:
Merci beaucoup, monsieur le président.
La Criminal Lawyers' Association est ravie de comparaître devant le comité sur l'importante question soulevée par le projet de loi C-48.
Comme beaucoup d'entre vous le savent, nous sommes un organisme sans but lucratif fondé en 1971. Nous représentons plus de 1 000 criminalistes de la province de l'Ontario. Les objectifs de notre organisation sont l'éducation, la promotion et la représentation de nos membres sur des questions se rapportant aux droits criminel et constitutionnel.
Avec les procureurs de la Couronne, nous sommes les travailleurs de première ligne, si l'on peut dire, du système de justice pénale et nous nous intéressons de près à cette mesure législative et à d'autres semblables. Nous avons aussi vu en pratique l'incidence des changements législatifs sur le fonctionnement du système judiciaire. Vous le savez tous sans doute, le système judiciaire est organique et ces éléments coexistent dans un équilibre délicat. Cet équilibre repose sur des compromis destinés à atteindre divers objectifs, de la protection du public à l'administration juste et équitable des peines en passant par la réadaptation et la réinsertion des contrevenants.
En effet, depuis longtemps, notre système de justice est caractérisé par une attitude mesurée et équilibrée relativement aux peines imposées. Sur les plans national et international, je dirais, nous sommes fiers de notre capacité de rendre justice avec pondération. Nous ne jetons pas simplement les gens aux oubliettes, nous leur offrons de l'espoir, même l'espoir d'une dernière chance. Nous prenons en compte des intérêts contraires et veillons à ce qu'aucune idéologie ne prime sur les autres. Il n'y a qu'à voir les objectifs et principes de la détermination de la peine énoncées dans le Code criminel pour le constater.
Les membres du comité ne seront pas étonnés du fait que la Criminal Lawyers' Association n'appuie pas le projet de loi C-48. À notre avis, cette mesure législative est une solution qui cherche un problème, plutôt qu'une solution législative à un problème réel. En d'autres termes, pourriez-vous nous dire quel problème cette mesure législative est censée régler? Y a-t-il véritablement une remise de peine pour ceux qui commettent plus d'un meurtre ou est-ce une question de perception? En comprenant la situation, constate-t-on qu'il n'y a pas véritablement de remise de peine.
Je comprends qu'aux yeux de beaucoup de gens, quand il y a plus d'une victime de meurtre, la peine n'est pas proportionnelle pour les deux crimes, comme si le deuxième meurtre était impuni. Ce n'est qu'une perception, la réalité est bien différente, croyez-moi. Pour commencer, un meurtrier condamné pour un meurtre ou plus d'un meurtre reçoit une peine d'emprisonnement à perpétuité. Au Canada, c'est l'essence exacte de l'expression: c'est une peine d'emprisonnement à vie. La possibilité d'une libération conditionnelle, ou l'admissibilité à la libération conditionnelle est un élément de la peine, mais cela ne change rien à la peine elle-même, soit de passer sa vie en prison. Ce concept d'emprisonnement à vie a un sens. En effet, certains contrevenants n'obtiennent jamais de libération conditionnelle et meurent en prison.
Dans l'arrêt R. c. C.A.M, la Cour suprême a bien constaté le caractère intransigeant d'une peine d'emprisonnement à vie. Elle a aussi souligné que l'admissibilité à une libération conditionnelle n'allait pas à l'encontre de la dénonciation ou de la dissuasion, deux objectifs de la détermination de la peine. Le projet de loi dont vous êtes saisi laisse entendre que le nombre de meurtres n'a pas d'effet sur la peine réelle imposée au meurtrier. J'ai deux réactions, à ce sujet. Premièrement, lorsque les juges décident de l'inadmissibilité à la libération conditionnelle pour de multiples infractions de meurtre au second degré, je vous garantis qu'ils considèrent le nombre de victimes comme un facteur aggravant lourd, ce qui prolonge la durée de la période d'inadmissibilité. Nous le voyons tous les jours. Deuxièmement, dans le cas des meurtres au premier degré, la période d'inadmissibilité ne peut être portée au-delà de 25 ans, mais le fait qu'un accusé a commis plus d'un meurtre au premier degré ne saurait échapper à la vigilance de la Commission nationale des libérations conditionnelles, 25 ans plus tard. En réalité, ceux qui ont commis plus d'un meurtre reçoivent une peine plus lourde.
Toutefois, ce projet de loi semble ajouter un élément mathématique purement linéaire dans l'équation. L'individu accusé d'un seul meurtre est passible d'une peine minimale de 10 à 25 ans d'emprisonnement, pour un double meurtre, c'est de 20 à 50 ans et pour un triple meurtre c'est de 30 à 75 ans. La méthode de calcul adoptée dans ce projet de loi a été rejetée depuis longtemps par nos tribunaux. Cette notion de totalité de la peine, telle que décrite dans la jurisprudence, consiste à empêcher une simple addition des peines consécutives et à ordonner au juge de tenir compte de l'incidence nette d'une peine envisagée compte tenu de tous les objectifs sous-jacents au processus de détermination de la peine. Quelle que soit la gravité du crime, la peine ne doit pas être écrasante au point d'oblitérer toute possibilité réaliste de mise en liberté et d'espoir de réadaptation.
Bien que la Cour suprême du Canada ait rejeté la possibilité d'établir un plafond quand à la valeur numérique de la peine, elle reconnaît toutefois que:
Passé un certain point, les objectifs utilitaristes et normatifs de la détermination de la peine commencent éventuellement à perdre leur pertinence dès que la peine envisagée dépasse toute estimation raisonnable du temps qu'il reste normalement à vivre au délinquant.
Malgré cette remarque, la Cour suprême du Canada a refusé d'établir un plafond pour la durée des peines et a préféré laisser les juges exercer leur pouvoir discrétionnaire. Elle estime qu'en se remettant à leur bon jugement, on évite l'imposition de peines à durée fixe trop sévères.
Dans ce contexte, est-ce réaliste de s'attendre à ce que les juges commencent à imposer des peines écrasantes en fonction d'une échelle linéaire? D'après moi, probablement pas, à l'exception peut-être de cas extrêmement rares, et même en pareille situation, il s'agirait des mêmes cas dont la Commission nationale des libérations conditionnelles est déjà saisie. D'ailleurs, elle agit actuellement de façon adéquate en refusant la mise en liberté.
J'aimerais que vous gardiez à l'esprit une donnée statistique. Ce n'est pas moi qui va vous la transmettre, car je ne la connais pas. En moyenne, combien de temps les auteurs de meurtres multiples passent-ils en prison avant de se voir accorder une libération conditionnelle? Voilà le chiffre que vous devez trouver. Quand vous connaîtrez ce chiffre, vous serez en mesure d'évaluer si ce projet de loi est effectivement nécessaire en fonction d'un fondement probatoire. Si vous ne connaissez pas ce chiffre, et je n'ai moi-même pas pu trouver cette donnée statistique nulle part, vous vous contentez de deviner si ce projet de loi est nécessaire. J'ai l'impression que si vous découvrez ce chiffre, vous constaterez que les auteurs de meurtres multiples passent déjà beaucoup plus de temps en incarcération et qu'il n'y a pas de véritable réduction nette de la peine.
J'ai déjà été invité à plusieurs reprises à témoigner devant votre comité au sujet de la constitutionnalité d'un projet de loi. Vous serez donc heureux d'apprendre que pour une fois, j'estime qu'il n'y a pas de problème constitutionnel avec le projet de loi qui nous occupe. D'ailleurs, je félicite le comité et les rédacteurs à cet égard. Dans ce projet de loi, on prévoit que les juges pourront exercer un minimum de pouvoir discrétionnaire. J'avancerais même que ce pouvoir discrétionnaire, qui offre une option au juge de première instance, pourrait même en fin de compte parer ce projet de loi contre des déficiences constitutionnelles.
Cela étant dit, je constate que le projet de loi présente comme aspect problématique le fait que le pouvoir discrétionnaire est binaire. On prévoit une simple addition mathématique qui consiste à additionner une période d'inadmissibilité à la libération conditionnelle à une autre. Cela ne donne pas aux juges assez de pouvoir discrétionnaire pour déterminer un juste milieu. Par juste milieu, j'entends une position plus clémente ou, par exemple, dans le cas où l'individu aurait commis deux meurtres au premier degré, les seuls choix possibles sont 25 ans ou 50 ans d'emprisonnement.
Je crois que le risque de contestation de la constitutionnalité du projet de loi réside dans le fait qu'il n'est pas le seul dans sa catégorie. D'autres projets de loi sont à l'étude en ce moment, par exemple le projet de loi visant à abroger la clause de la dernière chance. L'entrée en vigueur de tous ces projets de loi entraînera un effet cumulatif pouvant entraîner une contestation. J'attire l'attention du comité sur la décision Luxton de la Cour suprême du Canada, qui avait défendu la constitutionnalité des peines à perpétuité obligatoires comportant une période de 25 ans d'inadmissibilité à la libération conditionnelle. Dans le cadre de cette décision, la Cour suprême du Canada semblait indiquer que l'existence de la clause de la dernière chance atténuait dans une certaine mesure la sévérité de la peine. C'est en se fondant sur cette clause que la Cour suprême a reconnu la constitutionnalité du texte de loi. Les projets de loi à l'étude qui visent à éliminer la clause de la dernière chance ainsi que d'autres mesures semblent comporter un risque.
Je vais terminer, je sais qu'il ne me reste plus de temps.
Je vous demande de penser à ce qui suit. Beaucoup de nouvelles lois pénales sont destinées à améliorer la reddition de comptes en matière criminelle et à rétablir la confiance du public. Je respecte cet objectif; il est juste et bon. Mais au bout du compte, je demande au comité de se poser des questions sur la nécessité d'un projet de loi, à partir de faits probants, avant d'agir. Le droit criminel est un outil brutal qui ne doit pas servir à des fins purement politiques, en l'absence d'un besoin manifeste.
Deuxièmement, je sais que quand on parle d'adéquation des peines, ce n'est qu'un slogan. Je vous demande de garder en tête que, sauf votre respect, ce n'est pas ici d'adéquation des peines qu'il s'agit, mais d'éducation du public. Si le public était bien renseigné sur la dynamique de la détermination de la peine et des statistiques relatives aux peines pour meurtre, il comprendrait bien autrement ce dont est saisi le comité.
Enfin, n'oubliez pas que la libération conditionnelle est une carotte, un espoir pour des gens qui n'en auraient pas, autrement. Si la carotte est fixée au bout d'un trop long bâton, soit une peine de 50 ans, dans certains cas, une petite partie négligée de notre société n'aura plus d'espoir de réadaptation, de réinsertion dans la collectivité.
Je vous remercie de votre attention et j'ai hâte d'entendre vos questions.
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N'est-ce pas curieux que ces phrases proviennent du discours prononcé par le secrétaire parlementaire M. Petit lorsqu'il a appuyé ce projet de loi? Je trouve intéressant que le pouvoir discrétionnaire peut être utilisé comme argument pour maintenir ce projet de loi. Il s'agit d'un des aspects positifs de ce projet de loi. C'est ce que nous rabâchons depuis un bon bout de temps auprès de ce gouvernement. Ils se sont fait à l'idée que les juges sont dignes de notre confiance, c'est un aspect positif — voilà le bon côté; on cherche toujours ce que ceux de l'autre côté ont pu dire de bon.
Mais laissez-moi vous présenter un cas difficile. À la fin des années 1970, dans ma collectivité, deux policiers, M. Bourgeois et M. O'Leary, ont été tués par M. Hutchison et M. Ambrose. Je m'en souviens, j'étais enfant. Ils ont admis avoir commis les meurtres et ils ont été condamnés. Bien sûr, c'était à la fin des années 1970, après l'abrogation de la peine de mort. Ils seront bientôt admissibles à une audience de libération conditionnelle.
Je peux vous dire que l'idée que cela pourrait se produire scandaliserait tous les partisans de partis — libéral, conservateur ou même le Bloc québécois — à Moncton, s'il y en a.
Lorsque vous dites qu'il n'y a pas de problème, ce que vous dites en fait c'est que nous devons faire confiance à la Commission des libérations conditionnelles à ce sujet. Je ne suis pas certain, il s'agit peut-être d'une question distincte, car bon nombre de personnes ne font pas confiance à la Commission des libérations conditionnelles. Pourquoi devrions-nous faire confiance à la Commission des libérations conditionnelles? Dans ce cas, j'imagine qu'un juge local, la collectivité locale, ou un jury local aurait de l'influence s'il laissait entendre que ces deux individus, Hutchison et Ambrose, auraient dû — et il s'agit clairement de deux meurtres — être inadmissibles à la libération conditionnelle pendant 50 ans. Il me semble évident que c'est ce qu'un juge aurait décidé dans ce cas-ci s'il en avait eu la discrétion. Il me semble que c'est très clair.
Donc pourquoi devrions-nous faire confiance à la Commission des libérations conditionnelles, pourquoi devrait-elle jouer le rôle d'un juge?
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J'ai quelques réponses à votre question. Premièrement, les juges infligent une peine de 25 ou peut-être de 50 ans à quelqu'un avant que cette personne soit admissible à la libération conditionnelle. Ils jugent donc une personne peu après qu'elle a commis l'infraction. Le juge voit donc ces personnes au moment où elles sont les moins aptes à se réinsérer.
Le droit criminel est un outil peu nuancé. Nous en sommes tous conscients, et on aimerait bien que ces marges soient plus nuancées qu'elles ne le sont, car le Parlement a trouvé juste d'imposer une peine à vie de 25 ans pour tous les meurtres au premier degré, point final, que ce soit un meurtre au premier degré crapuleux ou pas. Je comprends qu'il y a une gamme de meurtres au premier degré selon leur gravité. Mais pour cette infraction, nous avons une peine unique.
Par contre, ce que nous avons fait, cette fois-là du moins, c'est que nous avons accordé à la Commission des libérations conditionnelles la discrétion pour une très longue période — 25 ans, c'est une très longue période — et nous leur avons accordé le pouvoir, de façon éclairée et nuancée, d'évaluer comment cette personne a réagi à ces 25 ans d'incarcération, puis juger si il est sûr de la libérer. Ils les étudient et appliquent des critères très différents de ceux d'un juge.
Un juge ne peut pas, le jour du prononcé de la peine, dire qu'un contrevenant pourra être libéré en toute sécurité dans 25 ans ou dans 50 ans. Mais à une certaine étape, la Commission des libérations conditionnelles a l'expertise, et devrait bénéficier de l'expertise et de la confiance de ce comité, de dire, selon ses connaissances, que cette personne peut maintenant être libérée. Je comprends que 50 ans, certainement pour certains crimes, comme celui dont vous avez parlé, semblent tout à fait juste. Vous êtes assis là et vous dites qu'une personne mérite une peine de 50 ans. C'est étouffant.
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La réduction ne se produit que si l'on sait à quel moment ils ont été mis en libération conditionnelle. Était-ce après 25, 35, 45 ou 50 ans? Si on sait à quel moment en fait ils ont été mis en libération conditionnelle et pendant combien de temps ils ont purgé une peine d'emprisonnement, cela permettra de savoir si en fait il y a eu une réduction.
N'oubliez pas que même avec le système actuel, lorsqu'il s'agit de déterminer la peine pour des meurtres multiples, un juge n'accordera pas la période minimale d'inadmissibilité à la libération conditionnelle. Il prévoira une période d'inadmissibilité à la libération conditionnelle plus longue. J'imagine qu'il serait plus probable que la Commission des libérations conditionnelles qui examinerait deux cas de meurtres au premier degré, l'un pour lequel il n'y aurait qu'une seule victime et l'autre pour lequel il y aurait des victimes multiples, toutes autres choses étant égales, accorderait la libération conditionnelle plus rapidement à celui qui n'aurait tué qu'une personne plutôt qu'à celui qui en aurait tué deux. Cela sera et est considéré, sans aucun doute, comme un facteur aggravant.
Quand on ne sait pas exactement combien de temps ces auteurs de meurtres multiples passent réellement en prison, on ne peut pas vraiment savoir s'il y a une réduction.
La réduction de la peine est une perception, et je pense que c'est une perception incorrecte. On reconnaît dans la loi qu'on ne peut pas tout simplement utiliser une calculatrice pour ajouter une peine d'emprisonnement à vie de 25 ans pour chaque crime commis ou pour chaque infraction. En fait, la Cour d'appel de l'Ontario en a longuement parlé. Il y a eu un cas il y a de nombreuses années où un homme était entré par infraction dans 15 chalets. Le juge a examiné la question et l'a condamné à huit mois de prison pour une introduction par infraction, donc huit fois quinze équivaut à x nombres de mois d'emprisonnement, et c'est la peine que je vous impose. La Cour d'appel a dit, écoutez, on ne détermine pas la peine de cette façon. Ça ne tient pas compte de la totalité. Cela ne tient pas compte des circonstances personnelles, de l'espoir de réadaptation ou d'un équilibre.
Cela, d'une part, je pense, atténue l'argument. D'autre part, nous devons avoir ce chiffre. Nous n'avons pas les statistiques. Les gens dont vous parlez, soit 25 p. 100 de 100 personnes, seront peut-être mises en liberté conditionnelle beaucoup plus tard que quelqu'un d'autre qui serait dans la même situation mais qui n'aurait commis qu'un seul meurtre.
Cela dit, nous savons tous que la Commission des libérations conditionnelles a une certaine expertise à cet égard. La Commission des libérations conditionnelles ne tire pas au sort le nom des personnes qu'elle libère. Il n'est pas facile de convaincre une commission des libérations conditionnelles. Prenez l'exemple de Clifford Olson, c'est une cause perdue. Il n'obtiendra jamais une libération conditionnelle. Nous avons confiance en la Commission des libérations conditionnelles, elle ne le fera pas. C'est exactement ce qui se produit. Il va mourir en prison, selon toutes les probabilités. De cette façon, le système fonctionne.
C'est un débat intéressant, car à la suite des questions posées par M. Rathgeber, tous ceux qui sont ici dans cette pièce sont d'accord pour dire que les civils qui sont à l'extérieur de la pièce ont l'impression que l'emprisonnement à perpétuité est à perpétuité, non pas une peine d'emprisonnement de 25 ou de 28 ans, qui est en réalité la moyenne selon les statistiques, et qu'il y a des meurtriers qui sortent après sept ou neuf ans suite aux décisions de la Commission des libérations conditionnelles — des meurtriers, coupables de meurtres au second degré, après 10 ans, 17 ans, ou autres.
C'est ainsi que fonctionne la Commission des libérations conditionnelles. On applaudit le travail que fait la Commission des libérations conditionnelles car on lui confie la tâche de libérer des gens qui ont commis des meurtres et qui se sont fait imposer une peine d'emprisonnement à perpétuité par des juges. Je ne pense pas que la population voit les choses de cette façon. Il semble que ce soit un peu une erreur de la part du gouvernement de ne pas examiner — et peut-être qu'il le fait — soit l'aspect éducatif, soit l'aspect législatif de la Commission des libérations conditionnelles. Il me semble que ce soit là l'un des problèmes, d'après ce qu'ils disent eux-mêmes.
C'est précisément parce que chaque meurtre est différent. Je ne pense pas que quelqu'un ici présent estime aussi que Clifford Olson devrait être admissible à une libération conditionnelle de temps à autre. Il devrait être en prison pendant 275 ans, comme il devrait purger 11 peines. Cela ne devrait jamais se produire, mais comme l'a dit le gouvernement lui-même, il reconnaît le problème de meurtre en général.
Monsieur Petit, encore une fois, les types de meurtres multiples sont extrêmement variés. On a les meurtres en série commis de sang-froid en passant par les meurtres à forfait, les meurtres non prémédités sous l'aveuglement de la passion, les parents qui tuent leurs enfants, les meurtres de collègues en milieu de travail jusqu'aux meurtres commis par des personnes qui ont des hallucinations causées par l'alcool, les drogues et les maladies mentales. Je pense que ce que vous dites, c'est qu'il y a des cas où des meurtriers devraient être admissibles à une libération conditionnelle car ils pourraient apporter une contribution à la société. Je comprends cela.
Dans le cas de meurtres multiples, le représentant du ministère de la Justice nous a beaucoup aidés en tentant de trouver une façon d'amender le projet de loi ou de voir pourquoi il ne pourrait pas y avoir un pouvoir discrétionnaire. Il me semble que l'article 745.51 qui est proposé pourrait être amendé à la fin pour donner au juge le pouvoir discrétionnaire de choisir entre 25 et 50 ans. On ne peut pas préciser de chiffres car c'est un multiple du nombre de meurtres commis, mais cela pourrait se situer entre 10 et 20, et entre 20 et 40. Si on ajoutait cela, on aurait vraiment un pouvoir discrétionnaire que, selon le gouvernement, les juges devraient avoir à l'heure actuelle, et je pense que nous croyons la même chose de notre côté. Cela ne serait-il pas un bon amendement? Je ne pense pas que cela irait au-delà de la portée du projet de loi. Que penseriez-vous de ce genre d'amendement?
:
Puis-je faire une observation au sujet de ce rappel au Règlement avant de revenir à mes questions?
Je remercie M. Murphy de son intervention. Je respecterai certainement les exigences de courtoisie, mais je voudrais dire que lorsque j'ai demandé au témoin de ne pas répondre tout simplement « mm-hmm », c'est, je suppose, par habitude, comme avocat, car je suppose que s'il y a une transcription, l'expression « mm-hmm? », ne sera pas vraiment facile à transcrire.
Je voulais tout simplement, avec le plus de courtoisie possible, demander au témoin de dire oui ou non, et je ne voulais certainement pas manquer de courtoisie à son égard.
Puis-je continuer? Merci.
En ce qui concerne M. Clifford Olson, la seule question consiste à savoir si c'est le juge ou la Commission des libérations conditionnelles qui décide de l'inadmissibilité à la libération conditionnelle, tout au moins pour ce qui est du projet de loi à l'étude. Est-ce exact?
:
Monsieur le président, mesdames et messieurs, je vous remercie de me donner l'occasion de vous parler de nouveau du projet de loi , qui habiliterait les juges à imposer, avec la latitude voulue, des périodes d'inadmissibilité à des libérations conditionnelles consécutives plutôt que simultanées.
J'aimerais commencer par décrire brièvement notre bureau. Je vous ferai part ensuite de nos opinions et de nos recommandations en ce qui concerne le projet de loi et son incidence sur les victimes d'actes criminels au Canada.
[Traduction]
Le Bureau de l'ombudsman fédéral des victimes d'actes criminels a été créé pour donner une voix aux victimes à l'échelle fédérale. Nous nous acquittons de cette responsabilité à travers les activités prévues dans notre mandat, c'est-à-dire, entre autres en recevant et en examinant les plaintes des victimes; en promouvant et facilitant l'accès aux programmes fédéraux et aux services à l'intention des victimes d'actes criminels grâce à la diffusion de renseignements et aux renvois; en promouvant les principes fondamentaux de justice relatifs aux victimes de la criminalité; en sensibilisant le personnel du système de justice pénale et les responsables de l'élaboration des politiques aux besoins et aux préoccupations des victimes; et en identifiant les questions systémiques et nouvelles qui ont une incidence négative sur les victimes d'actes criminels.
En ce qui concerne le projet de loi , permettez-moi de commencer en déclarant notre soutien pour le projet de loi et pour le sens du projet de loi visant à offrir aux juges la possibilité, s'il y a lieu, d'infliger des périodes d'inadmissibilité à la libération conditionnelle qui sont consécutives plutôt que simultanées.
Le projet de loi vise à traiter deux préoccupations particulières que les victimes ont soulevé à de nombreuses reprises: la nécessité de tenir les coupables responsables de chaque vie enlevée; et l'anxiété et la dévastation causées aux victimes lorsqu'on accorde à un délinquant une audience de libération conditionnelle.
Pour ce qui est de la responsabilisation, la plupart des victimes souhaitent que justice soit rendue lorsqu'elles perdent un être cher, ce qui à mon avis est compréhensible. Dans le cas d'un meurtrier en série, les familles des victimes veulent que l'on accorde de l'importance au fait qu'un de leur proche a perdu la vie, et que l'on tienne le coupable responsable de chaque vie enlevée.
Selon le régime actuel, lorsqu'on condamne un délinquant à l'emprisonnement à perpétuité, il n'est pas admissible à la libération d'office. Si une libération conditionnelle est accordée, il demeure, pour le restant de sa vie, sous la supervision du Service correctionnel du Canada. La période durant laquelle un meurtre est inadmissible à la libération conditionnelle n'est pas automatiquement prolongée en fonction du nombre de personnes qu'il a tuées. Ainsi, il n'existe pas de conséquence ou d'élément dissuasif manifeste qui pousserait une personne à ne tuer qu'une personne plutôt que six par exemple. Cette réalité est une source de frustration pour certaines victimes.
Les victimes ne pensent pas toutes que des peines d'emprisonnement plus sévères soient la meilleure solution. Cependant, toutes les victimes à qui j'en ai parlé s'entendent pour dire qu'elles ne veulent pas que d'autres personnes aient à partager leur sort. Le projet de loi prévoit qu'un juge peut imposer des périodes consécutives d'inadmissibilité à la libération conditionnelle et veiller ainsi à la protection des victimes et du public. Ce pouvoir discrétionnaire est un élément essentiel du projet de loi. Il permet au juge de prendre une décision en fonction des circonstances particulières et de l'intérêt de tous les Canadiens.
La deuxième préoccupation visée par le projet de loi est l'anxiété et les difficultés auxquelles les victimes font face lorsqu'elles se préparent et participent à une audience de libération conditionnelle. Il est opportun que je sois présente ici aujourd'hui. Il y a à peine deux jours, j'ai participé, à titre d'observatrice, à la plus récente audience de libération conditionnelle du tueur en série Clifford Olson. Je sais que nous connaissons tous les crimes horribles qu'il a commis, et je ne tiens aucunement à accorder plus d'attention à lui ou à ses crimes. Je souhaite cependant parler de l'effet émotionnel que de telles audiences de libération conditionnelle ont sur les victimes d'un acte criminel.
Je suppose que vous avez tous, dans une certaine mesure, suivi l'affaire dans les médias. D'après ces commentaires, il est évident que le délinquant n'éprouve aucun remords relativement à ses actes et aucune compassion pour la perte qu'a subie la famille de ses victimes. Peu importe, il a droit de demander la libération conditionnelle tous les deux ans, ce qui signifie que la famille de ses victimes doit continuellement être confrontée à sa perte dévastatrice.
Je puis vous assurer, après en avoir discuté avec Sharon Rosenfeldt, que ces audiences sont très difficiles. Certaines victimes choisissent de ne pas participer aux audiences. Pour celles qui choisissent de le faire, qui préparent des déclarations de la victime et qui se retrouvent dans une pièce en compagnie de l'homme qui a tué leur fille ou leur fils, l'expérience pour rouvrir des plaies. L'incidence de ces audiences ne se fait pas uniquement sentir durant les jours au cours desquels la Commission des libérations conditionnelles se réunit et prend sa décision. Elle se manifeste plusieurs années auparavant, car les victimes savent que la période d'inadmissibilité à la libération conditionnelle tire à sa fin. Elle se manifeste des mois à l'avance, lorsqu'on informe les victimes du fait que le délinquant aura droit à une audience et qu'elles doivent se préparer. Et elle continue de se faire sentir après l'audience, période au cours de laquelle les victimes tentent de poursuivre le chemin de la guérison. Ces audiences nécessitent du temps, de l'argent et, la plupart du temps, un déplacement de la part des victimes. Elle pose un défi particulier pour des personnes qui ne sont pas bien ou qui ont des problèmes de santé.
Évidemment, notre système de justice doit être équitable pour toutes les parties concernées. Je ne propose pas que l'on enlève aux délinquants toute possibilité de libération conditionnelle. Mais dans des cas tels que ceux-ci, le projet de loi donnerait aux juges un outil supplémentaire pour garantir que les victimes ne soient pas soumises à ce processus sans raison.
Enfin, bien que j'appuie la présente version du projet de loi , je souhaite également formuler deux brèves recommandations à son égard. Je crois comprendre que selon le projet de loi C-48, les juges qui choisissent de ne pas infliger des peines consécutives doivent justifier leur décision oralement ou par écrit. Bien que je sois consciente du fait que ces décisions fassent partie des archives publiques, et je laisserai certainement cette question être discutée par les experts. Je recommande que cette disposition soit modifiée de manière à ce que, premièrement, les victimes aient explicitement le droit d'avoir accès à ces renseignements, si elles le souhaitent, et, deuxièmement, même dans les cas où un juge décide d'infliger des peines consécutives, il doive justifier ses décisions oralement ou par écrit et que les victimes aient explicitement le droit d'avoir accès à ces renseignements, si elles le souhaitent.
[Français]
En conclusion, je crois que le projet de loi aura une incidence positive sur les victimes d'actes criminels. En donnant au juge le pouvoir discrétionnaire d'infliger des périodes d'inadmissibilité à la libération conditionnelle consécutives plutôt que simultanées, on contribuera à tenir les coupables responsables de chaque vie enlevée et, s'il y a lieu, on retardera ou on évitera le traumatisme et la dévastation causés aux victimes par la tenue d'audiences de libération conditionnelle.
[Traduction]
Les victimes méritent d'être prises en compte dans le système de justice pénale, et j'espère que j'ai contribué à vous transmettre leurs préoccupations aujourd'hui.
Merci.
:
J'ai écouté votre discours. On étudie ce projet de loi et on a aussi étudié le projet de loi . Ces deux projets de loi portent sur des crimes comme le meurtre. Selon moi, il y a deux sortes de victimes. Je ferai attention au choix de mes mots, afin que les gens de l'autre côté ne sautent pas au plafond.
Il y a certaines victimes, comme celles du cas Olson, dont vous avez parlé. À mon avis, ces victimes seront marquées à vie. On se sert de l'exemple d'Olson, mais j'ai dit il y a plusieurs années que jamais cet homme n'obtiendrait de libération conditionnelle. C'est comme Paul Bernardo, en Ontario. Toutefois, il y a d'autres types de meurtriers.
Un peu plus tôt, mon collègue M. Rathgeber, ou M. Woodworth, a dit qu'il y avait 424 personnes coupables de meurtres multiples. Personnellement, je m'inquiète d'autres meurtriers. Je donne un exemple. Ce peut être un père qui tue sa femme et ses deux enfants. Dans les prisons, on trouve pas mal plus de cas comme celui-là que comme celui d'Olson. Une chose m'inquiète dans ce projet de loi: on ne fait pas beaucoup de différence entre les deux. En fait, on n'en fait pas du tout.
J'essaierai d'être diplomate et politiquement correct. Selon moi, il y a deux sortes de victimes. Le reste de la famille du père qui a tué sa femme et ses deux enfants vont aussi vivre avec cela. Ça prendra beaucoup de temps avant que la cicatrice ne se referme.
J'ai à l'esprit l'exemple d'une cliente. Son mari, ses deux enfants et elle avaient fait un pacte de suicide. Tous les quatre devaient mourir, mais la dame a survécu. Elle a été accusée et condamnée pour les trois meurtres. Selon moi, la prison n'est pas un endroit pour elle. Elle aurait beaucoup plus besoin d'aide psychiatrique.
Je sais que j'ai fait un long détour, mais croyez-vous que le pouvoir discrétionnaire prévu à l'article 745.51 permettra une telle possibilité? N'y aurait-il pas lieu d'augmenter ce pouvoir discrétionnaire, parce que, en vertu de l'article 745.51, le juge peut utiliser ce pouvoir, sinon la peine serait de 25 ans au minimum?
Peut-être que l'on devrait évaluer si, en vertu de l'article 745.2, on ne devrait pas donner plus de pouvoir discrétionnaire au juge. Je suis favorable à ce qu'un criminel purge une sentence de plus de 25 ans avant d'être admissible à une libération conditionnelle, selon le cas. Il faudrait que l'on accorde un certain pouvoir discrétionnaire au juge. Ne croyez-vous pas que cela pourrait être acceptable pour les victimes?
:
Je comprends ce que vous essayez de dire avec tant de délicatesse, et je pense que quiconque a subi une perte en raison d'un meurtre sera marqué à vie. Les familles dont vous parlez le seront aussi.
Je pense que ce que vous essayez de dire, c'est que chaque cas est entouré de circonstances particulières qui doivent être prises en considération au moment de rendre une décision. Je pense que la plupart des victimes seraient prêtes à reconnaître que les mêmes trois critères — auxquels vous faites allusion, si j'ai bien compris — s'appliqueraient également en vertu de ce projet de loi, de sorte que le juge aurait ce pouvoir discrétionnaire et serait tenu de prendre en considération le caractère du délinquant, la nature et les circonstances de l'infraction, et toute recommandation formulée par le juré. Ces mêmes critères sont également prévus dans le projet de loi .
Je pense que nous reconnaissons tous que les circonstances, les faits et les questions entourant chaque cas sont différents et qu'il appartient au juge d'exercer sa discrétion dans l'application de ces critères, comme je le disais. Mais en ce qui concerne l'effet dévastateur sur les familles, je répondrai que chaque victime a ses besoins uniques et qu'il faut répondre à ces besoins. Je ne prétendrai pas déterminer moi-même quels sont ces besoins; c'est à la victime de le dire. Ce que je peux vous dire, c'est qu'elle souhaite avoir des options.
Je pense que le projet de loi a été présenté pour répondre à ce très petit nombre de cas où les chances d'une réhabilitation sont vraiment minimes, et il éviterait aux victimes d'avoir à vivre cela... Comme je l'ai dit, il n'y a pas que le jour, ou les deux jours de l'audience; il y a tout le traumatisme qui précède: va-t-il présenter une demande? Ne va-t-il pas présenter une demande? Il le fait. L'audience aura lieu tel jour. Je dois y assister et revivre le drame.
En réponse à votre question, je pense que le projet de loi permet d'appliquer les mêmes critères de manière discrétionnaire.
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Merci, monsieur le président.
Merci, madame O'Sullivan, d'être venue ici aujourd'hui. Merci du bon travail que vous faites pour représenter les victimes.
Tout comme vous, je ne veux pas donner à Clifford Olson plus de publicité qu'il n'en mérite. Toutefois, un certain nombre de familles de ses victimes ont pris la parole lors de son audience de libération conditionnelle, à laquelle vous avez participé, et qui portait sur le , que nous avons examiné il y a une semaine, et sur le . Je pense qu'on devrait rapporter ce que ces gens ont dit.
Je lirai un extrait d'un article qui a été affiché sur le site Web de la CBC le 1er décembre, intitulé « Les familles des victimes d'Olson veulent un resserrement des lois régissant la libération conditionnelle ».
Le gouvernement fédéral comme les familles des victimes de Clifford Olson affirment que le processus dans le cadre duquel des tueurs en série peuvent obtenir une libération conditionnelle doit changer.
Les détenus comme Olson ont le droit de demander une audience de libération conditionnelle tous les deux ans après avoir purgé la plus grande partie de leur peine, mais les familles de leurs victimes doivent refaire le processus et présenter de nouveau leurs arguments qui expliquent pourquoi ils s'opposent à toute libération conditionnelle.
« Oh, c'est très difficile », a affirmé Raymond King, dont le fils a été tué par Olson, après l'audience mardi. « Chaque fois que j'entends son nom, je revis tout ce qui s'est passé. J'ai dû venir de loin pour tout ça... c'est très difficile. »
Sharon Rosenfeldt, la mère d'un autre garçon assassiné par Olson, a déclaré qu'aucune famille ne devrait avoir à revivre tout ça chaque deux ans.
S'ils peuvent adopter une loi pour éviter aux familles d'avoir à revivre toute cette douleur tous les deux ans, ce serait vraiment bien.
Michael Manning s'est fait l'écho de ces propos. Il est le père d'une autre fille qui a été tuée par Olson.
« Des gens comme lui, des auteurs de meurtres multiples, ne pourront pas avoir une audience aux deux ans », a déclaré Rosenfeldt.
Michael Manning, dont la fille a été tuée par Olson, est venu à l'audience de mardi pour appuyer les autres familles et la loi proposée. « S'ils peuvent adopter une loi pour éviter aux familles d'avoir à revivre toute cette douleur tous les deux ans, ce serait vraiment bien. »
Je pense qu'il s'agit de citations importantes que je devais lire à haute voix.
Il y a des gens dans cette pièce et d'autres qui représentent les avocats de la défense qui diraient que vous n'avez pas à vous inquiéter d'individus comme Clifford Olson parce qu'il ne sera jamais libéré; il n'obtiendra jamais sa libération, alors il ne victimisera pas à nouveau les familles de ses victimes.
Mais je pense qu'il faut savoir ce qu'il a dit. Voilà ce qu'a dit Clifford Olson mardi:
Je suis ici parce que j'ai le droit d'y être. Je ne demande pas à la commission qu'on m'octroie ma libération conditionnelle, parce que je sais que ma demande sera rejetée.
Il a fait venir les familles des victimes de partout au Canada à son audience de libération conditionnelle pour qu'elles revivent leur douleur, tout simplement parce qu'il avait le droit de le faire.
L'article souligne qu'il aura ce même droit dans deux ans. Qu'avez-vous à dire à ce sujet?
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Merci, monsieur le président.
Tous ceux qui écoutent l'enregistrement sonore de la séance peuvent vérifier le compte rendu. Ils pourront regarder la transcription en temps voulu, probablement dans les 24 ou 48 heures. J'encourage tous les auditeurs à le faire, et M. Comartin peut le faire aussi.
J'ai entendu cet homme dire... voici mon argument. Il affirmait que la libération anticipée d'un meurtrier, qu'il ait commis un meurtre ou plusieurs et qu'il soit relâché après 25 ans ou non, ce que stipule la loi actuelle... Nous avons ces lois au Canada parce que nous avons de la compassion pour les meurtriers.
J'espère que M. Comartin écoute, parce qu'il ne semble pas du tout saisir, et les députés du Bloc non plus: certains députés libéraux le comprennent et d'autres, non, mais là où je voulais en venir et ce dont on parle de ce côté-ci de la table, c'est la compassion à l'égard des familles, des amis et des collectivités des victimes. À mon avis, ils sont aussi importants. Pour chaque meurtrier en détention, qui peut être incarcéré pendant 25 ans ou plus pour chacune des vies qu'il a enlevées, il y a beaucoup plus de victimes.
Prenons Russell Williams — je déteste mentionner son nom. Il a traumatisé toute une collectivité. Dans 25 ans, il aura droit à une audience de libération conditionnelle tous les deux ans, et l'ensemble de la collectivité devra revivre ces meurtres affreux. Voilà de quoi nous parlons.
Nous ne ciblons pas une seule personne; nous visons un groupe. Nous nous concentrons aussi sur la vision qu'a tout le monde au pays de l'intégrité du système de justice pénale. Quand nos tribunaux infligent une peine d'emprisonnement à perpétuité, cela signifie justement à perpétuité. Ils ne le comprennent pas, les avocats de la défense non plus. Ils reviennent constamment à cette question de la compassion pour cette personne qui est en prison car elle s'est emparée de la vie d'une ou de plusieurs personnes, des gens qui avaient des familles, des amis et des collectivités.
J'aimerais savoir ce que vous en pensez. Merci.