:
Merci, monsieur le président.
Je me suis présenté ici aujourd'hui car, si j'ai bien compris, le comité a demandé que des représentants du gouvernement donnent un aperçu du projet de loi .
Comme le président l'a indiqué, je suis accompagné du lieutenant-colonel Bruce MacGregor, du bureau du juge-avocat général. Après mon exposé, je répondrai à toutes vos questions concernant les modifications du Code criminel proposées par ce projet de loi, et le lieutenant-colonel MacGregor répondra à toutes vos questions concernant la modification en conséquence de la Loi sur la défense nationale.
Cela dit, laissez-moi pour commencer expliquer — mais je suis certain que vous le savez déjà — que le châtiment prévu par le Code criminel dans le cas d'un meurtre au premier ou au deuxième degré est l'emprisonnement à vie, sans possibilité de demander une libération conditionnelle avant la fin d'une période d'inadmissibilité prévue à l'article 745 du Code. Ce délai est de 25 ans et commence au moment où le délinquant est mis sous garde pour meurtre au premier degré.
Il doit également s'écouler 25 ans, dans le cas d'un meurtre au second degré, lorsque le meurtrier a déjà été condamné pour meurtre d'un membre de la famille ou meurtre volontaire, aux termes des articles 4 et 6 de la Loi canadienne sur les crimes contre l'humanité et les crimes de guerre. La période d'inadmissibilité à la libération conditionnelle est d'au moins 10 ans pour tous les autres auteurs de meurtre au second degré.
Cela dit, les juges qui prononcent la sentence peuvent déjà, en vertu de l'article 745.4 du Code criminel, imposer, dans le cas d'un meurtre au second degré, une période d'inadmissibilité à la libération conditionnelle dont la durée s'échelonne de 11 à 25 ans. Au moment de rendre leur décision, les juges doivent — je vais citer l'article 745.4 — tenir compte « ... du caractère du délinquant, de la nature de l'infraction et des circonstances entourant sa perpétration ainsi que de toute recommandation... » faite par le jury.
Au fond, le projet de loi que vous avez sous les yeux aujourd'hui propose de modifier le Code criminel pour autoriser un juge à imposer plusieurs périodes d'inadmissibilité à la libération conditionnelle aux personnes reconnues coupables de plusieurs meurtres, en tenant compte de chacune des victimes de meurtre, en utilisant toujours les mêmes critères pour rendre sa décision.
Je vais vous donner un exemple plus précis. Le projet de loi C-48 modifierait l'article 745.5 des dispositions connexes du Code criminel en autorisant le juge qui prononce la sentence à imposer à tous les délinquants condamnés pour plus d'un meurtre au premier ou au deuxième degré ou pour toute combinaison de meurtres au premier ou au deuxième degré, une période d'inadmissibilité à la libération conditionnelle de 25 ans supplémentaire pour chacun des meurtres subséquents au premier.
Comme on l'a dit, lorsqu'il exerce ce pouvoir, le juge serait tenu de prendre en considération le caractère du délinquant, la nature de l'infraction et des circonstances entourant les meurtres ainsi que toute recommandation formulée par un jury. Essentiellement, nous proposons de fonder ce nouveau pouvoir sur exactement les mêmes critères que ceux prévus à l'article 745.4; toutefois, le juge qui prononce la sentence sera également tenu d'indiquer, verbalement et par écrit, les raisons pour lesquelles il a décidé de ne pas exercer le pouvoir proposé dans le projet de loi C-48.
Cependant, le point principal, c'est que ces périodes de 25 années supplémentaires d'inadmissibilité à la libération conditionnelle seraient consécutives à la période d'inadmissibilité imposée pour le premier meurtre. Comme je l'ai indiqué, la période est fixée selon qu'il s'agit d'un meurtre au premier ou au deuxième degré et selon que le juge a décidé d'exercer le pouvoir que lui confère l'article 745.4 pour déterminer la durée de l'inadmissibilité à la libération conditionnelle, pour le premier meurtre, à une durée qui peut être de 11 à 25 années.
Le projet de loi C-48 entrera en vigueur à une date qui sera fixée par décret. Pour permettre aux différentes administrations de se renseigner sur la nature de cette proposition, le ministère de la Justice entreprendra des consultations auprès d'elles dès que le projet de loi prendra effet.
Cela dit, nous pouvons maintenant répondre à toutes vos questions concernant le projet de loi C-48.
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Si nous commençons à demander aux représentants du ministère de la Justice quelles sont leurs inclinations politiques, c'est qu'il est temps d'échanger nos rôles. J'irais du côté de la sécurité, par contre; je ne détesterais pas faire partie du ministère de la Justice.
Mais je respecte la réponse que vous donnez à la question qui concernait la politique.
J'ai une question. Nous allons devoir revenir à des hypothèses. Je crois que nous essayons tous de nous faire une idée du pouvoir discrétionnaire qui pourrait être exercé. Double meurtre, mêmes circonstances: c'est de toute évidence des meurtres au premier degré. Si le juge décide que, pour le premier meurtre, le coupable ne devrait pas être admissible à une libération conditionnelle avant 25 ans, comment va-t-il faire une distinction avec le second meurtre, qui est le même? Le coupable sera automatiquement inadmissible à la libération conditionnelle pendant plus de 50 ans, dans ce cas-là. Je ne vois pas comment un juge pourrait recourir au pouvoir discrétionnaire dans un cas, mais pas dans l'autre.
Vous dites que, pour le second meurtre, il pourrait dire qu'il a exercé son pouvoir discrétionnaire pour déterminer la période d'inadmissibilité et qu'il considère que les deux meurtres ne sont qu'un seul et même crime... Selon moi, le problème serait peut-être... Le pouvoir discrétionnaire existe, et c'est une bonne chose. Je remarque en passant qu'il n'existe pas dans le projet de loi S-6. Je me demande pourquoi, car il concerne une partie similaire du code, je parle entre autres de la disposition de la dernière chance. C'est là une de mes questions, je suppose.
Deuxièmement, ne serait-il pas mieux de donner aux juges un pouvoir discrétionnaire un peu plus large en ce qui concerne le nombre d'années? Autrement dit, un juge peut, après avoir envisagé ces deux cas, vouloir imposer 25 ans. Il peut hésiter et se demander s'il veut imposer 50 ans. Il pourrait également très facilement imposer 35 ans, mais il doit faire un choix, 10 ans pour un meurtre au deuxième degré, et 25 ans pour un meurtre au premier degré.
On voit à la télévision comment fonctionnent les tribunaux américains: ils choisissent un chiffre au hasard et déclarent: « Vous ne serez pas admissible à une libération conditionnelle avant 36 ans. » Au Canada, on a le choix entre 10 ans, 25 ans, ou, dans le cas d'un double meurtre, 50 ans. Mais on ne peut pas choisir un chiffre entre 25 et 50 lorsqu'il y a eu deux meurtres au premier degré, si j'ai bien compris. Je me demande s'il ne faudrait pas utiliser une échelle graduée. Si vous voulez accorder un pouvoir discrétionnaire, vous devez l'accorder. Vous ne pouvez pas dire que les choix sont limités à 25 ans, 50 ans, 75 ans, ou quoi que ce soit d'autre.
Dans le cas d'un triple meurtre, je crois que nous allons un petit peu loin. L'écart entre 25 ans et 75 ans est assez large. Mais, au moment de choisir une peine de 25 ou de 50 ans, il se peut que le juge se dise: « Cet homme a 40 ans et il devrait payer. » Il n'y a pas à se poser la question: aux yeux de la justice, chaque meurtre a le même poids relativement à l'exemplarité de la peine. Mais au moment de choisir entre une période de 25 ans et une autre de 50 ans, mon Dieu, le juge pourrait penser que la personne concernée a des chances de se réadapter.
J'aimerais que vous me disiez si, à votre avis, nous ne devrions pas prévoir des termes mitoyens, et j'aimerais aussi que vous commentiez le projet de loi S-6.
:
Merci, monsieur le président et madame et messieurs les membres du comité. Je suis heureux de pouvoir vous présenter le Budget supplémentaire des dépenses (B) du ministère de la Justice.
Monsieur le président, comme vous le savez, notre gouvernement a été élu parce qu'il a promis de s'attaquer à la criminalité. Nous avons pris des mesures décisives pour réaliser cette promesse de façon à garantir la sécurité de nos quartiers et de nos collectivités.
[Français]
En tant que ministre de la Justice et procureur général du Canada, je suis déterminé à faire en sorte que notre système de justice soit réellement juste.
[Traduction]
Nous savons que les citoyens respectueux de la Loi veulent que nous agissions. Notre gouvernement, comme nous l'avons déclaré dans le discours du Trône, a la conviction que la loi doit protéger tout le monde et que ceux qui commettent des crimes doivent payer. Les Canadiennes et les Canadiens veulent un système qui assure la justice.
Dans ce but, nous avons entamé un vaste éventail de réformes visant à renforcer le droit criminel. Nos réalisations en témoignent.
Nous avons adapté des lois permettant d'imposer des peines d'emprisonnement obligatoires pour tous les crimes commis à l'aide d'armes à feu et d'imposer des peines plus sévères aux criminels dangereux, en plus d'élever l'âge de protection de 14 à 16 ans afin de mieux protéger les jeunes contre les prédateurs sexuels adultes.
Nous avons réussi à éliminer le crédit de deux jours accordé pour chaque jour passé en prison avant le jugement, une pratique qui réduisait de façon disproportionnée la durée de la peine d'emprisonnement imposée à quelques-uns des délinquants violents. Les associations de policiers et les groupes de victimes et, en fait, l'ensemble des provinces et des territoires ont exprimé leur appui à cette loi.
Notre gouvernement a également fait adopter des lois pour augmenter les peines imposées aux auteurs de meurtres ou de fusillades liés à des gangs et au crime organisé. Désormais, un meurtre lié à l'activité du crime organisé sera automatiquement considéré comme un meurtre au premier degré et sera assujetti à une peine d'emprisonnement à vie obligatoire sans possibilité de libération conditionnelle avant 25 ans.
En outre, d'autres projets de loi sont actuellement étudiés par les deux chambres du Parlement, et ces lois renforceront le système de justice au profit des Canadiennes et des Canadiens respectueux des lois. Elles mettent en particulier l'accent sur la protection des enfants et sur le respect et la compassion dus aux victimes de crimes.
J'aimerais souligner que rien de cela n'aurait été possible sans l'aide précieuse, les conseils et l'engagement des employés du ministère de la Justice. Je profite de l'occasion pour les remercier de leur dévouement et de leur travail acharné.
[Français]
Monsieur le président, comme vous pouvez en témoigner, notre engagement consistant à protéger les Canadiens reste plus fort que jamais.
[Traduction]
Par exemple, j'ai eu récemment la fierté d'annoncer que notre loi visant à protéger les Canadiens contre les crimes contre les biens et les vols d'automobiles avait reçu la sanction royale, comme vous le savez. La loi visant le vol d'automobiles et les crimes contre les biens permettra de réprimer les crimes contre les biens, y compris le vol d'automobiles et le trafic de biens obtenus grâce au crime. Le vol d'automobiles a une incidence énorme sur la population et menace la sécurité de nos collectivités.
Cette loi aidera à ébranler les entreprises criminelles et enverra un message clair aux gangs et aux membres du crime organisé: s'ils volent une automobile, les conséquences seront graves. Lorsque cette nouvelle loi sera entrée en vigueur, les organismes d'exécution de la loi et les tribunaux disposeront d'outils plus efficaces pour sévir contre le vol d'automobiles et toute la gamme d'activités liées au trafic des biens de toutes sortes volés ou obtenus de manière frauduleuse.
Un autre volet de notre lutte contre le crime organisé, monsieur le président, concerne la nouvelle série de règlements que nous avons adoptés afin de donner aux organismes d'application de la loi la capacité de combattre les activités criminelles plus complexes. Selon ces nouveaux règlements, les activités criminelles organisées comme le jeu illégal ou certains crimes liés à la prostitution et à la drogue sont des infractions graves.
Le fait qu'une infraction soit commise par une organisation criminelle fait en sorte qu'elle devient un crime grave. Ces règlements aideront à faire en sorte que les policiers et les procureurs puissent utiliser pleinement les outils du Code criminel visant précisément à combattre la criminalité organisée et à les rendre plus efficaces pour lutter contre celle-ci en s'assurant que les pénalités sont proportionnelles à la menace accrue que représentent pour la sécurité du publique les activités criminelles organisées.
Monsieur le président, nous avons pu nous réjouir également cette année de l'entrée en vigueur de la loi visant à combattre le vol d'identité, un crime qui gagne rapidement de l'importance, en Amérique du Nord, comme vous le savez. Notre nouvelle loi procure aux policiers et aux représentants de la justice de nouveaux outils plus importants, y compris trois nouvelles infractions prévues au Code criminel portant sur les premiers paliers du vol d'identité ou des crimes liés à l'identité: obtention et possession de renseignements personnels, trafic de renseignements personnels et possession illégale ou trafic de documents gouvernementaux contenant des renseignements personnels. Toutes ces infractions sont assujetties à une peine d'emprisonnement d'un maximum de cinq ans.
Notre gouvernement croit que les Canadiennes et Canadiens ont droit à ce que leur identité et les autres renseignements personnels précieux qui les concernent soient protégés le mieux possible. Ils profitent donc aujourd'hui d'une plus grande protection contre le vol d'identité, et les policiers sont mieux équipés pour faire obstacle à ces crimes avant leur perpétration.
Nous allons également défendre les victimes de la criminalité en col blanc, qui peut avoir un effet désastreux sur les particuliers et les collectivités. Notre gouvernement a prêté l'oreille aux doléances des victimes de fraude; nous les aidons à obtenir un dédommagement et nous veillons à ce que leur opinion soit prise en compte par les juges qui prononceront la peine de ceux qui les ont si profondément lésés.
À cette fin, comme vous le savez, nous avons présenté des projets de loi qui s'attaquent à la criminalité en col blanc et à la fraude et qui assurent un traitement plus juste aux victimes. Nos lois détermineraient la durée obligatoire des peines d'emprisonnement: au moins deux ans pour les fraudes de plus de un million de dollars. Elles prévoiraient des peines plus sévères en précisant des facteurs aggravants que les tribunaux pourront prendre en considération.
Monsieur le président, dans le discours du Trône, nous nous sommes arrêtés en particulier au besoin de protéger les membres les plus vulnérables de notre société, les enfants. L'exploitation sexuelle des enfants cause un préjudice irréparable, et notre gouvernement s'est engagé à prévenir les infractions sexuelles à l'égard des enfants en s'assurant que les prédateurs sexuels adultes se voient imposer des peines reflétant l'extrême gravité de leur crime.
Nous avons présenté des projets de loi prévoyant des peines d'emprisonnement obligatoires pour sept infractions déjà prévues au Code criminel, notamment le leurre, l'agression sexuelle et l'agression sexuelle armée. En conséquence, les peines avec sursis, y compris l'assignation à résidence, ne seraient plus possibles pour de telles infractions. Les lois proposées visent également à augmenter la durée obligatoire des peines d'emprisonnement pour sept infractions sexuelles dont les victimes sont des enfants, par exemple possession de pornographie juvénile, accès à de la pornographie juvénile et exploitation sexuelle.
Monsieur le président, la création et la diffusion de pornographie juvénile constituent des crimes révoltants où des enfants sont victimisés brutalement à répétition. Notre gouvernement a récemment proposé un régime de signalement obligatoire au Canada qui obligera les fournisseurs de service Internet à signaler la pornographie juvénile diffusée sur Internet. Cela renforcera notre capacité de protéger nos enfants contre les prédateurs sexuels et aidera la police à rescaper ces jeunes victimes et à poursuivre les personnes responsables de ces crimes.
Notre gouvernement a montré qu'il s'intéressait au sort des victimes de meurtres multiples et à leur famille. Nous sommes profondément convaincus que les familles et victimes de meurtres ne devraient pas avoir le sentiment que la vie de l'être cher qu'elles ont perdu ne compte pas.
C'est pourquoi j'ai déposé en octobre un projet de loi qui autorise les juges à imposer des périodes consécutives d'inadmissibilité à la libération conditionnelle, éliminant ainsi les peines à rabais imposées pour ces crimes horribles. Même s'il n'est pas possible d'imposer plus d'une peine d'emprisonnement à vie aux délinquants qui commettent plus d'un meurtre, il sera possible d'imposer une période d'inadmissibilité à la libération conditionnelle — qui est de 25 ans dans le cas des meurtres au premier degré — consécutive pour chacun des meurtres subséquents.
En outre, nous allons continuer à demander que la clause de la dernière chance soit rayée du Code criminel. En privant les meurtriers de toute possibilité de libération conditionnelle anticipée, notre gouvernement espère épargner aux familles la douleur d'avoir à se présenter plusieurs fois aux audiences de libération conditionnelle et de revivre constamment cette perte innommable.
J'ai été attristé, plus tôt, ce mois-ci, de voir que plusieurs modifications inutiles ont été apportées à ce projet de loi important, entre autres pour modifier le titre abrégé du projet de loi. En raison de ces modifications inutiles, le projet de loi C-6 devra être reporté, et j'aurai la déception d'apprendre aux victimes que ce projet n'est toujours pas devenu une loi de notre pays. Mais, encore une fois, nous restons engagés à cet égard.
J'aimerais profiter de l'occasion pour remercier les membres de votre comité du travail qu'ils effectuent. Je les supplie de ne pas proposer de modifications inutiles à des projets de loi, puisque cela ne fait que retarder le processus, alors que ces projets de loi sont largement soutenus par la population de notre pays.
Nous maintenons notre engagement à aider les victimes de crimes. Par le truchement de la Stratégie fédérale d'aide aux victimes, nous verserons 52 millions de dollars sur quatre ans, à compter du 1er avril 2007, pour offrir un ensemble de programmes, de services et de financement afin d'aider le gouvernement fédéral et les gouvernements des provinces et des territoires à répondre aux besoins des victimes. Cela comprend évidemment la création du Bureau de l'ombudsman fédéral des victimes d'actes criminels.
J'ai eu le très grand plaisir, récemment, d'annoncer que le gouvernement du Canada verserait plus de cinq millions de dollars sur cinq ans pour soutenir la mise sur pied de centres d'appui aux enfants à l'échelle du Canada. J'ai visité le centre de St. Catharines, en Ontario, qui se trouve, évidemment, à proximité de ma circonscription, et j'ai été presque malgré moi impressionné par le travail qui est fait. Ce travail est effectué dans certain nombre de municipalités du Canada, et nous devons tous l'encourager.
Notre gouvernement maintient son engagement à aider des victimes d'actes criminels par le truchement des programmes en vigueur, et continuera à collaborer avec des intervenants afin de lancer de nouvelles initiatives, comme celles des centres d'appui aux enfants dont je viens tout juste de parler. Cependant, monsieur le président, les victimes d'actes criminels ont indiqué que la principale lacune à combler, dans leur cas, c'est le manque d'information sur le système de justice et les services qui leur sont offerts.
Pour combler cette lacune, le gouvernement du Canada tend la main aux victimes d'actes criminels dans le cadre de sa nouvelle campagne Les victimes comptent, qui vise à sensibiliser les victimes d'actes criminels et à les informer sur les ressources mises à leur disposition. Cette campagne est financée grâce à une affectation distincte du Conseil du Trésor consacrée à la publicité gouvernementale pour l'exercice 2010-2011. Cet investissement s'ajoute au budget déjà alloué au fonds destiné aux victimes.
La campagne a pour objectif d'accroître la sensibilisation au sujet des services et programmes destinés aux victimes d'actes criminels afin d'en augmenter l'utilisation et, par ricochet, de dépenser davantage le fonds destiné aux victimes. Selon les résultats, la campagne a réussi jusqu'ici à sensibiliser les Canadiennes et Canadiens. Au 27 novembre, on avait enregistré plus de 1,1 million de consultations du site Web Les victimes comptent; on comptait près de 40 000 visiteurs, la consultation en moyenne durait plus de cinq minutes, ce qui permet de croire que les visiteurs trouvent sur ce site un contenu abondant et utile.
Monsieur le président, la sécurité est une des priorités de notre gouvernement, et nous n'allons pas justifier notre engagement envers les victimes et les citoyens respectueux des lois.
[Français]
En terminant, monsieur le président, je tiens à vous remercier, ainsi que les membres du comité, pour le travail important que vous effectuez.
[Traduction]
Le ministère de la Justice joue un rôle déterminant dans ce que fait le gouvernement pour répondre aux besoins des Canadiens. Le financement que nous avons reçu a produit des résultats, et je ferai de mon mieux pour veiller à ce qu'il continue d'être dépensé judicieusement au service des Canadiens.
Nous allons donner suite à la promesse que nous avons faite de lutter contre le crime et de défendre les victimes. Nous allons continuer à prêter l'oreille à l'opinion des Canadiens sur la façon dont nous pouvons améliorer notre système de justice pénale et assurer la sécurité de toutes nos collectivités.
Merci beaucoup, monsieur le président.
J'attends avec impatience vos questions.
:
Merci, monsieur le président.
Merci au ministre et à tous les représentants.
J'aimerais poser des questions sur le contenu des pages 170 à 181 du budget supplémentaire des dépenses. J'ai quelques questions précises.
En passant, cependant, je ne peux m'empêcher de réagir à votre commentaire, monsieur le ministre, sur le fait que le gouvernement est au pouvoir depuis maintenant bientôt cinq ans. Faire porter tout le blâme sur le Sénat, dominé par les libéraux... oh, attendez une minute, ce n'est plus le cas. Il y a aussi le changement des titres abrégés, qui va au-delà de la portée réelle, voire des répercussions des lois; c'est un peu mystérieux et un peu exagéré.
Ne nous engageons pas dans un débat politique. Parlons plutôt des chiffres. Vous êtes au pouvoir depuis cinq ans. Vous commencez à utiliser de l'argent pour réaliser quelques-unes de vos grandioses visions.
À la page 181, je constate, avant de passer aux questions concernant précisément les dépenses, que vous réservez une affectation du Conseil du Trésor pour une campagne visant les victimes d'acte criminel. Je vois bien que cette affectation est distincte, mais, dans tous ces chiffres, pourriez-vous me dire, et je parle du troisième poste, « Fonds pour appuyer les services aux victimes... pour accroître l'appui national aux enquêtes liées aux personnes disparues » et le poste qui suit est le suivant, « Fonds pour accroître le soutien aux victimes d'acte criminel grâce à la création et à l'amélioration des centres d'appui aux enfants » dont vous avez parlé — il s'agit de sommes de 2,5 millions et de 1,3 million de dollars — pourriez-vous nous dire si les sommes affectées sont destinées à la publicité, aux annonces, à la promotion? Cela serait ma première question.
La seconde question, et je tiens à ce que vous ayez amplement le temps de répondre, messieurs le ministre et le sous-ministre, porte sur le fait que j'ai assisté aux réunions de l'Association du Barreau canadien au cours desquelles vous avez déclaré très clairement que les transferts aux provinces qui visent l'aide juridique sont tout simplement cela — des transferts aux provinces. La position de repli que vous avez adoptée, presque partout au pays, consiste à dire que vous ne pouvez pas intervenir dans la façon dont les provinces utilisent le montant qui leur est affecté pour s'assurer, généralement, de mettre en place un système adéquat d'aide juridique.
Je crois que, sur le plan constitutionnel, c'est un argument valable, monsieur le ministre, mais, dans la section des transferts, si j'ai bien compris, un poste prévoit le transfert de 2 millions de dollars « pour financer les coûts d'aide juridique aux immigrants et aux réfugiés encourus par les provinces et les territoires ». Il me semble qu'il s'agit là exactement de ce que vous dites ne pas pouvoir faire à titre de gouvernement, c'est-à-dire transférer de l'argent directement aux provinces pour qu'elles offrent des services d'aide juridique en particulier.
Je me demande s'il s'agit d'un progrès. Je me demande si c'est une bonne chose. Je me demande si Citoyenneté et Immigration vous a donné le mandat de le faire, en tant que gouvernement. Je me demande ce que c'est, j'aimerais savoir pourquoi la somme est si importante et, enfin, j'aimerais savoir pourquoi la somme est transférée par Citoyenneté et Immigration. Est-ce que c'est quelque chose que le ministère a déjà fait et qu'il inscrivait dans son budget? Est-ce qu'il l'a déjà fait? Est-ce que c'est quelque chose de nouveau?
C'étaient mes trois questions générales concernant les dépenses, monsieur le ministre.
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... a déjà été adopté par le Sénat. Si vous voulez y apporter des modifications mineures, si vous n'êtes pas satisfait du nom du projet de loi, cela signifie qu'il faudra renvoyer l'affaire au Sénat. C'est le système gouvernemental qui est le nôtre.
Donc, lorsque j'essaie d'expliquer aux victimes que l'on s'entend généralement pour éliminer la clause de la dernière chance, je dois leur dire que la Chambre des communes étudie quelques modifications et que l'adoption du projet de loi doit être reportée. C'est cela que j'ai voulu dire.
En ce qui concerne les augmentations, le budget de publicité s'appuie sur un financement distinct. Vous avez parlé entre autres des centres d'appui aux enfants. Ce financement est offert à tous les groupes du Canada qui désirent présenter une demande afin de mettre sur pied un centre d'appui aux enfants ou qui veulent soutenir un centre déjà en exploitation. C'est à cela que l'argent est destiné. De plus, l'argent réservé aux services d'aide aux victimes de violence dans les collectivités autochtones vient, encore une fois, du nouveau fonds annoncé qui doit faciliter les poursuites contre les gens qui ont agressé des femmes autochtones.
Cela dit, il est important que le message soit entendu. Ce n'est pas à cela que l'argent sert, mais j'ai parlé des activités d'éducation et de sensibilisation que nous menons, car nous désirons que les victimes et les particuliers utilisent ces programmes et savent à quoi ils servent.
Ensuite, en ce qui concerne l'aide juridique, oui, il y a les transferts visant à financer les coûts d'aide juridique pour les actes criminels... et, comme vous l'avez souligné, le système des réfugiés. Oui, nous le faisons. La plupart des questions qui m'ont été posées au sujet de la séparation constitutionnelle ou des arrangements pris avec les provinces et les territoires ont trait à l'aide juridique en matière civile.
Comme je le leur ai expliqué, avant 1995, lorsque j'étais député, au début des années 1990, et que j'étais le secrétaire parlementaire du ministre de la Justice, je gardais l'œil ouvert, évidemment, et je m'assurais chaque année que le gouvernement fédéral transférait de l'argent aux fins de l'aide juridique en matière civile. Cela aide les gens, par exemple en cas de litiges matrimoniaux.
Ensuite, en 1995 — je n'y ai pas participé, je suis sûr que vous le savez déjà —, tout cela a été regroupé dans les transferts canadiens en matière de programmes sociaux. Donc, quand j'ai assisté aux réunions de l'Association du Barreau canadien ou à d'autres assemblées, j'ai dit que, en effet, je prends connaissance du budget tous les ans et je suis heureux de voir que les transferts canadiens en matière de programmes sociaux augmentent chaque année parce que je vois, ainsi, que les provinces ont donc la possibilité de fournir un appui en ce qui concerne l'aide juridique en matière civile et de soutenir d'autres projets valables.
On me demande cependant parfois pourquoi je ne rétablis pas le poste budgétaire, et, comme vous l'aurez probablement deviné, un certain nombre de provinces ou de territoires ne sont pas en faveur et ne nous encouragent pas à le faire.
Je n'ai pas beaucoup parlé du budget. Croyez-le ou non, monsieur Ménard, quand je me suis présenté ici, ces quatre dernières années, la plupart des questions n'avaient rien à voir avec le budget.
Monsieur Comartin, vous avez fait exception à cette règle, mais la plupart des questions concernent les politiques générales ou des enjeux particuliers liés au portefeuille de la Justice.
Je vais vous donner un exemple qui concerne spécifiquement les victimes. Le dossier complet des centres d'appui aux enfants, au sujet desquels, comme je l'ai dit, j'ai fait une annonce il y a environ trois semaines, est inscrit dans le budget supplémentaire des dépenses.
C'est une cause qui me tient à coeur, car les centres d'appui aux enfants ont été créés dans le but d'aider les enfants qui ont été victimes d'un crime ou qui en ont été témoins et qui ont pour cela des contacts avec le système de justice pénale. Les centres offrent un environnement sûr et rassurant à ces enfants en les aidant à exposer leur situation et à se préparer aux entrevues ou à une possible participation au procès. C'est une cause qui me tient à coeur. Comme je vous l'ai déjà expliqué, j'ai vu de mes propres yeux ce qui se passait à St. Catharines, en Ontario, tout près de ma circonscription. J'ai été fortement impressionné.
Alors, oui, cette aide figure explicitement dans le budget supplémentaire des dépenses, tout comme l'aide pour les services aux victimes dans les collectivités autochtones du Canada. Sachez que le dernier budget du gouvernement fédéral prévoyait une affectation, pour cela, qui est reprise également dans le budget des dépenses supplémentaires.
Vous avez donc raison de dire que l'on réserve davantage de financement aux victimes, dans notre pays, dans le budget supplémentaire des dépenses. Encore une fois, c'est pertinent, mais c'est évidemment indissociable des programmes sur lesquels j'ai déjà attiré votre attention. Je vous ai parlé du fonds à l'intention des victimes que nous avons créé en 2007, et ce fonds existe toujours, évidemment, cette année.
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Eh bien, nous avons fait du chemin, monsieur Petit, je l'ai même vu au cours de ma carrière juridique, en ce qui concerne la façon dont nous nous occupons des enfants. Je parle de certaines des présomptions qui ont cours dans le système pénal, en ce qui concerne les enfants... la présomption, par exemple, qu'ils mentent ou que l'on ne peut pas se fier à eux. Je crois que nous avons fait beaucoup de chemin.
Notre travail consiste évidemment à aider les victimes, à réduire la victimisation chez les enfants, à aider les enfants qui ont affaire au système de justice pénale et à leur donner tous les services dont ils ont besoin. Je crois fermement que cette idée des centres d'appui aux enfants... Il y en a peut-être cinq, au Canada, pour le moment, et un ou deux autres sont à l'état des projets. J'espère sincèrement que ces centres deviendront la norme dans toutes les collectivités du pays, et qu'ils deviendront le refuge, la ressource, pour qui veut aider les enfants victimes d'actes criminels.
Nous entendons toujours l'histoire des gens qui ont été victimisés, qui disent à quel point ils étaient terrorisés, à quel point ils ignoraient tout du système, à quel point le système leur était étranger et combien tout cela avait été difficile. Vous entendez dire, bien des années plus tard, que les gens sont toujours marqués par le système qu'ils ont dû affronter lorsqu'ils étaient enfants; il me semble donc que ces centres d'appui aux enfants visent directement les défis auxquels font face les enfants qui ont affaire au système de justice pénale.
Comme c'est le cas dans tout nouveau projet, la question du financement est toujours un défi. Je félicite et je remercie les municipalités ou les autres ordres de gouvernement qui leur ont donné un appui. Dans la plupart des cas, les intervenants me disent que c'est un peu un processus d'essais et d'erreurs, par exemple, une municipalité leur donne une subvention, une année, mais aucune la suivante, et des choses comme ça. Je crois qu'un peu de stabilité dans ce domaine serait un grand pas en avant.
Encore une fois, j'ai été très, très fier et très heureux d'annoncer, il y a quelques semaines, que le gouvernement fédéral verserait un financement de plus de cinq millions de dollars à ce secteur. C'est un pas dans la bonne direction: amener le gouvernement fédéral à s'intéresser à ces centres d'appui. C'est tout à fait conforme à notre approche générale dans ce domaine, et cela répond à un besoin particulier. Alors, oui, je suis plutôt enthousiaste. Encore une fois, j'espère sincèrement que cela deviendra la norme, au Canada, et que nous ne nous limiterons pas aux cinq ou six centres déjà en place.