:
Merci, monsieur le président et mesdames et messieurs les membres du comité.
[Français]
Je vous remercie de me donner l'occasion de prendre la parole devant vous aujourd'hui.
Je crois savoir que vous aimeriez en apprendre davantage sur le concept de finance sociale et sur la façon dont cette approche peut faire avancer la prévention du crime au Canada.
Je suis très heureuse d'entendre que le Comité permanent de la sécurité publique et nationale souhaite réaliser une étude à ce sujet, car cela contribuera ainsi à éclairer les travaux envisagés actuellement par Sécurité publique Canada.
[Traduction]
Permettez-nous, pour commencer, de vous décrire le contexte dans lequel s’inscrit la prévention du crime. Mon collègue, Shawn Tupper, vous présentera ensuite des informations concernant l’innovation dans le domaine social, et nous explorerons enfin ce domaine de façon élargie de manière à englober également le financement à vocation sociale.
[Français]
Les coûts croissants de la criminalité et les enjeux liés à la justice pénale préoccupent tous les ordres de gouvernement au Canada. Il convient donc de se demander si ces coûts sont viables, surtout à long terme, et si les gouvernements, à eux seuls, peuvent continuer à les gérer tous.
La prévention du crime est une composante clé des efforts en vue d'atténuer les pressions grandissantes sur le système de justice pénale.
[Traduction]
Il est possible, grâce à la mise en place d’une prévention du crime bien conçue et par des interventions ciblées en conséquence, d’influencer les comportements de façon positive et, partant, de réduire ou de prévenir la criminalité en combattant les facteurs de risque qui conduisent à la délinquance.
[Français]
Les interventions stratégiques peuvent non seulement aider à restreindre les coûts croissants du système de justice pénale, mais également à réduire les pressions dans les autres secteurs comme ceux des services sociaux.
Les ministres fédéral, provinciaux et territoriaux responsables de la justice et de la sécurité publique l'ont d'ailleurs confirmé lors de leur réunion en janvier 2012, où ils ont convenu de faire de la prévention du crime et de la réadaptation une priorité conjointe comme moyen de lutter contre les pressions grandissantes sur le système de justice pénale et de réduire les coûts associés aux mesures traditionnelles de contrôle de la criminalité.
Par l'entremise de la Stratégie nationale pour la prévention du crime de Sécurité publique Canada, le gouvernement du Canada travaille en collaboration avec les provinces et les territoires afin d'assurer un leadership national quant aux moyens efficaces et rentables de prévenir et de réduire la criminalité en agissant sur les facteurs de risque avant qu'un crime ne soit commis.
Dans le cadre de la stratégie, Sécurité publique Canada chercher à acquérir et à diffuser les connaissances sur les interventions efficaces en matière de prévention du crime afin d'aider les décisionnaires de tous les ordres de gouvernement et des collectivités à prendre des décisions éclairées concernant les mesures de prévention les plus appropriées.
[Traduction]
Pour ce faire, il convient de fournir, pendant une période limitée, un financement aux organismes qui appliquent une approche scientifique de prévention du crime par des initiatives visant des populations vulnérables et au moyen d’études d’évaluation de l’impact portant sur une sélection de projets…
[Français]
La Stratégie nationale pour la prévention du crime cible en priorité les groupes suivants: les enfants de 6 à 11 ans, les jeunes de 12 à 17 ans et les jeunes adultes de 18 à 24 ans qui présentent de multiples facteurs de risque associés au comportement délinquant, les Autochtones et les collectivités du Nord, ainsi que les délinquants à risque élevé qui ne sont plus sous la surveillance des services correctionnels.
La stratégie met l'accent sur des enjeux prioritaires en matière de criminalité comme les gangs de jeunes, la violence chez les jeunes, les crimes liés à la drogue, les crimes motivés par la haine ainsi que l'intimidation en ligne.
J'aimerais vous donner quelques exemples de projets qui ont réussi à obtenir des fonds de la stratégie nationale
[Traduction]
… dont le financement a été poursuivi après l’interruption des subsides accordés par la Stratégie nationale pour la prévention du crime.
Le Fonds de lutte contre les activités des gangs de jeunes, créé dans le cadre de la Stratégie nationale de prévention du crime, a octroyé un financement de 1,9 million de dollars à la Municipalité régionale d'Halifax afin de mettre en œuvre, entre 2008 et 2011, le Youth Advocate Program, ou YAP, dans la ville d'Halifax. Le programme était axé sur la tranche d’âge de 9 à 14 ans et visait à décourager les activités reliées aux gangs ainsi que les comportements antisociaux et délinquants.
Les résultats des évaluations conduites sur des jeunes ayant achevé le programme ont révélé une réduction des problèmes liés à la conduite, ainsi que de la victimisation, des comportements impulsifs et de la délinquance. En outre, il a été démontré que le YAP était économiquement rentable, puisque le coût par participant était nettement inférieur à celui d’un enfant en situation de placement ou de garde. À présent que les financements accordés par la SNPC sont interrompus, le YAP se poursuit avec l’appui de la Municipalité régionale d'Halifax.
[Français]
En 2008 et 2011, dans le cadre du Fonds de lutte contre les activités des gangs de jeunes de la Stratégie nationale pour la prévention du crime, Sécurité publique Canada a versé 1 million de dollars au service de police de Calgary pour la mise en oeuvre du programme Youth at Risk, ou YARD. Ce programme ciblait les jeunes de 10 à 17 ans qui étaient membres de gang ou susceptibles de s'adonner à des activités de gang.
Les résultats de l'évaluation, avant et après le programme, montrent une amélioration marquée des attitudes des jeunes envers l'emploi ainsi qu'une amélioration dans leur attitude envers les liens familiaux et les communications au sein de la famille.
Le programme YARD est toujours en cours à Calgary, en Alberta, et il reçoit des fonds du ministère de la Justice et du solliciteur général de l'Alberta.
[Traduction]
La mise en oeuvre de la stratégie nationale de prévention du crime vise à obtenir des résultats efficaces en s’appuyant sur les éléments suivants: intégration avec les autres programmes et services, ciblage des facteurs de risque, mise en oeuvre privilégiée de l’approche scientifique en matière de prévention du crime; sélection de priorités; accent mis sur les initiatives orientées vers des résultats.
[Français]
Par l'entremise de la stratégie, Sécurité publique Canada travaille en étroite collaboration avec tous les ordres de gouvernement et divers autres partenaires nationaux et communautaires non gouvernementaux, comme le comité sur la prévention du crime de l'Association canadienne des chefs de police, la Fédération canadienne des municipalités, les YMCA, les organisations Big Brothers et Big Sisters, et ainsi de suite.
La stratégie cible les personnes les plus vulnérables à la délinquance et s'attaque aux principaux facteurs de risque qui accroissent la probabilité qu'une personne commette un crime.
Afin de composer avec les ressources limitées et d'obtenir des retombées optimales, la stratégie se concentre sur les populations les plus vulnérables — que j'ai mentionnées il y a quelques instants —, les milieux à risque élevé et les enjeux prioritaires en matière de criminalité.
Au cours des cinq dernières années, grâce à la reproduction, la mise en oeuvre et l'évaluation des programmes et des modèles prometteurs en matière de prévention du crime, les projets financés par la stratégie ont généré des informations et des données probantes utiles sur les pratiques efficaces ainsi que sur les pratiques non efficaces dans divers contextes canadiens.
[Traduction]
Sécurité publique continuera de mettre en relief les mécanismes porteurs de résultats tangibles et de tirer parti des connaissances spécifiquement canadiennes sur les répercussions économiques des programmes de prévention du crime, et de créer des conditions propices à des résultats durables tout en se ménageant la possibilité d’intensifier des initiatives de prévention efficaces du crime à travers tout le pays.
[Français]
Dans le cadre de la Stratégie nationale pour la prévention du crime, Sécurité publique Canada étudie actuellement des modèles novateurs pour collaborer avec ses partenaires en vue de prévenir et de réduire la criminalité, surtout la délinquance chez les jeunes, par l'élaboration et la mise en oeuvre de pratiques durables et efficaces.
Les ministres fédéral, provinciaux et territoriaux responsables de la justice et de la sécurité publique s'entendent pour dire que les pratiques de prévention du crime doivent être efficaces et que nous devons trouver des moyens de les pérenniser.
En novembre 2013, les ministres ont approuvé un plan d'action national sur la prévention du crime, qui visait à faire avancer la pérennisation des pratiques de prévention du crime fondées sur des données probantes et à étudier les mécanismes d'innovation sociale.
Reconnaissant que les pratiques et les programmes de prévention du crime fondés sur des données probantes contribuent à réduire les niveaux de délinquance et de victimisation ainsi que les coûts afférents, le plan d'action tient compte de la nécessité de continuer à améliorer les connaissances canadiennes sur les pratiques et les programmes efficaces.
Je vais maintenant céder la parole à mon collègue, Shawn Tupper.
Le gouvernement du Canada finance et appuie des initiatives destinées à répondre à certains des défis sociaux et économiques les plus pressants au pays. Ces initiatives se heurtent en permanence à l’ampleur, à la complexité et à l’imbrication des problèmes affrontés. L’expérience de décennies d’interventions gouvernementales a démontré qu’un secteur ou un organisme ne peut, à lui tout seul, apporter des solutions durables aux problèmes sociaux et qu’il convient, par conséquent, d’aborder ces problèmes en recourant aux compétences et aux capacités conjuguées d’une multiplicité de partenaires opérant à l’échelle intersectorielle.
Le concept d’innovation sociale est de plus en plus utilisé pour décrire les stratégies novatrices appliquées aux problèmes sociaux particulièrement épineux qu'on n'a pu, à ce jour, résoudre par les moyens traditionnels. L’innovation sociale s’efforce, par conséquent, d’encourager les secteurs public, privé et communautaire à unir leurs efforts pour mobiliser ou renforcer les partenariats sociaux et pour mettre à profit les nouvelles idées, ainsi que les nouvelles sources de financement afin de promouvoir l’intérêt public et de susciter, parallèlement, un ensemble durable d’avantages économiques et sociaux pour les Canadiens.
Les autorités gouvernementales s’emploient d’ores et déjà à mettre en oeuvre différentes interventions visant à prévenir les infractions et le récidivisme parmi les groupes de populations dont on a reconnu la vulnérabilité. Cependant, comme dans le cas du domaine de la santé, la majeure partie des ressources gouvernementales sont actuellement consacrées à remédier aux situations ou à y réagir, plutôt qu’à mettre en oeuvre des approches préventives et proactives. Or, il se trouve que la prévention du crime au Canada pourrait gagner considérablement en efficacité si l’on savait mettre à profit de nouveaux partenariats et de nouvelles sources de financement. À titre d’exemple, un programme de prévention du crime financé par Sécurité publique Canada et ayant fait ses preuves pourrait être appliqué de façon élargie à l’ensemble du pays, à condition de trouver de nouveaux partenaires pour son financement et de pouvoir s’appuyer sur de nouveaux réseaux permettant d’accroître la portée de l'intervention.
Le concept d’innovation sociale exige que les instances gouvernementales assument de nouveaux rôles et qu'on envisage autrement la manière dont les changements sociaux s'opèrent et dont on peut assurer le bien commun. Étant donné qu’une bonne partie des financements gouvernementaux sont limités à une période définie, il devient rapidement essentiel de résoudre le passage d’une intervention pilote à un programme durable et autonome.
Les gouvernements ne disposent pas des ressources financières nécessaires au maintien durable de tels programmes. C’est pourquoi la mise à profit de nouveaux partenariats peut prendre le relais des financements gouvernementaux temporaires; cette transition est essentielle si nous voulons répondre aux besoins de nos collectivités en matière de sécurité publique. Il s’agit, pour nous, de mettre en oeuvre des programmes d'innovation sociale efficients qui peuvent devenir durables. À titre d’exemple, les entreprises sociales bénéficiant de subventions de démarrage d’origine publique ou privée pourraient atteindre une rentabilité durable grâce au réinvestissement de leurs recettes dans l’entreprise. Nous pensons qu’une fois les programmes rendus autonomes et durables, les gouvernements pourraient se consacrer à en faciliter le déroulement et à sensibiliser le public, tout en offrant une programmation complémentaire aux initiatives les plus prometteuses et les plus réussies.
Dans ces conditions, selon quelles modalités devons-nous intégrer à nos activités un concept nouveau comme celui d’innovation sociale? Je précise d’emblée que lorsqu’il s’agit de lancer une nouvelle initiative, l’approche de partenariat s’impose. Le gouvernement ne saurait affronter la tâche à lui seul et doit pouvoir compter sur d’autres organismes. C’est la raison pour laquelle je me réjouis de l’intérêt manifesté par le secteur à but non lucratif et par le secteur privé envers une collaboration tournée vers la solution des problèmes sociaux.
Sécurité publique Canada souhaite encourager le développement des partenariats gouvernement-collectivité en favorisant les initiatives de prévention du crime basées sur le modèle de l’innovation sociale, et ce, afin de soutenir et d’élargir les travaux importants déjà en cours. De telles initiatives doivent être attrayantes pour les investisseurs potentiels et avoir fait la preuve des avantages qu’elles procurent dans le domaine social. Tels sont les projets que nous devrions chercher à reproduire de façon plus systématique à travers le pays, avec comme objectif de permettre à un nombre accru de collectivités locales d’affronter leurs défis grâce à l’effet démultiplié des ressources provenant de partenaires gouvernementaux, privés ou à but non lucratif.
Le rôle du gouvernement consiste, dans un tel contexte, à encourager et à faciliter des synergies et à intervenir à tous les niveaux — niveaux fédéral, provincial, municipal, secteurs non lucratif et privé — afin de mettre au point des pratiques exemplaires. À ce propos, il est encourageant de voir le secteur privé s’intéresser de plus en plus au financement d’approches débouchant sur des résultats positifs dans le domaine social.
Le concept d’innovation sociale postule que le rôle du gouvernement doit passer de celui d’exécutant à celui d’agent de soutien, et que les nouveaux partenaires doivent s’impliquer dans la recherche de solutions aux problèmes sociaux. Dans ce contexte, il appartient au gouvernement d’appuyer l’élaboration et la mise en application d’instruments d’innovation et de financement à vocation sociale. Si nous voulons que le financement à vocation sociale s’épanouisse au Canada, il faut que nous nous montrions innovants et proactifs.
Voilà qui met fin à l’exposé que nous avions préparé et qui est assorti d’un certain nombre d’annexes, en particulier l’annexe 1 qui décrit ce que l’on peut appeler le parcours du contrevenant. Il s’agit d’une analyse d’itinéraire de vie effectuée à l’interne par notre ministère et que nous avons affectueusement baptisée Tyler. Il s’agit d’un personnage fictif incarnant certaines des trajectoires typiques suivies par les délinquants et que nous observons dans le cadre de notre travail. Quatre scénarios y sont présentés:
Le scénario rouge décrit ce qui se passe en l’absence de toute intervention auprès de l’intéressé, lequel est alors destiné à avoir maille à partir avec la loi. On a calculé qu’un tel individu coûtera, entre zéro et 30 ans, 1,53 million de dollars au système. Ce chiffre représente les coûts cumulatifs de services de police et de services judiciaires, d’incarcération et de participation à des programmes.
Dans le scénario suivant, des interventions ont été prévues à certains moments de la vie de l’intéressé et l’on cherche à analyser leur impact. Ainsi, on peut voir dans la partie jaune de ce diagramme que si l’on intervient alors que l’intéressé est âgé d’une quinzaine d’années, le coût de l’intervention est de l’ordre de 4 500 $, mais qu’elle contribue à réduire de 500 000 $ le coût représenté par l’individu pour la société. Nous n’avons retenu, pour cette analyse, que les interventions ayant donné des résultats corroborés par les faits, afin d’avoir la certitude raisonnable que nous avons bien saisi la portée des impacts obtenus.
Poursuivons à travers la gradation de couleurs pour arriver au vert, qui représente une intervention auprès de l’intéressé alors qu’il est âgé de six ans. Dans ce cas, le coût de l’intervention est de 5 800 $; toutefois, étant donné que l’on est intervenu dès la prime enfance, on a évité un parcours de vie associé à la criminalité; de ce fait, la réduction du coût représenté par cette personne pour le système est de 1 million de dollars.
Voilà donc le type d’impacts que le programme de prévention du crime — ainsi que les modes d’investissement qui y sont associés — peut avoir sur les jeunes dont les vies sont marquées par des facteurs de risque. Je pense qu’il s’agit d’une dimension véritablement importante, car elle permet de se faire une idée des sommes en cause ainsi que des mécanismes disponibles. On peut y voir, également, les ramifications des économies réalisées. En outre, cette démarche donne indubitablement une indication, à l’échelle nationale, de la façon dont sont employés les budgets des services de police et de justice pénale et de la manière dont ils sont imputés aux paliers provincial et territorial. On voit ainsi que l’impact cumulatif de ces initiatives profite aux trois paliers: fédéral, provincial et territorial.
Monsieur le président, nous en avons terminé avec l’exposé préparé à votre intention et nous sommes prêts à répondre à vos questions.
:
Merci beaucoup, monsieur le président.
Je crains de ne pas être tout à fait au clair en ce qui concerne le sujet de notre étude en tant que comité, étant donné que nous n’avons pas eu de consultations préalables là-dessus. Je remercie les deux témoins de nous en avoir exposé le contexte. Cela dit, vous nous avez communiqué un document d’une douzaine de pages consacrées à la prévention du crime et à l’innovation dans le domaine social, mais la question du financement à vocation sociale n’est traitée que dans la dernière page. Je me demande donc si nous n’avons pas choisi de façon arbitraire, en vue d’un examen détaillé, un volet particulier de la stratégie nationale de prévention du crime.
J’ai été heureux d’entendre Mme Thompson déclarer que les provinces et le gouvernement fédéral se sont accordés pour adopter la réadaptation et la prévention du crime comme priorités conjointes. Je me réjouis également du fait que, lorsqu’on étudie la stratégie de prévention du crime, on voit que l’un de ses objectifs déclarés consiste à prévenir la délinquance chez les catégories vulnérables. Pour ma part, je préférerais de très loin que l’on parle de maladie mentale plutôt que d’innovation sociale.
Notre comité vient de déposer un rapport sur les activités de maintien de l’ordre. Dans leur témoignage, les services de police nous ont appris que la majeure partie de leurs coûts ont principalement pour origine les problèmes liés à la santé mentale et à la toxicomanie. Comme l’a rappelé le Vérificateur général, il y a aujourd’hui une crise liée au surpeuplement dans nos services correctionnels. Une bonne partie des personnes concernées souffrent de troubles mentaux, et je pense que l’on peut parler aussi de crise lorsqu’on voit la manière dont nous traitons les personnes atteintes de tels troubles et qui sont appelées à sortir un jour de prison, du moins il faut l’espérer. N’oublions pas, toutefois, qu’il est urgent d’affronter la question de la santé mentale, étant donné que les rapports de l’enquêteur correctionnel indiquent que, depuis la mort d’Ashley Smith, 58 autres prisonniers se sont ôté la vie.
Je ne m’étendrai pas davantage sur la question de la maladie mentale, mais je crois que notre comité ferait beaucoup mieux de consacrer plus de temps à cet aspect de la prévention du crime à l’échelle nationale, plutôt que de se focaliser sur l’innovation sociale.
Je voudrais présenter à la présidence un avis de motion:
Que le Comité entame une étude de tous les aspects de la santé mentale au sein des Services correctionnels du Canada, en mettant l’accent sur l’adoption de programmes efficaces pour les détenus, sur la conception des installations nouvelles et existantes afin qu’elles répondent aux pratiques correctionnelles du XXIe siècle, et sur la réduction des menaces pour la sécurité des délinquants de même que pour la sécurité du personnel correctionnel, et qu’il présente à la Chambre des communes un rapport sur ses conclusions.
Je sais que nous n’allons pas traiter aujourd’hui de cet avis de motion, mais je tiens à faire en sorte que nous y revenions. Permettez-moi à présent de vous poser quelques questions sur l’aspect plus circonscrit que vous évoquez. Cependant, une fois de plus…
:
Merci, monsieur le président.
Je remercie les témoins de leurs exposés.
La stratégie nationale de prévention du crime est loin d’être une chose nouvelle, et j’en ai moi-même une certaine expérience, notamment auprès de la jeunesse. Je crois qu’il faut commencer par vous féliciter d’appliquer cette stratégie car, selon moi, elle a obtenu des résultats.
Je me tourne à présent vers l’annexe 1, car elle m’interpelle. Je pense qu’elle montre bien quel est le potentiel, mais je suis un peu de l’avis de M. Garrison qui observait, au début de la séance, que l’étude semble focalisée sur un aspect secondaire de la stratégie nationale de prévention du crime, à savoir la proposition concernant le financement à vocation sociale. Compte tenu de ce que l’on sait de ce gouvernement, nous craignons notamment que cela ne soit une façon de se décharger sur d’autres du fardeau de la prévention du crime, du maintien de l’ordre et même de l’appareil de justice pénale. Nous sommes d’autant plus inquiets que les recherches que nous avons faites démontrent que c’est une possibilité concrète.
Je cite, à ce propos, une étude du ministère britannique:
... qu’il y a eu transfert du risque des institutions gouvernementales en direction des investisseurs du secteur privé. Cependant, ces transferts, de même que les contrats qui en découlent directement, doivent encore faire leurs preuves dans bien des domaines…
Je pense que l’obligation à impact social, pour l’appeler ainsi, est de plus en plus employée dans le monde entier, et l’on constate également à l’échelle mondiale que le coût en est transféré sur le secteur privé.
Mme James, pendant son cycle de questions, a dit qu’un certain nombre de programmes ont obtenu de bons résultats, ce qui soulève la question de savoir s’il y a lieu d’en élargir la portée.
Cependant, ni elle ni vous n’avez donné une description de ces programmes et je me demande si Sécurité publique Canada dispose d’une liste de ces initiatives de même que d’une analyse des expériences auxquelles ils ont donné lieu. Vous serait-il possible de communiquer une telle liste au comité afin que nous nous fassions une meilleure idée des programmes en cours de déroulement et de leurs modalités d’application?
:
Cela fait huit ans que je m’intéresse à ce domaine et je dois dire que les obligations à impact social se situent à l’extrémité de l’éventail des instruments disponibles en matière de financement à vocation sociale.
C’est un peu comme la pierre philosophale. L’idée consiste, pour l’essentiel, à créer une sorte de marché qui permettrait au secteur privé d’investir dans des domaines où les investissements pourraient réduire certains fléaux sociaux. Il s’agit en quelque sorte de gérer le risque pour le secteur privé… de manière à ce que celui-ci, dans une optique de capital-risque, avance les fonds nécessaires, et, dans un deuxième temps, si les résultats visés sont obtenus, alors le gouvernement peut leur verser une rétribution pour leur investissement.
On voit donc que l’investisseur doit prendre un risque, mais qu’il s’agit d’un risque bien défini et bien compris. Nous avons étudié les initiatives prises un peu partout dans le monde par des gouvernements qui voulaient tenter l’expérience des obligations à impact social. À ce jour, nous n’avons pas connaissance du lancement d’une obligation à impact social correspondant véritablement à la théorie; jusqu’ici, ce sont les gouvernements eux-mêmes qui ont fait l’investissement initial et non pas le secteur privé. Dans ces conditions, on ne peut pas dire que l’on ait véritablement testé le modèle.
Quant à nous, nous avons consacré deux années à analyser ce concept, notamment dans le cadre de la sécurité publique, et nous sommes parvenus à la conclusion qu’il nous serait très difficile de mettre en place une obligation à impact social dans le contexte de la justice pénale. La principale différence entre notre système et le système britannique, où plusieurs types d’obligations ont été émis, tient peut-être que nous avons considérablement progressé dans la réduction des taux de récidivisme pour les infractions pénales; nous réussissons à intervenir au niveau des contrevenants avec de bien meilleurs résultats que d’autres systèmes de justice pénale. C’est pourquoi ces instruments sont beaucoup plus répandus chez eux, mais le rapport avec les résultats reste à établir. De notre côté, le déficit est beaucoup moins important et c’est pourquoi nous considérons ces instruments comme un peu hasardeux.
Il existe cependant d’autres instruments d’investissement, tels que la rémunération au rendement, les collectifs d’investisseurs, les entreprises à vocation sociale aussi, dont le but est d’encourager les petites entreprises à donner une dimension commerciale à certains résultats. Il s’agit là d’autres mécanismes de financement social, dont nous pensons qu’ils pourraient être appliqués au Canada avec un certain succès. Il existe d’ailleurs, dans notre pays, tout un milieu tourné vers le financement à vocation sociale et qui étudie ces modèles avec la ferme intention de les appliquer avec succès.
:
Merci beaucoup, monsieur le président.
Monsieur Tupper et madame Thompson, j'aimerais vous remercier d'être avec nous aujourd'hui et de nous parler un peu plus de ce qui se passe au sein de Sécurité publique Canada. Je vous remercie aussi de nous avoir fait une présentation sur le
[Traduction]
financement social.
[Français]
J'aimerais revenir un peu sur ce qu'ont dit mes collègues, M. Garrison et M. Easter, en ce qui a trait à la partie qu'occupe la finance sociale au sein de Sécurité publique Canada. Je considère moi aussi que c'est pertinent.
Vous avez dit que c'était quand même une partie qui occupe
[Traduction]
« l'extrémité de l'éventail des possibilités »
[Français]
si je reprends l'expression que M. Tupper a utilisée plus tôt. Si on se fie à votre présentation, c'est quand même une très petite partie de votre stratégie.
Madame Thompson, dans la présentation, il a été question des approches et des buts de Sécurité publique Canada ainsi que du public et de la population que vous ciblez. La population que vous visez le plus est celle des jeunes de moins de 18 ans, soit les jeunes qui ne sont pas majeurs. J'ai cru entendre dire que Sécurité publique Canada visait la violence chez les jeunes et les gangs de rue. Je considère que cette approche est excellente en voyant les courbes, notamment en ce qui a trait à la réinsertion. On veut s'assurer que les jeunes n'entrent pas dans le cercle vicieux du crime organisé, comme on peut le constater souvent.
À la suite de ce qu'a dit Mme Thompson lors de sa présentation, si vous me le permettez, monsieur le président, j'aimerais également déposer un avis de motion qui porte sur étude susceptible d'être entreprise par le comité. La motion se lit comme suit:
Que le Comité entreprenne une étude consacrée à l'implication des jeunes dans les gangs de rue dans les milieux urbains, ruraux et dans les communautés autochtones afin d'en déterminer les causes en mettant l'accent sur la façon dont nous pourrions accroître l'efficacité des modèles de préventions, et que le Comité rapporte ses constats à la Chambre des communes.
Je vais déposer la motion en bonne et due forme.
Je vais continuer à poser mes questions aux témoins.
Allons à la dernière page, où il est question des définitions et des mécanismes de la finance sociale. Vous présentez quatre points. Ces approches sont-elles utilisées avec les gangs de rue et avec les populations que vous considérez à risque que vise Sécurité publique Canada?
:
Nous n'avons pas souvent eu l'occasion d'utiliser ces approches qui sont un élément tout à fait nouveau dans notre façon de travailler, mais je vais vous donner un exemple éloquent. L'an dernier, notre ministère a conclu une entente avec l'organisme Habitat pour l’humanité, une entente visant l'utilisation des chantiers de construction et des centres ReStore mis sur pied par Habitat. L'organisme a accepté de travailler en partenariat avec SPS et le Service correctionnel du Canada afin d'offrir aux délinquants un emploi qui leur permettra d'acquérir une expérience de travail pratique, un des facteurs essentiels au succès de la réintégration des détenus à leur sortie de prison.
Dans le cadre de cette initiative lancée l'an dernier à l'échelle nationale, nous collaborerons avec Habitat dans le but d'offrir des occasions d'emploi à nos détenus. L'initiative n'a nécessité que très peu de financement de la part du gouvernement fédéral et, honnêtement, l'aspect le plus important pour nous est de pouvoir compter sur ce partenariat pour identifier les détenus aptes à participer aux programmes offerts.
Nous travaillons également avec la Société John Howard, un organisme dont la mission est d'aider les ex-détenus à mieux réintégrer la collectivité en leur offrant un emploi dans de petites entreprises. Grâce à cette collaboration, nous sommes en mesure d'examiner les résultats obtenus, de mesurer les activités des individus en liberté conditionnelle ou en post-liberté conditionnelle et de comprendre les facteurs qui semblent jouer un rôle dans leur capacité à réintégrer leurs collectivités et à ne pas récidiver.
Il existe d'autres aspects de notre travail pour lesquels nous n'avons pas vraiment pu déployer des mécanismes de ce genre, mais nous avons bon espoir de pouvoir les utiliser dans le cadre de projets d'emploi pour les jeunes, pour nous pencher sur les jeunes à risque et veiller à leur garantir certains des facteurs déterminants de la réussite. Un de ces facteurs déterminants est l'emploi. Pour cela, il importe de travailler avec le secteur privé ou des organismes à but non lucratif pour trouver différentes sources d'emploi possibles, aider les jeunes à conserver leur emploi et à collaborer avec nous pour recevoir l'encadrement et le soutien dont ils ont besoin pour mettre toutes les chances de leur côté.
Les approches de ce genre sont relativement nouvelles. Nous n'avons pas des tonnes d'exemples à donner pour démontrer leur succès ou expliquer leur fonctionnement. Les seules occasions où nous avons tenté de nous lancer dans de telles démarches, c'était pour de courtes périodes de temps, dans le contexte de la justice pénale. Au Canada, les modèles de financement social tels que je les ai décrits dans ce document existent depuis un certain temps, surtout en relation avec le secteur de l'environnement. Il existe de nombreuses preuves de la capacité de ces modèles à examiner les investissements axés sur la protection de l'environnement, et cela se fait au moyen de partenariats public-privé qui nous amènent à travailler avec des fondations et des petites entreprises à la mise en place d'activités environnementales. Ce domaine sort largement de mon champ d'expertise, mais je sais que l'environnement est le domaine où l'on investit le plus.
:
Merci beaucoup, monsieur le président.
Je remercie également M. Tupper et Mme Thompson de leur présence parmi nous.
Un des points qui me préoccupe et que les témoins ont soulevé dans le document qu'ils viennent de partager avec nous est le fait que la criminalité est concentrée parmi un petit nombre de délinquants dans des régions où le taux de criminalité est élevé.
La région que je représente est largement frontalière. Il y a beaucoup de criminalité et celle-ci n'est pas nécessairement le fait des personnes de la communauté locale. Un certain nombre de crimes sont commis. Par exemple, la région de Stanstead est célèbre depuis deux ans à cause des immigrants illégaux et du trafic d'armes. Il y a aussi du trafic de produits de contrefaçon. Les gens sont assez inquiets en ce qui concerne la prévention du crime. Que doit-on faire?
On constate également qu'il y a eu beaucoup de compressions à l'Agence des services frontaliers du Canada et à la Gendarmerie royale du Canada. À cause de cela, la population est donc assez inquiète et se dit que c'est bien beau de vouloir financer les efforts en matière de prévention de la criminalité, mais jusqu'à quel point cela sera-t-il utile dans ma région en ce qui a trait au trafic qui se fait actuellement le long de la frontière où plus de 100 kilomètres est occupé par la forêt.
C'est pour cette raison que d'autres mesures auraient selon moi été beaucoup plus profitables. En conséquence, monsieur le président, permettez-moi de présenter l'avis de motion suivant:
Que le comité entreprenne une étude consacrée à la souveraineté de toutes les frontières du Canada. Que le comité, lors de cette étude, examine l'impact des coupures budgétaires et de toute délégation de pouvoirs au niveau frontalier à l'étranger sur le nombre et la qualité des emplois canadiens, les standards de fouille de personnes et aliments, et la gestion des entrées au Canada, et ce, dans l'objectif d'assurer une sécurité maximale pour les Canadiens et [les Canadiennes] selon les standards canadiens sous un contrôle canadien, et que le comité apporte ses constats à la Chambre des communes.
Comme je le disais, le sujet de la criminalité est extrêmement délicat puisque le comté que je représente est très rural.
Je voudrais donc poser les questions suivantes. Quels instruments de mesure pourraient être utilisés afin d'établir la réussite ou l'échec d'un programme ou d'un organisme communautaire, surtout en région rurale, où tout est dispersé et où tout est difficile à quantifier? Dans le jargon de la gestion des ressources humaines, qui est le secteur où je travaillais auparavant, on parle davantage du contrôle quantitatif des programmes. Quels paramètres pourraient nous permettre d'évaluer les programmes? Est-ce que ce sont des paramètres quantitatifs? Est-ce que des paramètres qualitatifs pourraient aussi être considérés comme étant des mesures acceptables à utiliser?
:
Seriez-vous d'accord avec moi pour affirmer qu'il existe des modèles — je crois que vous l'avez mentionné dans vos questions — qui n'ont pas été mis à l'essai au Canada? Nos grands chercheurs ont découvert que le Royaume-Uni était le chef de file mondial chef de file mondial dans un des volets de l'approche qui consiste à faire les choses différemment — je parle des obligations à impact social. Ils obtiennent, paraît-il, beaucoup de succès.
Sans compter qu'aux États-Unis, le budget de 2014 présenté par le président Obama prévoyait des programmes similaires aux obligations à impact social et autres moyens novateurs destinés à réduire la criminalité, justement parce que les vieux moyens ne fonctionnent tout simplement pas.
Seriez-vous d'accord avec moi pour dire que l'Australie prend elle aussi des mesures en ce sens?
Nous n'avons pas besoin de regarder ce que font les autres pays. Vous savez sûrement qu'en 2011, le YMCA de Toronto a créé une « obligation communautaire » afin de financer des logements sociaux, parce que comme nous le savons, habiter un logement décent fait partie des éléments qui contribuent à la réduction de la criminalité. Il y a aussi les Partenaires philanthropes LIFT du Canada, le fonds Générateur RBC, ce sont 20 millions de dollars contribués pour des mesures à impact social par le secteur privé, des mesures auxquelles le gouvernement fédéral serait bien inspiré de participer. Vous êtes d'accord avec ça?
Êtes-vous aussi d'accord que même au Québec, le mouvement Desjardins s'attaque lui aussi aux problèmes sociaux avec son Fonds de placement à rendement social qui permet aux gens de donner un rendement social à leurs investissements de REER et autres placements? N'est-ce pas là une bonne occasion pour les gouvernements de travailler avec les collectivités pour faire avancer les choses d'une manière nouvelle et novatrice?
La Colombie-Britannique le fait. L'Alberta, qui devait présenter un budget 2012 axé sur des résultats, le fait aussi. Mentionnons également le rapport de 2012 de la Commission de réforme des services publics de l'Ontario, aussi connu sous le nom de rapport Drummond, qui proposait à l'Ontario d'emboîter le pas. Ce qu'elle aurait dû faire, car la province est maintenant aux prises avec un déficit de 12 milliards de dollars. Idem du côté de la Nouvelle-Écosse: le Discours du trône de 2013 de la Nouvelle-Écosse fait également état des obligations à impact social en tant que moyen de réduire la criminalité.
Avez-vous examiné ces approches? Pourriez-vous informer le comité des résultats de vos recherches et nous dire si ces approches ont eu du succès? Si le gouvernement fédéral décidait de s'engager dans cette direction, comment devrions-nous selon vous combiner tous ces éléments afin de maximiser les sommes disponibles pour prévenir la criminalité en travaillant avec des partenaires disposés à collaborer, comme les provinces, les organismes à but non lucratif et autres?
Avez-vous des commentaires à formuler sur le sujet?
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Le défi, selon moi, consiste à trouver des partenaires motivés, mais je crois qu'il y en a. Cette notion repose sur la théorie selon laquelle il faut permettre à des personnes extérieures au gouvernement de déterminer dans quelle mesure elles pourraient contribuer à résoudre certains problèmes sociaux. Il faut effectivement libérer l'innovation à l'extérieur de la serre gouvernementale et exploiter des ressources financières et autres à l'extérieur du gouvernement pour agir sur ces problèmes.
Voilà où se trouve la véritable innovation. Le gouvernement doit bien sûr conserver son rôle et je sais que certains ont émis des réserves au sujet de ces modèles ou les ont critiqués parce qu'ils estiment que le gouvernement se décharge ainsi de ses responsabilités. Si vous regardez ce qui s'est produit au Royaume-Uni, en Australie et aux États-Unis en particulier, vous constaterez que le niveau de financement des gouvernements n'a pas été réduit, mais qu'il a été maintenu et que les actions ont été menées en partenariat avec d'autres. Il faut plutôt y voir une façon, pour le gouvernement, non pas de se décharger de ses responsabilités, mais d'élargir la portée et l'impact de ses investissements en collaborant avec d'autres acteurs disposés à investir.
C'est évidemment quelque chose qu'il faudra suivre, mais jusqu'ici, à en juger d'après les exemples qui nous ont été donnés, les gouvernements ne se déchargent pas du tout de leurs responsabilités, ils essaient plutôt de coordonner les efforts déployés.
C'est donc cela qui est efficace. D'un côté, le gouvernement veille à maintenir sa crédibilité dans ces domaines et nous l'avons constaté dans le domaine de la justice pénale, en ce sens qu'il faut faire appel au secteur privé pour lui permettre de formuler ses propres idées. Cependant, le gouvernement demeure responsable de faire en sorte que ces idées sont de bonnes idées.
Dans les exemples cités, il est évident que le gouvernement doit veiller à ce qu'aucun préjudice ne soit occasionné. Il n'est pas très grave qu'on propose de traiter les colériques avec des bains au chocolat au lait, tant que ça ne fait de mal à personne. Après tout, c'est leur argent. En revanche, dès qu'il est question de traiter les toxicomanes, le gouvernement doit faire sentir sa présence pour s'assurer qu'aucun préjudice ne sera occasionné.
Voilà les aspects à propos desquels les gouvernements doivent intervenir, ils doivent fixer les paramètres et c'est d'ailleurs ce qu'ils font ailleurs dans le monde par le truchement des modèles dont nous avons parlé.
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Merci, monsieur le président.
Parlons donc de toute cette question du partenariat. J'ai été policier et, quand j'ai commencé ma carrière, nous n'avions pas de bénévoles dans les commissariats ou les postes de police ou les détachements, contrairement à ce qui se fait aujourd'hui.
Parlons donc de notre système de santé qui est l'un des principaux fardeaux pour tous les ordres de gouvernement, jusqu'au niveau des administrations municipales, puisque là où j'habite, une petite partie de l'impôt foncier sert à maintenir notre petit hôpital rural. Et qui travaille dans ces hôpitaux? Ces hôpitaux ne seraient pas en mesure de fonctionner s'ils ne travaillaient pas en partenariat avec la collectivité. Je veux parler des bénévoles qui sont dans les bureaux.
Notre comité vient tout juste de terminer une étude de l'aspect économique de l'action policière et nous avons constaté que de moins en moins de corps policiers effectuent des coupures budgétaires, parce qu'ils peuvent compter sur des bénévoles pour leur donner un coup de main.
Regardez tous les segments de notre société. D'entrée de jeu, vous avez parlé des banques. Un exemple que je cite, grâce à nos excellents recherchistes, est celui de la RBC et de son engagement. Vous, vous avez parlé de la CIBC.
La formule m'apparaît sensée. Je pense que la plupart des contribuables diraient que, tant qu'à utiliser une partie de leurs précieux impôts pour infléchir le crime, autant que ce soit avec un maximum d'efficacité — et j'aimerais que vous réagissiez à ce propos. En soi, c'est une bonne idée, parce qu'à terme, on économise en coûts de justice et d'action policière.
Et puis, il y a des banques et des sociétés comme Canadian Tire, Tim Hortons et d'autres qui veulent agir positivement pour leurs collectivités. Quelle meilleure façon d'y parvenir que de travailler auprès des jeunes et d'autres et de contribuer à la réduction de la criminalité, puisque cela a un effet positif sur le résultat financier...? Parlons de ce qui nous touche. Nous craignons tous, en tant que contribuables ou autres, de nous faire piller la maison ou fracturer la voiture à cause d'un portefeuille laissé négligemment sur la banquette arrière.
Pourriez-vous nous parler un peu de votre expérience et de la mesure dans laquelle le secteur privé est disposé à se rapprocher des gouvernements qui, même s'ils n'opèrent pas des réductions budgétaires disposent tout de même de ressources limitées. Dites-nous comment ces entreprises peuvent nous aider à compenser au maximum l'augmentation des coûts liés à la criminalité.