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Bonjour chers collègues et bonjour aussi aux témoins. Bienvenue à la séance n
o 70 du Comité permanent de la sécurité publique et nationale.
Nous poursuivons aujourd’hui notre étude du projet de loi . Nous entendrons des témoignages pendant la première et la deuxième heure.
J’aimerais avertir les membres que nous allons faire une pause à la fin de la seconde heure pour discuter de notre ordre du jour du 28 pendant quelques minutes. Pensez-y sachant qu’il en sera question.
Pendant la première heure, nous accueillons, en personne, M. Greg Farrant, directeur des affaires intergouvernementales et des politiques publiques à la Fédération des pêcheurs et chasseurs de l’Ontario. Nous accueillons aussi, par téléconférence depuis Winfield, en Alberta, M. Todd Brown des Concerned Firearm Owners of Alberta. Nous n’aurons pas la vidéo, mais nous aurons l’audio.
Monsieur Brown, pourriez-vous nous dire quelques mots pour que nous puissions vérifier que nous sommes tous en direct?
Bonjour, monsieur le président, et bonjour aussi aux membres du comité et à monsieur Brown in absentia.
Au nom de la Fédération des pêcheurs et chasseurs de l’Ontario, le plus important organisme axé sur la conservation en Ontario, nos 100 000 membres, nos fans et nos abonnés ainsi que nos 725 clubs membres dans toute la province vous remercient d’avoir eu la courtoisie de m’inviter à parler du projet de loi .
Je vais tenter de faire en sorte que mes remarques soient aussi concises que le projet de loi.
Il est clairement ressorti de certaines des discussions entourant ce projet de loi et de certains commentaires formulés à la Chambre qu’il existe de la confusion quant à ce qu’il fait et ne fait pas et à la raison pour laquelle il est nécessaire. Honnêtement, je crois qu’une partie de cette confusion est justifiée compte tenu de la diversité des décisions et opinions judiciaires qui existent dans la jurisprudence à cet égard. Comme je traite régulièrement de questions relatives aux armes à feu, au départ, j’ai moi aussi trouvé la question claire comme de la boue, comme aurait dit mon père.
Je ne suis pas avocat et je ne prétends pas non plus l’être. Cependant, mon travail exige que je lise beaucoup de jurisprudence relative aux armes à feu. Avant de venir témoigner aujourd’hui, j’ai passé un temps considérable à passer en revue les arguments dans des affaires comme R. c. McManus, R. c. Felawka, R. c. Formosa, R. c. Labrecque et R. c. Dunn afin de mieux comprendre pourquoi le projet de loi est nécessaire et ce qu’il cherche à accomplir.
Ce qui ressort clairement de ces affaires antérieures est l’énorme différence entre la façon dont les armes à air comprimé, les fusils à plomb, les fusils ou pistolets marqueurs et autres du genre sont traités en termes de délivrance de permis par rapport à la façon dont ils sont traités en termes de transport et d’entreposage tant dans la Loi sur les armes à feu que le Code criminel.
Il me semble qu’au départ, l’intention du Parlement était de traiter ces types d’armes différemment dans la Loi, comme en témoigne le fait qu’il n’est pas nécessaire d’obtenir un permis pour acheter, posséder ou utiliser des armes à air comprimé à faible vitesse. En conséquence, je ne crois pas que le Parlement avait l’intention que le fait de transporter ou d’entreposer différemment des armes à air comprimé ou des fusils à plomb soit une infraction criminelle, mais c’est ce qui semble s’être produit dans le contexte de la loi, qui a donné lieu au manque d’uniformité de l’application actuelle.
On a laissé entendre que l’affaire R. c. Dunn avait changé la donne. Ce ne fut pas le cas. En fait, après avoir lu le résumé qu’un procureur de la Couronne a fait de la jurisprudence relative au groupe de travail sur les armes et les gangs, j’ai constaté que, au contraire, cette affaire a accentué l’écart. Il y a un instant, j’ai souligné la différence entre la façon dont les armes à air comprimé et les fusils à plomb sont traités en ce qui concerne la délivrance de permis par rapport à l’entreposage et au transport. Avant cela, personne n’envisageait de criminaliser l’entreposage ou la manipulation d’une arme à air avant la Loi sur les armes à feu; c’est la raison pour laquelle nous sommes ici et que ce projet de loi est nécessaire.
Somme toute, le projet de loi de cherche à créer une simple exception pour que, dans la Loi sur les armes à feu, l’entreposage et le transport des armes à air à faible vitesse soient traités de la même façon que la délivrance des permis. Il juge que les armes à air à faible vitesse ne sont pas des armes à feu aux fins de ces articles de la Loi et il exempte l’entreposage et le transport individuels des armes à air à faible vitesse de l’infraction d’usage négligent prévue à l’article 86 du Code criminel.
Pour ce faire, le projet de loi ajouterait un nouveau paragraphe au paragraphe 84(3) du Code criminel afin de tenir compte de ce qui précède. Parallèlement, il exclurait du paragraphe 86(2) du Code criminel l’usage négligent, l’entreposage et les exigences relatives à l’utilisation en ce qui touche les armes à air à faible vitesse.
À l’heure actuelle, ce paragraphe crée une infraction pour contravention des règlements pris en application de la Loi sur les armes à feu, malgré le fait que l’alinéa 84(3)d) du Code criminel exempte déjà les armes à air à faible vitesse des dispositions de cette loi et de son règlement d’application, y compris en ce qui touche l’entreposage et le transport. À notre avis, cette ambiguïté doit être clarifiée.
Pendant le débat, on a dit craindre que les dispositions du projet de loi affaiblissent la loi en ce qui concerne l’entreposage et le transport des armes à air et que, par conséquent, elles accroissent le risque pour la sécurité publique. Si nous estimions que cela était vrai, je ne serais pas ici aujourd’hui. Si nous discutions de questions entourant le transport et l’entreposage des armes à feu qui déchargent un projectile et utilisent de la poudre et une source d’inflammation, ce serait différent. Au lieu de cela, il est question d’armes à air à faible vitesse qui utilisent de l’air comprimé d’une cannette ou une cartouche de CO2.
Grosso modo, la question à l’étude est que par le truchement d’exemples comme l’affaire Dunn, qui n’a rien changé, les tribunaux ont souligné l’écart entre la définition précédente d’une arme à feu et celle que les tribunaux utilisent maintenant. Ce projet de loi clarifie que les armes à air comprimé à faible vitesse et les fusils à plomb ne sont pas, en fait, des armes à feu et il renforce la loi pour qu’elle soit telle qu’elle était avant l’affaire Dunn.
J’ai grandi à une époque où les armes à air comprimé à faible vitesse et les fusils à plomb étaient la norme. C’étaient les premières armes que les jeunes avaient pour canarder les cannettes sur une clôture ou tirer sur des cibles en papier avec des amis. Dans mon cas, et dans le cas de millions de Canadiens, elles faisaient partie intégrante de l’enfance et marquaient le début d’une relation à vie avec les armes à feu. Nos parents nous conseillaient sur la façon adéquate de les utiliser et n’avaient aucune tolérance — dans mon cas en particulier — s’ils se rendaient compte que vous étiez négligents. Parallèlement, on n’a jamais pensé qu’elles représentaient un risque pour la sécurité publique et qu’elles devaient donc être rangées dans des armoires verrouillées et transportées comme des armes à feu de grande puissance ou que le défaut de le faire devrait représenter une infraction au Code criminel.
Je veux être bien clair: la FPCO prend la sécurité des armes à feu très au sérieux. Nous offrons le Programme de formation sur la sécurité des chasseurs de l’Ontario pour le compte du ministère des Richesses naturelles et des Forêts de l’Ontario, que plus de 250 000 étudiants ont suivi au cours de la dernière décennie.
La plupart de nos instructeurs, qui sont actuellement au nombre de 302, offrent aussi le Cours canadien de sécurité dans le maniement des armes à feu. Nous travaillons en étroite collaboration avec le contrôleur des armes à feu de l’Ontario et la Police provinciale de l’Ontario dans le cadre de campagnes sur l’utilisation, l’entreposage et le transport sécuritaires des armes à feu. J’en ai donné un exemple au greffier; les membres du comité pourront en faire ce qu’ils veulent.
Il est indéniable que, comme toute arme, les armes à air comprimé à faible vitesse et les fusils à plomb devraient être utilisés de façon responsable. Cependant, à notre avis, il n’est pas nécessairement que leur entreposage et leur transport soient réglementés comme dans le cas d’autres armes à feu, et les propriétaires de ces armes ne devraient pas être sujets aux dispositions du Code criminel en ce qui touche leur entreposage et leur transport. Voilà pourquoi nous appuyons ce projet de loi et félicitons d’avoir pris des mesures pour corriger une incohérence qui existe dans la loi.
Merci encore, monsieur le président, et merci aussi aux membres du comité, de m’avoir donné l’occasion de témoigner devant vous.
Merci au comité de me donner l’occasion de parler du projet de loi .
J’aimerais vous donner un peu de contexte. Je m’appelle Todd Brown. J’ai mené des recherches approfondies sur la Loi sur les armes à feu. J’ai écrit plus d’une douzaine d’articles et de critiques sur les mesures législatives actuelles et proposées concernant les armes à feu. Pendant plusieurs années, j’ai tenu un groupe de propriétaires d’armes à feu, le Concerned Gun Owners of Alberta. Je suis le directeur exécutif de FIRE, le Firearms Institute for Rational Education. J’offre des cours de maniement des armes à feu et des formations aux chasseurs depuis plus d’une décennie. Je suis placé pour écouter et discuter de questions avec les propriétaires d’armes à feu ainsi que pour les informer concernant la législation en matière d’armes à feu.
Je serai bref, car je ne souhaite soulever que deux arguments.
Le projet de loi ne couvrirait qu’une omission dans la réglementation qui fait en sorte que les innocents, les entreprises et les enfants risquent de faire l'objet d’accusations criminelles pour avoir utilisé et vendu des armes à air comprimé, des fusils à plomb et des fusils ou pistolets marqueurs. À moins que cela change, il sera légalement possible de porter des accusations contre les propriétaires de magasins pour avoir fait l’étalage de marchandise légale et contre les enfants pour avoir utilisé ou entreposé des armes à air comprimé et des fusils ou pistolets marqueurs.
Bien que je sois en faveur du projet de loi en principe, je suggère que, pour simplifier davantage la législation, l’on mette en oeuvre le changement suivant afin de remplacer l’ajout proposé par ce projet de loi, en l’occurrence que l’article 84 du Code criminel soit modifié en remplaçant le paragraphe (3) par ce qui suit: « (3) Pour l’application des articles 86, 91 à 95, 99 à 101, 103 à 107 et 117.03 et des dispositions de la Loi sur les armes à feu, sont réputés ne pas être des armes à feu: ... ».
Comme vous le voyez, il suffit d’ajouter l’article 86 à la liste d’articles sur lesquels influera l’article 84 du Code criminel.
Mon deuxième argument est que lorsque je donnais des cours de manutention d’armes à feu, je me suis toujours demandé pourquoi les armes à feu désactivées dans ma trousse d’enseignement étaient toujours assujetties à la réglementation en matière d’entreposage et de transport sécuritaires alors qu’elles ne correspondent pas à la définition d’armes à feu. Aucune arme servant à enseigner ne peut décharger de projectile de quelque façon que ce soit; en conséquence, elle ne pourrait être considérée comme une arme à feu. Un ajout de cette nature au paragraphe 84(3) serait bien accueilli par tous les instructeurs au Canada puisqu’il faciliterait le transport et l’entreposage du matériel d’enseignement tout en réduisant la quantité de paperasse, qui ne devrait pas s’appliquer à une arme à feu désactivée. Ce type d’arme à feu n’est rien d’autre qu’un presse-papiers sophistiqué, et ce changement n’aurait aucun effet négatif sur la sécurité publique.
En conclusion, les articles qui ne correspondent pas à la définition d’une arme à feu ne devraient pas être assujettis aux mêmes sanctions légales que ceux qui y correspondent.
Je remercie le comité de m’avoir accordé du temps et de tenir compte de mes commentaires.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
J'aimerais aussi remercier MM. Farrant et Brown d'être ici parmi nous aujourd'hui pour discuter du projet de loi .
Mes premières questions vont traiter d'une préoccupation que j'ai et qui est partagée par plusieurs policiers avec qui j'ai discuté du projet de loi et de l'impact qu'il pourrait avoir sur leur travail.
Il est parfois très difficile de distinguer un fusil à air comprimé d'un fusil régulier. Je possède moi-même des fusils à air comprimé dont un qui ressemble carrément à une carabine munie d'un gros télescope. De loin, une personne qui ne s'y connaît pas bien dans le domaine pourrait penser qu'il s'agit d'un fusil régulier.
J'ai discuté avec plusieurs policiers du changement que propose le projet de loi à cet égard. Or c'est l'une de leurs préoccupations. Cela va effectivement rendre leur travail plus difficile puisqu'il leur faudra désormais faire la distinction entre un fusil à air comprimé et une arme à feu ordinaire. D'après eux, cela pourrait entraîner des conditions de travail plus dangereuses, selon les confrontations qui surviendraient et les situations dans lesquelles pourraient être impliqués les services de police.
Ma première question s'adresse à M. Farrant.
Avez-vous discuté avec des policiers à ce sujet? Comprenez-vous cette préoccupation et, surtout, que pensez-vous des préoccupations des policiers à ce sujet?
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Merci beaucoup de votre question. Je vous en suis reconnaissant.
Je n’en ai pas discuté avec des policiers; par contre, nous avons rencontré la semaine dernière la contrôleuse des armes à feu de l’Ontario à son bureau pour discuter de certaines questions. C’était justement un aspect qui a été abordé, mais aucune inquiétude n’a été exprimée à ce sujet par la contrôleuse des armes à feu, qui est également surintendante de la Police provinciale de l’Ontario. Aucune préoccupation n’a été exprimée à ce sujet.
Je comprends ce que vous dites, mais les policiers pourront toujours intercepter une personne pour vérifier son arme à feu, même si le changement proposé est adopté. Il n’est pas question des répliques d’armes à feu. Il s’agit d’armes qui sont déjà exemptées en vertu d’un article de la loi et qui ne le sont pas en vertu d’un autre, ce qui porte très honnêtement à confusion.
Lorsque le Code criminel prévoit une chose et que la Loi sur les armes à feu en prévoit une autre, il manque d’uniformité pour les propriétaires d’armes à feu, les policiers et tout le monde. M. Brown a mentionné que les autorités pouvaient actuellement porter des accusations par erreur.
Nous comprenons évidemment que les policiers font un travail difficile. Je ne pense pas que le projet de loi entraînerait une quelconque augmentation des problèmes de sécurité publique ou des menaces envers les policiers. Les forces de l’ordre peuvent toujours intercepter une personne et vérifier les armes, comme elles le feraient pour toute autre arme à feu.
Toutefois, comme nous vivons actuellement dans une société très procédurière, si la loi n’est pas modifiée, je m’attends à ce que plus d’accusations soient portées contre des gens qui possèdent des armes pneumatiques, soit les armes qui tirent des projectiles à une vitesse peu élevée dont il est question, en raison de la confusion qui règne dans la loi. Nous avons été témoins de cas qui le prouvent.
Je crois que l’objectif est d’essayer de préciser... Chaque fois que nous pouvons préciser la loi et la rendre plus claire et plus succincte, je crois que c’est une bonne chose.
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Monsieur Easter, je vous remercie de poser ces questions.
Dans des jugements antérieurs, les tribunaux ont déclaré qu'une arme à feu devient une arme seulement si elle est utilisée, ou qu'on prévoit l'utiliser, pour causer la mort ou pour menacer ou intimider une personne. Le cas échéant, les personnes impliquées doivent également être soumises aux dispositions de la loi et faire l'objet d'accusations appropriées, peu importe le type d'arme dont il s'agit.
Dans ce cas-ci, nous parlons de personnes innocentes qui utilisent des armes à feu ou des fusils qui tirent des projectiles à faible vitesse qui ne sont même pas considérés comme des armes à feu. En fait, dans l'arrêt Dunn, il est dit que les fusils à plomb non visés par la norme établie n'ont jamais été assimilables à la définition d'arme à feu parce qu'ils ne peuvent pas causer de blessures graves ou causer la mort. Dans le même arrêt, on mentionne également qu'ils ne devraient pas être assujettis aux règles d'entreposage découlant de la Loi sur les armes à feu ni aux dispositions du Code criminel relatives aux infractions concernant ces armes.
Loin de moi l'idée de reprendre un tribunal, mais le paragraphe 86(2) crée une infraction relative au non-respect des règles d'entreposage et de transport découlant de la Loi sur les armes à feu. Le tribunal dit une chose, et la loi dit quelque chose de complètement différent.
Je crois que ce projet de loi permet de reconnaître qu'il y a une incohérence dans la loi. Je ne pense pas que modifier ces mesures législatives, approuver le projet de loi et modifier le Code criminel comme il l'est proposé menacera de quelque façon que ce soit la sécurité publique, pas plus que les règles existantes.
Dans ma circonscription, soit celle de Portneuf—Jacques-Cartier, il y a beaucoup de chasseurs et de pêcheurs. Je suis donc assez sensible à leurs préoccupations. D'ailleurs, le siège social de la Fédération québécoise des chasseurs et pêcheurs est située à Saint-Augustin-de-Desmaures, dans ma circonscription. Je comprends donc bien les enjeux.
M. Farrant et vous-même avez dit que le projet de loi que nous étudions serait préventif, mais qu'il ne semble pas s'attaquer au problème réel. C'est ce que je comprends de vos propos. D'ailleurs, l'Association canadienne des policiers a mentionné que le nombre réel de condamnations, et non les causes ayant été portées devant les tribunaux, était très faible, soit moins de 10. Je suis encore nouvelle au sein de ce comité et j'essaie de saisir la nécessité de ce projet de loi.
Messieurs Brown et Farrant, je vais aborder un autre aspect. Vous avez mentionné que des commerces pourraient être touchés par la législation. Connaissez-vous des commerces qui vivent des difficultés financières liées à la législation actuelle, qui auraient fait l'objet de saisies ou qui auraient eu des problèmes liés à la législation actuelle?
Monsieur Brown, vous pouvez répondre en premier et M. Farrant pourra formuler ses commentaires par la suite.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Je vous remercie, messieurs, de votre présence.
L’argument que l’on semble avancer aujourd’hui, c’est que, même si le système semble fonctionner, il est possible qu’on en abuse. Autrement dit, il est possible que des accusations soient portées. Voilà la raison d’être du projet de loi. C’est un peu ce qui me passe par la tête lorsque je chercher à résumer l’argument.
Si je comprends bien, le Code criminel en vigueur ne prévoit pas d’infraction pour les gens qui possèdent des armes à air comprimé d’une certaine vitesse, dont nous parlons en ce moment, sans détenir un permis de possession valide ou un certificat d’enregistrement. Comme nous en avons discuté, ces armes ne sont visées par le Code criminel que si elles sont utilisées pour commettre un crime.
Cela me laisse perplexe, en ce sens que ces armes sont à la fois visées et non visées par la pratique courante. Leur possession, leur acquisition et leur utilisation à des fins légitimes sont réglementées surtout par les lois provinciales et municipales, mais, en même temps, leurs propriétaires ne sont pas tenus de les entreposer d’une manière sécuritaire. Je ne comprends pas cela. En vertu de la loi actuelle, je garde convenablement sous clé les trois fusils de chasse que je possède et qui sont enregistrés. Monsieur Farrant, les armes à balles BB doivent-elles ou non faire l’objet du même entreposage maintenant?
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Il y a plusieurs façons de répondre à cette question.
Tout d’abord — et je ne sais pas si c’est le cas en ce moment, mais je vous prie de comprendre que je me fonde simplement sur un exemple antérieur —, lorsque nous débattions du projet de loi qui visait à abolir le registre des armes d’épaule, les services de police des quatre coins du pays, y compris l’Association canadienne des policiers, étaient réellement divisés quant à leur appui ou non du projet de loi. Je tiens à indiquer clairement qu’en se prononçant à ce sujet, l’association ne parle peut-être pas au nom de tous ses membres.
Deuxièmement, le fait que, jusqu’à maintenant, on ait porté un nombre relativement faible d’accusations à cet égard ne signifie pas que la situation est acceptable. En outre, si nous avons une occasion de clarifier la loi en éliminant certaines de ses ambiguïtés, il nous incombe de saisir cette occasion. Une loi plus claire facilite aussi le travail des agents de police. Comme je l’ai indiqué au cours de ma déclaration, pour le moment, ces dispositions de la loi sont claires comme de la vase. Les gens pourraient, par inadvertance, faire l’objet d’accusations, et nous avons été témoins de cas où des accusations ont effectivement été portées contre certaines personnes et où il leur a fallu franchir les étapes des procédures intentées en vertu de la loi, telle qu’elle est formulée actuellement.
En ce qui concerne les problèmes que rencontrent les agents de police, je vais revenir sur une question qui a été posée plus tôt à propos de la difficulté de distinguer les faux revolvers et les armes qui ont l’air de quelque chose qu’elles ne sont pas. Comme M. Brown l’a indiqué, les policiers ont le pouvoir d’arrêter qui que ce soit en tout temps pour examiner une arme à feu et déterminer son type, son usage, ce qui lui est arrivé, etc. Rien de cela ne change en raison du projet de loi.
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Merci, monsieur le président, merci, chers membres du Comité permanent de la sécurité publique et nationale.
Je m’appelle Tony Bernardo, et je suis directeur exécutif de l’Association des sports de tir du Canada. On m’a demandé de témoigner devant votre comité à propos des aspects techniques du projet de loi à l’étude. Je souhaite également vous fournir des renseignements généraux sur la façon dont le statut des armes à air comprimé a évolué au Canada.
Les lois et les règlements relatifs aux armes à air comprimé que le Canada met actuellement en oeuvre découlent d’un programme du laboratoire d’armes à feu de la GRC qui tentait de contourner la réglementation précédente afin de restreindre davantage la possession d’armes à air comprimé. Le laboratoire d’armes à feu utilisait des armes à air comprimé, comme celles vendues dans les magasins Canadian Tire, pour tirer des plombs ultralégers, et un chronographe pour mesurer la vitesse de ces plombs. Après avoir déterminé que leur vitesse dépassait 495 pieds par seconde, le laboratoire a classé ces armes à air comprimé ordinaires dans la catégorie des vraies armes à feu et a demandé qu’elles soient enregistrées.
Comme des centaines de milliers, voire des millions, d’armes à balles BB se trouvaient déjà entre les mains de membres du public, il va sans dire que le gouvernement libéral de l’époque était extrêmement préoccupé à l’idée que des Canadiens pourraient faire face à des accusations criminelles pour avoir acheté des armes à balles BB communes. La ministre de la Justice de l’époque, l’honorable Anne McLellan, a donc décidé de mettre sur pied le premier comité technique composé d’experts en matière d’armes à feu. On a confié au comité le mandat d’élaborer de nouvelles lois relatives aux armes à air comprimé qui empêcheraient la GRC de chercher encore à criminaliser des Canadiens ordinaires.
La composition du comité était très diversifiée. Le comité comptait, entre autres, des propriétaires d’armes à feu, des membres de groupes de pression et des membres de la GRC. Au cours de plusieurs mois, le comité s’est réuni à quelques reprises afin de discuter de la meilleure façon d’assurer la sécurité des Canadiens sans restreindre indûment leur liberté ni criminaliser des gens ordinaires. J’ai eu le privilège de siéger à ce comité et de servir la ministre McLellan à cet égard.
Après des mois de travail, le comité a recommandé que les lois relatives aux armes à air comprimé en vigueur à l’époque soient modifiées de manière à ce que le simple plafond de 495 pieds par seconde passe à une limite légèrement plus compliquée de 495 pieds par seconde assortie d’une nouvelle composante énergétique de 5,7 joules d’énergie cinétique. Comme l’énergie cinétique est une mesure de la masse multipliée par la vitesse au carré, l’utilisation de projectiles ultralégers dans des armes à balles BB respecterait la limite énergétique même si la vitesse de ces projectiles dépassait 495 pieds par seconde. Il s’agit là d’un argument très important que je reprendrai plus tard au cours de mon exposé.
Le comité aimerait peut-être savoir la raison pour laquelle la présente loi est tellement requise. Les armes à air comprimé se sont retrouvées dans la mire de la Cour suprême du Canada en raison du soi-disant test de l’œil de cochon. Il y a plusieurs années, des procureurs de la Couronne zélés ont commencé à présenter ce test comme preuve pour faire reconnaître coupables en vertu du Code criminel des personnes ayant commis certaines infractions à l’aide d’armes à air comprimé.
La définition d’une « arme à feu » qui figure dans le Code criminel est liée à cette argumentation. L’article 2 dit ce qui suit:
« arme à feu » Toute arme susceptible, grâce à un canon qui permet de tirer du plomb, des balles ou tout autre projectile, d'infliger des lésions corporelles graves ou la mort à une personne...
Le test de l’œil de cochon repose sur une étude militaire de l’après-guerre qui a démontré qu’une vitesse de 214 pieds par seconde était nécessaire pour mettre une personne hors combat. Ce test a été effectué en tirant des projectiles militaires, et non des balles BB, dans les yeux de cochons morts. Toutefois, la vitesse ne peint pas un tableau complet de la situation. Comme je l’ai indiqué dans la première partie de mon exposé, il a été reconnu qu’à elle seule, la vitesse ne suffisait pas à blesser gravement une personne. Une poussière voyageant à 214 pieds par seconde fera larmoyer l’œil d’une personne. Une boule de quilles se déplaçant à la même vitesse pourrait facilement tuer quelqu’un.
Le comité créé par la ministre McLellan a reconnu ce fait, et l’a intégré dans les lois canadiennes relatives aux armes à air comprimé.
De plus, la corrélation qui existe entre un œil de cochon et un œil humain n’a jamais été démontrée. Nous savons qu’un œil de pieuvre diffère d’un œil de moineau, lequel diffère d’un œil d’alligator. Mais, à ma connaissance, une corrélation médicale n’a jamais été établie entre un œil de cochon et un œil humain.
Pourquoi cela importe-t-il? Parce que Code criminel parle de « lésions corporelles graves » infligées « à une personne », et non à un cochon. Pour pouvoir accepter le principe selon lequel ces yeux sont interchangeables, il faut d’abord établir clairement que ces yeux sont de nature identique.
Le troisième argument que j’aimerais faire valoir à propos de ce test, c’est qu’à ma connaissance, aucun avis juridique n’indique que la perte d’un œil constitue une lésion corporelle. Je suis certain que nous tombons d’accord pour dire qu’une telle blessure serait certainement très douloureuse et qu’elle dégoûterait la plupart d’entre nous, mais, depuis les débuts de l’humanité, des gens ont perdu des yeux au cours d’accidents, et cela ne les a pas empêchés de mener des vies parfaitement normales.
Je précise encore une fois que je ne laisse pas entendre ici qu’une blessure à l’œil n’est pas grave. Elle peut certainement l’être. Je dis simplement qu’aucune preuve légale ne permet d’établir ce fait et qu’une telle preuve doit exister lorsqu’une personne risque d’être condamnée en vertu du Code criminel.
Le but de mon exposé est de démontrer que les lois canadiennes ont été élaborées en fonction des recommandations d’un comité composé d’experts nommés par l’ancien gouvernement Chrétien. La ministre McLellan était convaincue que les changements qu’ils recommandaient d’apporter à l’ancienne réglementation relative aux armes à air comprimé étaient fondés sur des données probantes et satisfaisaient aux exigences en matière de sécurité publique. Nous utilisons cette réglementation depuis ce temps, et nous constatons effectivement que les lois canadiennes relatives aux armes à air comprimé ne compromettent nullement la sécurité des Canadiens.
Le projet de loi ne ramènera pas le statu quo que l’ancien gouvernement avait établi et qui permettait aux armes à balles BB de ne pas être considérés comme des armes à feu. Il se contente d’aborder la question de la réglementation du transport et de l’entreposage. Un jeune muni d’une arme à balles BB pourra encore être accusé d’infractions liées aux armes à feu, dans certaines circonstances, et d’une foule d’autres graves infractions en vertu du Code criminel. Les mises en garde formulées depuis des dizaines à propos de l’utilisation prudente de son arme à balles BB Red Ryder ne sont rien en comparaison de la possibilité d’avoir à affronter le système juridique canadien. Même si le projet de loi est adopté, seule la réglementation de l’entreposage et du transport des armes à balles BB redeviendra comme elle l’était lorsque l’ancienne mesure législative était en vigueur.
Les armes à air comprimé sont les principales armes utilisées pour s’entraîner au maniement des armes à feu. De nombreuses générations de tireurs novices ont appris à tirer avec précision et à manier une arme à feu de manière sécuritaire à l’aide de fusils à plomb et d’armes à balles BB, et de nombreux autres tireurs feront de même. Les armes à air comprimé sont de merveilleux outils de formation. Ils sont silencieux, sécuritaires et très précis. Les dizaines de milliers de Canadiens que je représente sont déçus d’apprendre que la Cour suprême a décidé de passer outre la volonté clairement exprimée par le Parlement. Les citoyens honnêtes et dignes de confiance de notre merveilleux pays comptent maintenant sur vous pour rectifier la situation.
L’ASTC a pris la position d’appuyer le projet de loi. Nous aimerions que sa portée soit élargie afin de rendre complètement aux armes à air comprimé le statut dont les Canadiens ont profité pendant plusieurs décennies. Les armes à air comprimé ne sont pas des armes à feu. Elles n’ont pas la portée ou le pouvoir meurtrier des vraies armes à feu. Les armes à air comprimé qui possèdent ses caractéristiques sont déjà réglementées adéquatement par le cadre juridique du Canada. Les armes à balles BB ne devraient pas être traitées comme des armes à feu. Je pense qu’intuitivement, nous reconnaissons tous la sagesse de ce principe, et nous comptons sur notre Parlement pour rectifier de nouveau la situation.
Je vous remercie d’avoir pris le temps de m’écouter et de prendre maintenant en considération mes observations.
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Il est assez court. Je voudrais saluer M. Bernardo. Lui et moi étions coprésentateurs la dernière fois que je suis venue témoigner. Nous devons cesser de nous rencontrer ainsi.
Des voix: Oh, oh!
Dre Katherine Austin: Aujourd'hui, je représente la Société canadienne de pédiatrie. J'ai préparé une présentation PowerPoint, que vous avez en format papier.
Nous sommes une association professionnelle nationale qui représente 2 000 pédiatres et nous défendons les intérêts et les besoins des enfants et des jeunes en matière de santé. Je suis très fière de la SCP. C'est une organisation formidable qui fait toujours passer les intérêts des enfants en premier. Nous avons publié un énoncé de position sur les armes à feu, les jeunes et la sécurité. D'ailleurs nous nous penchons sur cette question depuis 20 ans; nous nous intéressons beaucoup à ce domaine. Nous vous remercions de nous avoir invités à venir vous parler de notre expertise et formuler des recommandations au sujet du projet de loi , dont je n'ai entendu parler que lundi. J'ai eu une semaine bien remplie; je me suis plongée dans les dispositions de ce projet de loi.
Je vais commencer par la première diapositive. Les armes à air comprimé et à balles BB d'aujourd'hui sont très différentes des produits qui existaient dans les années 1950 et 1960. Elles peuvent causer des blessures internes graves et même la mort. M. Bernardo et moi serons totalement en désaccord sur ce sujet.
Le Journal canadien d'ophtalmologie a publié une étude dans laquelle on a examiné, sur une période de 20 ans, tous les accidents survenus dans la région d'Ottawa dans lesquels une personne a perdu un oeil. Le terme médical qui désigne l'ablation d'un oeil ayant subi de graves lésions est l'énucléation. Dans tous les accidents qui se sont produits sur une période de 20 ans, les armes à air comprimé et à balles BB étaient la principale cause d'énucléation.
Je suis totalement en désaccord avec M. Bernardo lorsqu'il dit que la perte d'un oeil n'est pas une blessure grave. Imaginez que votre enfant perde un oeil. C'est une blessure permanente, causant la défiguration. Elle nuit à la vision et à l'équilibre. C'est terrible. Ce n'est pas aussi grave que la mort, mais c'est l'une des pires choses qui peut vous arriver.
La cécité permanente n'est pas le seul problème que peuvent causer les armes à air comprimé et à balles BB. Je vous invite à regarder la prochaine diapositive. Les projectiles des armes à feu sans poudre d'aujourd'hui peuvent pénétrer dans la peau, dans un oeil. Dans certains cas, des décès causés par des armes à air comprimé et à balles BB ont été rapportés. La mort survient par suite d'un traumatisme cérébral. La balle BB pénètre à l'intérieur du crane et cause un traumatisme cérébral qui entraîne la mort. Nous voyons aussi des traumatismes cérébraux et cervicaux, des projectiles qui pénètrent dans la poitrine jusqu'au coeur et aux poumons, ainsi que dans l'abdomen.
Cette nouvelle génération d'armes à air comprimé et à balles BB est si puissante que lorsque nous faisons des recommandations aux médecins qui traitent ces blessures, nous leur disons maintenant qu'une blessure causée par ce type d'armes devrait être traitée comme une blessure par arme à feu régulière. La personne doit subir un examen d'imagerie par résonance magnétique, un tomodensitogramme et tous les autres examens requis, car elle pourrait souffrir d'une blessure interne grave.
J'ai consacré beaucoup de temps et d'efforts à cette question et j'ai suivi un cours intensif, cette semaine, pour comprendre les différentes catégories de vitesse des projectiles. Je ne sais pas si les membres du comité estiment en connaître beaucoup sur cette question, mais j'aimerais vous faire part de ce que j'ai appris au sujet de la vitesse des projectiles.
Les armes pouvant tirer un projectile dont la vitesse dépasse les 500 pieds par seconde — ou 152 mètres par seconde, pour ceux qui sont habitués au système métrique —, doivent être enregistrées, et leur détenteur doit posséder un permis. Ces armes sont très susceptibles de causer des blessures graves ou la mort.
La catégorie suivante est la plus touchée par le projet de loi. Ce sont les armes pouvant tirer un projectile dont la vitesse est de 246 à 500 pieds par seconde. C'est amplement suffisant pour que le projectile pénètre dans un oeil ou dans la peau et cause des blessures graves ou la mort. Les chercheurs ont fait beaucoup de tests de tir dans les laboratoires; ils ont estimé qu'avec les armes pouvant tirer des projectiles dont la vitesse est inférieure à 246 pieds par seconde, le risque que les projectiles pénètrent dans la peau ou dans l'oeil est inférieur, bien qu'il ne soit pas nul. La vitesse à laquelle il n'y a pas eu de pénétration oculaire en laboratoire est 214 pieds ou 65 mètres par seconde.
Voilà les trois catégories que nous devons bien comprendre dans le cadre de cette étude du projet de loi. La première catégorie est celle des armes qui doivent être enregistrées et pour lesquelles on doit posséder un permis. La deuxième est celle des armes qui ne nécessitent pas de permis ni d'enregistrement, mais qui peuvent tout de même tirer des projectiles à très haute vitesse et causer des blessures graves. La dernière catégorie est celle des armes qui sont beaucoup moins susceptibles de causer des blessures graves.
Je voudrais que vous regardiez cette image, qui provient du site web de Canadian Tire. Il s'agit de la carabine à air comprimé Crosman TR77NPS. La vitesse de ses projectiles est de 495 pieds par seconde. Rappelez-vous les catégories. À 500 pieds par seconde, un permis est requis. Ce n'est que quelques pieds par secondes de moins que le seuil de la catégorie des armes à feu régulières.
Cette arme à air comprimé peut causer et je dirais même risque fort de causer des blessures graves ou la mort. Elle diffère très peu d'une arme à feu régulière quant aux risques de blessures. En vertu du Code criminel du Canada, on considère, à juste titre, que cette arme a la capacité de causer de graves lésions corporelles. La loi actuelle prévoit des sanctions criminelles pour les personnes qui font preuve d'une grande négligence sur le plan de la sécurité dans l'entreposage ou la manutention de ce type d'arme.
Par exemple, si une personne laissait une carabine Crosman chargée sur un banc, près d'un groupe d'enfants dans un terrain de jeu, ce serait considéré comme un acte criminel. C'est ce que prévoit la loi actuellement. Cette personne pourrait devoir répondre à des accusations criminelles en vertu du paragraphe 86(1) du Code criminel, qui vise les personnes qui commettent une infraction sans excuse légitime « d'une manière négligente ou sans prendre suffisamment de précautions pour la sécurité d'autrui ».
Malheureusement, le projet de loi exclut expressément les armes de cette catégorie, qui tirent des projectiles à vitesse moyenne, comme la carabine Crosman. Il les exclut expressément de ce paragraphe. Les personnes qui commettent un acte répréhensible avec ce type d'arme très dangereuse, qui tire des projectiles à très haute vitesse, ne feraient l'objet d'aucune accusation criminelle; elles n'assumeraient aucune responsabilité criminelle.
Je suis désolée au sujet de la prochaine diapositive. Elle ne porte que sur le projet de loi , que vous connaissez certainement fort bien. Ce que je veux faire remarquer, c'est qu'aux termes de l'article 86, une arme à feu qui tire des projectiles filant à moins de 152 mètres ou 500 pieds par seconde est expressément exclue de cette disposition. Inutile de dire que l'Association canadienne de pédiatrie s'oppose avec véhémence à cette modification. Quiconque fait complètement fi de la sécurité d'autrui en manipulant une arme très dangereuse devrait être tenu criminellement responsable de ses actes.
La dernière diapositive comprend nos recommandations.
Nous recommanderions fortement que les fusils à air comprimé et à balles BB, qui tirent des projectiles à une vitesse suffisante pour pénétrer un oeil ou la peau, soient considérés comme des armes à feu dans le Code criminel, au paragraphe 86(1) précisément, en ce qui concerne l'entreposage et le transport. Nous considérons que cette disposition devrait s'appliquer à tous les fusils à air comprimé et à balles BB dont les projectiles filent à plus de 214 pieds par seconde. À plus de 214 pieds par seconde, le projectile pourrait pénétrer l'oeil, alors que cela ne devrait pas être le cas à une vitesse inférieure.
La recommandation suivante concerne le fait que ce projet de loi est proposé notamment parce qu'il n'existe pas de directive claire sur l'entreposage des fusils à air comprimé et à balles BB.
J'ai raison, n'est-ce pas, monsieur Bernardo? Il n'existe pas de directive ou d'exigence au sujet de l'entreposage de ces fusils.
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Je remercie M. Bernardo et Mme Austin de leurs exposés. Je dois dire qu'ils nous ont donné des points de vue aux antipodes l'un de l'autre en présentant le meilleur et le pire scénario. Je pense que ma position se situe entre les deux.
Je me souviens que lorsque j'étais jeune, j'ai reçu un fusil à plombs de mon père. C'était un cadeau qu'il faisait à ses trois fils, dont j'étais celui du milieu, et il nous a enseigné comment l'utiliser de manière responsable. Il nous permettait d'aller nous exercer sur des boîtes de conserve et des marmottes, si je peux me permettre de dire cela ici. Je ne peux imaginer que j'aurais pu être considéré comme un criminel quand je transportais cette arme à feu en marchant sur une route de campagne ou même en sortant de la ville où nous vivions. Je pense qu'il incombe aux parents, s'ils autorisent un jeune à s'amuser avec un fusil à plomb, à balles BB ou à air comprimé, de lui en enseigner l'utilisation sécuritaire et responsable, et de s'assurer qu'il est utilisé de façon sécuritaire.
Je regarde aussi l'objet du projet de loi. Selon moi, il concerne le transport et l'entreposage, et non la classification de ces fusils. La loi stipule déjà que les fusils dont les projectiles filent à moins de 500 pieds par seconde ne sont pas considérés comme des armes à feu. Il n'est pas nécessaire de posséder un permis ou de suivre le Cours canadien de sécurité dans le maniement des armes à feu pour en acheter un. Je pense que ce projet de loi assure une certaine cohérence dans nos lois actuelles pour que les jeunes garçons qui se baladent dans la campagne ou les collines avec des copains en tirant sur des cibles ne soient pas considérés comme des criminels. C'est, à mon avis, l'intention du projet de loi de M. Sopuck.
Monsieur Bernardo, pourriez-vous nous en dire un peu plus à ce sujet?
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Les questions suivantes s'adressent principalement à la Dre Austin.
Docteure Austin, je sais que les hôpitaux conservent des dossiers sur les blessures. Ai-je raison de dire — vous êtes pédiatre — que les jeunes ont souvent des blessures assez sérieuses, comme des dents cassées, des blessures à l'oeil et des commotions, subies au cours de jeux comme le hockey, quand une rondelle les atteint à la bouche, ou le baseball, quand ils reçoivent un coup de bâton à la tête? Il me manque quelques dents parce que j'ai joué au hockey quand j'étais jeune. Je me demande également s'il existe des statistiques en ce qui concerne les couteaux. Je sais qu'une des premières armes que moi et mes petits-enfants avons reçue à titre de scouts et de chasseurs — nous sommes des chasseurs et des pêcheurs —, c'est un couteau.
Pourtant, à titre de pédiatre, vous ne préconisez pas l'enregistrement des couteaux, des bâtons de baseball ou même des fusils Nerf. Mes petits-enfants, qui viendront visiter leur grand-père qui termine sa carrière de politicien, en ont. Je sais que leurs parents leur ont explicitement expliqué qu'il ne faut pas tirer près d'un oeil, sinon on risque de causer une blessure ou certainement de la douleur à l'oeil.
Je me demande si vous pourriez parler de ces objets au lieu de ne traiter que des armes à feu, auxquelles nous réservons un traitement particulier en raison de leur aspect rébarbatif; vous avez parlé d'une arme à feu qui avait vraiment l'air intimidante. J'ai été agent de police pendant 30 ans, et il existe des répliques; ce sont des fusils de plastique.
Il s'est produit un incident au cours duquel un jeune homme atteint de déficience intellectuelle était assis sur le bord de l'autoroute avec un fusil de plastique, et il ne comprenait pas ce qui se passait. La police a évidemment été envoyée sur les lieux, et les choses auraient pu très mal tourner.
Pourquoi rendre criminels des parents ou des jeunes qui mettent un fusil à balles BB sous le lit ou dans une armoire non barrée?
Je pense que les fusils à balles BB et à air comprimé qui appartiennent à la catégorie des armes à faible vitesse ne seraient pas criminalisés; ainsi, les jeunes pourraient encore tirer sur des boîtes de conserve disposées sur une clôture et s'adonner à d'autres activités semblables sans que cela ne constitue un geste criminel. Ce que nous tentons de cibler ici, c'est la catégorie des fusils à air comprimé et à balles BB tirant des projectiles à très haute vitesse pouvant causer des blessures physiques plus sérieuses.
N'étant pas avocate, je ne puis répondre entièrement à votre question au sujet des autres sortes de sanctions, mais je dirais qu'il est, selon moi, tout à fait raisonnable d'imposer des sanctions pénales pour des comportements qui pourraient entraîner des blessures sérieuses, comme peuvent en provoquer ces fusils.
En ce qui concerne les fusils à balles de peinture, vous pouvez lire l'exposé de position de la Société canadienne de pédiatrie, qui considère que ces balles peuvent crever les yeux. Nous recommandons que les jeunes ne les utilisent que dans les arénas de bonne réputation, quand ils sont équipés de protections oculaires et corporelles.