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Bonjour, chers collègues, et bienvenue à la 71
e séance du Comité permanent de la sécurité publique et nationale.
Conformément au paragraphe 108 (2) du Règlement, le Comité des finances nous renvoie quelques questions se rapportant au budget. La première a trait à la Loi sur la prévention des voyages de terroristes; la seconde, au service de protection parlementaire sur la Colline. Je demanderais à tous mes collègues d’examiner au cours du débat la pertinence de ces sujets que nous a renvoyés le Comité des finances.
Nous accueillons les témoins qui seront avec nous pendant la première heure. Du ministère de la Sécurité publique et de la Protection civile, nous avons John Davies, directeur général des Politiques de la sécurité nationale. Nous avons également Ritu Banerjee, directrice des Politiques opérationnelles et de l’examen, ainsi qu'Amanda Taschereau, analyste politique. Du ministère de la Justice, nous avons Sophie Beecher, avocate aux services juridiques de Sécurité publique Canada.
Bienvenue au comité.
Je cède maintenant la parole à ceux qui ont une déclaration liminaire.
:
Merci, monsieur le président.
Je suis ravi de vous présenter un aperçu des mesures qui sont proposées dans le projet de loi , soit la Loi sur la prévention des déplacements pour les terroristes de concert avec les changements proposés au Décret sur les passeports canadiens. Les modifications proposées mettent en évidence l’engagement soutenu du gouvernement à renforcer la sécurité nationale et à protéger les Canadiens au pays et à l'étranger puisqu'elles visent à lutter contre l'environnement de la menace mondiale en évolution.
[Français]
D'abord, laissez-moi vous présenter les changements au Décret sur le passeport canadien annoncés le 7 mai en ce qui a trait à la sécurité nationale.
[Traduction]
Premièrement, le ministre de la Sécurité publique et de la Protection civile aura le pouvoir d'annuler un passeport lorsqu'il aura des motifs raisonnables de croire que cela permettra d'empêcher qu'un acte terroriste soit commis ou encore pour des raisons de sécurité nationale. Quand un passeport est annulé, les organismes d'exécution de la loi et les partenaires des services frontaliers sont avisés de l'annulation, et le détenteur du passeport ne peut plus l'utiliser pour voyager. Toutefois, il s'agit d'une mesure temporaire, qui ne dure que pendant qu'une enquête est menée. Si à la conclusion de l’enquête il n'existe pas de motifs suffisants justifiant la révocation du passeport, celui-ci est remis au détenteur.
Dans certaines circonstances, le ministre peut annuler un passeport sans fournir de préavis au détenteur. Dans ces cas, le détenteur sera avisé le plus tôt possible à la suite de l'annulation.
Le décret prévoit également un mécanisme de réexamen administratif, qui pourra être utilisé aux fins des contestations des décisions relatives à l'annulation d'un passeport. Une fois que le détenteur du passeport a été avisé de l'annulation, il dispose de 30 jours pour donner une réponse et fournir de l'information dont le ministre tiendra compte quand il réexaminera la décision d'annulation. La personne peut interjeter appel de la décision d'annulation auprès de la Cour fédérale du Canada dans les 30 jours suivant la date de réception de l'avis de décision relative au réexamen. Les dispositions qui touchent la capacité d'en appeler de la décision d'annuler le passeport figurent à l'article 4 de la Loi sur la prévention des déplacements pour les terroristes.
Deuxièmement, le ministre peut également refuser ou révoquer un passeport lorsqu'il a des motifs raisonnables de croire que cela permettra d'empêcher qu'un acte terroriste soit commis ou encore pour des raisons de sécurité nationale.
Enfin, le décret donne également au ministre de la Sécurité publique et de la Protection civile le pouvoir de refuser les services liés aux passeports pendant une durée proposée ne dépassant pas 10 ans, durant laquelle la personne concernée ne pourra pas demander de passeport. Pendant une période où les services liés aux passeports ne sont pas offerts à une personne, celle-ci pourrait être tenue de voyager pour des motifs d'ordre humanitaire, urgents et impérieux et pourrait profiter d'un mécanisme administré par Passeport Canada lui permettant de voyager dans ces circonstances.
[Français]
Dans ces situations, la personne peut présenter une demande de passeport temporaire et fournir les documents justificatifs nécessaires.
L'appui de ces changements au Décret sur le passeport canadien constitue les mesures législatives qui vous sont présentées aujourd'hui.
[Traduction]
Ces mesures permettent de contester les décisions et de protéger les renseignements utilisés dans les procédures, et elles établissent les règles s'appliquant aux appels d'une décision d'annulation ou aux contrôles judiciaires d'un refus ou d'une révocation.
Dans les cas liés à la sécurité nationale, il faut souvent obtenir des renseignements délicats pour procéder à l'annulation ou à la révocation d'un passeport. Pendant les procédures judiciaires, il est important de protéger ces renseignements délicats pour s'assurer qu'ils ne sont pas divulgués, ce qui permettra de prévenir les répercussions négatives sur la sécurité nationale ou la sécurité de la personne. Le gouvernement doit établir un équilibre entre la nécessité de protéger l'information de nature délicate et la capacité de confirmer les décisions relatives aux passeports prises pour des raisons de sécurité nationale ou de lutte contre le terrorisme.
Ces modifications proposées permettront aux juges de la Cour fédérale chargés de présider les procédures judiciaires relatives aux annulations, aux révocations ou aux refus de services pour des raisons de sécurité nationale ou de lutte contre le terrorisme, de protéger l'information délicate. En vertu de ces modifications, le juge sera tenu de tenir compte de l'information délicate pour prendre une décision et de protéger cette information contre la divulgation si, à son avis, la divulgation pourrait entraîner des préjudices pour la sécurité nationale ou la sécurité d'une personne. Bien que certains renseignements délicats puissent être retenus, la personne recevrait un résumé des renseignements qui ont été utilisés dans la prise de décision.
Par ailleurs, dans le contexte des appels et des examens judiciaires des décisions liées à la sécurité nationale concernant un passeport, à la Cour fédérale, la personne peut présenter des renseignements pour répondre aux arguments du gouvernement.
[Français]
Globalement, cette approche devrait permettre de simplifier le processus et donner lieu à des décisions plus rapides, ce qui est dans l'intérêt de toutes les parties.
[Traduction]
Les procédures proposées ont été conçues pour fournir à la personne concernée la possibilité de présenter des renseignements et d'être informée raisonnablement au sujet des arguments du gouvernement. Ces mesures vont également de pair avec la possibilité qu'ont les tribunaux d'examiner d'autres décisions ministérielles, comme l'inscription d'entités terroristes et de personnes prévue au projet de loi , la Loi sur la sûreté des déplacements aériens.
Enfin, ces mesures de protection permettent d'établir un bon équilibre entre le droit de protéger les Canadiens contre la menace terroriste et le droit des personnes touchées de recevoir un traitement équitable.
[Français]
Merci. Je serai ravi de répondre aux questions que vous pourriez avoir sur les mesures proposées.
:
Je vais essayer de le faire et demanderai l’avis de mes collègues au besoin.
Pour être bien clair, l’allusion à l’enquête temporaire concernait l’annulation de passeport. L’annulation est considérée comme un moyen de poursuivre l’enquête. La personne concernée en est avisée — ou non, en fonction de la situation. La personne a 30 jours pour demander que l’on réexamine la décision. Il y a donc un processus de réexamen. Si la décision est maintenue à l’issue de ce réexamen, la personne a encore 30 jours pour faire appel auprès de la Cour fédérale.
L’annulation pourrait être essentiellement un moyen de parvenir à une fin. Si l’enquête se poursuit et que l’on établit qu’il y a des motifs raisonnables, non pas simplement de soupçonner, mais de croire que la personne se servirait du passeport à des fins terroristes ou à des fins susceptibles de menacer la sécurité nationale, le passeport serait alors révoqué ou refusé.
Si l’annulation permet essentiellement de franchir un seuil plus élevé, davantage de preuves peuvent être utilisées. Il s’agit d’un continuum à l’issue duquel les services de passeport seraient refusés pendant une période maximale de 10 ans.
:
Parmi les dispositions ou les mesures que notre gouvernement a mises en oeuvre pour lutter contre le terrorisme, un certain nombre d'entre elles sont des mesures législatives. Avant de siéger au Comité de la sécurité publique, j’étais membre du Comité de la citoyenneté et de l’immigration. Déjà, on craignait que des gens se servent de passeports pour se rendre à l’étranger et s’engager dans des activités terroristes.
Cette partie de la loi d’exécution du budget qui nous a été renvoyée et qui provient de la section 2 ne comprend pas seulement des éléments qui touchent au terrorisme, mais aussi aux personnes qui se rendent à l’étranger pour agresser sexuellement des enfants. C’est à mon avis un point important à souligner. Nous étions en effet tout à fait résolus à empêcher cela, afin de protéger les enfants, non seulement chez nous, mais dans le monde entier.
Je pense que c’est important, mais on s’y est opposé. Le chef du Parti libéral a affirmé que la révocation du passeport ne correspond certainement pas aux valeurs canadiennes. Je pense au contraire que la plupart des Canadiens qui regardent ou entendent ces délibérations ne seraient pas d’accord avec cette affirmation.
Divers témoins, dont le directeur du SCRS — ce dernier en a fait d’ailleurs état dans son rapport —, qui ont comparu dans le cadre de l’étude du projet de loi , ont décrit cette menace en détail. Ils nous ont parlé des répercussions que pourrait avoir sur la sécurité nationale et sur celle des Canadiens le fait de partir à l’étranger, de s’engager dans des activités terroristes, de recevoir une formation de terroriste et de revenir finalement au Canada.
Pourriez-vous élaborer à ce sujet et nous expliquer pourquoi il est si important de renforcer les mesures prises dans ce domaine, en révoquant, en refusant et en annulant le passeport de ceux qui s’engagent dans ce type d’activités?
Il faut dire tout d’abord que les changements législatifs contenus dans la loi d’exécution du budget concernent en fait la divulgation d’informations et la protection de l’information de nature délicate, au moment où les décisions sont prises. Les changements apportés au décret sur les passeports canadiens qui ont été annoncés parallèlement diminueront les seuils et faciliteront la révocation, le refus ou l’annulation du passeport.
Ce qui se passe ici, comme dans le cas du projet de loi , je suppose, consiste à améliorer les outils dont on dispose pour empêcher les déplacements à des fins terroristes. Ce n’est pas simplement un outil de plus. Il y a peut-être d’autres moyens d’empêcher les déplacements à des fins terroristes, mais je pense que ce qui est important dans les changements dont nous parlons aujourd’hui, c’est qu’ils proposent aux agences de sécurité et aux instances d’application de la loi une autre option pour empêcher ses déplacements.
:
Merci beaucoup, monsieur le président.
Et merci aux témoins que nous avons vus bien souvent cette saison et que je suis ravi de revoir.
Puisque le secrétaire parlementaire commence toujours par rendre tous les sujets politiques, je dirais pour commencer que nous ne voyons aucun inconvénient à empêcher des gens impliqués dans le terrorisme de se déplacer à l’étranger. Ayant convenu de cela en principe, il y a peut-être certaines mesures législatives qui, à notre avis, doivent être examinées soigneusement.
Je me demande premièrement ce que nous cherchons vraiment à corriger. Vous dites qu’il s’agit simplement d’une autre option. Or, le ministre de la Citoyenneté et de l’Immigration a déjà le pouvoir de révoquer des passeports. Pouvez-vous donc nous en dire un peu plus sur la différence qu’il y a entre cette possibilité dont dispose déjà le ministre et cette autre option? Pouvez-vous nous expliquer pourquoi il y a une autre option? Je crains que lorsque l’on dispose de deux options, cela crée de la confusion et qu’on ne sache pas quelquefois laquelle choisir.
:
Encore une fois, la loi même porte sur la divulgation. Quand on y pense, elle ressemble beaucoup au Programme de protection des passagers, aux articles de la Loi sur la sûreté des déplacements aériens concernant la protection des renseignements sensibles dans le cadre d'un appel ou d'un contrôle judiciaire.
Le Décret sur les passeports canadiens donne plus de détails, essentiellement sur les modifications à l'appareil gouvernemental, les modifications de critères, etc.
Ce qui compte, c'est qu'au fur et à mesure que les organismes présentent des affaires, ils le fassent — comme l'a dit Mme Banerjee — dans leur cadre de leur propre mandat, mais sachant pertinemment qu'un juge doit considérer que le critère de l'affaire est raisonnable et proportionnel.
Vous dites que la loi porte seulement sur la divulgation, c'est-à-dire à la personne dont le passeport est... Je pose ces questions à titre de citoyen ou je pose les questions qu'un de mes électeurs pourrait me poser.
Je vais savoir que mon passeport a été révoqué, et s'il est le moindrement question de sécurité publique, surtout de sécurité nationale, que certains renseignements ne pourront m'être divulgués. Cette décision serait examinée par un juge qui déterminerait, en respectant un critère, qu'il est raisonnable et proportionnel, dans les circonstances, de révoquer ou d'annuler le passeport à ce stade.
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C'est exact, mais ce résumé omettrait tout renseignement susceptible de mettre en danger la vie ou la source d'information de pareille nature, car cela commencerait à causer des ennuis au Canada avec ses alliés ou divulguerait une source qui mettrait la sécurité de quelqu'un en péril.
M. John Davies: Oui.
M. Rick Norlock: Merci beaucoup.
Vous avez aussi mentionné certains des... La question portait sur la définition de la sécurité nationale. Nous croyons comprendre que certaines lois contiennent des définitions, et vous avez fait allusion à différentes lois qui définissent la notion de sécurité nationale. Mais dans sa plus simple expression, pourriez-vous, au profit de mes électeurs ou de quelqu'un qui nous regarde, décrire, par l'intermédiaire du président, comment vous leur expliqueriez la véritable signification de la notion de sécurité nationale dans le contexte de notre discussion d'aujourd'hui?
C'est bien d'utiliser des termes juridiques, mais lorsque mes électeurs me posent des questions, je dois pouvoir leur expliquer ce principe. Ce n'est pas qu'ils soient moins intelligents que nous, mais ils ne composent pas chaque jour avec les particularités de la loi.
:
C'est tout à fait cela. La question de la proportionnalité entrerait surtout en jeu lorsqu'un juge détermine le caractère justifiable d'une mesure ou s'il est justifié de prendre une mesure donnée au titre de la Charte.
Dans le contexte du projet de loi à l'étude, un juge essaierait surtout de déterminer si la décision du gouvernement est raisonnable et, en conséquence, si elle peut être objectivement fondée sur certains faits: compte tenu des faits dont il dispose, était-il raisonnable, dans les circonstances, de révoquer le passeport?
Le critère le plus important est celui du caractère raisonnable de la décision. La proportionnalité entre en jeu lorsque vous prenez en compte l'objectif du Décret sur les passeports canadiens et les mesures prises par le gouvernement.
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Merci, monsieur le président.
Merci à nos témoins. Bienvenue.
Il est bizarre que cette modification se retrouve dans la Loi d'exécution du budget, encore plus bizarre qu'il y ait une autre modification qui rende légal ce qui, selon la commissaire à l'information, est illégal, c'est-à-dire la destruction de documents par la GRC. Mais venant de ce gouvernement, cela n'a rien d'inhabituel.
Pour enchaîner en partie sur la question que Randall a posée tout à l'heure à laquelle vous avez, au fond, répondu que cet article ne doit pas faire l'objet d'un examen dans toute mesure législative, dans quelle loi verrait-on normalement cette modification si un gouvernement futur choisissait d'examiner cet article en particulier?
:
Le processus est décrit à deux endroits différents.
Le Décret sur les passeports canadiens stipule que dans le contexte d'une annulation de passeport, une personne peut demander un réexamen. La procédure qui en découle n'est pas décrite en détail.
Cependant, le ministère de la Sécurité publique mettra en place un processus complet fondé sur d'autres exigences en matière d'équité procédurale. En conséquence, dans le contexte du réexamen, je dirais que dans la même mesure que la Loi sur la sûreté des déplacements aériens, on enverra un avis à la personne concernée, on l'invitera à présenter des renseignements, on lui fournira un résumé des motifs qui justifient l'annulation, et il sera possible d'échanger des renseignements. En prenant sa décision dans le cadre du réexamen, le ou la ministre tiendra compte des renseignements fournis par la personne.
C'est le processus qui sera en place et qui répond aux exigences en matière d'équité procédurale. Une fois qu'on aura envoyé un avis de la décision de réexamen, la personne concernée pourra appeler de la décision auprès des cours fédérales si elle n'en est pas satisfaite.
Le gouvernement affirme que ce projet de loi constitue un équilibre entre la protection de la sécurité des Canadiens et des gens à l'étranger, d'une part, et celle des individus qui pourraient être accusés de terrorisme, d'autre part. Par contre, il est mentionné dans le projet de loi que le juge en chef de la Cour fédérale devrait notamment, dans certaines circonstances, tenir une audience à huis clos en l'absence du demandeur impliqué et de son avocat.
Dans le cas d'une erreur, il me semble que la personne mise en cause n'est pas bien protégée. En effet, personne n'est là pour défendre ses droits.
Tout d'abord, pourriez-vous préciser dans quelles circonstances un juge pourrait décider de tenir une séance à huis clos et d'exclure l'avocat qui représente le demandeur impliqué?
:
En fait, la loi stipule que le juge a l'obligation de tenir une séance à huis clos. Ce n'est pas laissé à sa discrétion. C'est à la demande du gouvernement.
Par contre, une fois que le juge a pris connaissance de la position du gouvernement et déterminé la raison pour laquelle ce dernier a demandé une telle audience, il peut décider si l'information est sensible et doit être protégée.
Une audience à huis clos est tenue, mais elle sert à déterminer ce que le gouvernement veut proposer ou cherche à protéger. Le juge rend ensuite une décision ou se prononce. On tient par la suite une série d'audiences à huis clos pour protéger l'information. Dans un tel cas, un sommaire de l'information est fourni à l'individu et à son avocat. Par contre, le juge peut considérer que l'information n'est pas sensible et qu'elle ne doit pas nécessairement être protégée, auquel cas on procède de la façon habituelle.
Mon ami, M. Easter, m'a fait sourciller encore une fois. Il a été ministre, comme moi. Or, il dit que le gouvernement, c'est le gouvernement, et laisse entendre que tous les ministres savent tout au sujet de tous les portefeuilles et qu'aucun ministre n'a d'expertise ou de connaissances particulières qu'il applique dans l'exercice de ses fonctions.
Pouvez-vous expliquer pour mon collègue, et peut-être pour moi aussi, les différences dans les connaissances et l'expertise du ministre de la Sécurité publique et du ministre de la Citoyenneté et de l'Immigration qui leur donneraient différentes responsabilités en vertu de cette loi?
Madame Ablonczy, votre temps de parole est écoulé.
Avant de suspendre nos travaux pour accueillir nos prochains témoins, j'attirerais l'attention du comité sur une question budgétaire concernant le projet de loi . La présidence aimerait qu'une motion soit adoptée aujourd'hui pour que nous puissions entendre nos témoins sur le projet de loi . J'attire votre attention sur ce point. La présidence veut qu'une motion soit présentée à cet effet avant de lever la séance aujourd'hui.
Pour l'heure, j'aimerais remercier nos témoins d'avoir comparu aujourd'hui. Vous avez certainement bien utilisé votre temps.
Nous allons maintenant suspendre nos travaux pour accueillir les prochains témoins.
:
Chers collègues, bon retour. Nous passons maintenant à la seconde partie de notre réunion.
Du Bureau du Conseil privé, nous accueillons Mme Isabelle Mondou, secrétaire adjointe du Cabinet et conseillère juridique auprès de la greffière du Conseil privé, et M. David Vigneault, secrétaire adjoint du Cabinet chargé de la sécurité et du renseignement.
Je vous souhaite la bienvenue à tous les deux.
Avant que nous entendions les remarques liminaires, j'aimerais mentionné très brièvement que je serais reconnaissant qu'un membre présente une motion sur le budget du projet de loi . Quelqu'un pourrait-il proposer une motion?
[Traduction]
J'aimerais remercier le président et les membres du comité de me donner l'occasion de discuter aujourd'hui de la section 10 de la partie 3 du projet de loi . Cette section propose des modifications à la Loi sur le Parlement du Canada afin de constituer le Service de protection parlementaire.
[Français]
Je m'appelle David Vigneault et je suis secrétaire adjoint du Cabinet, Sécurité et renseignement, au Bureau du Conseil privé. Je me présente devant vous aujourd'hui avec Isabelle Mondou, conseillère juridique auprès de la greffière du Bureau du Conseil privé.
J'aimerais tout d'abord expliquer que le Bureau du Conseil privé a participé étroitement à la rédaction du projet de loi à l'étude aujourd'hui, en collaboration avec des conseillers juridiques de l'administration de la Chambre des communes et du Sénat, de la Gendarmerie royale du Canada, de Sécurité publique Canada et de Justice Canada. Me Mondou et moi-même sommes ici pour vous parler de l'ébauche de ce projet de loi.
Je voudrais cependant souligner que le Bureau du Conseil privé n'est pas directement responsable de la planification de la transition ou de la prise de décisions opérationnelles relatives à l'établissement du Service de protection parlementaire. Cette fonction sera confiée au nouveau directeur du Service de protection parlementaire et à la GRC, en étroite collaboration avec le Service de sécurité du Sénat et le Service de sécurité de la Chambre des communes, sous la supervision du Président du Sénat et du Président de la Chambre des communes. Nous savons que la planification de la transition est déjà en cours et que les groupes de travail conjoints ont été créés.
Notre présentation d'aujourd'hui porte davantage sur le projet de loi. C'est pour cela que nous avons été invités à vous parler ce matin.
[Traduction]
En ce qui concerne le contexte, je tiens à souligner que le projet de loi a été rédigé après que le Parlement en a expressément exprimé la volonté. À la suite de l'attaque terroriste survenue sur la Colline du Parlement le 22 octobre 2014, la Chambre des communes et le Sénat ont adopté des motions pour inviter sans délai la GRC à diriger la sécurité de la Cité parlementaire et des terrains de la Colline du Parlement, tout en respectant les privilèges, les immunités et les pouvoirs de chaque Chambre, et en assurant le maintien en poste des employés de la sécurité parlementaire existants et respectés.
En avril, le Plan d'action économique de 2015 a également mis en relief la nécessité d'avoir une force de sécurité intégrée qui permettrait d'assurer des interventions uniformes en cas de menaces, et précisait que le gouvernement du Canada présenterait des modifications à la loi pour mettre en place cette force de sécurité intégrée. Notamment, la direction d'intégration des forces de sécurité est conforme aux recommandations du vérificateur général de juin 2012, qui indiquaient que l'administration de la Chambre des communes et du Sénat examine « la possibilité de passer à une force de sécurité unifiée dans la Cité parlementaire ». Le rapport du vérificateur général faisait remarquer que l'unification des forces de sécurité de la Colline du Parlement sous un seul point de commande permettrait de réagir aux situations touchant à la sécurité plus efficacement.
[Français]
Je vais maintenant donner la parole à ma collègue, Isabelle.
:
Les travaux de rédaction du projet de loi ont été orientés par les motions adoptées à la Chambre des communes et au Sénat, dans lesquelles trois exigences clés associées à une force de sécurité intégrée ont été déterminées: premièrement, que la GRC dirige la sécurité opérationnelle, deuxièmement, que les privilèges, les immunités et les pouvoirs des chambres soient respectés, et troisièmement, que les emplois des employés de la Service de protection parlementaire existants et respectés soient maintenus et assurés.
En ce qui concerne la première exigence, on propose, à la section 10 de la partie 3, de modifier la Loi sur le Parlement du Canada pour créer une entité réglementaire appelée le Service de protection parlementaire, qui aurait la responsabilité de toutes les questions liées à la sécurité physique dans l'ensemble de la Cité parlementaire, et sur les terrains de la Colline du Parlement.
La loi proposée stipule que le Président de la Chambre des communes et le Président du Sénat « devraient conclure un arrangement » avec le ministre de la Sécurité publique et de la Protection civile, afin que la GRC fournisse des services de sécurité physique partout dans la Cité parlementaire et sur la Colline du Parlement, conformément aux dispositions précisées dans l'entente.
Dans le cadre de l'orientation stratégique générale et conjointe des Présidents, un directeur du Service de protection parlementaire dirigera les opérations de sécurité intégrées. Ce directeur assumerait le contrôle et la gestion du service, serait un membre actif de la GRC et aurait été sélectionné dans le cadre d'un processus de consultation déterminé selon l'arrangement. Le directeur du Service de protection parlementaire serait chargé de diriger les membres de la GRC ainsi que les membres actuels du service de sécurité du Sénat et du service de sécurité de la Chambre des communes. Le directeur relèverait du Président de la Chambre des communes et du Président du Sénat pour ce qui est de la gestion et du rendement du Service de protection parlementaire.
Le directeur relèverait également du commissaire de la GRC, par l'intermédiaire de la structure hiérarchique, garantissant ainsi que la GRC s'acquitte de ses responsabilités conformément aux modalités du service précisées dans l'entente qui est actuellement négociée entre les Présidents des deux chambres et le ministre de la Sécurité publique et de la Protection civile. Tous les membres de la GRC qui feront partie du SSP, y compris le directeur, demeureront à l'emploi de la GRC.
La deuxième exigence établie dans la motion portait sur le respect des privilèges, des immunités et des pouvoirs respectifs des deux chambres. Le projet de loi a été rédigé de façon à éviter de limiter les pouvoirs, les privilèges, les droits et les immunités du Sénat, de la Chambre des communes et des parlementaires, et à ne pas entrer en conflit avec la Loi sur la GRC.
Selon le projet de loi, les Présidents des deux chambres seraient responsables des services de sécurité du Parlement, étant donné leur rôle de gardiens des pouvoirs, des privilèges, des droits et des immunités de leurs chambres respectives et de leurs membres. C'est dans le cadre du rôle important qu'ils jouent à titre de gardiens des privilèges parlementaires, et dans l'exercice de ces privilèges que les Présidents concluront une entente afin que la GRC assure la prestation des services de sécurité physique.
La GRC ainsi que les administrations de la Chambre des communes et du Sénat collaborent actuellement à la planification de la transition, et sans pouvoir entrer dans les détails, je peux affirmer que le maintien des droits d'accès et des privilèges dont jouissent depuis toujours les parlementaires sera au coeur de ces travaux.
[Français]
Dernièrement, selon la motion, la continuité des emplois du personnel de sécurité existant du Parlement sera assurée. Comme vous l'aurez constaté, une bonne partie du projet de loi vise à faire en sorte que ces membres du personnel jouissent de la stabilité d'emploi et de la continuité. Tout le personnel actuellement à l'emploi du Service de sécurité du Sénat et du Service de protection de la Chambre des communes deviendront des employés du service le jour où ces dispositions entreront en vigueur. Ils jouiront des mêmes conditions d'emploi, toutes les conventions collectives existantes continueront de s'appliquer selon leurs termes, et la Commission des relations de travail et de l'emploi dans la fonction publique aura les pouvoirs requis pour s'occuper de tous les nouveaux dossiers.
Certains membres du comité se demanderont peut-être pourquoi on a décidé de rédiger un projet de loi pour créer le Service de protection parlementaire. J'aimerais souligner que les parties y ont vu deux avantages.
Premièrement, le fait de constituer le service dans la loi signifie qu'il y aura un employeur pour tout le personnel de protection de la Chambre des communes et du Sénat, ce qui facilitera l'intégration et les activités de ce nouveau service de protection.
Deuxièmement, l'établissement du Service de protection parlementaire dans la loi permet la création d'un nouveau crédit indépendant pour le financer. La création d'une source dédiée de financement aiderait le service à conserver son indépendance institutionnelle à titre de bureau du Parlement.
Avant le début de chaque exercice, le Président de la Chambre des communes et le Président du Sénat demanderaient au directeur de préparer une estimation des fonds dont aurait besoin le Service de protection parlementaire au cours de la prochaine année. Les Présidents fourniraient cette estimation au président du Conseil du Trésor qui les présenterait à la Chambre des communes avec l'ensemble des estimations du gouvernement pour le prochain exercice.
[Traduction]
En conclusion, s'il reste d'autres étapes à franchir avant l'établissement d'une force de sécurité entièrement intégrée dans la Cité parlementaire ainsi que sur les terrains de la Colline du Parlement, ce projet de loi représente un pas important dans cette direction.
Merci de nous avoir permis de faire ces quelques remarques. David et moi serons heureux de répondre à vos questions et d'écouter vos commentaires au sujet de ce projet de loi.
:
Merci, monsieur le président.
Je tiens à remercier les deux témoins de leur présence aujourd'hui et de l'excellent travail qu'ils accomplissent pour assurer notre protection sur la Colline.
Je voudrais d'abord parler un peu des événements qui se sont produits le 22 octobre dernier. En premier lieu, je voudrais remercier tous les corps policiers qui sont intervenus sur la Colline du Parlement et qui ont veillé à ce que les membres des deux Chambres et leur personnel soient en sécurité.
Les événements qui se sont produits ce jour-là ont par la suite fait l'objet d'une analyse. De nombreux corps policiers ont participé à l'intervention. Pouvez-vous nous parler un peu des différents rôles que chacun d'eux a joués, de leurs responsabilités, ainsi que de la façon dont cette loi permettra de simplifier certaines de leurs activités?
:
Je vous remercie beaucoup de votre question.
Comme vous l'avez dit, les événements du 22 octobre ont été tragiques. Nous avons également vu, ce jour-là, le dévouement et le professionnalisme dont ont fait preuve les policiers et le personnel de la sécurité au cours des différentes étapes de l'opération.
D'abord, comme vous le savez, nous avons actuellement une approche multidimensionnelle en matière de sécurité, et le projet de loi porte sur la nécessité de modifier cette approche. Lorsque les événements ont commencé, au Monument commémoratif de guerre, le corps policier compétent était le Service de police d'Ottawa. Le SPO est intervenu quand le premier incident s'est produit; un membre des Forces canadiennes, le caporal Cirillo, a malheureusement été abattu. Lorsque Zehaf-Bibeau est arrivé sur les terrains de la Colline du Parlement, c'est alors à la GRC qu'est revenue la responsabilité de contrer la menace.
Le Service de police d'Ottawa, ou SPO, est donc intervenu le premier à l'extérieur de la Colline du Parlement. Quand l'individu est arrivé sur la Colline, c'est la GRC qui avait la responsabilité d'intervenir, et quand il est entré dans le Parlement, dans l'édifice du Centre, il y avait compétence partagée. Comme l'individu est resté principalement dans les limites de la Chambre des communes, c'est le Service de protection de la Chambre des communes qui était chargé de l'intervention, jusqu'à ce que Zehaf-Bibeau soit abattu par les services de sécurité présents.
Selon moi, les événements qui se sont produits ce jour-là mettent en évidence la nécessité d'une meilleure coordination des services. Comme vous le savez, lorsqu'un individu — armé, dans ce cas-ci, d'une carabine et d'un couteau — est fermement résolu à accomplir une mission et à atteindre un objectif, même s'il sait que ce sera probablement au prix de sa vie, il est très difficile de l'en empêcher. De ce point de vue, le service intégré proposé dans le projet de loi permettra d'améliorer la coordination sur la Colline du Parlement, de même qu'à l'intérieur du Sénat et de la Chambre des communes.
Chaque fois qu'un incident terroriste ou une fusillade d'une autre nature se produit, il y a ce qu'on appelle le « brouillard de la guerre », c'est-à-dire qu'il y a de la confusion. Or, meilleure est la coordination entre les différentes entités — dans ce cas-ci, une seule entité protégerait les Chambres et tous les députés et sénateurs —, plus nous pouvons réduire les risques que la confusion mène à un dénouement tragique.
En créant un service de sécurité unifié, ce projet de loi nous permet assurément de faire un pas dans la bonne direction, de respecter la volonté exprimée dans les motions présentées au Sénat et à la Chambre et de donner suite au rapport détaillé déposé par le vérificateur général en 2012.
:
Premièrement, il est difficile de formuler des hypothèses, après coup, sur ce qui aurait pu se passer.
Deuxièmement, comme l'ont rapporté les médias, un certain nombre d'examens sont en cours. Le service de police de l'Ontario effectue deux examens, et la GRC effectue des examens internes. Les résultats de ces examens opérationnels vont sans aucun doute mener à des changements et orienter le nouveau directeur du Service de protection parlementaire et ses collègues dans la prestation des services de sécurité afin qu'ils tiennent compte des nouvelles menaces et du contexte actuel.
Il serait très difficile pour moi d'émettre des hypothèses sur ce qui aurait été différent, mais je peux dire avec certitude que plus on mise sur l'unité de la chaîne de commandement des opérations, plus on réduit le risque de confusion. Selon moi, c'est assurément un pas dans la bonne direction.
:
Merci beaucoup, monsieur le président.
Nous tenons nous aussi à souligner que les services de sécurité du Parlement ont accompli un excellent travail, le 22 octobre dernier, en veillant à notre sécurité et en éliminant la menace.
Je crains que ce soit une façon très inhabituelle de procéder, et nous avons exprimé ces préoccupations à la Chambre. Le problème n'est pas seulement qu'il s'agit d'une loi d'exécution du budget, mais aussi que le gouvernement s'est servi de sa majorité pour proposer des changements fondamentaux dans le fonctionnement du Parlement. Normalement, nous ne modifierions pas le Règlement de la Chambre des communes à la faveur d'une majorité gouvernementale. Nous sommes ici dans une situation difficile, à mon sens, en ce qui a trait aux privilèges des députés.
La première chose qui m'a frappé, ce matin, c'est que des représentants du Bureau du Conseil privé comparaissent devant notre comité parlementaire. Pouvez-vous me dire si, à votre connaissance, cela s'est déjà produit?
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Mais évidemment, dans son rapport, le vérificateur général ne dit rien à propos du fait de donner le contrôle de ce service unifié à une entité externe ou à une entité qui relève du gouvernement.
Nous avons dit très fermement que nous acceptons la recommandation du vérificateur général selon laquelle il serait plus efficace d'unifier les forces de protection à l'intérieur de la Cité parlementaire, mais le gouvernement a été un peu plus loin que ce que l'on demande dans ce rapport.
Sur le plan de la reddition de comptes, à qui cette nouvelle force doit-elle rendre des comptes?
Nous disons que cela simplifie les choses, mais en fait, ce que nous disons, c'est que ce nouveau service relève des deux Présidents, du commissaire de la GRC, d'une chaîne de commandement unifiée et, au bout du compte, du ministre. Je n'ai pas l'impression que nous établissons clairement à qui cette force ferait rapport. Vous avez parlé d'une chaîne de commandement unifiée; en ce qui concerne les opérations, de qui cette nouvelle force relèverait-elle?
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Le projet de loi prévoit deux rôles clairs, l'un pour le directeur, et l'autre pour les Présidents.
Les Présidents sont responsables des services généraux, par exemple du Budget principal des dépenses. Ils ont aussi la responsabilité de préserver les privilèges, et enfin, ils ont le pouvoir de donner des instructions générales aux services.
Le directeur, quant à lui, a l'entière responsabilité et le pouvoir légal de gérer les opérations quotidiennes du service. Il sera responsable non seulement des membres de la GRC qui seront affectés à cette tâche, mais aussi des anciens employés des services de protection du Sénat et de la Chambre des communes. Il s'occupera de toutes ces personnes et il sera entièrement responsable, conformément au projet de loi, de la gestion quotidienne des services.
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Ce sont les opérations qui me préoccupent, en tant que député.
À de nombreuses reprises, nous avons eu ici des incidents dans lesquels, par exemple, la GRC n'a pas compris qu'il est nécessaire pour les députés d'aller voter à la Chambre des communes, et le Président a considéré qu'il s'agissait de prime abord d'une atteinte au privilège. Malheureusement, les conservateurs ont voté contre une enquête à ce sujet.
Il est clair que les nouvelles propositions que vous faites ici soulèvent d'importantes questions, si les Présidents n'ont aucun rôle à jouer sur le plan des opérations, quant à la façon de s'assurer que la GRC respecte les pratiques liées aux privilèges nécessaires aux fonctions des députés.
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Le projet de loi répond à ces préoccupations de deux façons.
D'abord, les Présidents, en tant que gardiens du privilège parlementaire, ont la responsabilité du service. Ils ont aussi le pouvoir de donner des instructions générales. En plus de tout cela, il y a une autre disposition qui prévoit que rien dans ce projet de loi n'a pour effet de restreindre les privilèges de la Chambre des communes et du Sénat. Cela signifie essentiellement que tous les recours qui existent actuellement seront maintenus, y compris la possibilité de porter des questions à l'attention du Sénat ou de la Chambre des communes.
L'autre élément important, selon moi, c'est que la personne qui sera responsable des services sera sélectionnée en collaboration et en consultation avec les deux Présidents. Ils choisiront donc la personne, avec la GRC, dans le cadre d'un processus consultatif transparent.
Je dirai d'abord que je suis en désaccord avec M. Garrison quand il laisse entendre qu'il est mal pour le gouvernement de se servir de sa majorité pour s'acquitter de ses fonctions gouvernementales. C'est ce que font les gouvernements. Je présume que si son parti forme le gouvernement, il se servira lui aussi de sa majorité pour établir un programme.
Toutefois, je partage les préoccupations de M. Garrison au sujet de la reddition de comptes. Vous avez dit dans votre exposé que cette nouvelle force de sécurité aura deux patrons, soit les Présidents et le commissaire de la GRC. D'après l'expérience que j'ai acquise au cours de ma longue vie, il n'est pas très agréable d'avoir deux patrons.
La question que je veux vous poser, en fait, est la suivante. À quoi pourrait ressembler la reddition de comptes à l'égard de ces deux patrons? Vous en avez un peu parlé avec M. Garrison, mais j'aimerais vraiment comprendre comment cela va fonctionner, et si cela peut fonctionner.
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C'est une bonne question. Essentiellement, les responsabilités seront partagées parce que chacun aura un rôle précis à jouer. Les Présidents des deux chambres vont conclure l'entente et seront responsables du service. Ils vont négocier avec la GRC la teneur des services offerts sur la Colline parlementaire. C'est eux qui décideront des modalités.
Pour ce qui est plus particulièrement de la protection du privilège parlementaire, les Présidents — qui ont été consultés pour l'élaboration de ce projet de loi — doivent pouvoir également émettre des énoncés de politiques sur les questions essentielles au bon fonctionnement des deux chambres, qu'il s'agisse de l'accès des parlementaires ou du déroulement des débats à proprement parler. Ils pourront ainsi tracer une orientation stratégique générale à l'intention du directeur du service quant aux mesures à prendre pour que le privilège parlementaire soit respecté. C'est donc un aspect important de leur rôle.
Il faut par ailleurs considérer que le service sera dirigé par quelqu'un de la GRC qui amènera avec lui toute l'expertise et tous les pouvoirs que cela comporte. Il veillera à la mise en oeuvre d'un accord signé par le ministre de la Sécurité publique. Ce dernier, comme vous le savez, n'a aucun contrôle sur la manière dont la GRC est dirigée, car c'est une organisation indépendante. C'est toutefois le ministre qui va signer l'entente avec les Présidents pour établir les modalités à suivre.
Une fois cette entente signée, le directeur du service de protection pourra agir en toute autonomie, car la loi lui conférera tous les pouvoirs nécessaires à l'exercice de ses fonctions, en plus de ceux dont il dispose lui-même à titre de représentant de la GRC. Il pourra ainsi gérer les activités du service au quotidien. En fait, il n'aura de comptes à rendre au commissaire qu'à l'égard de la mise en oeuvre de l'entente conformément aux intentions des deux parties.
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Nous avons examiné la situation dans certains autres pays, en nous intéressant bien sûr davantage à ceux qui, comme le Royaume-Uni et l'Australie, utilisent le modèle de Westminster. Bien que nous y ayons trouvé certains éléments intéressants, nous avons déterminé qu'il importait surtout de concevoir une solution bien canadienne compte tenu de la nature particulière de notre environnement et de nos institutions, et de la façon dont elles évoluent.
À titre d'exemple, nous savons que des changements majeurs ont été apportés en Australie au cours des 12 derniers mois en raison de la menace qui plane sur ce pays. Les Australiens ont ainsi adopté une approche différente. Au Royaume-Uni, berceau du modèle de Westminster, certaines modifications sont également apportées vu la conjoncture actuelle qui exige de pouvoir compter sur des mesures d'intervention beaucoup mieux harmonisées.
Nous avons donc bien examiné ces différents modèles avec nos collègues, mais nous avons surtout cherché à miser sur le grand professionnalisme des services actuels de protection de la Chambre et du Sénat ainsi que de la GRC, qui nous ont conseillés quant à la forme que devraient prendre ces mesures législatives.
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D'accord, nous ne savons donc pas ce qu'il adviendra du sergent d'armes.
Il est particulièrement difficile pour notre comité — et cela nous ramène à une question posée précédemment — de juger du bien-fondé d'une nouvelle structure comme le Service de protection parlementaire sans avoir eu la chance de prendre connaissance de quelque rapport d'enquête que ce soit concernant les événements survenus sur la Colline. Je regrette d'avoir à le dire, mais si ce que j'apprends dans les médias est conforme à la réalité, il est bien possible que nous soyons en train de confier cette responsabilité au service qui s'est le plus mal comporté à cette occasion, et je parle bien sûr de la GRC.
La Grande-Bretagne peut compter sur un comité parlementaire sur le renseignement et la sécurité, une structure que nous avons tenté de reproduire ici dans le contexte du projet de loi . J'ai en main le rapport de ce comité sur un attentat dont a été victime un soldat britannique. Le rapport a été entrepris avant même le début du procès. C'est le genre de surveillance qui est exercée en Grande-Bretagne. Le gouvernement au pouvoir nous a empêchés de nous doter d'un outil semblable dans le cadre du projet de loi C-51, ce qui nous aurait été fort utile.
Je veux surtout faire valoir que l'on nous demande à titre de parlementaires de nous pencher sur un nouveau service de protection pour le Parlement sans même que nous ayons pu consulter un rapport sur les ratés constatés à l'occasion des événements survenus sur la Colline. Il y a une chose que je peux vous dire au sujet de la GRC. Il y a de plus en plus de raisons de croire qu'il y aurait ingérence politique dans les opérations de la GRC, notamment via la destruction de certains documents, selon ce que rapporte la commissaire à l'information.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Je remercie les témoins d'être parmi nous aujourd'hui.
Je veux revenir rapidement sur un point que mon collègue a soulevé, soit les problèmes que certains de mes collègues ont déjà vécus en voulant accéder à la Colline du Parlement. Le Président de la Chambre des communes a reconnu qu'il y avait un bris de privilège parlementaire. Une motion a été présentée à la Chambre, mais elle a été défaite. Nous n'avons donc pas pu étudier la question.
Comme le Président de la Chambre des communes ne peut agir sans qu'il y ait un vote à la Chambre, je me demande si un mécanisme dans la disposition de cette partie de la loi permet de pallier ce problème. En effet, dans le cadre d'un gouvernement majoritaire, mes privilèges ne seront pas nécessairement protégés si le gouvernement décide de ne pas pousser la question plus loin.
Est-ce que quelque chose dans ces dispositions me protège, en tant que membre de l'opposition?
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Je vais donc être obligée de soulever moi aussi le fait qu'il pourrait y avoir un problème d'influence politique dans le cadre de ce processus. Ce n'est pas entièrement neutre. Effectivement, il faut qu'il y ait un vote à la Chambre des communes. Or comme parlementaire, je vois là un gros problème.
Cela dit, je vais passer à un autre point parce que j'ai plusieurs questions à poser.
Dans votre présentation, vous avez parlé d'une directive ou du moins d'un conseil du vérificateur général émis en juin 2012. Il y proposait l'unification des forces de sécurité au sein de la Cité parlementaire. Or dans ce cas également, il n'était pas question de confier toute cette responsabilité à une entité externe.
Cette décision découle-t-elle d'une volonté politique, d'une instruction que le gouvernement a donnée lors de la rédaction du projet de loi, ou s'agit-il d'un choix fait en fonction des consultations effectuées dans le cadre de la rédaction?
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Merci, monsieur le président.
Merci à nos témoins de leur présence aujourd'hui.
Je crois d'abord pouvoir vous dire que notre gouvernement a pleinement confiance en la capacité de la GRC, de ses agents et de ses dirigeants d'assurer l'application des lois canadiennes et la sécurité de nos concitoyens.
Je me réjouis également du fait que mon collègue d'en face, M. Easter, a reconnu dans ses commentaires qu'il s'agissait effectivement d'un projet de loi.
Je sais que différentes organisations, notamment ici même à Ottawa, ont apporté des changements à la suite des événements survenus sur la Colline parlementaire le 22 octobre. C'est le cas entre autres de l'Hôpital d'Ottawa qui a révisé quelques-unes de ses normes et règles de sécurité pour les employés, les patients et les visiteurs dans ses différents campus. Selon moi, ce sont des changements qui s'imposaient de toute évidence.
Je me demandais si vous aviez des commentaires à nous faire relativement à ces changements que l'on peut observer dans la région d'Ottawa.
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Merci pour votre question. Je suis d'accord avec vous concernant le professionnalisme des gens de la GRC. Pour toute organisation au sein de laquelle de nombreux intervenants sont appelés à apporter leur contribution à l'occasion d'un événement semblable, il est bon d'examiner après coup comment les choses se sont déroulées. D'après ce qu'on a pu apprendre récemment, c'est ce que semblent avoir fait différentes organisations, dont l'Hôpital d'Ottawa que vous avez mentionné. Plusieurs ministères ont fait de même à Ottawa. Le Service de police d'Ottawa et la GRC se livrent aussi à des analyses post-intervention. À ce que je sache, c'est la seule façon de vraiment tirer des enseignements de manière à pouvoir apporter des améliorations aux procédures et aux processus décisionnels, et prévoir des exercices en conséquence. C'est le seul mécanisme à notre disposition pour mieux nous préparer en vue d'un prochain incident.
Si l'histoire nous a appris une chose, c'est bien que la prochaine menace va prendre une forme différente. En espérant que ce ne soit pas pour demain, la prochaine fois qu'il se produira quelque chose, ce sera un autre type d'incident, un autre type d'attaque. L'approche unifiée a pour avantage de nous permettre de profiter de l'expérience approfondie du Service de protection de la Chambre des communes, du Service de sécurité du Sénat et de la GRC. Il faut espérer que la mise en commun de toute cette expertise au sein d'une seule et même organisation nous permettra d'assurer plus efficacement la sécurité sur la Colline du Parlement.
Je vous dirais en guise de conclusion que la plupart des organisations que je connais ont entrepris une forme quelconque d'analyse post-intervention de manière à pouvoir, comme vous l'indiquiez, dégager des leçons et accroître leur efficacité.
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Dans le cadre de cette initiative, il était important de s'assurer que les membres actuels seraient protégés et que leur sécurité d'emploi ne serait pas touchée par le nouveau modèle. C'est ce que permet de faire le projet de loi de différentes manières.
À titre d'exemple, il garantit que tous les employés du Service de sécurité du Sénat et du Service de protection de la Chambre des communes seront intégrés au nouveau service en conservant leur poste actuel. Tout le monde va changer d'organisation, mais pas de poste.
De plus, toutes les conventions collectives seront respectées et ces employés continueront à avoir accès aux mécanismes de recours existants. À toutes fins utiles, leurs conditions d'emploi demeureront les mêmes, sauf qu'ils travailleront dorénavant au sein d'une organisation unique.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Je remercie Mme Mondou et M. Vigneault d'être avec nous afin de nous éclairer un peu sur ce qui va arriver à la sécurité opérationnelle sur la Colline du Parlement.
Je sais qu'au cours des dernières semaines et des derniers mois cela a constitué un sujet sensible. J'apprécie que vous essayiez d'apporter un peu d'éclairage sur cette question.
J'aimerais continuer à parler de ce qui va arriver aux employés de sécurité actuels de la Chambre des communes et du Sénat. La dernière question posée par M. Payne concernant les conventions collectives et les employés de sécurité actuels de la Chambre des communes et du Sénat était très intéressante.
Quand il y a eu le débat à la Chambre des communes, je me souviens que les constables étaient relativement inquiets face à ce qui allait arriver à leur poste.
On a aussi mentionné que beaucoup d'employés de sécurité actuels de la Chambre des communes et du Sénat vont prendre leur retraite ou pensent le faire au cours des prochaines années. Qu'en sera-t-il de ces postes? Va-t-on engager de nouvelles personnes pour remplir leurs postes? Va-t-on se fier à la GRC pour les remplir? La force spéciale des agents de sécurité au Parlement va-t-elle être tranquillement et complètement remplacée par la GRC? Qu'est-ce qui va se passer dans le futur?
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Tout d'abord, j'aimerais mentionner que c'est une préoccupation absolument légitime. Vous avez probablement constaté en révisant le projet de loi qu'environ les deux tiers du projet de loi sont des dispositions transitoires dont le seul but est d'assurer que tous les droits existants de ces employés seront protégés. Cela répond à la première partie de votre question.
Pour le futur, évidemment, il va falloir que les gens en place, incluant le nouveau directeur, les Présidents du Sénat et de la Chambre des communes, notamment, réfléchissent à ce qu'ils envisagent pour le futur. Ils vont probablement aussi mener des réflexions à l'interne, comme l'indiquait votre collègue, sur ce qui fonctionne bien et sur ce qui fonctionne mieux. Le projet de loi ne touche pas à ces aspects, cela va faire partie des questions opérationnelles que vont devoir se poser les différents acteurs, les Présidents et le directeur. Il faudra savoir ce qui fonctionne le mieux.