatives et des inquiétudes quant aux droits de la personne établissent un climat de peur et de réticence.
Soulignons aussi que dans les enquêtes sur des crimes financiers complexes, il nous est fort difficile d'obtenir l'accès aux dossiers financiers et d'amener les témoins non accusés à témoigner. Les lois actuelles font obstacle aux enquêtes, qu'elles rallongent considérablement.
Notons aussi que le seuil de divulgation actuel est si bas que la police et les services de poursuite se voient fréquemment imposer des tâches qui engloutissent leur temps, leur argent et leurs ressources. De surcroît, les criminels utilisent le processus de divulgation pour mettre au jour les techniques d'enquête de la police, ce qui risque de compromettre les enquêtes et, du même coup, la sécurité publique. Il faut fixer clairement et uniformément le seuil de divulgation pertinente, tout en outillant les tribunaux face aux technologies de l'information. Ceci passera par de nouvelles exigences et par de nouvelles procédures.
Nous collaborons de près avec les gouvernements, avec l'industrie et avec les autres organismes d'exécution de la loi pour défendre la sécurité des foyers et des collectivités, aussi bien dans notre province que dans l'ensemble du pays. Ce fut un honneur de pouvoir m'exprimer devant vous. J'ai confiance que le travail de ce comité profitera à toute la population canadienne.
Merci.
:
Oui. Je suis président de la Commission de police d'Edmonton et président du Comité de direction des Alberta Law Enforcement Response Teams.
Bonjour. Je suis heureux aujourd'hui de témoigner sur l'état du crime organisé au Canada au nom du maire Stephen Mandel et de la Commission de police d'Edmonton. De plus, en tant que président du Comité de direction des Alberta Law Enforcement Response Teams, je parlerai parfois du point de vue provincial.
Aujourd'hui, j'aborderai trois thèmes: les nouvelles tendances du crime organisé, la collaboration visant à perturber le crime organisé et à le démanteler, et le besoin d'un leadership national. Le crime organisé est complexe, il comporte de multiples facettes et, encore plus important, il est en évolution constante. Le crime organisé est une menace à la sécurité publique, à notre sécurité, à notre économie et à la santé globale de nos collectivités. Ce problème est étendu et affecte indirectement tous les Canadiens.
En Alberta, nous savons que 83 organisations criminelles existaient dans notre province et dans les Territoires du Nord-Ouest l'année dernière, selon l'évaluation de la menace que représente le crime organisé dans la province réalisée par le Service de renseignements criminels de l'Alberta réalisée en 2010. Au total, 17 de ces organisations constituent de nouvelles menaces en Alberta et n'existaient pas au cours des années précédentes.
Bien que les organisations criminelles aient étendu leurs activités à un grand nombre de nouveaux marchés, la principale activité de la plupart de ces groupes présents en Alberta demeure le trafic de drogue, et la cocaïne est le principal stupéfiant en cause. En 2009, à elle seule, la police d'Edmonton a saisi 25 kilogrammes de cocaïne, ce qui représente une augmentation de huit kilogrammes comparativement à 2008. La marijuana est la deuxième drogue la plus populaire faisant l'objet d'un trafic des groupes criminels organisés, et en 2009, le service de police d'Edmonton en a saisi 47 kilogrammes. Il s'agit d'augmentations considérables comparativement aux années précédentes.
En outre, les Alberta Law Enforcement Response Teams, formées d'enquêteurs spécialisés dans les opérations de démantèlement des installations de culture de marijuana, ont saisi environ 65 000 plants de marijuana l'année dernière dont la valeur marchande était de 78 millions de dollars. Pour vous donner une idée de ce que représente cette quantité, ces plants, s'ils étaient cultivés jusqu'à maturité, auraient pu permettre de produire près de 33 millions de joints de marijuana.
Les organisations criminelles présentes en Alberta oeuvrent également dans la production de drogues, le blanchiment d'argent, la prostitution, la traite des personnes, le trafic d'armes à feu, l'importation et l'exportation de véhicules, la contrefaçon, le trafic de drogue, le jeu illégal et la fraude.
En 2008 et en 2009, divers organismes d'application de la loi en Alberta ont communiqué des renseignements laissant entendre qu'il y avait eu une augmentation du nombre de groupes impliqués dans des crimes financiers, y compris la contrefaçon de cartes de paiement, les réseaux de clonage aux points de vente, la production de fausses cartes d'identité et la fraude au niveau des cartes prépayées. Notre service de police tente de démanteler des entreprises criminelles multinationales liées à de nombreuses opérations commerciales et disposant de multiples sources de revenus. Lorsque la police perturbe ou démantèle une source de revenu, d'autres sources apparaissent.
Alors que la gravité du fichier criminalistique et le taux de criminalité ont baissé en Alberta en 2009, ces chiffres sont demeurés les quatrième plus élevés au Canada. Le taux d'homicide en Alberta était le deuxième plus élevé et notre taux de criminalité lié à la drogue était le quatrième le plus élevé au Canada en 2008.
Les activités criminelles deviennent de plus en plus subtiles. Les criminels utilisent une technologie dépassant les capacités de nos services de police à effectuer les vérifications d'usage et à trouver de l'information sans contourner les lois. Les groupes criminels organisés utilisent régulièrement de la technologie comme des scanners de police, des systèmes GPS et des appareils de communication utilisant un système de cryptage permettant d'échapper à la surveillance de la police et de procéder à une contre-surveillance.
Les groupes criminels ont renforcé de façon appréciable leur utilisation de téléphones cellulaires et du BlackBerry afin de mener leurs opérations au moyen de courriels et de messages textes. Les organismes d'application de la loi doivent tenir à jour leurs connaissances de la nouvelle technologie. Sans des lois habilitantes qui permettent aux services de police d'avoir accès légalement aux renseignements détenus par des tiers fournisseurs et des réseaux de communication, les organisations criminelles continueront de pouvoir se soustraire à la surveillance de la police.
Le crime organisé n'a pas de frontière et déborde fréquemment au-delà des frontières municipales et provinciales. Nous reconnaissons les besoins de la police au-delà des frontières de notre municipalité. Le gouvernement fédéral doit jouer un rôle plus important en la matière à l'échelle nationale. Je vais vous donner un exemple concret de la façon dont le gouvernement de l'Alberta a abordé ce problème.
Cet exemple est l'initiative la plus ambitieuse de collaboration policière intégrée au Canada. Les Alberta Law Enforcement Response Teams, connues sous leur acronyme ALERT, ont été créées pour regrouper les ressources d'application de la loi les plus sophistiquées en Alberta dans un seul regroupement afin de s'appliquer de façon stratégique aux crimes graves ainsi qu'au crime organisé.
Ce modèle permet à des équipes de policiers municipaux très chevronnés, d'officiers de la GRC et de shérifs de collaborer dans un environnement intégré afin de perturber et de démanteler des organisations criminelles et les organisations responsables de crimes graves comme le trafic de drogues, la violence des gangs, l'exploitation des enfants et le crime organisé.
Depuis la création des équipes ALERT en 2006, ces équipes ont procédé à l'arrestation de plus de 2 500 criminels, elles ont saisi près de huit millions de dollars en argent comptant et elles ont permis de retirer de la circulation 800 kilogrammes de stupéfiants et 350 armes à feu. Aujourd'hui, les équipes d'ALERT comprennent 400 employés et officiers de police. L'organisation est financée par le gouvernement de l'Alberta, et la police municipale et la GRC fournissent un certain nombre d'agents.
Les enquêtes se rapportant au crime organisé nécessitent beaucoup de ressources, elles sont coûteuses, elles prennent du temps et elles sont complexes. Le modèle ALERT permet de se concentrer à l'échelle provinciale et de façon stratégique sur la lutte au crime organisé, et ce, en fournissant une réponse coordonnée, intégrée et concertée au niveau des divers ordres de gouvernement.
L'obtention de renseignements constitue la pierre d'assise d'une application de la loi ciblée et efficace. L'approche moderne et normalisée en temps réel dans le but de collecter et d'échanger des renseignements est cruciale afin de mieux cerner les principaux problèmes en matière de criminalité et les mouvements criminels et de diriger les activités d'application de la loi.
Le gouvernement de l'Alberta a reconnu le caractère sophistiqué des réseaux criminels existant dans la province, et il développe actuellement un système provincial de gestion des dossiers appelé Alberta Police Integrated Information Initiative, ou API3, afin de mieux échanger les renseignements entre les organismes provinciaux. En outre, nous développons actuellement un réseau de radio d'urgence à l'échelle de la province.
À l'échelle nationale, les systèmes de collecte de renseignements doivent être modernisés. Il faut rapidement développer la prochaine génération de systèmes de collecte de renseignements criminels au Canada. Il faut améliorer la collecte, l'analyse et la communication des bons renseignements qui pourront servir à surveiller les organisations criminelles dont les activités relèvent de divers ordres de gouvernement.
De plus, le travail de Réponse intégrée canadienne au crime organisé, ou RICCO, qui est une division du Service canadien de renseignements criminels, a été reconnu comme une réussite en matière d'échanges de renseignements entre les organismes membres. RICCO utilise une approche équilibrée et axée sur les renseignements afin de combattre le crime organisé partout au Canada, et il s'agit d'un excellent exemple de leadership au niveau national.
Aucune collectivité n'est immunisée contre le crime organisé et aucun ordre de gouvernement ne peut combattre le crime organisé seul. Le gouvernement fédéral a la responsabilité de fournir un leadership à l'échelle nationale. Le Code criminel et la législation sur les produits de la criminalité et la protection des témoins peuvent et doivent être renforcés afin d'aborder les problèmes que doit affronter notre police dans la lutte au crime organisé.
En Alberta, les services de police ont adopté des mesures de confiscation de biens au civil en ayant recours à la Victims Restitution and Compensation Payment Act (Loi sur la restitution des biens aux victimes et le paiement d'indemnités) de l'Alberta, car la législation criminelle fédérale est trop lourde. Le fardeau de la preuve repose trop sur la police et sur les procureurs. Le fardeau de la preuve devrait plutôt incomber à l'intimé.
En outre, le programme de protection des témoins ne répond pas aux besoins des sources et des informateurs de police. Nos policiers seraient en mesure de perturber et de démanteler un plus grand nombre d'organisations criminelles si nous pouvions offrir aux témoins une protection à court terme et une relocalisation temporaire pendant la durée de l'enquête et du procès. Il faut réviser le seuil se rapportant aux besoins de protection des témoins, et le programme actuel doit être uniformisé, modernisé et mieux financé.
Notre Banque nationale de données génétiques constitue un excellent outil pour combattre le crime. Cette banque contribue à établir des liens entre les crimes lorsqu'il n'y a pas de suspect en utilisant l'information qui se trouve dans la base de données. Elle permet d'éliminer les suspects éventuels et d'identifier les délinquants prolifiques.
Des avancées importantes ont été faites dans le domaine de l'analyse balistique liée à l'ADN et d'autres types d'identification médico-légale. Toutefois, les problèmes de financement doivent être réglés et des ressources fédérales doivent être consacrées aux analyses médico-légales afin de réduire les périodes d'attente se rapportant à l'analyse des preuves.
Les résidents d'Edmonton ont exprimé leurs préoccupations au conseil municipal et à la Commission de police d'Edmonton en ce qui concerne la gravité des activités criminelles dans notre collectivité. Le conseil municipal d'Edmonton et le gouvernement de l'Alberta ont répondu à ces préoccupations en ajoutant 314 nouveaux agents de police au service de police d'Edmonton et plus de 33 millions de dollars depuis 2005. Nous avons aussi regroupé 400 agents de police hautement qualifiés dans le cadre de l'initiative ALERT afin de nous attaquer aux crimes graves de manière stratégique et axée sur la collecte de renseignements et la collaboration.
Le gouvernement fédéral a un rôle crucial à jouer afin de mieux coordonner les initiatives provinciales en matière de lutte contre la criminalité, de renforcer la législation pour aider les agents de police et de fournir plus de fonds aux services de police municipaux. Dans le discours du Trône, la gouverneure générale a indiqué que « notre gouvernement présentera un projet de loi pour donner à la police des pouvoirs d'enquête dignes du XXIe siècle ». Elle a également déclaré que « les chefs et les agents de police du Canada ont réclamé ces outils essentiels afin d'être toujours un pas en avant des tactiques utilisées par les criminels d'aujourd'hui ».
Au nom du maire et de la Commission de police d'Edmonton, j'espère que cette promesse mènera à des changements qui: permettront de mieux surveiller les activités criminelles qui touchent divers ordres de gouvernement, permettront de coordonner des activités dirigées en matière d'application de la loi, donneront un accès légal à la collecte de renseignements, diminueront le seuil de la preuve à fournir en ce qui concerne les produits de la criminalité, offriront une meilleure protection des témoins et permettront de consacrer plus de ressources à la Banque nationale de données génétiques.
Merci de nous avoir donné l'occasion de faire ce témoignage aujourd'hui.
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Je suis chef d'équipe et sergent d'état-major à la GRC.
À l'automne 2002, on a remarqué une hausse du nombre de découvertes de restes humains dans la région d'Edmonton qui, selon les analyses, étaient ceux de personnes ayant un mode de vie à risque élevé. À la demande de l'officier responsable des affaires criminelles à la Division K, on a procédé à une analyse stratégique de tous les cas de femmes « à risque élevé » disparues et de tous les homicides non résolus dans la province de l'Alberta.
Un rapport, ou aperçu stratégique, a été établi en novembre 2002. Selon ce rapport, Edmonton, comparativement à d'autres régions de la province, présentait un nombre considérable de cas de personnes disparues et d'homicides non résolus dont les victimes étaient des femmes ayant un mode de vie à risque élevé. En janvier 2003, le Projet des personnes disparues à risque élevé était mis sur pied.
L'équipe de ce projet a utilisé plusieurs méthodes d'analyse de la police, des examens de dossiers d'enquête et des protocoles de gestion des cas graves. En peu de temps, la définition des personnes à risque élevé a pris de l'expansion, si bien qu'elle s'appliquait à la fois aux hommes et aux femmes. Le mandat de l'équipe consistait à repérer tous les cas de personnes disparues à risque élevé et les cas d'homicides non résolus en Alberta et dans la région pour ensuite recueillir, évaluer et analyser les données afin de découvrir des liens possibles entre les dossiers et, dans la mesure du possible, d'identifier les auteurs des crimes.
Cet examen a donné lieu à la création d'un groupe d'intervention désigné sous le nom de projet KARE. Les quatre objectifs du projet sont les suivants: premièrement, formuler et mettre en oeuvre des stratégies visant à minimiser le risque de mort auquel sont confrontées les personnes à risque élevé disparues; deuxièmement, créer et employer des stratégies d'enquête permettant de suivre toutes les pistes, d'arrêter et de poursuivre le ou les tueurs en série qui sont auteurs des crimes; troisièmement, établir un groupe intégré des cas d'homicide composé de membres de la GRC et du service de police d'Edmonton afin de doter la province d'un mécanisme permanent d'enquête sur les personnes à risque élevé disparues, les homicides non résolus et les tueurs en série; quatrièmement, créer un modèle de pratiques exemplaires qui pourrait servir à des projets semblables ailleurs au pays.
Le projet KARE comprend plusieurs initiatives, dont la mise sur pied de l'équipe proactive. On a constitué cette équipe dans le but de chercher et d'identifier les travailleuses du sexe et d'autres personnes menant une vie à risque élevé dans les rues d'Edmonton afin d'entrer leurs renseignements dans une base de données.
Les membres de cette équipe ont admirablement réussi, au cours des six dernières années, à entretenir des relations de confiance avec les clients. Cette stratégie a permis de recueillir des renseignements sur des personnes d'intérêt et des suspects potentiels qui sont en contact avec des travailleuses du sexe.
De plus, l'initiative est en quelque sorte un cadre d'information et de prévention qui permet de recueillir des renseignements fiables sur les allées et les venues de ces travailleuses ainsi que sur leur milieu, leurs traits distinctifs et leurs plus proches parents. Les enquêteurs font appel à l'équipe proactive pour recueillir et analyser des renseignements afin d'établir des liens potentiels avec des individus désignés comme de « mauvaises fréquentations ». Il est difficile d'avoir recours aux méthodes traditionnelles d'application de la loi avec ces fréquentations parce que les gens de ce milieu ne se font pas confiance entre eux.
Le groupe des analyses du projet KARE, qui comprend le projet Alberta Missing Persons and Unidentified Human Remains, compte plusieurs initiatives à son actif. Le groupe a mis sur pied un site Web où les policiers peuvent faire des recherches sur plus de 180 dossiers de personnes disparues et de restes humains non identifiés qui comprennent des images et des renseignements amassés par la GRC et d'autres organismes.
Les employés du projet KARE ajoutent régulièrement de nouveaux dossiers au site Web. En novembre 2009, nous avons obtenu la permission d'ajouter les dossiers de personnes disparues disponibles sur les sites de partenaires policiers du Manitoba et de la Saskatchewan à notre base de données publique, qui contenait déjà des dossiers de l'Alberta, des Territoires-du-Nord-Ouest et du Nunavut. Nous aurons ainsi une base de données centrale sur les personnes disparues dans laquelle il sera possible de faire des recherches.
L'équipe du projet KARE et l'équipe du projet Alberta Missing Persons and Unidentified Human Remains contribuent aux mesures prises actuellement par le Canada relativement aux personnes disparues et aux restes humains non identifiés. Le but ultime est d'élaborer un site Web et une base de données nationale regroupant tous les cas de personnes disparues et de restes humains non identifiés qui seraient accessibles au public. De plus, tous les services de police et les bureaux de coroners du Canada pourraient ajouter et échanger des renseignements. Le comité travaille actuellement à trouver une façon d'adapter les bases de données existantes et les outils de recherche de façon à ce qu'ils répondent aux besoins de tous.
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Merci, monsieur le président.
Je remercie nos témoins d'être ici aujourd'hui.
Certains d'entre nous font partie du Comité de la justice depuis assez longtemps; nous avons visité différentes régions du pays et nous avons étudié beaucoup de questions. Nous sommes conscients qu'il est nécessaire de se pencher sur la question de la communication de la preuve, alors je ne m'étendrai pas sur le sujet. Nous sommes conscients qu'une intervention législative contribuerait probablement à l'avancement de ce dossier. Nous comprenons cela.
Nous savons que la technologie évolue beaucoup trop vite pour que les autorités policières puissent suivre le rythme et qu'il faut prendre des mesures à cet égard. Ne croyez pas que je ne souhaite pas poser de questions à ce sujet, que je ne m'en soucie pas ou que je ne comprends pas la situation.
Nous sommes également conscients que la prévention, l'intervention précoce et le traitement des dossiers relatifs à la santé mentale, qui sont souvent liés aux cas de récidive, entre autres exemples, sont extrêmement importants. Mais je ne me concentrerai pas sur ces aspects aujourd'hui.
Je vais aller droit au but et adresser mes questions à un témoin en particulier; veuillez garder en tête que nous sommes d'avis que vous présentez d'excellentes idées. L'idée de réformer le régime de prêts hypothécaires pour éviter les fraudes semble très pertinente et réaliste.
Mais deux éléments m'ont particulièrement frappé — je vais vous laisser le temps de mettre de l'ordre dans vos idées. Monsieur Hanson, vous avez parlé — je n'ai pas noté vos propos mot pour mot — de l'équipe nationale responsable du cybercrime. D'après le témoignage de M. Gibson, il me semble que l'Alberta est très bien outillée à cet égard. Nous avons visité d'autres endroits où les cloisonnements sont très marqués, mais les équipes ALERT semblent faire de l'excellent travail.
J'ai l'impression qu'il y a beaucoup de collaboration en Alberta; peut-être pourriez-vous nous donner des renseignements utiles. Pourriez-vous nous donner un aperçu? Quelle serait l'utilité? Quels intervenants devraient participer?
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Merci, messieurs, de votre présence parmi nous aujourd’hui.
Je vais être dur avec vous. Je vais vous faire le genre de déclaration que vous pouvez entendre au Tim Hortons du coin concernant le sérieux avec lequel nous nous attaquons au crime. Je parlerai ensuite d’un des témoins qui a comparu à Toronto, et de ce qu’il a dit au sujet du sérieux avec lequel notre société — notamment nos gouvernements et la police — enquête sur le crime organisé.
Je fais référence au témoignage de M. Antonio Nicaso, un journaliste d'enquête spécialiste du crime organisé. Selon lui, nous ne cherchons pas sérieusement à enquêter sur le crime organisé, puisque nous y consacrons si peu de temps. Permettez-moi de paraphraser — ce qui sans doute l’irriterait un peu... Il a dit que nous ne faisons en fait que nous attaquer aux branches les plus basses, soit aux petits revendeurs. Nous n’essayons pas vraiment d’atteindre les grands responsables. Il parlait notamment de la Mafia, des personnes haut placées qui achètent des entreprises légitimes, qui font du blanchiment d'argent, etc. Il affirme que si l’on s’attaquait aux têtes dirigeantes, le reste tomberait de lui-même.
Je vous demande vos commentaires là-dessus. Faisons-nous quoi que ce soit à ce sujet? Le temps nous est compté et il me faut des réponses rapides.
Je m’adresse ensuite à l’ASFC. Je vous laisserai un peu de temps pour y penser. Certains affirment que ce qui intéresse avant tout l’ASFC, c’est de soutirer des droits de douane des gens qui vont magasiner aux États-Unis, et qu’elle ne souhaite pas vraiment intercepter les drogues et les autres choses qui franchissent la frontière. Vous avez déjà entendu de tels propos, j’en suis bien conscient, et je voudrais que vous y répondiez.
M. Gibson et les autres peuvent répondre par la suite, mais ceci s’adresse particulièrement aux chefs de police. Essayez-vous vraiment d’attraper les hauts responsables? Ou est-ce que vous cherchez seulement à attraper ce que vous avez à portée de main?
Bonjour messieurs. D'abord, je vous remercie d'être ici cet après-midi. On va prendre connaissance de toutes les suggestions que vous avez faites. Il y en a quand même quelque-unes qui sont très intéressantes.
MM. Hanson et Kohlhauser, vous avez abordé un sujet qui m'intéresse. Lorsque vous devez parler au public comme représentants des forces policières, on vous donne toujours des statistiques. Les statistiques diront s'il y a une baisse de la criminalité, par exemple. Tout le monde est contre vous. On dit que vous êtes trop sévères, alors que vous constatez sur les lieux qu'il est parfois nécessaire d'être plus sévère.
Je vous donne seulement un exemple soulevé par M. Terry Kohlhauser. C'est un exemple qui nous intéresse aussi. Quand quelqu'un commet un homicide et que vous retrouvez le corps, c'est considéré comme un homicide dans les statistiques du Canada. Quand une personne disparue n'est jamais retrouvée, son cas ne fait pas partie des statistiques.
Nous avons vérifié et avons constaté que 41 p. 100 des gens disparus sont retrouvés et 59 p. 100 ne le sont jamais. Ces personnes sont des jeunes filles, des jeunes garçons, des femmes et des hommes qui sont disparus et dont les cas ne sont pas répertoriés pas dans les statistiques. Ils ont peut-être été tués par la pègre. La pègre est tellement intelligente que, maintenant, elle tue et elle cache les corps. On ne les retrouve pas et on a l'impression que toutes les statistiques baissent. Sauf que, quand on regarde des populations à risque, comme M. Kohlhauser l'a mentionné — les prostitués ou les pauvres — , on constate qu'ils se font tuer et que ces cas ne sont pas répertoriés dans les statistiques car on ne retrouve pas les corps. Ils sont disparus.
Je sais qu'il y a en effet une hausse. Toutefois, comment faites-vous pour constater cette hausse sur le terrain? Je voudrais savoir si vous avez vos propres statistiques. Les statistiques venant de Statistique Canada sont, dans certains cas, faibles pour bien nous aider.
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Très bonne question. Le problème est de retrouver des gens qui vivent en marge de la société. Des drogués ou des prostituées peuvent disparaître pendant un certain temps sans que personne ne signale leur disparition. Il peut aussi s'agir de gens qui ont simplement déménagé.
La solution est double. Tout d'abord, il faudrait une base de données nationale sur les personnes disparues. Ainsi, si l'on avait des informations à leur sujet, on pourrait faire des recherches dans les systèmes d'information qu'exploitent tous les services de police pour essayer de les retrouver. À Calgary, par exemple, ça pourrait être une jeune fille qui fait du racolage dans la rue qui disparaît un jour, mais qu'on retrouve un an plus tard à Vancouver sous un autre nom.
Il est très difficile de faire des recherches sans une base de données nationale permettant non seulement d'enregistrer de bonnes informations sur les personnes disparues, mais aussi d'y avoir accès de partout. Si l'on avait cela, on pourrait faire des recherches dès qu'une personne est arrêtée pour vol à l'étalage quelque part, par exemple.
C'est une question très complexe car, vous avez absolument raison — et c'est le deuxième point —, il y a un nombre considérable, j'en suis sûr, de meurtres dont on n'est même pas certain qu'ils ont été commis parce qu'il s'agit de personnes nomades ou qui mènent une vie à risque. Ce sont des personnes qui peuvent avoir changé de collectivité ou de province et dont on ne peut pas retrouver la trace.
Encore une fois, ça exige beaucoup de ressources. Tous les services de police font face au même dilemme: s'occuper du cadavre qu'on vient de découvrir sur le sol après une fusillade entre gangs ou se mettre à la recherche d'une personne disparue qui, dans la plupart des cas, réapparaîtra un peu plus tard dans une autre collectivité, voire un autre pays.
Le crime organisé exploite cette faille du système pour faire de la traite de personnes. Les criminels peuvent enlever une femme, la bourrer de drogue et la faire passer dans un autre pays pour la prostituer.
Je ne peux pas prétendre que nous avons la solution au problème. Je dis simplement que c'est un problème grave et que nos effectifs ne reflètent pas adéquatement ce qui se passe vraiment dans le monde réel.