C'est la 16e séance du Comité permanent de la justice et des droits de la personne. Je mentionne pour le procès-verbal que nous sommes aujourd'hui mardi le 11 mai 2010 et je vous signale que la séance d'aujourd'hui est télévisée.
Vous avez l'ordre du jour. Nous commençons notre étude du projet de loi , Loi modifiant la Loi sur le système de justice pénale pour les adolescents et apportant des modifications connexes et corrélatives à d'autres lois. On l'appelle aussi la loi Sébastien.
Pour nous aider dans cette étude, nous accueillons l'honorable Rob Nicholson, ministre de la Justice et procureur général du Canada.
Monsieur le ministre, bienvenue.
Il est accompagné par des représentants de la Direction de la justice applicable aux jeunes, initiatives stratégiques et réforme du droit du ministère de la Justice. Nous accueillons Catherine Latimer, avocate générale et directrice générale et Paula Kingston, avocate-conseil.
À la fin de notre séance, nous allons prendre quelques minutes pour parler des travaux du comité et choisir les témoins que nous allons convoquer au sujet de ce projet de loi.
Monsieur le ministre, vous avez 10 minutes pour présenter une déclaration et nous passerons ensuite aux questions.
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Merci, monsieur le président.
Comme vous le savez, depuis que nous sommes au gouvernement, nous avons pris des mesures pour lutter contre le crime et protéger les Canadiens; il reste encore beaucoup à faire.
Au cours du printemps et de l'été 2008, j'ai organisé une série de tables rondes dans toutes les régions du Canada, qui étaient bien souvent coprésidées par mes homologues provinciaux et territoriaux, dans le but d'écouter les professionnels de la justice pour les jeunes et les intéressés de première ligne dans ce domaine pour qu'ils nous parlent de leurs sujets de préoccupation et des améliorations que nous pourrions apporter aux dispositions et aux principes de la Loi sur la justice pénale pour les adolescents. Cet examen et d'autres consultations nous ont permis de prendre connaissance et de discuter de diverses opinions, y compris celles des Canadiens autochtones, présentée par les jeunes ayant des démêlés avec la justice, des policiers, des représentants des milieux juridiques et d'autres spécialistes de la justice pour les jeunes. La plupart des intervenants ont déclaré que les principes fondamentaux de la Loi sur la justice pénale pour les adolescents étaient sains, mais ils avaient le sentiment que cette loi pouvait être améliorée dans un certain nombre de domaines, notamment en modifiant la mise en liberté provisoire par voie judiciaire, réduisant la complexité de la loi, renforçant le principe de la proportionnalité et en ciblant les jeunes délinquants dangereux, violents et récidivistes.
[Français]
C'est avec cette perspective en tête que j'ai présenté le projet de loi , à la Chambre des communes.
[Traduction]
Les changements que nous proposons d'apporter à cette loi ont été présentés le 16 mars de cette année et ils concernent principalement les principes généraux. À l'heure actuelle, l'objectif de protéger la société ne ressort pas assez clairement, que ce soit dans le préambule de la LSJPA ou dans sa déclaration de principes.
L'honorable juge Nunn a effectué un examen approfondi du régime de justice pénale pour les jeunes en Nouvelle-Écosse, à la suite de quoi il a publié son rapport en 2006 intitulé: Spiralling Out of Control: Lessons From a Boy in Trouble. Le rapport portait exclusivement sur la Nouvelle-Écosse et les services offerts aux adolescents dans cette province, mais le juge Nunn proposait un nombre limité de changements à la LSJPA, changements qui visaient ce petit groupe des délinquants violents et récidivistes. Le juge Nunn concluait qu'il fallait faire ressortir le fait que la sécurité de la population était un des principaux objectifs ou principes de la loi. Le fait d'énoncer expressément ce principe parmi les principes fondamentaux de la LSJPA amènera les tribunaux à toujours penser à la protection de la population quand ils imposent des peines à des jeunes contrevenants violents et récidivistes.
Le droit actuel en matière de détention avant le procès a été qualifié par certaines personnes de confus et il est parfois appliqué de façon variable. C'est ce qui explique que le système n'ait pas toujours réussi à garder en détention les jeunes délinquants violents et récidivistes qui attendent leur procès, même lorsqu'ils représentaient un danger pour la société. Le projet de loi propose de remplacer le critère applicable à la détention avant le procès par un critère indépendant qui cible les jeunes inculpés de crimes graves. La loi modifiée va simplifier les règles applicables à la détention avant le procès pour faire en sorte que, lorsque cela est nécessaire pour protéger la société, les jeunes délinquants violents et récidivistes peuvent être détenus en attendant leur procès s'ils sont inculpés d'une infraction grave et qu'il existe une probabilité marquée que l'adolescent commettra une infraction grave s'il est remis en liberté.
Infraction grave sera définie comme tout acte criminel passible d'une peine maximale de cinq ans ou plus. Cela inclurait les infractions avec violence, les infractions contre les biens, comme le vol de plus de 5 000 $, qui comprend actuellement le vol de véhicule, les infractions susceptibles de mettre en danger la population, comme la possession d'une arme à feu, l'exploitation sexuelle, le vol qualifié et le meurtre.
Les infractions exclues seraient principalement les infractions contre l'administration de la justice et certaines infractions mineures contre les biens ou les infractions de méfait.
[Français]
Les Canadiens perdent confiance dans le système de justice pénale pour adolescents quand les peines sont inadéquates à rendre les criminels violents et récidivistes responsables de leurs crimes.
[Traduction]
La Loi sur le système de justice pénale pour les adolescents sera modifiée pour élargir les principes de détermination de la peine et pour supprimer les obstacles à la détention pour faire en sorte que les jeunes délinquants violents ou récidivistes reçoivent des peines qui reflètent la gravité de leurs crimes. À l'heure actuelle, la dissuasion et la dénonciation ne peuvent être prises en considération par le juge dans la détermination de la peine. Nous avons ajouté la dissuasion spéciale et la dénonciation parmi les principes de détermination de la peine applicables aux jeunes, de façon à autoriser les tribunaux à imposer, lorsque cela est nécessaire, des sanctions désignées à dissuader le délinquant condamné de commettre d'autres infractions. Ces modifications apportées aux principes de détermination de la peine vont faire en sorte que les peines imposées aux adolescents seront proportionnelles à la gravité de l'infraction et au degré de responsabilité du contrevenant.
À l'heure actuelle, aux termes de la LSJPA, la règle générale est que les adolescents ne peuvent être placés sous garde qu'à certaines conditions. Par exemple, les jeunes délinquants ne peuvent être placés sous garde s'ils n'ont pas commis d'infractions violentes. En 2006, la Cour suprême du Canada a interprété l'expression « infraction avec violence » utilisée dans la LSJPA comme une infraction au cours de laquelle l'adolescent cause, tente de causer, ou menace de causer des lésions corporelles.
Nous proposons aujourd'hui d'ajouter à la LSJPA une définition d'infraction avec violence qui élargit l'interprétation donnée par la Cour suprême et inclurait les infractions dans lesquelles l'adolescent « met en danger la vie ou la sécurité d'une autre personne en créant une probabilité marquée qu'il en résulte des lésions corporelles ».
La LSJPA autorise actuellement le placement sous garde lorsque le jeune contrevenant a commis un acte criminel pour lequel un contrevenant adulte serait passible d'un emprisonnement d'une durée de plus de deux ans et lorsque le jeune contrevenant a des antécédents indiquant qu'il a fait l'objet de plusieurs condamnations.
Certains ont critiqué l'obligation d'établir un comportement criminel fondé sur des déclarations de culpabilité parce qu'elle est trop restrictive dans les cas où l'adolescent a pu être accusé de plusieurs infractions n'ayant pas débouché sur des déclarations de culpabilité, mais qui ont fait l'objet de sanctions extrajudiciaires. La loi sera modifiée pour permettre d'établir un comportement criminel à partir de déclarations de culpabilité ou en montrant que des sanctions extrajudiciaires ont été prises à l'égard du même contrevenant, ou une combinaison des deux. La prise en compte des antécédents complets du jeune contrevenant aidera les tribunaux à fixer la peine appropriée.
Les peines pour adultes peuvent être imposées aux jeunes de 14 ans et plus lorsque cela est approprié, mais elles ne sont pas toujours appliquées, même dans les cas les plus graves. Les modifications proposées vont obliger les procureurs de la Couronne à envisager de demander une peine pour adultes à l'égard des jeunes qui ont commis des infractions graves avec violence, comme le meurtre, la tentative de meurtre, l'homicide involontaire coupable et l'agression sexuelle grave. La Couronne sera également tenue d'informer le tribunal si elle décide de ne pas demander une peine pour adultes et les provinces et territoires continueront d'avoir la latitude de fixer l'âge à laquelle ces obligations s'appliquent, à savoir 14, 15 ou 16 ans.
En mai 2008, la Cour suprême a jugé dans Regina c. D.B. que certaines dispositions de la Loi sur le système de justice pénale pour les adolescents étaient contraires à la Charte. Ces dispositions imposaient aux jeunes contrevenants déclarés coupables d'avoir commis des infractions désignées le fardeau d'établir qu'il était justifié de leur imposer une peine pour les adolescents et non une peine pour adultes et justifié de continuer à protéger leur vie privée.
Les modifications que nous proposons vont supprimer les dispositions relatives aux infractions désignées de la LSJPA, ainsi que les autres dispositions que l'arrêt de la Cour suprême a rendues inopérantes. La loi sera changée pour préciser le critère applicable à l'imposition d'une peine pour adultes et pour veiller à ce qu'incombe à la Couronne le fardeau d'établir à la satisfaction du tribunal qu'une peine pour adultes est appropriée.
À l'heure actuelle, aux termes de la LSJPA, l'interdiction de publication est automatiquement levée lorsqu'une peine pour adultes est imposée à un adolescent. De plus, à la demande de la Couronne, le tribunal peut envisager de lever cette interdiction dans les affaires appropriées lorsqu'une peine pour adolescents a été imposée à l'égard d'une infraction pour laquelle la Couronne demandait une peine pour adultes. En pratique, les contrevenants violents qui reçoivent une peine pour adolescents sont habituellement libérés dans la collectivité sans que leur nom soit dévoilé.
Cette libération peut avoir des répercussions importantes sur la sécurité de la population. Par exemple, les parents n'ont souvent aucun moyen de savoir qu'un délinquant sexuel déjà condamné se trouve dans leur secteur. L'amendement proposé à la LSJPA en matière de publication donnerait aux tribunaux le pouvoir discrétionnaire de lever l'interdiction de publication pour les jeunes qui sont condamnés pour avoir commis une infraction avec violence et qui ont reçu une peine pour adolescents. Les tribunaux seraient tenus, lorsque cela est nécessaire, de décider si l'adolescent pose un risque grave de commettre une autre infraction avec violence et s'il y a lieu de lever l'interdiction pour protéger la population contre un tel risque.
Pour faciliter la constatation d'un comportement récidiviste, les modifications vont également obliger les services de police à enregistrer les mesures extrajudiciaires imposées. Habituellement, ces mesures comprennent le fait de ne pas prendre d'autre mesure ou le recours à un avertissement, à une mise en garde, ou le renvoi et correspondent à l'infraction alléguée contre l'adolescent. En exigeant que ces mesures soient inscrites dans un registre, la loi permettra aux policiers d'être mieux informés des allégations antérieures relatives à des infractions pour qu'ils puissent intervenir de façon appropriée à l'égard des allégations ultérieures selon lesquelles un adolescent en particulier aurait commis des infractions.
La loi sera modifiée pour préciser qu'aucun adolescent de moins de 18 ans ne purgera sa peine dans un établissement pour adultes, qu'il ait reçu une peine pour adultes ou pour adolescents. Toutefois, un adolescent pourra bien sûr être transféré dans un établissement pour adultes à l'âge de 18 ans, comme c'est la pratique actuellement.
Pour conclure, monsieur le président, les Canadiens nous ont dit qu'ils voulaient que l'on prenne des mesures contre le crime et c'est ce que fait notre gouvernement. Avec la présentation de la loi Sébastien, le gouvernement agit pour renforcer la façon dont le système de justice pour les jeunes contrevenants traite les contrevenants violents et récidivistes. Je vous invite, honorables collègues, à appuyer ce projet de loi, qui propose des modifications à la Loi sur le système de justice pénale pour les adolescents dans le but de remédier à ses principales lacunes.
Merci.
Merci, monsieur le ministre.
D'une certaine façon, je suis heureux que vous mettiez en oeuvre les recommandations proposées par le juge Nunn et qui découlent de l'affaire McEvoy en Nouvelle-Écosse, en particulier pour ce qui est des dispositions relatives à la mise en liberté provisoire. Je ne pense pas que ce soit là un sujet controversé et ce projet de loi propose de bonnes solutions administratives. Il est regrettable que nous n'ayons pu terminer ces choses, mais il y a eu certains événements et la prorogation.
L'autre aspect auquel je crois pouvoir souscrire est l'idée de simplifier la loi pour faciliter son application par les tribunaux et les poursuivants. Cela me paraît raisonnable.
Je pense également que je pourrais vous rejoindre à mi-chemin sur certaines préoccupations exprimées au sujet de la publication, en particulier lorsque vous avez dit dans vos remarques que les amendements reconnaîtraient le rôle fondamental du pouvoir discrétionnaire des juges, une fois prise en considération la sécurité de la population. Cela me paraît un signe encourageant, après les quatre années et quelques mois que le gouvernement a passé au pouvoir, que ce soit aujourd'hui le ministre de la Justice qui rende hommage au pouvoir discrétionnaire des tribunaux. Je constate que vous défendez maintenant les juges devant la Chambre des communes lorsqu'on pose des questions répétées sur la nomination des juges, de sorte que je pense que nous pouvons tous nous réjouir du fait que ce gouvernement ait finalement compris ce que nous savons depuis longtemps: à savoir, que le pouvoir discrétionnaire judiciaire est extrêmement important.
J'aimerais aborder quelques questions plus larges. Comme je l'ai dit, un certain nombre de ces modifications sont excellentes — ce sont des mesures administratives qu'il aurait fallu prendre il y a longtemps — mais l'essentiel des changements introduits ici, l'idée maîtresse, porte sur les principes.
Je ne vais pas ergoter sur tous les autres aspects. Je me pose toutefois certaines questions au sujet de cette diversité des normes qui fixent à 14, 15 ou 16 ans l'âge auquel la Couronne a le fardeau de demander une peine plus sévère. Je me demande pourquoi.
Ma première question est peut-être une question très simple. Pourquoi confiez-vous aux provinces ce genre de décision? Qu'est-il arrivé à l'idéal des ministres de la Justice du Canada qui veut que les lois soient les mêmes partout au Canada? Cette question appelle peut-être une brève réponse.
La grande question est de savoir pourquoi, monsieur le ministre, il est nécessaire d'introduire la dénonciation et la dissuasion, qui se trouvent à l'article 718 du Code criminel pour les adultes, dans la Loi sur le système de justice pénale pour les adolescents.
Comme vous le savez, monsieur le ministre, la loi contient déjà des termes qui indiquent que l'adolescent doit comprendre les conséquences de ces actes. Il y a dans le projet de loi un préambule qui montre parfaitement pourquoi il fallait adopter la LSJPA. Je parle des conventions des Nations Unies et du reste.
La question théorique est donc la suivante: si vous introduisez la dénonciation et la dissuasion, que l'on retrouve à l'article 718, est-il vraiment nécessaire d'avoir une loi sur la justice pénale pour les jeunes? N'êtes-vous pas tout simplement en train de la rendre semblable au Code criminel?
Il y a donc une grande question et ensuite une brève au sujet des normes provinciales.
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Vous avez abordé pas mal de sujets ici, monsieur Murphy.
Je dirais, pour ce qui est de l'âge qui déclenche l'application de la disposition à laquelle vous avez fait référence, que nous voulons respecter le rôle que jouent les provinces dans l'administration de la justice. Les établissements sont administrés par les provinces. Ces dossiers sont menés, comme la plupart des poursuites pénales, grâce aux ressources provinciales. Nous collaborons avec les provinces et nous respectons leurs attributions.
Pour ce qui est de vos commentaires au sujet de l'obligation imposée au procureur de la Couronne d'envisager de demander une peine pour adultes, nous parlons ici des crimes les plus graves qui figurent dans le Code criminel. Nous parlons de meurtre, d'agression sexuelle grave, de tentative de meurtre et il nous paraît approprié de donner cette directive aux personnes qui administrent la justice et poursuivent les auteurs de ces infractions pour qu'ils sachent que nous voulons qu'ils tiennent compte de ces aspects.
Quant à vos commentaires au sujet de la dissuasion et de la dénonciation, je crois que cet aspect n'a pas été expliqué très clairement dans les commentaires que j'ai lus. Nous parlons ici de dissuasion spéciale. Nous voulons que l'individu en cause — cet individu en particulier — s'abstienne d'exercer ce genre d'activité. Nous adaptons la peine à cet individu et nous veillons à ce que les tribunaux disposent de tous les outils nécessaires pour le traiter de façon appropriée. Notre but ultime est d'amener cet individu à ne plus commettre ce genre de crime.
C'est dans son intérêt, bien sûr, et c'est également dans l'intérêt de la société. Je pense qu'il est dans l'intérêt de tous que les tribunaux disposent de ces pouvoirs discrétionnaires.
Vous avez abordé trois aspects différents, et j'espère que je les ai couverts tous les trois. Pour répondre à votre question, c'est là l'essentiel de ce que nous voulons faire.
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Premièrement, monsieur Norlock, je vous remercie d'avoir organisé cette table ronde sur la criminalité. Permettez-moi de vous remercier publiquement pour votre engagement envers la réforme de notre système de justice pénale. Je vous en suis très reconnaissant. Ceux d'entre nous qui sont ici à Ottawa, et je suis sûr que les gens qui sont chez eux aussi, apprécient votre engagement et votre intérêt pour cette question.
J'ai entendu un certain nombre de choses et vous avez tout à fait raison de dire que dans les différentes régions du pays, les gens sont inquiets à cause d'un groupe relativement restreint composé de jeunes délinquants incontrôlables, violents, multirécidivistes qui constituent un danger non pas seulement pour la population mais pour eux-mêmes. Ce projet de loi, la loi Sébastien, répond à cette inquiétude et une grande partie des recommandations que j'ai reçues ciblent ce genre de personnes.
Mme Leslie m'a posé des questions au sujet du rapport Nunn. Le rapport Nunn portait sur un individu qui avait été arrêté, mis en liberté, arrêté et mis en liberté pour la même accusation. C'était un vol de véhicule, ou un vol de plus de 5 000 $, comme on l'appelle à l'heure actuelle. Il représentait un danger pour la population et pour lui-même. La façon dont le droit a été interprété n'était pas adaptée à ce genre de situation, de sorte que nous nous sommes dit qu'il fallait étudier la question et reconnaître que l'adolescent qui commet un méfait ou une infraction mineure peut faire l'objet de diverses mesures destinées à l'aider, notamment des mesures extrajudiciaires. Oui, nous sommes tous en faveur de ce genre d'intervention.
Cependant, pour cet autre groupe d'individus, il faudrait préciser le droit et veiller à ce que la population soit protégée. En protégeant la population, on protège l'individu. Cela est ressorti très clairement du rapport Nunn. Cet individu s'en serait mieux sorti si le droit avait été plus clair. Voilà le genre de choses que j'ai entendues dans les différentes régions du pays.
J'ai mentionné dans mes remarques préliminaires que les gens disaient que le projet de loi était trop complexe, qu'il était très difficile à lire et à administrer. Des organismes d'application de la loi me l'ont également mentionné. À plusieurs reprises, vous le constaterez lorsque vous procéderez à l'étude article par article, nous essayons de préciser ce que nous souhaitons. D'une façon générale, nous avons tous le même objectif, mais nous voulons préciser certaines choses. Nous avons tenté d'introduire cet équilibre, en tenant compte de ce qui existait, et voilà ce qui vous est proposé. Vous avez la loi Sébastien et j'espère que ce projet de loi franchira rapidement les différentes étapes du processus législatif.
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Je suis inquiet. Je vous connais et je sais que vous voulez vraiment défendre les droits des victimes. Je pourrais peut-être vous demander ce qui est arrivé à M. Sullivan, dont le mandat n'a pas été renouvelé. À part le fait qu'il n'était pas parfaitement bilingue et que cela a peut-être posé quelques problèmes, il s'est très bien acquitté de ses fonctions. Pourquoi n'a-t-il pas été renommé, et quand pensez-vous le remplacer et avez-vous demandé aux membres de l'opposition — et aux membres du gouvernement également — de vous faire des suggestions? C'était une question éclair.
L'autre question concerne la limite d'âge de 14, 15 et 16 ans dont je vous ai parlé au cours du premier tour de questions. Je comprends parfaitement le point de vue de M. Ménard. Le Québec a adopté un système très sophistiqué d'examen des questions touchant la justice pour les jeunes et je crois savoir que le PG de cette province vous a peut-être fait cette demande. Dites-moi franchement, monsieur le ministre, s'il y a un autre procureur général de n'importe quelle autre province qui vous a demandé une norme variable? S'il s'agit d'accorder une certaine latitude au Québec, je pense que nous sommes tous des grandes personnes ici et nous le comprendrions, mais j'aimerais savoir s'il y en a eu d'autres.
Pour ce qui est des consultations, je crois que mon BlackBerry n'a pas dû fonctionner ce jour-là, parce que je ne me souviens pas avoir reçu une invitation pour me rendre à Moncton. Je crois savoir qu'il y avait beaucoup de monde à ces séances et qu'une grande partie des commentaires, y compris de la part des poursuivants, étaient des commentaires élogieux à l'égard du fonctionnement de la LSJPA. Je crois que, lorsqu'on présente des modifications comme celles-ci et qu'on entend les déclarations qui ont été faites autour de cette table, cela entraîne parfois une perte de confiance dans le système. J'aimerais vous entendre dire monsieur le ministre: « Eh bien, la LSJPA est une bonne loi, mais nous allons encore l'améliorer ».
Ma question porte sur les consultations et les résultats de ces consultations, l'aspect sans préjudice de ces consultations. Pouvez-vous au moins les communiquer à huis clos aux membres du comité de la justice ou à davantage de personnes? La population aimerait peut-être en savoir davantage sur ces consultations publiques. Il me semble un peu paradoxal de tenir des consultations publiques avec les intéressés et de ne pas publier les résultats pour que tout le monde puisse en prendre connaissance. Cela pourrait faciliter notre travail de savoir ce que disent les gens.
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Vous avez abordé un certain nombre de sujets.
Une des choses dont je suis le plus fier, et je sais que mes collègues le sont aussi, est la création du bureau de l'Ombudsman fédéral des victimes d'actes criminels. Il y a une personne qui a terminé son mandat, ce pour quoi nous la remercions. Nous avons affiché publiquement les conditions à remplir pour ce poste et fait savoir à la population que tout le monde pouvait se porter candidat; une décision sera prise bientôt à ce sujet.
Je suis très heureux de faire partie du gouvernement qui a créé ce bureau. C'est une idée qu'il était temps de mettre en oeuvre lorsque nous avons décidé, il y a trois ans, d'agir dans ce domaine. Nous avons attendu trop longtemps de confier à une personne la tâche de défendre les victimes, de s'occuper des problèmes des victimes. Je suis donc très fier que nous l'ayons fait et nous allons nommer un ombudsman fédéral dans les meilleurs délais.
Pour ce qui est de vos commentaires au sujet de la latitude accordée aux provinces à l'égard des jeunes de 14, 15 et 16 ans, elle existait dans les dispositions relatives aux infractions désignées qui se trouvaient dans la Loi sur le système de justice pénale pour les jeunes. Ces dispositions, comme vous le savez, ont été invalidées par la Cour suprême du Canada dans l'arrêt La Reine c. D.B. Cela dit, nous les avons reprises dans les dispositions concernant les peines pour adultes. C'est tout à fait compatible avec les lois qui sont en vigueur.
Pour ce qui est des consultations publiques, je crois qu'on peut les qualifier d'approfondies. Je mettrais au défi qui que ce soit de dire qu'il n'y a pas eu de consultations approfondies, parce que je me suis rendu dans chaque province et dans chaque territoire. Sur le site Web du ministère de la Justice, nous avons encouragé des gens comme vous à nous transmettre leurs commentaires. J'aurais aimé recevoir des remarques sur ces aspects.
Pour moi et mes collègues, ce projet de loi a été une priorité, comme le sont tous nos projets de loi en droit pénal. À la conférence libérale, avez-vous entendu parler de la lutte contre le crime? Y a-t-il eu des études, des discussions, des commentaires? Je n'en ai pas entendu parler, mais croyez-moi, si le Parti libéral ou quelqu'un d'autre veut présenter des commentaires au sujet de la lutte contre les crimes dans ce pays, et de la défense des victimes, j'en serai très heureux. Je serais très content si quelqu'un voulait me présenter des commentaires à ce sujet. Comme vous le savez, j'aimerais que mes collègues qui ne font pas partie du gouvernement accordent une priorité un peu plus grande à ces questions, mais si je constate qu'il y a des conversions ou que certaines personnes s'intéressent à nouveau à la lutte contre la criminalité dans ce pays, j'en serais certainement très heureux.
Quoi qu'il en soit, nous avons tenu de vastes consultations et le résultat de ces vastes consultations est la loi Sébastien, la loi que vous avez devant vous aujourd'hui, monsieur le président. Cela vous montre tout simplement que la consultation donne de bons résultats lorsqu'on parle à tous les intéressés et que nous présentons un projet de loi comme celui que vous étudiez aujourd'hui.
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Je vous adore, monsieur le ministre, mais vous savez qu'il me reste peu de temps et, par conséquent, vous allez pouvoir utiliser le plus de temps possible pour votre réponse.
Je ne suis pas d'accord avec vous. Je ne partage pas votre opinion. Au Québec, les statistiques démontrent clairement une diminution de la criminalité. Vous avez ces données. Vous savez qu'il y a eu une diminution constante de la criminalité.
À l'heure actuelle, non seulement la réforme proposée heurte les valeurs fondamentales du Québec sur le plan de la réhabilitation, mais on a fait preuve d'un grand cynisme en choisissant le thème du projet de loi. En effet, on l'appelle la Loi Sébastien. Sachez que le jeune criminel a été condamné à une peine pour adultes en vertu de l'actuelle Loi sur les jeunes contrevenants. C'est ce qui a été démontré, c'est la réalité.
Vous dites que la loi actuelle ne s'occupe pas des victimes. Or la priorité, au moins au Québec, est d'être sensible. Tout programme de réhabilitation est fondé sur la sensibilité de l'accusé au tort qu'il a causé aux victimes.
Je suis d'accord avec vous, il y a des criminels, et des jeunes sont perdus, peut-être, mais il s'agit de peut-être 1 sur 100 000, au Québec. Je ne peux pas parler pour les autres provinces, mais je parle pour le Québec.
Le Québec pourra-t-il faire valoir sa différence et continuer d'appliquer la loi qu'il applique avec succès?
[Note de la rédaction: une sonnerie résonne]