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Merci beaucoup. C'est un plaisir pour moi d'être ici.
Afin de contribuer aux travaux du comité, je souhaite traiter dans ma déclaration liminaire de 10 minutes de certains facteurs sous-jacents susceptibles de favoriser la croissance dans le secteur de la finance sociale; déclencher certaines discussions sur son fonctionnement et ses avantages, notamment en ce qui a trait à la prévention du crime au Canada; et peut-être fournir certains renseignements provenant d'une étude de marché effectuée par Deloitte.
J'ai des exemplaires en français et en anglais, dont vous pourriez vous prévaloir. Mes observations seront probablement assez claires pour que vous n'ayez pas à vous y référer, mais je vais vous les remettre volontiers si cela peut vous être utile.
D'entrée de jeu, je précise que je suis partenaire chez Deloitte, à Toronto. J'ai étudié la question du financement privé, notamment la façon dont il appuie le développement des infrastructures et son incidence sur la prestation des services sociaux au Canada.
Lorsqu'on se penche sur certains des facteurs sous-jacents qui favorisent actuellement la croissance de la finance sociale à l'échelle mondiale — et j'ose dire qu'à cet égard, le Canada n'est pas un chef de file sur le marché, mais il en deviendra probablement un —, on constate que les gouvernements font face à d'énormes défis financiers et qu'ils choisissent parmi diverses priorités, ce qui signifie qu'avoir accès à des capitaux et à du financement de l'extérieur peut les aider à aborder davantage de dossiers prioritaires et à répondre à d'autres besoins des contribuables.
De nos jours, les contribuables s'attendent à plus. Ils s'attendent à ce qu'on se penche sur un plus grand nombre de problèmes, à ce qu'on facilite l'accès aux services gouvernementaux et à ce qu'on obtienne un meilleur taux de succès.
Quand on examine les problèmes de société et la façon dont ils sont réglés par rapport à l'approche qui était employée auparavant —traditionnellement, les contribuables et les citoyens se tournaient souvent vers le gouvernement —, on constate que de nos jours, un grand nombre de ces problèmes sont souvent réglés par des acteurs du secteur privé, qui peuvent ainsi bénéficier de retombées économiques en plus de saisir l'occasion pour renforcer leurs images de marque, encourager les changements et les améliorations sur le plan social, et contribuer au développement de leur collectivité.
Lorsqu'on observe le fonctionnement de la finance sociale en prenant, par exemple, les obligations à impact social, on constate que le gouvernement choisi un objectif social auquel il a réfléchi et intervient en conséquence. Il s'adresse à un intermédiaire qui propose des fournisseurs de services de toutes sortes et des bailleurs de fonds — qui sont potentiellement du secteur privé —, et qui les rassemble pour qu'en fin de compte, le coût de l'intervention et le rendement de l'investisseur soient inférieurs aux avantages associés aux économies réalisées et à l'évitement de coût dans potentiellement tous les ordres de gouvernement et tous les ministères.
C'est sans aucun doute ce qui se fait dans le domaine de la prévention du crime où certaines responsabilités sont assumées par les municipalités, comme les services de police; certaines par le gouvernement fédéral, comme certains services correctionnels; et d'autres par les provinces.
Parmi les avantages de cette approche pour le gouvernement, un des plus importants est d'ouvrir la porte à une nouvelle source de financement privé, ce qui lui permet de se prévaloir de solutions novatrices. Le secteur privé donne non seulement de l'argent, mais aussi des idées quant à la façon, si on peut dire, d'améliorer le problème social.
Particulièrement dans le cas des obligations à impact social, le mécanisme employé permet au gouvernement de ne payer que pour des résultats positifs. C'est un outil très puissant.
En général, dans des programmes comme celui-ci, les résultats sont manifestes pour le public. Cela fait habituellement partie d'une bonne gestion.
Les fournisseurs de service aiment cette façon de faire, car ils obtiennent ainsi une source de financement à long terme qui leur permet de mieux se préparer, de réduire leurs investissements, de croître en tant qu'organisations et de mettre l'accent sur les paramètres et les mesures de rendement pour être certains de respecter leurs obligations. L'investisseur peut ensuite être payé.
Je pense que le dernier point que j'aimerais aborder est qu'à l'automne de 2013, Deloitte et le Centre d'investissement d'impact MaRS ont examiné et consulté 80 investisseurs potentiels du marché de la science sociale, à savoir des banques, des coopératives de crédit, des fondations et des particuliers bienveillants, et constaté qu'ils sont disposés à participer à ce marché et qu'ils cherchent des occasions de le faire. Cela suscite beaucoup d'intérêt, et nous commençons à voir un niveau de préparation élevé.
Ils sont également disposés à accepter les interventions sociales et les objectifs du gouvernement qui englobent la prévention du crime, l'itinérance et l'éducation, et ils sont très ouverts à l'idée de réfléchir à la façon dont ils peuvent contribuer à la résolution de problèmes dans tous ces domaines. Ils sont conscients que la collaboration avec le gouvernement, les projets initiaux et la courbe d'apprentissage brusque poseront certains défis. Cependant, ils savent et comprennent qu'avec le temps, les coûts de transaction et le transfert des connaissances à cet égard devraient très bientôt être fréquents. Ils aimeraient participer en tant que consortium et considèrent que le rôle d'intermédiaire sera très important dans ce dossier.
Mais je répète que cela suscite beaucoup d'intérêt, et que nous commençons à voir un niveau de préparation élevé alors que les investisseurs s'inspirent de ce qui se fait ailleurs dans le monde et qu'ils cherchent un projet pilote canadien qui connaît du succès et auquel ils pourraient participer.
Voilà qui conclut mon exposé.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Merci beaucoup aux témoins d'être ici aujourd'hui.
Je vais formuler certaines observations avant de m'adresser au témoin. Je ne veux pas manquer de respect aux divers témoins, mais elles concernent les priorités mal placées du comité.
De nombreux témoins nous ont parlé de la finance sociale, et je ne dis pas que je m'y oppose, car, de toute évidence, elle donne beaucoup de bons résultats dans les collectivités. Par contre, nous pensons qu'il y a beaucoup d'autres questions urgentes sur lesquelles le comité doit se pencher dans le cadre de son mandat et que le gouvernement doit examiner.
Pas plus tard qu'aujourd'hui, on nous a informés d'une affaire très pressante concernant les suicides au sein de la GRC. Le sous-commissaire a admis qu'aucune étude à ce sujet n'a été menée même si 16 suicides de membres actifs ont été documentés depuis huit ans et que, au cours de la même période, 13 retraités se sont également enlevé la vie. Nous perdons de trois à quatre membres de la GRC chaque année parce qu'ils se suicident, mais la GRC ne l'avait pas signalé. Aujourd'hui, nous avons demandé au ministre s'il avait réclamé l'établissement d'un rapport sur les suicides, et rien ne nous a laissé croire que c'était le cas.
Ce taux de suicide, ce taux de décès, est très choquant. Il est plus élevé que chez les militaires et, la plupart des années, il excède également le nombre de membres de la GRC tués dans l'exercice de leurs fonctions. Par conséquent, le fait que nous n'avons pas porté attention à cela est une question beaucoup plus urgente que celles dont le comité a été saisi.
Dans cette optique, je vais présenter un avis de motion. J'en ai une copie dans les deux langues officielles à l'intention du greffier. Voici la motion:
Que le Comité mène une étude sur la crise urgente de suicide parmi les membres de la Gendarmerie royale du Canada et que le Comité rapporte ses constats à la Chambre des communes.
Je ne demande pas que nous discutions immédiatement de cette motion, mais je pense que le comité doit réfléchir très bientôt à ce qu'il fait et à la façon dont il utilisera le peu de temps qu'il lui reste pendant cette session.
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Merci, monsieur le président.
Je vous remercie de votre présence. Je trouve vos observations très intéressantes jusqu'ici.
Il semble y avoir certaines critiques de la part des députés d'en face au sujet du financement social; ils semblent le critiquer dans les deux sens. Ils semblent penser que le gouvernement consacrerait moins d'argent à la prévention du crime s'il empruntait cette voie, mais d'un autre côté, qu'il pourrait dépenser davantage parce que le secteur privé en tirera des profits, ou quel que soit leur argument. Je pense qu'ils passent à côté de la question.
Dans le rapport intitulé Payer pour obtenir des résultats, que vous avez commandé et qui est rédigé par Tim Draimin, le directeur exécutif de Génération de l'innovation sociale, il y a un passage très intéressant. Je vais le lire parce qu'il est très bref, et je pense qu'il présente un argument de taille:
L'obligation à impact social est un merveilleux mode de financement social. Il permet notamment au gouvernement de catalyser des interventions préventives plutôt que de simplement rester pris à composer avec les conséquences. Ça réduit le risque que doit assumer le gouvernement:
Et on présente ensuite cet élément clé:
si l'on ne produit aucun avantage positif, le gouvernement n'a aucune obligation de payer.
En somme, ce qu'il dit, c'est que cela garantit l'atteinte de résultats, et c'est le but de l'obligation à impact social. Le principe, c'est que le gouvernement aura des partenaires avec lesquels travailler, et nous veillerons à ce que l'on obtienne des résultats avantageux pour les contribuables. Voilà l'élément clé que je vois ici.
J'aimerais savoir ce que vous en pensez. Êtes-vous du même avis? Considérez-vous que c'est une façon de s'assurer que les contribuables en aient pour leur argent et que l'on obtienne des résultats? Selon vous, est-ce un modèle dont tout le monde pourrait profiter, pas seulement le gouvernement, en s'assurant que les contribuables en aient pour leur argent?
Diriez-vous que ce serait une bonne description? Pourquoi?
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Je vous remercie, monsieur Ciufo, d'être parmi nous aujourd'hui. Votre présentation était extrêmement intéressante.
J'ai eu le temps de survoler le document sur les obligations à impact social que vous nous avez fait parvenir. C'était très intéressant.
Comme mon collègue M. Garrison, je ne suis pas contre la finance sociale, mais je me questionne beaucoup. Je crois qu'à ce sujet, les témoins sont allés un peu dans tous les sens. À partir de Washington, on nous a dit qu'un financement direct, par le gouvernement, serait plus facile, mais qu'il faudrait aller voir du côté du secteur privé, ce qui, en fin de compte, coûterait plus cher. D'autres témoins nous ont dit craindre que le gouvernement se désengage sur le plan du financement. Enfin, il y a présentement au Québec un problème en matière de finance sociale. Des inquiétudes ont été soulevées concernant en particulier une fondation privée et son influence marquée sur les politiques sociales du gouvernement au pouvoir.
Il y a donc beaucoup de questionnements et d'inquiétude. Il y a des projets pilotes dans plusieurs régions du monde, entre autres au Royaume-Uni. Il n'y a pas encore de résultats concrets, mais pour ma part, j'ai bien hâte de voir ces résultats.
Cela dit, des témoins ont mentionné que pour certains aspects de la sécurité publique, il ne serait peut-être pas approprié d'appliquer le financement social.
Êtes-vous de cet avis?
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Vous posez de bonnes questions. Je m’excuse, mais pour une raison inconnue je n’ai pas entendu l’interprétation de la première partie de votre question. Je m’excuse, mais je vais essayer d'y répondre au mieux de mes capacités.
Votre observation est judicieuse, à savoir que nous n’avons pas pour l’instant beaucoup de données ou de résultats sur lesquels nous fonder pour tirer des conclusions éclairées dans tous les secteurs de la finance sociale. Dans le cas des microprêts, c’est vrai que ces outils éprouvés existent depuis des décennies. Pour ce qui est des obligations à impact social, vous soulevez un excellent point.
Nous n’avons pas en main des données parfaites, et cela fait partie des problèmes dont vous faisiez état. D’après moi, nous avons la responsabilité d’examiner une situation et de nous demander, en pesant le pour et le contre et en nous basant sur les renseignements disponibles et nos connaissances, si c’est possible, si nous sommes convaincus que nous aurons des résultats aussi positifs sur le plan financier que sur le plan social, si nous pouvons y arriver d’une autre manière et s’il y a une bonne analyse de rentabilité à ce sujet. Si l’analyse de rentabilité est positive et que cela convainc le gouvernement, ces preuves et ces raisons sont suffisantes pour décider que c’est peut-être quelque chose que nous devrions essayer. Nous devrions essayer d’améliorer, chez certains groupes, le taux de diplomation, le taux de récidive ou le taux de rétention des personnes vulnérables.
De plus, nous avons la responsabilité d’examiner objectivement le tout pendant et après les faits. Si les résultats ne sont pas positifs, nous en tirons des leçons et adaptons les programmes. Nous pouvons également décider que ce n’est peut-être pas un mécanisme efficace pour certains services ou certains secteurs. Je suis d’avis que nous avons évidemment la responsabilité d’aller de l’avant seulement si l’analyse de rentabilité effectuée est convaincante et fortement positive. Nous devons également évaluer la progression, faire des suivis et faire rapport de manière transparente des résultats aux contribuables.
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Premièrement, monsieur le président, mesdames, messieurs les membres du comité, merci de nous donner l’occasion de témoigner devant votre comité aujourd’hui. En tant qu’organisme, nous vous en sommes très reconnaissants.
Aujourd’hui, j’ai l’intention de concentrer mon exposé sur ce que nous faisons en tant qu’organisme, le paysage dans le domaine de la finance sociale en ce qui a trait à la prévention du crime et certaines initiatives dont nous sommes témoins au Canada.
Ma collègue Denise traitera du rapport entre le système de justice — en particulier la prévention du crime — et certaines contraintes de faisabilité qui s’appliquent vraiment dans le cas du financement social, ainsi que du grand intérêt que nous constatons de la part de fournisseurs de services: ce qu’il en est et ce qui l’explique.
En ce qui concerne ce que nous faisons en tant qu’organisme, à ma connaissance, nous sommes le seul organisme canadien qui a été créé dans le but d’agir à titre d’intermédiaire en ce qui concerne les obligations à impact social. À ce titre, nous cherchons à utiliser les mécanismes en vue de permettre aux collectivités canadiennes d’investir dans la prévention en tout genre.
Comme je l’ai mentionné, notre organisme agit principalement à titre d’intermédiaire en ce qui concerne les obligations à impact social, et nous avons vraiment deux fonctions distinctes.
La première est de travailler directement avec les organisations, qui sont généralement des organismes sans but lucratif, en vue de les amener à pouvoir utiliser de tels mécanismes, à conclure de telles ententes et à recevoir du financement. C'est quelque chose de temporaire, mais nous travaillons de concert avec les organismes en vue de surmonter divers défis, comme l’évaluation des résultats, l'attribution des effets, le modèle de financement, etc. Ces mesures en amont sont vraiment nécessaires si des priorités stratégiques ou des domaines d'intérêt, y compris la prévention du crime, recoupent vraiment un domaine social qui est tout aussi capable de prendre les rênes et d'arriver à offrir de tels résultats.
L'autre fonction d'un intermédiaire est que nous collaborons avec les organismes sans but lucratif, les gouvernements qui passent une telle commande et les investisseurs en vue de structurer le plan, d'aider à lever les fonds requis, d’évaluer les résultats et de superviser la mise en oeuvre relativement aux obligations à impact social. C'est une fonction qui est plus continue, et cela se poursuit tout au long du cycle de vie d'une obligation à impact social.
J'essaie seulement d’expliquer ce que nous faisons.
Comme Gianni le disait plus tôt au sujet du paysage en ce qui concerne la prévention du crime, il existe de nombreux modèles de financement social. Les obligations à impact social n’en sont qu'un exemple, mais il s'agit de loin de ce que nous faisons principalement. Par conséquent, nous croyons qu'il reste encore beaucoup d'innovations possibles en matière de nouvelles structures en vue de permettre des investissements et d'obtenir des résultats sociaux et environnementaux.
Comme on vous l'a déjà expliqué, une obligation à impact social comporte en fait deux éléments. Il y a premièrement une entente de paiement à la réussite; le gouvernement s'engage à payer ce qui est inscrit dans l’entente, à condition que certains résultats soient atteints. Le deuxième élément est en fait le financement en soi: l'affectation du fonds de roulement dès le départ pour que les organisations et les organismes sans but lucratif soient en fait capables de concrétiser le programme sur le terrain pour obtenir les importants résultats escomptés sur le plan social.
Par conséquent, la majorité des activités liées aux obligations à impact social à l'étranger se concentre en fait déjà sur la réduction de la criminalité. Selon nos données, il y a trois obligations à impact social en cours qui mettent exclusivement l'accent sur la réduction du taux de récidive: au Massachusetts; à Peterborough, au Royaume-Uni; et à New York.
Il y en a trois autres qui visent des résultats mixtes et qui ciblent des éléments comme la réduction du taux de récidive ou du taux criminalité, ainsi que des aspects comme la création d'emplois. Il y en a aussi une autre en préparation en Israël.
Nous pouvons donc voir qu'il y a tout un réseau dynamique d’échange de pratiques. C’est en croissance. C'est encore un petit secteur, mais c'est en croissance pour ce qui est de ces outils. Ensemble, ces sept obligations à impact social représentent des investissements sociaux privés d’environ 72,2 millions de dollars canadiens qui visent en gros à réduire le taux de criminalité et le taux de récidive et à essayer d'entraîner des changements sociaux positifs pour les prisonniers ou les délinquants de tout acabit.
Qui plus est, dans le cadre du recensement de ces initiatives, nous avons constaté que les gens sont de plus en plus à l'aise avec ces outils d'investissement. Certains mécanismes qui étaient peut-être utilisés par le passé pour les rendre moins risqués le sont de moins en moins, et la valeur globale des investissements faits au moyen de ces outils augmente. Cela nous indique que les gens sont de plus en plus à l'aise avec de tels moyens et qu'ils sont disposés à investir davantage.
Au Canada, comme vous l'avez entendu, il y a pour l’instant une obligation à impact social, qui met l'accent sur les mères vulnérables et leur famille. La majorité des activités liées au développement, comme cette obligation à impact social en Saskatchewan, ont été menées par des autorités provinciales, et je pense que c'est important de souligner que des gouvernements de diverses allégeances politiques s'intéressent beaucoup à ce concept. En Nouvelle-Écosse, où nous sommes situés —à Halifax —, les néo-démocrates provinciaux, soit l'ancien gouvernement, voulaient en fait être le premier gouvernement au Canada à avoir recours à une obligation à impact social. En Ontario, un gouvernement libéral a lancé un appel d'idées en la matière, et les progressistes-conservateurs albertains se sont engagés à adopter des approches novatrices, y compris des obligations à impact social, à l'égard des défis sur le plan social.
Donc, de nombreux motifs sont à l'origine de cette diversité des intérêts. Les obligations à impact social peuvent être un outil d’apprentissage, un mécanisme qui nous permet de réaliser efficacement la recherche et le développement dans le domaine social. L’échelle est assez rigoureuse, sans le coût politique et public de l’échec. La souplesse de ce financement permet également ce qu’on appelle « l’innovation en cours de processus », et les fournisseurs de services peuvent réagir au cours du processus de mise en oeuvre dans le but d’améliorer le rendement.
Les obligations à impact social permettent de prendre plus de risques selon une mesure qui correspond aux grands enjeux sociaux. Dans certains cas, on reconnaît que le gouvernement a tenté de relever de nombreux défis par le passé et qu’il n’a pas la capacité de le faire seul; il juge prioritaires ces mécanismes pour répondre aux besoins. Ils représentent aussi un outil d’investissement dans un contexte budgétaire restreint.
Dans le cadre de nos échanges avec de nombreux gouvernements provinciaux, nous avons constaté qu’ils comprenaient ceci: bien que toutes les formes d’investissement dans la prévention soient très précieuses, on dépense déjà beaucoup d'argent dans les soins actifs, que ce soit en matière d'incarcération ou de traitement judiciaire. Il y a donc un besoin pour ce qu'on appelle le « capital de rapprochement » pour la prévention, et les obligations à impact social peuvent répondre à ce besoin. Elles peuvent permettre ce rapprochement.
Nous savons que certains se préoccupent de la possibilité que le gouvernement cherche à se soustraire à ses responsabilités. En tant qu'organisation consacrée à ce domaine, nous voyons d'un bon oeil cette responsabilisation quant aux résultats. Certains craignent qu'on tire profit des problèmes sociaux, mais nous reconnaissons que le rendement financier représente une compensation des risques. C'est une compensation associée à la tolérance au risque dans le but d'entreprendre des projets novateurs, ce qui est très important.
Certaines personnes s'inquiètent qu'on fasse une sélection choisie des enjeux faciles. Je crois que nous devons faire une distinction entre les enjeux actuels et les enjeux futurs, et que nous devons tirer profit de certains domaines plus faciles à comprendre comme la justice et la prévention de la criminalité pour élargir la portée de ces outils afin qu'ils servent à des domaines plus difficiles à mesurer ou à suivre. C'est bien comme cela.
On craint que seuls les grands centres urbains bénéficient de ces projets. Comme l'a fait valoir Gianni, les contraintes de faisabilité relatives aux coûts de transaction peuvent rendre difficile l'utilisation de ces instruments au sein des très petites populations. Nous croyons qu'il est possible de rassembler des petites populations pour réaliser un projet plus important ou... À Perth, en Écosse, on a réalisé un très petit projet d'obligation à impact social. La collectivité et les entreprises locales y ont participé; c'est possible dans cette mesure.
Dans l'ensemble, il est possible de faciliter la croissance dans ce domaine. Les exigences en matière de développement sont importantes et nous les connaissons bien. Je suis certain que Denise va notamment parler de la notion de clarté quant aux intentions et aux objectifs du gouvernement, de sorte que les organisations comme la nôtre et les fournisseurs de services, y compris ceux avec lesquels nous travaillons, connaissent leur public.
Il y a aussi le financement du développement, car les coûts de démarrage sont assez importants pour le secteur social. Dans de nombreuses autres administrations, notamment au Royaume-Uni, on reconnaît qu'il faut répondre à ce besoin.
Enfin, il y a la question des données et de l'information. Le Royaume-Uni est un bon exemple à cet égard. Pour les projets d'obligations à impact social, on a préparé une trousse d'outils qui présente les coûts prévus par le gouvernement, de sorte que les organisations comme la nôtre et les organismes à but non lucratif avec lesquels nous travaillons puissent réaliser une analyse de rentabilité pour aller de l'avant.
Je vous remercie beaucoup de m'avoir invité à témoigner devant vous aujourd'hui.
Est-ce que vous convenez que les gouvernements utilisent une chose très précieuse? Ils utilisent l'argent des contribuables, le vôtre et le mien. Ils hésitent à prendre des risques et ont établi des programmes de réduction de la criminalité.
Supposons qu'un gouvernement veuille utiliser l'argent des contribuables pour la prévention de la criminalité, ou pour n'importe quel genre de programme, et qu'il veuille être certain d'obtenir les résultats mesurables souhaités en peu de temps. Les gouvernements investissent dans la prévention de la criminalité, établissent des programmes et embauchent... Vous savez, beaucoup de gens au gouvernement veulent réussir et font d'autres choses.
Mais en ce qui a trait à la collaboration avec un autre secteur, qu'il s'agisse d'un organisme à but lucratif ou non, reconnaissez-vous que les mesures utilisées pour le financement social...? En règle générale, on vise des résultats sur trois à cinq ans et on les mesure à la fin de cette période. Habituellement, les paramètres sont établis en fonction de résultats sur cinq ans. Êtes-vous d'accord que ce risque en vaut la peine?
J'aimerais que vous nous parliez de la réduction de ces risques. Je remarque que le directeur financier de Finance for Good a dit qu'il tentait de réduire les risques associés à certains projets comme les OIS.
Cela fait beaucoup, et vous avez probablement trois minutes pour y répondre.
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Il me reste du temps, n'est-ce pas, monsieur le président?
On s'inquiète au sujet des investisseurs qui songent peut-être, comme vous l'avez dit, à sélectionner les cas ou les secteurs les plus faciles où du financement ou des capitaux sont probablement disponibles, et des grandes villes par opposition à des communautés rurales ou éloignées, ou même des régions défavorisées qui ont différents profils démographiques, par exemple.
Mais en fait, le gouvernement ne se contente pas de dire qu'il versera du financement social, et puis tout le monde est emballé. Le gouvernement peut fixer des paramètres liés aux régions, à la démographie ou même à des projets qui correspondraient à ce qu'il cherche.
Corrigez-moi si j'ai tort, mais il incomberait à l'organisation intermédiaire de trouver les organismes sans but lucratif qui peuvent offrir les services et ensuite les investisseurs pour concrétiser les projets.
Puisque c'est quelque chose qui n'a pas encore été fait, le gouvernement a encore son mot à dire sur les endroits où les projets seront menés. Je veux m'assurer que nous ne laissons pas entendre que les communautés plus démunies, où les organisations disposent de peu de financement, seront laissées pour compte.
Le premier témoin nous a également dit qu'il avait 80 partenaires du secteur financier qui sont intéressés à participer à ce genre d'initiatives. Un grand nombre de ces institutions financières ne sont pas uniquement situées dans une grande ville. Elles sont de partout au Canada.
Vous pourriez peut-être faire une observation à ce sujet.